Faire les choses dans les règles [Hector] [Terminé]

Cela ne faisait que quelques semaines que le Baron de Brasey avait gagné Marbrume, non sans une certaine amertume. En effet, il lui fallait désormais tout refaire dans ce fief qui n’était pas le sein. Il lui fallait prendre ne nouveau repères, approcher de nouveaux contacte, nouer de nouvelles amitiés. La tâche pouvait sembler importante pour un homme seul, cependant, il avait eu la chance de ne pas perdre sa famille lors de l’avènement des fangeux, et elle lui était très dévouée.

Il était plutôt tard dans l’après-midi, depuis le déjeuner quatre coups avaient retenti. Dans une Auberge de luxe des quartiers nobles, l’ambiance était calme et feutrée, parfaite pour réfléchir et faire le point. Le lieu était fréquenté par les gentilshommes de la ville, il venait trouver ici un peu calme. Tout était réuni pour en faire un endroit parfait aux yeux d’Anthime.

Il observait l’assistance, regardant qui semblait plus influant, prenant plus facilement la parole ou imposant plus aisément ses idées lors d’une discussion.
Sur la table, face au Baron se trouvait une coupe de vin à moitié pleine, qu’il sirotait de temps à autre.

Anthime de Brasey était un homme d’une quarantaine d’années, faisant somme toute son âge à ce qu’on pouvait voir. Dans la grande moyenne, il n’était pas particulièrement large de carrure, ni très épais, certains le trouvaient un peu fin, mais rien de bien inquiétant, loin de là. Ses cheveux bruns relativement courts, encadrait un visage, ou quelques rides commençaient à se voir de manière flagrante.
Les chiens ne faisant pas des chats, Anthime est un homme qui ne laisse pas facilement entrevoir ce qu’il pense ou ressent. Il pourrait avoir l’air fermer, ou dur à une personne n’ayant pas l’habitude de le fréquenter. Ses yeux d’un bleu plutôt intense ne cessent de scruter, analyser le monde qui l’entour afin de trouver le meilleur moyen d’en tirer profit.

En ce jour il était vêtu plutôt simplement, portant un pourpoint simple, dont les seules richesses étaient l’étoffe qu’on devinait facilement d’excellente facture et quelques broderies sur les bords du tissu qui étaient fort joliment soignées. Le reste de son vêtement était à l’image de cette pièce, sobre, pour passer relativement inaperçue.

Occuper à étudier les interactions sociales dans une groupe de Noble à quelques tables de là, Le Baron ne prêtait guère attention à qui pouvait bien entrer.

L’idée lui traversa l’esprit qu’il devrait peut-être un jour organiser une réception, pour se faire voir de la haute société de Marbrume, mais aussi, et surtout pour recueillir des informations à leurs sujets, pour cela ses filles n’avaient pas leur pareille, chacune dans leur style. Il appréciait cette sorte d’exubérance qu’avait Grâce, elle savait se faire voir, souvent se faire aimer ce qui facilitait les petites confidences apparemment anodines. Victoire, quant à elle, était, en apparence, plus effacée, elle sillonnait l’assistance, écoutant tout ce qui pouvait bien arriver à ses oreilles. Elle savait se rendre invisible, pas au sens littéral bien entendu, quand il le fallait. Quand on se sent entre amis, pourquoi retenir sa langue ?
Audric n’avait pas le même rôle que ces jeunes sœurs, lui étaient plus là pour donner une image rassurante et honnête de la famille.

Plongé dans ses pensées, il ne s’occupait finalement même plus de ce pourquoi il était venu.

Il en était à se demander comment convaincre la vieille de Restellie d’accepter de donner une réception dans sa maison, quand on le sortit de ses pensées. De Brumaire, Louis de son patronyme, était le seigneur des terres jouxtant celle des de Brasey. S’était un homme plutôt joyeux, son optimisme avait d’ailleurs, déjà exaspérer plus d’une fois Anthime, mais il avait une certaine utilité. Là depuis plus longtemps, il commençait déjà à se faire un petit cercle d’amis, puis il avait quelque chose de rassurant, une tête connue dans ses temps troublés était fort appréciable.

De Brumaire était accompagné cette fois, un homme d’une trentaine, une barbe épaisse noire, de la même couleur que ces cheveux. Il était assez imposant, et avait un faciès qu’il était difficile d’ignorer. Il semblait tout aussi jovial que celui qui venait de l’introduire.

Le Baron de Brasey salua poliment ses interlocuteurs, les laissant entamer la conversation. Peu après avoir abordé le cas des fangeux, Louis s’éclipsa prétextant une affaire urgente et promettant une invitation.

De sombrebois ne sembla pas se formaliser outre mesure du départ de leur ami. Il fallait dire qu’Anthime s’était montré sous son meilleur jour, sociable et agréable, prenant un air désolé quand Hector lui parla du malheureux sort de sa famille et de ses terres.

« Je suis navré que vous ayez perdu votre famille monsieur de Sombrebois. Je n’ai heureusement pas eu ce malheur, mes deux filles et mon fils sont saint et sauf tout comme ma femme. Je remercie les dieux tous les jours pour cela. »

Il était tout à fait sincère dans sa déclaration. Sans eux qu’aurait-il faits seul dans cette ville ? Sa vie aurait-elle encore eu un sens ?
Bien entendu, il aurait toujours pu se remarier, re-fonder une famille. Certes il n'était plus de toute première jeunesse, mais il avait encore de belles année devant lui. Mais surtout ça aurait voulu dire tout reprendre de la base et n'avoir presque aucune chance de récolter le fruits de son travail de son vivant.

« Le plus décourageant avec ses créatures, c’est que plus elles nous tuent plus elles sont nombreuses, nous terrassant d’autant plus rapidement. »

Le quadragénaire soupira brièvement, avant de boire une gorgée de vin.

« Cependant, je ne peux être que d’accord avec vous, la noblesse cherche encore ses repères, n’est pas assez organisé pour espérer ne serait-ce que tenter efficacement de repousser les fangeux. »

Sans compter que le combat, la guerre, ça n’avait jamais été la discipline de prédilection de Brasey. Comme tous les hommes de sang noble il avait eu une éducation à l’art des armes, mais ça n’avait pas été son plus glorieux succès. S’était un meilleur diplomate et stratège.

« Vous venez souvent ici Monsieur de Sombrebois ? Je connais Louis de Brumaire depuis un certain temps et d’habitude quand il s’aventure ici, c’est un peu plus tard dans la soirée. »

Son ton était amical, mais Anthime voulait savoir ça qui il avait à faire, il semblait partager un certain objectif en commun. Si Sombrebois voilait reconquérir ses terres de Brasey voulait plus conquérir Marbrume, mais dans leurs deux cas, il souhaitait faire en sorte que la noblesse s’organise et si il pouvait faire partie du noyau dur ça n’en était que mieux !

Le Barons semblait de tempérament plutôt guerrier, porter sur le combat, quel autre genre de personne seraient prête à sortir des murs de la cité pour participer à un battue organisé par une Dame. Anthime n’avait aucune idée de qui était cette Madame de Traquemont, il faudrait penser à se renseigner sur elle.
S’était plutôt un bon point pour le Baron, ce trait de caractère, un ami utile était un ami avec des talents différent des siens.

Quand Sombrebois parla du fait qu’il ne connaissait que peu de monde en ville, De Brasey ne put qu’avouer qu’il en était de même pour lui, non sans un petit sourire.

« Je vous comprends parfaitement, je ne suis moi-même arrivé il n’y a que quelques semaines, ne connaissant pas du tout la ville il n’est parfois pas évident de sortir. Il est vrai que Louis est très serviable, même si parfois un peu trop insistant. »

Approuvant la remarque de son interlocuteur sur le vin, le quadragénaire en repris une gorgée. Il comptait finir sa coupe, mais certainement ne pas en reprendre une autre, il voulait garder l’esprit suffisamment clair.

Il écouta avec attention Hector parler de ses terres. Cela ne devait pas être facile pour lui d’évoquer ce qu’il avait perdu. Pas qu’Anthime fasse de l’excès d’empathie, s’était mal connaître l’homme, mais il ne voulait pas vraiment que le Baron s’enfonce dans la mélancolie, entendre les gens geindre n’était pas dans ses goûts.

Lorsqu’il lui demande de parler, à son tour, de ses terres, de Brasey s’éclaircit la gorge, mais ne put, ou sûrement ne voulut, pas dissimuler la petite pointe d’amertume qu’on pouvait déceler dans sa voix.

« Nous avions des terres riches en fer, ça ne correspondait pas à toutes les cultures, mais très utiles pour les forges. Un peu partout fluorisaient des mines à ciel ouvert, elles étaient tenues par des gens simples et travailleurs, qui nous étaient plutôt fidèles. Il faut dire que nous faisions tout pour faire connaître et valorisé leur travail.
Ils étaient connus pour faire de bonnes armes, pas les meilleures, mais de bonne facture, en revanche nos serruriers étaient des artistes, ils étaient très réputés. Les rumeurs locales racontaient que si on faisait si bien les serrures s’étaient parce qu’on était doué pour garder les secrets et principalement la manière de faire un bon fer. »

S’était une façon plutôt jolie de présenter les choses, mais pas tout à fait la vérité, un petit mensonge sur leur vraie intention ne faisait pas vraiment le mal.

« Ce n’était peut-être pas de grandiose paysages, mais s’était chez nous, notre bien le plus précieux, si on pouvait parler ainsi. Mon fils, Audric, a du mal à accepter l’éventualité qu’on les ait perdues à jamais. Je ne peux pas l’en blâme, il est jeune, optimiste et ça devait devenir ses terres un jour. Mais il faut savoir parfois envisager le pire pour ne pas tomber de trop haut. »

Anthime s’apprêta à demande au Baron de Sombrebois si il avait des enfants, mais il se ravisa, ce n’était pas une information capitale et cela aurait pu paraitre déplacé sachant que quelque instants plus tôt il lui avait avoué avoir perdu sa famille.

« Qu’en pensez-vous ? »

Anthime ne voyait pas du tout les choses de la même manière, il était plus terre-à-terre et surement plus égoïste que Sombrebois. Mourir pour reconquérir ses terres ?
Ce n’était pas dans les objectifs du moment. Même si il n’excluait pas la possibilité d’engager des hommes qui eux iraient mourir pour essayer de reconquérir Brasey.

« C’est fort aimable à vous Baron, mais pour le moment, je pense plus à stabiliser notre position dans la ville. Je dois justement penser à ma famille avant de penser à mes terres qui pour le moment sont perdues. Sans compter que je n’ai pas peur d’avouer ne pas être la plus fine lame que ces terres aient portée. Mon domaine d’expertise était plutôt la diplomatie, malheureusement, on ne peut pas traiter avec les fangeux.
Mais, retourner dans notre fief restera toujours un projet, important. »

Plus ils parlaient, plus Hector semblait un pion de choix pour de Brasey. De plus, il semblait tout à fait volontaire dans sa tâche. Son plus gros défaut semblait sa dévotion démesurée pour quelque chose qui était considéré comme mort jusqu’à nouvel ordre. Il avait toutes les chances de se faire dévorer prématurément. Cependant, cela valait le coup d’essayer de cultiver cette amitié, il semblait plutôt robuste et si il était compétent avec une arme, donc il avait plus de chance de survivre, malgré tout.

« Monsieur de Sombrebois, que diriez-vous de briser un peu vos habitudes de reclus ? Je vous propose une dîner chez la Dame qui nous héberge, la Vicomtesse de Restellie. Vous pourrez parler stratégie et massacre de fangeux avec Audric il en sera sûrement fort ravi. »

Et lui serait fort ravi de demander aux demoiselles de la maison, d’épier l’inviter pour en apprendre plus sur lui de manière plus subtile. Il lui avait proposé cela en toute amitié, du moins c’est ce qu’il voulait lui faire croire.

« Si cette idée vous plaît, dites-moi quand cela vous conviendrait. Mais ne vous sentez pas obliger d’accepter pour ne pas me froisser, je comprendrais que vous préféreriez rester un peu seul avec vous-même. »

Vu le spleen qui s’était abattu sur le Monde depuis l’apparition de ces bêtes, on pouvait se dire que certain pouvaient avoir du mal à surmonter le choc, même si cela ne semblait pas être le cas du Baron de Sombrebois. Il semblait bien déterminer à prendre sa revanche.

Une fois cela proposer, Anthime fini sa coupe, il n’allait pas traîner ici plus longtemps, il avait déjà suffisamment traîné.

Une fois l’auberge quittée, après de cordiales salutations, Anthime de Brasey rentra dans ce qui était désormais sa maison, si l’on pouvait dire ainsi, vu qu’il s’agissait la demeure d’Anelyse de Restellis. Il y trouva sa famille dans un salon. Victoire essayait de titrer le portait de sa sœur tandis que cette dernière avait l’air fort lasse de ne pouvoir bouger, le tout sous la surveillance calme, mais oppressante de Sichède.
Audric était un peu plus loin, un livre à la main, jetant de temps à autre un œil à ce qui se passait dans la pièce. Il lui apprirent que Dame Anelyse était parti se reposer, exténuée de sa journée.

« J’ai une bonne nouvelle très chère, commença-t-il en s’adressant à son épouse, pendant ma sortie, j’ai rencontré un certain Hector de Sombrebois, un ami du Sieur de Brumaire. »

A l’entente du nom de l’homme, Grâce tiqua, mais ne montra guère sa surprise, elle se contenta d’un vague sourire en coin. Elle se sentait flattée qu’il ait pris la peine d’amorcer quelque chose pour la revoir. Du moins elle espérait que cette entrevue avec son père était dans ce but.

« Il m’a l’air de quelqu’un de vif, surtout quand on lui parle d’éradiquer les fangeux de ses terres. Peut-être un peu guerrier, mais fort intéressant.
Je lui ai proposé un dîner. Il a accepté avec force enthousiasme, cela se passera dans une semaine. »

Il y eut quelques questions, sur l’invité puis la vie reprit son court.
La semaine passa, faisant grandir en Grâce une sorte d’impatience. Elle était à la foi un peu déçue du chemin choisi par le Duc, car finalement passer par la famille était la méthode sans risque de l’homme droit. Cependant, elle était tout de même quelque peu impressionnée, justement par cette droiture, beaucoup auraient trouvé plus facile d’organiser quelque chose de moins officiel.

Grâce achevait de se préparer dans sa chambre quand la cloche retentie dans la maison. Elle demanda à une domestique de l’aider à lasser sa robe et ferme un collier. L’appréhension commença à monter.
Pendant ce temps on alla ouvrir la porte, Le valet venant d'ouvrir la lourde porte guida le Baron de Sombrebois dans la demeure jusqu’à un salon ou l’attendais Anthime, Sichède et Audric.
Après les courbettes et salutations d’usage un semblant de conversation s’amorça.

« Enchanté de faire votre connaissance Monsieur de Sombrebois, j’ai cru comprendre que nous avions quelques intérêts communs. »

S’aventura à affirmer Audric. S’était un jeune homme plutôt grand, bien bâti, ressemblant assez à son père. Il se tenait droit avec une certaine rigueur.

« Pardonnez le retard de Grâce et Victoire, elles ne vont pas tarder. Alors comme ça vous êtes arrivé il y a peu à Marbrume ?
Anthime nous a raconté les drames que vous avez dû affronter. Nous tenons à vous témoigner toute note sympathie.»

Sichède venait de s’exprimer à son tour. La quarantaine apparente, elle restait une jolie femme, avec un abord plutôt charmant, même si on sentait en voyant ses yeux toute sa dureté. Des cheveux proches du blond, des yeux noisette et une silhouette fort fine. Personne n’aurait pu douter qu’elle soit la mère de ses enfants.

On invita Hector à s’asseoir pour patienter, apportant une bouteille de vin et six coupes.

Dans ses quartiers, sur le point de pousser la porte, Grâce fut prise d’un affreux doute. Et si rien ne se passait bien ? Et si Victoire ou Audric ou ses parents avaient eu vent de l’entrevue dans les Jardins du parc ? Et si simplement elle ne se montrait pas assez intéressante, qu’il l’ignorait ?
Et si S’était juste pour l’amitié et l’alliance avec Anthime qu’il était là ? Son ego en prendrait surement un très large coup, probablement pas autant que ses fiançailles rompues, mais tout de même assez pour ne pas l’ignorer.

Cependant, elle ne put se poser plus de questions, on frappait à la porte, S’était Victoire qui l’appelait. La jeune fille passa une main dans ses cheveux, remis son corset en place et pris une longue inspiration. De toute façon il était trop tard pour reculer.
Elle eut l’impression de se jeter dans une fausse pleine de fangeux.

La première à entrer dans le salon fut Victoire. Elle était à peu près de la même taille que sa sœur, d’ailleurs elle lui ressemblait assez, même silhouette svelte, même forme de visage. Cependant, ses cheveux étaient légèrement plus clairs que ceux de son aîné. Elle portait une robe sobre et sage, dans les tons bleus avec assez peu de bijoux. Ses cheveux étaient relevés dans un chignon plutôt simple. S’était une jolie fille, absolument pas dénuée de charme

Puis Grâce fit son entrer.
Elle portait une robe couleur grenat et crème. Le haut du vêtement rouge sombre était ajusté soulignant les lignes, sculptées par le corset en dessous, du buste. Il lui dessinait un décolleté taquin, mais pas indécent. Ce dernier était souligné par une rangée de perles. La jupe était ample, tombant élégamment et découvrant sur le devant un jupon de couleur naturelle brodé de blanc. Ce même tissu se retrouvait sur les manches qui étaient longue. Au niveau du coude de longues traîner de tissu grenat donnait de l’ampleur aux mouvements de la jeune fille.
Au coup de la demoiselle pendait un collier de trois rangées de perles, au centre se trouvait un pendentif, étonnement masculin, avec une pierre précieuse, un rubis.
Enfin sa coiffure était plutôt sobre et consistait en une couronne de tresse plutôt sur l’arrière de la tête dégageant son visage tout en laissant de longues boucles pendre sans son dos. Sa coiffure était ornée de perles et de quelques babioles dorées.

Les deux sœurs firent une révérence de circonstance à l’invité de la maison.

« Baron de Sombrebois, je vous présente mes deux filles, Grâce, en rouge, et Victoire en bleu. »

Introduit Le père de deux jeune filles.
Grâce fit quelques pas pour s’approcher du trentenaire. Le regardant dans les yeux, un petit sourire mutin aux lèvres, elle prononça quelques mots.

« Ravie de faire votre connaissance Monsieur de Sombrebois. »

Faisant mine de remettre en place le pendentif de son collier, elle pensa qu’il aurait été plus percutant de l’appeler Hector, mais cela n’aurais pas été du meilleur effet dans la situation présente.

Spoiler:

Sichède sourit, victorieuse. Ses enfants étaient sa plus belle œuvre et voir qu’ils faisaient forte impression flattait fort son égo. Anthime pour sa part affichait un enthousiasme plus réservé, s’était dans le tempérament de l’homme d’être moins expressif.

Quant à Victoire elle regarda le petit manège de sa sœur avec intérêt. Il n’avait rien de suspect dans son comportement, faire la belle, s’était son truc, même si cela exaspérait la cadette. Mais on ne savait jamais, elle pouvait déraper à tous moment. Le trop-plein de confiance et le tempérament joueur faisaient partie de ses plus grandes faiblesses. D’ailleurs, elle semblait fière d’avoir réussi à attirer l’attention du Baron vers son décolleté.

La famille de Brasey s’assit. Au centre de la pièce, deux causeuses se faisaient face, ainsi que quatre fauteuils. La mère et sa plus jeune fille s’installèrent dans une des causeuses. Grâce s’assit dans le fauteuil juste à côté de sa génitrice. Elle était bien droite les mains délicatement posées sur ses genoux. Audric s’était placé dans le siège en face de sa sœur la plus âgée tandis qu’Anthime s’était installé dans le deuxième sofa.

« Mes enfants son ma fierté, malgré ce que de mauvaises langues peuvent en dire. »

Sur ses mots Sichède caressa du dos de la main la joue de sa cadette, qui réagit avec un bref sourire et un regard tout aussi furtif à la quadragénaire. On sentait une certaine réserve dans sa réaction, elle avait en quelque sorte peur de faire un faux pas.

« Ne vous inquiéter pas pour la Vicomtesse de Restellis, elle est absentée, car elle a reçu une invitation de dernière minute. A ce que nous avons compris une vieille connaissance arrivé à Marbrume depuis quelques jours. Elle semblait vouloir soutenir son ami dans cette épreuve, ce qui est tout à son honneur.
Nous étions, nous-même, fort heureux de la trouver il y trois semaines de cela. Avant nous étions rassuré de savoir que nos enfants étaient en sécurité chez elle. »

Informa le patriarche, pour rassurer son invité. En effet, ce dernier semblait inquiet de ne pas voir la propriétaire des lieux, chose tout à fait compréhensible en soit.

« Le sport et la guerre, est-ce là vos seuls intérêts Sieur de Sombrebois ? Avec vous d’autres passions ? Pour ma part depuis notre arrivée à Marbrume, je me suis prise d’affection pour les plantes, surtout celle que l’on trouve dans les jardins du Duc. Ne les trouvez pas splendides ? »

En posant cette question Grâce voulais simplement, jouer avec le feu, évoquer leur dernière entrevue clandestine. Le compliment sous-jacent n’était pas vraiment l’objet, on lui en avait déjà fait un et elle en avait poliment remercié Hector avant de s’installer.

Quand tout le monde fait assit, un domestique servit le vin avant de retirer, il devait sûrement aller aider en cuisine.

« Un intérêt aussi soudain qu’étrange, ma chère sœur. Si j’osais, je dirais que tu manigances surement quelque chose là-bas. »

Le petit sourire qu’avait fait naître cette pique plutôt gentillette disparu du visage d’Audric quand il croisa le regard ouvertement réprobateur de Sichède. Cette femme menait ses enfants à la baguette et dans un sens il en avait peur. Preuve en était ces réactions aussi instantanées que radicale au moindre signe venant d’elle. La victime de la mauvaise plaisanterie se contenta se pousser un bref soupire regardant toujours le Baron de Sombrebois.
Anthime ne releva pas ce petit dérapage, se contenant de prendre sa coupe pour porter un toast en l’honneur de leur invité.

S’amusant de la manière, plutôt fine dont Hector avait tourné la réponse à sa question Grâce sourit. Elle était bien entendu flattée par les mots galants que l’on ne pouvait comprendre que si l’on connaissait ce qui s’était passé, cependant, elle ne pouvait guère le monter. Cela aurait éveillé les soupçons alors que sa mère ainsi que sa sœur veillaient au grain.

Ce n’était pas la plus confortable des situations, la jeune fille était tout à fait d’accord pour le concéder. Mais, il semblait que s’était la voie qu’avait choisie son compagnon de jeu. Enfin pour lui cela semblait plus facile il était moins observé.
Plus confortablement installée dans son fauteuil, sa coupe à la main, l’aînée des filles en faisait tourner le contenu d’un geste souple du poignet, écoutant ce que le Baron ajoutait concernant ses loisirs. Elle ne put s’empêcher d’arrêter son petit manège avec son verre, surprise par la nature de la révélation qu’Hector venait de faire. D’ailleurs ce fut le sentiment général de toute la famille, même si l’ampleur de leur réaction fut fort mesurée, pour ne pas dire à peine perceptible.

« Comme c’est charitable à vous de l’avoir recueillie. Dans son malheur, la bonne fortune semble avoir souri à cette petite. »

Malgré l’apparente, bienveillance de ses propos, Sichède n’en pensait pas moins. Un enfant ramasser comme ça dans les ruines d’une ville, cela ne se faisait pas de l’accueillir chez soi et de le traité comme quelqu’un de bien né. Mais soit, pour le moment s’était une petite chose fragile, elle devait combler le manque affectif du Baron suite à la tragique perte de sa famille. Dans l’état cela restait compréhensible même si peu respectueux des convenances.

Grâce feint un bref intérêt à cette histoire. Tous ce qui touchait aux enfants la mettaient plutôt mal à l’aise. Ces petites choses qui braillaient, demandaient de l’attention, de l’amour et surtout beaucoup de patience, uniquement des qualités dont la jeune fille se sentait particulièrement dépourvue. Mais, ce n’était pas le propos …
Cependant, elle fut bien plus intéressée par l’emplacement du Manoir de Sombrebois. Surement n’en ferait-elle rien, mais s’était toujours bon à garder quelque part dans son esprit.

« Comment s’appelle-t-elle ? »

Demanda Victoire, qui ouvrait la bouche pour la première fois.

Grâce observa sa cadette avec attention. Etait-elle vraiment intéressée par la petite pupille d’origine roturière de leur invité ?
Certes tout le monde vantait la douceur et la patience de la plus jeune de Brasey, racontant qu’elle serait surement une merveilleuse mère - qu’est-ce que le gens ne pouvait pas inventer comme inepties pour se faire bien voir – mais de là a manifesté un véritable intéressement pour cette petite, il lui semblait que cela soit trop gros pour être plausible.
Seul la suite de la conversation pouvait l’éclairée.

Victoire s’aventura à répondre à la question qu’on venait de lui poser, non sans être copieusement oppressée du regarde par sa mère, qui semblait lui indiquer de bien peser chacun de ses mots avant qu’ils ne franchissent le seuil de ses lèvres. Ce même si le seule personne qui semblait assez intéressée par ce qu’elle disait fut Sombrebois.

Audric se leva pour aller glisser quelques mots à l’oreille de son père qui sourit, visiblement amusé. Surement devait-il faire allusion à la scène qui se produisait sous leurs yeux. La pauvre petite chose qu’avait l’air d’être la plus jeune, terrassée par le Dragon Sichède. Même si Anthime cautionnait complètement l’attitude de sa femme envers leur descendance, cela ne l’empêchait pas de s’en moqué gentiment de temps à autre.

Quant à Grâce, elle se contentait d’observer plus en détail l’invité. Elle n’avait encore pas pris le temps de le faire, à son grand regret. Il était élégant et sobre, avec une touche d’audace apportée par cette étoffe bordeaux. On en pouvait nier qu’il avait de l’allure.
C’est justement sa voix qui sorti la demoiselle de ses pensée. On lui posait une question et pas n’importe laquelle.

« Malheureusement, les roses était déjà presque toutes fanées quand je le ai vues. Je n’ai pas les admirer dans leur meilleurs jours.
J’avoue, comme surement beaucoup de monde aimer la délicatesse des fleurs, leur touché doux et leur couleurs aussi variée que plaisante. Mais je suis également fascinée par les arbres qui peuvent vivre des centaines d’années. Leur beauté plus brutes à quelque chose de rassurant. Je ne pense pas que vous allez mon contretire Monsieur de Sombrebois. »

Laissant passer un Bref instant Grâce posa sa coupe. Quand elle se réinstalla, elle n’était plus si droite dans son fauteuil. Appuyée sur un accoudoir elle finit sa réponse d’une voix douce.

« Il y a bien un petit Jardin ici, mais rien de comparable à ceux du Duc. Peut-être qu’un jour vous les verrez par vous-même. Si il n’y a pas de jardin dans la propriété que vous occupez, vous pourrez amener Meredith avec vous. Même si maintenant les feuilles commencent à tomber, pouvoir profiter un peu de l’extérieur devrait lui plaire. »

Si Anthime et Audric se contentèrent de lever un sourcil plus dubitatif que réprobateur, ce ne fut pas de le cas de Sichède et Victoire. Cependant, l’aînée des filles de Brasey les ignora avec une facilité déconcertante, compte tenu du fait qu’elle savait très bien que cela risquait de lui coûter très cher.
D’ailleurs, même si elle semblait complètement assumé ce qu’elle venait de dire, elle n’était pas certaine qu’elle aurait due évoquer cette petite. Cependant, étrangement, elle voulait plaire à Hector visiblement plus que le jeu ne le voudrait.

« Et si vous nous racontiez de bonnes anecdotes de chasse cher Baron ? »

Demanda Audric, sentant que changer de sujet était fort nécessaire.

Au même moment, Un domestique ouvrit la porte donnant sur la salle à manger, signifiant ainsi que le dîner était servi.