Marbrume


Le Deal du moment : -50%
-50% Baskets Nike Air Huarache Runner
Voir le deal
69.99 €

Partagez

 

 C'était un échange de clés [Aelys]

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
Yseult de TraquemontChâtelaine
Yseult de Traquemont



C'était un échange de clés [Aelys] Empty
MessageSujet: C'était un échange de clés [Aelys]   C'était un échange de clés [Aelys] EmptyJeu 1 Juin 2017 - 20:57
À cette heure où le ciel balance entre cendre et saphir cinq silhouettes marchaient dans les marais.

Quatre d'entre elles étaient des hommes, vêtus de semblable façon d'une livrée en cuir laquée de noir. Martial, Edouard, Lagier et Conrad n'avaient guère besoin de parler ; par des regards appuyés, de petits gestes vagues auxquels ils semblaient toutefois prêter une signification précise, les troupiers se comprenaient et prenaient les dispositions nécessaires. Celles-ci consistaient surtout à maintenir autour de la dernière personne un efficace filet humain, souple, attentif, qui sondait la tourbe devant et sur les côtés : seulement une fois que l'étang était déclaré sûr on permettait à Aelys de s'en approcher.

Etonnant comme cette Marbrumienne, cette citadine, avait su gagner leur affection. La vérité c'est que les soldats n'avaient certainement pas besoin d'apprécier la femme qu'on leur avait demandé d'escorter, et même tout dans leur quotidien les aurait poussé à ne lui accorder qu'une attention commandée par le devoir et teintée de dédain ; toutefois, c'était mésestimer les charmes de la couturière. Des charmes étonnamment candides, qui relevaient de la bienveillance et de la douceur. Des denrées se faisant rares à Traquemont.

Oh, à sa façon, la maîtresse du fort perdu dans l'Obliance était bienveillante. Mais c'était bien là tout le problème : elle l'était à sa façon.

« Qu'est-ce que j'donnerai pas pour les molosses... »
grogna d'une voix rauque un Edouard un peu nerveux, arbalète chargée sur l'épaule.

C'était lui qui se tenait en permanence le plus proche de la jeune femme, sur la demande discrète de Martial qui de tous, se faisait le plus protecteur.

« On en a un chenil à Traquemont » poursuivit le traqueur en se tournant à demi vers sa voisine tout en avançant. « 'Sont bien pratiques, les corniauds. Neuf fois sur dix ils flairent le mordeur caché dans la vase, et ça s'détourne la queue entre les jambes en gémissant. »
« C'est là que nous, on rapplique pour ratisser la mare et crever le Fangeux » rajouta le cadet du groupe, à l'avant.
« Comme quoi les bêtes sont plus malignes qu'les hommes... Toujours suivre le chien, pas le soldat en noir. »

Edouard avait conclu la chose d'un ton dépité qui fit rire les autres. C'était lui le grincheux de l'escouade, le mauvais esprit, le poissard dont on n'avait pas manqué, la veille, de souligner les mésaventures. Ce qui le faisait grogner, mais dans le fond, on pouvait lui soupçonner une plus bonne pâte qu'il ne le laissait paraître.

Les deux hallebardiers, Lagier et Conrad, se faisaient plus silencieux que leurs frères d'armes. Ils étaient d'ailleurs assez semblables l'un et l'autre, trentenaires à l'expression sérieuse et attentive, les traits tout en méplats et le bas du visage mangé par une barbe de quelques jours. De la hampe de leur arme ils fouaillaient l'eau saumâtre ; leur posture laissait présager qu'ils étaient prêts à abattre la lourde lame dans l'instant, et la fatigue ne paraissait pas affecter leur bras.

« Ça me rappelle la fois où... »

Martial l'interrompit d'un : « Silence » urgent accompagné d'un geste sec, et chacun s'immobilisa. Au loin, il indiquait la forme encore mal définie de ce qui ressemblait, à bien scruter, à un convoi composé de deux mules et plusieurs silhouettes. Celles-ci portaient la tenue ducale : des miliciens, visiblement en difficulté. Le soleil timide se reflétait sur l'acier dénudé.
La raison en devint bien vite évidente : une autre forme, échevelée, nue et grisâtre, leur tournait autour de l'allure mi-bondissante qu'avaient certains des mordeurs les plus vifs.

Un temps d'hésitation flotta, pendant lequel les gens de Traquemont s'entre-regardèrent. Puis, d'un ensemble presque parfait, ils se tournèrent vers Aelys alors même qu'un membre de la garde les hélait du bras.

En d'autres circonstances il n'y aurait pas eu de place pour l'indécision, mais leur mission d'aujourd'hui était particulière. Et pouvait être lourde de conséquences, pour tout le monde.
Revenir en haut Aller en bas
Aelys De BeauvalCouturière
Aelys De Beauval



C'était un échange de clés [Aelys] Empty
MessageSujet: Re: C'était un échange de clés [Aelys]   C'était un échange de clés [Aelys] EmptyJeu 1 Juin 2017 - 22:22
La couleur du ciel avait annoncé dès le lever du jour une absence de nuages qui pourrait perdurer suffisamment longtemps pour que le groupe traversant les marais puisse atteindre sa destination sans rencontrer trop de difficultés. Ils marchaient d'un bon pas et bien que les quatre hommes de Traquemont soient habitués à un rythme relativement soutenu, celle qui les accompagnait faisait tout pour calquer ses pas sur les leurs, ne se plaignant de rien et écoutant même avec bonne humeur les propos qui lui étaient adressés. Si Aelys avait gagné leur affection en un si court laps de temps, de son côté elle éprouvait une grande sympathie pour ces hommes à la vie rude qui s'étaient livrés la veille au soir, confiant bien des choses personnelles qui les avaient fait paraitre plus proches que de simples guerriers en mission d'escorte. Leurs visages étaient désormais retenus et elle s'était même permise de les appeler par leur prénom, avec cette douceur dans la voix comme si elle s'adressait à son égal et non à des gens censés lui être dévoués. Le passage par un étang dont le niveau n'allait pas plus haut que les chevilles aux endroits où les tourbières étaient plus dense serait préférable afin de passer au large de zones bien plus à risques ou cernées par les bois. La Couturière observait la façon de faire des hallebardiers avec beaucoup d'intérêt et de curiosité, scrutant l'eau trouble d'un regard attentif, les sourcils froncés en une expression toute concentrée tout en souriant en coin malgré elle aux paroles d'un Edouard assez nerveux malgré la présence de son arbalète.

« Comme quoi les bêtes sont plus malignes qu'les hommes... Toujours suivre le chien, pas le soldat en noir. »

La jeune femme ne pu s'empêcher de rire un peu elle aussi, dans un mélange d'amusement et d'indulgence face à cette vérité qu'elle-même reconnaissait sans la moindre hésitation. Les animaux possédaient cet instinct qui manquait beaucoup aux bipèdes et c'était d'ailleurs un peu de cela que retrouvaient ceux qui devenaient Fangeux. Si l'humeur semblait relativement légère jusqu'à présent et malgré le labeur imposé par la vérification de l'étang, Martial ordonna soudain le silence de telle façon que tous se redressèrent et tournèrent la tête vers lui, puis vers la direction qu'il indiqua. Le groupe se figea et Aelys retint son souffle, identifiant certes le transport immobilisé au loin, mais surtout la forme grisâtre qui s'agitait tout autour en des bonds qu'elle ne pouvait que reconnaitre, tant sa rencontre avec l'un de ces monstres avait hanté ses nuits après son retour du Labret. Pendant le laps de temps où les quatre hommes se concertèrent pour décider quoi faire, la Couturière pour sa part prit une profonde inspiration et, lorsqu'ils se tournèrent vers elle, comme guettant sa décision, l'évidence s'abattit en son esprit comme une masse sur une enclume.

- On y va.

Passant sa main sous sa tunique, l'on entendit le bruit caractéristique d'une lame tirée d'un fourreau et ce fut une petite dague qui apparue à la vue de Conrad, Edouard, Lagier et Martial. Aelys inspira visiblement, se donnant un courage qu'elle n'était pas certaine d'avoir, mais que sa détermination pouvait sans doute compenser suffisamment au vu du regard à la fois craintif et résolu qu'elle tourna vers eux.

- Il faut essayer de les sauver.

Sa voix ne venait-elle pas de trembler malgré elle ? La blonde se racla la gorge et serra sa prise sur sa dague, redressant ses fines épaules en relevant le menton, tentant de se donner davantage d'aplomb.

- Nous sommes trop près, si on les laisse mourir ils se relèveront plus nombreux et viendront nous attaquer. Si nous les sauvons et tuons ce seul Fangeux, nous aurons un avantage... n'est-ce pas ?

L'hésitation perdurait, elle ne savait pas vraiment s'ils s'étaient tournés vers elle pour lui demander véritablement son avis ou bien s'ils hésitaient tout simplement à l'emmener à l'écart pour passer au large de cette attaque isolée. Si le sang était versé, les autres monstres risquaient fort d'être attirés par l'odeur, sans parler des râles d'agonie des victimes si elles avaient lieu. Aux yeux de la jeune femme, il était plus utile de sauver des vies que de laisser mourir des innocents, mais si cet avantage tactique pouvait convaincre les quatre hommes, peut-être accepteraient-ils plus facilement son idée de sauvetage ?
Revenir en haut Aller en bas
Yseult de TraquemontChâtelaine
Yseult de Traquemont



C'était un échange de clés [Aelys] Empty
MessageSujet: Re: C'était un échange de clés [Aelys]   C'était un échange de clés [Aelys] EmptyMar 6 Juin 2017 - 5:58
« Z'avez entendu la dame. »

L'apparition de la dague laissa apparaître un éclair de surprise dans les yeux d'Edouard, là où son cadet marqua son approbation d'un demi-sourire entendu. Quant à leurs compères, s'ils y prêtèrent attention, ils ne le montrèrent pas ; au lieu de ça ils assurèrent leur prise sur la hampe de leur hallebarde, les traits sombres.

« Prenez soin d'lui pour nous » lâcha Martial à Aelys en indiquant l'arbalétrier du pouce, sa hache au lourd fer incurvé dans l'autre main. L'intéressé leva les yeux au ciel, ce qui ne l'empêcha pas d'épauler son engin dans la direction des miliciens. Le geste était empreint d'une aisance que seule l'habitude conférait. Élevant la voix, il s'éloigna d'une vive foulée qui trempa ses chausses d'éclaboussures : « Allez les gars... pour l'Morguestanc ! »
« Corbeval ! » grondèrent hargneusement les autres en lui emboîtant le pas.

Il était probable qu'il les avait agacés à dessein. Laissée à l'arrière aux côtés d'un Edouard qui ajustait sa visée, Aelys ne pouvait guère faire autre chose qu'être témoin de l'affrontement se profilant sous son nez.

« Vous savez qu'la transformation l'est pas instantanée, hein ? »
Le tireur avait pris une position d'une parfaite immobilité, les manches retroussées pour l'occasion. La musculature de ses avant-bras ainsi que les marques sur celui de gauche amenaient à supposer qu'il avait été archer dans une autre vie. « On aurait eu l'temps de passer à côté sans se préoccuper d'ces miliciens. »

Un hurlement guerrier parvint à leurs oreilles comme le trio vêtu de noir accélérait le pas en vue de prendre le monstre à revers, sous les encouragements d'un soldat portant les couleurs de Sylvrur. C'est le moment que choisit le traqueur pour libérer la pression de l'arbalète, le carreau prenant son envol avec un claquement sec qui résonna quelques secondes dans l'air. Son court empennage fut recouvert du sang épais et visqueux qui gicla lorsque la large pointe s'imprima dans la poitrine du Fangeux, faisant éclore une fleur opaque sur sa chair blême.

« Après, c'est vrai qu'un jour ou l'autre on aurait eu à cramer leurs cadavres... j'suppose. »

Il n'avait même pas repris sa respiration que déjà l'homme fichait l'anneau proéminent de son engin dans la terre et ramenait le mécanisme qui permettrait de l'armer à nouveau. Tout à sa tâche, il ne remarqua pas le mouvement de la vase plusieurs mètres derrière lui ; ce frémissement paresseux de la tourbe, trop insistant et trop durable. Celui qui indiquait que quelque chose rampait laborieusement au fond, quelque chose qui pouvait en surgir d'un instant à l'autre.
Revenir en haut Aller en bas
Aelys De BeauvalCouturière
Aelys De Beauval



C'était un échange de clés [Aelys] Empty
MessageSujet: Re: C'était un échange de clés [Aelys]   C'était un échange de clés [Aelys] EmptySam 17 Juin 2017 - 10:12
Elle avait sourit nerveusement et hoché la tête quand Martial lui avait dit de prendre soin de Edouard pour eux, elle aurait sans doute pu s'en amuser davantage si la peur n'avait pas commencé à s'infiltrer dans ses veines en voyant les trois hommes s'éloigner en direction du combat pour un hypothétique sauvetage qui restait encore à faire. La mention de Corbeval rappela fugacement à la jeune femme qu'au fort où ils se rendaient l'attendait Eadwin et cela lui permit de se reprendre un peu à l'idée de ce que pourrait penser le Chevalier de son attitude. Bien sûr elle n'était pas une guerrière, mais elle n'était pas non plus obligée de réagir comme une fillette sans défense, aussi inspira-t-elle profondément afin de se donner du courage, suivant du regard le chemin emprunté par Conrad, Lagier et Martial, avec au loin la silhouette qui bondissait et hululait encore. Du coin de l’œil elle nota que celui demeuré à ses côtés semblait être particulièrement habitué à manier l'engin qu'il avait entre les mains et elle se demanda s'il fallait obligatoirement avoir autant de muscles aux bras pour se faire, ou bien si quelqu'un comme elle pourrait apprendre à se servir de ce genre d'arme. Sa dague pouvait paraitre bien ridicule face à une hache ou une épée, surtout face à un Fangeux, aussi si elle devait vivre à Traquemont pourrait-il être important, voir vital, qu'elle apprenne davantage de choses.

« Vous savez qu'la transformation l'est pas instantanée, hein ? »

- Oui je sais.

« On aurait eu l'temps de passer à côté sans se préoccuper d'ces miliciens. »

- C'est vrai... mais est-ce que nous n'avons pas besoin de tout le monde pour lutter contre la Fange ? Si nous abandonnons les nôtres pour gagner quelques instants de vie, il n'est pas dit qu'au moment le plus critique leur absence ne risque pas de faire toute la différence. Je pense que tout le monde peut être utile.

Répondit-elle avec une certaine gravité, tandis que son regard restait encore un peu rivé aux silhouettes qui s'éloignaient en direction du danger, avant de reporter son attention sur celui qui rechargeait son arme en prévision de son prochain tir, l'écoutant parler de cadavres à brûler en soupirant légèrement. Elle avait assisté à cela aussi au Labret, ces bûchers pour faire disparaitre à jamais ces monstruosités, cette odeur qui s'ancrait dans votre nez et qui semblait ne plus vouloir en être délogée. Piquée de curiosité par l'arbalète, elle s'était tournée vers Édouard et sans doute ne dut-elle leur salut qu'à cela, qu'au faible remous qu'elle n'aperçut que parce qu'un miroitement parvint à accrocher la surface opaque de cette eau marécageuse, à moins que ce ne fut l'adrénaline portée par la situation, ses sens soudain en alerte à l'idée d'un Fangeux pas si loin que cela... toujours est-il qu'elle repéra ce mouvement anormal et, d'abord trop surprise et intriguée, n'eut pas le réflexe qu'aurait eu à sa place un combattant aguerri, contournant l'homme d'arme pour se placer à son côté, tournée à l'opposé de lui. Elle venait d'entrouvrir la bouche pour parler, comme dans ces rêves où vous semblez aller au ralenti par rapport au reste de l'action, quand la chose s'extirpa soudain de la tourbe, les griffes en avant et la moitié du corps encore dans l'eau stagnante. Poussant un cri à demi étouffé par la surprise, Aelys recula vivement, la dague armée, manquant trébucher et parvenant de justesse à conserver son équilibre.

- Fangeux !

Fut tout ce qu'elle parvint à lancer d'une voix manquant de force, avant de réaliser que Édouard était encore en train de recharger son arme et qu'ils n'avaient ni épée ni lance pour ralentir la créature durant le temps nécessaire pour enclencher de nouveau le mécanisme. Le souffle court et le corps tremblant malgré elle, la blonde sentit sa gorge s'écraser sur elle-même avant que sa main ne se resserre sur le manche de son arme. Le courage, elle craignit bien d'en manquer en voyant la créature s'extirper de la tourbe en grognant férocement, les dents affutées, la peau à mi-chemin entre le vert et le bleu, translucide, le crâne à demi dégarni de cheveux qui avaient jadis dû être foncés sans qu'on puisse en avoir la certitude tant ils étaient dépigmentés, de même que les yeux devenus presque blancs semblaient fixer les deux humains avec une légère hésitation quant à celui qu'il convenait d'attaquer le premier. Tétanisée, la fille De Beauval essayait de bouger sans y parvenir, son esprit peinant à diffuser autre chose que des signaux de peur dans ce corps tremblant qui refusait d'obéir et dont les yeux écarquillés en disaient longs sur son état. Un coup de dague en pleine tête pourrait avoir raison du Fangeux, c'était là ce qu'elle pensait, ou en tout cas cela laisserait assez de temps à Édouard pour finir d'armer son arbalète... mais si la jeune femme n'était pas assez rapide... Pire, si la chose lui bondissait dessus toutes griffes dehors... Il y avait une différence entre recoudre des cadavres humains décapités et faire face à un monstre bien vivant prêt à vous dévorer. Toutes ces réflexions intérieures semblèrent s'étirer durant une éternité dans son esprit, alors qu'en vérité il ne s'écoula pas plus d'une ou deux secondes avant que le Fangeux ne bondisse vers eux.


Citation :
Je m'arrête là et préfère te laisser décider de la cible, je poursuivrais en conséquence dans le prochain post. What a Face
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé



C'était un échange de clés [Aelys] Empty
MessageSujet: Re: C'était un échange de clés [Aelys]   C'était un échange de clés [Aelys] Empty
Revenir en haut Aller en bas
 
C'était un échange de clés [Aelys]
Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Marbrume - Forum RPG Médiéval Apocalyptique :: ⚜ Alentours de Marbrume ⚜ :: Marécages de l'Oubliance :: Petites places fortes :: Châtellenie de Traquemont-
Sauter vers: