Nom : MAISONFORT

Prénom : Flore

Age : 21 ans

Sexe : F

Situation :

Rang : Herboriste

Lieu de vie : Faubourgs

Carrière envisagée & tableau de départ avec les 4 PCs : (voir topic Système Rp & Xp - Carrières)

Carrière du guérisseur

END 1 – HAB 1 – CHAR 1 – INT 1

Compétences et objets choisis : (voir topic Système Rp & Xp - Compétences)

Connaissance végétale – Empathie – Fabrication de potions – Survie en milieu hostile
Arme : un petit coutelas qui ne la quitte jamais car il lui sert également d’outil.

D’aussi loin dont je me souvienne, jamais on ne m’a attribué le qualificatif de « jolie ». Tout au plus, en grandissant, ai-je acquis la réputation de « charmante », sans pour autant être belle. De longs cheveux marrons encadrent mon visage qui ne possède rien de particulièrement si ce n’est mes yeux. D’une couleur noisette tirant vers l’ambré lorsqu’ils sont éclairés par la lueur des flammes, ils sont intenses et percent directement l’âme et le cœur de ceux qui croisent leur chemin. C’est d’ailleurs une bénédiction tout autant qu’une malédiction. Certains peuvent y voir une séduction latente, comme un feu sous la cendre. D’autres y voient une arme, froide et perçante, qui vous remuent les entrailles et vous flanquent d’un malaise indéfinissable. Dans un cas comme dans l’autre, il serait terriblement pénible de gérer une charge romantique que je n’ai pas demandée tout autant qu’une répulsion qui me peine toujours. Voilà pourquoi j’évite souvent de regarder les gens, je préfère dissimuler ce regard hérité de mon père sous d’habiles prétextes afin de m’épargner des situations gênantes ou douteuses.

Pour ce qui est de ma taille, elle est plutôt fine et élancée, sans être maigre. Des muscles finement dessinés, des attaches délicates, de longs doigts agiles sont mes principaux atouts. Mes formes semblent être restées celles de l’adolescente isolée et timide que j’étais, présentes mais non pleinement formées. Cela me convient. Au moins ne suis-je pas incommodée par une poitrine opulente lors des divers travaux au petit lopin de terre que je cultive, même s’il m’arrive parfois de regretter cet aspect si peu féminin.

Mon trousseau est à l’image de mes formes. Je ne possède aucun vêtement de prix. Les vêtements sont des denrées rares, je porte les jupes et surcots de ma mère, que j’entretiens soigneusement. Du vert, du marron, tout est extraordinairement banal. Tout au plus dois-je reconnaitre que les laçages, habilement effectués, soulignent parfaitement une taille de jeune fille dont je suis secrètement fière. Petit atout non négligeable, les petits sachets de fleurs séchées que je glisse entre mes jupes. Conjugués à une hygiène irréprochable, il se dégage de ma personne une fragrance subtile et délicate de fleurs, de propreté et de santé.

Je vis seule dans cette petite cabane de bois à moitié dissimulée par les plantes depuis la mort de mes parents et cela sied parfaitement à mon caractère. Les gens m’inspirent une méfiance que je ne peux contrôler, les temps veulent et recommandent d’agir de la sorte. Toutefois, il ne me faut pas très longtemps pour appréhender la personnalité de qui me fait face. Peu importe que vous soyez un ami ou un ennemi, je ne suis guère loquace, je me contente d’observer, d’écouter avant de parler. Je ne me lance que très rarement dans de longs discours inutiles. L’amitié est pour moi un concept étrange tout autant que l’amour car la confiance qui est le nécessaire et le principal ciment de toute relation est précisément ce qui me fait défaut. Tout au plus entretiens-je d’honnêtes relations de services avec les personnes qui viennent quérir mon aide, je les écoute sans juger, je les soigne sans poser de questions gênantes, je les encourage sans approfondir les détails parfois sordides qu’elles me confient. Mon intelligence et ma science des plantes qui soignent sont unanimement appréciées des personnes qui viennent me voir en secret, tout autant que ma discrétion et mon silence. Je reste soigneusement à ma place et c’est probablement ce qui me permet de vivre une vie plutôt tranquille et sereine, toute proportion gardée et compte tenu de la menace qui pèse sur nous tous.

Un peu timide, farouche comme l’oiseau surpris au moindre bruit, je peux parfois faire montre d’une certaine agressivité lorsque je suis prise de court ou lorsqu’on me manque de respect. Je ne suis pas une combattante, loin de là, et je n’ai jamais eu à me défendre physiquement contre un agresseur, quel qu’il soit. Cela étant, j’ai hérité de mes parents un certain talent pour le verbe et la science délicate de la pique qui fâche. Comme tous les timides qui hantent ces terres maudites, j’explose froidement et implacablement lorsqu’on me pousse à bout.

Je n’ai aucun ami. Ma science et mon savoir-faire fascinent tout autant qu’ils effraient. A mon grand regret.

Quand la nuit tombe et que je suis seule face à l’âtre, je me demande ce que c’est, d’avoir quelqu’un à qui tout dire, tout confier, une famille à protéger. Une famille…Et pourtant, lorsque j’entends les rumeurs, les histoires colportées par les vents, je me dis qu’en de tels âges, de telles circonstances, avoir des amis, des gens qu’on aime, une famille pourrait bien être la pierre qui enfonce aussi sûrement dans l’eau que celle qu’on noue autour du cou d’un noyé…

Je me souviens exactement du jour où ma vie a basculé.

Mes parents, mon frère aîné et moi-même nous étions rassemblés devant l’âtre pour nous souhaiter la bonne nuit après une rude journée de travail quand des coups sourds et violents vinrent ébranler la solide porte de chêne de notre maisonnette. Ma mère regarda mon père avec cette expression stupéfaite qui ne la quitta jamais plus par la suite. Quant à mon frère, il posa la main sur l’épaule de mon père et lui murmura quelque chose que je n’ai pu comprendre. J’osai un regard vers ma mère, légitimement inquiète, avant de voir mon père et mon frère disparaître par la porte qu’ils venaient d’ouvrir.

Je ne les revis jamais. Je sus par la suite que des fangeux avaient attaqués une maison proche de la nôtre et que leur aide avait été requise. Ils étaient de solides hommes, bâtis pour le labour et le travail difficile de la terre, armés de leurs outils. Et ils avaient pourtant disparu. En une nuit, j’ai pleuré pour toute une vie. Ma mère et moi nous retrouvions seules dans un monde hostile sans plus personne pour nous protéger, sans plus personne pour nous soutenir. Si nos voisins avaient quelque respect pour mon père et mon frère, il n’en allait pas de même pour ma mère et pour ma personne.

Proches de la terre qu’ils aimaient, ils n’en étaient pas pour autant de rustres paysans sans aucun savoir vivre. Honnêtes, travailleurs et toujours prêts à rendre service, ils étaient également d’agréables compagnons de soirée et de chant. Le peu de voisinnage que nous avions les aimait et les respectait. Peut-être est-ce d’ailleurs à cause de cette aisance en société que je suis moi-même incapable d’en faire autant. Comment être à la hauteur de tels hommes, moi, une fille de ma mère si peu appréciée, crainte même, à cause de son savoir et de sa maîtrise des plantes ?

Ma pauvre mère était la gentillesse et la bonté incarnée. La mort des deux êtres qu’elle chérissait par-dessus tout, conjuguée à la méfiance et à l’hostilité d’un entourage peu enclin à chercher à la comprendre, acheva de la rendre totalement inapte à quelque ouvrage que ce soit dans notre maison et dans notre petite parcelle de terre. C’est à peine si elle m’adressait la parole, se contentant de me regarder d’un air navré comme si j’étais devenue un poids, un fardeau bien trop lourd à porter pour elle. Elle se laissa aller à une décrépitude lente et à une agonie silencieuse, se morfondant dans des pensées morbides, se réjouissant sans doute de rejoindre son époux et son fils dans la mort.

Je restais donc là, à prendre soin de celle qui m’avait donné la vie et enseigné son art, quoiqu’il m’en coûta. Je comprenais sans qu’elle ne parle, un seul regard me suffisait, et nous eûmes ainsi de longues conversations silencieuses, ponctuées de hochements de têtes et de soupirs. Elle suivit de peu son époux et son fils et mourut dans un sommeil agité de fièvre et de douleurs. Je n’ai pas versé une larme. Je n’avais plus de larmes. Pour personne.

Seule, je m’aperçus alors de la précarité de ma situation, à la merci de n’importe quel être, en toute heure et en tout temps. Les fangeux étaient une menace permanente, une épée de Damoclès constante sur la tête de chacun par ici. Cela étant, je n’avais nulle envie de rejoindre la sûreté relative de la ville. J’y aurais à coup sûr perdu ma liberté, si précieuse, tout comme ma façon de vivre proche de la nature que je chéris. Cela me parut absolument intolérable. Je fis donc ce que je pus pour isoler au mieux ce qui était devenu MA maison et pour la rendre difficilement discernable. L’art des plantes transmis par ma mère me permit de choisir judicieusement les espèces les plus aptes à dissimuler sous un dense feuillage les planches de mon humble demeure. Ce n’est peut-être qu’un emplâtre sur une jambe de bois mais cela me semblait parfaitement pertinent. Il me fallait également protéger les alentours directs de la maison par des pièges rudimentaires mais efficaces. Je creusais donc des trous assez profonds à chaque endroit stratégique : sous mes fenêtres, près de ma porte, tout autour de mon petit lopin de terre, et ai recouvert le tout d’un fin tressage de branches et de feuillages afin de les dissimuler. Ces dispositifs ne les tueraient pas, c’est une certitude, mais ça me permettrait peut-être de prendre la fuite ou de leur jeter à la face tout ce qui pouvait me tomber sous la main. Cela me prit du temps, énormément d’énergie mais j’y parvins, motivée par l’espoir de vivre une vie relativement tranquille et par la peur de devoir faire face à ces monstres en étant aussi désarmée que je le suis.

Je veillai également à façonner de longues piques de bois que je fichai comme je pus sur le toit et dans les buissons environnant ma maison. Dissimulées par le feuillage, il ne fait aucun doute qu’en cas d’attaque, cela serait plus efficace que n’importe quel autre système de défense.
Certes je suis une femme fière et indépendante, mais ma fierté s’arrêtait devant l’implacable monstruosité des fangeux. Je veillai, plus que de raison, à cloisonner mes fenêtres, à fermer toutes les portes, et limiter le bruit dès la nuit tombée. C’est d’ailleurs pendant cette partie sombre de la journée que je suis la plus en paix avec moi-même. Le silence et la paix n’ont pas de prix, même s’il ne s’agit en réalité que d’une demi satisfaction. Même en gagnant ma paillasse dans un coin de l’unique pièce de ma maison, je ne pouvais m’empêcher de tendre l’oreille, mon coutelas soigneusement déposé à mes côtés…



Rassurée par ces dispositifs que je jugeais habiles, je me concentrai alors sur la culture des plantes nourricières et l’élevage des quelques poules qui avaient eu la courtoisie de ne pas être emportées par un renard ou par un estomac affamé.

Après quelques mois d’efforts intenses, au cours desquels personne ne s’était enquis de ma personne, les choses semblaient avoir repris un cours normal. Jusqu’à cet autre soir où un coup vint à nouveau ébranler ma porte, pourtant à moitié cachée par des feuilles. Je pris quelques instants avant d’ouvrir et à la faible lueur d’une mauvaise chandelle, enveloppée dans le vieux châle de ma mère, je vis un homme tremblant sur le seuil, seul, tortillant son bonnet entre ses mains. Nous échangeâmes un regard, qui ne dura qu’un instant, et il détourna rapidement le sien, horriblement gêné avant de murmurer rapidement la raison de sa visite.

Son épouse était à terme et souffrait des abominables douleurs de l’enfantement, sans personne à ses côtés. Il demandait mon aide.

Je lui rétorquai alors que d’autres femmes, dont c’était le métier, pouvaient parfaitement accomplir cette tâche mais…il n’y avait, selon lui, plus personne pour remplir cet office. Il m’avoua être venu chez moi qu’en dernier recours. Bien que cet aveu me fit pincer les lèvres, j’opinai de la tête et pris alors un sac de toile avec les plantes dont j’avais besoin avant de le suivre au beau milieu de la nuit. Le chemin n’était pas très long mais nous le fîmes dans un silence religieux et avec toute la célérité dont nous étions lui et moi capables. Son épouse était couchée sur une paillasse à l’intérieur de leur petite maison et était effectivement très mal en point, en sueur, et totalement en panique. Lorsqu’elle me vit, elle me tendit les mains et je sus alors immédiatement que j’étais à ma place. Je fis ce que j’avais à faire, fis bouillir des herbes, des linges en quantité et l’aidai alors à mettre au monde son fils tout en l’apaisant de ma voix et de mes chants, ce qui eut un effet pratiquement immédiat. Son époux tournait comme un lion en cage autour de nous, observant chacun de mes gestes et, lorsque son fils poussa son premier cri, s’effondra en larmes avant d’embrasser sa femme, puis son enfant. Je procurai alors à son épouse les soins nécessaires, lui recommandai de venir le lendemain chercher un baume cicatrisant en ma demeure pour aider son épouse et m’apprêtai à partir, la robe tâchée, les mains encore souillées, pour les laisser à leur bonheur quant il me retint par le bras, en me tendant un morceau de pain et du fromage, emballé dans un linge propre.

- Merci…

Pour la première fois en des mois d’existence solitaire, j’eus un sourire. J’acceptai de bonne grâce le don qu’il me faisait et sortit sans demander mon reste. Il vient le lendemain récupérer ce dont je lui avais parlé.

Les soins que j’avais prodigués eurent un certain succès. Petit à petit, les gens revenaient quérir de l’aide en ma demeure, contre des denrées alimentaires, parfois un peu de linge. Je prenais ce qu’on me donnait sans rechigner. Même si je percevais de la crainte ou de la méfiance, je me disais alors que je ne faisais que ce que je sais faire de mieux : aider les autres avec les moyens et la science que je possède.

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