Marbrume


Le deal à ne pas rater :
Funko POP! Jumbo One Piece Kaido Dragon Form : où l’acheter ?
Voir le deal

Partagez

 

 La bague au doigt [Hérald Dreit]

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
Aller à la page : 1, 2  Suivant
HermineSaltimbanque
Hermine



La bague au doigt [Hérald Dreit] Empty
MessageSujet: La bague au doigt [Hérald Dreit]   La bague au doigt [Hérald Dreit] EmptyMer 8 Fév 2017 - 0:52


Ah ! La douceur des soirées d'été, la brise légère venue du large et qui balayait les rues de ville pour chasser l'écrasante chaleur de la journée, le retour des jupes courtes et des décolletés généreux pour les fleurs de pavé... Sans compter le grand soleil qui se levait plus tôt et se couchait plus tard, chassant le fangeux dans les recoins les plus sombres du marais, ce qui laissait un peu de répit aux hommes. Pour Hermine, le retour de l'été c'était le retour des toitures bien sèches sur lesquelles on ne glisse pas, de la terre battue qui ne colle plus aux bottes comme la boue peut le faire et des longues soirées autour du feu de camp. C'était aussi des nuits plus claires et plus courtes pour commettre ses larcins, ce qui représentait un défi plus intéressant. Peut-être que bientôt le Labret serait assez sûr pour que la troupe se risque à franchir les murs de la ville, mais pour l'instant il fallait ronger son frein.

Et par Rikni, elle n'en pouvait plus !
Toujours les mêmes rues et ruelles, les mêmes bruits, les mêmes odeurs, elle reconnaissait même certains commerçants et certains gardes, c'était insupportable. Elle se sentait prise au piège, étouffée entre les murs d'une ville trop petite à ses yeux, elle qui rêvait de pouvoir reprendre le voyage avec les siens ! Trouver de nouveaux artistes, reformer une vraie troupe, faire de véritables spectacles, redonner des couleurs aux roulottes et aux vêtements. Au lieu de quoi, elle devait se contenter de l'amusement fade et sans intérêt qui divertissait la populace au coin de la rue, juste de quoi gagner assez pour manger à sa faim depuis que les beaux jours étaient revenus.
Alors pour se changer les idées, elle partait de plus en plus loin vers le quartier noble, visait des richesses de plus en plus impressionnantes. À présent qu'elle savait où était le marché noir et à qui revendre, elle pouvait s'attaquer aux bijoux, aux potions et aux belles étoffes. Tout pouvait se revendre et elle, elle voulait de l'argent pour racheter de vraies tenues de scène, préparer leur départ. Car les Ombrenards se remettraient un jour en route, pas vrai ?

Cette nuit, la vilaine petite chapardeuse s'intéressait à une petite bijouterie du quartier de la Hanse. On ne vendait pas de parures en saphirs ou de couronnes dorées ici, mais il y avait des bagues en argent, des colliers de perles, quelques pierres semi précieuses et de jolis anneaux en étain. Pour elle, une véritable fortune, pour le peuple, des pièces de valeur alors que pour les bourgeois, c'était déjà trop vulgaire et sans intérêt. Une cible parfaite donc, puisque la milice ne s'intéresserait sans doute pas longtemps à ce cambriolage.
Après être rentrée par la fenêtre de derrière, Hermine avait fait son marché. Comme elle ne comptait pas dévaliser la boutique, ce qui aurait peut-être ruiné le pauvre commerçant, elle s'attarda sur les bagues ainsi que les colliers faciles à revendre, délaissant les pièces les plus chères mais également les plus reconnaissables.

Debout au milieu de la boutique, une chandelle à la main, elle remplit un petit sac gros comme une tête qu'elle rembourra avec un tissu pour étouffer le moindre cliquètement de métal. Pas folle la guêpe. Et alors qu'elle allait ressortir, son attention fut attirée par un petit anneau en bois et métal, presque caché dans un coin. L'essence utilisée était très sombre et on avait gravé dedans des motifs de fleur avec un soin tout particulier. En guise de motif central, un camélia certainement en étain avait été incrusté. La pièce ne devait pas valoir grand-chose, malgré sa grande finesse elle n'était rien comparé à d'autres bijoux, pourtant la jeune femme en tomba amoureuse au premier regard et la passa à son doigt. C'était parfaitement à sa taille, ce qui la ravi comme une enfant.
Mais en guise de punition pour s'être attardée et avoir perdu de vue son objectif, les dieux lui envoyèrent une patrouille de miliciens à cet instant précis. Sans doute intrigués de voir une lueur tremblotante dans une boutique visiblement fermées, ils s'approchèrent en faisant claquer leurs bottes sur le pavé. Hermine sursauta et se maudit intérieurement d'avoir perdu de précieuses secondes. Cependant elle n'en oublia pas son sang-froid et posa sa chandelle sur un coin du comptoir, comme aurait pu le faire le gérant au moment de fermer, avant de filer vers la fenêtre qu'elle avait laissée ouverte à l'arrière.

Des coups sourds furent frappés à la porte et une voix grave héla l'éventuel bijoutier noctambule. Ce qu'elle pouvait détester entendre ces rustauds troubler la quiétude de la nuit. Sa main désormais baguée refermée autour du petit sac, l'autre remontant sur son visage le cache-nez qui la dissimulait, la chapardeuse s'approcha à pas de loup de la fenêtre et jeta un coup d’œil dans la ruelle attenante à la boutique. Personne, la troupe ne s'était pas encore déployée. Cependant elle ne tarderait pas à le faire et les pieds de la saltimbanque venaient à peine de toucher le sol qu'elle entendit la même voix ordonner à ses hommes d'aller jeter un œil dans le coin.
Mauvais, mauvais, mauvais. Mais Rikni envoyait souvent des épreuves aux voleurs pour tester leur agilité et leur ruse, ce n'était pas la première fois. L'acrobate fila dans la ruelle.

« Il est là ! Au voleur ! »

Maudite milice ! Les chiens avaient repéré le gibier, le taïaut était lancé. Mais l'avantage de la peur, c'est qu'elle donne des ailes. Hermine accéléra pour essayer de semer ses adversaires dans le réseau de rues étroites et entortillées du quartier.
Revenir en haut Aller en bas
Hérald DreitMilicien
Hérald Dreit



La bague au doigt [Hérald Dreit] Empty
MessageSujet: Re: La bague au doigt [Hérald Dreit]   La bague au doigt [Hérald Dreit] EmptyMer 8 Fév 2017 - 12:37
Une nuit chaude de Juillet 1165

"Tu vas m'faire le double de tes quarts habituels, charogne putréfiée." avait lancé le sergent Blatus à l'attention de Dreit plus tôt dans la journée. Le grand blond pâle était revenu à Marbrume il y a quelques jours de cela et semblait faire profil bas. Il avait survécu à sa pénitence à Labret où il avait combattu avec brio contre les quelques menaces environnantes et semblait avoir regagné un semblant d'honneur parmi ses camarades. D'autres se souvenaient encore de son meutre de la Bouliche et de sa défaite cuisante contre Lucifer cela dit.

Le milicien patrouillait de nuit, la marche presque mécanique, au milieu de quelques miliciens qui erraient sans grande conviction, complètement relâchés et confiants comme si rien de si horrible ne pouvait se produire.

"Ah moi ça m'fatigue les rondes à pied, je rêve d'un bon bain dans une bonne auberge !" lança le coutilier tout sourire idiot à ses hommes qui rirent en coeur. Sauf Dreit. Il avait été muté dans cette drôle d'unité depuis son retour, sans doute en guise de punition d'autant plus que le tyrannique Blatus pourrait mieux le surveiller.

"Lombeth." interpela le grand blond à l'attention du coutilier, s'étant arrêté alors qu'il balayait la rue du regard.

Il pointa en direction d'une echoppe tape à l'oeil, où l'on pouvait apercevoir à s'y méprendre quelque gestuelle dans la pénombre. Une silhouette qui semblait affairé à quelque chose d'étrange, en somme.

"Quoi Dreit, qu'est-ce que t'as pauvre con ; espèce de crétin ! Oui y a des gens qui bossent] tard le soir et on sait tous que ta soeur faisait pareil le long des trottoirs là, qu'est-ce que tu veux, me prendre la tête, là, pédéraste ?!"

Tous eurent un rire gras. Dreit sourit poliment au coutilier qui, à l'évidence, n'avait pas l'air d'apprécier le moins du monde le grand blond pâle qu'il avait dû intégrer de force dans sa petite unité.

"Je n'ai vu que trop peu de nyctalopes aussi acharnés dans leur entreprise surtout à telle heure. Et autant que je sache, étant simple milicien par rapport à un superbe coutilier de ton acabit, je fais plus de rondes que toi. C'est un vol qui se produit sous nos yeux."

"Tu fermes bien ta gueule Dreit ! Contrairement à Lucifer j't'aurais pas épargné, t'aurais crevé la gueule ouverte !"

Ils avaient fini de rire et s'étaient écartés d'un pas. Si les deux hommes devaient régler leur compte maintenant, personne ne tenait à recevoir de dégâts collatéraux. L'un deux eu cependant l'attitude étonnante d'intelligence de vérifier plus en détail à l'intérieur.

"Eh chef, j'crois que la pédale douce a raison, j'vais inspecter chef."

Le milicien cogna à la porte du poing, trois fois, provocant un bruit sourd ; un vacarme qui suffirait à arracher le voisinage de son sommeil déjà bien pénible en cette nuit chaude.

"Rha, bordel à cul. Dépêchez-moi d'faire le tour de la bâtisse au cas où ça tente de s'enfuir. ALLEZ !"

Dreit n'avait pas attendu les instructions de Lombeth pour se hâter au trot pour inspecter les environs à la recherche d'éventuels complices. Mais alors qu'il commençait à revenir bredouille, il vit comme une silhouette lui passer sous le nez, lui apportant un vent de fraîcheur répandant une odeur féminine. Lombeth avait crié aux voleurs et les gorilles s'étaient élancé à la poursuite de la silhouette, courant à bloc malgré leur lourde armure et la chaleur. Dreit se mit en tête de les suivre, à allure plus modérée pour garder un peu d'énergie sous le coude ; technique de base lors d'une poursuite où pister était plus important que de s'essoufler et laisser filer la cible une fois pour toute.

Bientôt il retrouvait ses comparses cambrés, les mains gantées contre les genoux à cracher leurs poumons. L'un d'eux, sans voix, indiqua la direction d'une ruelle dans laquelle la silhouette commençait à bifurquer. Dreit pressa un peu plus la cadence et le voilà qui était seul à la poursuite de cette chapardeuse de bijoux. Il connaissait bien les voleurs en général. Il garda un rythme assez soutenu pour ne pas perdre de vue sa cible, essayant de suivre aux bifurcations. La voleuse avait un avantage certain et Rikni, déesse de la nuit, semblait de son côté pour ce soir.

Mais Dreit avait la malice et la stratégie, aussi réussit-il à se trouver au bon en droit au bon moment après quelques passes autour d'un pâté de bâtisses. Combien de fois avait-il chassé du voleur, combien de fois avait-il prédi avec une forte probabilité qu'on chercherait à passer par quelques endroits méconnus. Désormais il faisait face à la voleuse dans une ruelle, qui se trouvait à une demi-douzaine de mètres de lui. Il dégaina son épée à la vitesse de l'éclair et tint la silhouette en joue, la pointe en direction de la glotte de l'indésirable.

"Rends-toi, ou meurs." dit-il fermement tout en essayant de calmer sa respiration.
Revenir en haut Aller en bas
HermineSaltimbanque
Hermine



La bague au doigt [Hérald Dreit] Empty
MessageSujet: Re: La bague au doigt [Hérald Dreit]   La bague au doigt [Hérald Dreit] EmptyMer 8 Fév 2017 - 14:17


L'avantage d'être une petite chose fluette, c'est qu'on offre peu de résistance au vent et à l'attraction terrestre !
Hermine filait dans la nuit, rapide et agile tandis que ses poursuivants s’essoufflaient dans leur armure, à cuir à l'étouffée comme des jambons. Bon, ça avait été une erreur de s'attarder et elle avait failli se faire attraper dès qu'elle avait pointé le museau hors de la boutique, mais il semblait que la menace qui pesait sur elle n'était pas si terrible puisqu'elle la distançait avec autant de facilité.

*Bénies soient les feignasses de la milice !*

Elle ralentit un peu le pas pour passer à une vitesse de croisière plus soutenable, préférant dans un premier temps rester au sol avant de se hisser sur la grande voie des voleurs. Une technique simple et efficace pour semer ses poursuivants consistait à tourner autour de deux pâtés de maison par les voies les plus connues en essayant de troubler les repères de l'autre, avant de s'engouffrer dans un chemin plus tortueux pour filer vers les hauteurs. La cambrioleuse se cru bien maline et bien à l'abri lorsqu'une haute silhouette surgit à l'autre bout de la ruelle qu'elle avait empruntée, lui barrant tout à fait le passage.
Emportée par son élan, elle se retrouva nez à nez avec la pointe effilée d'une épée. Et tout le monde sait à quel point les voleurs sont allergiques à l'acier.

« Rends-toi, ou meurs. »

*Quoi, c'est tout ? Deux options à peine ?*

Désormais immobile face au géant - bien que pour elle tout le monde soit excessivement grand -, la poitrine soulevée par un souffle régulier et rapide, elle prit une seconde le temps de détailler son adversaire. Il portait une armure solide et la dépassait de presque deux têtes, à vue de nez. Il n'avait pas l'allure d'un jeunot facile à berner, son regard avait quelque chose d'avéré qui invitait à la plus grande prudence. Sans doute en avait-il déjà vu de belles, mais la demoiselle lui réservait un tour inédit. Ses prunelles noires pétillèrent d'un sourire insolent, dans l'ombre de son capuchon.

« Non merci. »

Souple comme une liane, elle exécuta un joli salto arrière qui eut pour effet de la mettre hors de portée de la lame mais également d'amener son pied à percuter le poignet du milicien pour lui faire lâcher l'épée. Ni une ni deux, sans chercher à savoir si l'adversaire était bel et bien désarmé, Hermine repartit dans l'autre sens comme une dératée. Elle devait se mettre en sécurité hors de portée de ce colosse, contre lui elle n'avait aucune chance et il semblait plus futé que la moyenne, malheureusement.
Elle avisa de coin de l’œil une impasse fermée par une haute barricade de bois et s'y engouffra, le chien de garde sur ses talons. Prenant autant d'élan que possible, elle bondit et s'accrocha au sommet de la barricade, râpant le bois de la pointe des bottes pour se hisser un peu plus. La moitié de son corps était passé par-dessus lorsqu'une poigne solide se referma sur l'une de ses chevilles. Par réflexe, elle s'accrocha au sommet de l'obstacle, pliée en deux dessus pour éviter que la force de l'autre ne la ramène du mauvais côté. Ah ! C'est qu'elle avait l'air fine comme ça !

« Lâche-moi ! Mauvais perdant ! Lâche-moi, je te dis ! »

Elle eu beau piailler, l'étau autour de sa cheville ne se desserrait pas et elle sentait qu'elle glissait vers l'arrière. Droit dans la gueule du loup. La peur se fraya un chemin au creux de son ventre. Dans une dernière tentative pour se soustraire à son adversaire, elle se mit à ruer, essayant de le décrocher d'elle à grand renforts de talonnades balancées à l'aveugle.
Revenir en haut Aller en bas
Hérald DreitMilicien
Hérald Dreit



La bague au doigt [Hérald Dreit] Empty
MessageSujet: Re: La bague au doigt [Hérald Dreit]   La bague au doigt [Hérald Dreit] EmptyMer 8 Fév 2017 - 14:40
Le milicien demeurait froid et impassible face à l'aspect plaisantin de son interlocutrice impertinente. Celle-ci semblait tellement sûre d'elle qu'elle refusa de se rendre. Le milicien inspira pour s'élancer d'une estoque, mais son poignet fut préempté par un coup habile qui le désarma en un éclair. Ni une, ni deux, il s'accroupit pour resaisir son épée, effectuant une roulade au sol dans son élan pour reprendre un peu plus de vitesse à la poursuite de cette féline qui le tenait en respect. Il ne comptait pas la laisser partir ni se laisser vaincre ; non pas par ego, mais par devoir.

Il poussa une clâmeure. Celle que poussaient les guerriers sur le champ de bataille pour imposer leur esprit combattif à leurs adversaires. Son cri avait tonné à en réveiller tout le voisinnage. Qu'importe ! Ils assisteraient à la déchéance de cette flêche perdue que Dreit réussit, par une volonté de fer, à agripper la sotte par la cheville. Mais elle deumeurait une enfant, jusqu'à ce qu'elle se rende compte qu'elle n'était pas tombé sur un idiot ; mais bien un milicien qui avait l'intention de faire son devoir. Voyant qu'elle résistait, Dreit n'eut d'autre choix que de tenter une estoque de sa lame, essayant d'atteindre la jambe intérieure gauche de la cible pour essayer de lui couper la veine et ainsi la vider de son sang une fois pour toute. Mais en vain. Il ne lui infligea qu'une égratignure à la jambe tout au plus, mais cela suffit à faire naître en elle la peur ; une peur animale qui décuplait ses instincts primaires et la faisait gigoter de plus en plus. Le milicien n'eût d'autre choix que de lâcher son épée et de la saisir par les deux gants, hissant son poids pour la faire tomber vers lui et la plaquer contre le sol, ses bras entourant son cou.

Il s'apprêtait à les resserrer, agripper ses cervicales pour lui briset le cou et...

"DREIT !"

C'était Lombeth en compagnie de ses tâcherons qui devalaient en direction du blond pâle qui, lourdement assis à califourchon sur les lombaires de la jeune femme pour la dissuader de bouger, avait redressé la tête, dardant un regard reptilien à l'attention du coutilier.

"Ta soeur la putain, ôte-toi de suite de là, c'est MA proie, tu vas tout de même pas croire que c'est toi qui décides de son sort, grosse tanche !"

Ni une, ni deux, le grand blond se redressa pour aller ramasser son épée courte, tandis qu'il restait à distance raisonnable de la voleuse pour la maintenir en joue. Il espérait bien lui faire comprendre qu'il avait l'intention de la tuer vraisemblablement si elle comettait encore quelque stupidité.

Lombeth, lui, ne semblait pas de cet avis. Ses yeux hynotisés épousaient les jolies formes de cette silhouette féminine, tandis qu'un sourire narquois et fier se dessinait sur ses lèvres, au clair de lune.
Revenir en haut Aller en bas
HermineSaltimbanque
Hermine



La bague au doigt [Hérald Dreit] Empty
MessageSujet: Re: La bague au doigt [Hérald Dreit]   La bague au doigt [Hérald Dreit] EmptyMer 8 Fév 2017 - 16:44

Le chien ! Voilà qu'il y mettait tout son poids, toute sa force pour la tirer en arrière. Et elle, avec ses petits bras maigrichons, elle n'était pas de taille. Par réflexe cependant, elle eut l'idée de lâcher le sac qu'elle tenait de l'autre côté de la barrière, l'envoyant derrière un tas de gravats inutiles où devaient nicher des rats, à n'en pas douter. L'instant d'après elle était écrasée au sol, le souffle coupé par le poids sur son dos. La poigne inexorable qui l'avait ramené brutalement sur le plancher des vaches se referma autour de sa gorge. Paniquée, elle s'accrocha à deux mains aux gants de cuir usé pour les écarter d'elle, les empêcher de l'asphyxier.
Rikni dut avoir pitié de son enfant des ombres, ou la considérée comme bien assez punie pour son manque d'attention car une voix grondante arrêta le bourreau dans son oeuvre. Le colosse s'écarta finalement, laissant tout loisir à Hermine de se redresser en toussotant, s'appuyant d'une main contre la palissade, l'autre sur les côtes, visiblement meurtrie à cet endroit là par sa chute. Son capuchon était tombé sur ses épaules, dévoilant une abondante chevelure noire tout juste disciplinée par une tresse faite à la va-vite ainsi que deux grands yeux en amande qui foudroyèrent du regard le géant blond.

La saltimbanque reporta cependant son attention sur le type qui approchait et qui était à l'origine de son sursis. Ce sourire gras et cet œil lubrique, elle connaissait bien. Malheureusement, il n'y avait pas besoin d'être jolie pour s'attirer ce genre d'attention car certains porcs se contentaient de voir passer une femelle avec deux jambes et deux bras pour être en rut, voilà comment elle avait expérimenté le privilège douteux d'être sifflée ou reluquée de la sorte. Prise au piège, Hermine regretta profondément de ne pas avoir sur elle plus qu'un petit couteau de poche.
Le coutilier, très fier de lui, s'approcha sans craintes et lui arracha d'un geste négligeant le cache-nez qui couvrait encore la moitié de son visage avant de lui saisir la mâchoire pour lui redresser la tête au point de l'obliger à se mettre sur la pointe des pieds, adossée à la barricade qui lui avait coupé la route.

« Regardez-moi ça... C'est pas souvent que les mains noires on des miches ! »

Le reste de la troupe ricana connement, en dehors du grand dadais qui restait de marbre et sur ses gardes. Ils devaient drôlement s'ennuyer, ceux là, pour vouloir besogner gratuitement la première victime qui leur tomberait sous les pattes. La jeune femme n'était pas certaine de savoir ce qui était le pire : terminer sa carrière sur la pointe d'une épée ou se laisser toucher par une troupe de pourceaux en nage. Dans tous les cas, elle comptait vendre sa peau chèrement.
S'accrochant à deux mains au poignet du milicien, elle prit appuie sur la paroi dans son dos et lui envoya un méchant coup de botte en plein dans les valseuses. Le type cessa tout bonnement de respirer et porta immédiatement ses mains à son entrejambe. Sans hésiter une demie-seconde de plus, elle le poussa de toutes ses forces contre le géant et se précipita vers les autres gardes. Le temps qu'ils tirent leur lame au clair, la voleuse s'était jetée au sol entre les jambes du plus grand s'entre eux et leur passait dans le dos pour sortir de l'impasse. Elle s'était écorché les mains, les flancs et la hanches, mais l'urgence de se sortir de ce mauvais pas lui donnait des ailes et elle ne prêta attention à rien d'autre qu'à la distance qu'elle pourrait mettre entre elle et la meute affamée.

*Cache-toi cache-toi cache-toi cache-toi cache-toi !*

Elle n'avait presque pas d'avance sur ses poursuivants et elle était persuadée que le colosse devait être en tête de la poursuite, prêt à lui passer la lame sous la gorge. Il avait l'air d'être du genre à ne jamais lâcher le morceau, comme ces chiens de chasse qui, une fois leurs crocs plantés dans un gibier, ne lâchent plus jusqu'à ce que la bête s'effondre de fatigue. C'était bien sa veine !
Ses pas résonnaient entre les murs de l'étroite venelle où elle venait de s'engager. Si son sens de l'orientation ne la trahissait pas, elle pouvait rejoindre le Goulot en tournant à droite pour descendre la rue suivante. Dans les Bas-fonds elle aurait plus de chances de disparaître. Cependant, le souffle court, elle doutait de parvenir si loin sans se faire attraper avant. Les lourdauds avaient prit un peu de retard sur elle, avançant plus difficilement avec leur équipement et se bousculant dans les rues trop étroites.

Sa chance se profila enfin lorsqu'un grand bâtiment faisant l'angle d'une rue plus large lui proposa la série d'arcades d'un passage couvert, fort pratique pour se cacher, à condition de savoir les escalader prestement. La demoiselle disparut donc de la vue de ses poursuivants en tournant à l'angle, empruntant le fameux passage couvert, et grimpa avec la vivacité d'un lézard la pierre érodée d'une colonne pour se réfugier dans l'entrelacs de poutres sombres qui souvenaient l'avancée de la toiture. Son cœur battait à cent à l'heure et ses poumons étaient en feu, mais elle se força à l'immobilité et au silence tandis que la troupe passait sous elle en beuglant. Il ne lui restait plus qu'à descendre et repartir en sens inverse, vers le mur d'enceinte du quartier noble, afin d'être tout à fait certaine de mettre le plus de distance possible entre elle et ces animaux lubriques.
Ses mains tremblaient un peu.

*Je serai la proie de personne, raclure.*

Elle n'avait pas compté combien d'hommes étaient passé mais un doute la saisit alors qu'elle allait redescendre. Où était le colosse en armure ? Il était passé ? Il était avec les autres ? Ou est-ce qu'il l'attendait un peu plus loin pour l'achever ? Cette idée l'angoissa.
Revenir en haut Aller en bas
Hérald DreitMilicien
Hérald Dreit



La bague au doigt [Hérald Dreit] Empty
MessageSujet: Re: La bague au doigt [Hérald Dreit]   La bague au doigt [Hérald Dreit] EmptyMer 8 Fév 2017 - 17:21
Le grizli qui servait à Dreit de coutilier se prit un choc quelque peu résonnant dans l'intégralité de sa joyeuse paire, ses bijoux de famille qu'il devait s'amuser à vider en cachette sur plus d'une victime démunie à en voir son air de chacal à avoir posé ses gros doigts pourris sur cette jeune fille. Le grand blond pâle s'était assuré de mémoriser autant que possible les traits du visage de la voleuse avant qu'elle ne gratifie Lombeth de ce coup bien placé avant de l'envoyer droit sur Dreit, tel un éboulis difficile à encaisser. Dreit ne l'évita pas, il l'encaissa tout en reculant de quelques pas et le redressa alors qu'il grimaçait de douleur et pleurait presque. Les autres gorilles étaient bêtement repartis en chasse, comettant la même erreur : celle de courir à bloc pour se fatiguer une nouvelle fois.

"Saloperie ! Aaaaahhh... Ah par la Trinité j'te jure j'vais la violer et la tuer... Puuutaaiiin MERDE ! PUTE !"

La scène décrocha un sourire amusé à Dreit devant cette coprolalie accablante de la part du coutilier qui avait l'air encore plus stupide que ses soldats. Ah, si Blatus voyait ça. Il rengainait son épée, calmement.

"Je crois que la donzelle a oublié le fruit du larcin de l'autre côté de la barrière. En bon sujet je vous laisse vous remettre de vos émotions et je m'en vais me débarrasser de la vermine ; pourvu que vous me laissiez faire mon travail cette fois-ci."

Il accorda un regard hautain et froid au coutilier qui gisait à même le sol, recroquevillé sur lui-même, ses mains massant ses parties dûrement cognées.

"Dr-dreit... J'te jure... Sur la tête de la trinité, j'vais t'en faire mordre la poussière, es-espèce de..."

"Vous n'implorez la Trinité qu'en cas de mésaventure. Vous avez beau être mon supérieur, vous restez un perdant. Nous règlerons nos comptes plus tard. La Main Noire, mmh...?"

Sur ces paroles, Dreit se remit en route, plus calme que jamais dans cette nuit sombre où il se concentrait pour déterminer la position de ses pitoyables collègues. Comme pour la queste du Soldat Disparu, il aurait à agir seul, encore une fois. Personne n'était vraiment digne de l'épauler, visiblement.

Il avançait machinalement parmi les rues de marbrume, le pas lourd et résonnant contre le pavé sale de la cité endormie. Son avancée fracassante s'annonçait à des mètres à la ronde. Il ne cherchait pas l'effet de surprise mais bien à apeurer sa victime pour qu'elle daigne révéler sa position par un battement de coeur de souris ou par une respiration suffocante. Elle pouvait courir autant qu'elle voulait, mais quand il s'agissait de se cacher éperdument, cela risquait d'être compliqué.

Après une ronde patiente éloigné de ses collègues qui étaient allés s'essoufler plus loin, il surprit la silhouette entrain de redescendre de sa cachette. Il réussit à détailler davantage son visage au clair de Lune. C'en était fini pour elle.

Il poussa une nouvelle clâmeur mortelle, son corps entier hurlant à l'attention de cette misérable cible sur laquelle il chargeait de tout son être, bien décidé à donner son âme perdue en offrande à la magnifique Anür. Il dégaina à la vitesse de l'éclair et prit appuit sur le sol pour tenter une estoque en direction de la jugulaire, cette veine qui, une fois sectionnée, vidait la victime de son sang et ne laissait pratiquement aucune chance de survie à son hôte. D'un rapide mouvement de bassin, il effectuait son attaque tel un serpent qui bondissait pour mordre sa proie ; le regard reptilien et perçant tandis que son visage avait repris des couleurs plus chaudes, les traits renforcés par la hargne du combat.
Revenir en haut Aller en bas
HermineSaltimbanque
Hermine



La bague au doigt [Hérald Dreit] Empty
MessageSujet: Re: La bague au doigt [Hérald Dreit]   La bague au doigt [Hérald Dreit] EmptyMer 8 Fév 2017 - 17:58

« Oh pute borgne ! »

Le juron était sortit tout seul alors que l'espèce d'allumé en armure se ruait sur elle avec l'épée au clair. Elle était tombée sur le dément de service, il n'y avait pas d'autre explication ! Par les couilles de Serus, elle avait juste volé quelques bijoux bas de gamme ! La mort n'était pas supposée être la sanction pour les voleurs de son calibre. Est-ce qu'elle devait voir dans cet acharnement une preuve qu'elle avait froissé la virilité du milicien en lui tenant tête ? Peut-être. Mais pour l'instant elle songeait surtout qu'il lui fallait se tirer de ce merdier dans lequel elle s'était fourrée.
Le combat, ce n'était pas sa tasse de thé. Mais la bagarre, elle connaissait bien et elle savait surtout comment éviter les coups. Hermine se jeta donc au sol dans une roulade, la lame transperçant l'air au-dessus d'elle. Inutile d'essayer de répliquer, elle n'avait aucune chance et son pauvre couteau ne parviendrait jamais à percer le métal de l'armure.

« Arrête ! J'ai rien sur moi ! Arrête ! »

D'une cabriole elle esquiva le coup suivant, cherchant à mettre de la distance entre elle et le géant blond à défaut de pouvoir le toucher au corps à corps. Mais qu'est-ce qui lui prenait à cet enragé ? Qu'il aille se défouler sur les assassins et les violeurs d'enfants au lieu de chercher à se tailler une bavette dans la couenne d'une pauvre chapardeuse !
Déjà fatiguée par sa course effrénée dans les rues, la donzelle commençait à peine dans ses esquives. Le métal lui mordit le bras, la jambe une seconde fois et lui entailla même la joue juste avant qu'elle ne se cambre tel un roseau sous une bourrasque pour éviter de perdre la tête. Littéralement. Et lorsque la pierre fraîche d'un mur lui coupa toute retraite, elle leva les mains devant elle et couina :

« Stooop ! J'me rend ! Arrête, me tue pas ! »

Le cachot valait mieux que de mourir bêtement et au moins ce milicien là n'avait pas cet air lubrique dégueulasse peint sur le visage. Une prison, on s'en échappe. Et comme elle n'avait aucune preuve sur elle du larcin dont on l'accusait, elle pourrait peut-être même s'en sortir avec juste quelques coups.
L'épée vint lui piquer la gorge, la forçant à reculer tellement contre le mur qu'elle aurait presque put se fondre dans la pierre. Son cœur criait grâce et tout son corps frémissait de fatigue et d'émotion. Elle ne pouvait plus soutenir de course-poursuite, ni de combat à l'épée, il fallait accepter la défaite. Tout ce qui importait, c'était de se ménager un sursis, une occasion de pouvoir filer plus tard, de pouvoir s'en sortir une fois que son souffle serait revenu et que son cœur aurait cessé ses battements affolés. Les mains levées à hauteur des épaules, elle regardait droit dans les yeux l'homme qui la tenait en joue. Il lui avait proposé de se rendre ou de mourir, elle venait de choisir une des deux options, il n'allait quand même pas...

« Je ne suis pas armée... Je n'ai fais de mal à personne... Je me rends... Pitié »

Quelques mèches folles s'étaient échappées de sa natte lors du combat et lui collaient au front, humides de sueur. Il faisait une chaleur à mourir. Elle avait peur, une peur raisonnable et compréhensible étant donné sa situation, mais son regard ne flanchait pas, soutenait celui de son bourreau, une étincelle de fierté encore profondément enraciné dans les prunelles sombres.
Revenir en haut Aller en bas
Hérald DreitMilicien
Hérald Dreit



La bague au doigt [Hérald Dreit] Empty
MessageSujet: Re: La bague au doigt [Hérald Dreit]   La bague au doigt [Hérald Dreit] EmptyMer 8 Fév 2017 - 18:40
L'estoque siffla dans l'air. La nuit et l'agilité de la voleuse n'étaient pas en faveur du milicien qui, malgré une rapidité relative, se trouvait ralenti par sa lourde armure. Mais il fallait être bien sot pour penser qu'une offensive ne se résumait qu'à une attaque. Le milicien contrôlait sa respiration et ne laissait absolument aucun répit à cette pauvre petite cambrioleuse de bas étage. Bientôt son endurance, mêlée aux quelles entailles qu'il lui avait laissées sur la chair, auraient raison de la sienne et il décela, imperturbable, une faille dans la garde de la femme alors qu'il s'apprêtait à planter la pointe de sa lame salée dans la gorge de la voleuse. Jusqu'à ce qu'elle choisisse l'autre option. Elle se rendait enfin. Le milicien stoppa net son offensive, tenant la donzelle en joue. C'était une pauvre petite créature apeurée désormais, qui comprendrait, avec un peu de chance, le poids des choix qu'elle aurait eu à faire. Dreit sembla lui accorder quelque clémence pour lui permettre de revenir sur sa décision de mourir. Mais son esprit était concentré sur sa tâche, lui ne parlait pas et dardait un regard des plus durs sur celui de la jeune femme qui le soutenait du regard. Ni une, ni deux, il pivota sa lame pour la plaquer contre la jeune femme tandis qu'il se rapprochait pour lui administrer un violent coup de poing dans l'estomac, l'obligeant à se cambrer pour ensuite passer un bras autour de son cou et lui administrer une strangulation afin de bloquer les carotides et lui faire ainsi perdre conscience. Ce faisant, rengainant son arme, il chargea la voleuse sans délicatesse aucune sur son épaule gauche et se mit en route, direction la caserne, empruntant volontairement quelques bifurcations douteuses pour éviter de recroiser sa non chère unité ni même ce Lombeth qui trouverait sûrement à redire sur ses méthodes. Il n'envisageait pas l'idée de la laisser enrte les mains de ces gorilles.

Arrivant à la caserne, Dreit passa devant deux miliciens de gardes qui se permirent quelque plaisanterie douteuse ; "ça c'est du gibier mon copain" ou "tu me laisseras passer dessus ?". Il n'en fit rien et continua sa route, le pas mécanique et lourd en direction de l'infirmerie où il poussa la porte d'un geste sec. L'infirmière se retourna brutalement sur les talons tout en se frottant les paupières et affichant un regard effaré à l'attention du milicien. Dreit ne se laissa pas décontenancer et ignora les plaintes de l'hôte, tandis qu'il passait dans un coin de la pièce où on sanglait les détenus.

"Je la laisse ici pour cette nuit. Pas question de la laisser dans les cachots."

Sur ces paroles, sans même demander l'avis de l'infirmière, il allonga la voleuse sur un lit et entreprit de la fouiller, récupérant au possible des effets personnels qu'elle aurait pu dissimuler dans sa tenue légère.

"Je lui ai fait quelques égratignures. Je m'en remets à vous pour désinfecter ce qui doit l'être. J'ai du labeur." rétorqua-t-il d'un ton sec et froid tandis qu'il partit de l'infirmerie aussi vite qu'il était venu, claquant la porte derrière lui et partant on ne sait où.
Revenir en haut Aller en bas
HermineSaltimbanque
Hermine



La bague au doigt [Hérald Dreit] Empty
MessageSujet: Re: La bague au doigt [Hérald Dreit]   La bague au doigt [Hérald Dreit] EmptyMer 8 Fév 2017 - 20:23

D'abord la douleur avait explosé dans son ventre, puis dans sa gorge alors que l'air ne s'acheminait plus jusqu'à ses poumons. Et le noir. Hermine était devenue aussi molle qu'une poupée de chiffon, se laissant ainsi docilement trimbaler jusqu'à la caserne la plus proche.
Lorsqu'elle reprit connaissance, la première sensation fut une sorte de nausée désagréable, accompagnée de courbatures. Très vite la jeune femme réalisa qu'on l'avait attachée à ce qui ressemblait à un lit. Ses derniers souvenirs s'imbriquèrent les uns dans les autres jusqu'à remonter à son petit cambriolage. L'endroit ne ressemblait pas à une cellule... Où diable l'avait-on transportée ? La lumière qui filtrait à travers la lucarne dans le mur indiquait qu'il faisait encore nuit, mais plus pour longtemps car le ciel commençait à être plus gris sombre que vraiment noir. Un rapide coup d’œil sur sa personne lui apprit qu'elle était toujours habillée - fort heureusement ! - et que poignets et chevilles avaient été sanglés. Cependant, le cuir était usé et visiblement les attaches n'étaient pas étudiées pour les poignets de crevette comme les siens.

Son regard circulaire révéla la présence d'un autre être vivant dans la pièce. Une femme, assise à un petit bureau en bois et visiblement endormie, la tête dans les bras. Le matériel qui se trouvait dans son coin de pièce donna un indice à la voleuse sur l'endroit où elle se trouvait : sans doute une salle de soin ou de repos, quelque part dans une caserne. Elle était donc bel et bien dans la tanière du loup.

*Aller ma fille, c'est le moment de filer en douce.*

Hermine replia les doigts de sa main gauche, réduisant le plus possible la largeur de sa paume pour pouvoir la passer à travers l'attache. Il fallut forcer un peu, mais bientôt elle fut libre de défaire toutes les autres sangles. Ses muscles étaient complètement courbaturés, mais au moins elle était entière et l'infirmière avait lavé et sommairement bandé toutes les petites coupures qu'avait laissé le combat. Comme c'était aimable...
Inconsciemment, la saltimbanque porta la main à une des poches de son pantalon et se figea alors. Où était son couteau ? Elle chercha dans les autres emplacements où elle aurait pu le ranger, mais rien ! La bague à son doigt avait également disparu. Une soudaine inquiétude lui fit porter la main à son cou et, paniquée, elle fouilla le col de sa veste, puis de la chemise qui se trouvait dessous, mais ce qu'elle cherchait ne s'y trouvait pas.

*Le fils de... Merde !*

Il ne s'agissait que d'une petite pièce percée, passée sur un cordon simple, cela n'avait aucune valeur monétaire mais Hermine y accordait beaucoup de valeur sentimentale. Elle ne voulait pas repartir sans cet objet. Il y avait donc deux possibilités : la première était de trouver les baraquements où dormaient les miliciens pour choper son colosse à l'épée au bon moment et l'obliger à rendre ce qu'il avait pris, à l'aide d'une lame sous la gorge par exemple, la seconde était de débarrasser le plancher et de surprendre le milicien à un autre moment, dans un endroit plus discret, en courant le risque qu'il se soit débarrassé du collier.
Malgré son empressement à récupérer son bien, hermine opta pour la seconde solution car sa vie avait plus de valeur qu'un souvenir. La lucarne lui offrit une jolie vue sur la cour intérieure de la caserne, presque déserte à cette heure-ci. Parfait. Elle se faufila donc par l'ouverture en remerciant encore les dieux d'être si peu épaisse. On ne se retournait pas sur la rondeur de ses hanches, mais elle pouvait passer à travers le chat d'une aiguille ! Depuis le rebord de la lucarne, elle parvint à descendre sans heurts et traversa la cour en rasant le sol pour se diriger vers les écuries. Les bêtes ensommeillées ne firent aucun bruit et elle put se hisser discrètement dans le grenier à foin qui se trouvait juste au-dessus.

Ici il faisait bon, l'herbe séchée embaumait l'air et la fraîcheur de la nuit sur le toit avait rendu la température supportable. La voleuse se fraya un chemin à travers le foin jusqu'au fond du grenier et s'occupa alors de déchausser quelques tuiles depuis l'intérieur, en veillant à ne surtout pas les faire tomber dehors où elles pourraient alerter tout le monde. Dès que l'espace aménagé fut assez grand, elle s'évapora de là tel un courant d'air. Lorsque l'infirmière ouvrit les yeux, Hermine était déjà loin de la caserne.
Il s'écoula encore une nuit et une journée avant qu'elle ne se mette en chasse. Ses blessures avaient été fermement pansées, sa tenue avait été raccommodée et elle prit cette fois sa matraque, puisque son couteau était entre les mains d'un milicien. Elle n'oublia pas de s'équiper avec un peu de corde, juste au cas où. Dès que les premières étoiles apparurent dans le ciel, elle se mit en route. Où que soit le milicien qui lui avait pris son collier, elle le retrouverait et cette fois-ci, il ne la verrait pas venir car elle avait bien retenu la leçon.

*Où te cache-tu, espèce de cinglé ? J'espère que tu as bien prit ton pied la dernière fois parce que tu vas devoir faire sans ton épée cette nuit.*
Revenir en haut Aller en bas
Hérald DreitMilicien
Hérald Dreit



La bague au doigt [Hérald Dreit] Empty
MessageSujet: Re: La bague au doigt [Hérald Dreit]   La bague au doigt [Hérald Dreit] EmptyJeu 9 Fév 2017 - 0:03
Le milicien s'en était dirigé à la salle des archives. A cette heure-ci la permanence était fermée, mais son temps passé en ces lieux avait abouti à la délivrance d'un laisser passer à son attention où il pouvait consulter certains documents à l'heure où il le souhaitait. Il demeurait même consciencieux au point de signer les registres de consultations.

Ce soir-là, son attention se portait sur Lombeth. Du moins ce qu'il avait dit à propos de cette voleuse. La "Main Noire". Un nom qu'il avait entendu çà et là au détour d'un couloir lors d'une conversation entre deux miliciens. Ou peut-être au comptoir d'un lieu mal fâmé où il avait dû faire quelque ronde forcée. Il ne se souvenait plus vraiment, tout ça n'avait pas eu autant d'importance jusqu'à maintenant. C'en devenait limite perturbant que Lombeth connaisse quelque chose mieux que Dreit ne connaisse lui-même. Il commençait à ressentir le véritable contre-coup des cinquante jours de pénitence en dehors de Marbrume ; il s'était passé des choses en villes et sa réaffectation n'était pas des plus glorieuses, coincée dans cette unité de pervers et de ratés. A la solde d'un coutilier qui, en plus de ne pas savoir se battre, insulte plus bas que lui et se montrait mielleux aux côtés de Blatus. Le genre d'individu que Dreit maudissait, pensait-il en aggrippant un dossier coincé parmi plétore de documents.

Il coinça le fruit de sa trouvaille sur le coude tandis qu'il fouillait parmi les comodités alentours à la recherche d'une source de lumière. Il ne tarda pas à mettre la main sur un bougie qu'il déposa au coin d'une table poussiéreuse, fouillant dans sa moche un nécessaire pour générer quelque étincelle persévérante ; un morceau d'acier et une arête de silex qui, par leur friction, provoquaient des petites gerbes de feu que Dreit orienta en direction de la bougie. Il tira ensuite un tabouret et feuilleta le dossier, ses mains enfouies dans ses cheveux blonds.

"Sans doute l'espèce de cambrioleurs la plus redoutable de Marbrume. Oh, mais voilà qui est intéressant, mh." se dit-il à lui-même alors qu'il avait lu un passage d'un rapport à voix haute.

Après une documentation synthétique sur le sujet, Dreit referma le dossier et souffla sur la bougie, tandis qu'il allait replacer son emprunt dans les archives. Il s'arrêta un instant, pensant au fait qu'il lui faudrait rentrer chez lui. Ce qu'il fit en fait sans détour. Il marcha le plus tranquillement du monde en direction de chez lui.

Hormis la triste nouvelle indiquant la disparition de la voleuse de l'infirmerie, qui valut à Dreit un savon magistral de la part de Lombeth qui continuait de se masser les bonbons de façon ponctuelle, le milicien ne connut d'autres péripéties. Il s'entraînait le matin, mangeait, aller prier au moins une bonne heure au Temple, et faisait ses quarts le reste de la journée jusque tard dans la nuit.

Et le voilà qu'il se rendait tranquillement en direction de son chez lui.
Revenir en haut Aller en bas
HermineSaltimbanque
Hermine



La bague au doigt [Hérald Dreit] Empty
MessageSujet: Re: La bague au doigt [Hérald Dreit]   La bague au doigt [Hérald Dreit] EmptyJeu 9 Fév 2017 - 19:12

Bien que ce soit risqué, Hermine rôda du côté de la caserne, là où elle était le plus susceptible d'apercevoir sa cible. Avec la tombée de la nuit, il y eut du mouvement entre les gardes de l'après-midi et ceux du soir, une patrouille en relayant une autre pour permettre aux camarades d'aller picoler un coup ou prendre du repos. Heureusement, le soldat qu'elle cherchait était assez reconnaissable et malgré les fréquents aller-retour à l'entrée des bâtiments, elle ne manqua pas de remarquer le géant qui s'en allait, seul, vers une destination inconnue. Quelle veine ! Et avec la nuit qui était tombée, la voleuse était parfaitement invisible dans l'ombre des toits.
Elle suivit le milicien sans réelles difficultés depuis les hauteurs, hésitant à plusieurs reprises de lui sauter sur le râble et l'assommer, comme elle l'avait planifié. Mais une idée plus intéressante lui vint, et sans doute moins compliquée à mettre en œuvre. Patiemment, elle attendit donc son heure en rongeant son frein.
Le milicien fini par entrer dans une maison, sans doute la sienne ou celle d'une amante quelconque et la voleuse en nota l'emplacement avec précision dans sa mémoire. Campée dans l'ombre d'une cheminée branlante, elle attendit alors sans bouger un muscle. C'était sans doute le moment le plus pénible dans un travail, l'attente. Faire le pied de grue en espérant avoir l'occasion de passer à l'action et parfois se rendre compte que ça ne sert à rien. Au moins, lorsqu'elle travaillait avec Abel ou Herett, elle pouvait compter sur la compagnie de quelqu'un, se caler confortablement dans les bras de l'un ou l'autre et somnoler un moment pour que le temps passe plus vite. Cette fois-ci, elle ne put compter que sur elle-même.

Tard dans la nuit, alors que la lueur des chandelles avait disparue de derrière les volets depuis un moment, elle se mit en mouvement. Après quelques étirements pour réchauffer ses muscles engourdis par l'immobilité, elle descendit par le flanc d'une maison adjacente. Il y avait deux fenêtres au rez-de-chaussée par lesquelles elle pouvait s'enfuir, ainsi que la porte principale. Dans la rue, au total il y avait quatre points d'accès aux toits qu'elle pouvait atteindre vite et grimper facilement en cas de fuite. Enfin, une fenêtre donnant dans ce qui devait être un grenier pouvait également servir de voie d’entrée. Mais tout d'abord, elle ouvrit en silence les volets et les fenêtres du rez-de-chaussée afin de ménager des voies de repli. Cette nuit, tout était planifié, elle ne risquait pas de courir à l'aveugle en cherchant une cachette.
La première fenêtre qu’elle ouvrit donnait sur une pièce à vivre très simple et pour le moment déserte. Elle avisa l’escalier de meunier qui montait au grenier avant de faire le tour de la maison pour s’intéresser à l’autre fenêtre. Précautionneusement, elle ouvrit les volets en bois et jeta un coup d’œil. Une chambre à coucher et une grande carcasse très reconnaissable allongée dans la pénombre. Pas une bonne idée de passer par là… Elle décida donc d’entrer par la fenêtre de la pièce à vivre.

Ses pieds ne firent aucun bruit en atterrissant sur le plancher. On pouvait reprocher à Hermine de manquer de patience parfois, mais jamais de discrétion. Sans faire plus de bruit qu’une ombre, elle fit le tour de la pièce et ouvrit chaque tiroir pour s’intéresser à son contenu, espérant chaque fois y trouver son pendentif. Rien. Elle approcha alors de la porte fermée derrière laquelle se cachait une pièce encore inconnue et scruta par le trou de la serrure. Il faisait noir mais apparemment, il s’agissait d’une chambre également, ou peut-être d’un bureau. Quelqu’un dormait et sa respiration semblait un peu pénible. Peut-être une vieille tante qui logeait ici ? Pas de quoi s’inquiéter en tout cas. Par précaution, la voleuse monta le petit escalier vers le grenier, pour tester la trappe qui en donnait l’accès. Sans vraiment l’ouvrir, elle la souleva pour en éprouver le poids, être certaine qu’aucune chaîne ne la retenait, puis redescendit.

*À nous deux, voleur du dimanche.*

Ne souhaitant pas réitérer le fiasco de la dernière fois, Hermine s’arma d’un long couteau de cuisine qu’elle emprunta pour l’occasion en passant devant avant d’approcher de la porte de la chambre. Aucun bruit n’en venait, juste le souffle lourd et régulier d’un dormeur. La saltimbanque tourna la poignée et se faufila à l’intérieur.
D’un rapide coup d’œil elle balaya la pièce, mais son regard n’accrocha pas l’éclat terne de son collier. Elle n’aurait donc pas d’autre choix que de demander poliment.

La pointe du couteau se trouvait à moins d’un centimètre de la pomme d’Adam du milicien. Il aurait été simple, vraiment très simple, de l’égorger. Mais la jeune femme n’était pas un assassin. Jamais elle n’avait tué quelqu’un et elle espérait ne jamais avoir à le faire. Cependant, cet homme n’avait pas hésité à l’attaquer et lui avait pris quelque chose d’extrêmement précieux à ses yeux, aussi était-elle prête à faire une première exception rien que pour lui.

« Réveille-toi. J’ai dit debout, milicien. Aller. »

Penchée au-dessus de lui, la poigne fermement resserrée autour du manche de son arme, elle chuchotait pour ne pas le réveiller en sursaut et qu’il ne s’égorge lui-même, mais son ton était dur. Elle ne lui laissa qu’un instant pour comprendre ce qui se passait avant de demander :

« Où est mon collier ? Celui que tu m’as volé l’autre jour, une pièce trouée en son centre, passée sur un cordon. Où est-elle ? Réponds. »
Revenir en haut Aller en bas
Hérald DreitMilicien
Hérald Dreit



La bague au doigt [Hérald Dreit] Empty
MessageSujet: Re: La bague au doigt [Hérald Dreit]   La bague au doigt [Hérald Dreit] EmptyJeu 9 Fév 2017 - 20:33
La douceur du foyer...

Ses appartements fussent-ils modestes, ils s'avéraient un peu plus conviviaux que la cité puante de Marbrume, et ce même s'ils étaient un peu trop petit pour sa soeur et lui. Elle passait le plus clair de son temps dans un lit tandis qu'Hérald dormait accroupi à son chevet, adossé au mur, une main sur son épée courte, toujours prêt à attaquer si l'on venait le perturber dans son sommeil. Il était un peu comme un chien de garde, en quelques sortes. Quoi de plus normal pour un milicien de sa trempe ?

Cette soirée avait été des plus calmes. Il avait passé quelques instants à griffoner on ne sait quoi à la lueur d'une bougie, s'interrompant pour apporter un peu d'eau à sa soeur réveillée par une affreuse quinte de toux. Puis se faisant, il alla souffler sur la bougie, plongeant la pièce dans le quasi noir, si ce n'est éclairée à la douce lumière de la lune surplombant Marbrume depuis un ciel dégagé.

Ses songes furent de courte durée. Il fut arraché à ses rêves lorsqu'il sentit une présence familière devant lui. Ses yeux ouverts, il pouvait observer une lame, fermement empoignée par cette jeune fouineuse qui, en plus de chuchoter, lui demandait de se redresser. Elle n'était vraiment pas dangereuse, et Dreit se remit debout, plantant son regard dans celle de l'effrontée, répondant d'une voix atténuée pour ne pas réveiller sa soeur.

"Commence par baisser ce couteau que tu tiens et il ne te sera fait aucun mal. Tu as dû deviner que j'étais un homme de parole lors de notre dernière rencontre."

Ce faisant, qu'elle le tienne en joue ou pas, il se dirigeait dans la pièce voisine, le plus calmement au monde, allant allumer une bougie et un petit feu sous lequel était suspendu un petit chaudron. Les flammes prirent vite au milieu du marbre. De quoi éclairer un peu plus la pièce. Dreit se tournait vers la jeunette, les bras croisés. Les flammes dansantent, crépitant, éclairaient son visage par intermittence.

"Je te remercie d'avoir respecté le sommeil de ma soeur. C'est un coup de maître que tu as fait là. D'abord t'échapper de l'infirmerie, puis m'épier au point de me retrouver jusqu'à chez moi... C'est osé. Si j'étais stupide, j'en ferais une affaire personnelle et je m'emporterais de rage peut-être au point de te laisser filer une nouvelle fois puisque je ne doute plus de tes talents. Tu as tout préparé et tu sais sans doute comment fuir d'ici. En ce qui me concerne, la bonne nouvelle, c'est que si tu me tues, tu ne pourras pas récupérer cet artéfact que je t'ai confisqué, n'est-ce pas ? Et toute cette mise en scène me fait comprendre que tu y tiens comme à la prunelle de tes yeux..."

Il se tut un instant pour saisir une louche et un verre, se penchant prêt du chaudron pour y tremper l'instrument et y déverser de l'eau fumante dans le verre, tandis qu'il répéta la procédure avec un autre récipient. Ce faisant, il ouvrit un placard en hauteur pour y extraire deux sachets de thé au jasmin, tandis qu'il les fit infusier. Il continuait son récit, tranquillement, alors qu'il tournait presque le dos à la jeune femme.

"Laisse-moi te proposer un marché. Il se trouve que tes talents sont rares et que tu pourrais m'être d'une grande aide. Si je ne m'étais pas attendu à ta venue, tu aurais pu jouer sur l'effet de surprise tant tu es discrète et inaudible. Sans doute que ton odeur pourrait te trahir, mais ce n'est pas un aveugle que je cherche à épier. J'aimerais en effet que tu talonnes quelqu'un pour moi. En échange de deux choses : je fais en sorte de faire oublier l'incident dont tu étais responsable il y a deux jours et je te rendrai tes effets personnels en main propre."

Il jeta les sachets dans une petite benne et saisit les deux verres, s'approchant de la fillette, dardant un regard froid et sérieux dans le sien.

"Qu'est-ce que tu en dis ?"
Revenir en haut Aller en bas
HermineSaltimbanque
Hermine



La bague au doigt [Hérald Dreit] Empty
MessageSujet: Re: La bague au doigt [Hérald Dreit]   La bague au doigt [Hérald Dreit] EmptyJeu 9 Fév 2017 - 22:53

Elle ne devait pas assez transpirer l'envie de meurtre pour qu'il la prenne si peu au sérieux alors qu'elle pointait une arme sur lui. Il n'avait pas tout à fait tort d'un autre côté, elle n'était pas venue pour le tuer malgré la furieuse envie de lui coller une ou deux beignes, histoire d'être quitte pour avoir été poursuivie, tailladée et étranglée. Mais puisqu'il restait calme et semblait prêt à discuter, elle le suivit sans faire d'histoire dans la pièce à vivre.
Quel gentilhomme, il allait même préparer quelque chose à boire ! Décidément, c'était à se demander où il cachait cette espèce de brute qu'il avait sorti contre elle la dernière fois. Hermine se hissa sur la table où elle s'assit en tailleur, le couteau toujours dans une main. Il avait peut-être l'air calme pour l'instant, mais s'il lui prenait l'envie de jouer les méchant, tout à coup, elle voulait avoir de quoi se défendre. En plus, il lui devait un couteau jusqu'à nouvel ordre.

Patiente, la jeune femme écouta ce qu'on avait à lui proposer. Un marché pour effacer son ardoise et récupérer ses affaires. Elle préféra ne pas relever sa petite phrase à propos de son odeur car elle se serait alors montrée désagréable, or ce n'était plus le moment de se chamailler. Elle prit donc le verre qu'il lui tendait en haussant un sourcil.

« On peut dire que tu sais parler aux femmes. Ça m'étonne que tu ne sois pas marié. » grinça-t-elle avec sarcasme. « Pour commencer, quitter la caserne et entrer ici n'a rien d'un tour de force. On ne peut pas dire que la sécurité soit très élevée par ici. Alors qu'on se le dise : tu n'as rien vu de mes talents. Et si tu m'as coincé la dernière fois, c'est parce que je me suis laissée distraire bêtement. Mais j'imagine que ça m'a servi de leçon... »

Elle posa le verre à côté d'elle, visiblement peu intéressée par son contenu bien qu'il faille admettre que ça sente bon. Mais boire pendant le service, c'était une mauvaise idée. On avait toujours envie de pisser au mauvais moment ensuite, l'expérience le lui avait appris à sa manière.

« D'abord je veux savoir de qui il s'agit et ce que je vais devoir faire. Et pendant combien de temps. Ça va peut-être t'étonner, mais j'ai une vie et une famille, il n'est pas question que je dédie des semaines entières à tes lubies d'espionnage. »

Agacée de devoir sans cesse lever la tête pour regarder l'autre dans les yeux, elle déplia ses jambes souplement et se mit debout sur la table. Ah, voilà qui était mieux !

« Ensuite, si j'accepte le travail, je veux récupérer mes affaires avant de commencer. C'est non négociable et si ça ne te plait pas, je m'arrangerai pour les récupérer autrement, compte sur moi. Et une dernière condition : si tu me confie une tâche dangereuse, je veux que ton grenier me soit accessible pour me servir de cachette de repli. Voilà mes conditions. »

C'était à son tour de toiser le milicien avec froideur. En négociation, elle n'était pas née de la dernière pluie et se montrait toujours dure en affaire. S'il y avait le moindre pépin, c'était elle qui prendrait cher, pas l'autre géant avec son armure et son petit poste de milicien bien au chaud, alors elle voulait quelques assurances.
Revenir en haut Aller en bas
Hérald DreitMilicien
Hérald Dreit



La bague au doigt [Hérald Dreit] Empty
MessageSujet: Re: La bague au doigt [Hérald Dreit]   La bague au doigt [Hérald Dreit] EmptyJeu 9 Fév 2017 - 23:22
Le milicien faisait les quatre cent pas, son thé fumant venant se liquéfier sur son visage, ce qui lui donnait une sensation agréable. On aurait dit qu'il transpirait mais il en était rien. Il but silencieusement et lentement une gorgée de son thé, ignorant royalement les compliments comme les provocations de la saltimbanque. Il s'arrêta net alors qu'elle se tenait debout sur la table. Quelqu'un de normal aurait pouffé de rire à la vue de ce petit spectacle. On aurait dit une gamine qui voulait se montrer forte et grande. Mais lui s'adossait à la fenêtre ouverte, songeur, les yeux mi-clos perdus sur le plancher sombre de la pièce. Il songeait dans un silence de plomb. Il se pencha vers la fenêtre pour inspecter un instant, puis se redressa, la fermant, se dirigeant vers la gamine pour qu'elle puisse l'entendre, baissant un peu le ton au cas où par malheur la Trinité aurait décidé qu'un ennemi les écoute.

"Il y a deux mois, j'ai engagé un duel à mort contre le sergent Lucifer. J'ai perdu et la Trinité a jugé que je restasse en vie. Je t'épargne les raisons d'une telle décision, mais mon instinct me hurle que ce sergent baigne dans des affaires louches. Du gnre à proliférer la corruption dans la milice. Je voudrais que tu l'épies, que tu notes ses faits et gestes, ses habitudes, tout ce qui pourra m'être utile pour que je puisse trouver une surface d'attaque et frapper au moment opportun, là où ne pourra prédire la morsure de Rikni qu'il m'a infligée et que je lui infligerai à mon tour. Mon grenier est à toi. Tu t'en doutes, mais tâche juste de ne pas te faire voir de ma soeur. Elle ne bouge que rarement de son lit, de toute façon. Malade comme elle est..."

Il but une autre gorgée et poursuivit après un cours silence.

"Demain au Zénith, va Temple de la Trinité. Viens te recueillir auprès d'Anür. Tu as tout à y gagner."

Il but son thé tiède d'une traite et reposa son verre, tandis qu'il se dirigeait dans la pièce voisine. Il regarda par-dessus son épaule.

"Au fait, moi, c'est Dreit."

Puis il tourna la poignée de la porte et disparut dans l'autre pièce, laissant la fillette seule.[/justify]
Revenir en haut Aller en bas
HermineSaltimbanque
Hermine



La bague au doigt [Hérald Dreit] Empty
MessageSujet: Re: La bague au doigt [Hérald Dreit]   La bague au doigt [Hérald Dreit] EmptyVen 10 Fév 2017 - 0:54

Laissée seule au milieu de cette cuisine étriquée, Hermine avait du mal à en croire ses oreilles. Tout ça pour une histoire de fierté masculine blessée ? C'était une blague ? Elle bondit à terre en soupirant, un brin moqueuse. Pour quelqu'un qui se donnait de grands airs, en fait cette asperge était comme tous les autres : prêt à pactiser avec la racaille pour arriver à ses fins et laver son ego. Oh ce ne serait pas étonnant qu'elle découvre quelques vices cachés à ce fameux Lucifer, mais franchement, le jeu n'en valait pas la chandelle.

*Ahlala ma fille... Trop bonne trop conne. Ce qu'on ferait pas pour un souvenir.*

Elle s'invita dans les combles sans se gêner - après tout il avait dit qu'il les lui cédait - et fit le tour du propriétaire en furetant partout, établissant que ce serait un endroit parfait pour dormir en cas de besoin. Par pure précaution elle coinça la trappe de l'intérieur avec une petite caisse à moitié vite qu'elle eut vite fait de remplir discrètement avec du barda ambiant, puis elle s'intéressa à la fenêtre. Ouverte sur le côté du toit, elle donnait sur la toiture suivante très facilement et la cambrioleuse quitta les lieux tranquillement.
En revenant à la roulotte, elle trouva Abel en train de veillé. Ils s'enroulèrent dans une couverture en patchwork près du feu qui mourait et se mirent à discuter à voix basse. À parler du bon vieux temps, à ressasser des souvenirs de bêtises ou de cambriolages magistraux. Herett était contre le fait de se faire remarquer à Marbrume avec des vols et il avait raison, mais son cadet était impatient et commençait à avoir des fourmis dans les pieds, comme leur benjamine. Il émit l'hypothèse de l'accompagner dans certaines expéditions, au moins pour se dégourdir les jambes. La jeune femme décida de lui raconter ce qui s'était produit deux jours auparavant et le semblant de marché qu'elle avait passé avec le milicien. Son compagnon se garda bien de la gronder, il savait qu'elle avait déjà retenu la leçon. Il s'inquiétait plutôt de cette mission de surveillance.

« C'est supposé prendre combien de temps, ça, de trouver des points faibles à un type ? »

« J'en sais rien, mais ça ne devrait pas être compliqué. »

« C'est pas la difficulté qui m'inquiète, Hermine, c'est le temps que ça va te prendre. Il compte te garder à sa botte pendant des semaines, le chien de garde ? »

« Il a plutôt pas intérêt. Je sais où il vit, je sais qu'il a une sœur malade qui ne se lève presque jamais. Elle est toute seule quand il est de sortie pour patrouiller, tu imagines la cible facile que ça représente ? Et je sais maintenant qu'il y a une ficelle à tirer du côté de ce Lucifer si les choses tournent mal. Sans compter qu'il a pas l'air très aimé par ses petits copains... »

« Tu fais du zèles avec cette histoire. »

« Je veux récupérer ce collier, c'est tout. »

L'acrobate serra le petit corps dans un élan de soutient silencieux et ils demeurèrent ainsi encore un moment avant de rentrer se coucher.
Le lendemain, Hermine se rendit au temple à l'heure voulue. Cette fois, pas de tenue de voleur, elle était là en temps que saltimbanque. On lui avait remit de quoi faire une petite offrande au nom de la troupe pour demander à Anür de bientôt les renvoyer tous sur les chemins. Autant faire d'une pierre deux coups. Les cheveux simplement retenus par un bandeau de tissu coloré au bout duquel pendaient deux petites clochettes, un jupon aux couleurs du chaudes lui battant les chevilles, elle entra dans le grand bâtiment religieux, le sourire aux lèvres. Un instant ses yeux fouillèrent les lieux à la recherche du milicien, mais ne le trouvant pas, elle alla plutôt à la rencontre d'un des novices qui officiait là. Il devait avoir tout juste un ou deux ans de plus qu'elle et avait assisté aux petits spectacles qu'elle donnait avec ses frères à plusieurs reprises. Il la reconnu sans difficulté et entama volontiers la conversation.
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé



La bague au doigt [Hérald Dreit] Empty
MessageSujet: Re: La bague au doigt [Hérald Dreit]   La bague au doigt [Hérald Dreit] Empty
Revenir en haut Aller en bas
 
La bague au doigt [Hérald Dreit]
Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 2Aller à la page : 1, 2  Suivant

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Marbrume - Forum RPG Médiéval Apocalyptique :: ⚜ Cité de Marbrume - Quartiers populaires ⚜ :: Bourg-Levant :: La Hanse-
Sauter vers: