[Avorté] Trancher le Mal à la Racine [Libre]

20 Août 1165.

La nuit était plutôt fraîche pour un mois d'Août. Dreit avait passé quelques heures à somnoler au chevet de sa soeur dont l'état de santé ne s'améliorait guère, émergeant entre deux cauchemars, deux visions troubles, difficilement décryptables et dont les souvenirs s'estompaient au fil des secondes, des minutes, des heures. La lune surplombait suffisamment le ciel cette nuit-là, aussi était-il temps de se redresser, s'étirer, se baffer pour mieux se réveiller, aller plonger la tête dans le seau d'eau croupi de la pièce voisine puis contempler son visage froid dans cette eau trouble. Cette journée pourrait être la dernière. Mais Dreit n'avait ni le temps, ni l'envie de s'en remettre à la Trinité qu'il vénérait suffisament déjà, indépendament de la précarité de sa situation, du caractère éphémère de son existence. Ce soir il irait droit au conflit, sans craindre pour son existence misérable. Il revêtit sa tenue complète de milicien afin de ne pas s'attirer d'ennuis inutiles en cette période de couvre-feu. Direction la caserne.

Arrivé sur les lieux où il salua le peu de miliciens courageux se succédaient au fil des quarts, Dreit se rendit en direction d'une salle d'interrogatoire, là où il avait donné rendez-vous aux intéressés qui l'accompagneraient ce soir. Eclairant la pièce d'une bougie, il ne tarda pas à être rejoint par un autre milicien, aussi bien armé, assez jeune et au poil brun. Lui souriait de plus bel face à ce grand blond pâle qui affichait un air glacial qui pourtant se fendit d'un sourire satisfait à la vue du jeune homme.

"Prêt à mourir ?"
"Toujours !" répliqua au tac-au-tac le jeune homme avec un sourire satisfait. "On attend qui ?" questionna-t-il en déroulant une carte des égoûts sur la table.
"Une troisième et dernière personne qui sera un atout indéniable à cette besogne... Et ça, mon garçon, je peux te l'assurer..." poursuivit Dreit en rapprochant une bougie du grand parchemin sur lequel était établi un plan des égoûts, observant les divers points d'intérêts et autres annotations marquées d'un rouge carmin qui en disaient long sur ce qu'il risquait de se passer à cet endroit.
"Trois personnes. On a intérêt à être les meilleurs !" lança le jeune homme, souriant à pleine dents, ne laissant entrevoir que joie et palpitation.

Le grand blond releva le museau comme ce mâle alpha qui dévisageait la louve de sa troupe en devenir. Il contempla un instant Samara qui était revenu plus forte que jamais de ses épreuves passées. Son visage eût-il été fermé, son regard glacial, lui se réjouissait intérieurement de la voir dans cet état d'esprit, prête à en découdre. Il se percevait presque en elle, c'en était que plus revigorant, galvanisant, vivifiant. Aussi si elle fermait son visage, lui plissait le regard et souriait de satisfaction. La victoire teintait son esprit aguerri ce soir-là.

"Asselin, Castagnier, probablement parmi les plus compétents et les plus solides que je connaisse. Vous ne vous connaissez pas, mais vous allez partager des moments forts ce soir. Vous allez devoir travailler ensemble, agir de concert pour nettoyer la vermine. A moins que vous ne vouliez qu'on meurre bêtement tous les trois."

Il penchait la tête, comme légèrement amusé et convaincu que les deux jeunes gens comprendraient. Asselin, lui regardait Sam, l'air aimable, sourire céramique qui lui donnait cet air d'idiot bienheureux et inconscient de ce qu'il se passerait. C'en était perturbant pour quiconque n'était pas averti.

"Enchanté, Castagnier." conclut-il avec un petit rire étouffé. S'il ne montrait aucun sérieux de par son visage éclairé, il regarda ensuite Dreit pour continuer, "quelle est la marche à suivre, maintenant ?"
"Il y en a plusieurs," commença Dreit en pointant l'emplacement rouge du doigt sur la carte, "ici, c'est le lieu où nous sommes supposés prendre sur le fait Lombeth et Lucifer. J'estime ses hommes au nombre de quatre. Ce qui nous fait six contre trois, soit deux miliciens par tête à abattre.

Il se souvenait de sa défaite cuisante contre Lucifer.

"Fussé-je confronté à Lucifer, il ne m'y reprendra pas deux fois." affirma-t-il d'un regard dur à Asselin et Castagnier.
"Je peux m'en charger si tu veux !" répondit le garçon d'un air innocent et avenant.
"Je me moque d'être celui qui lui tranchera la tête. Il adviendra ce qu'il adviendra." dit-il en laissant planer un silence avant de reprendre, "nous avons deux possibilités pour rejoindre cet emplacement ; soit par les voies normales, soit par les égoûts. L'avantage des voies normales, c'est que nous évitons les mauvaises rencontres mais éveillons les soupçons. Il n'est pas impossible que les véreux surveillent leurs arrières grâce à la pègre. L'avantage des égoûts, c'est que nous pourrions jouer de l'effet de surprise à la différence prêt que si nous faisons des mauvaises rencontres, celles-ci seront davantage dangereuses : bannis ou fangeux. Si je connais suffisamment le réseau souterrain, l'on ne sait jamais sur quoi on va tomber. Et il est possible qu'ils aient des sentinnelles à ce niveau aussi. Ainsi je suggèrerais de passer par la voie la moins dangereuse : au-dessus de la ville ; jusqu'à rejoindre les égoûts directement jusqu'à eux. Notre petit nombre pourrait alerter, mais si nous jouons des capacités de Castagnier, nous pourrions peut-être progresser sans nous faire repérer. Quels sont vos avis ?"

Le grand blond au teint livide fixait ses acolytes. Asselin fermait son visage et devenait mortellement sérieux.

"Je suis d'avis de passer par les égoûts. Les fangeux et les bannis ne nous poserons pas de problèmes. Qui s'attendrait à voir débarquer trois miliciens prêts à semer la mort sans craindre le danger ? Je suis d'avis de profiter de cet effet de surprise, faire le sale boulot et partir aussi vite que nous sommes venus. Et si Castagnier possède des compétences pour observer sans nous faire repérer, cela nous serait d'autant plus profitable."

Dreit demeurait silencieux, hochant la tête continuellement, tantôt regardant la carte, tantôt Castagnier.

"Auquel cas tu vas décider de la marche à suivre." dit-il à la jeune milicienne.

Dreit et Asselin restèrent silencieux, tous deux regardant la jeune Sam se décider sur la suite des évenements à suivre. Le "Loup" de Sam finit par prendre la parole.

"Rémi Asselin est probablement l'un des meilleurs escrimeurs de la milice. Et ton argument est recevable, je ne suis pas des plus discrets. Alors nous passerons par les égoûts. S'il n'y a pas davantage de question, mettons-nous en route."


Sur ces paroles, Dreit enroula la carte et souffla sur la bougie tandis qu'Asselin ouvrit la marche en sortant de la salle. Les miliciens étaient déjà tous occupés, c'est comme s'ils préparaient une descente aux enfers, prêts à en découdre, prêts à mourir. Le grand blond pâle déserrait la sangle qui retenait son heaume à sa ceinture, l'enfilant sur sa tête, ce qui ne lui donnait pas un air des plus élégants du monde - ni apeurant, en fait - mais bien des plus ridicules. Ses ennemis riraient peut-être, mais se tordraient bien d'un rictus de peur lorsqu'il chargerait avec en lui toute la puissance de Serus et la malice de Rikni pour porter le jugement divin d'Anür qu'est la Mort. Alors qu'est-ce que ça pouvait lui faire ? Rémi, qui resserait ses gantelets, était tout autant ridicule avec son casque disgrâcieux, mais si cela pouvait lui permettre d'encaisser un coup à la tête qui d'ordinaire aurait pu être fatal, alors il était prêt à passer pour un imbécile. Rira bien qui rira le dernier. Ils marchaient, armés jusqu'au bout des ongles, dans le quartier de la milice, éveillant la curiosité de quelques binômes qui patrouillaient çà et là. Certains se moquaient. D'autres les enviaient au fur et à mesure qu'ils avançaient sans hésiter. La surprise provoquée par cet attroupement de non pas deux, mais trois miliciens - jamais deux sans trois ! - avait de quoi provoquer chez les spectateurs la peur de l'inconnu. Heureusement, ils ne seraient pas la cible du trio sanguinaire ce soir. Trio qui atteignit la bouche d'entrée des égoûts, en contrebas, sur laquelle donnaient des escaliers en roche erodée. Le grand blond pâle se retourna, inspectant ses deux acolytes, le regard dur, l'émotion fermée. Il faisait ressortir le guerrier qui était en lui et ne montrait aucune émotion, aucun doute, aucun faiblesse.

"Droits jusqu'à la Mort !"

Ce faisant, il se remit à ouvrir la marche, descendant le premier les escaliers qui débouchèrent dans des égoûts sombres, éclairés à la lueur de quelques rares torches murales. S'il était possible d'observer les lueurs au loin, certains détails visuels pouvaient manquer aux trois acolytes.



"Dreit !"

Le jeune homme agrippa le grand blond pâle des deux mains pour le tirer de tout son poids vers lui, tandis qu'émergeait soudainement, de l'eau croupie, une silhouette à la peau visqueuse, essayant d'agripper le pied du milicien qui réchappa de justesse grâce à l'initiative du jeune Asselin qui semblait doté d'un sixième sens. Le grand blond ne se laissa pas décontenancé, tirant son arme et expulsant un cri de guerre détonnant à l'attention du fangeux qui avait tenté de l'attraper par le tibiat. Son premier réflexe fut d'envoyer un coup de pied dans la gueule du Fangeux et de prendre position, se positionnant devant le groupe et prêt à contre-attaquer à la prochaine offensive du Fangeux, ensis la première, poing libre armé. Rémi, lui, avait son épée bâtarde au clair, couvrant les arrières de Dreit et fusillant le Fangeux d'un regard meurtrier, un léger rictus se dessinant sur ses lèvres, prêt à parer.

Combien de temps cela faisait que je marchais aux hasards des égouts, la peur au ventre et l'arme sortie? Des minutes ou des heures, je n'en avais pas la moindre idée. J'espérait toujours trouver une sortie ou un coin tranquille pour finir la nuit. J'allais toujours tout droit, en me disant que j'allais bien finir par arriver quelque part.

Quelle idée j'avais eu de m’aventurer ici. Ça m'apprendra à faire confiance à des gens que je ne connais pas et qui proposent une forte récompense. Maudit soit Lucifer. Ce type, s'il pouvait mourir le monde s'en porterait bien mieux.

Mais bon, arrête de rêver Dana, les miliciens sont trop corrompus pour faire quoi que ce soit. Me murmurai-je à moi même pour me calmer.

Je ne referais plus la même erreur... Si je sors vivante d'ici bien sûr

Je ne sais pas ce qui était le pire, la solitude complète mais sans danger ou ne plus être seul mais possiblement en danger.

Tout d'un coup, j'entendis des bruits des pas suivit d'une voix forte. Je n'étais plus seule...

Reprenant espoir je me mis à courir vers la source du bruit, peu importe le danger, la possibilité que cela soit des secours m'empêchait de penser rationnellement. Et puis, quitte à mourir autant que cella soit rapidement.

Une fois sur place, je vis trois silhouettes faisant face à une quatrième silhouette, probablement un fangeux. Je me mis accroupis pour éviter d'être vu par ce dernier et ainsi récupérer mon souffle et augmenter mon espérance de vie. Un combat contre un fangeux n'allant pas à mon avantage.

En sortant de la salle, elle ne peut s’empêcher d'avoir un petit rire qu'elle calme vite en voyant la dégaine des deux hommes une fois qu'ils ont leur heaume sur la tête. Pas de heaume pour elle, elle ne supporte pas d'avoir quelque chose qui gênerait sa vue. Elle s'attache juste les cheveux, enfilant ses gants avant de serrer les poings pour être sure qu'ils soient bien en place. Ce n'est qu'une fois prête que son regard s'assombrit, ce soir elle a soif de sang, de tuer, que ce soit un humain ou un fangeux, elle s'en fout.

- …

Elle reste silencieuse pendant le trajet jusqu'au égouts, regardant a chaque fois autour d'elle, vérifiant que personne ne pourrait les empêcher de mener à bien cette mission, auquel cas, elle s'en serait rapidement chargé. Fort heureusement, le chemin se passe sans encombre et ils peuvent descendre tranquillement. Elle était perdu dans ses pensées et ne remarque pas grand chose, reprenant ses esprits quand elle entend le cri d'Asselin et le voit en train de tirer Dreit vers lui. Vu le cri et les geste que fait le grand blond, ce n'est pas difficile pour elle de comprendre ce qu'il se passe, fangeux droit devant.

- La meilleure défense, c'est l'attaque les gars !

Alors que les deux hommes sont sur la défensive, elle les contourne en sortant les dagues accrochée à sa ceinture au niveau du dos. Elle les lève au dessus de sa tête avant de faire un bond sur l'ennemi, descendant les deux bras, prête à planter ses dague dans la boite crânienne du fangeux.

Les fangeux... Ces créatures hideuses, repoussantes, puantes, réputées pour être les prédateurs de l'homme. Rapides, vifs, destructeurs, aux crocs et aux griffes acérées. Celui-ci était à la hauteur de sa réputation. Il hurlait et bondissait droit sur le grand blond pâle qui tint position, le corps comme ancré dans le sol, l'ensis réceptionnant les griffes du Fangeux qui y mettait tout son poids, hurlant à la mort face au milicien qui le fusillait d'un regard meurtrier, riknien, clâmant de tout son ventre à son tour. Il était étonnant de voir qu'un rapport de force pouvait s'établir entre un fangeux et un humain ; malheureusement la supériorité de la créature affligée était telle qu'elle asséna un coup à la tête du milicien, qui ressentit une vive douleur l'espace d'une seconde mais ne se laissa décontenancer. Cela lui rappelait son duel avec Lucifer et sa ferme volonté de mourir...

"SERPENTIS MORSUS !" hurla le milicien en laissant naturellent partir sa hanche, son bras, sa lame sans faire cas de sa vie, le regard fusillant l'abonination adverse.



Si la lame n'atteint pas l'endroit désiré - la forge - le fangeux fut transpercé de plein fouet au torse, hurlant de douleur au contact de la lame salée, affublant le grand blond pale d'un regard tout ce qu'il y avait de plus haineux, de plus destructeur... Ses hanches pivotèrent, laissant partir un poing fulgurant, digne de la force de Serus qui se manifestait en lui...



L'impact sur le fangeux, s'il ne causa pas de dégâts apparents par rapport à sa plaie salée, le déséquilibra comme interloqué d'avoir reçu un coup de poing à l'épaule. Mais ça n'était pas fini, car voilà que bondissait Samara Castagnier, prête à en découdre.



Elle porta son coup sans difficulté sur le fangeux qui se retrouvait avec deux dagues à la place des yeux, complètement désorienté, hurlant à s'en décrocher la mâchoire, hurlant au désespoir, à la haine, au fracas, au chaos. Mais son hurlement n'était rien face à cette clâmeur détonnante qui se fit entendre de derrière les deux miliciens. Elle frappait de stupeur l'entourage, vous donnait cette impression de laisser vos esprits légers, résonnants, vides...



Rémi Asselin, dans toute sa splendeur, avait bondit jusqu'à effectuer une vive coupe purgatrice qui sectionna la chair et les ligaments de la tête du fangeux, dans un regard meurtrier qui n'avait rien d'humain. Il était littéralement changé et il était difficile de reconnaître l'aimable garçon qui se montrait poli et courtois à la caserne. Un rictus se tordit sur son visage, un sourire de satisfaction que celle d'exhalter sa véritable nature de guerrier. Il se redressa, fouettant le vent de sa lame dégainée pour enlever la graisse laissée par la frappe fatale administrée au fangeux, s'armant d'un chiffon salé tandis que Dreit ôtait son casque pou se masser les tempes et le visage par rapport au coup subit.

"Bon travail à tous. Ne vous refroidissez pas, nous n'en sommes qu'au début."
"Et leur fin est proche." fit remarquer Asselin avec un sourire satisfait, littéralement imperturbable, affichant cet air gai et joyeux alors qu'il venait de trancher la tête d'un fangeux sans émotion aucune.

Remis de ses émotions, le grand blond pâle remis son heaume, et alors qu'il s'apprêtait à se remettre en route, il observa une nouvelle silhouette tapie dans la pénombre. Il avança prudemment en direction de celle-ci, lame devant. Une silhouette qui revêtait un caractère davantage humain que fangeux.

"Montre-toi." ordonna-t-il sèchement.

Je m’avançais vers les 3 personnes qui venaient de tuer un fangeux avec une rapidité déconcertante mais cette voix et cette silhouette ne m'étaient pas inconnues0.

On se calme, on se calme, je ne suis pas une ennemie. Je suis juste une personne paumée dans les égoûts. dis-je en rengainant ma lame. Si vous pouviez m'indiquer la sortie de cet égoût sans me tuer cela serait parfait. Ou alors je pourrais vous aider en échange me survie. On peut faire ça aussi non ?

Au fur et à mesure que le grand blond pâle s'avançait, une silhouette se discernait, jusqu'à devenir commune, connue de Dreit puisqu'il avait rencontré cette personne il y avait très exactement deux jours. Il avait volontairement omis de la mentionner dans ses plans pour éviter une possible fuite quant à ses desseins de terrasser les félons, aussi Asselins et Castagnier n'étaient peut-être pas au courant. De toute façon, Asselin, lui, avait reprit ses airs enfantins comme si de rien n'était et s'était jeté en direction de Castagnier pour l'embrasser, s'étant au passage rétamé dans l'eau dégueulasse et croupie. Putain de merde, Asselin, tu peux pas rester sérieux ? Si ça se trouve, on meurt tous dans une demi-heure, qu'est-ce que tu vas nous casser les couilles là, pauvre con.

En vérité, les pensées de Dreit étaient bien moins véhémentes que ça, et somme toute pleinement dévouées à la sorcière qu'il reconnaissait en la personne de Danaë Kervan.

"C'est toi." affirma Dreit comme pour lui-même, gardant cependant la lame au clair mais la rebaissant, toisant d'un regard sombre la femme aux cheveux rouges. "Tu sais ce qu'il te reste à faire : nous conduire jusqu'aux félons, ensuite nous les prendrons en embuscade. Il ne tient qu'à toi de te battre ou d'aller te cacher."

Il regardait par-dessus son épaule à l'attention d'Asselin et Castagnier qui avaient fini de faire les pitres.

"Asselin, Castagnier, notre amie Danaë Kervan ici présente va nous aider à apatter les miliciens félons." Il tourna sur ses talons pour faire face à ses acolytes afin de leur dicter la marche à suivre plus efficacement, Asselin ayant récupéré son sérieux de guerrier, quoique le visage toujours innocent et rayonnant. "Elle sera supposer mener une négociation, une transaction avec nos amis Lombeth et Lucifer - probablement accompagnés de pourris - tandis que toi, Castagnier, tu donneras le signal lorsque nous serons tous parés, et nous foncerons sur eux en criant pour jouer de l'effet de surprise et les frapper de stupeur, autant qu'ils sont. Pas de survivants. S'il n'y a pas de questions sur la marche à suivre... Droits jusqu'à la Mort."

Il avait ponctué son discours d'une devise naissance, qui sonnait et résonnait bien dans son esprit à son goût ; qu'il espérait motivante pour Asselin et Castagnier. Car si lui était prêt à se battre jusqu'à la mort, il y avait toujours un doute, un risque que ses acolytes ne soient pas sur la même longueur d'ondes. Mais si c'était le cas pour Asselin et Castagnier, il les aurait laissés en retrait. Pour Danaë, c'était simple : elle exposait sa vie au risque de peut-être la perdre, certes, mais elle serait graciée si l'opération se déroulait comme prévu. Cette enquête, cette opération à l'encontre des miliciens corrompus toucherait bientôt à sa fin...

L'un des leurs venait réellement de se jeter face la première dans les égouts? Comment peuvent-ils songer à faire des blague à un moment pareil. Ils devaient être extrêmement fort pour plaisanter dans un moment pareil. Mais cela ne me gênait pas plus que ça, au contraire, ma peur et ma paranoïa avait disparue, je me sentais enfin en sécurité.

"Oh, c'est vous! J'ai eu peur, j'ai cru que c'était d'autres patrouilleurs" dis-je en reprenant confiance "Je vais vous accompagner jusqu'au point de rendez-vous mais pourriez vous d'abord ranger vos armes, vous me faites un peu peur."

Je sortis une carte des égouts et la donna au blond "En fait, c'est plutôt elle qui va nous guider, pas moi. Je l'ai chipé à un homme de Lucifer qui était seul. Je ne peux pas l'utiliser personnellement, je ne sais pas lire"

Comment faisais-je pour être aussi sereine alors que j'allais probablement y passer cette nuit? Je n'en savais rien mais il parait que les gens ont un courage décuplé quand ils affrontent un très grand danger.

Hérald ignora la remarque de Sam tandis qu'il la devança en saisissant, sans dire un mot, la carte que tendait Danaë. Il se dirigea vers une faible torche murale pour mettre son contenu en valeur et l'observer davantage. Il masqua sa deception en regardant ses acolytes.

"Il ne s'agit que d'une carte de la caserne. Elle ne nous sera d'aucune utilité."

Il la tendit ensuite à Sam dont il accéda à sa requête, et poursuivit de donner les consignes. Il n'avait ni haussé le ton, ni adoucit ses paroles. Même si elle lui avait fourni une aide précieuse il y a deux jours, Danaë semblait être un poids plus qu'un réel atout présentement, à moins qu'elle ne possède une botte secrète contre les miliciens dont ils pourraient jouir, auquel cas elle avait mieux fait de montrer patte blanche sur ce qu'elle pouvait être capable de faire. Parce qu'il leur fallait un plan. Aussi le milicien poursuivit, plantant un regard acéré, ophidien et mortel dans ses trois compagnons qu'il espérait avoir à ses côtés lors de l'imminent combat à mort qu'ils allaient mener.

"Je récapitule la situation. Ce soir, Lucifer, Lombeth et quelques-uns de leurs amis félons ont rendez-vous pour effectuer une transaction illégale dans les égoûts en-dessous du quartier de la Hanse. Leur nombre total est estimé à une demi-douzaine, plus une petite poignée de larrons de la pègre qu'il ne nous faudra pas négliger. Ils seront peut-être six, ce qui ramènerait le nombre total d'opposants à douze. Samara, tu vas passer devant et partir en éclaireur. Tu es la plus discrète d'entre nous trois et tu pourras sans nul doute nous éviter de croiser des indésirables en plus des bannis. Danaë, je veux que tu étudies les lieux avec Samara. Si tu es là et qu'il faut possiblement assurer ta survie, autant que tu serves réellement à quelque chose. Repère les points de fuites, les endroits confinés dans lesquels nous pourrions attirer nos ennemis et les forcer en combat singulier. Nous pourrons ainsi nous positionner correctement et tenter la première approche que voici..."

Il marqua un instant pour attirer toute l'attention possible sur son plan.

"Asselin, lorsque nous serons en position, si ton angle de tir est correct, je veux que tu engages le combat avec ton arbalette. Tire un carreau dans la tête de Lucifer. Lorsque nous serons repérés, je passerai devant avec mon bouclier. Asselin et Castagnier, vous serez derrière moi et vous répliquerez avec vos armes de mêlée. Lorsque je donnerai l'assaut, Asselin choisira les cibles à tomber. Castagnier, je veux que tu épaules Asselin dans son offensive. Focalisez-vous sur le même ennemi ; plus vite vous le liquiderez, plus vite nous renverserons l'avantage du nombre. Je me débrouillerai pour couvrir vos arrières et faire diversion. Quant à toi..."

Il plantait son regard dans la sorcière. Allait-elle poser un problème ? Allait-elle se montrer efficace ? Emettre des idées pour maximaliser leur chance de réussite ? Il n'y avait plus de temps à perdre.

"Sache que tu ne t'es pas mise dans la plus facile des situations et j'espère que tu n'es pas venue les mains vides et que tu as de quoi te défendre. Parce que si tu veux que je tente de blanchir ta situation lorsque tout ça sera terminé, tu vas devoir nous aider à supprimer les félons après qui nous en avons. Comme l'a fait remarquer Castagnier, je serai prêt à t'égorger si jamais il s'avère que tu es un poids plus qu'autre chose. Et nous ne pouvons te laisser partir puisque tu es en infraction. En résumé, si tu veux survivre, tu vas devoir te battre, avec ou sans arme. Sinon nous mourrons tous les quatre. Suis-je bien clair ?"

J'aurais dût faire plus attention à la carte que je prenais. J'étais déçue de moi-même.

"Ce n'est pas grave, je connais le chemin."

J'écoutais attentivement le plan. Je n'avais pas à faire à des débutants. Cela me donnait encore plus envie de me donner à fond.

"Très clair Monsieur, mais je vous rassure, je ne suis pas venue les mains vides, j'ai une arme, une 'main gauche' et quelques tours dans mon sac." dis-je en tapotant une sacoche bien remplie à ma droite et mon arme à gauche.

"Dreit, avez vous toujours les antidotes que je vous ai fournis? J'en ai préparé deux au cas où. Sinon, j'ai un flacon d'huile très inflammable, quelques doses de poisons de ma conception et une fiole à lancer dans les yeux d'un ennemi pour l'aveugler. Pendant le combat, je vais rester avec vous je ne vais que très peu attaquer, je vais plus servir de cible potentielle que de danger réelle mais je sais quand même me battre. Ne vous inquiétez pas. Je ne serais pas un poids"

Je continuais de vouvoyer Dreit car j'étais une situation d'infériorité par rapport à lui et car on m'avais appris de toujours vouvoyer les miliciens.

Je tendis les antidotes à Castagnier et Asselin. "Ce sont des antidotes universels, il y a peu de chance qu'ils puissent vous soigner d'un poison mais au moins en diminuer les effets."

Je tremblais un peu mais je ne savais pas si c'était le froid, l’excitation ou la peur. Peut-être les trois en fait.

"Je ne serais que peu utile en combat de front, si je pouvais trouver à un moyen de contourner les ennemis et de pouvoir les surprendre par derrière, ça serait parfait."