Nom : Messonnier
Prénom : Gisèle
Âge : 29 ans
Sexe : Femme
Rang : Peuple - Prostituée

Carrière envisagée & tableau de départ avec les 4 PCs :
Carrière de la prostituée
CHA +2 ; HAB +1 ; INT +1

Compétences et objets choisis : (voir topic Système Rp & Xp)

- Danse
- Empathie
- Séduction
- Agriculture

Si vous fréquentez souvent la taverne du port, vous connaissez alors très probablement Gisèle, cette prostituée au teint hâlé et aux longues boucles brunes. Elle vous accueillera toujours très chaleureusement, affichant un sourire tellement sincère qu’il semblerait ne pas avoir sa place dans pareil endroit.

Les clients de la taverne l’apprécient grandement, non pas seulement pour ses douces formes féminines, qui résistent encore à la famine touchant le peuple de Marbrume, mais aussi pour cette grande douceur qui émane d’elle. On retrouve une certaine délicatesse chez Gisèle, que ce soit dans le son de sa voix ou dans ses mouvements.

Elle approche à grands pas de la trentaine, mais sa peau lisse et son corps ferme (typique des jeunes femmes n’ayant pas encore enfanté) éveillent encore le désir chez la plupart des hommes. Si vous lui demandez le secret de sa beauté, elle vous dira avec humour que c’est grâce à l’air marin, mais que quelques plantes achetées à l’herboriste du coin peuvent tout de même aider (secret de prostituée). Gisèle ne paraît pourtant pas plus jeune qu’elle ne l’est vraiment, tant son visage exprime une certaine maturité, une certaine expérience qu’ont ces femmes entrant dans leur trentième année.

En passant à la taverne, vous la trouverez sûrement dans l’une de ces robes que certains qualifieraient d'indécentes et dont le décolleté laisse entrevoir sa poitrine généreuse. Lorsqu’elle ne travaille pas cependant, ses tenues sont simples, modestes même. Aucun bijou ne vient parer ses vêtements, elle n’en a tout simplement pas les moyens ; alors, pour ajouter une discrète touche de fantaisie, elle ornemente parfois ses tenues de quelques coquillages venus s’échouer le long de la rive.

Cela fait maintenant plus de dix ans que Gisèle apporte un peu de réconfort aux hommes en quête d’affection. Pendant toutes ces années, elle a appris à les séduire, à les flatter, mais surtout à les écouter. Car Gisèle sait très bien que ses clients ne cherchent pas qu’un simple contact physique ; avec elle, ils trouvent également une oreille attentive, quelqu’un à qui ils peuvent se confier facilement. Ce côté maternel, réconfortant, c’est ce qui plait chez elle, et ses clients savent qu’ils peuvent lui faire confiance, car leurs secrets ne s’échapperont jamais de ses lèvres roses.

Elle-même, cependant, ne se confie pas facilement. Elle montre une certaine retenue lorsqu’elle parle de son histoire, de ses sentiments. Elle n’a jamais été le genre de personnes qui aime tout ramener à elle ; ses clients ne sont pas là pour ça après tout, c’est à elle d’apporter ce réconfort dont ils ont besoin, et elle aime que les choses soient ainsi. Montrer ses propres vulnérabilités, c’est quelque chose dont elle a horreur.

C’est une femme qui a le sens des responsabilités : étant l’aînée d’une famille nombreuse et aux maigres revenus, elle a pris l’habitude de s’occuper de tout et de tout le monde et elle a un sens du devoir et de la famille très prononcé. Elle sait où sont ses priorités, c’est bien pour cela que vous ne la verrez pas dépenser son argent dans des choses inutiles (comme des bijoux par exemple), surtout par les temps qui courent.

Gisèle n’est pas exactement ce que l’on appelle une rêveuse, sa condition l’a vite forcée à être plus terre à terre. Malgré tout, elle se surprend parfois à se demander ce que sa vie aurait pu être si elle n’était pas venue en ville, si elle n’avait pas eu besoin de se prostituer pour vivre. Elle serait sûrement mariée, aurait sa propre famille ; quelque chose qu’elle désire ardemment, mais qui lui semble hors de portée.

Gisèle a grandi dans une ferme des alentours de Marbrume. Elle est l’ainée (et seule fille) d’une fratrie de sept enfants. La jeune fille commença à travailler dans les champs très jeune. C’était quelque chose de courant chez les fermiers, toute la famille devait y mettre du sien, même si, dans le cas des Messonnier, le travail n’était pas partagé à parts égales. En effet, son père, même s’il avait vécu toute sa vie à la campagne, n’était clairement pas tailler pour travailler la terre (ou même travailler tout court, pourrait-on dire). C’était quelqu’un avec des rêves plein la tête, mais trop peu de volonté pour les réaliser, et tout à fait incapable de mener un quelconque projet à bien. En plus de cela, il appréciait beaucoup trop les plaisirs de la chair, passant bien plus de temps dans les lits de jeunes femmes que dans les champs.
Ainsi, la gestion de la ferme était laborieuse, et les impôts les dépouillaient très vite du peu de recettes qu’ils généraient. Malgré cette enfance passée dans la précarité, la petite Gisèle ne se plaignait pas. Le travail, la ferme, c’était tout ce qu’elle connaissait, et elle n’avait pas le temps de rêver d’une autre vie.

Alors qu’elle n’était encore qu’une adolescente, sa mère mourut en couche, emportant avec elle la vie du nouveau-né. Gisèle, qui avait toujours été très proche de sa génitrice, fut très touchée par sa mort, mais le deuil fut de courte durée : c’était à son tour de s’occuper de ses jeunes frères, comme sa mère le faisait avant elle.

Deux ans après la mort de sa mère, alors que Gisèle avait à peine seize ans, son père l’envoya en ville, car ses fils étaient désormais assez grand pour gérer la ferme et qu’il ne voyait pas l’intérêt de garder sa fille ici. L’argent leur faisait défaut, et envoyer Gisèle travailler en ville pourrait leur rapporter plus que si elle restait à la ferme. Il avait des connaissances à Marbrume, notamment un homme qui tenait une taverne dans le quartier du port, qui accepta de prendre Gisèle en tant que serveuse. L’adolescente fut triste de devoir quitter sa famille, mais une petite lueur d’espoir naquit en elle. Il y avait tellement plus d’occasions en ville, peut-être arriverait-elle à sortir de cette misère qui accablait sa famille ?

En travaillant à la taverne, Gisèle se rendit vite compte que l’établissement ne servait pas que des verres. Des filles vivaient à l’étage, offrant leurs services pour une nuit à des marins en quête d’un peu de chaleur. Gisèle tenta tant bien que mal de rester dans le droit chemin, gardant sa pureté pour son éventuel futur mari, mais les sommes alléchantes proposées par certains hommes désireux de prendre sa virginité eurent bien vite raison d’elle. Sa première nuit fut très douloureuse, mais le salaire en valait la peine. Au début, elle ne faisait ça que de temps en temps, puis très vite cela devint son activité principale. Le salaire (bien que misérable selon les critères de certains) était plus élevé que celui d’une simple serveuse, et c’était tout ce dont elle avait besoin de savoir pour prendre sa décision. Cette nouvelle situation, elle l'avait vraiment choisie par besoin, car les premières années furent difficiles pour elle. Esther, la prostituée ayant le plus d'ancienneté à la taverne, se rendit compte que la jeune fille avait du mal à s'adapter. Elle lui donna alors quelques conseils afin d'accepter au mieux sa nouvelle condition. Elle-même donnait des surnoms à ses clients. Elle disait que cela lui permettait de voir les choses avec plus de légèreté, et cela la faisait surtout bien rire de trouver un surnom qui correspondait à un détail physique ou à un tic d'un client. Elle avait également ajouté que, si cela pouvait l'aider, elle laisserait Gisèle emprunter cette petite idée, ce qu'elle fit par la suite.

Son père passait de temps en temps, venant récupérer une partie du salaire de sa fille pour le reste de la famille. Encore aujourd’hui, Gisèle ignore s’il savait comment était gagné cet argent. C’était très probable, mais s’il le savait, il ne le montrait pas. Peut-être préférait-il feindre l’ignorance plutôt que de perdre de l’argent ?
L’année de ses dix-huit ans, son père ne vint plus la voir. Il avait été emporté par la maladie au cours de l’hiver. L’annonce de sa mort l’avait cependant laissée indifférente. Elle n’éprouvait pas grand-chose pour lui, si ce n’est de la pitié.
Après cela, les relations que Gisèle entretenait avec ses frères étaient devenues quasiment inexistantes. L’aîné des six frères avait, pendant quelques temps, pris les habitudes de son père en venant récupérer une partie du salaire de sa grande sœur, mais cela n’avait pas mis longtemps avant qu’il décide de ne plus venir : elle leur faisait honte, à lui et à toute la famille, apparemment.

L’année suivante, elle rencontra un jeune homme du nom de Barral. Gisèle n’avait pas de client ce soir-là, alors Esther lui confia le jeune homme, car elle-même ne voulait pas s’en occuper : il avait l’air d’être puceau, et les puceaux l’ennuyaient. Et en effet, Gisèle remarqua bien vite que l’adolescent n’était pas à l’aise au contact d’une femme. Pour la première fois depuis qu’elle exerçait, Gisèle n’eut aucun rapport sexuel avec un client. Cette nuit-là, elle se contenta de le rassurer, de lui apporter l’affection dont il semblait tant manquer.
Barral essayait de la visiter fréquemment. Quelques mois passaient parfois sans qu’elle n’ait de ses nouvelles, mais il finissait toujours par revenir. Une amitié naquit entre les deux, et une relation de confiance s’installa. Il n’y avait pas de sexe entre eux, leur relation était platonique, même si, au fil du temps, Gisèle s’était fortement entichée du jeune homme.

Pendant l’été 1164, elle entendit parler d’attaques et de l’arrivée de réfugiés vers Marbrume. Ses frères étaient également venus se réfugier en ville, mais leurs contacts ne s’étaient pas pour autant améliorés. Il n’y avait qu’un seul de ses frères qui lui parlait encore, de temps en temps. C’est par lui qu’elle apprit que le plus jeune de la fratrie mourut lors de l’hiver de 1164. Quelques mois après, tous furent envoyés vers le Labret, lors de la rafle qui fut organisée.
Elle n’a désormais plus aucune nouvelle d’eux, et ignore s’ils sont encore en vie.

Récemment, vers la fin du mois de juin, Gisèle fut victime d'une tentative d'assassinat, commanditée par l'une de ses collègues un peu trop jalouse. Elle ignore encore pour quelle raison celle-ci voulait la voir morte. Était-ce pour sa position privilégiée au sein de la taverne ? Était-ce tout simplement parce qu'elle pensait récupérer ses clients si elle venait à disparaître ?
La seule chose certaine pour le moment était que cet événement marquerait Gisèle à vie, autant physiquement que mentalement.

« Tiens, pour le passeur. Eloïse, sa collègue et plus proche amie, lui tendit une petite bourse en toile, dont s’échappait le son métallique des piécettes qui s’entrechoquent. Tes économies, et une petite participation de ma part et des filles. Enfin, pas toutes les filles, mais bon, tu t’en doutes bien. »

Pour toute réponse, Gisèle hocha la tête d’un air distrait. Elle était touchée, mais cela ne l’aidait pas à se sentir mieux. Au vu des récents événements, elle n’était pas sûre que quoi que ce soit puisse l’aider à se sentir mieux. Sa jambe guérissait lentement. Elle pouvait marcher, mais s’appuyer dessus était toujours douloureux et elle avait encore besoin d’une canne pour se déplacer. Autrefois gracieuse, sa démarche était désormais maladroite et claudicante.

Ce mois de mai avait pourtant tout pour bien commencer : les températures étaient douces et les gens joviaux, l’on aurait presque pu oublier les horreurs qui grouillaient en dehors des murs de la ville. L’annonce du couronnement de Sigfroi de Sylvrur et l’ambiance festive qui l’accompagnait avait apporté un peu de baume aux cœurs des petites gens, meurtris par la faim et par la misère. Gisèle et les autres filles de la taverne s’étaient elles aussi prêtées aux festivités, sans se douter que ce jour serait l’un des plus terribles de l’histoire de Marbrume. Des fangeux dans la ville et des morts par milliers. Parmi eux Claudin, le patron de la taverne, mort pour la sauver. Un sacrifice auquel elle ne se serait jamais attendue. Le vieil homme n’avait jamais montré le moindre attachement pour aucune des prostituées qui travaillaient pour lui. Il ne s’était jamais soucié de leur confort ou de leur bien-être. La seule chose qui lui importait, c’était l’argent qu’elles pouvaient lui rapporter. Et pourtant. Elle et les autres filles s’étaient précipitées vers le grenier pour échapper à un fangeux s’attaquant à quelques marins venus se réfugier dans la taverne. Rapide, la créature en termina très vite avec les pauvres hommes et rejoint l’étage où les prostituées aidaient Gisèle (blessée à la cheville en voulant fuir) à se hisser dans le grenier. Tout alla si vite. La bête enfonça ses griffes aiguisées et ses crocs acérés dans son mollet sans qu’elle ne puisse s’en défaire. Peu importe la force que mettaient ses collègues pour la tirer vers elles, la créature ne lâchait pas. Ce fut grâce à l’intervention rapide de Claudin, qui pourtant était le premier à s’être réfugié dans le grenier, que Gisèle put s’en sortir. Il était descendu et avait attiré l’attention du fangeux avec quelques coups de canne bien placés. Attiré par une proie plus facile, celui-ci lâcha Gisèle qui put rejoindre le grenier. La trappe fut refermée derrière elle, étouffant à peine les cris du vieillard qui la hantaient encore à ce jour.

Les jours qui suivirent restaient encore flous pour elle. Il y eut un couvre-feu et puis des mesures de bannissement pour les blessés, comme elle. A la suite de ses blessures elle s’était réfugiée chez Gerberte, une herboriste chez qui elle achetait souvent des herbes mais qui était également connue chez une partie des prostituées du port comme étant une faiseuse d’anges. Celle-ci la soigna comme elle put et la cacha pour la protéger d’un bannissement qui la condamnerait à une mort quasi-certaine. Ses collègues s’étaient tues au sujet de sa morsure, mais la mort du patron avait provoqué certaines tensions. Gisèle étant la plus ancienne, il paraissait logique qu’elle reprenne l’affaire, Claudin n’ayant aucune famille pouvant en hériter. Cependant l’idée n’était pas au goût de toutes, qui menacèrent plusieurs fois de révéler sa cachette aux autorités. Ne souhaitant pas passer sa vie sous la menace d’être bannie, et ne souhaitant pas être elle-même une menace pour les filles vivant sous le même toit qu’elle, Gisèle demanda à Eloïse de l’aider à quitter la ville. Ce qu'elle fit.

Ainsi, elles se trouvaient aujourd’hui toutes les deux sur les quais alors que les premiers rayons du soleil s’élevaient à l’horizon. Le passeur lui fit signe de se dépêcher, ne souhaitant pas prendre le risque d’un contrôle de la milice. Gisèle enlaça une dernière fois sa meilleure amie pour lui faire ses adieux et posa un dernier regard ému sur le port, ce quartier où elle avait vécu si longtemps et qu’elle quittait désormais avec une profonde tristesse. Elle espérait que le trajet jusqu’au Labret se passerait sans encombre.

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