Une nouvelle unité, une choppe avant les épreuves [Libre]

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26 Octobre 1166 - 18h30

Le rendez-vous avait été donné au Hérisson Mélomane pour le premier rassemblement de sa coutillerie. La sienne. Ses camarades et son unité, ceux qui partageront les missions suivantes et les difficultés qui pouvaient en découler. Que ce soit la fange ou les bannis, ou d'autres brigands. L'extérieur était un milieu qui ne pardonnait pas et où la moindre erreur pouvait s'avérer fatale, parfois à toute une coutillerie. Élisabeth n'en espérait pas grand chose pour le moment. Les nouvelles unités étaient souvent un agrégat de nouveaux arrivants ou encore de vétéran amers étant seuls survivants d'une expédition - Bien plus souvent des lâches que des héros d'ailleurs. Leur survie étant rarement due à leurs compétences martiales, mais plus à leur vitesse de course.

Peut-être qu'avec le temps, elle arriverait à en faire quelque chose. Peut-être viendra-t-il un jour où les faits d'armes de sa compagnie resplendiront plus fortement que n'importe quel autre. Et elle l'espérait. Mais elle n'en était largement pas encore ici.

La coutillère avait hésité à faire ce rassemblement à l'Albatros. C'était la taverne où elle était allée pour faire connaissance avec son ancienne coutillerie. Cela aurait peut-être fait une belle boucle et l'aurait peut-être aidé à mettre ses anciens camarades disparus derrière elle et ses pensées. Mais elle se demandait si ces souvenirs nostalgiques ne seraient peut-être pas trop douloureux. Au final, le Hérisson Mélomane, elle n'y avait jamais mit les pieds. Mais on lui en avait dit beaucoup de bien.

Elle y avait réservé une table à l'avance, et, alors qu'elle arrivait quelques minutes en avance, elle y trouva déjà deux hommes attablés. Le vieux Martin, et un autre qu'elle devinait comme étant Nicolas Gualtier. Le premier était un homme dans la force de l'âge. Assez dans la force de l'âge même pour que "le vieux" n'en réfère presque exclusivement à lui. Il avait au moins cinquante balais, de ce qui se racontait. Ses articulations grinçaient mais il était motivé pour s'être engagé à cet âge. Élisabeth fut d'ailleurs légèrement surprise de le voir assignée à son unité. Elle ne savait pas vraiment ce qui l'avait fait venir... Ou bien si on lui avait imposé la chose.

Le second, par contre, elle n'en avait pas entendu parler. Il semblait avoir dans la vingtaine, avait des cheveux bruns, courts, et un regard de la même couleur déjà légèrement embué par l'alcool qu'il semblait avoir déjà consommé en bonne quantité. Son sergent lui avait dit que c'était une nouvelle recrue.

Elle s'avança alors jusqu'à la table.

« Bien le bonsoir, Martin, Nicolas. » dit-elle tout en s'installant en bout de table. Il manquait encore quatre personnes et leur petite unité de sept miliciens sera au complet. Elle n'allait pas commencer de long et grand discours avant ce moment... Et quand bien même il arriverait, elle ne pensait pas particulièrement en faire. L'idée n'était pas de les brusquer dés le début.

« Ah, vl'a donc la chef! » s'exclama alors Martin tandis que Nicolas se contenta de lever la main en guise de salutation. Aucun ne se mit au garde-à-vous, et c'était tant mieux. Peut-être valait-il mieux que la troupe se comporte dans une franche camaraderie. C'était encore le meilleur moyen.

En s'installant, Élisabeth leva la main vers la serveuse de l'endroit. « Une choppe de bière, s'il te plaît! » déclara-t-elle alors, histoire de partir sur une bonne base avec de la bière. Pas trop, de préférence. Les réunions de coutillerie avaient toujours tendance à mal finir pour elle. Mais maintenant qu'elle était responsable, mieux valait éviter de finir ivre morte.

« J'espère que les autres traînent pas trop non plus. D'façon on va plus faire connaissance qu'autre chose ici. J'suis pas là pour vous gueuler dessus alors qu'on est tous dans la même merde. Je ferai ça quand on y sera vraiment, dans la mouise. » déclara-t-elle alors que sa bière ne tardait pas trop à arriver. Dans un coin de l'endroit, un barde jouait tranquillement pour le moment. Tout était encore assez calme pour l'instant, à part une table de jeux assez bruyantes à quelques pas de là.

Spoiler:

« Par les monts, par les vents,
Sur tous les océans,
Il y avait un héros, le cher favori de Dame Anür
Plein d'sang-froid, et sans peur,
Déchu d'son honneur
Il jura de revenir, fortuné, et de se venger ! »

Le barde du Hérisson Mélomane avait bien entendu choisi la balade la plus rythmée de Marbrume pour entamer la soirée et lorsque Clervie arriva à son tour dans le bar, certains claquaient leurs chopes sur les tables, un couple s'était même mis à danser dans un coin. Le bar ne portait pas son nom pour rien.
Mais évidemment Julius, qui était lui aussi entré dans la coutillerie, ne su pas se retenir et voulu accompagner le barde sur cette chanson qui était sa préférée, comme tout le monde le savait depuis sa représentation très personnelle dans la chope sucrée.

« De joli prince, de chevalieeeeeeeeeeeer, devint corsaire puis justicieeeeeeeeeer... »

Par les Trois, même sobre, Julius ne savait vraiment pas chanter convenablement. Au comptoir, le tenancier fit une violente grimace, Elisabeth tourna vers Clervie un regard qui signifiait clairement "Fais-le taire !" . La jeune femme poussa Julius du coude et lui dit :

« - Euh, Julius ? On chantera plus tard, Elisabeth nous attend.
- Ah oui ! Bien sûr, tu as raison, Corbac. C'est juste qu'à chaque fois que j'entends cette chanson, je repense à mon père, tu vois... »

Il eut un sourire enfantin et Clervie sentit une petite bouffée d'affection l'envahir. Sous ses gros airs bourrus et paillard, Julius était un homme au coeur tendre. Elle n'en revenait pas d'avoir eu si peur de lui dans le passé. Ce gus-là ne ferait pas de mal à une mouche.

C'est ainsi que Clervie s'approcha d'Elisabeth et lui sourit joyeusement. Elle était accompagnée de deux autres miliciens. Clervie connaissait déjà Martin, mais ne se rappelait du deuxième. Elle lui serra la main.

« Bien le bonjour, moi c'est Claire, je suis la conscrite que tout le monde surnomme Dame Corbac, mais je te serais reconnaissante de l'éviter, même si Julius, à ma droite, ne peut décidément pas s'en empêcher. » (Elle esquissa un sourire, de la part de Julius, c'était devenu "affectif" et elle le savait). « Pardonne le petit retard Elisabeth, le Sergent nous a fait faire les latrines et j'ai absolument voulu faire un brin de toilette avant de venir vous trouver. »