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 Se tenir à carreau comme une flèche d'arbalète dans la perspective de juteux profits! (PV Yseult)

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Victor de RougelacGouverneur de Sombrebois
Victor de Rougelac



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MessageSujet: Se tenir à carreau comme une flèche d'arbalète dans la perspective de juteux profits! (PV Yseult)   Se tenir à carreau comme une flèche d'arbalète dans la perspective de juteux profits! (PV Yseult) EmptyLun 22 Mai 2017 - 13:39
Un matin de Septembre de l'an 1165, un volatile fait son apparition dans le pigeonnier de la Châtellenie de Traquemont, porteur d'une missive scellé par le sceau de cire du Comte de Rougelac et dont le destinataire n'était autre que la Chatelain, Yseult de Traquemont. Voici donc ce qu'il pu y lire en brisant la cire et déroulant le parchemin.




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Yseult de TraquemontChâtelaine
Yseult de Traquemont



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MessageSujet: Re: Se tenir à carreau comme une flèche d'arbalète dans la perspective de juteux profits! (PV Yseult)   Se tenir à carreau comme une flèche d'arbalète dans la perspective de juteux profits! (PV Yseult) EmptyDim 28 Mai 2017 - 9:59
« Anür est avec moi aujourd'hui », murmurai-je en baissant les yeux sur le beau vélin reposant sur la surface patinée de mon bureau.

Le messager à plumes n'avait pas été loin d'y passer, et ne devait sa vie sauve qu'à la maladresse - très relative, atteindre une cible volante aussi petite n'ayant rien d'un tour aisé - de l'arbalétrier qui l'avait aperçu le premier. Le carreau n'avait semblait-il pas effarouché le courageux ou stupide volatile, lequel s'était entêté malgré la qualité médiocre de l'accueil à délivrer son message. Dans le pigeonnier de Traquemont, abandonné et plein de courants d'air, où il était resté depuis - sous la surveillance d'un garde à la mine patibulaire, car je n'avais aucune envie qu'un morveux n'aie la fâcheuse idée d'en faire son prochain repas. Qu'il connaisse le trajet me laissait à penser soit que l'oiseau venait d'ici à l'origine, soit qu'il y avait eu des échanges entre l'émetteur du message et les précédents résidents de la place forte.

Cependant, c'était aujourd'hui à moi qu'on s'adressait.

Si le nom de Victor de Rougelac m'était connu, l'homme en revanche ne l'était pas. Ce n'était pas étonnant : son rang, bien plus élevé que le mien, ajouté au fait que je ne frayais guère avec mes pairs, nous avaient résolument tenus éloignés l'un de l'autre. Une distance qu'il souhaitait apparemment réduire dans les jours à venir.
Mes doigts pâles triturèrent le papier dans un doux bruissement.

Je ne savais trop comment interpréter la chose. Qu'un comte vienne à moi était des plus surprenants, cependant le but avoué par la missive en justifiait tout à fait la raison. D'un autre côté, je craignais que l'intéressé se fourvoyât et profondément encore : évoquer un accord commercial avec une châtelaine sans le sou ne me paraissait guère avisé, surtout qu'à ce que j'avais pu entendre à Marbrume, Victor de Rougelac comptait parmi les aristocrates aisés de la cité.

D'un autre côté, rejeter d'emblée une possible aide face à la Fange aurait été d'une stupidité crasse. Et puis, Traquemont s'était toujours débrouillé pour négocier avec les locaux un peu de nourriture et des biens de première nécessité en échange de ses bons et sinistres services. Peut-être cela fonctionnerait-il aussi avec la maison de Rougelac.

« Alors ? »

Je levais mes iris limpides vers celui qui avait pris la parole. Lendemain savait lire et avait fermement rabroué l'homme qui avait étourdiment sorti le message du petit étui à la patte de l'oiseau, mais m'avait assuré qu'il n'avait pas jeté un œil à son contenu avant de me l'apporter. Je le croyais sans l'ombre d'un doute, et comprenais son élan de curiosité mal réfrénée. Il n'y avait pas de précédent à la situation d'aujourd'hui.

« Alors nous allons devoir nous maquiller », souris-je en coin.

Ma remarque eut l'effet escompté : l'escogriffe me dévisagea comme s'il hésitait entre s'enquérir de ma santé ou aller chercher d'office le guérisseur.

« Le comte de Rougelac me fait part de son désir de se rendre en personne en ces murs. Il espère tisser un lien profitable avec nous, commercial, et qui nous aiderait à contenir les abominations de ce coin-ci des marais. »
« Par nous, vous voulez dire vous. »
« Je ne saisis pas très bien la nuance », répliquai-je avec un peu de surprise.

Quelque chose passa dans l'expression de Lendemain, un mélange d'indulgence et d'amusement qui m'étonna plus encore. Il se permettait avec moi, à l'occasion, une familiarité que d'aucuns auraient pu trouver déplacée. C'était ignorer qu'il avait sauvé plus de vies qu'à son tour lors de notre échappée de Corbeval, et que ce guerrier mince et barbu était devenu plus ou moins mon intendant et homme de confiance, là où Eadwin de Rivenoire était mon homme-lige et protecteur.

« Vous ne pensez pas qu'il voudra une alliance un peu plus... formelle... qu'un simple accord mercantile ? »
« Un mariage ? » Je haussai un sourcil. « Je crois savoir qu'il n'a effectivement pas d'épouse. Cependant ce serait absurde de me courtiser de cette façon : il a tout à y perdre, tandis qu'il doit y avoir au palais une bonne vingtaine de courtisanes qui ont plus de biens et d'influence que je n'en aurais jamais. »
« Le duc vous apprécie et vous jouissez d'une certaine indépendance. »
« C'est ridicule. » Je balayais sa protestation à venir d'un geste de la main. « Va plutôt me chercher de quoi répondre au comte. Après quoi nous aborderons ensemble comment peut-on transformer un coin de ce château en lieu de villégiature. »

Mon lieutenant grommela entre ses dents. Je compris sans peine de quoi il retournait.

« Je n'aime pas non plus faire semblant, mais autant être agréable à notre visiteur. S'il peut nous apporter le moindre soutien dans notre lutte, il faut en saisir l'opportunité. »

Le soldat se rendit à la justesse de mes arguments et partit s'acquitter de sa tâche. À son retour, je tiquais devant la lettre encore vierge dont je m'emparais : son papier, beaucoup plus épais et rigide que celui que mon correspondant avait utilisé, n'aurait pas dépareillé dans la tente d'un officier en campagne. Et pour cause, son grain grossier visait à absorber l'humidité plutôt qu'à être agréable au lecteur.
J'y inscrivis, dans ma calligraphie nette et tranchante, les mots empreints de formalisme qui me caractérisaient dans mes échanges avec les autres aristocrates :

« Mon seigneur Victor, comte de Rougelac,

Traquemont vous accueillera au jour qu'il vous plaira de vous y rendre, quoiqu'il soit à craindre que vous n'y trouviez pas, et de loin, le confort que votre propriété vous fournit à l'heure actuelle. »


Je souris pensivement : fidèle à moi-même, je me contentais de l'essentiel, en mettant de côté les fioritures de la courtoisie. Je comprenais que Victor ait joué à ce jeu, s'enquérant de ma santé et de celle de mon domaine, et tournant les choses avec amabilité ; mais je tenais de la soldatesque autant que de la noblesse, et ne me voulais donner aucune illusion. Qu'on me considérât comme une commandante en guerre, quitte à prêter le flanc aux railleries, plutôt qu'une petite châtelaine de campagne servait bien mieux mes desseins.
Et rien ne comptait plus que mes desseins.

« Je vous aviserai de n'entreprendre le voyage, bien qu'il ne tienne qu'à quelques lieues, que quelques heures après le point du jour, et en nombre réduit. La discrétion est plus utile que le nombre lorsqu'on veut rester à l'écart de la Fange. »

Le conseil était peut-être inutile, mais il me déplairait fortement qu'on apprenne qu'un comte en partance pour Traquemont n'était jamais arrivé à destination.
Je signai le papier, considérant que ma chevalière y imprimerait trop de cire si j'essayais de le sceller - le pigeon voyageur n'était pas un aigle, à ce que je sache, et le contenu de mon message tenait sur une mince bande de vélin que je confiai à Lendemain.

« Vous avez été polie ? » s'enquit-il en désignant la dépêche d'un geste du menton, avec un sérieux qui désamorçait l'insolence de la question. Je ne jugeai pas bon de lui répondre et me contentais de lui indiquer la porte ; l'homme roula des yeux, se fendit d'un : « Je m'en doutais » à mi-voix et s'en fut.

Pour ma part, je poussai bientôt un soupir en me massant les tempes du bout des doigts.

« Ah ! Ces hommes. »
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Victor de RougelacGouverneur de Sombrebois
Victor de Rougelac



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MessageSujet: Re: Se tenir à carreau comme une flèche d'arbalète dans la perspective de juteux profits! (PV Yseult)   Se tenir à carreau comme une flèche d'arbalète dans la perspective de juteux profits! (PV Yseult) EmptyDim 28 Mai 2017 - 18:29
Quelques jours à peine après l'envoi de sa missive vers le domaine de Traquemont, un beau matin, son volatile réapparut dans les combles du Manoir prévu à cet effet. Sans attendre, l'un des domestiques emporta la bande de vélin roulée ou pliée jusqu'a son destinataire. Il avait été passé pour consigne de le déranger à tout heure de la nuit ou de la journée à ce sujet. C'était donc à l'heure du petit déjeuner que le Comte pu consulter la réponse de la châtelaine.

Avalant sa dernière bouchée qu'il fit glisser dans sa gorge par un breuvage chaud à base de plantes, il prit connaissance des mots apposés par la main d'Yseult de Traquemont dont la signature ne laissait aucune équivoque possible sur l'origine du pli. Un fin sourire se dessina sur ses lèvres. Si rien n'était joué d'avance, le contact positif était établi et si l'objectif premier était l'appât du gain, Victor était homme à chercher d'autres intérêts, l'occasion était donc venue de sonder cette autre dignitaire qui malgré les apparences et le titre jouait un rôle majeur sur la scène géopolitique du Duché.

Prenant act des conseils de la châtelaine, il prévu donc un déplacement plus "léger" qu'il ne l'avait été en se rendant sur le Comté de Ventfroid. Une douzaine d'homme à l'escorter, il s'était resolu à n'en prendre que la moitié et s'il n'était un bon cavalier, il se résolu à ne pas utiliser son carosse et le cas échéant, en cas de situation critique, aurait-il monté derrière la scelle d'un de ses garde du corps, sans doute celle d'Aenor Beocen. Finalement l'organisation du voyage fut rapide, car il avait un emploi du temps chargé depuis le bal à Sombrebois et sa rupture avec Aalicia Calderan. Le voyage a Traquemont ne devait dépasser la demi douzaine tout au plus.

Ayant apprit de sa visite à Ventfroid, des remarques d'Yseult quant au cadre rustique de sa demeure, Rougelac avisa de se vêtir d'une tenue de voyage qui ne bridait point ses gestes mais de bondes factures pour qu'on le prenne pour l'homme du rang qu'il incarnait, ainsi sur sa tunique dans les tons mêlant vert d'ombre et grenat on pouvait y admirer des coutures discrètes en fils d'argent. Pour le voyage et pour sa présentation à la maîtresse des lieux, le quadragénaire avait également couvert sa crinière de son plus beau béret à plume de corbeau. Si certain y voyait un signe de mauvaise augure, lui préférait s'en amuser et en jouer.

A l'aube du second jour après le retour du pigeon, Victor se tenait fin prêt, son escorte l'entourant, quelques affaires entreposés sur les flancs de certains destriers, les plus robustes, contenant quelques effets de rechanges et documents d'affaire, il se mit en route avec plus de discrétion qu'à l'accoutumé même si son proche entourage avait été informé, Grâce de Brasey dans les premiers.

La distance à parcourir était effectivement plus courte mais le chemin bien moins découvert qu'en longeant la côte pour de rendre au Labret. Il prenait conscience de s'enfoncer dans des terres plus inhospitalières et ce malgré qu'on voyait la place forte depuis Marbrume. En fil indienne, au trot, les sept cavaliers mirent à peine quelques heures pour gagner le marais jusqu'au fort dirigé par la chatelaine de Corbeval. Arrivé sur le domaine, le groupe montra rapidement pattes blanches brandissant à qui de droit l'insigne, le blason du Comte de Rougelac, bien emmitouflé en milieu de peloton.

Ce fut devant le le fort que la petit délégation fit cesser le bruit des sabots avant de s'annoncer pour qu'on leur ouvre l'accès à la cours intérieure où Victor pouvait contempler un donjon austère surplombant une cour boueuse et froide, cernée de murs bas. Ah, c'était certain qu'il n'y trouverait pas le grand luxe, pire, qu'il devrait sans nul doute salire ses braies, mais après tout Yseult l'avait prévenu et il avait fort heureusement délaisser ses tenues clinquantes!

L'un des hommes de main qui n'était autre qu'une brave guerrier expérimenté appartenant à la Compagnie de mercenaire des Dragons dont il venait de s'attacher les services, mit pied à terre, annonçant à qui viendrait à l'encontre du groupe.

- Sa Grandeur, le Comte de Rougelac, invité de la Chatelaine de Traquemont.


Victor et le reste de l'escorte restèrent à cheval, le temps pour le sang bleu d'observer plus attentivement l'environnement. Il ne faisait pas l'ombre d'un doute que la vie y était rude et il se demandait si dame Corbeval pouvait avoir les moyens d'investir dans ses armes. Mais qu'importe, Rougelac etait à la fois mondain et commerçant, saurait il trouver un compromis juste, pas forcément équitable par contre... ^^ Grimaçant très légèrement à l'atmosphère qui régnait en ce lieux, il serrait la bride de son destrier de ses mains gantées, cheval lui même attaché par une cordelette à son semblable devant lui, que le propriétaire denoua discrètement, afin que personne ne puisse savoir que Victor n'était pas suffisement bon cavalier.

Quel acceuil lui serait il réservé? A la Ventfroid ? A la Sombrebois ? Un peu de l'un un peu de l'autre ? Les prochaines minutes allaient donner le ton, le tempo de cette énième visite hors de la cité de Marbrume, dans un fief réputé pour ses chasseurs et sa lutte incessante face à la Fange. Le menton relevé, fier, légèrement hautain mais qui le caractérisait depuis tellement longtemps qu'il faisait parti integrante de sa prestance, l'homme de bonne famille attendait l'ouverture des réjouissances.
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MessageSujet: Re: Se tenir à carreau comme une flèche d'arbalète dans la perspective de juteux profits! (PV Yseult)   Se tenir à carreau comme une flèche d'arbalète dans la perspective de juteux profits! (PV Yseult) EmptyLun 29 Mai 2017 - 23:04


La lugubre façade du château perdu dans les marais s'était animée à l'approche des visiteurs. Certes, on savait que le comte de Rougelac devait se rendre jusqu'ici, mais on ignorait quand précisément, et la nouvelle tenait à ce point de l'inhabituel que les hommes d'armes n'avaient trop su s'il fallait franchement y accorder foi. C'est avec réticence que la herse aux crocs brunis s'éleva, cédant le passage aux Marbrumiens qu'on observait depuis les remparts trapus du bastion.
C'était le début de l'automne, alors, et il faisait encore chaud dans le Morguestanc. Toutefois les marais abondaient en insectes invariablement nuisibles, aussi prenait-on l'habitude de conserver les manches longues, quitte à suer à grosses gouttes si cela pouvait éviter de perdre la moitié de son sang en deux jours. Pour cette raison, les gens de Traquemont étaient vêtus à peu près de la même façon tout au long de l'année, leurs sempiternelles livrées de cuir noir leur donnant des airs de corbeaux de mauvais aloi. Natifs des montagnes, ils en avaient gardé le teint pâle et les boucles sombres, et ce n'était pas leurs expressions taciturnes qui contribuaient à donner aux hôtes nouvellement arrivés le sentiment qu'on les désirait.

*

« Alors c'est aujourd'hui. »

Je reposai ma plume sur la table basse, improvisée pupitre pour l'occasion. Du doigt, j'alignai soigneusement la rémige afin qu'elle se tienne parfaitement parallèle à la carte que je venais d'annoter ; elle était plutôt grossière, n'étant pas destinée à survivre à la saison d'automne. On y reconnaissait le relief du duché, assombri par une multitude de remarques de mon cru ; je prenais l'habitude de consigner, quatre fois l'an, les mouvements du gros de la Fange à la façon d'un érudit observant le déplacement des étoiles. Ma plus grande crainte, celle qui me tordait l'estomac certaines nuits, était que notre fléau ne finisse un jour par véritablement se rassembler et fondre sur le dernier bastion de l'humanité. Si cela devait arriver, alors je jurais que la Cité Franche en serait avertie à l'avance et qu'elle s'y préparerait, aussi bien que faire se pourrait.

Cette dernière réflexion m'arracha un sourire plein de cynisme ; je m'extirpais doucement de mes idées noires, ramenant mon attention par la fenêtre d'où j'apercevais la délégation de Rougelac. Mes yeux se plissèrent en détaillant l'allure de son escorte : même à cette distance, habituée comme je l'étais à décrypter bannières et uniformes, je devinais qu'elle n'arborait pas les couleurs du comte. Ni d'aucun noble de ma connaissance, de ce que je pouvais en juger. S'ils n'étaient gardes, alors ils étaient mercenaires.

Je n'avais jamais aimé les mercenaires. Sauf un, peut-être, dont j'avais toujours espéré qu'il revint un jour se battre pour moi.

« Allons-y, alors » soupirai-je pour moi-même en me levant.

*

- Sa Grandeur, le Comte de Rougelac, invité de la Châtelaine de Traquemont.
« À ce qu'il semblerait... » répondit d'un ton goguenard celui qui s'était porté à l'encontre des arrivants.

C'était un grand échalas, que la haute taille faisait paraître trompeusement mince - de fait, il était un peu plus large d'épaules que la moyenne. Une courte barbe lui dévorait le bas du visage et ses mèches d'un brun si profond qu'il virait presque au jais descendaient jusqu'à ses joues ; les discrètes pattes d'oie au coin des yeux de ce trentenaire suggéraient qu'il était un homme au rire facile, mais pour l'heure, il n'aurait pas détonné dans le rôle d'un geôlier des prisons ducales. Les bras croisés sur sa tenue frappée du blason de Corbeval, il toisait la lame à vendre d'un regard qui aurait suffi à déclencher une bagarre, le soir dans certaines tavernes des bas-quartiers. Il ne tarda d'ailleurs pas à être rejoint, l'air de rien, par plusieurs reîtres qui ne firent absolument rien pour mettre à l'aise ceux qu'ils voyaient comme des étrangers.

La situation n'avait rien de confortable. On les observait - les fixait, à vrai dire - de-ci de-là, les veilleurs depuis les chemins de ronde, les soldats dans la cour ou depuis leurs baraquements sis à l'ombre des murailles. Quant aux édifices annexes quadrillant l'intérieur de l'enceinte, dont l'usage était difficile à cerner au premier abord, ils laissaient apercevoir parfois dans l’encoignure d'une fenêtre un visage furtif et méfiant. Souvent, un vieillard, une femme ou un enfant, qui peut-être ne se faisaient pas aussi discrets qu'on le leur avait demandé.

Traquemont n'était pas qu'un avant-poste militaire à la porte de Marbrume : c'était une véritable communauté, avec ses familles, ses anciens et ses chérubins ; mais on préférait que les locaux finissent par l'oublier.

« Ça suffit. »

La remontrance tomba, sèche et cassante, sans même que celle qui venait de la prononcer n'élève la voix. Arrivant à grands pas vifs que sa petite taille ne laissait guère présager, Yseult se porta à hauteur du groupe. On lui fit aussitôt de la place : dans la rapidité que les siens mirent à la tâche, il n'y avait ni galanterie ni crainte, mais plutôt le réflexe de guerriers disciplinés soudain pris la main dans le sac par leur commandant.
Ignorant superbement le cavalier, la maîtresse des lieux porta son regard délavé vers le comte.

*

Il avait plutôt fière allure, je devais bien l'admettre. Sa tenue exprimait sa richesse par l'élégance, sans toutefois verser ni dans l'extravagant ni dans l'incommode. J'avais longuement hésité sur la façon dont j'étais supposée l'accueillir : la robe était bien entendu hors de question, mais devais-je pour autant exclure quelques atours nobles ? L'idée avait été tentante, mais j'avais fini par l'écarter en arguant que de toute manière, je ne savais pas vraiment quand Victor se présenterait à Traquemont, et qu'il n'était pas possible que je me promène en aristocrate chaque jour jusqu'à son arrivée.

C'est donc avec mon épais pantalon de toile sombre dans lequel j'avais enfoncé les plis d'une large chemise de flanelle que je me présentais à lui, une tunique coupée aux coudes complétant l'ensemble que je trouvais déjà trop lourd pour les températures clémentes de septembre. Mes souples bottes cavalières, huilées aussi méthodiquement que celles d'un capitaine en campagne, n'émettaient pas le moindre craquement malgré les torts que les battues régulières pouvaient leur infliger.

« Soyez les bienvenus. » Ces mots avaient été donnés sans chaleur, sans froideur non plus ; simplement égaux, d'une neutralité qui n'indiquait pas grand-chose de mon humeur. « Mon seigneur, je vous invite à mettre pied à terre ; vos montures pourront côtoyer les nôtres aux écuries. Avec leur nombre restreint elles auront toute la place qu'il leur faudra et quelqu'un s'en occupera. » J'appuyai ma remarque d'un regard éloquent vers l'un de mes gardes, qui se contenta d'un discret hochement du chef. « Vos... hommes... pourront se reposer dans le baraquement que nous réservons d'ordinaire aux miliciens du duc. »

Il n'était pas rare que Sigfroi délègue quelques-uns de ses troupiers à mes bons soins, ce qui soulageait Traquemont plus que je n'étais prête à l'admettre. Quant à savoir si pour les intéressés cette affectation était plus un honneur qu'une horrible punition, le débat demeurait ouvert.

« Ceci entendu, si vous voulez bien me suivre. »

Un spécialiste de l'étiquette aurait probablement signalé que je venais de fouler des pieds une bonne demie-douzaine d'usages. Je n'en avais cure : tout ceci n'avait rien d'une visite de courtoisie, le comte en était tout aussi conscient que moi. Sans que je puisse l'en empêcher, une part de moi-même souffla que les choses auraient pu être bien plus simples dans ma vie si j'étais née de l'autre sexe.
J'attendis avec une feinte patience que la situation se décante, laissant le temps aux uns de descendre de selle, aux autres de conduire les montures à leur abri et aux derniers d'accompagner leurs cavaliers là où ils pourraient se restaurer et poser leur derrière peut-être endolori par le voyage.

« Je n'étais pas tout à fait sûre que vous viendriez en personne » lançai-je à mon hôte lorsqu'il fut prêt, menant la marche à travers la cour intérieure qui menait au donjon. « Il n'y a pas si long entre la ville et ici mais je ne vous savais pas amateur des grands espaces. »

De la même démarche vive, je gagnais l'ombre de la tour et en poussai l'épais battant juste au moment où un petit garçon s'apprêtait à en sortir. Il manqua me rentrer dedans dans sa hâte, recula d'un pas, cligna de ses yeux au brun profond - lesquels s'écarquillèrent en se posant sur l'homme derrière moi - et finit par balbutier :

« Ah ben ça alors c'est qu'c'est aujourd'hui que m'ssire comte il est là et vous... »
« Des rafraîchissements » le coupai-je en tentant d'effacer de ma voix toute trace d'affection.

Et je le dépassai, non sans ébouriffer fugacement ses cheveux au passage (suffisamment en pagaille, alors, pour n'avoir guère besoin que j'en rajoute). Je menais mon invité volée de marches après volée de marches, dépassant nombre de paliers ouvrant sur autant de salles ou corridors, jusqu'à gagner mes appartements sis au faîte de la structure.
C'est ainsi que je lui présentais ce qui était, l'un dans l'autre, le siège de ma croisade personnelle contre la Fange. Une vaste pièce dont les fenêtres donnaient sur la campagne alentour, parsemée de petites tables de diverses factures, elles-mêmes encombrées de cartes et documents qui n'auraient pas fait honte à la tente d'un général en plein blocus. Le mur du fond se voyait accueillir une cheminée plutôt large, tandis que ceux des côtés s'enorgueillissaient de quelques bibliothèques - pour l'essentiel, on n'y trouvait que des ouvrages religieux, d'histoire, d'héraldique et quelques-uns relevant du manuel militaire plus que d'autre chose, l'ensemble étant agrémenté de divers journaux. Ce qu'il restait était habillé de tapisseries ou de tableaux, et si dans le reste du fort ces décorations brossaient surtout des scènes de batailles, il ne s'agissait ici que d'épisodes paisibles de ce que la vie à la campagne ou en village pouvait offrir.

« Je vous en prie. »

D'un geste de la main, je l'invitai à prendre place. De fait, il y avait nombre de sièges, récupérés où l'on avait pu, agrémentés parfois d'un coussin. Deux fauteuils trônaient côte à côte devant le foyer, mais ils paraissaient inviter à la détente plutôt qu'aux discussions sérieuses ou négociations. Pour ma part, j'attendis que le comte s'assît pour en faire de même, croisant les bras sur ma poitrine dans une attitude assez peu féminine, rencognée contre le dossier. On ne tarderait pas à nous apporter de quoi boire et grignoter.

« Vous voici en mon modeste domaine. Je crains, comme prévu, que cela ne vous change drastiquement de l'Esplanade. » Je lui décochai un sourire qui aurait suffi à figer de l'eau. Non pas qu'il me fût antipathique : mais j'étais ainsi, voilà tout. « J'espère que le trajet ne vous aura pas été trop déplaisant, pas plus que l'arrivée. Maintenant, que puis-je faire pour vous ? »
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Victor de Rougelac



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MessageSujet: Re: Se tenir à carreau comme une flèche d'arbalète dans la perspective de juteux profits! (PV Yseult)   Se tenir à carreau comme une flèche d'arbalète dans la perspective de juteux profits! (PV Yseult) EmptyMar 30 Mai 2017 - 9:34
Le Comte de Rougelac n'était guère surpris par l’accueil quelque peu austère qui lui était fait à lui et ses hommes. Un homme de stature imposante était venu à la rencontre du groupe, s'exprimant avec une certaine insolence narquoise, donnant ainsi le ton, l'ambiance générale quand à la présence des Marbrumiens sur le fief de Traquemont. Resté en retrait, Victor toisa l'homme un court instant, conscient que son mercenaire de répondrait à la provocation que si il lui en donnait l'ordre, avant que son regard ne balai la cours, le chemin de ronde, sentant les regard pensant se porter sur sa personne. S'il n'y avait aucune réjouissance à ressentir, si l'ambiance semblait quelque peu "électrique", la scène était plutôt cocasse. La tension était palpable et les chevaux ressentait clairement le malaise et ses regards sombre rivés sur les cavaliers venant pénétré le fort niché au beau milieu des marais.

Où avait bien pu mettre les pieds le mondain de l'Esplanade? Alors que son attention se portait de toute part, captant des présences furtives dans certains encadrés des bâtisses formant le fief de dame Corbeval, une apparition vint mettre un terme à cet accueil froid et malveillant. L'ordre de cesser cette attitude belliqueuse fusa avec force et détermination, l'ensemble des cavaliers dirigèrent alors leur regard sur la source même, émettrice de ces quelques mots. Il s'agissait de la Chatelaine, aucun doute à ce sujet, Victor avait suffisamment étudié les archives et autres textes ou croquis pour considérer la femme à l'épaisse crinière d'un blond pâle encadrant un visage ovale, être l'objet de sa convoitise. Et son accoutrement ne choqua nullement le quadragénaire car en venant ici, nul place au luxe, comme le lui avait rappelé Yseult dans sa missive. C'était certes une noble mais une guerrière avant tout, alors la découvrir en robe aurait été bien plus surprenant que de la contempler ainsi vêtu de braies des plus masculine. Cela n'enlevait nullement un charme certain se dégageant de ce petit bout de femme, et les récits qu'on racontait sur elle ne semblaient se tromper car Victor du haut de sa monture captait sans mal son autorité naturel et son charisme.

Lorsque la Chatelaine approcha du groupe, la demi douzaine de mercenaires montés reculèrent, se positionnant en arc de cercle autour de leur employeur, le Comte de Rougelac. L'homme au sang bleu, agrippé aux brides de son destrier, releva le menton, l'observant sans que son visage ne trahisse la moindre émotion. Yseult s’exécuta ensuite à souhaiter la bienvenue au Comte et organiser la prise en charge de ses hommes. Son ton était des plus neutre et Victor ne pu que tiquer à l'évocation de la milice ducale. Ainsi cet élément semblait confirmer son intuition qu'elle était proche du Pouvoir Ducal, bien plus que l'était les Ventfroids, un atout qu'il saurait sans doute utiliser un jour dans ses desseins personnels.

Hochant de la tête, le Comte de Rougelac quitta sa scelle pour mettre pied à terre avant de s'incliner légèrement dans les codes de convenances de la Bonne société, ni plus ni moins.

- Merci Chatelaine, c'est un réel plaisir que d'enfin vous rencontrer en personne. Déclara-t-il sans que son interlocutrice puisse savoir s'il était ou non sincère.

Evidemment, Victor n'avait daigné relever les manquements d'usages dont il était expert en la matière, cela n'avait aucune importance en l'état actuel des choses. Il se tourna alors vers ses mercenaires pour leur signifier de poser pieds à terres et suivre le protocole énoncé par la maîtresse des lieux avant d’emboîter le pas au seigneur de Traquemont, non sans glisser à sa garde du corps un léger regard en coin pour lui signifier que tout ira bien. Suivant alors Yseult à distance respectable, le duo prenant la direction du donjon d'un pas soutenu, l’hôte brisant le silence d'une réflexion sans grande importance mais que le Comte s'empressa d'y répondre par respect.

- Je dois dire que ces derniers temps, le grand air me fait du bien. Et si je me suis permit de venir en personne, c'est que je compte ma visite, je l'espère, puisse dépasser le cadre de la simple affaire commerciale, madame.

Madame? Plutôt mademoiselle, mais il osa cette imprudence de manière subtile et calculée à vrai dire. En chemin, un enfant interrompit le pas des deux sang noble, sa réflexion naturelle et insouciante conforta de Rougelac dans son initiative, il semblait clair que la châtelaine n'avait nullement prit la rencontre à la légère, ayant prévenu les siens, un gage de respect. Esquissant un sourire satisfait, il ne prêta attention à l'attitude d'Yseult face au garçon, bourré de connotations, pour ensuite s'enfoncer à sa suite entre les murs du donjon. Remontant un escalier central, Victor observait chaque pallier, aussi curieux qu'intrigué avant qu'ils ne débouche tout deux dans ce qui s'apparentait aux appartements de la châtelaine.

La pièce était vaste et agencé de manière plutôt rustique mais non sans charme, le regard du Comte s'hasardant sur quelques tapisseries représentant la vie paysanne. Notant la présence de bibliothèque, l'homme de l'Esplanade pouvait en conclure que son hôte devait aimer enrichir son esprit ce qui était une qualité en soit, même si de sa position il ne pouvait connaître la teneur de ses ouvrages. Il fut rapidement accompagné jusque devant l'imposante cheminée avant qu'Yseult ne lui propose de prendre place dans un fauteuil. Inclinant la tête en remerciement de son hospitalité, il s'y installa avec soulagement. Il fallait dire qu'il avait pour la première fois chevauché sur un cheval et non pas en carrosse et s'il n'était bon cavalier, il avait pu compter sur ses mercenaires pour le mener en toute sécurité à bon port. Son séant au confort et au repos, il se tint avec une certaine prestance dans le siège. A peine les deux dignitaires assis qu'on leur apporta de quoi grignoter et se désaltéré. S'emparant d'une coupe sous la bienveillance de dame Corbeval aux manières toujours peu féminine, attendant ainsi son approbation pour se servir, il l'écouta alors religieusement. Si sa première réflexion était teinté d'un certain piquant, cela ne toucha nullement le Comte qui restait plutôt égal à lui même, comme on le connaissait, neutre et un poil mystérieux dans son attitude qu'il aimait à affiché de la sorte.

- C'est quelque peu dépaysant j'en conviens mis nécessaire, cela ne me dérange outre mesure, soyez en sûre.

Yseult ne semblait pas vouloir y passer par quatre chemin et demanda séance tenante les raisons de la visite du Comte de Rougelac. L'homme humidifia ses lèvres puis sa gorge de boisson avant de donner matière à assouvir la curiosité de la jeune femme à la chevelure dorée.

- Soyez sans crainte, le comportement de vos gens est compréhensible, je n'y attache guère d'importance. Et en ce qui concerne ma présence dans votre humble demeure, elle est de différents ordres, je vous le confesse. Si ma démarche première et de trouver un accord commercial avec vous, il se pourrait que je recherche d'autres liens... C'est bien pour cela que je me suis permit de venir en personne sans quoi j'aurais envoyé qui de droit. Mais je ne vais point vous faire languir plus longtemps, voyez-vous je fais affaire depuis peu dans le commerce de l'arbalète. Je ne vais point vous retracer cet étonnant investissement de ma part, je gage que cela ne vous intéresse nullement. Mais voila en tout cas le point, l'objet central de ma venue, Chatelaine de Traquemont.

Il laissa la chose en suspend, offrant la possibilité à Yseult d'en déduire par elle même l'objet de l'affaire qui pouvait les réunir en ce lieux. Mais Victor n'était pas pressé et osa un petit compliment en balayant la pièce du regard pour revenir poser ses iris sur Yseult.

- Charmant endroit... un cachet particulier qui n'est point déplaisant.
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Yseult de TraquemontChâtelaine
Yseult de Traquemont



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MessageSujet: Re: Se tenir à carreau comme une flèche d'arbalète dans la perspective de juteux profits! (PV Yseult)   Se tenir à carreau comme une flèche d'arbalète dans la perspective de juteux profits! (PV Yseult) EmptyLun 5 Juin 2017 - 9:23
Je m'étais progressivement calée de manière plus confortable dans mon siège au fil des explications de mon invité. Je ne dis rien pendant un moment après qu'il eût fini, un index contre la pommette et le coude légèrement enfoncé dans la partie capitonnée du fauteuil. J'observais le comte dans un silence confortable, tandis que lui-même se soumettait à l'examen avec une aisance qui ne manquait pas de m'impressionner. Je l'imaginais sans peine détourner les piques et sourires meurtriers des meutes aristocrates de l'Esplanade ; parfaitement maître de lui-même malgré ce décor spartiate où on l'avait accueilli sans douceur, il ne faisait pas montre du moindre inconfort.

« Fort aise qu'il soit à votre goût »
murmurai-je finalement. Se pouvait-il qu'il n'eût pas tout à fait parlé de la pièce ? Puis, me redressant et un ton plus haut : « L'arbalète. Elle a ceci d'appréciable que même le plus gauche des hommes peut devenir un tireur acceptable en l'espace de quelques semaines seulement, pour peu qu'il passe entre les mains d'un instructeur... compétent. » Le ton employé laissait entendre que l'instructeur en question, fût-il réel, n'avait rien d'un pied-tendre. « Et elle ralentit assez un Fangeux pour pouvoir sauver des vies. Mon seigneur, vous avez peut-être l'habitude des négociations et je risque alors fort de vous décevoir car je n'ai rien d'une négociante. J'ignore tout du culot et me contenterai de jouer cartes sur table avec vous. »

Comme pour illustrer mon propos, je croisai les doigts devant ma bouche et me penchai en avant.

« Une quarantaine d'arbalètes me seraient très utiles mais je ne pense pas avoir de quoi vous les acheter. Voyez-vous, je ne dispose ni de rentes ni d'un quelconque commerce en ville. Mes ressources sont pour le moins réduites. » Une risette sans joie étira la commissure de mes lèvres tandis que je le dévisageais sans presque ciller. « Mais Traquemont a souvent pu marchander avec le fer plutôt que l'or. J'ai cru remarquer que vous n'étiez pas accompagné de votre propre garde. »

Les raisons pouvaient en être variées, mais j'étais à peu près certaine que le comte n'était pas de cette noblesse d'épée qui s'était taillée sa place dans le monde aristocratique et à laquelle j'appartenais. Il était d'une autre race, plus ancienne et stable, qui régnait par l'influence et l'argent plutôt que la force. Il pouvait acheter cette dernière, après tout. Et c'était sûrement ce qu'il faisait.

« Je sais que les mercenaires ne ratent pas une occasion de vanter leur loyauté aux contrats qu'ils signent mais la vérité c'est que leur amour des pièces de monnaie est plus grand que leur fidélité. Ce qui n'est pas le cas de mes gens. » J'esquissais un geste vague de la main comme pour balayer par avance toute objection. « Réduisez donc vos effectifs et je vous détacherai une partie de mes troupiers : ils les remplaceront, ce qui vous épargnera des dépenses supplémentaires. Suffisamment pour compenser, disons, quarante arbalètes. »

Une offre qui ne risquait pas de me rendre très populaire auprès des lames à vendre, que je comptais bien amener par ce biais à payer à ma place, d'une certaine façon, les armes convoitées.

« C'est l'offre que je vous fais pour la question... commerciale. Je crois que vous avez fait mine d'en aborder une autre. »

Comme annoncé et fidèle à moi-même, j'allais à l'essentiel. Prendre le taureau par les cornes avait toujours été le meilleur moyen de ne pas se faire surprendre et j'appliquais cette logique parfois jusqu'au-boutisme.

« En quoi aviez-vous à ce point besoin de venir en personne à Traquemont, comte ? Pour voir de vos propres yeux ce que nous faisons ici ? Ou peut-être serait-ce pour partager les derniers événements de la cour ducale dont je n'ai que tardivement les échos ? » Je haussai une épaule. « D'ailleurs, à ce propos... j'ai bien du mal à cerner votre position à l'Esplanade. Que pensez-vous des mesures de Sigfroi, dernièrement ? »

La question avait été décochée avec un sourire qui indiquait que je ne le croyais pas dupe. C'était une interrogation qui pouvait receler bien des couteaux, et ce n'était pas un secret que j'avais jusqu'à présent autant apporté au duc que j'avais pu bénéficier de ses faveurs. C'était d'ailleurs très ironique, lorsqu'on y réfléchissait. Si ce n'avait été la Fange et quelques années de plus j'aurais peut-être mis cette région à feu et à sang, dans l'ombre belliqueuse de mon seigneur et père. Aujourd'hui je sacrifiais tout ce qu'il me restait pour la préserver.

La Trinité, parfois, faisait preuve d'un bien étrange sens de l'humour.
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Victor de RougelacGouverneur de Sombrebois
Victor de Rougelac



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MessageSujet: Re: Se tenir à carreau comme une flèche d'arbalète dans la perspective de juteux profits! (PV Yseult)   Se tenir à carreau comme une flèche d'arbalète dans la perspective de juteux profits! (PV Yseult) EmptyMar 6 Juin 2017 - 14:46
Il était vrai, l'endroit était charmant dans son genre et le seigneur des lieux ne dérogeait point à cet état de fait. Que la châtelaine y capte ou non ce double sens, Victor appréciait semer le doute, le trouble dans ce genre de propos. Prenant alors une posture droite, la blonde évoquait sous le regard entendu du Comte de Rougelac, les qualités de l'armement qu'il proposait. Il semblait effectivement guère surprenant de compter l'arbalète dans la catégorie des armes simple d'utilisation mais tout aussi efficace. Bien entendu, l'arme avait ses failles et c'était bien sûre sa lenteur à être rechargé qui pouvait assombrir un tableau plutôt gratifiant.

Esquissant un sourire entendu, Victor prenait ensuite acte de l'absence d'une quelconque fibre négociatrice chez son interlocutrice. Avait-elle le mérite d'être franche et transparente, peut être un peu trop? Sans un mot, sans laissait apparaître la moindre émotion sur son visage, le quadragénaire resta bien calé dans son siège, sirotant sa coupe tout en écoutant religieusement la suite de l'exposé d'Yseult de Traquemont. Elle n'avait pas de quoi payer et sa risette si elle avait pour objectif de déstabiliser Victor ne produisit nullement l'effet escompté, le sang bleu affichant toujours une attitude neutre, masquant bien son sentiment quand à la tournure des événements. Calmement, il opina du chef, répondant brièvement.

- En effet, c'est une nécessité.

Où voulait-elle en venir? Il su rapidement les tenants et aboutissants de cette remarque. Exposant alors la réalité quand à s'entourer de mercenaire, elle n'avait nullement tord dans le fond, même si elle ne connaissait la provenance exacte des hommes d'armes qui l'entourait et le contrat d'exclusivité passé avec la Compagnie des Dragons. Ce fut bien habilement qu'elle proposa de payer le Comte en lui détachant des soldats qui pouvaient lui permettre de réduire ses coûts d'entretien. L'homme de frotta le menton, fixant la demoiselle avec intérêt sans pour autant approuver son marchandage. Il fallait peser le pour et le contre et obtenir plus de détails, qui pour l'heure restaient vagues, bien trop vagues.

Ne laissant nullement de Rougelac réagir, la châtelaine prit le parti de rebondir immédiatement sur la seconde raison de la présence du noble Marbrumien sur ces terres, faisant clairement un pied de nez à son propre stratagème. Elle avait du culot et si elle cherchait à le prendre de court, elle ne savait pas encore que l'individu en face d'elle trouverait une parade pour ne pas se brûler les ailes. Si l'on prenait le taureau par les cornes, fallait-t-il bien se trouver face à cette montagne de muscles ténébreuse mais Victor n'était pas de cette race de sanguin fonçant tête baissé. En réponse à son sourire et sa curiosité quand à son positionnement politique, Victor lui offre en retour un sourire à la commissure de ses lèvres avant d'enfin avoir l'occasion de s'exprimer.

Se raclant la gorge, il se redressa lui aussi, tout en allongeant ses avant bras de part et d'autre du fauteuil sur les accoudoirs.

- Je ne suis nullement venu ici sans en connaître certaines particularités. Je suis conscient que l'or ne rempli pas vos coffres et je suis en effet enclin à trouver tout autre sorte de paiement.Votre arrangement me laisse quelque peut... dubitative... il est flou... donnez moi matière à pousser ma réflexion par quelques détails qui pourraient faire pencher ma décision en ce sens.

Il humidifia sa gorge avant de reprendre d'un ton toujours égal.

- N'auriez-vous point quelques autres formes de rétribution à me proposer pour ainsi forcer la comparaison? Un détachement d'homme n'est qu'éphémère, bien qu'intéressant. ne possédez-vous pas d'autres intérêts dont je pourrais bénéficier? Quelques projets, quelques investissements que compterait votre domaine ou votre personne que je pourrais exploiter de manière à obtenir une sorte d'exclusivité?

Victor n'avait rien de précis en tête mais il était certain que Traquemont possédait des atouts autre qu'incarner une force actives contre la menace de la Fange. Il osa un exemple.

- Produisez vous quelques matières premières? Jouissez-vous d'accords avec d'autres terres ou seigneurs dont je pourrais offrir mon influence. Tout rétribution n'est pas forcement matériel, si vous me comprenez. Vous même pouvez m'offrir quelques richesses qui pourraient voir grâce à mes ambitions. Bref, vous le comprendrez, je suis ouvert à toute négociation et prend acte de votre offre. Puis-je me permettre de vous laisser le temps de la réflexion, si bien sure, vous me laisser la possibilité de rester quelques jours sur vos terres, je ne voudrais nullement m'imposer, soyez-en sure très chère.

Fini-t-il, le regard légèrement espiègle avant de poser sa coupe et aborder le second sujet, tout en restant à la foi prudent et cherchant à reprendre ce sujet à son compte.

- Madame, si je viens d'en évoquer quelques bribes, que votre esprit à sans doute aisément pu capter, je peux dire que ma présence exprime des besoins variés, mieux vous connaître en fait parti, n'incarnez-vous point une personnalité incontournable du Morguestanc. Mais pourrions-nous prendre le temps que de nous hâter? Quand à ma position sur l'Esplanade, elle est des plus respectable, cela va s'en dire et je ne doute point que vous soyez au fait de mes récents retraits de certaines activités gravitant autour de la luxure...

La détaillant un cours instant de la tête au pied, il caressa discrètement les bords des accoudoirs avant d'achever, le menton relevé signe d'une certaine maîtrise de soit.

- Notre bon Duc fait ce qu'il croit être bon pour notre peuple, je n'ai nullement à juger de son oeuvre. Mais, je puis vous affirmer qu'il à mon soutien en ces temps de troubles. D'ailleurs, quelqu'uns de mes efforts ces derniers temps se concentrent à afficher une certain sympathie, un certain soutien. Mais pourrais-je me permettre, comme nous sommes dans une phase d'aveux, d'obtenir moi aussi votre point de vu face à la politique Ducal, madame la chatelaine? Pourrions-nous peut être trouver quelques points communs, quelques intérêts d'ailleurs, ce qui renforcerait le bien fondé de ma visite. Mais si je ne souhaite abuser de votre hospitalité, me feriez-vous l'honneur d'entretenir ce débat tout le long de mon séjour?

Victor désirait prendre son temps, mais cela n'était peut être pas au goût du seigneur de Traquemont, ainsi il guetta ses réactions et s'adapterait si nécessaire.
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MessageSujet: Re: Se tenir à carreau comme une flèche d'arbalète dans la perspective de juteux profits! (PV Yseult)   Se tenir à carreau comme une flèche d'arbalète dans la perspective de juteux profits! (PV Yseult) EmptyMer 7 Juin 2017 - 18:58
Au fil des minutes qui s'égrenaient je retrouvais l'impression désagréable et depuis longtemps oubliée que j'éprouvais plus souvent qu'à mon tour, enfant, lorsque j'étais prise en défaut par quelques-uns de mes professeurs les plus exigeants. Le sentiment que j'avais alors était très semblable à celui de l'instant présent : l'embarras, après avoir bien appris sa leçon, de constater qu'on est encore loin de maîtriser les arcanes supposément apprises.
Le comte de Rougelac me poussait sur un terrain où je ne voulais pas me retrouver entraînée : il avait mis sur la table un attrayant appât, et désormais il jetait sous couvert d'une bienveillante curiosité son regard inquisiteur dans les cordons de ma bourse, assez plate au demeurant. Quels atouts avais-je, s'enquérait-il, dont il pourrait bénéficier à son tour ?

Tout dépendait de la valeur qu'il y accordait, songeais-je en mon for intérieur. Et de si j'étais prête, moi, à les partager.

« C'est que je n'ai guère le luxe du temps, mon seigneur » repartis-je à l'attaque avec un mince sourire qui dispensait plus de dépit que d'amusement. « Nous ne l'avons plus depuis belle lurette, aucun d'entre nous. »

Je me levais de mon siège avec une lenteur qui semblait l'inciter, lui, à rester assis. Je fis quelques pas dans la pièce, contournant un meuble et m'approchant des fenêtres donnant sur le Nord. On voyait d'ici la silhouette ramassée sur elle-même de Marbrume, découpée sur un horizon gris et marin.

« Il y a plusieurs raisons d'être à Traquemont, vous savez. Bien sûr en premier lieu, les circonstances. Nous sommes des rescapés qui avons trouvé refuge où nous l'avons pu. Mais aussi le devoir, le besoin de nous venger. Et de donner une chance à notre avenir. Fort heureusement cet endroit n'est pas la cité ducale parce que, voyez-vous, il reste en moi un certain amour de l'indépendance. Sans doute l'avez-vous aussi. » Je lui jetai un regard acéré par-dessus mon épaule. « Mais j'ai appris à le mettre de côté pour le bien du plus grand nombre. Oh, ces mots vous paraîtront probablement d'une naïveté navrante, comme ils le sont à bon nombre de nos pairs de l'Esplanade. Mais combien d'Esplanades la Fange a-t-elle déjà ravagées ? Combien de villes englouties, de châteaux brisés ? »

Je chassai férocement les souvenirs, que je n'avais que par lambeaux épars et déchirés (comme si ma mémoire se refusait à me les donner), de la chute de Corbeval.

« Je trouve stupidement candide de croire que Marbrume puisse faire exception. Il y aura un jour, comte, où la Fange se rassemblera en une grande vague qui déferlera même jusqu'ici. Jusqu'à Traquemont puis jusqu'aux Faubourgs, aux bas-quartiers, et elle remontera l'allée des Hytres. Balayant absolument tout sur son passage. Tout ce qui reste de nous. »

Je ramenais mon regard délavé en direction de la cité ducale. Comme elle me paraissait paisible, parfois, vue d'ici. Une illusion, aussi plaisante que navrante.

« Du moins si nous ne faisons rien. Alors j'ai décidé de sacrifier bien des choses. Mon peuple, mon ambition, ma personne. À la guerre contre la Fange. Parce que même si là-bas, derrière les hauts murs de Sigfroi, vous parvenez à l'oublier... elle, elle ne nous oubliera pas. Par malice ou par hasard, elle viendra frapper aux portes de la bergerie, et accomplira son office de boucher. »

Je portais une main à mes lèvres dans une expression absorbée, laissant un silence relatif tomber sur mes appartements. De l'extérieur nous parvenaient les bruits de la vie ici : le métal qu'on martelait pour façonner un fer de lance, les sacs de provisions qu'on amenait jusqu'au pied de la tour, vers les cuisines ; les coups sourds qu'un travailleur assénait à la charpente d'un appentis pour redresser quelques clous fatigués. Les rires de quelques morveux chahuteurs se devinaient quelque part, tandis qu'une discussion animée semblait présager d'une dispute entre deux hommes.

« Tout ceci, mon seigneur, pour vous dire que la moindre de mes ressources est vouée à repousser ces monstres. Mes hommes ? Ils les chassent dès l'aurore et risquent leur vie chaque jour que la Trinité nous offre. Mon influence auprès des quelques communautés de l'extérieur ? C'est un échange de bons procédés, des patrouilles et des oreilles de mordeurs contre du cuir, des outils et un peu de leurs récoltes. Mes informations ? » J'eus un rire sincère, retenu, et balayai d'un geste l'espace de la salle. « Vous les trouverez toutes ici, sur les cartes et documents qui s'entassent sur ces tables. Mais aucun potin juteux, j'en ai bien peur : seulement les effectifs de la milice, de la roture et les mouvements du gros de la Fange. »

Les semelles cerclées de fer de mes bottes tintèrent lorsque je lui fis face de nouveau, un éclair résolu - et peut-être légèrement excédé - au coin des yeux.

« Alors j'ignore ce que vous attendez vraiment de moi, mon seigneur. Traquemont n'est pas un lieu de plaisance, c'est une avant-garde contre l'ennemi. Je n'ai pour ces négociations que... »

Quelques coups rapides résonnèrent contre le battant de la lourde porte barrant l'accès à cet étage, me coupant la parole par la même occasion. Surprise qu'on vint me déranger alors que tous savaient l'importance que pouvait avoir la visite du comte, j'allais ouvrir à grands pas irrités - là où d'ordinaire j'aurais simplement invité la personne à entrer.

« Faites-moi le plaisir d'aller... »

Et je m'interrompis pour la deuxième fois. L'homme qui se tenait devant moi était d'un âge qu'on aurait pu situer entre le mien et celui de mon hôte. Le gris striait sans vergogne ses boucles sombres et son épaisse barbe drue aux reflets cuivrés ; ses traits comme esquissés au couteau, son nez tordu et l'épaisse cicatrice barrant sa pommette n'aidaient pas à lui donner une apparence affable. De la stature des gens d'armes, il s'efforçait d'éviter que la lame de sa hallebarde ne ripe contre les recoins de pierre de l'édifice.
C'était un de mes reîtres, et je sentais dans sa poigne fébrile, dans les mouvements trop vifs de ses yeux, la peur et la soif de sang forcée de ceux qui s'apprêtent à combattre.

« Très bien, dites-moi quel est le problème » soupirai-je.
« Pardon ma dame, j'sais bien que vous êtes occupée là et tout ça... » Il zyeuta par-dessus ma tête en direction de Victor, avant de revenir à moi : « Mais on vient d'recevoir un messager, un gars du duc plutôt pressé. Sa coutilerie s'rait tombée sur une bande de bannis, m'voyez, ils sont pas repérés encore ni rien mais ça saurait pas tarder, et ils aimeraient un coup de main de not'part parce que Marbrume, là, ça s'rait trop long. Dix gars, qu'il a dit, ça f'rait du bien. »

Les rouages exercés de mon esprit virent aussitôt dans quelle situation cette nouvelle me mettait. Des miliciens de l'extérieure faisaient du zèle et, après avoir identifié un campement de parias, trépignaient de leur fondre dessus - je pouvais comprendre leur hargne, surtout après les dernières attaques contre le Labret et le duc. D'un côté, bien que rien ne m'obligeait à satisfaire la requête, elle était à bien des points de vue plutôt logique et sensée. D'un autre côté, ce n'était pas dans mes habitudes de me préoccuper d'un problème qui ne concernait que Marbrume.

Je sifflais entre mes dents, agacée par la chose.

« Allez rassembler une demie-douzaine des nôtres. Des anciens gardes de Corbeval, et qui savent monter. Faites seller une monture supplémentaire. » Ce simple déploiement allait passablement vider les écuries, tout en laissant au moins deux chevaux. C'était une mesure que j'avais instaurée très tôt : toujours garder de quoi permettre à quelques hommes de rallier la ville en toute hâte... Pour la prévenir de livrer son baroud d'honneur, si l'horizon devait se couvrir. « Et bien, comte... je crois que vous allez pouvoir profiter de l'hospitalité de Traquemont après tout. À moins, bien entendu, que l'appel des grands espaces ne vous pousse à chevaucher avec moi ? »

Je lui décochai un autre sourire. Et que cela puisse être immoral ou non, celui-ci à l'idée de la violence à venir était bien plus chaleureux que tous ceux que j'avais pu lui dédier auparavant.
Cela ne faisait pas si longtemps que j'avais abandonné mon rôle d'âme damnée du belliqueux châtelain de Corbeval ; chassez le naturel, il reviendra au galop.
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Victor de RougelacGouverneur de Sombrebois
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MessageSujet: Re: Se tenir à carreau comme une flèche d'arbalète dans la perspective de juteux profits! (PV Yseult)   Se tenir à carreau comme une flèche d'arbalète dans la perspective de juteux profits! (PV Yseult) EmptyJeu 8 Juin 2017 - 6:36
Victor n'était pas dupe quand la châtelaine, quelque peu embrassé par l'insistance du Comte à désirer prendre son temps dans les affaires qui l'amenaient jusqu'à elle, évoquait son manque de temps à lui accordé. Non, c'était bien là un motif des plus ridicule. Certes la Fange lui accaparait du temps et des forces mais tout individu s'octroyait par nécessité physique et psychologique du temps. Pourtant, Victor, malgré sa désapprobation intérieur n'en exprima rien, se contentant de la fixer d'un regard neutre voir mystérieux, n'acquiesçant nullement.

Yseult se leva alors, tandis que le Comte de Rougelac tenait sa position assise, confortable, offrant maîtrise de soi et sérénité. Cette attitude était bien entendu toute calculée et la blonde ne devait pas être né de la dernière pluie pour comprendre le message subliminal envoyé par le Comte par cette posture.

L'homme ne la quitta des yeux lorsqu'elle se dirigea vers la fenêtre pour observer le paysage en dehors. Rien, absolument rien, aucun des gestes, mouvements, n'échappa à l'oeil vif du quadragénaire, rien, absolument rien, aucun des mots, expressions, anecdotes ou analyses n'échappa à l'ouïe fine du quadragénaire. Silencieusement, religieusement, Rougelac prit actes des faits et s'il faillit relever une incoherence dans l'exposé de la châtelaine de Traquemont, il se ravisa rapidement d'en faire la remarque, par le simple fait qu'Yseult elle même avait su rectifier le tir d'un sentiment initial de desespoir avant d'en affirmer le contraire.

Hochant la tête par moment, il comprenait bien le contexte particulier qui entourait ce fief, le risque permanent qui planait sur Marbrume, entre autre, mais il n'approuvait pas la totalité des déclarations qu'il s'agisse de son dévouement à en balancer toute ambition aux oubliettes ou à son absence d'une quelconque influence auprès de Sigfroi. Quand à ses ressources, parlait elle a nouveau d'éléments matériel alors que le Comte suggérait une approche plus élarge du terme.

Alors, tout en reprenant une pose face à son invité scrutatoire, patient, docile, n'exprimant aucune sorte de sentiments qui pouvait le trahir de quelques façons que ce soit, Yseult allait conclure sa seconde tentative de trouver une issue rapide aux négociations, quand subitement on interrompi les deux sang bleu.

Déportant son attention vers l'individu qui collait parfaitement à l'univers rustique des lieux, cette irruption sonnait comme une aubaine pour le mondain de l'Esplanade, mettant à mal la tactique d'Yseult à précipiter la prise de décision du Comte. La teneur de l'information porté à l'attention du Seigneur de Traquemont allait remettre provisoirement les débats à plus tard, sans doute au soir ou au lendemain, tout dépendait de la durée de l'intervention face à un groupe de banni.

Donnant des ordres à son subalterne, Yseult etait danser le point de prendre congé pour participer à l'exercice, reportant son attention sur Victor non sans lui porter une pique aussi sucré que salé. Lui adressant un large sourire en coin en retour, Victor ne daigna se relever pour autant, marquant le sensation de se trouver à son aise ici dans les marais.

- Je le crois aussi très chère châtelaine. Mais n'y voyait le fruit du hasard, ce sont les Trois qui l'on décidé. Permettez moi de ne point vous accompagner même si j'apprecie votre intention. Je ne vais point vous retarder mais avant de me laisser prendre mes quartiers, pourriez vous avoir l'obligeance de mettre à ma disposition l'un de vos domestique les plus compétent ?


Il la laissa réagir avant de lui offrir quelques mots qu'il espérait laisser graver dans l'esprit de la jeune femme tout le long de sa chevauchée, et ce lorsque l'homme d'arme de la châtelaine ne fut plus en mesure d'épier la fin de leurs échanges.

- Ah, j'oubliais... prenez le temps de la reflexion madame Corbeval, et rappelez-vous une chose, ne pensez point à court terme au sujet de nos affaires et nos négociations, voyez par delà l'horizon. Vous l'avez dit vous même, vos efforts, votre dévouement ne sont pas inutile, l'espoir d'un avenir moins sombre vous anime. Alors... vous aurez les moyens de vos ambitions et de certaines des miennes. Puisses les Trois vous offrir protection, je vous dis à plus tard.


Inclinant légèrement la tête, il ne bougea pas d'un pouce ni d'un orteil, s'offrant ce luxe que lorsqu'on lui enverrait un domestique.
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MessageSujet: Re: Se tenir à carreau comme une flèche d'arbalète dans la perspective de juteux profits! (PV Yseult)   Se tenir à carreau comme une flèche d'arbalète dans la perspective de juteux profits! (PV Yseult) EmptyDim 11 Juin 2017 - 20:51
Tout en dévalant quatre à quatre les escaliers du donjon, je ne pouvais m'empêcher de répéter en mon for intérieur les mots du comte. Qu'avait-il vu exactement en Traquemont ? En moi ? Je ne pouvais pas croire qu'il n'avait pas d'arrière-pensée assez précise dans la tête. Convaincant ? Oui, à sa façon il l'était. Une façon un peu sibylline, un peu mystérieuse. Il ne me paraissait pas homme à miser ses pions de façon inconséquente, pourtant je ne croyais pas être d'un quelconque intérêt pour un aristocrate de haut rang de l'Esplanade.

Je sautai les derniers degrés pour atterrir au pied de l'édifice et gagnai la cour intérieur, où m'attendaient déjà plusieurs cavaliers parmi les plus rapides à se préparer. Ils n'étaient pas bien différents d'avant la Fange, ces maraudeurs vêtus de noir aux sourires sinistres. La fin du monde ne semblait pas les déranger plus que ça.
Je ceignis le baudrier que l'un d'eux me tendit sans un mot et me juchai sur le grand hongre qu'on m'amena, retrouvant avec un peu de mon plaisir d'antan la sensation de l'équitation. Un dernier regard en arrière, vers les lointaines fenêtres de mes appartements que le reflet du soleil rendait étincelantes ; et puis j'enfonçai sauvagement mes talons dans les flancs de ma monture.

*

Il fallut une bonne dizaine de minutes après le départ de la châtelaine pour que Victor ait de la visite. Et quelle visite !

« Tu crois qu'on a le droit ? »
« Oh mais bien sûr que oui, arrête de faire ta chochotte ! »

La porte s’entrebâilla d'abord, prudemment, laissant une ombre se profiler sur le seuil de pierre. Elle finit par s'ouvrir, révélant deux petites têtes couronnées de frisotis aux couleurs des landes d'automne. Une petite fille à la mine trop décidée pour son âge, suivie de près d'un garçon sensiblement de la même génération - un œil exercé leur aurait donné douze ans, bien que la rudesse relative de leur époque leur en fît sembler quatorze. Leurs fripes étaient grossières mais avaient le mérite de changer Victor du sempiternel ton de nuit des adultes en armes qu'il avait pu voir jusqu'à présent ; leur babillage, presque continu, semblait indiquer que les mômes se côtoyaient souvent.

Se tenir à carreau comme une flèche d'arbalète dans la perspective de juteux profits! (PV Yseult) Dqsdqs10

« C'est Lendemain qu'a dit qu'on pouvait, enfin, qu'on devait même, parce que le comte il attend que... »
« Le comte ! » s'exclama alors le gamin, rivant ses prunelles marron sur l'intéressé. Sa compère ne semblait pas avoir remarqué la présence de l'aristocrate, toute affairée qu'elle était à expliquer patiemment le pourquoi et le comment de leurs responsabilités. D'un air docte, les poings sur les hanches, elle entretenait l'autre d'un ton semblant dénoncer qu'elle devait souvent le recadrer.
« Oui, le comte, ça fait trois fois que je te le dis ! Tu pourrais écouter un peu... »

Et lui de répéter.

« Là, le comte ! »
« Mais, à la fin... Oh crotte, le comte ! »

C'est qu'elle venait de se rendre compte des mirettes éberluées de son compagnon, et avait adopté peu ou prou la même expression en découvrant que le fameux noble se tenait à quelques pas de là. Reprenant toutefois vite le sens des réalités, elle se fendit d'une révérence passable, quoique passée de mode à la cour depuis au moins trente ans. Celle qui la lui avait apprise aurait pu avoir l'âge de la mère de Victor. D'un coup de coude elle incita son voisin à s'incliner, ce qu'il fit en fermant finalement la bouche.

« Messire, c'est un très grand honneur pour nous de... vous servir et vous montrer... euh... » Elle se redressa, la lèvre mordue par l'embarras d'avoir oublié une partie de ce qu'elle avait visiblement fait beaucoup d'efforts pour apprendre par cœur.
« Les 'partements qui vous sont tribués ! » compléta le petit garçon, son aplomb retrouvé.
« Les appartements qui vous sont attribués, oui, c'est ça. » Elle décocha à l'autre un regard en coin aussi noir que la suie, probablement outrée de sa maîtrise approximative des termes employés. « Si vous voulez bien nous suivre... »

Il y avait une discrète note d'appréhension dans ces dernières paroles, comme si l'enfant ne réalisait pas qu'il ne s'agissait que d'une formule de politesse et redoutait que l'invité puisse répondre par la négative (ce qui, on pourrait s'en douter, la laisserait dans une situation très inconfortable).

Ils attendirent patiemment l'homme sans cesser de le scruter à la dérobée, n'étant habitués à rien de tout ce que Victor pouvait représenter. Il amenait avec lui le rappel qu'un autre monde existait, un monde qui dans l'imaginaire enfantin revêtait des allures de châteaux de marbre, de tapisseries flamboyantes et d'assemblées aussi braves que mystérieuses. C'était pourtant eux, les habitants de château ; mais parfois ils regardaient vers Marbrume et s'ils n'y avaient jamais mis les pieds, l'un comme l'autre, ils avaient par cent nuits différentes rêvé du palais ducal et des beaux manoirs de l'Esplanade.
Les guides de Victor n'eurent pas à le mener bien loin, ne descendant que de deux étages la tour du donjon. Le palier qu'ils investirent, bataillant une seconde avec le récalcitrant loquet de fer, révéla un corridor enténébré à l'allure peu engageante. C'est cependant avec bravoure qu'ils s'y engagèrent, meublant la pénombre de leurs gazouillis à l'enthousiasme intarissable. Le comte put ainsi apprendre que Mirabelle et Olivier, enfants et petits-enfants d'herboriste si on n'avait pu le deviner, étaient nés en même temps douze printemps plus tôt (« Mais je suis arrivée avant lui quand même, c'est moi l'aînée ! » ne manqua pas de préciser la petite en ignorant les grommèlements de son frère) et avaient toujours plus ou moins vécu derrière des remparts. À leur public d'une personne ils vantèrent leur expertise de la Fange, car quand même, ils en avaient souvent aperçu au crépuscule depuis les remparts - lorsqu'ils arrivaient à s'y faufiler si tard sans qu'on ne les y prenne, Olivier en gardant le souvenir cuisant d'une correction qu'il n'admettait qu'à demi-mots. Par contre, pour ce qui était des plantes et au grand dam de leurs ascendants sur, probablement, plusieurs générations, ce n'était même pas la peine de leur en parler. Mirabelle était allergique au pollen ; quant à son frère, et bien, il avait perdu tout goût pour la végétation quelle qu'elle fût depuis sa chute dans un roncier.

Ils en étaient là, à lui narrer certains des épisodes les plus drôles ou humiliants de leur courte existence (ça dépendait de qui racontait l'histoire), juste devant une porte au battant ciselé que la gamine ouvrit soudain.

« Ah mais c'est ici ! »

Le « ici » en question se composait de deux pièces attenantes qui s'illuminèrent sitôt que les morveux entreprirent d'écarter les lourds rideaux couleur lie-de-vin occultant les fenêtres. Il y avait là un séjour plutôt spacieux, s'offrant le luxe d'un tapis circulaire sous la patte unique d'une table de même forme, au contour patiné par les ans. Quelques commodes et autres tablées étaient disposés avec un effort évident pour rendre l'endroit accueillant à plus d'un occupant, avec ce qu'il fallait de chaises ; quand à l'autre partie de la suite, il s'agissait d'une chambre pourvue d'un grand lit, d'une unique bibliothèque fortuitement encombrée de têtes de flèches et d'un foyer creusé à même une dalle centrale, où l'on pouvait mettre des charbons pour réchauffer l'ensemble. Dans le style de Traquemont, la salle respirait une austérité qu'on avait tenté d'habiller avec un partiel succès. Toute la bonne volonté du monde n'aurait pas suffi à véritablement transformer ce qui, dans le fond, demeurait une place forte.

« Voilà, euh... il fait bon en ce moment mais si vous avez froid vous le dites hein ! » lança assez impudemment un Olivier plein de prévenance, louchant sur les coûteux atours de Victor. « Je vais aux cuisines, je vous ramène de quoi manger et boire. »

Et ni une ni deux, le vif gamin s'était éclipsé. Sa sœur resta là, triturant un rideau, arrangeant une couverture, tapotant un coussin, dans l'attitude typique des enfants qui ont quelque chose à dire mais n'osent pas. Il lui fallut un moment pour se décider, et c'est d'une petite voix contrastant avec l'attitude d'assurance forcée qu'elle s'était jusque là donnée que Mirabelle s'adressa au comte.

« Dites monsieur le comte... Si vous êtes venu jusqu'ici, c'est parce que vous allez nous aider, hein ? » L'interrogation était vague, mais elle ne paraissait pas s'en rendre compte. Une ombre de bouderie passa sur son visage. « Les autres ils disent que les gens à Marbrume ne comprennent rien à ce qu'il se passe et qu'ils s'en fichent, mais je sais que c'est pas vrai. Vous êtes venu avec des soldats, j'ai vu, alors vous allez vous battre pas vrai ? »

Pour qui avait un peu de sensibilité à ces choses, il pouvait être déstabilisant de mesurer l'ampleur de la confiance et de l'espérance qu'un individu de cet âge pouvait parfois placer en ses aînés.

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Victor de RougelacGouverneur de Sombrebois
Victor de Rougelac



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MessageSujet: Re: Se tenir à carreau comme une flèche d'arbalète dans la perspective de juteux profits! (PV Yseult)   Se tenir à carreau comme une flèche d'arbalète dans la perspective de juteux profits! (PV Yseult) EmptyLun 12 Juin 2017 - 12:40
Le Comte de Rougelac avait donc laissé de quoi réfléchir à la châtelaine ayant prit congé de sa personne pour assurer ses obligations de femmes d'armes. Si Victor ne comprenait réellement l'obligation de cette dernière quand à participer à cette mission, il n'en fit nullement la remarque car finalement cela semblait tomber à point nommer, aurait elle ainsi, tout comme lui, un labs de temps certain pour réfléchir aux affaires qui avaient fait se déplacer le Comte en personne. Victor se retrouva finalement seul dans les appartements de la demoiselle, jouissant d'un peu de quiétude pour mieux s’imprégner des lieux et en savoir d'avantages sur son hôte, son mode de vie, ses goûts et son caractère car ne dit on pas que la décoration des appartements d'une dame est le reflet de sa personnalité?

Sans quitter le confort de son siège, l’œil avisé du quadragénaire balaya les lieux au peigne fin, notant chaque détails, chaque bibelot pour ainsi sentir toute les vibrations, positives comme négatives qui se dégageaient des lieux, jusqu'à ce que son attention soit perturbé par un bruit qui provenait sans nul doute de la porte d'entrée. Telle une statue, Rougelac ne bougea, sa tête légèrement incliné vers l'endroit du délit pour très vite voir la porte d'entrouvrir et laisser apparaître deux petites têtes de bambins. Les deux petites souris, une fille et un garçon portaient des accoutrements qui n'avait de comparaison avec quelques domestiques de l'Esplanade, confortant les apriori du Comte de Rougelac quand à l'absence criante et totale de marque de richesse en ce lieux perdu dans les marais. Il ne trouverait clairement pas de sou ici c'était à présent certain!

Reportant donc son attention sur les deux têtes brunes qui avaient franchi le pas de la porte, l'homme les scruta, quelque peu amusé. Cette irruption quelque peu étrange donnait une certaine fraîcheur à ce lieu austère et froid en plus du fait que la scène avait aspect des plus comique en soit. Car en effet si le jeune garçon avait immédiatement aperçu l'invité de la châtelaine, cela ne semblait nullement le cas de la jeune fille qui ne manquait pas d'une spontanéité aussi naïve qu'amusante. Si l’incompréhension des deux mômes était criant, le garçon tentant en vint d'expliquer à sa complice que le Comte se trouvait devant eux, les mots employés par la jeune fille possédait un naturel qui rappelait le Comte à sa propre enfance.

Finalement, après avoir grondé le garçon, la petite fille comprit enfin son erreur en apercevant Victor, son attitude changeant derechef du tout au tout, incitant alors son frère à s'incliner devant le mondain de l'Esplanade, offrant des courbettes appartenant à un autre temps. Prit d'une réelle tendresse dans son regard à la vue des efforts des deux mômes, le Comte se releva finalement pour leur faire face, se fendant d'un chaleureux sourire bienveillant.

- Il est de meilleur manière de dire "flûte" ou "diantre" plutot que "crotte", jeune fille. Se tournant vers le garçon, de rajouter. Et toi, ne mâche pas tes mots, serait-il dommage que notre langue, si noble soit elle, ne se perde, ne crois-tu pas?

Finalement, il exécuta lui même une révérence impeccable devant les deux enfants, rajoutant alors.

- Voilà comment l'on se présente.

Il prit ensuite la main de la jeune fille et explicat au petit garçon comment la saluer par un baise main, non sans rajouter un détail important.

- Selon les règles, seules les femmes mariées ou les femmes célibataires de position importante ou âgées peuvent recevoir cet hommage et jamais dans un lieu publique. Et attention petit, ce geste ne se fait qu'à l'initiative de la dame, entendu?

Sur ce petit court improvisé de courtoisie, les deux chérubins accompagnèrent le sang bleu jusqu'à ces appartements. Si le mécanisme d'ouverture avait quelque peu mit en difficulté les deux enfants, tout trois pénétrèrent dans la suite attitré au Comte, la pénombre couloir atténué bien vite par la chaleur et la joie de vivre des deux enfants qui profitèrent de l'occasion pour se présenter au noble non sans que ce dernier n'en apprécie l'esprit affirmé et marqué de la plus grande, enfin façon de parler. Ébouriffant la tignasse de cette dernière à sa remarque, il tapota gentiment la joue du garçon pour indiquer qu'il n'avait pas à s'offenser de la réplique de sa sœur. S'en suivi l'écoute passive de certains des épisodes les plus drôles ou humiliants de leur courte existence, permettant ainsi à Victor de décompresser par cet agréable compagnie tout en découvrant enfin son lieu de vie pour quelques jours tout au plus. Lorsque les deux mômes laissèrent filtrer la lumière en dégageant les fenêtres des épais rideaux, Victor s'imprégna des lieux. Si le confort allait être sommaire, était-il pourtant satisfait de l'espace qu'on lui octroyait.

- Cela me convient fort bien Olivier, merci pour ta sollicitude. Lança le Comte à l'attention du garçon qui quittait les lieux pour se rendre en cuisine.

Resté alors seul avec la plus vivace des deux enfants, le quadragénaire ressentait l'envi oppressent de Mirabelle de prendre la parole, ce qu'elle se décida à faire après quelques gestes pour se canaliser. Les mains jointes dans son dos, Victor vint observer les tentures tout en écoutant les propos de la jeune fille. Esquissant alors un sourire en coin alors que sa main venait vérifier la qualité du tissu, Victor appréciait l'insouciance de Mirabelle et ne bouda son plaisir de lui répondre qu'il ait été sincère ou non, non sans se montrer taquin.

- Tu es bien curieuse, jeune demoiselle. Mais je peux comprendre que ma présence éveille en toi des interrogations. Tu te doute que je ne peux pas vraiment te répondre, mais sache que je suis effectivement venu offrir mon aide, en quelque sorte.

Il délaissa le rideau pour venir poser sa main sous le menton de la jeune fille avec tendresse, reprenant d'un voix douce.

- Il y a différente manière d'aider les gens, Mirabelle. Je ne viens pas pour me battre mais pour apporter des solutions. Ne m'en demande pas plus je te prie. Car avant toute chose, je dois établir une relation de confiance avec ton seigneur... D'ailleurs, tu as la langue bien pendue, alors je saurais te récompenser d'une joli pièce toute brillante si tu me parlais un peu plus de ton seigneur. Elle est partie pour un moment, j'eux espérer que mes charmants petits domestiques sauraient satisfaire ma curiosité en attendant son retour?

La petite allait elle mordre à l'hameçon et déballer quelques éléments croustillants au Comte de Rougelac qui lui serait peut être utile dans ses négociations à venir?
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Yseult de TraquemontChâtelaine
Yseult de Traquemont



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MessageSujet: Re: Se tenir à carreau comme une flèche d'arbalète dans la perspective de juteux profits! (PV Yseult)   Se tenir à carreau comme une flèche d'arbalète dans la perspective de juteux profits! (PV Yseult) EmptyMer 21 Juin 2017 - 12:42
« Et ben c'est que... »

La petite hésitait avec une moue de tiraillement enfantine, la lèvre mordue et le nez plissé. Un délai de réflexion supplémentaire lui fut accordé lorsque la porte se rouvrit, poussée du coude par un Olivier tenant entre ses bras maigres un plateau de bois venu tout droit des cuisines. En équilibre instable pendant un instant, il retrouva son assiette avec un soupir de soulagement et, bombant le torse, alla déposer son fardeau sur l'une des tables de la pièce. Il y avait là deux pichets en terre cuite, l'un d'eau tiède et l'autre de vin - de ce cru rouge, sombre, au fort goût de terre et de vigne qui plaisait tant au palais de la maîtresse des lieux. Une large assiette au blanc cassé par les années présentait plus de gâteaux qu'il n'était raisonnable pour un seul homme - peut-être fallait-y voir la patte du garçon, lequel affichait un sourire gourmand aux lèvres. Leur pâte était épaisse, grossière, et à croquer dedans on récoltait la généreuse louchée de miel dont ils étaient fourrés.

« J'ai entendu parler d'une pièce ? » lança joyeusement le petit bout, visiblement peu étouffé par la gêne.
« Messire le comte est curieux à propos de madame la châtelaine et... »
« Ah. Oh. Oui. »

L'expression de déception qui passa alors sur ses traits aurait pu fendre une pierre en deux. Jusqu'à ce qu'elle ne cède la place à une mine de renard. Pour un peu son nez s'en serait allongé en museau.

« Je suppose qu'en tant que, euh, estimés représentants d'la châtelaine, on doit faire c'qui est en notre pourvoir pour convaincre m'sieur de lui prêter insistance. »
« En notre pouvoir, de lui prêter assistance » corrigea sa sœur avec un soupir résigné.
« Oui, oui, c'est ce que j'ai dit ! »

Un échange plus silencieux sembla passer entre les deux enfants, contenu en un seul regard. Quel qu'il ai pu être, il suffit à les mettre d'accord, car ils se retournèrent dans un bel ensemble vers l'hôte de Traquemont.

« La bourse ou les informations ! » somma malicieusement Olivier, travestissant une expression populaire qu'on attribuait aux bandits de grand-chemin.

La main tendue, il attendit de recevoir son dû - pas encore mérité - pour le montrer ensuite à sa voisine. À cette occasion, Victor put réaliser que les morveux prenaient l'argent exactement pour ce qu'il était : un bout de métal circulaire qu'un peu d'adresse suffisait à transformer en toupie. À leur babillage volubile, on put également comprendre qu'ils faisaient un comparatif très pointu des mérites divers entre leurs billes d'argile, leurs cailloux, leurs bâtons et la pièce de monnaie.
Les enfants pouvaient parfois être déconcertants, voire agaçants. Ce n'était pas qu'ils étaient idiots : ils avaient simplement d'autres priorités que celles des adultes, et expliquée en leurs termes, leur logique pouvait s'avérer imparable.

« Bon, qu'est-ce qu'vous voulez savoir sur la châtelaine ? » hasarda l'un au bout d'un moment.
« Vous ne lui direz pas qu'on vous a dit, hein ? Elle est gentille mais... »
« Mais pas quand elle se fâche. » Olivier hocha la tête avec philosophie, ce qui irrita l'autre.
« Personne n'est gentil une fois fâché ! »

Quelques minutes furent nécessaires pour qu'ils arrivent au terme du débat qui s'ensuivit. La conclusion qu'ils trouvèrent se résumait à un genre de : « On peut être gentil même fâché mais pas la châtelaine. Oh non pas la châtelaine ».

« Vous savez qu'on vient pas d'là, hein ? »
« Du Morguestanc, il veut dire. »
« Oui voilà, le Mor-gues-tanc » grimaça le petit garçon, ayant apparemment éprouvé des difficultés passées à prononcer correctement le nom du duché.
« On vient d'un endroit, c'est Corbeval ! D'ailleurs, tout le monde appelle madame Yseult la châtelaine de Traquemont, ce qui n'est pas faux, mais en vrai de vrai c'est la châtelaine de Corbeval. »
« Oui, bah Corbeval ça n'existe plus ! »

La dernière remarque avait fusé avec une pointe d'amertume et de colère étonnante chez un individu de cet âge. Les mains dans les poches, un pli vindicatif barrant son front, il y avait fort à parier qu'Olivier imitait ainsi la rancœur des habitants envers la destinée qui les avait privés de leur vallée natale. D'un autre côté, la Fange ne lui avait pas moins enlevé à lui qu'aux autres, et même s'il finirait par copier le comportement des sinistres hommes du fort son humeur n'était pas feinte.

« Les dernières années on ne la voyait plus trop, la châtelaine. Elle était ailleurs. Aux Noirsjardins, ça s'appelait ! »
« C'est parce qu'elle est mariée, vous savez » reprit le cadet d'un ton de conspirateur.
« Oui, enfin elle ne l'est plus, techniquement elle est donc veuve ! »

Ç’avait été dit sur un ton d'écrasante supériorité face aux méandres redoutés de la définition des liens familio-conjugaux. Olivier lui tira subrepticement la langue, ce qui n'entacha pas la petite victoire de sa frangine.

« Elle était avec un chevalier, ou un chef de chevaliers, quelque chose comme ça... »
« Tristan. Vous ne trouvez pas que ça va bien ensemble, Tristan et Yseult ? » s'enquit Mirabelle, les mains croisées sur le cœur.
« N'importe quoi, c'est tout à fait commun ! Enfin, bon, après ils ont entendu des rumeurs de réfugiés et de guerre et tout ça, et comme les Noirsjardins à côté de Corbeval c'est du pipi de chat, ils sont revenus. C'était plus défendible » acquiesça-t-il avec un air de sagesse emprunté.
« On dit plus défendable. Et donc ils sont venus avec Arthur. »
« Il était marrant Arthur. »

Les deux gosses échangèrent un nouveau regard accompagné d'un sourire, empreint d'une certaine bienveillance douce-amère qui, là encore, détonnait chez d'aussi jeunes gens.

« Arthur, c'était l'enfant de Tristan et Yseult. On l'aimait bien. »
« Oui. Il n'arrêtait pas de se casser la figure dans les escaliers du donjon » gloussa Olivier.
« C'est parce qu'il voulait arriver avant toi aux cuisines, vu que tu chipes toujours tous les gâteaux ! »
« Mais je partage après ! »
« M'oui. Et tu te rappelles la fois où... »

Et c'était parti. Pendant plusieurs minutes, et dizaines, et finalement une heure, la fratrie en prenant Victor comme témoin, évoqua sa vie d'avant. Ça n'avait pas été une vie aussi insouciante qu'ils essayèrent de le laisser paraître ; leur douzaine d'années, ils les avaient passées entre les murs froids et glacés d'une forteresse dans les montagnes. Une forteresse hantée par un homme qu'ils n'appelaient jamais que comme le châtelain, le père d'Yseult. Hantée, parce que d'après leurs mots, il avait été un seigneur de guerre aussi brutal qu'intelligent. Il avait pillé les villages voisins, volé les récoltes, le bétail ; détruit les demeures, massacré les gens, embusqué les caravanes. Un noble qui avait troqué l'amour de l'or pour l'amour de la force, suivi par plus de chevaliers qu'il n'était attendu d'un homme de son rang. Lui-même sanguinaire, il voyait marcher derrière lui des rangs d'individus de même nature.
Pourtant, même dans cette atmosphère guerrière, les gamins avaient trouvé le moyen de rire et de jouer leurs mauvais tours. Yseult n'avait guère plus que leur âge lorsque eux-mêmes étaient venus au monde, et ils l'avaient vue se transformer d'adolescente espiègle en âme damnée de son père. Cela, ils ne l'évoquèrent qu'avec parcimonie, sans les détails dont ils étaient auparavant prodigues.

Et le temps s'étira ainsi, jusqu'à ce que la moitié de l'après-midi fut bien entamée (de même que la provision de gâteaux au miel, dans laquelle ils se servaient machinalement). Le grincement de la herse se relevant coupa Mirabelle au milieu d'une anecdote faisant intervenir Yseult, un certain Eadwin de Rivenoire et le sergent qui avait laissé la première escalader un rempart effondré (il était question de chute dans les ronciers et du nez dudit sergent entrant en collision avec le gantelet dudit Eadwin).

« Ah bah j'pense que madame la châtelaine est rentrée... »
« Faites attention » chuchota Mirabelle à l'intention du comte avec un air de compassion, « quand elle revient des marais elle est souvent d'une humeur épouvantable. »
« Plus que d'habitude. »

Le garçon hocha solennellement du chef, sous le regard mauvais de sa sœur exaspérée.

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Victor de RougelacGouverneur de Sombrebois
Victor de Rougelac



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MessageSujet: Re: Se tenir à carreau comme une flèche d'arbalète dans la perspective de juteux profits! (PV Yseult)   Se tenir à carreau comme une flèche d'arbalète dans la perspective de juteux profits! (PV Yseult) EmptyMer 21 Juin 2017 - 16:24
Victor n'était homme à reculer devant aucune fourberie pour obtenir ce qu'il voulait. Certes, avait il des limites, un certain bon sens, mais soudoyer de petites fripouilles innocentes ne le gênait en rien. A son alléchante proposition la petite Mirabelle semblait pourtant hésiter et bien malgré elle, son frère la tira de sa gêne en réapparaissant malhabilement avec un plateau en main. Détournant son attention de la jeune fille, les yeux du Comte se plissèrent en observant Olivier, craignant très probablement de voir le plateau s'effondrer au sol. Mais fort heureusement, le garçon s'en tira bien, retrouvant son équilibre. Posant le plateau, Victor lorgna sur le vin et les biscuits proposé étrangement en abondance. Cela le fit sourire, comprenant que le garçon avait prévu de s'en approprier une belle part, petite canaille!

Ce même enfant avait eut l'oreille fine, entendant la fin d'échange entre Monsieur de Rougelac et sa sœur et c'est tout naturellement que la petite Mirabelle lui expliqua la situation. Le quadragénaire n'essaya nullement de les interrompre dans leur discussion jusqu'à ce qu'ils comprennent leur rôle à assister le noble invité. Tout le monde semblait donc s'accorder dans cette pièce au plus grand plaisir du Comte. Victor fit preuve de bonne fois et offrit la pièce au garçon avant que leurs petites langues se délient, amusant par moment Victor qui voyait la jeune fille reprendre a de nombreuses reprises son frère. Qu'ils étaient attachant, cela ne faisait aucun doute, mais quelques peu agaçant lorsqu'ils se lançaient dans quelques débats entre eux.

Finalement, sans même qu'il ai à les interrogés, les deux enfants offrirent quelques croustillantes informations sur la châtelain sans même en prendre la mesure. Une personne qui se voulait gentil mais qui pouvait aussi très vite s'emporter dans la colère. Un débat naquit à nouveau entre les deux enfants, ne s'agissait il plus de quelques comparatifs mais de comportements de leur seigneurs. S'il avait mimé la fameuse bouche cousu au petit garçon un peu plus tôt pour lui signifier qu'il ne raconterait rien, il hocha ensuite négativement du chef quand à son ignorance au sujet de leur nativité. Victor n'avait réellement besoin de parler et d'ailleurs, il n'en avait réellement l'occasion tant les deux frimousses étaient de vrai moulin à parole. A mesure de leurs exposés, Victor comprit un peu plus l'univers qui entourait la châtelaine, son historie son passé, au travers de ces deux enfants de plus en plus attachant.

Prenant le temps de se servir une coupe de vint, il fut étonné de voir le plateau de gâteau déjà sévèrement pillé, mais fort heureusement, il réussi à en subtilisé un, appréciant son cœur fondant au miel tout en continuant à écouter les deux pipelettes. Corbeval, Morguestanc, Traquemont, tout était lié et chaque éléments qu'il notait digne d’intérêt dans le fourbie d'informations débité par Olivier et Mirabelle semblaient prendre place dans un répertoire du cerveau du Comte de Rougelac. Aurait-il le temps d'en analyser l'importance et les conséquences à tête reposé. Car bon, le temps s'écoulait et les voix des deux gamins commençaient à lui donner mal au crâne. Ah qu'il plaignait les nourrices et autres préceptrices qui passaient leur vie à prendre en charges les enfants, un métier guère évident à n'en pas douter qui pouvait vous rendre fou allié!

La conversation semblait naturellement dévier sur les histoires de cœur de la châtelain, avait elle été mariée et mère, mais étrangement et surement naïvement, frère et soeur n'évoquèrent nullement ce qui leur été arrivé, seul un élément était à retenir, le veuvage de cette dernière. Si tout le reste n'avait d'importance, Rougelac bénéficiait-il d'informations sur Yseult, mais hélas pour lui, au moment où il souhaitait interrompre ses deux petits interlocuteurs pour connaitre le sort du père, Tristan, et du fils, Arthur, un bruit dans la cours brisa toute tentative de garder les deux enfants attentifs à ses requêtes. La petite Mirabelle se permettant dans l'instant de mettre en garde Victor qui s'accroupi pour se porter à son niveau, l'air faussement grave comme pour lui faire croire qu'il prenait très au sérieux cette information.

Avisant alors l'un et l'autre d'un hochement de tête entendu il pu enfin prendre la parole, oufff ce n'était pas trop tôt.

- Je prend note de votre avertissement les enfants. Mais, pourriez-vous en ce cas me prodiguer quelque conseils pour que je puisse éviter son courroux ou lui permettre d'apaiser son "épouvantable humeur"? Ne me dite point que vous n'avez nul remède à m'offrir...

Une autre petite pièce apparut dans sa main lorsqu'il se releva et ébouriffa tendrement leur crinière. Une dernière petite contrepartie avant de les suivre jusqu'à la chatelain ou de rester dans sa chambre dans l'attendre d'être convoqué, n'était pas de trop. La pièce scintillait... parlez petits, parlez et elle sera à vous, pouvaient-ils interpréter ce message dans le regard du sang bleu...

De toute façon, leur chemin avec la jolie blonde allait se recroiser, aurait-il plus ou moins le temps d'affiner sa stratégie et puis comme il l'avait déclaré lui même, il prendrait le temps nécessaire dans celui qu'elle lui accorderait dans sa forteresse.
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