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 Ce qu'art ne peut, hasard achève [Hector de Sombrebois & Ambre de Ventfroid] [Terminé]

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MessageSujet: Ce qu'art ne peut, hasard achève [Hector de Sombrebois & Ambre de Ventfroid] [Terminé]   Ce qu'art ne peut, hasard achève [Hector de Sombrebois & Ambre de Ventfroid] [Terminé] EmptySam 9 Juil 2016 - 15:02
18 mars 1165

L’opération Labret, à l’ouest, terminait de s’organiser, de placer des miliciens à des postes précis et définitifs, de monter les dernières barricades nécessaires pour protéger et les champs, et les habitations du peuple à la nuit tombée. Certains nobles avaient commandé le premier jour de conquête, puis étaient restés la semaine suivante uniquement avant de rentrer donner les premiers détails au Duc, et d’autres y étaient encore, finalisant toute la mission. C’était le cas de Morion de Ventfroid, toujours encore loin des remparts de Marbrume. Ambre devait attendre une semaine supplémentaire avant de le voir revenir, et si le plus gros de ses frayeurs était passé avec la réussite du Labret, elle craignait toujours qu’une attaque ne l’emporte subitement. Les lettres de Morion étaient claires et concises, pauvres en détails, et la jeune Ventfroid sentait qu’il avait été plus perturbé par cette guerre que ses mots ne le laissaient paraître. Elle espérait pouvoir être une oreille à l’écoute lorsqu’il rentrerait. Qu’il puisse se reposer sur elle s’il voulait se confier. L’homme lui manquait, et le manoir sans la présence du noble rendait le manoir particulièrement vide, même en la présence de tous les autres domestiques. Au moins avait-elle pu faire mieux connaissance avec Sarah, mais c’était différent.

Bref, en tous les cas, en cette fin du mois de mars, les peurs d’Ambre au sujet du Labret s’étaient bien atténuées, son deuil pour son père doucement s'améliorait, et elle réussissait à se concentrer sur autre chose. Ces derniers jours elle avait beaucoup avancé les premières pages de son journal pour les Ventfroid, mais aujourd’hui, elle avait besoin d’une pause – elle commençait sincèrement à avoir des courbatures dans le poignet. Et un évènement avait sorti la comtesse de sa petite routine quotidienne qu’elle avait engrangée en l’absence de Morion.
Si Ambre était devenue une Ventfroid, il resterait toujours une part de Mirail en elle. En l’occurrence, son inclinaison envers l’art était toujours aussi présent. Elle peignait beaucoup en ce moment – et plus particulièrement depuis qu’elle devait combler des soirées voire des nuits entières seule. Mais ça n’était pas la peinture qui l’intéressait, en ce jour.
La comtesse avait eu vent d’une vente aux enchères au cœur de la Hanse. Elle avait déjà participé à ce genre de vente, parfois par simple envie de sortie, parfois par réelle nécessité d’obtenir un objet particulier. C’était le cas, cette fois-ci. Rien n’était sûr, mais des murmures étaient parvenus jusqu’à ses oreilles délicates. Dans le domaine de l’art, on ne pouvait pas être mieux renseigné qu’un Mirail. Et d’après ses informateurs, l’on murmurait que le Joyau de la Trinité allait sortir. Il s’agissait d’une statuette très célèbre fut un temps, mais tombée dans l’oubli, presque devenue une légende. L’objet était passé de mains en mains au fil des générations, jusqu’à être perdu. Seuls les connaisseurs se souvenaient encore du Joyau, et Ambre espérait jouer là-dessus. Elle espérait que si l’objet sortait réellement, peu en connaissent la valeur véritable. Pour qu’elle puisse l’acquérir sans trop de difficultés, et sans trop se ruiner surtout. Il faudrait être prudent et jouer avec les mises. Car une Mirail qui sort les écus pour une statuette qui parait banale de prime abord, cela réveillerait des intérêts, c’était certain.

La statuette, d’après les croquis historiques qu’avait pu obtenir Ambre, représentait la Trinité. Elle faisait quinze centimètres de haut, elle était petite et discrète, idéale pour décorer une pièce, ou l’emporter dans ses affaires. Les plus anciens disaient qu’elle apportait chance et bénédiction des dieux à quiconque la possédait. Outre ces considérations pieuses voire magiques, Ambre était surtout intéressée par la pièce en elle-même, et par le travail d’orfèvre. Tant mieux si cela apporterait une quelconque protection à sa famille, mais ça n’était pas ce que recherchait la jeune femme. Elle espérait en tout cas que les rumeurs seraient fondées, et que le Joyau sortirait bien durant la vente. Et si ça n’était pas le cas… eh bien, au moins serait-elle sortie un peu, et peut-être d’autres œuvres pourraient-elle attirer son attention, quelles qu’elles soient. Cela la changerait un peu de ses éternelles soirées esseulée au manoir.

Ainsi, en début de soirée, Ambre sortit accompagnée d’un de ses gardes, en direction de l’établissement dans la Hanse. Il s’agissait d’une gargote ni trop huppée, ni trop populaire. Ambre était vêtue comme à son accoutumée, d’une robe brodée, la chevelure remontée sur sa nuque par de nombreux brocarts dorés. Certains la reconnurent, et quand elle pénétra dans la taverne, beaucoup se retournèrent – soit parce qu’ils reconnaissaient les traits d’une Mirail, soit parce qu’ils notaient la facture de ses vêtements. Droite, Ambre ne s’attarda pas parmi les tables et les boissons, et se dirigea directement vers les sous-sols, plus calmes, où était prévue la vente. L’entrée était gardée, et l’on vérifiait le sérieux des acquéreurs – et leur capacité à pouvoir réellement acheter quoi que ce soit notamment –, ainsi que leur sobriété.
Le sous-sol était frais et agréable, et, quand Ambre pénétra dans la pièce, il y avait déjà une bonne vingtaine de personnes, éparpillées sur différentes tables. Une estrade légèrement en hauteur était à disposition, et les pièces allaient être présentées ici. Ambre jeta un œil rapide sur les lieux. Quelques têtes connues, notamment des marchands, et un ou deux nobles également. La pièce était plus calme que la taverne en elle-même, mais un bourdonnement courait, mélange des différentes discussions tranquilles qui s’élevaient entre diverses gens.
Avec son garde, Ambre partit s’installer sur une table du fond, un peu reculée. Idéale pour guetter les acquéreurs, leurs réactions face à l’apparition de certaines œuvres, et pour faire des hypothèses quant à leur motivation à obtenir certaines pièces. Regard acéré, ce fut avec une réelle motivation que la jeune femme prit place à la table choisie. Lorsqu’il s’agissait d’art, elle était aussi zélée qu’un soldat sur un champ de bataille. Si un concurrent s’opposait à elle sur une pièce, cela risquait d’être énervant, mais d’un autre côté, cela apporterait une certaine touche de challenge et d’enjeu. Un jeu qu’elle se plairait à remporter.


Dernière édition par Ambre de Ventfroid le Jeu 6 Oct 2016 - 19:55, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Ce qu'art ne peut, hasard achève [Hector de Sombrebois & Ambre de Ventfroid] [Terminé]   Ce qu'art ne peut, hasard achève [Hector de Sombrebois & Ambre de Ventfroid] [Terminé] EmptyMar 19 Juil 2016 - 9:29
Hector, dans son manoir, repensait aux derniers évènements qui avaient marqué sa vie. Il se disait que son parcours était bien singulier ; singulier et triste. Tout ce qu'il aimait disparaissait : Ses terres, son peuple, ses parents, ses amantes... et sa femme. Et même si tout n'était par parfait dans sa relation avec Grâce, il l'avait aimé, il l'avait chéri et là, leur mariage annulé, elle était partie. Le baron de Sombrebois se sentait las de sa situation. C'était pire, trouvait-il, qu'un retour en arrière. La métaphore qui lui semblait la plus juste était la suivante : il s'imaginait marchant sur un pont dont les pierres tombaient les unes après les autres au fur et à mesure qu'il marchait dessus. Par chance, un ami à lui était venu lui rendre visite la veille de notre histoire et lui avait un peu remonté le moral. En outre, il lui avait parlé d'une vente aux enchères qui aurait lieu le lendemain et qui pourrait être intéressante... Suivant ce conseil, Hector s'était finalement décidé, ce soir là, à sortir de son sombre manoir pour aller à cette vente aux enchères qui devait compter quelques belles pièces, notamment en matière d'art religieux. Hector n'était pas particulièrement friand d'art ni de religion mais il s'imaginait qu'il pourrait peut-être rencontrer en ce lieu quelque ami à lui, et passer un moment à discuter, admirer les objets mis en vente et, surtout, boire quelques verres de vin ! L'alcool était plus que jamais son meilleur compagnon...

Il s'habilla d'un beau surcot bleu nuit, de son chapeau noir à plume blanche et traversa l'esplanade à grands pas, hachette et bourse pleine à la ceinture.

Malheureusement, en entrant dans la gargote, il ne vit aucun noble avec qui partager son tant espéré moment de convivialité. Il en fut déçu mais, faisant contre mauvaise fortune bon cœur, s'approcha du comptoir derrière lequel le sémillant patron astiquait ses verres avec application.

- Je ne vois point d'oeuvre d'art ? Demanda Hector après l'avoir salué et lui avoir commandé un verre de vin.
- C'est en bas, dans le caveau, les portes sont ouvertes...

Mais Hector ne descendit pas tout de suite. Il préféra attendre un peu au bar, buvant sans empressement l'excellent vin proposé par le patron. Sombrebois, par habitude, faisait tournoyer le liquide sombre, appréciant ses reflets cerises dans le verre parfaitement ciselé. Il jetait de temps à autres des coups d’œil discrets aux gens qui descendaient vers la salle des enchères, tentant d'en jauger la fortune. Et là, lorsqu'il eut vidé son verre, sa surprise fut grande de voir entrer la noble et gracieuse Ambre de Ventfroid. C'était une femme qu'Hector admirait plus qu'aucune autre. Elle avait vécu de nombreux drames et une grande injustice - c'était l'avis d'Hector sur la fameuse affaire De Sarosse - et pourtant, elle était restée forte et droite, bonne et apparemment étrangère à toute idée de vengeance. Elle semblait également avoir vaincu son chagrin en trouvant finalement un époux qui - malgré le fait qu'Hector ne lui vouait pas la moindre sympathie - semblait être un homme honnête et, visiblement, capable de réchauffer le cœur de la jeune veuve. Hector commanda deux verres du même vin que celui qu'il venait de goûter et descendit dans la salle des enchères afin de proposer sa compagnie à la jeune mariée.

En bas de l'escalier, cependant, sa tâche ne fut pas aussi aisée que prévue. Le caveau n'était éclairé que par quelques torches aux murs et des lampes à huiles sur les tables les plus grandes. Or, la belle rousse s'était installée à une petite table, dans un coin de l'intimiste caveau. Lorsqu'il l’aperçut finalement, le baron la salua d'un hochement de tête lointain et s'avança jusqu'à elle.

- Chère Comtesse de Ventfroid ! Je vous ai vu entrer tantôt. Il désigna d'un regard l'escalier qui menait à la salle principale de l'établissement. Alors... je me suis permis de venir vous saluer et vous offrir un verre de vin.

Souriant, il posa le beau verre sur la table de la jeune femme et, comme d'habitude, sans ambages, proposa :

- Puis-je me joindre un instant à vous ?


Dernière édition par Hector de Sombrebois le Mer 20 Juil 2016 - 10:48, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Ce qu'art ne peut, hasard achève [Hector de Sombrebois & Ambre de Ventfroid] [Terminé]   Ce qu'art ne peut, hasard achève [Hector de Sombrebois & Ambre de Ventfroid] [Terminé] EmptyMar 19 Juil 2016 - 20:38
Ambre échangea quelque discussion avec Talen, son garde de la soirée. Même si l’homme était bien plus qu’un simple garde, finalement. Ami et vassal fidèle de son époux, les relations avec le domestique et Ambre s’étaient faites cordiales, et ce spontanément. Lorsqu’Ambre avait évoqué son envie de venir à cette enchère, l’homme s’était proposé spontanément pour l’accompagner. Il avait reçu des instructions claires de Morion : protéger sa femme en son absence, et l’homme s’y tenait, même s’il se serait certainement proposé par pure foucade personnelle même sans ordre du Ventfroid. Ambre avait accepté sans souci aucun bien évidemment : elle aimait beaucoup cet homme. Et si elle pouvait éviter de se servir de la dague masquée sous sa manche si un problème était à venir en ces enchères potentiellement mouvementées, la jeune noble serait grandement reconnaissante envers Talen.

Ils commentèrent tous deux, de tout et rien, mais principalement des enchères en préparation, et des personnes présentes. Ambre observait avec minutie les personnes présentes, la facture de leurs vêtements, notamment pour ceux qu’elle ne connaissait pas, pour tenter de déterminer s’ils auraient assez d’argent, ou de cran pour investir dans des pièces rares.

- Comtesse, je crois que le baron… Sombrebois vous fait signe, intervint soudain Talen.

Il avait eu une hésitation sur l’identité de l’homme, mais sa mémoire faillait rarement, surtout alors qu’il avait eu l’occasion d’entrapercevoir brièvement le noble au mariage de la comtesse.
Ambre se tourna légèrement, apercevant effectivement le noble en question. Barbe foisonnante, air bourru, coupes de vin en main… L’homme était fidèle à lui-même. Il traversa la salle pour venir se présenter à sa table, posant un verre plein sur le bois.

- Oh, bonsoir, baron. Je ne vous avais point vu en entrant. Asseyez-vous, je vous en prie.

Le temps que Hector s’exécute, Ambre échangea un regard avec Talen, pour lui signifier que la présence de l’homme ne lui était pas dérangeante. Talen avait coulé un regard sur le verre présenté à la comtesse. Après quelques secondes, il fit glisser la coupe jusqu’à lui, pour la porter à ses lèvres et avaler une lampée. Ambre entrouvrit légèrement les lèvres, observant l’homme qui reposait la coupe et semblait jauger la qualité du vin – mais c’était une toute autre sorte d’analyse qui l’animait en fait. Quelques instants supplémentaires passèrent, et il rendit le verre offert à la jeune rousse.

- Vous pouvez boire.

- … Voici Talen, fidèle domestique de ma famille, fervent garde, et visiblement goûteur à ses heures perdues, ajouta Ambre en présentant l’homme, un peu perturbée.

La comtesse se retint de faire les gros yeux envers son domestique. S’ils avaient des doutes sur la sécurité d’un verre, la comtesse préférait autant ne pas y toucher, plutôt que laisser Talen s’empoisonner par simple vérification. Elle le gronderait plus tard cependant.

- Nous ne nous sommes point revus depuis mes noces, j’espère que vous allez… bien. Ambre observa un peu mieux l’homme désormais qu’il était tout proche, souriante, quoique les lèvres un peu crispées. Lui demander s’il allait bien était possiblement peu poli, au vu du récent scandale sur sa séparation avec Grâce… Sa sortie était peut-être faite pour lui changer les idées ? J’espère que l’accrochage avec mon époux ne vous pas laissé trop de griefs contre les Ventfroid. Vous avez quitté la fête si vite. Ambre eut un rictus. Bordel Morion, dans quelle situation tu me mets, même quand tu es absent. J’ai commencé à lire votre recueil de contes, il est amusant. Quelle histoire préférez-vous dedans ?

Par la suite, Ambre eut un vague geste de la main pour désigner l’ensemble des lieux.

- J’ignorais que vous étiez friands de ventes aux enchères ? Lorgnez-vous sur une œuvre particulière, ou êtes-vous le possesseur d’un des objets qui sera présenté ?
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MessageSujet: Re: Ce qu'art ne peut, hasard achève [Hector de Sombrebois & Ambre de Ventfroid] [Terminé]   Ce qu'art ne peut, hasard achève [Hector de Sombrebois & Ambre de Ventfroid] [Terminé] EmptyMer 20 Juil 2016 - 17:34
Le garde qui accompagnait la comtesse était comme transparent aux yeux d'Hector. Enfin... jusqu'au moment où il goûta le verre destiné à sa maîtresse ! Là, Hector fronça les sourcils, furieux de se sentir soupçonné d'une pareille lâcheté. Lorsque l'homme déclara qu'Ambre pouvait boire le verre, le baron de Sombrebois ne put s'empêcher de lui lâcher un regard noir en déclarant :

- Evidemment qu'elle peut le boire ! Qu'est-ce que vous insinuez ?! Un Sombrebois n'use pas de poison, voyons ! Un Sombrebois n'a besoin que de sa hache pour tuer !

Mais Ambre parvint à adoucir l'humeur d'Hector en prenant la parole à son tour :

- Nous ne nous sommes point revus depuis mes noces, j’espère que vous allez… bien. J’espère que l’accrochage avec mon époux ne vous pas laissé trop de griefs contre les Ventfroid. Vous avez quitté la fête si vite. J’ai commencé à lire votre recueil de contes, il est amusant. Quelle histoire préférez-vous dedans ?

Hector n'avait pas envie de revenir sur l'altercation verbale qu'il avait eu avec Morion alors il répondit ceci :

- Effectivement, je tiens d'ailleurs à vous présenter mes excuses pour mon comportement disons... légèrement familier lors de votre belle fête. J'ai préféré partir car... je... c'était, je pense, la meilleur chose à faire. Ma vie est assez mouvementée en ce moment... et les départs rapides semblent en être une bien malheureuse constante... Cela me fait d'ailleurs penser à l'une de mes histoires préférées : celle du loup trop pressé. L'avez-vous lu ? C'est celle où un jeune chasseur esseulé et surpris par la nuit se retrouve obligé de faire un feu pour passer la nuit dans la forêt qu'il ne reconnait plus. Un loup, également solitaire, s'approche du campement improvisé. L'idée de faire un festin de cet humain lui plait beaucoup. Il n'aime pas partager et l'homme lui semble tout juste assez épais pour satisfaire son seul appétit et non celui de sa meute. Alors il se cache derrière un buisson et au moment ou le chasseur s'assoupit, le loup lui saute dessus. Seulement, dans sa précipitation, le loup ne mord pas le cou mais l'épaule de l'homme qui se réveille et se saisit de sa hache. Il parvient à blesser le loup à la jambe et les deux adversaires décident de quitter les lieux. L'homme, à la lumière du feu, reconnait le chemin qui mène au bourg et rentre en courant sans se retourner. Le loup, de son coté, retourne tête basse retrouver ses congénères, triste et honteux de n'avoir pu se rassasier.

Hector sourit à Ambre en levant son verre.

- A votre santé, chère comtesse ! Il marqua une pause, le temps de boire une gorgée de vin. Evidemment, la morale, pour nos enfants est qu'il ne faut point être trop gourmand, qu'il faut partager et qu'on est plus fort en groupe... Bien sûr, le plus dur, pour les petits, est de se mettre à la place du loup et non de l'homme !

*

- J’ignorais que vous étiez friands de ventes aux enchères ? Lorgnez-vous sur une œuvre particulière, ou êtes-vous le possesseur d’un des objets qui sera présenté ?
- Oh non, ni l'un ni l'autre ! Comme vous pouvez l'imaginez je suis simplement venu ici pour me changer les idées. J'ai eu vent de cette vente aux enchères et j'espérais y faire quelque agréable rencontre et... finalement, j'ai été servi ! En fait, cela fait longtemps que j'avais en tête de vous voir. Avant même votre mariage. Je sais que nous ne nous sommes souvent que croisés mais j'ai une grande sympathie pour vous. Comme je crois vous l'avoir dit le jour de vos noces, j'ai une sorte d'intuition positive à votre égard. Peut-être est-elle fausse - il sourit et tenta de percer le regard azur de la belle rousse - mais je ne le crois pas ! Je crois sincèrement que vous êtes une bonne personne. Et les bonnes personnes sont plus rares qu'on le croit... surtout sur l'esplanade.

Hector affichait un air entendu tandis que de l'autre coté de la salle, un homme à l'allure fort respectable ouvrait la "cérémonie".

- Mesdames, Messieurs, s'il vous plait, votre attention... Nous allons sans plus attendre commencer la vente aux enchères de ce soir.

Il fit un signe à l'un de ses collaborateurs qui passa la main derrière une porte dérobée pour saisir un objet brillant.

- Et la première pièce mise en vente, Mesdames et Messieurs, est cette magnifique statuette représentant, comme vous pouvez le constater la déesse Anür.

Hector plissa les yeux pour tenter d'apercevoir les détails de la petite pièce de bronze - elle mesurait environ vingt centimètres de haut.

- Je vais passer entre les tables pour que vous puissiez en admirer chaque détail.

En attendant que l'homme n'arrive jusqu'à eux, le baron reprit la parole à mi-voix :

- Et vous-même, Amb... Madame de Ventfroid, j'ai ouïe dire que vous étiez grande amatrice d'art, êtes-vous venue pour une oeuvre en particulier ?

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MessageSujet: Re: Ce qu'art ne peut, hasard achève [Hector de Sombrebois & Ambre de Ventfroid] [Terminé]   Ce qu'art ne peut, hasard achève [Hector de Sombrebois & Ambre de Ventfroid] [Terminé] EmptySam 23 Juil 2016 - 16:23
Hector avait visiblement mal pris l’action de Talen. En goûtant le verre de cette façon, le domestique avait en effet mis la comtesse dans une position délicate au-niveau relationnel. Il fallait qu’elle fasse comprendre au baron que ça n’était pas personnel, mais que le geste de Talen était animé d’une simple prudence, certes parfois un peu trop zélée, mais logique. Talen resta stoïque aux remontrances du baron, sans répondre, haussant simplement légèrement les épaules pour signifier qu’il s’agissait là de son devoir.
Ambre eut un sourire calme, désireuse d’adoucir l’atmosphère. L’exclamation du baron avait fait se tourner quelques têtes vers leur table, et déjà certains commençaient à guetter s’il n’y avait pas bientôt des ragots à se mettre sous la dent à propos de la comtesse de Ventfroid et du baron de Sombrebois.

- Loin de nous l’idée que vous me vouliez du mal, messire de Sombrebois. Nous avons simplement l’habitude d’être très prudents sur les boissons servies en-dehors de l’Esplanade… Vous-même devriez-vous faire attention, un simple flacon versé dans votre verre par le tenancier ou une autre main malintentionnée de cette taverne… Ambre eut un froncement de sourcils. Parfois même les nobles s’abaissent à ce genre d’actions, loin de l’honneur d’un duel. Soyez prudent en ces temps où les velléités soulèvent des actions irréfléchies et inconsidérées.

Sur ces belles paroles, Ambre leva donc son verre de vin inoffensif à l’attention du noble, et dégusta quelques gorgées. Elle n’irait pas plus loin qu’un seul verre cependant, il lui faudrait rester sobre et particulièrement attentive pour la vente aux enchères.

Ambre resta silencieuse quand le baron déclara que sa vie était mouvementée en ce moment. Elle voulait bien le croire. La rupture de ses liens avec Grâce n’était pas chose facile. La comtesse trouvait cependant intelligent de sa part de se trouver dans une soirée comme celle-ci. Rien n’était plus important que les apparences, dans leur monde mondain, et faire montre de présence malgré la déchirure qu’avait traversé son mariage était une forme de force.
Elle écouta doucement l’histoire du Loup hâtif, jusqu’au bout, sans interrompre le baron.

- Je n’ai point encore lu ce conte-ci, non. Il est intéressant. Les alliances ont toujours été importantes, de tout temps… Ambre doutait cependant de pouvoir un jour faire assimiler à des Ventfroid la morale qu’il fallait partager. Avec le mépris régulier de Morion pour les autres familles, il était difficile de tisser des liens. Cependant la morale était on ne peut plus vraie. Sans alliés, l’on ne pouvait finir que par sombrer.

Par la suite Hector lui fit part de son désir lointain de faire mieux connaissance avec elle. Ambre fut légèrement surprise. Les Mirail attiraient beaucoup la sympathie, en cela ça n’était pas surprenant, mais ça le devenait alors que les Sombrebois et les Mirail n’avaient jamais échangé plus que nécessaire depuis le Fléau. Sombrebois ne pouvait plus apporter du bois à la cité actuellement ; cela avait beaucoup diminué les échanges commerciaux notamment avec les représentants de ce domaine.

- Dîtes-moi, monseigneur… Qu’est pour vous une « bonne personne » ? Quelles qualités m’attribuez-vous ? Je suis curieuse de savoir tout ce que les gens racontent sur moi récemment.

Car, pour la considérer bonne, il n’avait pu se baser que sur ses échos, ou de brèves impressions. Ambre était sincèrement curieuse cependant, et un peu amusée par-dessus son verre. Sa réputation de Mirail n’avait jamais été plus utile que depuis qu’elle avait épousé le froid Morion. Une femme si douce, si innocente… Elle était presque persuadée, en fait, que certains la plaignaient de s’être liée à tel homme. Ils ne connaissaient pas, bien évidemment, les sombres desseins qui couvaient derrière son visage serein. Que dirait le baron de Sombrebois s’il savait qu’elle comptait faire tomber le duc Sigfroi un jour ?

Pendant qu’ils parlaient, la vente s’était lancée. Un homme bien vêtu se présenta sur l’estrade, s’attirant les regards de tous les acheteurs potentiels. Le premier objet présenté fut une statuette d’Anür. Joliment ouvragée, mais qui n’éleva que peu d’intérêt chez la comtesse. Elle se reconcentra donc sur Hector, continuant leur conversation en murmurant pour ne pas gêner le cours de la vente.

- Oh oui, j’aime beaucoup l’art. Les gens le savent, d’ailleurs, et connaissent l’expérience des Mirail dans ce domaine, même si je ne porte plus ce nom. Regardez un peu.

Ambre murmura quelque chose à Talen quand le présentateur de la statuette passa près de leur table pour en montrer les détails, et ce dernier lança d’une voix forte après quelques secondes :

- Cinq écus pour la comtesse de Ventfroid !

C’était toujours la petite statuette d’Anür qui était en jeu. Ambre n’avait aucun intérêt à acquérir cette statuette-là. Mais sa réputation à propos de l’art la précédait. Certains échangèrent des regards à l’intervention de la comtesse, et beaucoup la dévisagèrent, tentant de percer son expression. Si la pièce réveillait l’intérêt d’une femme provenant de la famille Mirail, c’était peut-être qu’elle possédait plus de valeur que ce qu’on pouvait croire… Ambre resta de marbre, parfaitement sérieuse. Seuls les gens attablés avec elle – en l’occurrence Talen et Hector – pouvaient déceler la lueur amusée dans ses prunelles.

- Dix écus ! répliqua une autre voix, à l’autre bout de la salle.

Ambre afficha une mine faussement déçue, balayant l’air de sa main. Elle venait de réussir son coup. C’était une stratégie qu’elle affichait souvent lors de ce genre de vente. La comtesse usait et abusait de la réputation de sa famille, poussant parfois des sommes faramineuses pour des objets dont elle n’avait que faire. Souvent, les gens enchérissaient par-dessus, toujours désireux de dérober une œuvre qui attirait tant les plus grands amateurs d’art de la cité. Parfois Ambre avait eu quelques ratés, se retrouvant à acheter des pièces dont elle ne voulait pas, mais la plupart du temps, elle réussissait à leurrer les acheteurs, leur faisant vider leur bourse plus vite que prévu. Ce qui permettait, au moment où un véritable objet qui attirait son attention se présentait, de n’avoir face à elle que des marchands déjà ruinés et incapables de tenir l’enchère. Elle s’en amusait beaucoup, et c’était tout un art de réussir à jouer un tel bluff, tout comme tenter de le repérer chez un adversaire. Là, en l’occurrence, la statuette pour lequel elle avait proposé cinq écus directement n’en valait certainement pas plus. En proposer dix comme l’avait fait un autre était une erreur. La jeune rousse ricana discrètement à leur table.

- Ils seront tous dans le doute à chaque fois que je proposerai une mise. Ambre eut une pause, suivant le déroulement de la vente d’une oreille attentive, le regard posé sur Hector. Je suis venue pour une œuvre que j’espère voir tomber, en effet. Nouvelle pause, durant laquelle la jeune femme soupesa les risques à lui dévoiler l’objet qu’elle convoitait. Elle décida de rester prudente pour l’instant et de laisser toutes les chances de son côté pour réussir à acquérir l’objet, aussi fut-elle évasive pour l’instant. Je ne suis pas sûre de voir l’objet être présenté cependant… ça n’était que des rumeurs. Faisons un marché. Il vous faudra deviner sur l'instant lesquelles de mes mises sont sérieuses, et tenter de déterminer ce que je convoite réellement. Elle eut un petit sourire. Mais dîtes-moi, connaissez-vous l’homme assis dans l’autre coin de la pièce ? ajouta-t-elle en dernier lieu.

Elle laissa Hector s’arranger pour jeter un œil discret au concerné – un homme brun, barbu, qui présentait bien, sûrement un marchand –, puis reprit.

- Il ne cesse de regarder vers notre table depuis le début.

Après l’annonce du nom de celui qui avait réussi à acquérir la statuette, l’on présenta un autre objet. Une arme, cette fois-ci. Il s’agissait d’une hache de très bonne facture, aux décorations brillantes sur le manche.

- Messieurs, vous avez rarement vu hache pareille ! L’on dit qu’un ancien Roi lui-même maniait cette arme, il y a quelques siècles, et si elle nous parvient jusqu’à aujourd’hui, c’est qu’elle possède les faveurs de notre Trinité ne pensez-vous pas ? Plus tranchante que jamais, vous ne regretterez pas cette acquisition !

Ambre laissa couler un regard sur le Sombrebois, qui était justement friand de haches, si elle avait compris. Se laisserait-il tenter ?
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MessageSujet: Re: Ce qu'art ne peut, hasard achève [Hector de Sombrebois & Ambre de Ventfroid] [Terminé]   Ce qu'art ne peut, hasard achève [Hector de Sombrebois & Ambre de Ventfroid] [Terminé] EmptyMer 27 Juil 2016 - 9:58
- Dîtes-moi, monseigneur… Qu’est pour vous une « bonne personne » ? Quelles qualités m’attribuez-vous ? Je suis curieuse de savoir tout ce que les gens racontent sur moi récemment.

C'était une question très intéressante ! Hector sourit. L'intelligence - et la malice ! - brillait dans le regard de son interlocutrice. Elle n'était pas femme à se contenter de banalités, de balivernes. Alors il allait approfondir ses pensées.

- Madame, une bonne personne, selon mes critères, est une personne qui ne se place pas au dessus des autres, une personne pour qui le bien commun prévaut sur son bonheur personnel, une personne qui aide plus qu'elle n'attaque. Voilà, pour moi la définition de la bonté. Par contre, vous serez peut-être déçue, sachez que je n'écoute que peu les rumeurs. Et donc je ne saurais dire ce que l'on raconte sur votre compte. Mais ce qui me fait croire que vous êtes une bonne personne, je l'ai... senti lors de nos quelques rencontres. Tout dans votre attitude, dans vos paroles, m'a montré que vous n'étiez pas de ceux qui cherchent à leurrer, qui complotent, qui font les choses dans leur intérêt personnel. Vous me semblez quelqu'un d'intègre, de juste, d'honnête, quelqu'un de compréhensif et de bon. Voilà les qualités que je vous attribue !

Hector but une gorgée de vin, satisfait d'avoir enfin pu dire à Ambre ce qu'il pensait d'elle.

- Mais s'il vous plait, si je fais erreur, soyez gentille et ne dîtes rien, il ne me serait guère plaisant de vous savoir imparfaite ! Fit-il avec humour.

Peu après, le petit tour d'Ambre amusa fort Hector. Dans le domaine du marchandage aussi, elle était intelligente. Elle vidait la bourse de ses futurs adversaires sur des lots qui ne l'intéressait pas... quelle fine idée !

- Finalement... vous êtes bien plus machiavélique que je ne l'imaginais ! Nota Hector. Et j'accepte votre petit défi. Mais sachez que pour se faire, étant donné mes faibles connaissances en matière d'art, je ne pourrais me fier qu'à l'expression de votre visage !

Et il sourit à l'idée de pouvoir scruter plus avant ce doux visage, cette peau claire et ces yeux charmants.

- Mais dîtes-moi, connaissez-vous l’homme assis dans l’autre coin de la pièce ? Ajouta-t-elle.
- Pas le moins du monde, chère Ambre, dit Hector après avoir jeté un œil discret dans la direction indiquée. Peut-être joue-t-il au même jeu que moi : si vos connaissances artistiques sont si connues, il attend sans doute une expression d'étonnement, de ravissement sur votre visage, pour enchérir. Peut-être pourriez-vous le duper en prenant un air... disons... enthousiaste lors de la prochaine présentation ?

Mais cet air enthousiaste, c'est le visage d'Hector qui s'en para lorsque la hache fût présentée. Étincelante, elle semblait autant une oeuvre d'art qu'une arme de combat. Enfin... tout compte fait, en la voyant approcher, Hector n'était pas si sûr ni de l'un ni de l'autre.

- Croyez vous que ce qu'il dit est vrai ? Demanda-t-il à la comtesse à propos du supposé ancien propriétaire de cette arme.

Et lorsque le présentateur arriva à leur table, le baron sortit sa hachette. Il avait l'intention de tester la solidité de l'arme présentée en la frappant avec la sienne - qui malgré sa taille était une arme bien forgée, résistante et tranchante.

- Permettez ? Demanda-t-il au porteur de l'arme aux joyaux.

Mais l'homme lui répondit par un froncement de sourcil très explicite. Hector remit sa hache de jet à la ceinture et, souriant en coin, se retourna vers Ambre :

- Je n'achète pas une hache pour décorer mon salon... Alors si je ne peux tester la qualité d'une arme, je ne l'achète pas.

Hector but une autre gorgée de vin. Et, pendant que des acheteurs moins difficiles - ou ayant d'autres critères - que lui se disputaient la belle hache, il reprit la parole, mais cette fois sur le ton de la confidence :

- Dîtes-moi, chère Comtesse, je... je sais que ce n'est peut-être pas le bon moment pour parler de cela - et dîtes moi si vous préférez ne pas aborder le sujet - mais... voilà... Vous devez savoir la mésaventure qu'a été mon mariage avec la baronne de Brasey et... je ne puis me résoudre à croire que cette séparation forcée n'a pas été un mal pour un bien car... comment expliquer cela... Voyez-vous, Grâce est une femme superbe, une femme qui m'a immédiatement séduit, mais - cela vous paraîtra peut-être incroyable - malgré les trois mois qu'a duré notre union, je n'ai pas l'impression d'avoir pu connaître quoi que ce soit d'elle... Je ne parle évidemment pas de quelques détails idiots, ses habitudes diverses, etc. mais elle était si... secrète que je n'ai jamais rien su de ses opinions, de ses peurs, de ses passions. Elle cachait constamment ses émotions... Aujourd'hui encore je ne saurais dire ce qui se cache derrière ce visage que j'ai tant aimé, qui elle est réellement. N'est-ce pas incroyable ? Comme si elle s'était méfiée de moi ou comme si elle avait présenti que tout cela allait se terminer ainsi. Aussi voulais-je avoir votre avis sur elle... afin de savoir si cela vient de moi ou si, pour vous également, elle apparaît ainsi : secrète et distante. Enfin, vis à vis de vous ce serait plus compréhensible, il ne me semble point que vous soyez amies, mais vis à vis de... son mari, n'est-ce point étrange de se cacher ainsi ?
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MessageSujet: Re: Ce qu'art ne peut, hasard achève [Hector de Sombrebois & Ambre de Ventfroid] [Terminé]   Ce qu'art ne peut, hasard achève [Hector de Sombrebois & Ambre de Ventfroid] [Terminé] EmptyMar 2 Aoû 2016 - 2:40
Ambre écouta Hector. Attentivement. Le portrait qu’il fit de la comtesse… Cette dernière ne put s’empêcher de hausser un léger sourcil en entendant tel discours, étonné d’abord, puis franchement amusé. Il la considérait comme une bonne personne, selon ses dires, et cela prenait en compte beaucoup de choses. Le portrait proposé était… idyllique. Une personne qui faisait passer le bien commun avant son propre profit personnel ? Diantre, de telles personnes, elles devaient se compter sur les doigts de la main, à Marbrume. Certes, Ambre avait toujours été d’un naturel bienveillant. Les Mirail ne s’étaient jamais fait remarquer pour des conflits, ni pour des caractères ingrats et insupportables. Ils étaient avenants, et rares avaient été les exceptions parmi leurs membres, du moins pour les générations actuelles. Ambre bénéficiait de cette aura, et probablement l’impression de Hector venait-elle de là. Une image profonde d’innocence, de bonté, de beauté aussi, à leur manière. Ambre avait de la bonté en elle, c’était certain, mais… pas poussée au point que le dépeignait le baron. De sombres desseins couraient dans ses veines, des complots, des leurres, tout ce que l’homme écartait pour pouvoir être une « bonne personne ». Le baron la pensait parfaite ? Allons. Etait-ce de la naïveté, de la stupidité, ou une réelle envie de voir derrière ce visage clair un esprit auquel l’on ne trouverait rien à redire ? Pourquoi voulait-il l’imaginer douée de tant de qualités ? C’était intrigant. Mais Ambre s’en amusa beaucoup. Ce genre de réputation… lui seyait tout à fait. Loin d’elle l’envie de la démentir. Elle préférait largement passer pour une jeune fleur inoffensive, cela lui servait beaucoup. L’on avait plus tendance à surveiller les roses dont les épines étaient visibles que l’inverse.

- Soit, je ne démentirai rien en ce cas, répliqua la comtesse, un léger sourire aux lèvres. Talen, à côté, se retenait visiblement carrément d’exploser de rire, mais la jeune femme l’avertit d’un regard, et il se reconcentra sur le reste de la salle, reprenant un visage faussement lisse.

Ambre replongea les lèvres dans son verre de vin, mais cette nouvelle gorgée lui fit légèrement froncer le nez. Elle avait bu la moitié du verre seulement, et elle se rendit compte que les effluves de la boisson commençaient doucement à lui soulever un haut-le-cœur. La comtesse abaissa discrètement le récipient, le reposant doucement sur la table, caressant d’un doigt le pied du verre. Cette sensibilité récente pour les odeurs qui avant ne lui posaient aucun problème commençait à l’agacer. Diantre, elle ne pouvait même plus boire son vin tranquille. Ambre masqua son trouble en continuant à écouter poliment son interlocuteur.

- Eh bien, scrutez donc mon visage pour tenter de déterminer si les pièces m’intéressent réellement, c’est en effet un moyen efficace.

Ambre se fit la réflexion qu’il serait intéressant, si ce n’est amusant, de tenter de bluffer même une personne qui se trouvait présente à sa propre table. Talen aussi semblait intéressé par le challenge, à dire vrai, même s’il resta silencieux, et tenterait de déterminer sans intervenir s’il avait vu juste sur les intentions de sa supérieure. L’homme paraissait prendre plus de plaisir à être présent que ce qu’il avait imaginé, et cela contentait Ambre d’ue certaine manière, car elle savait que faire le garde planton n’était pas réellement une activité très passionnante.

La comtesse coula à nouveau un regard sur l’inconnu qui scrutait leur table depuis le début tandis qu’il avait l’attention tournée ailleurs, et parut réfléchir un instant en observant l’expression de l’homme et la facture de ses vêtements.

- C’est possible. J’attendrai de voir sur quelles pièces il vient à porter attention au cours de la soirée mais… il me parait, disons, expérimenté.

Ambre garda les yeux posés sur cet inconnu quelques secondes encore, tentant de déterminer s’il pouvait être un adversaire de choix pour la suite de la vente, puis abandonna son intérêt avant qu’ils ne viennent à croiser le regard. Elle verrait cela en temps venu.

Quant à la hache, le baron parut très enthousiaste. Ambre nota la lueur dans ses yeux, et tourna elle-même le regard sur l’arme exposée. Cela dit, en matière de haches, elle n’y connaissait proprement rien. Si pour une épée, elle savait déterminer la valeur et la qualité de l’arme, pour avoir assisté à de nombreux tournois et duels, ou tout simplement aux entraînements de son frère, ou de son mari, pour une hache en revanche, c’était plus compliqué. Elle pouvait remarquer la joliesse des fioritures, la facture du rubis décoratif, mais en terme d’efficacité à l’usage premier d’une hache – trancher –, elle serait bien en peine d’asseoir un avis expert et définitif. Talen, homme d’armes de son côté, posa un regard examinateur sur l’arme lorsque l’animateur passa près de leur table. Ambre observa Hector décliner l’enchère après avoir reçu un refus quant à éprouver l’objet. Elle ne commenta rien, car bientôt le baron déviait sur un autre sujet.

Un sujet qui surprit grandement la comtesse. Le fait qu’il évoque sa femme, et le scandale qui avait fait éclater leur mariage, c’était en soi assez logique, vu le contexte actuel. Qu’il vienne à se confier en revanche sur la vie commune qu’il avait pu avoir avec elle, la relation qu’il avait entretenue avec son épouse… Ambre trouva cela peu seyant, car le tout était conté à une inconnue – c’était ce qu’elle était, vis-à-vis d’Hector, l’on ne pouvait pas dire qu’ils avaient gardé les cochons ensembles. Par comparaison, imaginer que Morion, dans son dos, vienne à se confier au premier venu sur les difficultés rencontrées dans son mariage si un jour il y en avait, cela la gênerait beaucoup. Le cas de Grâce et Hector était particulier cela dit. Le lien de leurs alliances avait été brisé. C’était un sujet très, très délicat, qu’Ambre aborda avec beaucoup de précautions, car elle-même n’appréciait pas contrarier les dieux. Et un mariage explosé, contre toutes leurs traditions, cela n’avait pas laissé Ambre indifférente, même si ça ne touchait en rien sa propre famille.
Lorsqu’elle répondit, la comtesse avait quitté l’air amusé qu’elle avait abordé jusqu’à présent. Son ton était devenu plus sérieux, peut-être un peu réticent sur le coup.

- J’ignore les conditions qui ont amené votre mariage, monseigneur. S’il était arrangé, comme la plupart des mariages de l’Esplanade, loin de l’amour fiévreux que ressentent des amants, alors, peut-être la baronne gardait-elle encore quelques réticences à s’ouvrir. Parfois faut-il des mois, des années, avant que le devoir du mariage ne permette une passion sincère entre les deux époux… Ambre eut une pause, réfléchissant un peu. Si vous vous étiez tous deux épousé par amour en revanche, ou au moins par affection naissante, alors, peut-être était-ce simplement le caractère de Grâce. Il est parfois difficile de s’ouvrir, et d’abattre les barrières que nous avons mis tant d’années à construire. Trois mois, même dans le cadre d’un mariage, cela reste… peu. Nous autres femmes de l’Esplanade sommes élevées pour paraître dignes en toutes circonstances, jamais fautives, jamais inauguratrices de faux pas. Grâce avait possiblement besoin de temps avant d’accorder pleinement sa confiance, d’abattre ces barrières d’étiquette profondément ancrées. Je ne connais que peu la baronne. Nous avons eu l’occasion d’échanger quelques fois cela dit. Ambre se remémora son mariage, à l’occasion duquel Grâce avait paru sincèrement agacée de son mari, à dire vrai. Elle m’est apparue être une femme très intelligente, à la grande assurance… beaucoup pour son âge, même, après réflexion. Elle me parait être de ces femmes qui ont grandi trop vite, après quelque épreuve ou déception. Je crains qu’il ne soit difficile de s’accorder sa confiance ; peut-être est-ce ce qui a entravé votre relation. D’un côté, une femme toute en retenue, réfléchie et calculatrice, de l’autre un baron bon vivant, honnête et trop enjoué… Il fallait dire que le combo avait de quoi faire quelques déçus, effectivement. Mais vous ne devriez point ressasser ce mariage, monseigneur. Les dieux ont décrété qu’il était caduc. Ambre avait repris un ton un peu plus ferme. Quels qu’avaient été les sentiments d’Hector envers Grâce, il lui faudrait apprendre à les oublier. Elle était sa cousine, non plus sa femme. Ne poussez point leur patience, souffla Ambre en dernier lieu à propos des dieux. Très pieuse, aborder le sujet d’un divorce la mettait un tantinet mal à l’aise.

Bientôt, quelques acclamations leur firent relever le nez : la hache avait trouvé acquéreur. Le nouvel objet présenté fut une rivière de diamants. Le bijou souffla la grande majorité de la pièce, tant il était beau. Les pierres accrochaient les lueurs des torches, et renvoyaient mille couleurs sur les invités. C’était assurément une pièce que n’importe quelle femme rêverait de porter.
Pour la première fois, le mystérieux inconnu dont Hector et Ambre avaient parlé un peu plus tôt se manifesta, et fut le premier à enchérir. La comtesse posa le regard sur lui, un long moment, tandis que l’animateur demandait s’il y avait d’autres intéressés. Il y en eut quelques-uns. L’expression d’Ambre était réfléchie, calculatrice. De longues secondes passèrent, avant qu’elle n’enchérisse à son tour. L’inconnu tourna le visage vers elle, à travers la pièce, et leur regard se croisèrent un instant. Le jeu commençait.
D’autres secondes passèrent, et, après avoir dévisagé longuement la comtesse, l’inconnu augmenta à nouveau la mise, qui monta directement à trente écus. Les marchands écarquillèrent les yeux sous la somme faramineuse, et Ambre esquissa un petit sourire face à l’audace. Elle répliqua pour trente-cinq écus, poussant, titillant les limites. La comtesse avait commencé un vrai duel de marchandage, qui fut suivi avec attention par l’assemblée. Tellement bien suivi qu’un autre protagoniste entra dans la danse, proposant la somme de quatre-vingt écus, explosant la mise que la jeune rousse et l’inconnu avaient déjà bien rehaussée. A l’entente d’une telle somme, Ambre pianota sur sa table, droite, échangea un regard avec son domestique… Les gens attendaient tous, visiblement concernés par cette petite guerre pour la rivière de diamants. La tension retomba cependant, car la comtesse se résigna. Elle se redressa sur son siège, abandonnant les mises, les dents serrées. L’homme remporta le bijou, et le temps que le prochain objet soit mis en lice, ce fut le garde Talen qui brisa le silence à leur table :

- Mmh… alors, bluff ou réel intérêt ?

La question semblait être posée à la fois à Hector, qui devait deviner, ainsi qu’à Ambre, qui apporterait la réponse. Bluff ou non, Hector de Sombrebois ?
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MessageSujet: Re: Ce qu'art ne peut, hasard achève [Hector de Sombrebois & Ambre de Ventfroid] [Terminé]   Ce qu'art ne peut, hasard achève [Hector de Sombrebois & Ambre de Ventfroid] [Terminé] EmptyMer 24 Aoû 2016 - 17:44
Hector avait noté l'amusement d'Ambre face à l'avalanche de compliments qu'il lui offrait. Il savait bien que personne n'était parfait mais il restait néanmoins persuadé qu'au fond il avait raison, que la dame de Ventfroid était une des belles âmes de Marbrume.

Lorsqu'il parla de son mariage avorté, il sentit poindre l'embarras chez sa noble interlocutrice. Elle lui offrit tout de même quelques pistes de réflexions et il lui en fût gré. Après un bref sourire il concéda :

- Vous avez raison, rien ne sert de se torturer l'esprit au sujet du passé, d'une personne qui, visiblement, ne souhaite plus me revoir...

Mieux valait changer de sujet. Hector finit son verre de vin et la suite de la conversation fût bien plus légère.

*

La rivière de diamants n'avait pour utilité que d'embellir la gorge d'une femme. Contrairement à la hache d’apparat, c'était un objet qui ne pétait pas plus haut que son cul - pardonnez-moi l'expression - un objet qui ne trompait personne... un objet qui, par certains aspects, pouvait être une allégorie de la comtesse de Ventfroid. Le baron, ne voulant point importuner la jeune femme en continuant de la flatter, ne lui fit pas part de cette réflexion et se contenta de jauger le bijou et l'expression du visage de la belle rousse. Hector la trouva concentrée. Il sourit en coin, sûr du réel intérêt d'Ambre pour l'objet, mais la laissa enchérir sans mot dire. L'affaire était loin d'être conclue. L'homme qui, plus tôt, avait regardé dans leur direction enchérit à son tour et, bientôt, ce fût un troisième larron qui entra dans la danse, doublant presque la somme - pourtant élevée - qu'avait proposée la comtesse.

Les doigts d'Ambre pianotèrent nerveusement sur la table. Ce geste semblait si naturel... Soit elle était bonne actrice, soit elle était réellement fâchée de laisser filer la rivière...

- Je crois, chère comtesse, que vous auriez bien aimé accrocher cette rivière à votre cou - et elle vous aurait certainement fort bien allé ! Et, bien que la somme soit élevée, je pense que vous avez de quoi surenchérir... donc je suppose que cet objet n'est pas celui que vous désirez le plus ardemment et que c'est pour cela que vous avez laissé filer les diamants.

Content de sa réflexion, le baron arborait un sourire malin. En écoutant la réponse d'Ambre, il jouait avec son verre vide, le faisant tourner non sans habileté entre ses doigts épais. Lorsque la vente du collier fût officiellement actée, le maître de cérémonie présenta l'objet suivant. Il s'agissait d'un arbre de bronze Il était d'une beauté si pure, si simple qu'elle toucha réellement Hector. Ses yeux s'agrandirent et sa bouche s'entrouvrit. Il lui aurait été difficile de cacher son attrait pour cette pièce qui fût présentée comme "l'arbre de vie", une pièce dédiée à Anür bien qu'Hector y voyait plus un hommage à la nature, à Serus et, surtout, le symbole de ses chères forêts de Sombrebois, presque l'arbre qui orne le blason de sa famille. En piètre bluffeur, il tata sa bourse et s'aperçut qu'il n'avait pas beaucoup d'argent sur lui. Il n'avait pas eu l'intention de faire des folies ce soir mais il regrettait finalement de n'avoir pas pris plus de pièces d'or. Néanmoins, après qu'un premier acheteur ait proposé dix écus, il monta la mise :

- Vingt écus ! Fit-il d'une voix forte.

Il sentait l'excitation s'emparer de lui. Ses mains étaient moites et ses yeux naviguaient de droite à gauche, guettant celui ou celle qui, sans doute, ne manquerait pas de faire monter le prix du beau petit arbre.

- Vingt-cinq, dit l'homme qu'Ambre avait repéré quelques temps plus tôt.

Hector fronça les sourcils, soupira, puis jeta un regard légèrement hagard vers la comtesse. Il semblait lui demander comment faire pour "bien jouer", pour obtenir l'objet sans y mettre une trop grande somme.

- Quel empêcheur de tourner en rond, celui-là ! Fit-il finalement à mi-voix.

Malgré un ton amusé, il n'était pas guère ardu de voir qu'Hector était en réalité très énervé par cet homme qui, visiblement, s'intéressait à beaucoup de pièces...
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MessageSujet: Re: Ce qu'art ne peut, hasard achève [Hector de Sombrebois & Ambre de Ventfroid] [Terminé]   Ce qu'art ne peut, hasard achève [Hector de Sombrebois & Ambre de Ventfroid] [Terminé] EmptySam 10 Sep 2016 - 20:10
Hector réfléchit avant de donner son analyse, observa un temps la comtesse, pesa visiblement le pour et le contre, avant de terminer par décréter que la jeune femme désirait vraiment cette rivière de diamant, mais pas assez pour enchérir trop. Ambre sourit face à cette hypothèse mi-chaude mi-froide, ni trop ni trop peu. Une réflexion toute en nuances, ainsi ; le baron était probablement désireux de ne pas se tromper en ratissant large.

- Vous vous trompez, baron. Je ne voulais pas du collier, c’était une feinte depuis le début. Cela dit, votre raisonnement aurait été juste s’il s’était agi d’une autre époque. Quelques mois en arrière auraient suffi. Ambre eut le regard un peu perdu durant quelques instants, repensant à cette époque paisible. Avec le recul, elle pouvait se rendre compte qu’elle avait bien changé. Désormais que la Fange nous aspire progressivement toute ressource… dilapider le reste de ma fortune pour des pierres, aussi belles soient-elles, je l’évite. J’ai déjà fait des dépenses très lourdes pour mon mariage et ça n’était pas très raisonnable. Elle eut un sourire discret, un peu absent, repensant à l’épée forgée pour son mari. La statuette de la Trinité qu’elle voulait acquérir ce soir n’était pas plus raisonnable, cela dit il y avait une dimension beaucoup plus pieuse, beaucoup plus mystique là-dedans, comparé à un collier. La rivière était belle cela dit… Nul doute que j’aurais aimé que l’on m’offre pareille merveille dans un autre temps. Aujourd’hui cela serait beaucoup trop irresponsable.

Ambre espérait que l’on puisse revenir un jour à des temps plus paisibles. Où s’affubler de jolis vêtements et bijoux n’était pas un geste désespéré pour s’accrocher à une réalité perdue. Où les habitants pouvaient s’arrêter badiner dans une taverne sans se coucher le ventre vide. Où les demoiselles pouvaient tisser leur ruban de mariage avec les plus beaux fils de la ville, n’ayant aucun autre intérêt que fonder une famille heureuse, loin des affres de la guerre et du malheur. Pour en revenir à ça, il y avait encore beaucoup de sacrifices à faire.

- La valeur de ce bijou remontera en flèche lorsque la famine sera maîtrisée cela dit. L’homme a fait un bon achat, s’il est optimiste.

Il fallait encore que Marbrume remonte la pente, et que le Labret soit fructifiant. C’était loin d’être gagné mais la reprise du Labret avait échauffé les cœurs. Ambre préférait attendre de voir les étals de marché pleins de vivres avant de crier victoire et de recommencer des dépenses plus superficielles cela dit, et donc investir dans des choses qui assureraient sa survie pour l’instant. En l’occurrence, quelques possessions commerciales, et, son but de ce soir, une relique religieuse qui ne pourrait qu’accorder les honneurs des dieux à son possesseur.

Un arbre de bronze, ce fut l’objet présenté par la suite. Ambre fut étonnée de voir Hector s’y intéresser, mais elle observa les enchères tranquillement, observant la salle, faisant tourner le vin dans son verre pour s’occuper les mains. Quand l’homme brun qu’ils avaient remarqué plus tôt enchérit à son tour, le baron en fut fort marri. Ambre suivit des yeux le regard d’Hector posé sur cet inconnu qui avait visiblement décidé de les enquiquiner ce soir.

- Mmh. J’ai l’impression qu’il n’enchérit que sur les pièces sur lesquelles nous mettons un prix. Il tente de nous plumer, ou, plus précisément, de me plumer, je gage. Pour quel objet veut-il que ma bourse soit vidée rapidement… ? Ambre avait murmuré cette phrase plus pour elle-même qu’autre chose. Il vous croit allié à ma capacité d’enchère peut-être, étant donné que vous êtes à ma tablée.

L’homme semblait en effet user de la même stratégie que la comtesse : enchérir pour appâter. A la différence d’Ambre, cet homme n’était pas connu pour sa connaissance en art cependant – sinon la comtesse le connaîtrait. Aussi ses enchères poussaient moins les autres acheteurs à s’intéresser aux pièces que lors des mouvements de la comtesse. Néanmoins… l’inconnu paraissait enchérir sur les pièces convoitées par la table d’Ambre, pour forcer à dépenser plus. Jusqu’à présent Ambre n’avait que bluffé et jamais désiré vraiment les pièces, mais elle craignait que l’homme soit ici pour le même objet qu’elle. Avait-il eu vent lui aussi de la statuette perdue de la Trinité ?

- Je pense qu’une simple petite augmentation de la mise vous permettra d’obtenir l’objet, il n’enchérira pas plus, déclara Ambre. A vous de voir si vous voulez dépenser plus, vous êtes seul juge. Cet homme risque de nous embêter un bon moment encore cela dit.


Citation :
Petit post, désolée !
Tu peux décider toi-même si Ambre a raison ou pas à la fin, si l'homme va renchérir ou non, ou tirer un dé, enfin c'est comme tu veux, mais je voulais juste préciser qu'Ambre pouvait se tromper bien sûr Razz
Si jamais cette réponse ne te donne pas assez de matière à répondre n'hésite pas, je sais ce que j'ai prévu pour la suite mais je voulais pas avancer trop vite, donc si jamais tu voulais que j'avance après ce passage d'enchère de l'arbre aucun souci Wink
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MessageSujet: Re: Ce qu'art ne peut, hasard achève [Hector de Sombrebois & Ambre de Ventfroid] [Terminé]   Ce qu'art ne peut, hasard achève [Hector de Sombrebois & Ambre de Ventfroid] [Terminé] EmptyMar 13 Sep 2016 - 11:36
Hector fit signe à une serveuse qui passait par là.

- La même chose, s'il vous plait, mademoiselle.

Elle était assez belle, la demoiselle. Elle avait un visage souriant, avenant, de grands yeux d'un brun profond comme sa longue tresse parfaitement ajustée. Tout en courbe, son corps était parfaitement mis en valeur par sa longue robe vert d'eau, bien ajustée, qui dévoilait un peu la rondeur de sa poitrine blanche. Hector ne rougit pas au charmant sourire de cette dernière. A vrai dire, il cachait bien mieux son émoi envers elle que son exaspération dans le jeu d'enchères - jeu auquel il était bien moins habitué !

- Mmh. J’ai l’impression qu’il n’enchérit que sur les pièces sur lesquelles nous mettons un prix, analysait Ambre, il tente de nous plumer, ou, plus précisément, de me plumer, je gage. Pour quel objet veut-il que ma bourse soit vidée rapidement… ? Il vous croit allié à ma capacité d’enchère peut-être, étant donné que vous êtes à ma tablée. Je pense qu’une simple petite augmentation de la mise vous permettra d’obtenir l’objet, il n’enchérira pas plus. A vous de voir si vous voulez dépenser plus, vous êtes seul juge. Cet homme risque de nous embêter un bon moment encore cela dit.

Hector sourit à Ambre et hocha la tête pour lui montrer qu'il avait bien compris. En une tactique toute personnelle, il attendit que le maître de cérémonie annonce que l'enchère allait bientôt se terminer pour mettre à exécution ce qu'avait proposé la belle rousse :

- Trente écus.

A vrai dire, le discours d'Ambre sur la rivière de diamant avait quelque peu calmé les ardeurs consuméristes de notre cher baron : A quoi bon acheter des objets de décoration en cette période de crise ? A quoi pourrait-il bien lui servir ? En réalité, s'il avait enchéri, c'était surtout pour voir si la théorie de la comtesse était exacte. Il tourna ensuite la tête vers le brun. Celui-ci se tourna également vers Hector... et cet instant fût bien étrange. Les hommes semblaient se jauger, s'intimider, se battre mentalement, presque ! Hector ne lâchait pas le regard de l'inconnu, comme si détourner le regard eut été un aveu de faiblesse... Et les secondes passèrent et les gens dans la salle commençaient à regarder d'un air curieux les deux hommes.

- Trente écus pour le baron de Sombrebois... une fois... deux fois...

Dans la salle on pouvait entendre les mouches voler. Une goutte de sueur perla sur le front d'Hector. Ses yeux étaient tendus vers ceux du bougre de brun qui finit par ouvrir la bouche. Les gens retinrent leur souffle.... Mais, c'est une autre voix que celle du mystérieux inconnu que l'on put entendre :

- Trois fois ! Adjugé vendu !

Le brun ne laissa rien transparaître de ses émotions, se contentant de refermer son vilain bec, et Hector, comme si le jeu de regard avait d'un coup perdu tout intérêt, sourit et se retourna vers Ambre.

- Vous aviez raison... enfin... les faits vous donnent raison ! Mais une question subsiste : que vais-je bien pouvoir faire de ce bel arbre ?!

Et le baron éclata de rire ! Il trouverait bien une place dans son salon pour cette magnifique oeuvre d'art, mais vraiment, il riait de l'inutilité de son achat ! Enfin, la soirée était amusante et lorsqu'on lui apporta son arbre - qu'il paya rubis sur l'ongle - il le trouva si magnifique, qu'il ne regretta plus du tout de s'être ainsi délesté de ses écus. Un instant plus tard, ce fût la belle serveuse qui lui apporta son verre de vin.

- Merci, mademoiselle... Décidément, je suis gâté !

Il reposa son dos sur le dossier de sa chaise, soulagé d'en avoir fini avec ces satanées enchères et content de pouvoir se désaltérer avec le bon vin aux effluves si fruitées.

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MessageSujet: Re: Ce qu'art ne peut, hasard achève [Hector de Sombrebois & Ambre de Ventfroid] [Terminé]   Ce qu'art ne peut, hasard achève [Hector de Sombrebois & Ambre de Ventfroid] [Terminé] EmptySam 17 Sep 2016 - 17:04
Hector avait terminé par l’emporter. Il avait eu son petit arbre de bronze, et l’inconnu n’avait point renchéri par-dessus, comme l’avait supposé la comtesse. Bon enfant, Hector riait de sa réussite, devant un Talen toujours aussi silencieux et discret, et une Ambre souriante mais moins démonstrative. Elle n’aimait pas la façon dont cet inconnu jouait avec les enchères : avec une expérience certaine, acquise avant la Fange. Ce bourgeois n’était pas un visage connu de la comtesse cependant, il n’était donc pas un Marbrumeux d’origine. Le Fléau avait dû le faire migrer lui aussi. Tout ce qu’Ambre espérait, c’était qu’il ne lorgnait pas sur le même objet qu’elle.
L’arbre de bronze fut apporté à son nouveau possesseur, tandis qu’une serveuse de la taverne venait servir à nouveau le baron en vin. Celle-là même qu’Hector avait reluquée un peu plus tôt. Le verre d’Ambre était toujours à moitié plein, et elle ne le finirait point, à son grand dam.

- L’arbre pourrait vous apporter de bons augures si vous honorez Serus régulièrement, commenta Ambre alors que la serveuse remplissait le verre du baron. Mon dessein est similaire à propos de la chose que je convoite. J’espère que les dieux me porteront chance.

La serveuse semblait perturbée par la présence des deux nobles, et par la présence d’Hector notamment. Ses mains étaient légèrement tremblantes, et lorsqu’elle voulut reprendre le verre d’Ambre qui avait notifié qu’elle n’en voulait plus, sa main ripa, et le petit récipient transparent chuta pour s’éclater au sol dans une myriade d’éclats brillants, entre Ambre et Talen. La jeune femme rougit jusqu’à la racine des cheveux et se confondit longtemps en excuses, s’accroupissant au sol pour récupérer les éclats, demandant plusieurs fois si elle n’avait blessé personne, très honteuse. Quand elle eût terminé de nettoyer, elle s’en fut prestement, encore tremblante. Ambre se demanda un instant s’ils faisaient si peur que cela. Elle n’avait rien renversé sur personne, juste fait tomber quelque chose au sol. Avait-elle cru qu’on la vilipenderait sévèrement ?

Après ce petit incident qu’on oublia vite, la vente aux enchères reprit. Plusieurs autres objets à type de joaillerie furent proposés, mais ils eurent moins de succès qu’à l’époque d’avant la Fange. Beaucoup moins. Seules les reliques destinées aux dieux s’arrachaient parfois avec des airs de désespoir, comme s’ils pouvaient arrêter le désastre actuel de Marbrume. Sinon, les investisseurs étaient surtout intéressés par des possessions plus terre-à-terre, notamment les commerces d’artisanat qui faisaient faillite. S’ils achetaient les bons établissements, et savaient les gérer correctement, c’était un moyen sûr d’assurer sa survie. Ambre fut tentée, à maintes reprises, d’acheter une boulangerie ou une poissonnerie, mais pour ce genre d’investissement, elle rechignait à agir sans l’aval de son époux. Ça n’était pas n’importe quel achat, et surtout, cela serait taper dans la fortune familiale des Ventfroid sans lui demander son accord. Elle se restreignit donc et n’enchérit pas là-dessus.

- Désormais, mesdames et messieurs, l’objet que vous allez voir nous vient tout droit d’une caravane d’un riche collectionneur qui a perdu la vie à cause de la Fange – qu’Anür l’ait accueilli avec les honneurs. L’on raconte qu’il a tenté de sauver cette petite chose alors qu’il était encerclé par des fangeux. Il devait beaucoup y tenir.

Le présentateur souleva l’étoffe, et révéla aux regards une statuette. Encore une, l’on pouvait penser. Et, oui, certains soupirs de déception parcoururent l’assemblée. D’autres soupirs, à l’inverse, étaient des soupirs de surprise ou d’émerveillement. Il s’agissait d’une statuette de quinze centimètres de hauteur à peu près, représentant la Trinité. Sa particularité était qu’elle était faite de cristal, éclatante, magnifique. Et çà et là, d’autres métaux venaient sublimer le tout. Quelques écailles d’or sur la nageoire d’Anür, quelques émeraudes sur celles du reptile qui courait sur les épaules de Rikni, ou encore quelques reflets bruns mordorés dans les bois de Serus. Ambre retint son souffle, écarquilla légèrement les yeux. Parce que la pièce était superbe, déjà, mais aussi parce que c’était enfin l’objet qu’elle convoitait. Le Joyau de la Trinité. Elle en était certaine, elle avait fait tellement de recherches à propos de cette relique perdue. C’était forcément ça, et la jeune femme dut puiser très profondément en elle pour rester de marbre, que cela soit pour Hector qui devait toujours deviner si elle bluffait ou non, et les autres acquéreurs qui devaient, surtout, être persuadés qu’il s’agissait encore d’une pièce comme une autre.

- Cinq écus, lança doucement Ambre à travers la salle, avec un air très lisse, neutre, pour éviter d’attiser les convoitises.

Comme pour affirmer son enchère, elle mit la main à la ceinture pour attraper sa petite bourse de cuir. Son geste s’arrêta un instant, un peu subitement, tandis qu’elle fronçait les sourcils, et relevait des yeux un peu perdus sur Hector, mais surtout Talen, son protecteur de la soirée.

Sa bourse avait disparue.
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MessageSujet: Re: Ce qu'art ne peut, hasard achève [Hector de Sombrebois & Ambre de Ventfroid] [Terminé]   Ce qu'art ne peut, hasard achève [Hector de Sombrebois & Ambre de Ventfroid] [Terminé] EmptyMar 20 Sep 2016 - 10:28
Les mots d'Ambre étaient sans doute sincères... mais pour Hector, espérer la providence des dieux en priant Sirus auprès de son arbre serait plus une superstition qu'une réelle croyance. En effet, après l'arrivée de la fange, la perte de sa famille et celle de sa femme, il n'attendait plus grand chose de ses prières...

- Qu'Ils nous portent chance, répondit tout de même Hector, avec un sourire légèrement ironique.

L'épisode de la serveuse maladroite passa presque inaperçu auprès du baron. Tout juste en profita-t-il pour apprécier d'un regard discret, la discret galbe de la croupe de la brune. Malheureusement, il n'était point seul à table et profiter plus longtemps de cette vue eut été fort désobligeant pour la belle comtesse. Elle aussi méritait quelques égards. Evidemment, les quelques lots qui se succédèrent à la vente furent l'occasion pour Hector de réparer cette injustice en posant ses yeux sur le visage d'Ambre, afin d'en apprécier l'harmonie. Cette dernière ne semblait guère intéressée par les objets présentés. Ce n'est que lorsque le commissaire priseur souleva une étoffe, dévoilant une statuette de cristal, que le visage d'Ambre s'éclaira de nouveau. Néanmoins, cette éclaircit fut brève. La dame de Ventfroid tenait à paraître désintéressée, donnant à son regard un air neutre. Hector avait clairement vu tout cela et c'est pourquoi un léger sourire ceignit sa barbe brune.

- Ambre, commença-t-il avec un regard brillant, ma fille adoptive, Mérédith - qui a 5 ans - adore la cuisine. Elle aide régulièrement mon cuisinier, Albert, à préparer quelques plats ou gâteaux. Et bien figurez-vous que l'autre jour, cette gentille petite a profité de l'absence de ce dernier et d'un instant d'inattention de sa gouvernante pour se glisser en cuisine et faire à manger ! Le baron marqua un pause et continua son discours avec une lenteur théâtrale. Croyez-le ou non, lorsque je suis entré - par hasard - dans la cuisine, elle était en train de casser des œufs au dessus d'un saladier, pour, me dit-elle "préparer une oublie" ! Et devant tant d'aplomb, je suis resté à ses cotés, lui servant d'assistant pour chercher les ustensiles dont elle avait besoin, pour allumer le fourneau lorsqu'il fallait cuire sa galette et, enfin, pour enfourner les palettes... mais je ne l'ai point aidée pour le dosage ou le mélange des ingrédients. Et bien, tenez-vous bien, le résultat fût délicieux ! Nous nous somme régalé en dégustant ce dessert. Gourmands comme nous sommes, nous l'avons même agrémenté d'une douce confiture de myrtilles ! Et... maintenant, vous pouvez enchérir sur l'objet qui vous tient tant à cœur...

Hector souriait à présent complètement. Il était sûr d'avoir trouvé l'objet que convoitait tant la comtesse et content d'avoir pu capter son attention un temps suffisamment long pour qu'elle ne paraisse pas trop intéressée. Elle s'était montrée très concentrée sur l'objet qui venait d'être dévoilé et Hector pensait que sans sa diversion, le vilain brun aurait eu toutes les chances de voir cette concentration d'un œil méfiant.

- Cinq écus, dit Ambre d'une voix désintéressée.

Seulement, lorsqu'elle voulut prendre sa bourse, elle s’aperçut qu'elle avait disparue ! Hector regarda rapidement autour de la table mais il ne l'y vit pas. Son cœur eut du mal à l'admettre mais son esprit se rappela qu'un peu plus tôt, il avait pu admirer à cet endroit précis, les courbes avantageuse de la jeune serveuse : cela ne pouvait-être qu'elle ! Personne d'autre ne s'était approché assez près de la comtesse pour lui dérober sa bourse.

Hector se leva et s'approcha d'Ambre.

- Etes-vous sûr d'avoir emmené votre bourse ? Personne ne vous a approché comme la serveuse, tantôt... Je m'en vais... l'interroger...

Il s'écarta un instant avant de faire demi-tour.

- Il doit me rester 15 écus, considérez les comme vôtre le temps que je revienne...

Et Hector, d'un pas décidé, remonta l'escalier, hache à la main, laissant son arbre sur la table de la comtesse et de son protecteur. En haut, le baron ne tarda pas à retrouver la serveuse. Elle marchait entre les tables, visiblement moins gênée que lorsqu'elle avait fait tomber le verre d'Ambre, tout à l'heure. Alors comment faire ? Hector décida d'aller la voir et d'utiliser la manière douce :

- Mademoiselle ?
- Oui, messire ?
- N'auriez-vous pas vu la bourse de la comtesse de Ventfroid tout à l'heure, lorsque vous ramassiez le verre brisé ? Celle-ci l'a perdue et c'est fort regrettable car elle souhaitait justement acheter un des objets mis aux enchères.

Pendant qu'il parlait, le baron, fixait les yeux marrons de la serveuse avec autant d'acuité que possible. Il cherchait dans ce regard automnal, la culpabilité qu'il imaginait s'y cacher. Mais, dans ce regard de nouveau gêné, au dessus de ces joues rougissante, le baron ne vit ni malice ni remords ; point de trace de culpabilité.

- Non, messire, je n'ai rien vu ! Croyez-vous que... Commença-t-elle, affolée.

Hector fronça les sourcils. Soit la jeune fille jouait particulièrement bien l'innocence, soit elle l'était effectivement ! Hector ne vit qu'une manière de confirmer l'impression qu'il venait d'avoir : utiliser à présent la manière forte - bien que cela lui était difficile car il n'aimait pas mettre une jolie fille dans l'embarras (cela risquait de lui enlever toute chance de la ramener dans son lit) :
- Mademoiselle, ne jouez pas à la plus maligne avec moi, il n'y a que vous qui vous êtes approchée de la comtesse, ça ne peut-être QUE VOUS !

Hector regarda avec tristesse le visage de la jeune fille se décomposer et ses yeux s'emplir de larmes !

- Messire, je vous jure que je n'y suis pour rien ! Je n'ai rien volé... Je... je ne sais pas quoi... je ...

Le reste ne fut qu'un charabia de gémissements et de pleurs. Hector prit la jeune fille dans ses bras.

- Je vous crois mademoiselle, ne pleurez plus... Je suis désolé, je voulais juste être vraiment sûr que vous n'y étiez pour rien... Pardonnez-moi de vous avoir ainsi soupçonné !

La jeune fille hocha la tête affirmativement, se sécha les yeux, et repartit au travail, chancelante, visiblement choquée par l'accusation qu'Hector avait porté contre elle. Presque aussi penaud, Hector retourna en bas et se rassit à la place qu'il avait quitté.

- Ambre, ce n'est pas la serveuse... J'ai bien tenté de la faire avouer mais elle... Ce n'est pas elle : elle a fondu en larme et j'ai bien vu dans son attitude que ça ne pouvait être elle...

Il but une gorgée du vin qu'il avait laissé là pour se remettre de ses émotions et ajouta avec tout l'aplomb d'un fin limier :

- Quand avez-vous vu votre bourse pour la dernière fois ?

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MessageSujet: Re: Ce qu'art ne peut, hasard achève [Hector de Sombrebois & Ambre de Ventfroid] [Terminé]   Ce qu'art ne peut, hasard achève [Hector de Sombrebois & Ambre de Ventfroid] [Terminé] EmptyJeu 29 Sep 2016 - 21:21
Talen avait froncé les sourcils et regardé sa maîtresse, perplexe. Comme Hector l’avait souligné, personne n’avait approché la comtesse d’aussi près que la serveuse, et le garde du corps n’avait rien vu lui non plus, ni laissé approcher quelqu’un de la jeune femme au point de pouvoir glisser des doigts à sa ceinture. L’homme prenait son rôle très à cœur, et rien n’échappait à son œil. Pourtant, il était préoccupé, désormais, se demandant s’il avait failli à ce point. Ni la comtesse ni lui n’avait remarqué quoi que ce soit jusqu’à présent, ce qui rendit la question du baron assez pertinente : la jeune rousse n’avait-elle pas tout simplement oublié sa bourse au manoir ? Droit comme un i sur sa chaise, Talen était devenu raide, laissant Hector se diriger aussitôt vers les escaliers pour rejoindre la serveuse, et commenta tranquillement à Ambre :

- Cette femme ne vous a pas touchée, j’ai fait attention à ses gestes alors qu’elle tenait des tessons tranchants près de vous. Raison pour laquelle il n’avait pas sauté aussitôt pour aller chercher une bourse potentiellement volée, sûrement. Non pas que je remette en question votre mémoire, comtesse, mais, effectivement, êtes-vous sûre d’avoir emporté des pièces ? Vous êtes… fatiguée et un peu ailleurs, ces derniers temps.

Ambre toisa un instant Talen, heureuse que Hector ne soit pas présent à cet instant. De toute manière, Talen n’aurait pas donné autant de détails sur son état actuel s’ils n’avaient pas été seuls. Le domestique avait raison, la comtesse était préoccupée ces derniers temps. Elle ne savait toujours pas quand Morion rentrerait du Labret, et sa fatigue constante, ainsi que les doutes de Sarah sur une potentielle grossesse la rendaient très ailleurs. Talen ne savait rien et ne saurait rien tant que l’annonce ne serait pas faite officiellement quelques temps après cette soirée, mais malgré cette absence d’information, il semblait avoir remarqué l’épuisement de sa supérieure.

Cette dernière écouta à peine les propos de son domestique cela dit. La vente de l’unique pièce qu’elle convoitait ce soir était en cours, et les prix avaient déjà grimpé à une vingtaine d’écus. Bientôt, la somme serait bien trop astronomique pour être raisonnable, même pour un objet qu’elle convoitait depuis longtemps. La fange ne permettait pas des excès trop importants, et malgré la valeur immense du Joyau, à l’heure actuelle il fallait surtout pouvoir se nourrir à Marbrume. La situation frustrait énormément l’artiste qui, en d’autres temps, n’aurait pas eu un seul scrupule à aligner la monnaie pour une œuvre pareille. L’homme brun s’accrochait à la pièce comme un chien enragé, et il jetait des coups d’œil réguliers à la table d’Ambre, visiblement étonné que l’artiste n’enchérisse plus.

- Cinquante écus, claqua Ambre d’une voix forte.

Elle n’avait pas cet argent sur elle, mais comptait bien signer une transaction et faire venir un coffre dès que possible si elle remportait la mise. L’on ne devrait pas lui refuser cela, c’était une question logique de toute manière : l’on ne pouvait pas vraiment amener deux kilos d’or ainsi dans la basse ville, c’était peu pertinent d’un point de vue sécuritaire.

Citation :
Je place la détermination de l’homme à 16 et celle d’Ambre à 15 pour enchérir, de façon totalement arbitraire. Ils sont très motivés à acheter la pièce donc un chiffre haut me parait pertinent, et Ambre a un point de moins car elle reste plus raisonnable ces derniers temps, surtout si un bébé est en route.

Tir de détermination pour l’homme : 6
Réussi. Il renchérit par-dessus les 50 écus à 70 écus, car 6 est un très bon chiffre.

Tir de détermination pour Ambre : 16
Raté. Ambre s’incline. Perdu du coup, dommage !

Hélas, qu’elle ait les moyens d’enchérir ou non, Ambre avait terminé par laisser la pièce filer, à contre-cœur. Atteindre la centaine d’écus, alors qu’une seule pièce d’or pouvait faire vivre un paysan pendant des semaines et des semaines, c’était beaucoup trop fou. Elle savait que c’était une bonne décision de laisser son âme d’artiste se faire étouffer par son côté pragmatique, mais elle ne pouvait pas s’empêcher de demeurer déçue, voire un peu bougonne. Savoir le Joyau de la Trinité entre les mains d’un autre lui donnait presque des envies voleuses… presque.

Talen semblait vouloir dire quelque chose, revenir sur l’histoire de la bourse disparue peut-être, mais au vu de l’expression de la jeune femme, il se ravisa. Quelque chose dans son visage lui avait rappelé étrangement la froideur d’un Ventfroid qu’il ne fallait surtout pas déranger. A croire qu’à force de vivre avec Morion, certains traits de la famille commençaient à dépeindre sur la comtesse.
Quand Hector revint à la tablée, ainsi, le baron put noter le visage un peu trop figé de la comtesse, qui gardait bonne figure pour le reste de la salle, mais il était aisé de noter son agacement en étant assis près d’elle. De plus, le baron pouvait noter que l’inconnu qui n’avait cessé de les emboucaner toute la soirée venait de signer quelques papiers et fournir plusieurs bourses pleines au vendeur. Bientôt, l’on put voir le coffret renfermant le Joyau de la Trinité trôner sur la table de l’homme, qui gardait sagement une main posée dessus, fier de son achat.

Ambre soupira, faisant glisser la bourse gentiment prêtée par Hector quelques minutes plus tôt.

- Merci de votre attention, mais je viens de laisser filer la seule pièce qui m’intéressait, votre argent ne me sera pas utile. A croire que je suis devenue bien trop raisonnable… Le Fléau ne me va pas beaucoup. La comtesse eut un petit ricanement nerveux. Ses propos étaient à la fois ironiques et sérieux. Sérieux car le Fléau n’allait à personne, bien évidemment. Ironiques car, de bien des manières, les évènements récents avaient fait grandir la comtesse, qui était désormais une adulte à part entière. Bonne ou mauvaise chose, seul le temps pourrait le dire. Quant à ma bourse… Dans le pire des cas, je n’aurai perdu que quelques pistoles et quelques écus, rien de bien grave. Deux ou trois écus, cela restait une somme, mais la comtesse paraissait anesthésiée par la perte de la statuette. Mais mon propre domestique pense comme vous que je l’ai oubliée, à croire que l’on me prend pour une écervelée étourdie. Elle jeta un coup d’œil rapide à Talen, qui se pinçait doucement les lèvres, silencieux mais une lueur amusée qu’il cachait difficilement au fond de ses prunelles. Je ne sais plus, à dire vrai. Je me souviens l’avoir préparée sur ma coiffeuse, mais je n’en ai pas eu besoin depuis que je suis sortie, alors un oubli est… possible. Si elle avait été volée de toute façon, à part la serveuse que les deux hommes pensaient innocente, ils n’avaient aucune piste… Et se démener pour quelques pièces n’était pas utile.

Ambre pianotait, distraite, jetant quelques regards vers la table de l’homme qui avait acquis l’œuvre tant convoitée. Elle ignorait tout de lui, ne le connaissait pas, et était étonnée qu’un parfait inconnu dans le monde de l’art ait eu l’œil à propos d’une œuvre perdue dont la facture était non connue par les néophytes. Qui était-il ?

- Excusez-moi messire de Sombrebois, mais je ne compte pas m’attarder plus longtemps ici désormais que je ne porte plus d’intérêt dans cette enchère. Il commence à se faire tard et j’aimerais rentrer, mais peut-être pouvons-nous traverser les ruelles jusqu’à l’Esplanade ensembles, à moins que vous ne souhaitiez rester ici ?

A l’entente de ces mots, Talen s’était levé, prêt à raccompagner Ambre. Cette dernière fit un petit détour avant de quitter définitivement les lieux cela dit. Après avoir attendu la réponse de Hector, elle se dirigea doucement vers la table de l’inconnu avant de prendre les escaliers qui la mèneraient dehors. Mains croisées devant son ventre, port de tête droit, elle s’approcha jusqu’à ce qu’elle puisse converser avec l’homme.

- Mes félicitations, messire. Vous avez fait preuve d’une rare détermination pour acquérir cette statuette. Pardonnez ma curiosité et mon impolitesse, mais c’est la première fois que je vous vois dans ce genre de rassemblement. Je ne vous connais point. Quel est votre nom ?

L’homme avait relevé les yeux vers la jeune femme. Ambre était polie, mais il était évident qu’une certaine amertume couvait dans ses paroles, et il pouvait le sentir.

- Alibert Gonjean, ma dame. Vous ne pouvez point me connaître, je n’étais qu’un pauvre hère avant la Fange. Simple pêcheur, je me suis particulièrement enrichi depuis que le poisson est devenu la seule ressource sûre de la ville. Je n’ai pas de sang noble comme vous. Ma mère appréciait beaucoup les œuvres de votre famille, savez-vous ? Je crois que c’est pour cela que j’ai apprécié me battre contre vous. Ne m’en voulez pas trop, termina-t-il, l’air rieur.

Il était fort satisfait de son achat, et quand Ambre avait entendu le mot « pêcheur », elle avait légèrement tiqué. Non pas qu’elle méprisait la profession, mais… cet homme savait-il seulement ce qu’il venait d’acheter ? Ou n’avait-ce été qu’une provocation et une manière de montrer que, désormais, il avait de l’argent ? La mâchoire de la comtesse s’était serrée, presque horrifiée qu’une telle pièce puisse être tombée entre les mains de quelqu’un qui n’en connaissait pas la réelle valeur. Plus raide que jamais, la jeune femme ne prit pas la peine de le lui préciser. Elle obtiendrait cette pièce un jour, il valait mieux que cet homme ignore ce qu’il venait d’acheter si elle voulait la récupérer facilement.

- Eh bien, je vous souhaite donc une bonne soirée, messire Gonjean. Ne vous perdez pas trop dans l’opulence, cela dit. Ceux qui n’ont pas été gavés dès la naissance terminent toujours par mal digérer leur nouvelle puissance.


Mépris ? Condescendance ? Simple constat ? Un mélange des trois, certainement. Faire son entrée dans la cour des grands, imposer sa réputation face aux riches de la ville était un coup brillant, mais ce genre d’action pouvait avoir son retour de médaille. Ambre coula un dernier regard brûlant sur le coffret et sur l’homme, un regard qui aurait pu lui mettre le feu tant il était empli d’aigreur, puis termina par se détourner de la tablée, Talen sur les talons.

- Qu’avez-vous pensé de cet homme, messire de Sombrebois ?
questionna Ambre tandis qu’ils quittaient tous l’établissement.


Citation :
J'ai pris quelques libertés dans ce post, j'ai supposé que Hector suivait Ambre, si tel n'est pas le cas, ou si Hector propose quelque chose à Ambre qui la ferait rester à l'enchère, surtout hésite pas, j'éditerai en fonction !
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MessageSujet: Re: Ce qu'art ne peut, hasard achève [Hector de Sombrebois & Ambre de Ventfroid] [Terminé]   Ce qu'art ne peut, hasard achève [Hector de Sombrebois & Ambre de Ventfroid] [Terminé] EmptyMer 5 Oct 2016 - 9:46
La déception se lisait sur le visage de la comtesse et Hector en fut attristé. Seulement il pensait qu'Ambre était déçue d'avoir perdue sa bourse et non le joyaux. Ce n'est que lorsqu'elle lui expliqua avoir perdu cette enchère que le baron de Sombrebois comprit la véritable cause du désarroi de la jeune femme.

- Merci de votre attention, mais je viens de laisser filer la seule pièce qui m’intéressait, votre argent ne me sera pas utile. A croire que je suis devenue bien trop raisonnable… Le Fléau ne me va pas beaucoup. Quant à ma bourse [...] Je me souviens l’avoir préparée sur ma coiffeuse, mais je n’en ai pas eu besoin depuis que je suis sortie, alors un oubli est… possible.
- Je vois, répondit Hector avec bienveillance, si au moins vous retrouvez votre bourse chez vous, vous n'aurez pas tout perdu...

Il regarda son arbre de bronze, se demandant s'il n'avait pas fait une folie.

- Excusez-moi messire de Sombrebois, mais je ne compte pas m’attarder plus longtemps ici désormais que je ne porte plus d’intérêt dans cette enchère. Il commence à se faire tard et j’aimerais rentrer, mais peut-être pouvons-nous traverser les ruelles jusqu’à l’Esplanade ensembles, à moins que vous ne souhaitiez rester ici ?
- Avec plaisir, chère comtesse. La soirée a déjà été, me concernant, plus fructueuse que prévue... Alors si, en plus, vous m'offrez de vous accompagnez, je suis comblé !

Bien sûr il aurait pu espérer d'autres choses pour cette soirée, comme, par exemple, faire plus ample connaissance avec la pulpeuse serveuse... Mais dans l'état où il l'avait laissé, il y a fort à parier qu'il n'aurait guère pu en obtenir grande faveur...

Les deux nobles se levèrent donc, et Hector suivit Ambre en direction de la table de leur adversaire du soir. Hector, avec sa stature de bûcheron et dans ses mains son arbre et sa hache, devait faire forte impression : une impression, sans doute de rudesse et de noblesse mêlée. Il avait un regard sévère à l'encontre de l'homme qu'interrogeait la baronne et qui s'appelait - à l'en croire - Alibert Gonjean. Il raconta qu'il avait fait fortune en vendant son poisson depuis l'arrivée des fangeux. Il avait un air satisfait, il avait pris sa revanche sur la noblesse de sang, il s'enrichissait alors que les nobles, Hector comme Ambre, ne faisaient que dilapider leur fortune familiale. Il avait l'arrogance des jeunes premiers. Il devait était si fier de lui et de sa réussite. Il semblait même avoir du dédain pour les habitants de l'esplanade.

Le petit conseil de la comtesse à son égard ne sembla pas l'affecter le moins du monde et, si Hector n'avait daigné lui dire un mot, Ambre voulait savoir ce que Sombrebois avait pensé de cet étrange énergumène.

- Il ne m'inspire rien de bon. C'est un fourbe, un malappris, un coquin. Vous savez sans doute que ma famille - et j'en suis un parfait représentant - a toujours eu un grand respect pour les petites gens, les travailleurs, les artisans... Mais lui, ce n'est pas pareil. Il lui manque le cœur, la modestie. Il a remplacé ces qualité par une sorte de suffisance très déplacée !

Hector, une fois de plus, montrait à Ambre qu'il jugeait les gens sans les connaitre réellement. Mais, son jugement - quoi qu'on puisse penser de cette façon de faire - était souvent juste. En outre, il était le premier à reconnaître, le cas échéant, qu'il s'était trompé.

Tandis qu'ils débouchaient de la ruelle, Hector retourna la question à la belle rousse.

- Pensez-vous que je me trompe sur son compte ou partagez-vous mon jugement ?

Hector admira un instant son arbre à la lueur d'une lune légèrement voilée. Il était vraiment beau. Peut-être l'installerait-il sur la cheminée du manoir... ou peut-être aurait-il plus fière allure encore dans l'entrée du vieux château de Sombrebois, sur l'une des colonnes qui lance la rambarde du grand escalier... L'autre colonne pourrait accueillir un beau bougeoir qui le mettrait magnifiquement en valeur.

Alors que les trois silhouettes sombres remontaient la grande rue de Hytres, d'autres silhouettes - plus sombres encore - s'étaient discrètement cachées dans une rue perpendiculaire. Hector, qui n'était pas du tout sur ses gardes, ne les avait ni vues, ni entendues. Étaient-elles seulement menaçantes ? Ce qui est sûr c'est que le baron, Ambre et Talen pouvaient facilement passer pour un couple de haut-rang accompagné de leur valet pour une sortie dans une belle auberge de Marbrume... Et cela constituait sans nul doute un trio fort intéressant pour tous les coquins de la cité ducale.
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MessageSujet: Re: Ce qu'art ne peut, hasard achève [Hector de Sombrebois & Ambre de Ventfroid] [Terminé]   Ce qu'art ne peut, hasard achève [Hector de Sombrebois & Ambre de Ventfroid] [Terminé] EmptyJeu 6 Oct 2016 - 19:55
D’un œil distrait, Ambre embrassa la ruelle du regard. La nuit avait étendu ses draps sombres et la lune lançait des rayons laiteux sur les lieux. Ces derniers n’étaient pas tout à fait déserts, et le quartier profitait encore de l’activité grâce aux commerces nocturnes : bordels et tavernes, notamment. Talen se tenait tout proche du duo de nobles, analysant de ses yeux inquisiteurs les alentours et toute personne qui croisait la route de leur groupe. Hector faisait lui son petit arbre de bronze sous la lune, et Ambre dut admettre que cette petite chose était jolie ainsi. Comptait-il l’offrir à quelqu’un ? Il avait évoqué sa fille adoptive un peu plus tôt. Ambre ne connaissait pas beaucoup cette petite fille, et trouvait d’ailleurs le concept étrange pour un homme ayant pris épouse récemment. L’on attendait un minimum de temps sans donner de descendance avant de se décider à adopter en règle générale. Ambre se demandait s’il y avait une histoire derrière cette adoption, si c’était la fille de quelqu’un qui était proche à Hector. Ce baron était si… clinquant dans sa façon d’être, et la jeune femme n’arrivait pas à saisir toutes ses actions – du moins, celles que les rumeurs ramenaient jusqu’à elle. La comtesse se demanda pourquoi elle pensait à tout cela, aussi. Le sujet des enfants et de la descendance semblait revenir constamment à son esprit depuis quelques jours.

- Je connais en effet votre famille et sa réputation. Vous étiez – et êtes encore, je pense – appréciés du peuple, et nombre de vos fils bûchaient eux-mêmes avec leurs gens lorsqu’il fallait réparer des dégâts liés aux invasions ennemies… Ce sont des choses que les paysans savent se rappeler. Les Mirail aussi aiment les artisans, dans une mesure plus « raffinée » disons, mais les travailleurs-orfèvres nous ont toujours été très sympathiques. Ambre fit une légère pause. Cet homme… Je pense qu’il a voulu s’imposer, commencer à se faire un nom dans une cour qu’il connait encore peu. Réussir à rafler des gains aux plus riches de la ville est assurément un moyen de se faire connaître. Cette suffisance risque de lui coûter un jour, et attirer nombre de convoitises inutiles, alors qu’il devrait profiter de sa chance et rester discret en ces temps durs. Il ne maitrise pas assez les lieux, pas encore. Seul le temps dira s’il réussira à maîtriser ces nouveaux avantages, mais vous avez raison, il a perdu sa modestie probablement un peu trop vite.

Des ombres se mouvaient pendant que les deux nobles remontaient la grande rue des Hytres, qui était calme mais, de par sa position stratégique dans la ville, voyait encore des personnes passer à allure raisonnable. Trois brigands, dans une ruelle adjacente, guettaient des proies faciles à se mettre sous la dent en cette soirée. Inévitablement, leur regard s’arrêta sur cette rousse pas si mal embouchée et ses jupons brodés, sur le massif Hector et son pourpoint boutonné, ainsi que Talen, aisément habillé, même pour un domestique. Ils semblèrent hésiter un instant, murmurer entre eux. Ils avaient reconnu les nobles, et leurs regards s’étaient arrêtés sur la hache d’Hector ainsi que l’épée au flanc de Talen. Le temps qu’ils réfléchissent s’il valait le coup d’attaquer deux têtes connues du duché, les nobles avaient continué à remonter les pavés, et l’occasion fut perdue. Pas d’attaque pour Ambre et Hector ce soir, et ils rentreraient chez eux sans savoir qu’ils étaient passé pas loin d’un danger mortel.

Bientôt ils passèrent les portes rassurantes de l’Esplanade, et tout fut beaucoup plus calme tout à coup. Plus familier, plus sécurisant. Ambre regarda une dernière fois Hector.

- Je vous remercie de m’avoir raccompagnée, messire. Je m’excuse également de ne pas avoir été de très bonne compagnie ce soir. La fatigue semble m’avoir rattrapée, en sus de la déception d’avoir raté la statuette. Soyez assuré que je saurai me faire pardonner cet écart une autre fois. Qu’Anür vous garde, vous et vos proches.

Ambre offrit un dernier sourire en s'inclinant selon l'usage, se demandant si cette coupure inopinée perturberait leurs relations, ou si elle pourrait espérer, lorsque le temps serait venu, faire des affaires avec les Sombrebois. Cela aussi, seul le temps le dirait.
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