Une simple mission d'escorte... ? [TERMINE]

Le blond replia la missive, avisant son supérieur du regard.

"C'est vous qui décidez, chef."
"J't'avoue qu'ça m'f'rait chier d'te coller des missions aussi moisies, surtout depuis ton coup d'éclat à Pommeville ; mais là franchement, si on dépêche personne, la bécasse elle va nous casser les burnes, ça va lui revenir en paires de mandales dans sa gueule et on va ENCORE se fait traiter d'oppresseurs. Et comme tu m'as pas l'air trop trop con - ça me fait chier de l'avouer, Dreit, parce que, merde, tu me fais chier - j'me dis qu'en plus de pas voir ta sale gueule d'effeminé, t'aimes asses les affaires bénignes pour avoir le flair juste quand ça sent un peu l'caca. A croire que t'aimes ça."

Le sergent Hagine, de son prénom Tim - t'imagines donc le nom du sergent - toisa le grand blond blafard d'un air blasé et presque énervé. Dreit le soutenait du regard, sans dire mot, et ne fit qu'hocher la tête.

"Je m'en occupe."
"C'est bien c'que j'pensais. Par contre tu vas pas travailler seul. Tu vas travailler avec Le Pêcheur."
"Mh, oui, c'est une bonne idée, chef. Mais étant donné qu'il ne s'agit que d'une escorte et et que certains miliciens ne se contente guère de ma compagnie, pourquoi ne puis-je travailler seul ?" rétorqua Dreit d'un sourire amusé à son supérieur.
"Parce que t'es trop mauvais."

Le ton de Tim Hagine avait quelque chose d'humoristique, mais il faisait ressentir en lui cette animosité qu'il avait pour son tâcheron préféré - chose qu'il n'osait dire. C'était presque le seul milicien qui avait des rapports avec lui, les sergents préférant passer par les coutilier pour certaines affaires, mais sergent Hagine avait profité de l'alphabétisme Dreit plus d'une fois.

"Mh, oui, vous m'avez convaincu, chef. C'est une bonne raison. Je vais travailler avec Le Pêcheur."

Le blond effectua un salut militaire à son chef qui le toisait d'un oeil mauvais, assis à son bureau. Dreit quitta ensuite la pièce sans demander son reste, slalomant parmi les miliciens qui allaient et venaient dans les couloirs, allant rejoindre Le Pêcheur qui, avachit sur un banc de marbre sale dans la cour intérieure de la caserne, attendait en se curant le nez. C'était un homme grand et mince, typé caucasien, le cheveu châtain et en bataille. Il avait un long nez crochu, les lèvres grosses et humectées en permanence. Puis il se grattait sa barbe naissante, observant avec surprise Dreit de ses yeux bleus gobuleux. Le blond se tenait devant lui, le menton relevé, jaugeant son collègue d'un regard froid, le menton légèrement relevé. Le prenant littéralement de haut.

"En route."
"Ouais ben ouais hein c'pas trop tôt oh l'autre."

Le grand dadais taillé comme un manche à sucette se levait d'un bond, l'attitude infantile, tandis qu'il adoptait une démarche de pas de loups alors qu'il marchait à côté de Dreit, le dos complètement tassé, la tête penchant vers l'avant, étant tout à coup un peu moins grand que le blond. Ensemble, ils se dirigèrent en direction de l'établissement intelligemment intitulé l’Effeuill’Âge.

"Eh, eh, tu crois ça copule dans les feuilles à travers tous les âges ? Elle est bonne Dreit, hein. Dreit."

Le blond ne répondait pas, n'accordant pas même un regard à Le Pêcheur. Il ne se souvenait même plus de son nom de famille et c'était présentement le cadet de ses soucis. Il voulait en finir au plus vite avec cette affaire, d'autant plus que tout ce qui avait trait à la prostitution lui rappelait inévitablement la douceur de Gisèle.

Ils arrivèrent à bon port avec quelques minutes de regard. Dreit balaya la foule du regard, ne tardant pas à apercevoir une femme seule. Il s'approcha promptement d'elle, dardant un regard froid sur la silhouette.

"Bonjour. Seriez-vous madame Caldéran ? Nous avons été mandés pour vous escorter. Nous sommes à votre service jusqu'à ce que vous n'avez plus besoin de nous."

Le ton froid, qui contrastait avec le caractère chevaleresque que revêtait la prose de Dreit, fit pouffer de rire Le Pêcheur, qui se rinçait l'oeil et s'essuyait la bouche avant d'essayer de reprendre un peu de contenance devant cette femme plutôt charmante qui l'intimidait.

Dreit alla pour tendre les bras et réceptionner les effets personnels de la prostituée, mais il fut devancé par Le Pêcheur qui jasait des "Moi moi moi c'est bon j'm'en occupe", bousculant presque le grand blond pâle pour saisir d'une poigne le sac que tendait madame Caldéran pour le reposer sur son dos la main rehaussée au niveau de son épaule. Le blond haussa les épaules, non décontenancé le moins du monde.

"Je m'appelle Hérald Dreit. Mon collègue Le Pêcheur et moi sommes à votre service jusqu'à ce que vous n'ayiez plus besoin de nous."
"Oh l'autre nan mais eh tu fais quoi de l'heure de l'apéro ! Haha ! Juste une escorte parce qu'après c'est l'heure d'avoir les dents du fond qui baignent, hen."

Le Pêcheur accorda un sourire jusqu'aux oreilles à la dame de joie, ses yeux emplis d'une tendresse extra-ordinaire que lui-même ne saurait s'expliquer. Dreit, lui, demeurait de marbre, fermant la marche tandis que Le Pêcheur marchait aux côtés de la roturière.

"Vous savez pourquoi on m'appelle Le Pêcheur ? En vrai j'm'appelle Lécasse et mon prénom c'est Samuel. Pour les intimes c'est Sam', Lécasse pour la hiérarchie d'la milice et Le Pêcheur pour l'reste d'la populace, ma jolie."

Au fur et à mesure qu'ils progressaient, ils traversèrent comme convenu une allée majoritairement fréquentée par des femmes de petite vertus, certaines semblant s'exhiber avec une sensualité telle qu'elle en valait le détour. Sam' Lécasse oublia complètement sa protégée. Même Dreit ne put s'empêcher de détourner le regard ; simplement pour observer les environs, ainsi il détournait très vite les yeux de ce qui ressemblait de son point de vue à des gestes obscènes.

"Faudrait vraiment qu'sois moins replié sur moi-même pour mieux observer mmh... Faudrait qu'j'sois plus ouvert, franchement Dreit, c'est mignon tout ça hein ? Oh cette sal*pe hein... Mmmh... Tu t'touches à moitié dis donc ?"
"PÊCHEUR."

La voix de Dreit avait retentit dans les environs, provoquant un silence de plomb tandis qu'on entendait des bruits de claquement. C'était la fille de joie, derrière la vitre, qui montrait gentiment son postérieur à Samuel, se claquant le fessier par intermitence. Samuel, lui, regardait le grand blond pâle d'un air enfantin, l'air de type "mais j'ai rien fait m'sieur". Dreit plantait un regard assassin dans celui de son collègue, et désignait d'un geste de tête agacée Madame Caldéran, celle pour qui ils étaient là. Pas cette drôle de créature dénudée qui n'avait pas semblé le moins du monde intimidée par Dreit tant le vitrage semblait avoir atténué sa voix portante.

"Oh ben dis donc... Désolé m'dame Carré d'âne, j'me suis emporté, eh." fit Sam' Lécasse dit le pêcheur en revenant auprès de la femme à grandes enjambées presque théâtrales.

Le Pêcheur semblait s'être calmé alors que les deux miliciens avaient suivi la prostituée dans un lieu qui ressemblait à une bâtisse abandonnée où les femmes comme Madame Caldéran travaillaient. Personne ne viendrait réclamer ce lieu, ainsi la paix céans semblait relative et fragile, pourvu que la présence de deux miliciens ne vienne faire office de trouble fête. Dreit gardait un oeil mauvais sur Le Pêcheur, pourvu qu'il reste docile le temps de leur visite dans cet hospice désolé. Ils se tenaient de part et d'autre de la dame escortée, comme faisant office de deux gardes du corps - un et demie, Le Pêcheur ayant l'air d'être là par hasard, le dos courbé, les mains dans les poches et le regard vide d'expression.

Ils partirent aussi vite qu'ils étaient venus, bifurquant dans un endroit plus étroit, plus peuplé, par lequel Hérald ne passait que trop peu. Les femmes étaient plus présentes, les clients potentiels aussi. L'un d'eux, à la carrure assez imposante, fit signe à son ami en désignant du regard Le Pêcheur qui se frottait les mains, l'air enfantin et amusé, se rincant l'oeil à la moindre occasion. Il avait la tête complètement dans les nuages, tandis qu'il se fit bousculer, tombant pitoyablement à la renverse, complètement sonné, tandis que l'un des gars riait aux éclats avant de continuer sa route comme si de rien n'était, laissant les femmes alentours silencieuses, muettes comme des carpes, quelque peu effrontées. Dreit marcha lentement en direction de son collègue, l'attrapant à l'oreille d'une forte pince au point qu'il avait intérêt à se remettre très vite debout s'il ne voulait pas avoir son lobe arraché.

"Prudence est mère de sûreté. Sois attentif et évite nous des ennuis inutiles, veux-tu ?" dit-il en lâchant son collègue encore sonné, complètement désorienté, regardant Dreit puis Madame Caldéran.
"Meeh, c'bientôt finit madame Caldérasse ? Nan pas parce qu'on s'fait chier, mais c'est un peu vot' territoire ici, y avez quoi à craindre ?"

Le Pêcheur avisait la dame avec de grands yeux, à côté de Dreit qui demeurait de marbre, ne réagissant pas le moins du monde alors qu'il était préoccupé à lancer des regard aux alentours ; notamment à des personnes qui détournaient à leur tour le regard, portant leur attention ailleurs. Le Pêcheur éclata de rire lorsqu'il vit que la famme s'était tantôt écriée, tantôt calmée.

"Meh oh vas-y pète un coup c'est bon, y a pas mort d'homme !" dit-il en palpant ses poches, ne retrouvant pas sa bourse, prenant un air horrifié, comme s'il voyait la fin du monde se dérouler sous ses yeux.

Ce qui vallut à Dreit de l'empoigner par l'épaule avant même qu'il n'ait eut l'idée de faire demi-tour et rattraper les voleurs.

"Cela te servira de leçon. Je te paierai un buck si cela peut te rassurer mais, par la Trinité... Concentre-toi sur cette mission sinon tu perdras bien plus que ta bourse !"

Le grand blond avait parlé d'un ton ferme, renfermant les traits de son visage comme pour faire montre d'une certaine autorité. On le croirait en fait agacé par le comportement de son binôme, mais il reprit ce même air fermé alors qu'il fit un signe de tête à Madame Caldéran pour continuer. Ils la suivirent alors qu'elle rendait visite à quelques-uns de ses contacts, puis ils finirent dans une impasse, où trois gars attendaient, les bras croisés à discutailler de tout et rien. L'archétype des individus peu recommandables à première vue. Lorsqu'ils virent arriver Madame Caldéran, il se redressèrent, tandis qu'un grand gaillard chauve au teint halé s'approchait de Madame Caldéran.

"Mais qui voilà ? C'est la belle Aalicia ? Tu t'es payé deux miliciens pour mettre un peu d'piquant dans tes orgies ou quoi ? Qu'est-ce que tu fous là ?"

Les deux gorilles restés en arrièrent rièrent comme des imbéciles. Le Pêcheur se prêta au jeu, mais baissa vite le regard lorsque l'interlocuteur de la noble plantaint un regard dominateur dans le sien. En revanche, Dreit, lui, gardait cette même expression froide et fermée, tandis qu'il soutenait le roturier du regard. D'un regard perçant et ophidien.

"Tu paies la milice pour faire tes comissions maintenant ? Et Rougelac alors ? Tu l'as jeté à cause de ses mauvais coups d'reins ?"

"Je déteste cela." se dit le milicien à lui-même alors qu'il s'empressa de saisir madame Caldéran par l'arrière, enroulant un bras fort et armuré autour du cou de la jeune femme pour lui administrer un étranglement au niveau des carotydes, levant légèrement le genoux pour l'obliger à se cambrer, la déséquilibrant ainsi pour ne lui laisser aucune chance de tenter quoi que ce soit de stupide. Il attendit qu'elle perte connaissance pour la charger comme un vulgaire sac à patates, les deux gorilles lançant des regards noirs aux miliciens, alors qu'eux étaient affairés à remettre d'aplomb leur camarade qui s'était pris un coup pointu dans les robignoles en plus de voir son nez presque cassé et sa main trouée. Elle n'y était pas allé de main forte et il fallait à tout prix la maîtriser.

"OAH ! Trop violente la Madame Carré d'as ! Dans ses COUILLES à l'autre vachette là !" s'excitait tout seul Le Pêcheur autour de Dreit qui avait sur son épaule une roturière inconsciente.
"Ramasse ses affaires." répondit Dreit d'une voix ferme.

Les deux miliciens rebroussèrent chemin au milieu de ce quartier mal fâmé, ignorant les divers regards qu'on pouvait lui lancer alors qu'il se trimballait sur lui une femme plutôt jolie. Les plus sceptiques auraient pu croire à un bourreau qui voulaient la violer ; pour d'autres, c'était une scène quotidienne parmi d'autres. Ainsi il arriva jusqu'à la caserne de la milice sans encombre, toujours accompagné de Sam' Lécasse, où il se dirigea sans détour au niveau des cachots, repérant une cellule du regard ; toutes étaient déjà occupées, mais dans l'une d'elles, une jeune fille s'y trouvait, le regard innocent, comme s'il s'agissait d'une vulgaire voleuse de pommes.

"Ouvrez." ordonna-t-il à qui de droit, un garde s'empressant de faire tourner une clef rouillée dans la serrure de la cellule, tandis que Dreit y entra pour allonger Calderan sur un matelas et ressortir aussi vite qu'il était entré.

"Oh bah dis donc Dreit toi t'y vas pas avec l'dos d'la cuillère."
"Puisque tu as suffisamment d'énergie pour parler, rends-toi et utile et va prétenir l'Effeuil'Âge que Madame Cadéran est ici et que nous avons procédé à son arrêstation pour écart de conduite. Cela me laisse le temps de la surveiller."

Il plantait cet éternel regard froid et inquisiteur alors qu'il parlait, intimant son comparse qu'il avait tout intérêt à coopérer. Ce dernier répondit d'un hochement de tête énergique et tourna les talons, détalant comme une gazelle, comme un garçon qui courait, s'en étant allé à la besogne l'air tout fier.

Le milicien avisa finalement le garde des geôles puis, se disant qu'il avait la situation en main, il en profita pour quitter momentanément les cachots et s'attarder sur de la besogne de milicien. L'idée d'écrire un rapport sur la situation au vu de ce qui avait pu se produire était tentante, mais il était encore trop tôt pour cela. A la place, prendre un minimum soin de son hôte était convenable et bienvenue si la milice était ainsi dite "les héros du peuple". Il déambulait machinalement dans les couloirs jusqu'à retrouver la salle commune, assez vide pour le moment. Il y avait des restes de la nourriture servie à midi. Il disposa sur un plâteau le classique du détenu : une miche de pain, un morceau de fromage et un verre d'eau ; le tout en deux rations, madame Caldéran ayant une copine de cellule provisoire. Il se dirigea vers son casier pour y attraper un ouvrage quelconque qu'il coinça sous le coude, allant prendre le plateau de bois humide dans ses deux mains. Revenant sur ses pas, il intima au geôlier d'ouvrir à nouveau la cellule, déposant le repas de Madame Caldéran au pied du lit où elle était allongée. Il en profita pour la palper et la vider de ses effets personnels pour le peu qu'elle possédait, fût-ce papiers d'identité, bourse, le tout dans des gestes totalement chastes, comme s'il palpait un homme. Apres quoi il sortit, jetant un oeil au passage à la fille silencieuse, qui regardait avec admiration la nourriture et qui ne se fit pas prier. Cela aurait pu attendrir n'importe qui ; Dreit restait de marbre, se plongeant dans une lecture.

La noble se réveillait et questionnait sur sa présence ici. Dreit refermait son bouquin.

"Vous êtes ici pour avoir agressé un roturier sous mes yeux. C'était tout à fait compréhensible de votre part, mais quand bien même vous avez payé la milice pour faire de moi un chien docile le temps d'une après midi, je n'en reste pas moins fidèle à mon devoir. Aussi je vous ai consignée ici parce que vous êtes en infraction. Prenez le temps de vous remettre de vos émotions, mangez, et demandez au geôlier à ce qu'il vous conduise à la cabine treize quand vous vous sentirez mieux. Je vous interrogerai brièvement, après quoi vous serez libre de partir. Le Pêcheur a prévenu votre établissement."

Sur ces paroles, il tourna les talons et quitta les geôles sans demander son reste, allant déjà s'installer pour recevoir Madame Caldéran.

Dreit et Le Pêcheur s'était installé dans une petite salle sombre et poussiéreuse, éclairée à la lumière du jour seulement - qui s'évanouissait timidement au passage, en cette curieuse journée printanière.

"Ouaip, Rougelac c'est sûrement en référence au COMTE de Rougelac. Et si notre amie Caldéran fricotte avec lui, y a quand même des chances qu'elle baigne dans des affaires pas nettes."
"Elle évoquait un certain Julian avant que je ne la neutralise. En ce qui concerne le Compte de Rougelac, qu'est-ce que tu peux me dire sur lui ?"
"Qu'il est puissant est très intelligent. Les gens sont pas du genre à plaisanter en parlant de lui, là où on s'fout d'ta gueule quand on parle de toi et tes penchants pédérastes."
"A croire que Madame Caldéran est par extension quelqu'un "d'important"...
"C'est ça."

Un silence songeur s'installa, Dreit croisant les bras sur les documents qu'il était aller emprunter aux archives ; tout ce qu'il avait pu récupérer sur l'Effeuil'Âge et qu'il pourrait possiblement agrémenter après l'interrogatoire.

"Elle s'est montrée d'une violence extrême oubliant même jusqu'aux conséquences de ses actes lorsqu'on a insulté le Comte de Rougelac. Les deux personnages doivent être proches."
"Ouaip, c'pas faux !"
"Vois ce que tu peux trouver sur Madame Calédran et son entourage. Mets un accent sur sa liaison avec le Comte de Rougelac."
"C'est comme si c'était fait, j'm'en vais à la pêche aux infos ! Après tout on m'appelle pas Le Pêcheur pour rien... Hihi."

Il adressa un sourire débile à Dreit qui restait de marbre, le visage pensif. Le pêcheur sortit de la petite salle, croisant un collègue qui s'occupait d'amener Madame Caldéran jusqu'à la salle d'interrogation tandis que Le Pêcheur adressait à la noble un regard aguicheur, plissant le front à plusieurs reprises et se donnant un air faussement pervers tandis qu'il reprenait sa démarche habituelle de bossu.

On installa Madame Caldéran en face de Dreit tandis qu'on fermait la porte, le milicien chargé de la surveillance de la détenue provisoire se tenant dos à la porte, les bras croisés. Dreit plantait un regard glacial dans celui de Madame Caldéran.

"Madame Aalicia Caldéran. Vous avez d'une façon ou d'une autre réussi à vous attirer les services de la milice pour profiter d'une escorte personnelle afin de vous accompagner faire vos courses dans Marbrume. Lorsque nous arrivions dans une impasse, un individu vous a provoquée et vous vous êtes subitement emportée dans un accès de colère en le tabassant presque à mort. J'ai dû intervenir pour vous maîtriser avant qu'on n'ait eu à incinérer qui que ce soit. C'aurait été dommage, en plus d'être une charge de travaille supplémentaire dont on se passerait bien."

Il se redressa, se tenant droit et ne quittant pas la dame des yeux.

"Nous allons régler cela rapidement. Dites-moi qui était cet homme que vous avez presque tabassé à mort, qui est ce Julian que vous avez évoqué lorsque je vous ai maîtrisée, et quels sont vos rapports avec le Comte de Rougelac. D'autres questions peuvent venir. Si vous montrez patte blanche, j'écrirai dans mon rapport que vous avez eu un excès de démence lorsqu'il était question d'insulter une personne qui vous est proche, et vous serez libéré d'office. Les cachots sont plein à craquer et ils n'attendent que des indésirables ô combien plus dangereux que vous. Alors, êtes-vous prêtre à coopérer ?"