Marbrume


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 L'alcool et la folie.

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Lucain d'AgranceBanni
Lucain d'Agrance



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MessageSujet: Re: L'alcool et la folie.   L'alcool et la folie. - Page 2 EmptyDim 9 Juil 2017 - 22:32
« Très mauvaise idée de menacer d’appeler la milice », je laissais finalement partir en élevant les yeux au ciel et en tapotant les doigts de ma table. « Je te croyais intelligente, mais il semblerait en réalité que tes jolis yeux font transparaître toute autre chose... Ta fierté est fort mal placée. Qu’est-ce qui se passe, c’est quoi ton ennui ? On te chatouille les narines ? On saigne ton ego ? Je crois que t’as pas tellement compris l’importance et la complication de la situation.
Pourquoi tu penses que l’on fait tout ça ? Tu crois qu’on entre dans Marbrume comme dans un moulin ? Tu crois qu’on est pas terrifiés à l’idée d’écoper de la corde ? Tu crois que, désespérés, on est pas capables de faire des choses d’une violence absolument nécessaire justifiée par l’absolue nécessité ?
Fais marcher ta cervelle de moineau. On est pas venus ici simplement pour te pétrir les tétons ou pour que tu nous tires les cartes comme la moyenne des abrutis qui passent dans cette tente. Alors arrête ton numéro, tu veux ? Je lis dans tes yeux, depuis tout à l’heure. Et j’aime pas ce que je vois. Malgré tes airs de cartomancienne, malgré tes tours de sorcière... Je commence à croire que t’es pas le genre à résister à la pression. Et quand tu dis que tu vas appeler la milice dans notre dos, avoue que ça justifie un peu nos craintes. »

Je refais mon sourire mauvais en coin. Mais maintenant, j’ai ma mâchoire bien serrée, comme les dents d’un piège à ours. Pauvre bohémienne. Je commence à sérieusement douter de son efficacité. Je commence sérieusement à douter que la tâche va bien se passer.

« Pourquoi je te donnerai des renseignements sans que tu me donnes ton accord ? Tu crois que ce commerce fonctionne comme ça ? Bon sang, pour l’amour d’Anür, essaye de te mettre à ma place au lieu de jouer à la garce égotiste. Tu connais mon nom. Tu connais mon projet. Tu veux aussi que je te donne l’adresse du manoir, la quantité d’argent que j’ai sur moi, qui m’a laissé passé, si j’ai des amis en ville ? Et avec tous ces renseignements, tu vas faire quoi ? Appeler la milice ? Parce que t’es gagnante dans cette affaire !
Moi j’ai pas peur pour ma vie. Tu peux m’envoyer dix hommes armés à mes trousses, tu peux m’envoyer tous tes copains et tous tes obligés ; Mais je te ramènerai juste dix paires de couilles dans une boîte. En revanche, j’ai extrêmement peur pour mon ami, là, et j’ai extrêmement peur pour ma sœur, pour mon oncle, et pour ma famille qui vit encore sur l’Esplanade. Moi qu’on me torture j’y prendrai un plaisir expiatoire. Mais qu’on touche à eux et les coupables auront du mal à dormir la nuit. Rikni m’est témoin. »


Lucain d’Agrance n’avait pas une réputation de psychopathe. Lucain d’Agrance c’est un jouteur, c’est un coureur de jupons, c’est un aventurier un peu intrépide, pas très dévot et uniquement pieux à l’occasion. Alors quand moi, Lucain d’Agrance, je me mets à appeler à moi la déesse de l’ire et des cauchemars, ce n’est plus que modérément une bravade.
Le cirque de la divinatrice et de ses simagrées, il me met fort mal à l’aise. Pourquoi vous croyez que j’ai joué ce spectacle tout à l’heure, cher lecteur ? Vous pensez que j’ai un sentiment sadique qui m’excite quand j’instille la peur chez quelqu’un d’autre ? Bien sûr que non. C’est une épreuve, qui me renseigne sur le type en face. Et là, notre chère bohémienne, on peut pas dire qu’elle a réussi le permis cheval avec brio. Elle a même fait des erreurs plutôt éliminatoires. La plus importante, bien sûr, est celle de m’avoir menacé. Même si elle ne le pensait pas ; Rien que l’idée la traverse est déjà un danger extrême.

J’entrouvre un peu la bouche, en claquant les lèvres comme un poisson, et en baissant la tête, je continue de la regarder en levant les yeux. Je me donne un air désinvolte, de méchant garçon. En levant les sourcils, mon front se plisse un petit peu, et mes mains, elles continuent de tapoter la table.

« Passeur c’est pas ton métier. Mais t’en as l’occasion et les moyens techniques. C’est exactement comme vendre son cul. Sauf que là ce que je te propose est moins ingrat.
Tu as un accès sur l’Esplanade. Tu peux nous faire passer pour des gens qui sont avec toi. Des apothicaires, des haruspices, le genre de bonimenteurs qu’on trouve partout dans les bas-quartiers. Tu crois que nos mauvais airs sont un défaut pour se déplacer ? Nos beaux manteaux nous ont amené jusqu’ici, parce que personne ose lever la main sur des sicaires.
Tu as un accès sur l’Esplanade, et tu as une cliente régulière, ma sœur. Tu peux aller jusqu’à son manoir, avec nous dans tes bagages. Et pour une marche, tu arrives à être payée, une bonne somme en plus. Après les détails techniques, bien sûr, on peut les régler. Mais tu vas prendre la poudre d’escampette. Si tu veux qu’on attende un horaire particulier, qu’on se change, qu’on prenne un bain, ou qu’on fasse quoi que ce soit, eh bien, on le fera ensemble, quitte à ce que tu doives nous frotter à l’éponge s’il le faut. Il faut que tu comprennes que, de mon point de vue, quand on s’embourbe dans une histoire, on y va tous main dans la main jusqu’au bout.
Et regarde, c’est pas si mal. On est pas dangereux envers les gens qui ne nous veulent pas de mal. On paye. On est capables de survivre face à des hordes de fangeux, avoue que tu pourrais tomber pire niveau compagnonnage masculin. Bien sûr, je n’exclus pas les risques, comme pendre au bout d’une corde pour être complice de bannis, mais, comme je l’ai dis, il faut bien choisir ses ennemis. Et moi je suis pas celui que tu veux choisir.
Alors maintenant. T’as un endroit où tu vis ? »
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Astrid la DouceCartomancienne
Astrid la Douce



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MessageSujet: Re: L'alcool et la folie.   L'alcool et la folie. - Page 2 EmptyLun 10 Juil 2017 - 1:44
Toute cette histoire avait passé à Astrid l'envie de faire la maline. Son interlocuteur avait tout à fait raison sur certains points, comme sa bêtise, elle en convenait. Il y en avait d'autres sur lesquels elle était à des années lumières de partager son avis. Seulement le message avait fini par passer, et Astrid se rendait finalement compte qu'elle n'avait, au fond, pas le choix. Maintenant qu'ils étaient venus jusque là, avec toutes les difficultés que ça impliquait, ils ne pourraient pas se permettre d'avoir une ennemie.
Il ne faisait que lui demander de se mettre à sa place, mais Astrid doutait qu'il ait vraiment fait pareil. Elle n'avait toujours aucune idée de ce qu'il y avait dans la bourse qu'il avait jetée sur la table, mais elle était censée donner directement son accord pour une entreprise qui pourrait lui coûter sa liberté et même sa vie sans même avoir d'indice sur l'état de la situation. Et elle était censée accepter tout ça en moins de cinq minutes, parce que c'était à ce moment là qu'ils étaient arrivés et qu'ils avaient décidé qu'elle les aiderait.
Mais il n'y avait pas d'autre issue parce que déjà maintenant elle en savait trop, le simple fait qu'elle ait connaissance de leur présence suffisait à la rendre dangereuse pour leur opération, et maintenant qu'ils l'avaient liée à leur projet elle se retrouvait sans moyen de faire marche arrière. Elle acquiesça doucement d'un air songeur. Effectivement, elle aurait de la chance s'ils payaient, parce que terrifiants comme ils étaient ils pourraient se passer de lui proposer une rémunération.

- D'accord. J'ai compris.

Ce n'était pas vraiment la réponse attendue quand on lui demandait si elle avait un endroit où vivre, mais c'était une réaction générale au discours qu'il venait de lui faire. De toute façon elle n'avait pas le choix de comprendre. Astrid aurait vraiment adoré pouvoir passer sa tête par l'ouverture de sa tente, respirer de l'air frais juste un instant pour se remettre les idées en place. Ça allait être compliqué.

- J'habite dans une auberge en ce moment,
finit-elle par lâcher après un long silence.

Elle finit par relever péniblement les yeux vers ceux de son nouvel employeur. Il était temps de convenir de certaines choses.

- Je sais que votre bourse n'est pas remplie de pièces, ou en tout cas pas uniquement. Elle n'a pas fait le bruit habituel sur la table. Puisque je n'aime pas que vous tripotiez mes affaires je ne vais pas m'amuser avec les vôtres, alors ouvrez la et montrez moi exactement ce que je vais gagner dans cette histoire. S'il vous plaît. Vous avez bien insisté sur la chance que j'aurai d'être payée, mais j'aime bien savoir pour quoi exactement je vais risquer ma vie.

C'était sa manière à elle de consentir plus ou moins explicitement à l'affaire. Elle préférait ne pas le dire avant de connaître sa paye mais de toute façon à ce stade ça ne changerait plus rien. Et pitié, qu'il arrête de taper sur la table...

- Je vais vous aider. Mais vous avez intérêt à bien écouter les conseils que je vais vous donner et à répondre à mes questions, parce que je vous assure que sinon ça va très mal tourner. Je ne peux pas juste arriver devant la porte et leur dire que vous êtes avec moi, ils me voient toujours seule ils poseront forcément des questions. C'est pour ça que je veux savoir ce qu'en pense votre soeur, pour savoir si elle peut nous aider ou si je dois trouver toute seule de quoi vous faire passer. Et moi, je n'oublie pas que je vais devoir la repasser ensuite cette porte, alors j'espère bien que vous n'avez pas prévu un massacre là-haut.
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Lucain d'AgranceBanni
Lucain d'Agrance



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MessageSujet: Re: L'alcool et la folie.   L'alcool et la folie. - Page 2 EmptyMar 11 Juil 2017 - 10:43

Acquérir de la richesse monétaire dans les marais n’est sérieusement pas une mince affaire. C’est surtout une affaire inutile. Pourtant, j’ai fait de nombreux travaux auprès de garde-chasses, de forestiers, de villageois locaux, et ils m’ont rémunéré ; Simplement, ils rémunèrent en pain, en fromage, en viande salée, en soins, en entretien vétérinaire pour mon destrier, en vêtements, en traitement de mes armes. Quelle utilité aurais-je pour de l’argent au fond des tourbes ? L’or ne se croque pas. Un gros morceau de pain vaut bien plus qu’une livre d’argent. Une arbalète c’est équivalent à un écu royal. Une nouvelle selle pour grimper sur mon animal, je préfère ça à un trésor de florins. Et si on m’offre un bon bain et un lit douillet, je suis prêt à faire bien plus de choses qui atteignent ma conscience que si on me faisait pleuvoir des dirhams d’argent.

Alors la richesse monétaire, je l’ai gagnée au fur et à mesure, au compte-goutte, et en la grattant de toutes les façons possibles. Trouver un cadavre avec une bourse pleine est une chance, mais je vais plus loin, beaucoup plus loin. Lorsque j’étais chevalier, et que j’avais la chance de prendre un prisonnier, je lui réquisitionnais bien sûr ses armes, sa cotte, son cheval, que des biens qui ont une grande valeur et qui servent à m’entretenir, car la guerre paye la guerre. Mais là, je me suis transformé en vrai nécrophage, comme ces vautours qui errent sur les champs de bataille, pour voler sans aucun scrupule les dernières possessions temporelles de ceux qui sont maintenant pleinement dans le spirituel, se faisant ainsi un menu profit. Il faut arracher les colliers des cous des dames, il faut tirer leurs boucles d’oreilles, il faut saisir leurs bottes. Allons plus loin encore ; Les livres des moines ont souvent une reliure dorée, alors, on fout tout le bouquin dans un feu de bûches, et ce savoir ancestral disparaît dans des flammes d’encre et de papier pour nous laisser garder uniquement ce filet liquide si précieux. Les bagues aux doigts des gens, on a souvent pas le temps de les retirer tant la décomposition rends leurs phalanges boursouflées ; Je sors donc le couteau pour leur couper tout l’index ou l’annuaire, et garder la chevalière qui servait à indiquer un rang, ou à célébrer un mariage d’amour entre deux âmes. Puis, quand bien même ils sont toujours vivants, je leur fais ouvrir la bouche, et je casse le râtelier doré qui est collé à leur dentition, mise à mal par des bagarres ou par un régime alimentaire trop sucré qui a carié leurs dents.
De l’or, de l’argent, oui, ma bourse est remplie de métal, ce métal à la valeur intrinsèque ; Mais il n’y a pas vraiment de devises. J’ouvre la petite bourse que j’ai déjà préparée, et tout un amas désordre file sur le bois de la table. Un échevin marbrumois ou un bailli langrois aurait tiré la gueule et pincé ses lèvres, car il n’y a au final que très peu de pièces frappées du sceau du duc Sigfroi, il n’y a donc que très peu de monnaie « officielle » ici. Mais si les marchands de la ville commerçaient encore avec uniquement de la monnaie légale, ça se saurait.
Même les dents en or, encor ensanglantées, on peut y trouver preneur.

Ouais cette besogne fait peur. Parce que ce capharnaüm devant moi, c’est les poussières qui restent de beaucoup de vies humaines et de grands empires. Au fond les Royaumes, les Émirats, les Républiques, c’est juste de la boue plaquée or.

« L’avantage du désespoir c’est qu’on rechigne pas à payer. Tout ça c’est pour ta loyauté absolue. Beaucoup d’argent, bien plus que pour faire uniquement passeur. C’est aussi ce qui payera notre gîte chez toi, nos vêtements, l’eau chaude, la nourriture, et surtout, ta discrétion et ta serviabilité. Au final et le plus ironiquement du monde, je suis sûr que je paye mieux que ma sœur ou que les autres nobles de là-haut. »

Un sourire ironique se plisse de côté. C’est dans mon intérêt qu’elle prenne la somme. Là encore, je vais pas m’amuser à tout vous raconter. Vous êtes grands. Devinez pourquoi je rince la belle avec cette argenterie sale et morbide.

« Ma petite sœur n’est pas au courant. Mon oncle non plus. Je préfère qu’ils ne le soient pas, car je ne souhaite pas leur faire courir de danger. Non pas que j’aie peur d’échouer, car l’option d’échouer n’est pas envisageable, mais disons qu’ils sont trop civilisés pour cette besogne ; Toute complicité de leur part serait remarquée.
S’il faut du soutien, on peut le trouver dans la basse ville. Ou même toi ; Peut-être que tu as des amis là-haut, des serviteurs, des obligés. Mais je préférerais que tu me dises qui peut t’aider, car homme trop bavard est homme dangereux, et plus il y a de conspirateurs moins le complot est efficace.
Quant à mon arrivée sur l’Esplanade, elle n’a pas pour but de régler une dette de sang. Contrairement à ce que tu as pu croire en... Regardant des petits canetons sur ton morceau de carte, la vengeance n’est pas le but que je poursuis. Les Dieux se chargeront très bien tous seuls de faire payer ceux qui m’ont croisé. Il serait blasphématoire que de les priver eux de leur for, non ?
Ton retour, si tout se passe bien, n’aura pas la moindre difficulté également. Mais j’ose espérer que tes lèvres resteront scellées quoi qu’il arrive. C’est dans ton intérêt, aussi. »
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Astrid la DouceCartomancienne
Astrid la Douce



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MessageSujet: Re: L'alcool et la folie.   L'alcool et la folie. - Page 2 EmptyMar 11 Juil 2017 - 17:46
Il ouvrit la bourse, tout d'abord sans faire de commentaire, et son contenu s'étala sur la table. Ce n'était pas ce à quoi Astrid s'attendait mais elle se trouvait plutôt agréablement surprise. Elle avait pensé à ce type qui avait voulu la rouler en remplissant sa bourse de quelques pièces mais surtout de cailloux, et elle avait imaginé qu'il en serait probablement de même pour deux bannis. Mais s'il y avait effectivement peu de pièces, ça ne voulait pas dire que les bannis essayaient de se moquer d'elle. Il y avait beaucoup d'or, sous différentes formes plus ou moins rassurantes - est-ce que c'était vraiment une dent ?- et Astrid était en train d'évaluer tout cela des yeux quand son nouvel employeur parla à nouveau.

« L’avantage du désespoir c’est qu’on rechigne pas à payer. Tout ça c’est pour ta loyauté absolue. Beaucoup d’argent, bien plus que pour faire uniquement passeur. C’est aussi ce qui payera notre gîte chez toi, nos vêtements, l’eau chaude, la nourriture, et surtout, ta discrétion et ta serviabilité. Au final et le plus ironiquement du monde, je suis sûr que je paye mieux que ma sœur ou que les autres nobles de là-haut. »

Chez elle ? Ils risquaient d'être déçus s'ils pensaient à sa chambre à l'auberge, qui était tout de même plutôt du genre minuscule. Mais dans tous les cas il avait raison, Astrid n'aurait jamais été si bien payée. Il faudrait probablement qu'elle fasse attention à l'usage de ce petit pactole, puisqu'il ne s'agissait pas tout à fait de monnaie habituelle, mais elle n'aurait aucun mal à s'en servir. Elle connaissait des gens qui connaissaient des gens qui connaissaient des gens qui ne seraient pas contre un peu d'or sous n'importe quelle forme. Astrid se sentait soudainement plus loyale. Elle tentait d'apaiser sa conscience en se disant que ça ne durerait pas longtemps, qu'en réalité elle aidait simplement quelqu'un à retrouver un instant sa famille... Mais au fond, elle pouvait se persuader de tout ce qu'elle voudrait, ce serait toujours une histoire d'argent...
Astrid écouta avec attention les informations tant attendues mais n'en fut pas tout à fait enchantée. Très bien, elle allait réfléchir pour se débrouiller toute seule. Elle connaissait peut-être une ou deux personnes qui pourraient lui être utiles dans cette affaire, mais n'était pas tout à fait certaine d'avoir envie de mêler qui que ce soit à tout ça. Ni de présenter qui que ce soit aux bannis, d'ailleurs.

- Je vais réfléchir. Mais ce ne sera pas pour aujourd'hui en tout cas...


Elle espérait qu'ils n'étaient pas trop pressés, parce qu'elle comptait bien s'assurer que son plan était bon avant de le mettre en application.

- J'imagine que vous n'avez pas envie de rester ici en attendant ?

De toute façon Astrid ne pouvait pas continuer ses consultations de voyance avec deux inconnus dans sa tente, et ne voulait pas non plus les laisser tous seuls dans sa chambre à l'auberge.

- Ce que je vous propose, c'est de commencer par vous laver, et ensuite manger quelque chose. Ça vous dit ? Ou alors nous pourr...

Astrid s'interrompit. Quelqu'un venait de passer sa tête par l'ouverture de la tente et regardait dans sa direction avec impatience.

- C'est pas bientôt fini ?! Ça fait des lustres que j'attends! Moi aussi je veux connaître mon avenir, hein !
- Euh... Désolée mais... Je n'ai pas terminé...

La cartomancienne se trouvait prise au dépourvu. Ce genre de situation arrivait rarement, déjà parce qu'habituellement elle était efficace, mais aussi parce qu'elle n'avait pas tant de clients que ça.

- Ouais, bah va falloir y songer d'moiselle, parce que j'ai des choses qui m'attendent moi hein !

L'homme, plutôt vieux, ne sortit pas la tête de la tente. Astrid ne savait pas vraiment s'il attendait encore une réponse ou s'il s'attendait à ce qu'elle reprenne malgré sa présence. Elle regarda ses deux clients d'un air gêné.
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Lucain d'AgranceBanni
Lucain d'Agrance



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MessageSujet: Re: L'alcool et la folie.   L'alcool et la folie. - Page 2 EmptyMar 11 Juil 2017 - 19:12
Une vilaine tête passe par la tente, et un frisson me parcourt l’échine en sentant l’intrus. Par pur réflexe, je fais glisser les pièces dans la bourse à nouveau, très rapidement, afin de la cacher à l’inconnu et à me préparer à bondir, arme à la main, pour régler le souci.
Malachite lui aussi a l’air complètement paniqué. Je lui fais un signe de tête non-équivoque, il comprend ce que ça veut dire. Je me lève tout entier, quand bien même je ne sois pas aussi grand que la plupart des guerriers. Mon manteau tombe sur mes épaules, et mes mains se cachent sous la cape. Je m’avance, lèvres pincées, sourcils froncés, en quelques pas vers l’homme ; Et lorsque j’arrive à son niveau, je glisse une main sous mon vêtement, tout près de mon aisselle, là où je peux sentir le fourreau en cuir où je cache ma miséricorde.
Miséricorde. Elle porte bien son nom. Il s’agit d’une dague, mais pas le genre que vous avez l’habitude de le voir ; La lame est longue et très fine, il n’y a pas de garde, ce n’est pas une arme faite pour le combat, c’est une arme faite pour l’exécution. Généralement, je l’utilise pour achever les blessés sur un champ de bataille, car il vaut mieux mourir proprement que perdre son sang ou crever d’infection après des jours à souffrir le martyr. L’astuce, c’est de la glisser le long d’un endroit où la mort est directe ; Je choisis toujours de lever le bras de mon ennemi pour l’enfoncer sous l’aisselle, afin que la pointe vienne chatouiller le cœur. Parfois, il m’est arrivé de l’enfoncer dans l’œillère d’un casque, pour que ça traverse le corps vitreux de l’œil avant d’atteindre le cerveau. Une fois devant le gars, je n’aurai qu’à le tirer vers moi et lui planter le couteau au fond de l’oreille, mais il ne mourra probablement pas sur le coup. Il se mettra plutôt à écarquiller les yeux, à tituber, et à se retrouver dans un état second et étrange, délirant, où il se mettra à rire tout en devenant aveugle. Il faudra attendre que je daigne lui retirer le couteau planté au fond de l’oreille pour qu’enfin il rende l’âme à Anür.

Je lui attrape le poignet. Je le tire vers moi. Le client réagit en reculant, probablement choqué qu’on le touche. Mon sourire est grand, tous mes crocs de loup affichés. Je me prépare à régler ce problème incongru qui met en danger et ma famille et ma sécurité et même celle du Malachite que je protège.

« Pardonne pour le dérangement, mon bon sieur. Permets-tu simplement une minute ? Pas une de plus, juste quelques mots à dire et nous serons partis... »


Je me recule. Dans sa main, je lui ai laissé quelque chose. Une pièce de cuivre plaquée or, c’est-à-dire qu’elle ne vaut rien, mais ça il ne le saura qu’en croquant dedans, et moi j’ai juste besoin de trente secondes sans que sa trogne ne glisse entre les pans de la tente.

Profitant de la minuscule accalmie, je me retourne pour me mettre à dicter ce que j’estime qui doit être fait.

« Termine ton travail pour cette journée. Mon ami et moi allons vadrouiller, sans pour autant te perdre de vue. Ne change surtout pas tes habitudes, continue comme si de rien n’était. Quand tu sortiras, on te retrouvera, et tu nous conduiras chez toi pour que nous nous cachions et dormions.
Nous prendrons tout le temps qu’il faudra pour traverser l’Esplanade, mais il vaut également mieux pour nous tous que personne n’aperçoive ton absence. Je suis désolé si nous devons squatter chez toi, mais je t’assure que nous te rémunérerons pour l’embarras.
Je veux que tu saches que nous comptons sur toi et qu’il n’est pas dans ton intérêt d’agir contre nous. Mais je ne veux pas non plus que tu te saches menacée. Nous sommes dans le même bateau, et maintenant que je suis assuré que nous soyons amis, sache que je suis prêt à te protéger si quelqu’un t’emmerde ou si tu as un problème. »

Je fais un signe à Malachite de se lever et de me suivre, avant de lancer un dernier mot juste avant de m’échapper.

« Moi c’est Lucain. Lui c’est Malachite. »
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Astrid la DouceCartomancienne
Astrid la Douce



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MessageSujet: Re: L'alcool et la folie.   L'alcool et la folie. - Page 2 EmptyMar 11 Juil 2017 - 22:00
Astrid se redressa en voyant le bavard se levait et se dirigeait vers l'entrée. Qu'est ce qu'il allait faire ? Elle l'avait automatiquement classé dans la catégorie des gens imprévisibles et n'avait aucune envie qu'il se passe quelque chose de fâcheux en rapport avec ses affaires. Seulement elle ne voyait pas ses gestes, il lui tournait le dos et elle ne pouvait que prier les Trois pour qu'il ne lui passe pas n'importe quoi par la tête.

« Pardonne pour le dérangement, mon bon sieur. Permets-tu simplement une minute ? Pas une de plus, juste quelques mots à dire et nous serons partis... »

Apparemment ils s'étaient mis d'accord parce que la tête disparut bien vite de l'ouverture et ils se retrouvèrent donc tous les trois à nouveau. Seulement cette interruption sonnait la fin de leur première discussion, le chef des opérations ne revint pas s'asseoir et se contenta de se retourner pour donner ses dernières instructions.
Astrid n'y trouva rien à redire, à part peut-être que si elle voulait tout faire comme à son habitude il faudrait certainement qu'ils lui laissent le plein usage de sa chambre un moment dans la soirée. Mais ça elle pouvait s'en passer maintenant qu'elle avait connaissance de sa rémunération. Et ça lui faisait plaisir.
Mais il avait beau lui parler d'amitié, de bateau de commun ou d'aide en cas de problème, Astrid doutait quand même de la sincérité du propos. Mais bon, ils devenaient tout de même un peu plus sympathiques à ses yeux. Enfin, surtout le bavard, parce que l'autre disait surtout des trucs désagréables quand il lui arrivait d'ouvrir la bouche.

« Moi c’est Lucain. Lui c’est Malachite. »

Ils étaient déjà presque sortis au moment de ces petites présentations. Effectivement ce serait plus facile avec des prénoms, même s'ils n'étaient pas forcément vrais. Astrid se moquait bien de savoir si c'étaient leurs vrais noms de toute façon. Elle était suffisamment contente qu'il ne soit pas question de noms de famille.

- Astrid
, glissa-telle en réponse alors qu'ils sortaient de sa tente. Mais ça vous le savez sûrement déjà.

Après tout, Lucain avait bien su qu'elle voyait régulièrement sa soeur, pourquoi ne saurait-il pas déjà son prénom? Mais bon, au moins elle se serait présentée aussi et ils ne pourraient pas lui reprocher d'être malpolie. Sa bêtise la fit sourire. La politesse ne semblait pas tellement les préoccuper.
Le vieil homme si impatient ne se fit pas prier pour prendre la place des deux bannis, tout ça pour poser une question sur le possible effondrement de sa charpente. Il fut suivi par une jeune fille qui se demandait, comme toutes les jeunes filles qui passaient là, si elle trouverait l'amour. Il fut question un peu plus tard du décès d'un adversaire, du sexe d'un enfant, et après Astrid cessa de s'y intéresser réellement. Comme souvent, la lassitude augmentait au fur et à mesure.
La journée fut longue. Déjà parce que c'était ennuyeux et répétitif mais surtout parce qu'Astrid ne parvenait pas à chasser de ses pensées les deux bannis et leur requête. Elle ne cessait pas de comploter toute seule pour essayer de trouver la meilleure idée, celle qui éliminerait le plus possible les risques. Elle fit quelques pauses, sortant juste de sa tente pendant les moments où personne ne réclamait ses services, mais y retourna toujours dès qu'elle aperçut un client. Une journée normale de cartomancienne à Marbrume en somme.
Quand il n'y eut vraiment plus personne, Astrid risqua un regard à l'extérieur de sa tente. Air frais et soleil couchant. Personne à l'horizon. Apparemment elle avait bien finit sa journée et ça n'était pas plus mal. Elle en aurait été presque ravie, si elle ne s'était pas rappelée qu'elle allait devoir héberger deux bannis pour une durée plutôt indéterminée. D'ailleurs où étaient-ils ? Sûrement dans le coin. Elle regarda aux alentours rapidement, sans les voir. Si elle n'avait pas eu le sentiment que ses vêtements sentaient le poney mort, elle aurait presque cru à un mirage.
"On te retrouvera" voilà ce qu'avait dit Lucain, elle ne pouvait que leur faire confiance... Et elle prit donc directement, pour ne pas changer ses habitudes, le chemin de son auberge. C'était bien ça la consigne ?
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Lucain d'AgranceBanni
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MessageSujet: Re: L'alcool et la folie.   L'alcool et la folie. - Page 2 EmptyMar 11 Juil 2017 - 22:32
Les loups sont retournés dans l’ombre. Quittant la tente et rabattant nos mauvaises capuches, nous nous sommes à nouveau transformés en sicaires que personne n’osait approcher. En nous éloignant de la tente, personne n’aurait osé lever la main sur nous, même les miliciens se seraient montrés hésitant à nous chercher des noises.

C’est comme ça que la comédie fonctionne. L’habit fait le moine, ne croyez pas l’inverse de l’expression. Moi et Malachite nous ne sommes pas du tout des loups en fait, malgré nos crocs, nos lames effilées, nos airs de coupe-jarrets et la façon dont j’aie moi de parler. Ou alors non, on est des loups, mais véritablement comme les loups sont dans la nature ; Peureux et fuyards. Une atroce déception comparé au conte.

Finalement, la situation avec Astrid s’est désamorcée. Du moins en apparence. Car sitôt sortis, moi et Malachite nous sommes retrouvés dans un rapide débat. Mala ne l’aime pas. Il me l’a confié dès qu’on a fait quelques pas, en geignant que la sorcière allait nous lancer un sort, surtout maintenant que j’avais dis son prénom à voix haute. Je lui ai répondu que le prénom ne suffisait pas, qu’il lui fallait une touffe de cheveux ou du sang pour faire de la magie noire, et que de toute façon nous resterions vigilants. Il m’a alors accusé d’avoir été marabouté par la dame, que c’est pour ça que je suis aussi détendu alors qu’elle a maintenant le pouvoir de nous envoyer danser au bout d’une corde. Je le rassure, en lui disant qu’elle ne le fera pas, parce que j’ai lu dans ses yeux, et je suis très fort pour lire dans les yeux des gens ; ça n’a pas du tout rassuré mon écuyer de fortune. C’est logique en même temps. Quoi de mieux qu’une sorcière pour lancer des sorts qui camouflent ses yeux ? Surtout d’un bleu aussi vif, trop vif pour être ceux du commun ?
Oui, elle était jolie Astrid ; Trop jolie pour être une honnête bourgeoise. Lui et moi en étions persuadés, il y avait derrière ça quelque chose. Mala était persuadé que c’était des rituels et des sacrifices, mais moi je suis un homme beaucoup plus intelligent, il me paraît évident qu’Astrid a tout simplement recours à de l’alchimie par rapport aux étoiles et aux éléments, et je suis sûr qu’elle étudie ces arts occultes pour changer l’étain en or. Cela n’était guère rassurant, mais au moins, je pouvais imaginer qu’elle n’irait pas appeler la prêtrise ou les autorités en sachant qu’elle-même risquait quelque chose.

Au final, moi et Mala nous sommes relayés pour garder la tente en vue d’œil. Pendant que l’un faisait cette tâche, l’autre partait dans le but d’aller chercher des provisions. Nous n’étions venus qu’avec des lames, sans sacs ni besace, car cela nous aurait donné un sacré air dépenaillé de péquenots réfugiés et vagabonds, et non notre air de meurtrier à la solde d’un ponte local comme nous le voulions. L’habit fait le moine, je me le répète, et personne ne trouverait sérieux un moine avec des livres de bardas sur le corps.

Alors je nous ai acheté un gros morceau de pain bis, grisâtre et rassis. Malachite lui s’est ramené avec une gourde remplie de liqueur dégueulasse et qui montait à la tête. Cela nous changeait de la campagne. Très ironiquement, et à notre grande surprise, on mangeait beaucoup mieux dans le village que dans le bas-quartier de Marbrume.
Mais bon, au moins, ici, ils n’ont pas les fangeux, alors est-ce un mal pour un bien ?

Il n’empêche que quand le soir est arrivé, on a assisté à un mauvais bal funeste. Le soir c’est l’heure où les honnêtes gens ont la bonté de bien vouloir dormir. Et c’est le moment où Rikni vient les enserrer de ses bras et les bercer de rêves ou de cauchemars. C’est aussi le moment où tous les cloportes, les rapaces et les nécrophages de la ville sortent. Et lentement, le bas quartier change de populace.
La nuit en réalité n’est que dans le ciel qui s’assombrit. Mais les rues elles sont toujours aussi illuminées. Illuminées de petits feux à des coins de rues, où des ombres projettent des badauds qui marchent, et des spectres plus menaçants qui se cachent dans les coupes-gorges qui lient deux avenues insalubres. La nuit fait plus frais que la journée, ça agite un peu les sens, et voilà que moi et mon collègue sommes soudain aux aguets.
On a survécu des nuits face au pire des prédateurs. Qu’est-ce qu’une bande de violeurs, de cambrioleurs et d’assassins sont contre nous ?

La fille s’en va comme si de rien n’était. C’est Malachite qui me réveille d’un coup de coude, et nous sortons de nos cachettes pour tracer sur ses pas. Toujours camouflés dans nos grands manteaux, on remonte avec elle, nos pas s’écrasant dans un sol qui s’accroche aux pattes, rendu boueux lorsque des femmes ont vidé le pot-de-chambre par les fenêtres de leurs immeubles. Sur le pavé, on voit des gens regroupés qui boivent et qui discutent, et quelques mendiants et éclopés sur le côté qui lèvent leur paume en demandant la charité. J’en ai le cœur qui bat un peu plus vite, je ne saurais trop dire pour quoi.

Moi et Malachite on talonne sur Astrid. Je suis aussi grand qu’elle, Mala à peine plus petit. Pas étonnant qu’elle ne nous remarque absolument pas, ou tout du moins juste au dernier moment, quand on l’encercle tous les deux. Je la calme aussi tôt d’une voix beaucoup plus douce que d’ordinaire.

« Pas de panique. C’est nous. »

Je la regarde rapidement en penchant la tête, avant d’à nouveau observer face à moi.

« Conduis-nous jusqu’à chez toi. »
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Astrid la DouceCartomancienne
Astrid la Douce



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MessageSujet: Re: L'alcool et la folie.   L'alcool et la folie. - Page 2 EmptyMar 11 Juil 2017 - 23:22
Astrid avait l'habitude du quartier. La plupart des gens ne bougeaient pas ou rarement, ceux qui mendiaient tenaient à leur place, ceux qui buvaient tenaient à leurs tables, et quand on passait régulièrement dans les mêmes rues on finissait par faire partie intégrante du décors. Habituellement Astrid ne se montrait même plus curieuse de ces gens, de ces enseignes, de ces ombres. Elle les connaissait trop pour qu'ils l'attirent à présent. Quand elle était arrivée elle avait peur de marcher dehors la nuit, toute seule, mais ça lui était vite passé. Il fallait simplement le temps de s'intégrer au décors, de faire un peu connaître son nom sans chercher d'ennuis, et tout se passait bien. Il fallait aussi avouer que son statut de cartomancienne probablement un peu sorcière lui valait une certaine tranquillité dont elle n'aurait peut-être pas joui sinon.
Pourtant ce soir elle avait bien du mal à se retenir de regarder à droite et à gauche, à la recherche de ses deux... Complices. Elle n'avait pas particulièrement hâte de les retrouver mais ce serait toujours un sentiment plus agréable que cette sensation d'être épiée sans même savoir si c'était vrai ou si elle était seulement paranoïaque. Ils disaient qu'elle ne devait pas se sentir menacée mais c'était plus facile à dire qu'à faire. Ils avaient des têtes de tueurs.
La cartomancienne ne les entendit pas vraiment arriver. Elle entendit bien les bruits de pas, mais rien n'indiquait qu'il s'agissait de ceux qu'elle attendait avec plus ou moins d'impatience... Il faisait plutôt noir après tout. Mais quand elle aperçut qu'elle était plus ou moins encerclée par deux silhouettes sa main dévia toute suite vers son fourreau. Pour l'instant elle n'avait pas trop d'ennuis en dehors de ses clients qui se montraient parfois un peu trop gênants, ça ne voulait pas dire pour autant que rien ne pourrait lui arriver.

« Pas de panique. C’est nous. »

Elle trouvait les deux phrases plutôt oxymoriques mais garda tout commentaire pour elle. Les voir pourrait faire paniquer beaucoup de gens, surtout la nuit. Astrid était surtout surprise de ne pas avoir pu les reconnaître à l'odeur.

« Conduis-nous jusqu’à chez toi. »

Oui, c'était prévu et elle n'avait pas oublié. Elle hocha la tête, sans dire un mot, et continua exactement dans la direction qu'elle prenait jusque là. Ils l'avaient retrouvée, comme ils l'avaient dit. Ça voulait dire qu'ils avaient été là au moment où elle était sortie de sa tente en se demandant où ils pourraient être. Ces types avaient visiblement quelques talents qu'elle ne soupçonnait pas encore et elle n'était pas sûre d'avoir envie d'en avoir un plus vaste aperçu.
Ils ne mirent pas longtemps à arriver à destination. Astrid avait changé d"auberge peu de gros auparavant parce qu'elle avait eu des ennuis avec un de ses clients, c'était là qu'elle avait rencontré Viktor d'ailleurs. Elle n'avait pas perdu au change. L'établissement était toujours modeste - le quartier n'avait pas changé, lui - mais il avait l'avantage de proposer une salle d'eau, commune à tous les clients mais existante. Sa chambre était également plus grande, et un peu mieux meublée. Mais l'endroit était aussi plus bruyant, et plus fréquenté. Ça ne gênait pas Astrid en général, elle y voyait l'occasion de trouver plus de clients, mais là... Elle aurait presque préféré son ancien refuge.
Après s'être assurée d'un mouvement de tête qu'elle était toujours accompagnée, elle finit par pousser la porte de la fameuse auberge. Il était l'heure de manger, la grande salle était pleine, et pourtant le contenu des assiettes semblait plutôt mauvais. Avec la famine les exigences de la clientèle baissaient drastiquement, les gens étaient déjà heureux de continuer à pouvoir trouver quelque chose sous leur nez. L'avantage, c'était que personne ne leur jeta le moindre regard lorsqu'ils traversèrent la pièce, alors qu'il y avait franchement de quoi. Tout de même, la serveuse, qu'Astrid connaissait bien, l'accueillit tout d'abord d'un signe de tête cordial avant de remarquer l'allure de ses invités... La cartomancienne n'aurait pas su dire si son visage exprimait de la crainte ou du dégoût, mais en tout cas elle ne fit aucun commentaire.
Après avoir traversé la grande salle mal décorée, il y avait un couloir sombre dans lequel Astrid s'engagea avec assurance, avant de sortir une petite clef. Elle s'arrêta devant la troisième porte à droite, et ouvrir donc à regret la porte de sa chambre pour Lucain et Malachite.

- Entrez,
dit-elle doucement, avec un signe de main encourageant.

La pièce n'était pas bien grande. Il y avait un lit capable d'accueillir deux personnes, une armoire en face. Une table de chevet. Et aussi un fauteuil, bien moins confortable qu'il n'en avait l'air. La pièce sentait bon, parce qu'Astrid prenait toujours soin de la parfumer avec des fleurs. Il fallait faire bonne impression aux clients.

- Ah, c'est deux à la fois maintenant ?! Ça nous promet des nuits paisibles !

Astrid tourna le visage, pour apercevoir un jeune homme tout à fait désagréable. Il venait de regarder Malachite et Lucain entrer, et il lançait un regard mauvais sur toute la compagnie. C'était le voisin d'Astrid, il occupait la chambre d'à côté, et disons qu'il n'était pas friand de l'animation nocturne qui régnait parfois chez la demoiselle. Il s'appelait Jean, c'était à peu près tout ce qu'elle savait sur lui, et même s'il avait plutôt l'allure d'un gringalet, Astrid préféra ne rien répondre, rentrer à son tour dans la chambre, et refermer soigneusement la porte.

- Voilà,
dit-elle en désignant l'endroit. Vous êtes chez moi.

Elle s'approcha alors du lit, sortit de sa besace ses cartes de divination et les posa sur la table de chevet.

- Je saurai si vous y avez touché. Faites attention.


Ce n'était pas vrai, mais Malachite semblait disposé à y croire et si ça pouvait lui assurer qu'ils n'y toucheraient pas elle n'allait pas s'en priver.

- Et le premier qui touche à mon lit avant de s'être lavé aura affaire à moi.

Pour l'instant elle n'avait aucune autre remarque à formuler.
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