Une vérité qui dérange [Talion - Odeline]

Se retrouver là, sur la muraille à guetter l'horizon. Ou en bas à s'assurer que seul des nobles se rendent à l'Esplanade. Dire qu'il avait connu la guerre, la mêlée, la mort. L'ivresse de la bataille, éprouvé le goût du sang. Il avait survécut et grimpé les échelons, tout ça pour au final finir en haut d'une muraille. Une bien belle blague de la part du destin. Il se retrouvait de nouveau en bas de l'échelle, mais il en fallait bien plus pour l'abattre, il comptait bien la remonter cette échelle, il l'avait fait une fois il était donc capable de recommencer. Aujourd'hui après quelques heures de ronde il finit par quitter les murs, l'envie de voir autre chose, de se changer les idées. Un ami avait accepté de le remplacer le temps de sa petite «balade», a noter que c'était d'ailleurs bien rare de se faire des amis. La plupart qu'il avait eu le long de sa vie étaient mort. Au moins, les morts n'avaient pas à subir la décadence de l'humanité.

A titre d'exemple, il suffisait d'aller dans les bas quartiers, la différence était des plus flagrante. Des gueux à pertes de vue, des ruelles puant l'urine et parfois bien pire encore. C'était un tout autre monde que le quartier noble ça oui. C'était dans les bas quartiers qu'il était possible de voir le plus grand lot de cul-terreux de la plus basse extraction, de toute façon il était difficile de les mettre ailleurs. Il fallut une concentration surhumaine à Talion pour ne pas rendre son petit déjeuner lorsqu'il passa devant une ruelle qui jouait vraisemblablement le rôle d'une fosse septique, à côté des tripes et le sang c'était du gâteau. Oh oui il en fallait du courage pour venir ici, et prêcher la bonne parole des dieux comme le faisait cette jeune femme.

Talion lui n'avait jamais eu la foi, question de vécu sans doute. Sincèrement si les Dieux existaient pourquoi le monde était-il si décadent ? Ou alors il s'agissait d'une punition Divine ? D'autant plus qu'ici, peu croyaient encore en les Dieux, difficile de croire en une puissance supérieure bienveillante lorsque l'on est recouvert de sa propre merde. L'endroit était assez proche du quartier du Goulot, d'où cette atmosphère assez... Lugubre. Le milicien ne sentait pas du tout à sa place, heureusement qu'il était armé, oui il valait mieux être armé ici. Comme le reste du petit groupe il écouta les paroles de la jeune femme, elle l'avait d'ailleurs tout de suite remarqué dans la foule, en même temps, Talion était peut-être le seul qui ne faisait pas peine à voir. Il ne commenta pas, après tout elle essayait vainement de redonner un peu d'espoir à cette plèbe, il fallait bien que quelqu'un s'en charge. Le milicien n'avait pas foi en grand chose, si ce n'était son épée et l'agilité avec laquelle il l'utilisait. Puis comme toujours ici bas, la situation commença à déraper.

Un type (qui faisait aussi peine à voir que les autres) venait de se mettre à débiter sa haine du monde. Talion s'écarta alors un peu du groupe, laissant sa main glisser sur la garde de son épée. D'un côté les croyants et de l'autre les non-croyants. Il y avait de fortes chances que la situation tourne mal, et il était évident qu'une partie des manants allait s'en prendre à la jeune femme. Inutile d'expliquer ce qu'elle risquait de subir ici... Et puis qu'elle idée avait-elle eu d'essayer de prêcher la bonne parole ici ? Il se dirigea alors vers elle alors que le groupe commençait à s'insulter réciproquement. L'attention générale n'étant plus braquée sur elle, c'était le moment de s’éclipser sans attirer l'attention.

"Ne restons pas là, sauf si vous voulez y passer."

Il lui fit signe de la suivre, sans trop lui laisser le choix, il aurait fallu être totalement cinglé pour vouloir rester ici ne serait-ce qu'une minute de plus. Cette fois il valait mieux laisser les pauvres à leur sort. Du coin de l’œil il aperçut un des types sortir un couteau, couteau qui semblait avoir du vécu lorsque l'on regardait la lame avec précision. Avant qu'il ne s'en serve contre quelqu'un, Talion lui envoya un coup de pied derrière le genou ce qui le fit basculer en arrière et par la même occasion lâcher le couteau. Bizarrement, le centre d'attention venait de changer.

Les dieux ? Mais qu’est-ce que les Dieux venaient donc faire dans cette situation ? Disons que s’il avait fallu compter sur la bonne volonté des Dieux, elle se serait sans doute faite trousser par tout ce beau beau monde. S’il était là c’était uniquement car il avait besoin de changer d’air, et pour le coup… Disons que l’air ambiant commençait à sérieusement l’indisposer. Ce coup de pied semblait avoir été des plus efficace car l’individu en question mis plusieurs seconde à se relever. La surprise plus le fait de taper la tête contre le sol lui avait sans doute remis les idées en place. Talion espérait seulement que la situation n’empire pas. Cette prêcheuse était disons… Culotté ? Elle était en train de mentir comme la dernière des manants. Aucun doute c’était dans l’objectif de faire réfléchir cette petite assemblée sur les conséquences d’une bagarre. Le milicien aurait bien aimé avoir une dizaine de collègue caché derrière une bicoque, mais non… Cependant pour appuyer le mensonge de la jeune femme, il se contenta de regarder tout le monde d’un air sévère, comme si cela ne l’impressionnait guère. Pour être des plus honnête il n’était pas impressionné, mais doutait légèrement de sa survie. Si jamais il leur prenait l’envie de lui sauter dessus… Il en éliminerait deux, peut-être trois, voir quatre au grand maximum, puis ensuite il se ferait avoir.

Le mensonge semblait produire l’effet escompté. Elle ne les abandonnerait jamais ? Et bien tant mieux pour elle, mais Talion ne comptait pas revenir dans ce foutue bourbier de sitôt. Il suffisait de voir la masse présente ici pour se demander si au final, il ne méritait pas leur sort. Il fut légèrement surpris de sentir la main de jeune femme lui prendre le bras, mais bon le spectacle il n’en laissa rien paraître. Non pas qu’il éprouvait une certaine gêne face à ce contact, mais au cas où, pour bouger rapidement il préférait que personne ne lui tienne le bras.

"Oui madame.”

Il se comportait comme s’il était vraiment là pour assurer sa sécurité. Il n’y avait déjà pas assez de miliciens pour tout gérer, encore moins de chef compétent. Alors s’occuper de la protection d’une prêcheuse… Pour faire simple disons que cela ne faisait absolument pas partie des priorités. Sortant de l’entrepôt, ils empruntèrent une petite ruelle, puis tournèrent sur la gauche, avant de se retrouver dans une autre petite ruelle déserte. Et oui, autant éviter le chemin principal, si les Dieux savaient combien de temps les types mettraient à comprendre que tout cela n’était que de la poudre au yeux, lui ne le savait pas, et n’avait pas envie de le découvrir. Sentant que la situation était moins dangereuse, il ralentit le pas.

“Les Dieux peut-être ?”

Avant que sa remarque ne produise un blanc il reprit.

“Talion. Comment ? Et bien... Vous croyez au hasard ? Parce que je pense être seulement passé là au bon moment. Vous ne devriez pas venir prêcher la bonne parole ici. Dans les faubourgs environnent c’est une chose, mais ici… Même l’air est malsain. Je ne savais pas que le mensonge avait sa place dans la bouche d'une prêtresse. ”

Après tout il n'avait pas totalement tord, cette fois-ci il était au bon endroit ou bon moment. Mais la prochaine fois ? Serait-il toujours là ? Son père disait souvent «La mort est honorable», et pourtant, le milicien avait la certitude que cela ne concernait aucunement ce genre d'endroit puant.

Il arrivait à Talion de faire un peu d’ironie de temps à autre. Rien de bien méchant bien sûr, dans le pire des cas il pouvait être sarcastique et quelque peu pince-sans-rire. Donc elle ne croyait en rien de tout ça, et bien. Le milicien n’y croyait pas vraiment, même si dans certaines situations il lui arrivait de se poser des questions sur l’existence de la fatalité. Il devait bien avouer que cette Odeline avait un jolie regard, il avait cependant comme l’impression qu’elle lisait dans son esprit, ce genre de regard qui fusionne avec le vôtre. Il ne détourna pas le regard pour autant. Elle avait aussi un jolie sourire d’ailleurs, assez énigmatique mais jolie.

Il l’écouta attentivement, cette jeune femme était donc pleine de bonne volonté. Noble intention de vouloir raviver la flamme de l’espoir, il fallait toujours un peu d’espoir, ne serait-ce que pour se donner envie de se lever le matin.

“Si j’imagine qu’ils ont besoin de réconfort, après je pense qu’il préfère le réconfort d’une bonne gnôle ou d’un sac de pièces d’or. Mais si vos bonnes paroles peuvent aider… En ce qui concerne le danger et bien, je dirais qu’il serait fort dommage de venir ramasser votre cadavre ici bas.”

Il marqua une brève pose.

“Non, vous avez bien fait de mentir, si violence il y avait eu, je crains qu’il aurait fallut un… Un coup de pouce des «Dieux» pour nous en sortir vivant.”

Une autre forme d’ironie sans doute. Si violence il y avait eu, peut-être qu’il aurait pu tenir assez longtemps pour lui permettre de s’enfuir, en quel cas il ne serait pas mort pour rien. Mais pourquoi parler de destin funeste alors que tous deux étaient bels et bien vivant. La raccompagner ? Pourquoi pas après tout. Au moins ils pourraient se faire la conversation, Talion nota aussi qu’elle ne lui avait pas lâcher le bras, après tout, ce n’était qu’une simple balade ? Enfin, une mission de protection.

“Oui, je me vois mal refuser telle proposition, mais vous avez aussi le droit de dire que je vous plais. Je plaisante, je plaisante.”

Elle s’aventurait sur un terrain plutôt glissant, la foi de Talion. Le milicien n’avait jamais cru en une puissance divine, il avait foi en son épée et en la portée de son bras. L’une était une croyante fervente et l’autre un sceptique de premier ordre, la conversation risquait d’être des plus intéressante.

“En toute sincérité, je dirais que je n’y ai jamais cru, tout comme mes parents n’y ont jamais cru. Bien sûr j’ai des connaissances mais sans plus. J’ai surtout foi en mon épée et en mon bras. Si j’avais attendu qu’une volonté divine foudroie mes ennemis pour me protéger… Je ne serais sans doute pas là pour vous parler. Quant à la Fange, je dirais que si pareil saloperie existe c’est que les Dieux nous pissent dessus sans même essayer de nous faire croire qu’il pleut. Ou alors qu'il s’agit d’une punition divine. Comment voyez-vous cela vous ?”

Et oui, l’avis d’une croyante l'intéressait.

Le droit, sans doute oui, il avait le droit de refuser bien entendu, mais pourquoi donc ? Après tout, personne n’avait besoin de lui sur le mur, du moins pas dans l'immédiat, un autre était sans doute en train de le remplacer, et puis c’était l’heure de sa relève. Il pouvait bien s’autoriser une petite balade en charmante compagnie. Cependant à la réflexion de la jeune femme, il ne pu retenir un sourire.

“Je préfère néanmoins ne pas m’exprimer sur cette interrogation. Du moins pas dans un tel endroit.”

Il l’écoutant, continuant toujours d’avancer. Maintenant le Goulot était loin derrière eux, le sol était à présent pavé, l’odeur de fosse commune avait disparue, les premières rues du quartier de Bourg Levant firent leur apparition. Drôle de sentiment mais, au fond de lui Talion se sentait tout de même bien plus à l’aise ici. Il n'échappa pas au parallèle avec l’amour. Ici quand les gens ne parlaient pas de religion et bien ils parlaient d’amour, ou d’argent… En matière d’amour Talion n’avait pas une grande expérience, enfin comme tout homme il avait couru la gueuse à une certaine époque. Quelques relations par-ci par-là, mais jamais quelque chose de sérieux, peut-être n’était-il pas fait pour ce genre de relation ? Ou alors la peur d'une relation sérieuse ?

“Et bien, ils doivent donc être sacrément en colère alors vu ce qu’il se passe ici bas. Il est vrai qu’en comparant la religion à l’amour on obtient des réponses à certaines questions. Mais, si l’amour est capable de nous faire faire des idioties, si l’amour peut rendre fou un homme. La religion en est-elle aussi capable ? Il ne manquerait plus que certains se mettent à tuer au nom des Dieux ou je ne sais trop quoi.”

Il avait une vision assez pessimiste de la chose, mais il fallait aussi dire qu’il était des mieux placés pour parler des ravages de l’amour. Par forcément de manière directe, mais… Il savait, tout simplement. Et il espérait que cela ne fasse pas pareil avec la religion. Et si du jour au lendemain tout le monde s’éventrait en hurlant être le plus croyant de tous ? Triste fin pour l’humanité. Après quelques minutes de marche et de discussion, ils arrivèrent devant une maison, une bien belle maison. Ce n’était sûrement pas avec sa solde de milicien que Talion aurait été capable de se payer une telle bâtisse en guise de demeure. Pendant qu’elle ne regardait pas, il posa un drôle de regard sur la jeune femme. Il commençait à se demander si prêcher la bonne parole n’était pas une activité plus lucratif que milicien.

“C’est l’heure de ma relève, d’ici quelques heures je devrais reprendre ma place, mais j'ai du temps devant moi. Une boisson ne serait pas de refus cependant, manger peut-être pas… Je ne souhaite nullement m’inviter à votre table.”

Oh que oui il l’avait cette réponse, mais il aurait espéré qu’elle lui dise le contraire. Mais semble-t-il que non, il avait bel et bien raison. La religion devait bien être une chose à ne pas mettre entre toutes les mains, au même titre qu’une arme d’ailleurs. Mais bon, il fallait bien se rendre compte que surveiller chaque religieux pour savoir si oui ou non il était dangereux serait une tâche bien éreintante. Pour Odeline, son instinct lui disait qu’il n’y avait rien à craindre. Qu’il s’agissait d’une simple prêcheuse comme il en existait tant. Elle l’invita à entrer, ce qu’il fit. Talion devait bien avouer que la décoration était... Sympathique, plus que celle de la caserne en tout cas. Ce n’était pas luxueux comme un palais, mais l’on pouvait noter une certaine aisance ? Du moins une bourse mieux remplie que la sienne. Le salon était assez grand, meublé, cela donnait presque l’envie d’aller s’asseoir dans un fauteuil et de se reposer ou tout simplement discuter.

"C’est important d’entretenir l’héritage afin de pouvoir le transmettre à votre tour, puis c’est un bien bel héritage que vous avez là."

De l’époque de son père il avait belle maison aussi. Capitaine ce n’était pas n’importe quel poste, cela donnait accès à une certaine aisance aussi. Mais tout cela c’était du passé, la maison était bien loin, à présent c’était la caserne. Au fond ce n’était pas si mal, il suffisait de jeter un coup d’œil au Goulot pour se rendre compte que la caserne c’était très bien. Il a suivi alors jusqu'à une autre pièce, là il se trouva face à un jeune homme. Aucun doute sur l’identité du jeune homme, on aurait dit Odeline avec des cheveux courts, le petit frère sans doute. Le regard qu’il jetait à Talion était... Bizarre, un comme s’il se demandait d’où il pouvait sortir et comment avait-il croisé sa sœur. Question cependant légitime. A la réflexion de celui-ci, Talion esquissa un sourire, en effet contrôler les actes d’Odeline semblait être choses des plus ardues.

Les sous-entendus étaient loin d’être discret, et ce n’était sans doute pas l’objectif escompté par le jeune homme. Talion plissa légèrement les yeux, si Odeline n’était pas dans la même pièce, il lui aurait bien demander quel était son problème. Mais là, savoir vivre oblige, il ne fit rien.

"Un peu de Thé fera l’affaire, j'aime garder les idées claires. Je ne compte déranger personne, nous sommes tous occupés après tout."

Talion parlait d'un ton calme, mais avait bien fait comprendre qu'il avait saisit pour les sous-entendus.

Le petit ricanement n’avait pas échappé à Talion, il lui lança un regard beaucoup plus expressif que bon nombres de mots. Il se demandait d’où pouvait bien sortir ce type, le genre à regarder de haut, et à se croire plus malin que tout le monde, Talion ne ressemblait pourtant pas au dernier des butors. Il s’efforça de toutes ses forces de ne pas lui envoyé son poing dans la figure devant sa grande sœur, mais il en avait très envie.

"Dommage que tous ne soient pas comme ça n’est-ce pas ?"

Il n’avait pas fallu beaucoup de temps à Talion pour ne plus souhaiter voir le frère d’Odeline qui se comportait comme… Un adolescent, les couilles comme le cerveau tout était encrassé. Se montrer retissant lorsque votre sœur invite un illustre inconnu chez vous c’est une chose, le considérer comme le dernier des couillons en est une autre. Et oui en effet Talion n’était pas stupide, ce n’était pas un érudit certes, mais il restait tout même quelqu’un avec une certaine éducation. La jeune femme finie par congédier son frère, pour la plus grande joie de Talion. De toute façon si elle n’avait rien dit, c’est lui qui serait passé à l’acte.

"Tout le plaisir est pour moi."

C’était dit de manière assez sèche, et non pensée. Talion commençait à se demander s’il n’aurait pas mieux fait de refuser poliment l’invitation de la jeune femme. Le regard que le type lui jeta ne lui avait pas plut pas du tout. On avait presque l’impression qu'il s'agissait d’un duel pour savoir qui était le mâle alpha dans la pièce.

"En effet, il semble bien plus inquiet de ma présence ici que de la vôtre dans le Goulot. Il faudrait peut-être revoir le principe des priorités."

Le milicien alla s’installer dans le fauteuil indiqué, fauteuil qui d’ailleurs était plus confortable que son lit à la caserne. Il allait profiter de l’instant, cela faisait longtemps qu’il n’avait pas profité d’un certain… confort. Il ne resta pas longtemps seul, elle revient assez rapidement avec un plateau et le Thé. Le liquide semblait d’ailleurs bien brûlant, Talion préféra attendre un peu avant de prendre sa tasse, il se voyait mal pousser un juron ici.

"D’une certaine façon. Il y a longtemps mon père était capitaine de la garde, lorsqu’il est mort au combat, j’étais le deuxième plus haut gradé après lui. J’ai donc pris sa place. Puis… Il y a eu ces évènements, et me voilà là devant vous. Et vous alors ? Si je puis poser la question bien sûr."

Le fauteuil dans lequel il était, se trouvait être vraiment confortable, cela en devenait presque un cercle vicieux, plus on y restait moins l’on avait envie d’en sortir. Pour une première entrevue, Talion avait plus envie de botter le cul de ce « Fernand » que d’accepter de lui parler. Par respect pour Odeline il n’avait rien fait, mais il en avait vraiment eu envie. Son entreprise n’était pas un mal en soit il est vrai, noble intention de s’occuper de petit peuple, la seule chose qui dérangeait Talion était le fait que ce petit peuple pouvait se montrer plus ou moins coopératif.

"Votre entreprise est une chose des plus nobles, je ne la critique aucunement, au moins vous avez un objectif dans votre vie, quelque chose à accomplir. Je dis seulement que les gens que vous voulez aider pourrait vous faire du mal. Il suffit de prendre pour exemple la situation précédente. Vous faites le bien, mais eux ne s’en rende par forcément compte..."

La légère fumée s’échappant de la tasse de Talion indiquait que le Thé était encore un peu trop bouillant pour être bu. Il n’y toucha point et se contenta de la suivre du regard lorsqu’elle se leva pour rejoindre le secrétaire. Elle ouvrit alors une petite boite, une légère odeur d’épices, Talion était incapable de dire le nom, mais cette odeur n’était pas désagréable il fallait bien l’avouer. Oui, d’une certaine façon, il y avait encore des militaires de carrière dans la milice, trop peu cependant, enfin du point de vue de Talion. Quant à la prière pour son père… L’attention le toucha cependant.

Elle aussi avait donc grandit à Marbrume, elle avait aussi rejoint le clergé. Il hésita longuement à prendre sa tasse pour essayer de boire. Il n’avait pas envie de passer pour le dernier des crétins en se brûlant.

"Quitter Marbrume ? Oui, quelques fois j’y parvient, je ne vais jamais bien loin cependant. Il me suffit de trouver quelqu’un pouvant me remplacer. Je ne suis pas sensé faire ça, mais de temps à temps je dois changer d’air. Pourquoi cette question ?"