Tout ce qui ne tue pas rend plus fort ou handicapé. [Libre]
Hérald DreitMilicien
Sujet: Tout ce qui ne tue pas rend plus fort ou handicapé. [Libre] Jeu 9 Fév 2017 - 22:15
4 Juin 1165, début de soirée.
La caravane avait voyagé tout le jour durant et ce sans interruption.
Elle était partie dès la première heure de la cité de Marbrume, embarquant avec elle une fournée de rejetons, de flêches perdues, de lames brisées qui n'avaient pas la pointure pour servir correctement la milice ou simplement parce qu'ils étaient morts en sursis. Certains marchaient aux côtés du convoi, d'autres étaient enchaînés à l'arrière et surveillés par des collègues ou des supérieurs. Dreit, lui, était solidement lié aux pieds, aux poignets et au cou. On aurait dit un condamné à mort, un prisonnier de guerre dans toute sa splendeur. Et pourtant il n'exprimait aucune émotion, stoïque, avec entre les mains un ouvrage poussièreux et délavé qu'il feuilletait le plus tranquillement du monde. Puis l'un des gardes affecté à la surveillance des miliciens sensibles prit la parole.
"Labret est en vue. J'espère que vous avez fait vos prières à la Trinité, les gars. J'ai de la peine pour vous mais j'vous l'ai déjà dit. Si la caserne à Marbrume n'est pas tendre, ici c'est encore pire. On y a fourré tous les rejetons de la milice et on continue d'en déporter tellement les besoins se font ressentir. Parce qu'y a des morts quasiment tous les jours. Et inutile de dire que c'est la jungle dans là-bas. Vous vous auto-gérez et ça sert pas vraiment à grand-chose de vous enfuir. Si vous êtes un peu con, je vous rassure de suite : vous comprendrez bien assez vite pourquoi."
Personne ne répondit mot, tandis que le convoi s'arrêta d'un moment à l'autre alors qu'on entendait du brouhaha qui provenait d'un bâtiment rocheux et fissuré qui surplombait le plateau de Labret. Il y avait de l'animation en ce début de soirée.
Le milicien et ses comparses firent face à une grande porte de marbre qui grinça d'un son strident et désagréable tandis qu'on libérait les miliciens de leurs chaînes, d'autres de leurs cordes.
"Avancez le long du couloir. Pour le reste, vous vous débrouillerez. Que la Trinité ait pitié de vous..."
Sur ces mots, on referma les portes derrière le comité qui fut livré à lui-même. Dreit avança sans hésitation dans un couloir qui donnait sur une cour. A peine émergea-t-il d'un préau que les projectiles de fruits pourris fusèrent dans sa direction, puis de celle d'un autre qui s'était avancé. Le milicien se recroquevilla sur lui-même, attendant que le déluge passe. L'excitation était à son comble tandis que les nouveaux se faisaient huer et canarder. Une pomme explosa même contre la tempe d'un des miliciens qui chut sur le coup.
Elle était loin, très loin, la cérémonie de Marbrume bénie par la magnifique Rikni où on intronisait dans la milice.
Séraphin ChantebrumeAdministrateur
Sujet: Re: Tout ce qui ne tue pas rend plus fort ou handicapé. [Libre] Dim 12 Fév 2017 - 22:31
Le voyage avait été long, enchaînés tels des bêtes sauvages, le dos lacéré du milicien tâchait encore ses chemises malgré les points qui cicatrisaient petit à petit. Il faisait une chaleur étouffante qui s’intensifiait petit à petit à mesure que le convoi gagnait en altitude, son dos le démangeait sous son armure et ses mains liées ne lui permettaient aucun mouvement. Tous savaient qu’ils allaient droit en enfer mais dans ce cas précis Séraphin était pressé d’arriver, la mort serait préférable à la folie qui le guettait si rien n’était fait pour calmer ses démangeaisons.
"Labret est en vue. J'espère que vous avez fait vos prières à la Trinité, les gars. J'ai de la peine pour vous mais j'vous l'ai déjà dit. Si la caserne à Marbrume n'est pas tendre, ici c'est encore pire. On y a fourré tous les rejetons de la milice et on continue d'en déporter tellement les besoins se font ressentir. Parce qu'y a des morts quasiment tous les jours. Et inutile de dire que c'est la jungle dans là-bas. Vous vous auto-gérez et ça sert pas vraiment à grand-chose de vous enfuir. Si vous êtes un peu con, je vous rassure de suite : vous comprendrez bien assez vite pourquoi."
S’enfuir? Pour aller où? Les forêts alentours grouillaient de bannis et de fangeux, et puis personne n’aurait l’idée de rentrer à Marbrume à pieds, enfin personne qui n’ait pas perdu la tête. Et puis après tout quinze jours c’était pas la fin du monde, même si certains seraient certainement morts avant l’aube. On détacha les “recrues” et Séraphin vint se placer entre Numéro Deux et Trois, juste pour leur rappeler que même dans le pire endroit au monde il resterait leur pire cauchemar.
“Si l’un de vous deux pense ne serait-ce qu’à s’éloigner de moi, il appellera les fangeux à genoux dans la boue, genoux que je lui aurais d’abord pétés. Et regardez vos pieds bande de larves, ici vous êtes mon ombre et c’est moi qui vous dit quand respirer. Pigé les sous merdes?”
Les portes de l’imposant bâtiment s’ouvrirent sur vacarme digne d’une cour de prison, on leur souhaita bonne chance, une petite prière, la pitié des Dieux et ce genre de conneries et le fort se referma sur eux, les condamnant à mort pour la plupart. Maintenant il allait falloir se sortir de ce merdier intacts.
Barral était dans le même état que Séraphin, douloureux mais vivant. Quant à Dreit il avait survécu on ne sait par quel miracle, et semblait se porter relativement bien, du moins pour quelqu’un qui s’était fait empaler par une lame d’acier. Séraphin s’avança vers eux quand Numéro Deux reçut une pomme en pleine tête, l’envoyant au tapis sous les rires de l’assemblée. Un simple regard le persuada de se relever et de se remettre à l’examen de ses pompes, ce qu’il fit sans tarder.
“Bon, j’ai pas l’impression que le comité d’accueil soit très content de nous voir. J’imagine que nos affectations nous attendent au fond de ce couloir, dans tous les cas on risque pas de faire demi tour.”
Barral TrellMilicien
Sujet: Re: Tout ce qui ne tue pas rend plus fort ou handicapé. [Libre] Mer 15 Fév 2017 - 12:04
-Trell donne tes mains sans faire d'histoire.
Barral s'était laissé attacher les mains avant de prendre place dans le chariot en partance pour le Labret. Il avait été l'un des derniers à monter. Son dos le faisait encore énormément souffrir. Heureusement ce n'était pas les marais qui l'attendaient mais le plateau fertile. La fièvre l'avait émacié, et affaibli, le temps pour son corps de combattre l'infection. Un mal qui lui avait empêché de trop ressentir la douleur puisqu'il n'avait eu que de brève période de conscience durant les premiers jours de sa convalescence. Dès qu'il se réveillait on lui fourrait deux-trois cuillerées de bouillon dans la bouche avant de le laisser dormir. Maitre Galadur était arrivé juste à temps pour éviter à son assistant du jour de le mutiler un peu plus empêchant l'homme de recoudre les lacérations.
Barral se cala du mieux qu'il put pour soulager son dos. Il se tenait bien droit assis au bord du banc serrant entre ses jambes son paquetage qui contenait un pot d'onguent. Depuis leur punition, il n'avait pas adressé la parole ni à Dreit ni à Séraphin et s'était enfermé dans un mutisme profond. Presque indifférent à son sort. Si ce n'est sa prunelle marron qui renvoyait elle, une lueur assassine, s'il s'obligeait à rester calme en apparence à l'intérieur de lui bouillonnait une rage immense.
Un de leur geôlier crut bon de leur foutre la pétoche. Ses propos effleurèrent à peine l'esprit du borgne. Il avait déjà été au Labret, il en revenait même, alors il savait à quoi s'attendre. Le fait que l'ambiance ne semblait guère amicale n'était qu'une façade pour leur faire comprendre qu'ici on n'avait pas besoin de pleurnichards. Du coin de l’œil il vit NuméroDeux et NuméroTrois pâlir. Ici c'était marche ou crève pour la bonne et simple raison qu'une fois la nuit tombée les fangeux se montraient bien plus audacieux dans leur quête d'entrailles humaines.
- Je serais vous je ne m'attarderais pas ici.
Barral avait lâché ses mots froidement avant de traverser la cour. Il ne comptait pas resté là. Plus tôt il connaîtrait son affectation plus tôt il pourrait commencer à oublier qu'il se trouvait coincer là pour quinze jours. Mais il savait aussi que le Labret était d'une importance vitale pour leur survie à tous.
Hérald DreitMilicien
Sujet: Re: Tout ce qui ne tue pas rend plus fort ou handicapé. [Libre] Mer 15 Fév 2017 - 12:37
Les projectiles de toute sorte fusaient encore. Fort heuseurement la distance, la nuit et la précision relative des miliciens laissaient un répit tout relatif aux nouveaux venus. Dreit, qui avançait légèrement replié sur lui-même, fit un détour vers Numéro Deux qui avait encore la tête dans les mains, légèrement brumeux et étendu sur le sol. Il l'attrapa de poignes solides aux rebords de son armure sale et le remit sur pied sans dire un mot, continuant de progresser, allant jusqu'au préau opposé où ils furent momentanément hors d'atteinte. Deux miliciens au regard amusé et au sourire narquois les voyaient venir.
"En ligne, mauvaise troupe."
Naturellement, le troupeau forma une ligne toute relative, la discipline étant elle-même toute aussi approximative et qui n'avait rien à voir avec celle que connaissaient les miliciens à la caserne de Marbrume. Ici l'ambiance était différente, plus violente, plus chaotique. Le long du couloir adajcent qui donnait sur ce petit préau éclairé par des funestes torches murales, trois autres miliciens firent leur apparition, dans une formation qui n'était pas sans rappeler, au milieu le petit chechef et ses deux petits toutous qui suivaient à côté.
"Je suis le milicien Pravé. Daniel Pravé. En charge de cet avant-poste où vous passerez la nuit avant qu'on vous affecte sur tout Labret. Car croyez-moi, bande de couilles molles, y a d'la besogne." fit le milicien du milieu en marchant parmi la ligne grossière d'un pas amusé, croisant les bras. Il était apparemment le moins débile des trois, et passait en revue la chair fraîche qui était arrivée de nuit à cette caserne d'avant-poste de miliciens condamnés à la pénitence.
"Eh bah dis donc ! C'est mignon tout ça !"
Le milicien inconnu était de taille moyenne, le poil brun et le visage sombre aux traits ronds. Il avait un léger enbompoint mais à en voir sa démarche, il était composé davantage de muscle que de graisse. Son nez plat et ses lèvres retroussées lui donnait un air moqueur, un air supérieur et il ne se génait pas pour jauger d'un oeil amusé la petite masse de pénitenciers.
"On n'en voit pas beaucoup des arrivages aussi peuplés, à croire qu'il s'est passé quelque chose de pas très net ces derniers temps ?" poursuivit D. Pravé, avant de reprendre. "J'ai r'çu un pigeon porteur de sombres nouvelles ? Comme quoi un bouffon avait cru s'en prendre à un sergent ? C'est qui Hérald Dreit ?"
Il balaya un peu plus l'assemblée du regard tandis que l'intéressé leva la main. D. Pravé s'avança vers lui, alors que les deux chienchiens s'éloignèrent, faisant le tour des nouveaux.
"Aaaaah.... AAAAAAAAAaaaah..." s'esclaffa-t-il en jaugeant d'un oeil prétentieux le grand blond pâle dont la barbe de quinze jours lui donnait un air de clochard. "C'est donc toi le petit trouble fête qui se permet de tuer un milicien sans sommation et qui a cru qu'il pouvait se permettre de s'en prendre à la vie d'un sergent ? Je t'estime, j'admire ta pugnacité !"
Dreit se fit subitement saisir par les deux toutous, fronçant légèrement les sourcils, plantant un regard effronté dans celui de D. Pravé qui se mit à lui administrer un coup de poing des plus violents dans le ventre, où la blessure de Lucifer avait cicatrisé. Seulement en apparence. Dreit ne broncha point, vieil animal au sang-froid qu'il était. Mais les autres coups que portait le milicien eurent raison de lui, et il rota du sang par terre, complètement cambré.
"Espèce de sac à foutre ! Défense de rire ! Défense de pleurer ! Ici c'est pas toi qui feras la loi. Crois-moi Dreit, tu faisais l'malin à Marbrume, ici c'est MOI QUI TE DÉVISSE LA TÊTE ET TE CHIE DANS L'COU !"
Les deux nigauds redressèrent Dreit, dont les yeux ne purent retenir des larmes tant la douleur était forte. Mais son visage, lui, demeurait blafare, impassible, fermant toute émotion susceptible de le trahir devant cet énergumène. Il se concentrait sur la circonférence de son cou, qui bientôt ploierait non sans tendresse comme il avait fait subir à la Bouliche sans sommation. On lâcha Dreit, qui peinait à tenir debout, mais luttait corps et âme pour rester droit, essayant de calmer sa respiration sifflante.
"Cet avertissement vaut pour tous ! J'vous ai tous à l'oeil. Vous allez me chier des perles tous les jours, bande d'enfoirés ! Vous n'êtes tous que des vrais connards, mettez-vous bien ça dans le crâne. Rompez !"
D. Pravé tourna les talons suivi de ses deux boniches, tandis que le groupe était voué à lui-même désormais. Pas de chambre. Pas d'indication sur comment se sustenter, mais après tout, des hommes d'urgence de la sorte savaient comment s'en tirer en milieu hostile, n'est-ce pas ?
Dreit attendit que le milicien tortionnaire disparaisse des environs pour tituber prêt d'un mur et s'y soutenir, se penchant pour cracher une autre gerbe de sang.
Séraphin ChantebrumeAdministrateur
Sujet: Re: Tout ce qui ne tue pas rend plus fort ou handicapé. [Libre] Dim 19 Fév 2017 - 17:56
Un accueil en bonne et due forme, par un tortionnaire assorti de ses deux larbins décérébrés. Après une tirade que n’aurait pas renié n’importe quel instructeur militaire qui se respecte le dénommé Pravé passa ses troupes en revue, en profitant pour molester salement Dreit. Chose qui mit Séraphin hors de lui. Tandis qu’Hérald vomissait dans un coin le Dépravé vint se placer devant les quatres clampins restants, leur jettant des oeillades mauvaises auxquelles Séraphin répondit de la même manière, les traits et les poings crispés.
“Et toi l’engagé ronchon tu as quelque chose à me dire? Peut-être que ma tronche te revient pas? Est-ce que tu voudrais pas me casser la gueule hein? Je vais te mettre au pas moi je vais te dresser! C’est pas Marbrume ici mon joli et tu vas pas tarder à comprendre pourquoi. Alors vas y parle! Exprime toi sacré bons Dieux!”
Le pingouin avait un débit de paroles saccadé et franchement énervant, le genre de type qui s’amuse à faire sortir les gens de leurs gonds. Et pour l’occasion il était pas loin d’y arriver.
“Chef! J’ai rien à vous dire Chef!” Séraphin lui rendit son regard meurtrier et ajouta doucement. “Par contre j’aurais des choses à vous faire, je m’amuserai presque autant avec votre cadavre qu’un fangeux, mais je doute qu’on croise votre éminence à l’extérieur de ces murs. Je pense que c’est mieux pour vous…” Se ravisant il salua et hurla dans les esgourdes du milicien. “CHEF!”
Il fit signe à Barral de l’aider à relever Dreit. La priorité était de trouver de quoi boire et manger, le reste attendrait. À moins que sa tirade ne l’envoie directement à l'échafaud, dans tous les cas l’issue de leur mission risquait d’être sensiblement la même. Dans tout ce tumulte il avait oublié ces chienchiens à lui, sur lesquels il ne manqua pas d’aboyer à son tour.
“Numéro Deux! Numéro Trois!” Tous deux levèrent des regards apeurés dans sa direction, l’oeil de Numéro Deux était encore gonflé du projectile qu’il avait reçu. “Il nous faut de l’eau et des vivres et je les veux HIER! En attendant on va tâcher de trouver un endroit où se reposer.” Il s’emporta devant leurs mines déconfites d’incompréhension. “QU’EST-CE QUE VOUS FOUTEZ ENCORE LÀ?!”
Un banc les attendait quelques mètres plus loin où ils pourraient installer Dreit qui semblait souffrir le martyr.
“Aller viens, t’en fais pas, ce connard finira par envier le sort de La Bouliche.”
Barral TrellMilicien
Sujet: Re: Tout ce qui ne tue pas rend plus fort ou handicapé. [Libre] Mer 22 Fév 2017 - 17:49
"En ligne, mauvaise troupe."
Bon gré, mal gré, le tas de miliciens fourbus du voyage s'était aligné dans un semblant d'ordre. Plus ou moins rangé. Plus ou moins droit. Barral grimaça lorsqu'il s'y obligea. Si on leur demandait de s'aligner c'était que le chef de l'avant-poste n'allait pas tarder à faire son apparition. Plus vite ça serait fait, plus vite il saurait à quoi s'en tenir.
"Je suis le milicien Daniel Pravé. En charge de cet avant-poste où vous passerez la nuit avant qu'on vous affecte sur tout Labret. Car croyez-moi, bande de couilles molles, y a d'la besogne."
Voilà clairement que le milicien Pravé annonçait la couleur. Barral savait que se rendre sur le plateau ne serait pas des vacances mais là c'était le bagne qu'on leur promettait. Quant à leur future besogne, réparer des clotures serait surement la tache la moins pénible qu'ils auraient à faire. L'homme continua ses piques acerbes avant de s'en prendre physiquement à Dreit. Pour le mater et le dissuader de recommencer, mais Barral doutait que cette intimidation est un quelconque effet sur le blondinet. Physiquement il douilla mais, après l'avoir vu faire face à la bouliche et au sergent, le borgne savait qu'il en fallait bien plus pour le briser. Et même si lui-même ne supportait pas qu'on s'en prenne gratuitement à quelqu'un, il ne broncha pas restant bien sagement dans l'alignement attendant que l'orage passe. Ou pas. Daniel vient se positionner devant lui comme il l'avait fait pour Dreit, puis pour Séraphin. Est-ce son tour de subir le doux accueil ?
"J'ai pas besoin de demi-portion, encore moins de borgne. Tu porteras les affaires du groupe."
- Bien chef.
Barral n'ajouta rien. Mais être considéré comme un vulgaire auxiliaire ne lui faisait évidemment pas plaisir.
"Cet avertissement vaut pour tous ! J'vous ai tous à l'oeil. Vous allez me chier des perles tous les jours, bande d'enfoirés ! Vous n'êtes tous que des vrais connards, mettez-vous bien ça dans le crâne. Rompez !"
Par ces mots les nouveaux arrivants étaient enfin libérés. Bientôt il ne resta plus que Dreit, Séraphin, Barral et les deux morpions qui ne savaient pas qui suivre. Ce que Séraphin s'empressa de corriger. Après c'était aussi à cause de leur stupide idée de rossée Hérald que tout était arrivé.
- Allez vient. Faut pas qu'on traîne là. Ni même sur ce banc.
Glissant le bras de Dreit par dessus son épaule, Barral marcha dans le couloir. Il ne savait pas vraiment où il se dirigeait, c'était surtout son instinct qui le guida vers le dortoir. Une grande pièce où s'entassait les occupants des lieux pour dormir, dans un semblant d'ordre. Il restait dans le fond de la pièce, là où la chaleur du brasero portait le moins, trois lits. Le borgne ne fit pas cas des regards qu'on leur lançait. Et s'appropria les couchettes restantes puisqu'ils étaient les derniers arrivés.
- Allonge-toi et repose-toi. Ne t'en fais pas pour moi.
Barral s'assit sur un autre lit attendant le retour des avortons. Eux se partageraient un lit pour deux. Il faudrait de toute façon veiller sur le blond pour la nuit.
Hérald DreitMilicien
Sujet: Re: Tout ce qui ne tue pas rend plus fort ou handicapé. [Libre] Mer 22 Fév 2017 - 19:06
Il ploya sous la douleur, à genoux dans son propre vomi mélangé des denrées de la veille et de son sang. L'idée de faire une hémoragie interne lui percutait l'esprit, mais il était bien trop concentré sur sa douleur pour se préoccuper de sa conversation, toussant encore du sang, se massant la gorge, la pomme d'adam, essayant de calmer ses quintes de toux qui à chaque impulsion semblaient le charcuter de l'intérieur. Le dos tourné à ses camarades, recroquevillé à genoux, il profita d'une discrétion toute relative pour extraire de sa poche quelque chose qui ressemblait à s'y méprendre à un calmant, et le plaça sous sa langue, sa gorge étant trop sèche pour l'avaler correctement. Il entendait Séraphin vociférer à l'attention des deux flêches perdues qui subissaient le même sort que le trio d'infortune, en plus d'avoir été abandonnés par le sergent Lucifer.
Dreit se sentit porter et soutenir de part et d'autre par Chantebrume et Trell, essayant tant bien que mal de mettre un pied devant l'autre. Pravé ne l'avait pas ménagé et il se sentait littéralement à la merci de ses acolytes. Une larve en apparence. Mais son regard, lui, quand bien même avait-il laissé quelques larmes perler à cause de la douleur, demeurait le même : imperturbable, vide de toute émotion, impossible à percer. Secoué, il fut encore épris de quelques quintes de toux sanglantes, éclaboussant au passage les miliciens salvateurs qui finirent par l'accompagner sur un matelas fin et miteux, sur lequel il s'allongea docilement, se redressant par intermittence pour tousser dans sa main gantée. Le goût du sang devenait encore plus insoutenable que la douleur à laquelle il s'était faite.
Les deux larbins étaient revenus avec des gourdes et quelques denrées que les cinq commençaient à se partager tandis que leur groupe avait attiré tous les regards vers eux. C'était les nouveaux. Certains étaient là depuis quelques jours tout au plus, d'autres étaient assigné en permanence à cet avant poste. Dreit et ses acolytes, eux, étaient de la chair fraîche. Il n'était pas impossible que dans le dortoir gisent quelques miliciens qui avaient, par ailleurs, participé aux jets de projectiles pour accueillir dûment la fournée de miliciens consignés.
Alors qu'ils se partageaient les vivres, Dreit finit alors par se redresser, malgré la sollicitude de Trell. Il prit la parole, atténuée par la toux et la douleur.
"Ceux que l'on nomme numéro deux et numéro trois, vous allez finir par donner votre nom. Quant à toi, Chantebrume, j'aimerais que tu éprouves moins d'animosité à leur égard. Le mal est fait et ils ont en plus été abandonné par leur sergent. Je pense qu'ils ont bien retenu la leçon et tu n'aimerais pas être à leur place, je présume."
Il se tourna ensuite vers Trell.
"Tu n'as rien à faire là et ta punition est une erreur. Lorsque tout cela sera terminé, je saurai m'acquitter d'une dette que j'ai envers toi."
Une autre quinte de toux, alors qu'on s'empressait de lui tendre une gourde. Il put enfin se raffraîchir le gosier et faire passer la petite graîne qu'il avait avalée. La refermant, il poursuivit.
"Trell, tu es un milicien de l'Extérieur. Avant que nous ne soyons séparés tous les cinq demain, je gage que tu as des conseils à nous prodiguer pour assurer à tous notre survie le temps de notre séjour à Labret ?"
Séraphin ChantebrumeAdministrateur
Sujet: Re: Tout ce qui ne tue pas rend plus fort ou handicapé. [Libre] Dim 26 Fév 2017 - 0:41
Barral leur avait trouvé des lits, plus à même de permettre à Hérald de se reposer qu’un vulgaire banc et relativement à l’abri. Lorsque les deux larbins revinrent avec de quoi se sustenter Séraphin ne les regarda même pas et fut réellement surpris des paroles de Dreit qui semblait vouloir jouer la carte de l’apaisement.
"Ceux que l'on nomme numéro deux et numéro trois, vous allez finir par donner votre nom. Quant à toi, Chantebrume, j'aimerais que tu éprouves moins d'animosité à leur égard. Le mal est fait et ils ont en plus été abandonné par leur sergent. Je pense qu'ils ont bien retenu la leçon et tu n'aimerais pas être à leur place, je présume."
“Tu présumes, on est tous dans la même merde ici Dreit et ces corniauds en sont responsables. Mais soit, je veux bien mettre un peu d’eau dans mon vin s’ils ne la ramènent pas trop.” Il se tourna vers les deux pantins qui regardaient leurs pieds. “Mais prenez pas trop la confiance bande de baletringues, sinon je vous nique vos races.”
Il eut en revanche des mots bien sages à l’égard de Barral qui était bien le seul dans toute cette histoire à n’y être réellement pour rien, une belle injustice que les deux miliciens tenteraient de réparer du mieux qu’ils le pourraient.
Numéro deux s’exprima enfin après un long moment d’hésitation.
“Moi c’est Gérard, Gérard Mentraison. Et lui c’est Henri, Henri Cochet. Euh on est désolés pour tout ça…”
Spoiler:
Je fais court vu que la dernière question a été posée à Barral, j'essaierai de faire un peu mieux la prochaine fois
Barral TrellMilicien
Sujet: Re: Tout ce qui ne tue pas rend plus fort ou handicapé. [Libre] Ven 3 Mar 2017 - 13:17
Contre toute attente les deux morpions étaient revenus avec de quoi se faire un petit repas, toujours plus appréciable que de dormir le ventre vide, et en plus ils avaient fini par donner leur nom. Comme quoi tout n'était pas perdu avec eux. Enfin Dreit et Séraphin les avaient grandement aidé à faire cet aveu. Mais au final, tous les cinq étaient dans la même galère. Demain aux aurores ils connaîtraient enfin leur mission. Peut-être la dernière.
Par habitude, le borgne ne mangea pas l'intégralité de sa ration, préférant mettre de côté un bout du pain qu'il emballa avec soin dans un morceau de tissu avant de le glisser dans son sac. Même si l'envie était grande de tout avaler, savoir qu'il aurait quelque chose à manger demain, même si ce ne serait guère suffisant pour le rassasier entièrement le rassurait un peu. Au moins il aurait un peu à manger.
Dreit cherchait à s'excuser. Sincérité ou simple besoin de le caresser dans le sens du poil, comme il venait de le faire avec les deux asticots ?
-Fallait peut-être réfléchir avant de tuer cet homme...
La phrase avait gicler, cinglante réplique, avec tout l'amertume qu'il avait encore en lui. A cause de ce qu'il avait subi par la faute du blondinet. Alors oui, Barral lui en voulait. Mais de là à vouloir souhaiter sa perte...
- Il n'y a rien de spécial à savoir. Enfin rien de plus que les règles élémentaires de bon sens. Les fangeux sont audacieux, malins, n'essayer pas de jouer au plus fin avec eux. Ce sont des créatures très rapides et imprévisibles. Si jamais vous êtes amené à dormir dehors le mieux à faire est de se carapater dans un abri. Ouvrez grands vos yeux et vos oreilles. Et servez-vous de votre nez. Un fangeux ça ne sent pas l'eau de rose.
Séraphin ne te laisse pas bouffer cette fois. Utilise ta rage à bon escient. Un fangeux sans sa tête ne vous embêtera plus. Mais bon n'essayez franchement pas de vous battre en duel contre eux, c'est un travail de groupe pour arriver à en tuer un.
Ce qui voulait dire qu'il fallait laisser ses griefs envers ses compagnons pour assurer la survie du groupe. En temps normal ensemble ils auraient certainement constitué un très bon groupe pour faire face à des fangeux, mais là, ils se retrouvaient tous affaiblis par leur blessures.
- Autre chose, si les fangeux chercheront à tout prix à vous bouffer, les bannis si vous en croiser voudront vous tuer. Et peut-être vous dépouiller de vos armes, vêtements...enfin de tout ce qui peut leur être utile.
Barral bailla. Il était grand temps de songer à dormir un peu. Profiter de la nuit pour récupérer quelques forces parce que demain il leur faudrait être en mesure d'assurer.
- Dreit essaie de suivre les ordres des gradés. Ce sont eux qui connaissent le terrain. Réveille-moi dans 3 heures.
Barral s'enroula dans sa couverture le dos appuyé contre le mur essayant de trouver le sommeil. Il finit par s'endormir le sourire aux lèvres, son esprit lui avait à nouveau remémorer un visage apaisant.
Hérald DreitMilicien
Sujet: Re: Tout ce qui ne tue pas rend plus fort ou handicapé. [Libre] Ven 3 Mar 2017 - 19:18
Il mastiquait un morceau de viande séchée au goût douteux, silencieux, ne montrant nulle réaction à l'animosité de Trell tandis qu'il acquiesçait à l'ouïe de ses conseils et directives. Il ne put s'empêcher de fusiller Chantebrume alors qu'une remarque était adressée à ce dernier, celle d'utiliser sa rage à bon escient, plutôt que de l'instiller au compte goutte sur ceux qui disaient se nommer Gérard Mentraison et Henri Cochet. Peut-être que si les directives venaient d'un milicien de l'extérieur, neutre, qui était le moins à blâmer dans cette affaire, peut-être que...?
Il haussa doucement les épaules, finissant par étirer un sourire serein à l'idée de mourir demain déchiré par un fangeux ; c'était sans doute une mort bien plus honorable que de finir jeté et insulté par une milice qui le haïssait au fil des jours. Finalement, cette peine de mort déguisée semblait lui seoir à merveille. Cochet et Mentraison s'échangèrent un regard incertain, comme perturbé par la sérénité du grand blond pâle. Comment un homme glacial qui s'était presque fait tuer par un sergent a priori véreux pouvait encore garder la foi ?
"La Trinité. Rikni est avec nous. Vous ne devez jamais oublier cela. C'est malheureusement un problème récurrent dans la milice, bousculée par des intérêts personnels où les gens se font la course à l'action la plus débile. Mais ne vous en faîtes pas, je compte bien tomber la tête de Lucifer si d'aventure je revenais sur Marbrume. Inutile de me vendre des informations que vous n'avez pas à son sujet. Cela se lit sur sa figure qu'il trempe dans des affaires louches. Il dégage la même odeur que Lazare."
Garcin Lazare. Ce sergent qui profitait d'un traffic d'opium et qu'il aurait bien tué sans sommation si d'Algrange n'avait pas travaillé en sa compagnie. Malheureusement, si Dreit avait appliqué sa propre justice, sans doute que le petit orvet se serait mis inutilement en travers de sa route. Et quand bien même cette milicienne était bouffie d'orgueil, elle restait au-dessus du lot.
"C'est qu'on aimerait bien vous aider, on a compris la leçon... Mais on n'a que trop peu correspondu avec le sergent, vous savez. Le coutiller nous laissait nous servir dans la réserve d'alcool en douce. On veut bien admettre que c'est pas correct, mais comment vous voulez profiter de privilèges si tout le monde transgresse les règles ? C'est la loi du plus fort, on avait le choix entre écarter les fesses où se ranger du côté de ceux qui se faisaient respecter." "Ce n'est plus l'heure d'en discuter..." coupa Dreit. "Demain vous mourrez peut-être. Pensez-y et lavez votre honneur au possible. Je n'ai rien de plus à vous dire qui puisse atténuer votre amertume et votre culpabilité."
Il se tut un instant, replantant son regard dans celui de Chantebrume.
"Cet avertissement vaut pour toi aussi. Si vous avez la chance de rester ensemble, Chantebrume, il vaudrait mieux que tu soignes tes paroles et cesse de les brusquer. Regarde, je ne t'ai pas traité d'idiot depuis notre arrivée et pourtant tu sais que je n'en pense pas moins. Vous quatre avez quinze jours à tenir. Vous pouvez vivre. Aidez-vous les uns les autres. Moi, je sais déjà ce que je souhaite."
Dreit demeurera silencieux par la suite, attendant approximativement trois heures avant de taper dans la jambe de Trell pour le réveiller au moment où celui-ci montrera des signes d'agitation entre deux cycles de sommeil.
Séraphin ChantebrumeAdministrateur
Sujet: Re: Tout ce qui ne tue pas rend plus fort ou handicapé. [Libre] Dim 5 Mar 2017 - 22:45
L’on goûtait enfin à toute l’étendue de l’amertume de Barral qui était resté coi ou presque depuis leur départ de Marbrume. Ce dernier l’avait mauvaise et pour cause, rien de tout cela ne lui serait arrivé s’il n’avait pas tenté d’être aimable et prévenant. Séraphin quant à lui faisait une nouvelle fois les frais de son tempérament et ne s’en offusquait pas plus que ça, c’était devenu une part de son quotidien et il se foutait dans tous les cas pas mal d’y rester ou pas, pour peu qu’il puisse arracher quelques têtes de fangeux au passage.
Les deux crétinoïdes semblaient vouloir s'amender. Après tout, peut-être que Dreit avait raison, finalement la punition était la même pour tout le monde et puisqu’ici ils n’étaient tous que de vrais connards qui risquaient leurs vies pour des intérêts qui leurs étaient supérieurs. Autant le faire dans de bonnes conditions, tout le monde ne s’en porterait que mieux.
La nuit arrivait, portant avec elle les ronflements et les pets gras des miliciens sales et immondes qui se vautraient et se retournaient dans leurs paillasses puantes. Séraphin lui ne dormait pas, impossible de fermer l’oeil avec le dos zébré sanguinolent, il craignait aussi bien trop les autres troufions qui dormaient ici. Leur comité d’accueil avait été d’une amabilité rare et il n’était pas impossible qu’on tente de s’amuser avec eux au beau milieu de la nuit. Pourtant la douleur était exténuante et sans s’en rendre compte il commençait à somnoler.
Un chat faisait de l’équilibrisme sur une corde à linge tendue entre deux balcons, chose inhabituelle somme toute si ce n’est que le dit chat portait un chapeau et une cithare en bandoulière. Les choses devinrent carrément étranges quand le félin s’arrêta à mi-corde pour jouer un petit air et saluer une horde de souris groupies qui s’époumonnaient en contrebas. Un violent coup de vent déséquilibra l’animal qui vacilla un instant.
Séraphin lui observait la scène par une fenêtre proche, médusé. Il murmurait des avertissements pour lui-même car évidemment les chat ne comprennent pas, pas plus qu’ils ne s’en soucient, ce qu’on peut bien leur raconter.
Un violent coup le réveilla en sursaut.
“Ta gueule connard! Tu nous emmerdes avec ton chat à la con.”
Un coup d’oeil circulaire lui apprit que Barral et Dreit étaient dans la même situation que lui, tous s’étaient endormis et les soudards qui se reposaient ici avaient sauté sur l’occasion. L’un deux, qu’on appelerait numéro quatre une fois son dressage terminé s'avança et lui en colla une autre, juste pour être sûr.
“Alors les filles, on fait pas les présentations?”
Barral TrellMilicien
Sujet: Re: Tout ce qui ne tue pas rend plus fort ou handicapé. [Libre] Jeu 9 Mar 2017 - 17:18
Le coup de pied de Dreit le tira de son premier sommeil. Le borgne n'avait aucune idée si son camarade l'avait réveillé comme il lui avait demandé ou s'il avait au contraire profité plus longtemps du confort sommaire de sa couche. Il se leva.
- Allez pousse toi de là Dreit, chacun son tour.
Sans vergogne et parce qu'il n'était pas vraiment d'humeur à jouer encore les bons samaritains il s'allongea à la place du blond. Barral ne mit que peu de temps à se rendormir serrant dans ses bras son sac. La fatigue, son dos meurtri eurent vite raison de la veille qu'il voulait s'imposer et bientôt il s'endormit à poings fermés. La terre pouvait bien s'ouvrir qu'il ne s'en rendrait même pas compte.
Demain serait un autre jour...
Spoiler:
Fin pour moi. Désolé.
Hérald DreitMilicien
Sujet: Re: Tout ce qui ne tue pas rend plus fort ou handicapé. [Libre] Jeu 9 Mar 2017 - 17:42
Le grand blond pâle céda sa place au faux borgne, se hissant en dehors de la couche de fortune partagée par le quintuo. Dans sa vision trouble, il mit du temps à discerner Chantebrume, Mentraison et Cochet. Ils semblaient dormir à poings fermés, comme Barral qui ne se fit pas prier pour replonger dans un sommeil sommaire. Il en déduit que c'était à lui de continuer à veiller sur le groupe. Mais la pillule avait son effet, et si la douleur s'estompait, il gardait difficilement les idées claires. Ses genoux chancelaient presque alors qu'il se tenait debout, comme un air de fangeux, observant ce félidé qui, de son haut de forme, se mettait tantôt sur ses pattes postérieures, tantôt reprenait sa posture naturelle. Il s'exprimait d'une voix grave.
"Veuillez patienter, mes chers confrères, le temps que je vous dicte l'énoncé d'aujourd'hui..."
Une sorte de mécanisme se matérialisait devant lui, un outil que le grand blond pâle n'avait jamais vu de tout son vécu, qui émettait un ronronnement continu, affichait de la lumière, des inscriptions, frappé minutieusement par le chat au point d'émettre des cliquetis incompréhensibles. C'était de la sorcellerie. Comment une lumière pouvait s'exprimer ? Comment ces inscriptions pouvaient-elles survenir sans véritable intervention humaine ? A côté de ces détails, le fait qu'un chat noir presque humanoïde soit doué de parole ne perturbait pas vraisemblablement Dreit.
"Mes chers amis, quelle différence peut-on faire entre la matière et le corps ?"
La horde de rongeurs qui bruissait en contre bras s'était stoppée nette, bientôt on voyait mille souris pointer le bout de leur nez vers le ciel, tel des suricates qui gettaient la moindre alerte, le moindre danger. Ce spectacle n'avait aucun sens, et pourtant Dreit semblait, comme à son habitude, chercher l'ésotérique interprétation de cette vision que lui communiquait Rikni.
"Qu'est-ce que la matière ? Qu'est-ce que le corps ?" questionnait une souris qui avait la voix de Castagnier. "Moi quand j'ai chié c'est d'la matière qui provient de mon corps." ajouta un autre rongeur, cette fois à la voix de Siegfried. "Un bon huit sur dix" surenchérit le rat qui avait ces airs de Vuk Loufiacre.
"C'est une très bonne remarque, mon cher élève." s'exprima le chat noir avec une voix plus grave que grave, qui n'avait rien de naturel, mais ça, on s'en cognait, il fallait saisir la différence entre la matière et le corps. "Et lorsque tu simplifies l'équation, tu obtiens un bon quatre sur cinq... Seconde question, pensez-vous que la sémantique informationnelle démystifie la thématique des êtres que nous sommes ? En effet d'un point de vue purement épystémologique et fonctionnel, la conception d'un monde clos face au silence organique d'une pensée unique maximalise les probabilité de succès de notre entreprise."
C'était donc ça le sens de la vie... Mais le comité intellectuel n'avait le temps de s'éterniser sur cette nouvelle épreuve philosophique que des fangeux faisaient leur apparition, redonnant à ce chat ces airs sauvages motivé par un instinct de survie. Les trois fangeux qui avançaient en direction de Dreit étaient tout ce qu'il y avait de plus humains dans le comportement, mais leur carcasse verdâtre, leurs griffes, leurs longues dents en disaient long sur leur état.
"Alors les filles, on fait pas les présentations?"
Un fangeux qui parlait restait un fangeux. Un mort en sursis, dont la tête se décolla sur-le-champ alors que Dreit avait tiré son ensis d'un souffle, s'apprêtant à poursuivre les deux autres engeances mais ayant cette désagréable impression de courir dans un cours d'eau. Si rien ne le ramena à la réalité, il sentit un poid sur son dos, sur sa tête, son ensis le quitter, et les images se noircir. Néant.
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Sujet: Re: Tout ce qui ne tue pas rend plus fort ou handicapé. [Libre]
Tout ce qui ne tue pas rend plus fort ou handicapé. [Libre]
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