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 [Terminé] Quand les jeux d'enfants deviennent des jeux de grands [Serena]

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Sydonnie de Rivefière



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MessageSujet: [Terminé] Quand les jeux d'enfants deviennent des jeux de grands [Serena]   [Terminé] Quand les jeux d'enfants deviennent des jeux de grands [Serena] EmptyLun 7 Jan 2019 - 1:08

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[Terminé] Quand les jeux d'enfants deviennent des jeux de grands [Serena] Sans_t15


Difficile de comprendre le bien et mal, difficile de déterminer les limites de l’uns sans empiéter sur les bénéfices de l’autre. Il n’y aurait jamais de bien sans mal et de mal sans bien, le monde était ainsi fait depuis sa création, le royaume n’échappait pas à la règle et la fange n’était que le reflet de cette douloureuse évidence. D’Algrange observait le terrain d’entraînement, avec ce silence qui lui était propre, avec ce regard vide de toute émotion, comme-ci elle ne regardait rien, comme-ci rien n’avait d’importance et comme-ci sa propre présence n’existait pas. La coutilière était un peu perdue en ce moment, ne sachant pas si elle avait fait les bons choix, ne sachant pas si elle devait continuer à luter dans la milice pour monter en grade, où se résoudre à ne plus avancer. Oui la femme d’armes était dans le floue, dans le doute, pour autant elle n’en restait pas moins à ses yeux une bonne dirigeante, une bonne gérance de groupe. Son regard c’était déposé sur la silhouette masculine qui n’avait de cesse de se prendre le même coup, de la même manière, la même erreur toujours celle de croire son adversaire plus faible parce qu’il était plus petit, moins large, moins fort que lui. Sydonnie avait fini par se relever, s’approchant du duo s’entraînant. Les deux hommes avaient presque immédiatement stoppé, détaillant la coutilière de ce mauvais œil. Une femme montant dans la hiérarchie ce n’était jamais bien vu, même supérieur, sa condition de femme restait encore et toujours un point faible.

- « Lève ton bras » fit-t-elle en donnant un coup de son épée en douceur sur son coude « Ne le sous-estime pas » reprit-elle plus directive « Place ton pied en avant, anticipe. »

Elle s’était reculée de trois pas en arrière, avisant l’homme recommencer la manœuvre, se prenant encore une fois le même coup. D’Algrange avait froncé les sourcils, reprenant ses mouvements précédemment, ordonnant alors que l’entraînement reprît. Oui, elle était exigeante, oui elle ne le laisserait pas s’arrêter tant que l’esquive ne serait pas parfaite. Après plusieurs essais, la réussite pointa enfin le bout de son nez, sans une félicitation, elle s’éloigna du duo, les laissant reprendre cette fois-ci plus sereinement. S’éloignant son attention se porta sur cette femme à la chevelure blonde, celle-là même qui lui rappelait cette femme qu’elle appréciait autant qu’elle la détestait. S’approchant, le doute n’était plus réellement permis et ses lèvres s’étirèrent dans un sourire presque tendre. C’était bien son amie, celle qui avait grandi en sa compagnie, celle dont la relation ne fut que ponctuée par des disputes aussi dramatiques que ridiculement enfantines. S’appuyant contre un poteau, la coutilière détailla un moment cet entraînement, sans se montrer, sans se dévoiler et ce ne fut qu’une fois l’un ou l’autre avait perdu qu’elle s’avança en prenant la parole.

- « Serena, suis-je surprise de voir que tu n’as pas suivi les projets de ta famille, tu ne renonces donc jamais, tu as la tête encore plus dure que je ne le pensais » souffla-t-elle la voix pleine de malice et de taquinerie « Je t’emprunte ta partenaire, tu permets ? Je crois que j’ai besoin d’un petit entraînement moi aussi » ajouta-t-elle en direction du binôme de la milicienne.

Sydonnie avait retiré ses gants, elle avait toujours aimé rendre ses mains galeuses par l’exercice, sentir les cloques sur sa paume, oui d’Algrange aimait l’effort et toutes les souffrances qu’il pouvait engendrer. Se plaçant à six pas de son adversaire d’entraînement, elle prit le temps de remonter sa chevelure dans une queue de cheval haute, qui se trouva en un chignon qu’il n’était pas possible d’attraper ou de trifouiller.

- « La perdante offre plusieurs verres à l’autre, je suis convaincue que tu as plein de choses à me raconter, milicienne. »

Si elle rêvait de pouvoir lui dire autre chose, de la prendre dans ses bras, de lui murmure qu’elle était heureuse de la voir, de la questionner sur la raison de sa présence, depuis quand, elle n’osa pas. Sydonnie avait commencé par être de l’extérieur, puis s’était rapatriée à l’extérieur, puis avait fini par être coutilière. Elle n’était pas souvent à la caserne ce qui pouvait expliquer qu’elle ne l’avait pas remarqué avant, mais elle, Serena, pourquoi n’était-elle pas venue la voir ? Lui en voulait-elle pour la dernière dispute stupide qu’elle avait eue ? Elle ne pouvait y croire. Quoique, les deux étaient plutôt têtue pour ne pas dire autre chose…

- « Prête jeune fille ? Tu es de l’extérieur alors, je n’ai pas l’impression de t’avoir vue ici encore… »

La coutilière n’avait guère attendu longtemps, elle c’était lancé se laissant glisser sur le côté dans un amas de poussière : son objectif était simple essayer de toucher le pied gauche de son adversaire. La poussière avait été dense et le mouvement de la coutilière parfait, elle avait d’ailleurs réussi à toucher le pied de la jeune femme, néanmoins très rapidement la lame de Serena était venue à sa rencontre, signe que la milicienne était particulièrement réactive. Plutôt pas mal pour une débutante. La femme d’armes responsable avait fini par se relever se mettant en gardant, se préparant à parer.

- « Touché une fois, à trois j’ai gagné, tâche de ne pas te laisser battre trop facilement, je m’ennuie vite… »

Provocatrice, peut-être un peu, mais simplement parce qu’elle la connaissait et l’appréciait.

Information:

---

- « Regarde Serena, regarde, ils sont doués non ? »

La gamine observait de grands yeux les miliciens s’entraîner. Elle avait entraîné son amie dans les égouts pour remonter pile-poil dans un angle mort de la caserne, là elle pouvait s’installer sur un banc, pensant certainement très naïvement que personne n’était en mesure de le voir. La réalité était tout autre, tout le monde aimait les enfants, ou presque et il était toujours appréciable de sentir des petits yeux pleins d’admirations observer un entraînement. La bouche de la gamine devait s’agrandir en formant ce « O » parfait, exprimant des waouh à chaque fois que les lames s’entrechoquaient, ou que des grognements de rage s’extirper des bouches des combattants.

- « Quand je serais plus grande, je serais milicienne tu sais, moi aussi je m’entraînerais juste là et je battrais tous les hommes qui se présenteront face à moi. » la mine boudeuse, celle à la chevelure de jais avait poursuivi « Tu m’aideras hein… Parce que sans toi, ça risque de ne pas particulièrement être drôle, mais je serais plus forte que toi évidemment. »

Évidemment. L’enfant s’était mis à rire, alors que ses petites jambes se balançaient sous le banc, elle ne pouvait pas s’empêcher de sourire, avisant tout le monde toujours autant émerveiller, du moins, jusqu’à un vieux sergent s’approche des deux petites intruses.

- « Dis donc vous deux, vous n’avez rien à faire ici, du vent… Psychiiiiiit »



Dernière édition par Sydonnie d'Algrange le Ven 18 Jan 2019 - 18:57, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: [Terminé] Quand les jeux d'enfants deviennent des jeux de grands [Serena]   [Terminé] Quand les jeux d'enfants deviennent des jeux de grands [Serena] EmptyLun 7 Jan 2019 - 17:21
Ce ne fut qu’une fois les fesses au sol, qu’une voix lointaine, familière et au combien nostalgique vint caresser ses oreilles. Paumes plaquées sur le sol, la jeune milicienne pencha lentement sa tête vers l’arrière afin d’apercevoir la silhouette d’une vieille amie, si elle pouvait encore l’appeler ainsi. Le sourire de l’une était contagieux et apparut bien vite sur le visage de Serena qui se relevait alors doucement.

« Oh, vous n’avez rien à m’envier sur ce point Ma’am, votre tête est aussi dure que la mienne de mémoire. »

Remerciant son binôme, elle se consacra ensuite à sa nouvelle adversaire, lui laissant le temps de se préparer. Elle profita de cet instant pour redécouvrir son amie et constater les changements que le temps, mais surtout le contexte actuel, avaient eus sur elle. Cela faisait bien longtemps qu’elle n’avait pas eu l’occasion de se rapprocher d’elle et de lui adresser la parole, il faut dire qu’elle s’était quittée en mauvais terme, une dispute idiote qui n’avait plus une once d’importance désormais.

Mais elle ne lui laissa guère le temps de revenir au temps présent, chargeant déjà à s’en encontre. La courtilière imposa rapidement ses compétences, montrant sa rapidité et sa précision et ne laissant pratiquement aucune chance à Serena. Ses yeux ne pouvaient qu’être remplis de respect et d’admiration. Cela ne suffit cependant pas à la décourager, au contraire. Un sourire malicieux se dessina sur ses lèvres à la provocation.

Sa riposte fut rapide, mais malheureusement, inefficace face à sa supérieure. Leur lame se heurta dans un son strident et métallique alors que la poussière se soulevait sous leur pas. Malgré la difficulté à maintenir cette position, le sourire de Serena ne s’effaça point, la joie des retrouvailles ainsi que l’amusement du défi, trop grands pour qu’elle ne puisse l’exprimer.

« Attention à ne pas te faire mal, tu me sembles un peu rouillée, non ? »

◈ ◈ ◈ ◈ ◈ ◈ ◈ ◈ ◈ ◈ ◈ ◈ ◈ ◈ ◈ ◈ ◈ ◈ ◈ ◈ ◈



Debout sur le banc, incapable de restée assise, la gamine à la longue chevelure blonde flottant selon le flux du vent, resta bouche bée. Tout comme son amie, ses yeux étaient remplis d’étoile et d’admiration face à la démonstration de force des combattants.

« Mais pas aussi fort que Roland ! »

Déclara fièrement la petite tête blonde encore bien naïve. Personne n’était aussi fort que son frère, c’était impossible, il était le meilleur et cela était évident, ou presque. Sa tête se baissa en direction de son aînée alors qu’elle lui confia ses ambitions.

« Jusqu’au jour où je te battrai, tu veux dire ? »

Elle souriait alors de toutes ses dents avant de rire avec joie. Son visage contempla encore et toujours sans ennui le spectacle qui s’offrait à elles, mais plus encore, l’horizon qu’elle pouvait percevoir entre les grilles. Un paysage magique, rempli d’aventure et de mystère qui fut bien vite anéanti par l’intervention d’un homme effrayant. Serena se tourna alors rapidement vers sa complice, le visage provocateur.

« La première arrivée ! »

Sans attendre, elle se mit à courir en direction de leur petit passage secret et jusqu’au centre-ville, là, elle zigzagua brillamment entre les marchands jusqu’à apercevoir les jardins, mais plus encore, le grand arbre, là où elles aimaient tant se retrouver. Alors que la blondinette avait tout pour gagner, la petite noiraude parvint finalement à la rattraper, sa paume frappa le tronc quelques secondes avant sa main.

Essoufflée, Serena se laissa tomber sur l’herbe jambes et bras écartés, ne pouvait qu’admettre sa défaite. Ses yeux verts se perdirent dans le bleu infini du ciel, puis de celui des yeux de l’heureuse gagnante. Repensant aux paroles de son amie, elle déclara à son tour.

« Si toi tu seras la plus forte, moi j’veux être la meilleure des aventurières…. ! J’irai oû je veux et découvrirai des trésors que personne d’autre ne trouvera ! Bien sûr, tu viendras avec moi et on parcourra le monde… parce que tu sais… il y a encore plein de choses à découvrir…. Même au-delà de l’océan… Roland me l’a dit ! »

Une main levée vers le ciel et le soleil, elle rêvait de découverte et d’aventure sans avoir conscience que cela pouvait bien vouloir dire ou encore des conséquences. Tout ce qu’elle voyait de ses yeux d’enfants était la liberté, les rêves et la joie que cela allait lui apporter.


HRP:
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MessageSujet: Re: [Terminé] Quand les jeux d'enfants deviennent des jeux de grands [Serena]   [Terminé] Quand les jeux d'enfants deviennent des jeux de grands [Serena] EmptyLun 7 Jan 2019 - 20:15


- « Et résistante il paraît » plaisanta volontiers la responsable de groupe

Elle n’avait pas changé, ni l’une ni l’autre. Oh, évidemment que physiquement la différence était notable, mais psychologiquement, il semblait exister toujours cette farouche rivalité pleine de tendresse et de bienveillance. La femme d’armes n’avait néanmoins pas pris le temps d’analyser la cadette, Sydonnie n’était pas là pour lui faire de fleurs et même si son regard devait trahir le plaisir qu’elle avait de la retrouver, D’Algrange n’en restait pas moins particulièrement sérieuse. Dégainant, elle n’avait pas attendue, pas laissé Serena s’installer convenablement pour se préparer à cet échange. Même si elle n’en disait rien, cela allait permettre à la coutilière de se rassurer, de vérifier que celle qu’elle avait tant appréciée ne se mettait pas stupidement en danger. Un brin maternel, certainement trop même.

La première étape fut surprenante, Sydonnie c’était jeté sur le sol pour glisser sur le côté droit et jouer de la poussière du terrain d’entraînement pour créer un peu de déstabilisation chez sa collègue, une fois derrière sa partenaire, elle avait tenté de lui toucher le talon gauche. Touche qui avait réussi, mais qui s’était retrouvée néanmoins rapidement réajustée par la lame de la blonde. De nouveau debout, d’Algrange n’avait guère eu beaucoup de temps pour se replacer, la riposte fut rapide et ce qui aurait dû être un avantage fut une simple preuve de la hargne qui animait l’ancienne gamine. L’action tira un énième sourire à celle à la chevelure de jais qui para néanmoins de justesse l’attaque qui fallait-il l’avouer avait été parfaitement réalisée. Serena l’avait provoqué et d’Algrange c’était mis à rire, c’était agréable de le retrouver, comme une petite étincelle de lumière dans une mer pleine d’obscurité.

- « Fais attention que mémé d’Algrange ne te mette pas un coup de canne trop fort » fit-elle pleine de son malice retrouvée

Cette fois-ci, la jeune femme avait choisi une manœuvre basique, celle qui consiste à foncer vers son adversaire pour tenter un coup d’épaule afin de le déséquilibrer, afin de juste derrière mettre un coup d’épée au niveau des côtes. Le tout dans une habile manœuvre de déconcentration feintant une attaque pour ensuite déséquilibrer et mettre possiblement le coup. Malheureusement la manœuvre ne fonctionna pas correctement puisque son adversaire d’entraînement esquiva habilement le tout. La blonde n’avait pas attendu pour contre attaquer, ce qui encouragea la milicienne à penser que la seconde était plutôt douée, elle aussi. Néanmoins, cela ne fut pas suffisamment pour laisser Sydonnie se laisser toucher, puisque sa lame vint parer la première sans la moindre hésitation. Toujours observer, toujours anticiper, toujours essayer tout du moins, sans quoi on risque d’avoir de mauvaises surprises.

- « Suis-je si fine que ça que tu ne parviens pas à me toucher ? À moins que tu es des problèmes de visions ? » souffla-t-elle pour essayer de faire naître une nouvelle fois la hargne chez son adversaire.

---


- « Même plus fort que Roland, oui, oui, oui » fit la gamine avec des yeux brillants « Moi je serais encore plus grande que lui jusque-là »

Se hissant sur la pointe des pieds, la petite fille essayait d’écarter les bras et d’être la plus grande que possible, sans véritable succès. Elle détaillait son amie, ses petites pommettes se tendant sous les larges sourires qu’elle lui offrait. Définitivement la petite Sydonnie appréciait Serena, il fallait bien avouer que les deux petites avaient la même passion et le même trouble du comportement, ce qui était plutôt rare, fallait-il l’admettre. Quand elle précisa qu’elle allait un jour la battre, celle à la chevelure de jais gonfla les joues, contrariées, jamais au grand jamais quelqu’un la battrait, c’était bien elle la plus forte de chez forte. Du moins, elle le croyait naïvement, un jour son chevalier de père serait obligé de reconnaître que sans être un homme, elle pourrait reprendre le flambeau de la famille, elle pourrait porter les armes, oui un jour, elle y parviendrait.

- « Mère dit toujours que l’espoir fait vivre, alors tu me diras si l’idée de me battre te fait vivre » dit-elle en riant avant de se stopper directement.

L’homme qui venait d’interrompre la discussion était grand imposant et portait une grosse moustache qui se mouvait aux mouvements de ses lèvres. Sa voix grave avait donné l’impression à la gamine de résonner dans tout son corps, ce qui la fit sursauter légèrement. Pris sur le fait d’être là où elles ne devaient pas être. Fort heureusement, Serena avait su rebondir sur un jeu et à peine avait-elle terminé sa phrase que la petite fille c'était précipité. La blonde était devant, ce qui ne pouvait pas être acceptable pour la plus âgée des deux, Sydonnie avait donc poussé autant que possible sur ses compétences, c’était sa rage qui parlait, cette incapacité à accepter de perdre, de ne pas contrôler quelque chose, de ne pas obtenir ce qu’elle veut. Miraculeuse, l’enfant était parvenue à la dépasser à la dernière seconde, déposant sa main sur le grand arbre.


- « Gagnééé » fit elle en sautillant sur place

Le souffle court, le cœur tambourinant dans sa poitrine, la petite observait la plus jeune. Allongée sur l’herbe bras et jambe écartée, elle s’imaginait aventurière et ce n’était pas Sydonnie qui allait là-contre dire. Prenant une légère inspiration, elle reprit avec la simplicité d’une enfant :

- « Comment il sait tout ça Roland ? Hein ? Il faut que tu deviennes plus forte que lui, comme ça tu seras la plus forte des fortes de ta famille… Qu’est-ce que tu ferais comme grande aventurière ? Tu voudrais prendre un bateau ? Monter à cheval… Oooooh oui monter à cheval. Dis, dis, dis promet moi qu’on apprendra toutes les deux ! S’il te plaiiiiiit… Dis oui, dis oui, dis oui… »

L’enfant piétinait sur place, toute joyeuse, elle avait envie de tellement de choses à la fois. Sydonnie avait fini par se laisser tomber dans l’herbe, bougeant doucement, savourant l’odeur, laissant sa tenue s’imbiber petit à petit de l’humidité de la terre. Elle prit une grande inspiration, avisant le ciel qui se gorgeait de gris :

- « Tu penses qu’un jour on pourra faire vraiment tout ça ? Nos mères, elles vont toujours dire non… »

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MessageSujet: Re: [Terminé] Quand les jeux d'enfants deviennent des jeux de grands [Serena]   [Terminé] Quand les jeux d'enfants deviennent des jeux de grands [Serena] EmptyMar 8 Jan 2019 - 20:04
« Mmhm… Roland m’a dit l’avoir lu dans un livre… tu sais, lui, il a des cours spéciaux…pour lui… Mère m’interdit de le suivre… Et elle dit que ce n’est pas pour moi, moi je dois apprendre d’autre chose… parce que je suis une fille. »

La mine boudeuse, les joues légèrement gonflées, elle se tourna sur le ventre. Ses doigts jouèrent alors avec les brins d’herbe, déversant sa frustration comme elle pouvait. Elle trouvait cela totalement injuste. Ses yeux d’enfants ne comprenaient pas la différence entre les hommes et les femmes. Pourquoi était-elle grondée là où son frère était félicité ? Il n’y avait qu’une seule explication. Celle qui parvenait à humidifier ses yeux : ses parents ne l’aimaient pas. Voilà tout. D’un coup, elle secoua sa petite tête et essuya les quelques larmes avant qu’elles ne soient vues pour mieux brandir un nouveau sourire.

« Héhé, Grand-frère m’a déjà montré comment faire !!! Il m’a promis de me remontrer ! Prochaine fois, tu viens avec nous ! Et tu verras, on sera les meilleures ! On ira partout où on voudra ! »

Personne ne pouvait plus les arrêter, du moins pas dans leur rêve. Serena pouvait déjà s’imaginer à l’autre bout de l’horizon, libre comme l’air, accompagné de ses meilleurs amis et de ses proches. Sûrement un jour, elle rendrait sa famille fière et tout le monde l’admira ! Sûrement.

« … On y arrivera ! »

La petite s’était pincé les lèvres. Au fond, elle avait conscience que son rêve allait être difficile à atteindre, tout le monde était contre… tout le monde sauf Sydonnie. Mais n’était-ce pas le cas de tous les rêves ?

« Père et Mère me disent trop faible ! Je leur prouverai le contraire ! On leur prouvera le contraire… et tu verras… Ils seront fiers ! »

Oui, elle n’avait cas devenir aussi forte que son frère, que Sydonnie… les surpasser même. Et un jour, tout le monde comprendrait… Elles y arriveraient, c’était évident, forcé même, parce que c’était leur rêve et que les rêves se réalisent toujours s’y on travaille dur.

La main encore innocente de la petite blonde rejoignit alors celle de sa sœur dans un sourire tendre et rempli d’espoir.


◈ ◈ ◈ ◈ ◈ ◈ ◈ ◈ ◈ ◈ ◈ ◈ ◈ ◈ ◈ ◈ ◈ ◈ ◈ ◈ ◈



« C’est qu’on m’a appris à ne pas frapper pas les personnes âgées. »

Rétorqua-t-elle rapidement face à la nouvelle provocation de son amie retrouvée. Car oui, elle la reconnaissait bien là. Toutes deux avaient mûres, évoluées physiquement, mais l’essence ne changeait point, pas chez elles du moins. Parfois on apprenait plus sur l’autre en l’affrontant qu’en discutant et Serena pouvait constater à quel point cela était vrai. Sydonnie était admirable, une adversaire redoutable qui avait su grimper les échelons malgré sa condition. Mais cela ne semblait pas lui être monté à la tête, au contraire… elle était aussi bienveillante, elle le sentait dans ses gestes, son regard, son approche. Cela ne voulait cependant pas dire qu’elle l’épargnait, au contraire. Même si Serena était parvenue à parer l’un de ces coups, cela n’empêcha pas la coutilière d’en faire de même.

Les deux femmes étaient rentrées dans une danse épique, accompagnées des claquements stridents de leurs épées. Elles tournoyaient chacune autour de l’autre, les regards fixés sur leur adversaire, cherchant la faille. Et la faille arriva lorsque la plus expérimentée des deux prit finalement sa partenaire à revers.

Chacun de leur mouvement s’arrêta, le temps sembla en avoir fait de même durant un instant. Des battements résonnaient dans son être, celui de son cœur, jusqu’à ce qu’elle dirige ses yeux émeraude dans l’azur.

« Il faut croire que je te dois des verres. »

Le sourire sur ses lèvres, Serena se redressa modestement face à son adversaire du jour avant de lui tendre une main amicale et sans rancune. Au contraire, la même joie et même la fierté, non pas pour elle-même, mais pour cette amie de longue date qui semblait poursuivre, réussir parfaitement, la voie qu’elle avait choisi.

« Prends garde, j’aurai ma revanche la prochaine fois. »


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MessageSujet: Re: [Terminé] Quand les jeux d'enfants deviennent des jeux de grands [Serena]   [Terminé] Quand les jeux d'enfants deviennent des jeux de grands [Serena] EmptyMar 8 Jan 2019 - 22:35


Aller partout où elle voulait, voilà bien une phrase qu’elle n’était pas prête d’oublier. Les étoiles pleins les yeux, allongée sur le dos, la petite fille à la chevelure de jais avisait le ciel avec des étoiles pleins les prunelles. La gamine croyait dur comme fer comme cela serait possible qu’elle pourrait aller avec son amie découvrir de nouvelles terres, de nouveaux horizons, oui, elle pensait sincèrement que sa vie ne serait pas celle que sa mère lui avait tracée, qu’elle pourrait courir et se rouler dans la boue, se salir les mains et les joues. Qu’elle pourrait continuer à hurler et faire des colères, même se battre avec une épée elle aussi. Sans même imaginer une seule petite seconde que jamais tout cela n’allait pouvoir se réaliser comme elle l’espérait.

- « Promis, on réalisera nos rêves. Juré craché et si je mens que la trinité me punisse »

Attrapant les petits doigts de son amie, la petite fille c’était mise à cracher de cette manière fort peu élégante, avant de serrer la main dans la sienne. Définitivement Serena était sa meilleure amie, celle qui ne la trahirait jamais, jamais, jamais. Relâchant la main de son amie, elle avait fini par prendre le temps de réfléchir : pourquoi leurs parents n’avaient pas envie de voir les petites filles être heureuses avec ce dont elle rêve. Prenant un air bougon, prenant une grande inspiration, elle ajouta le plus sérieusement du monde :

- « Mère m’énerve, elle n’est pas gentille, elle veut toujours me mettre des robes… Je n’aime pas ça, moi.Pfff »

Une nouvelle fois sa main rendra au contact de celle de son amie.

----

- « Il serait fort dommageable de finir tué par un ancien. » rouspéta presque la coutilière

Il ne fallait jamais sous-estimer un adversaire qu’il soit enfant, ancien, adulte, milicien, paysan ou toutes autres choses. La suite fut une lutte plutôt acharnée entre les deux jeunes femmes, l’une cherchant à laisser des ouvertures à la plus jeune, sans jamais la laisser prendre le dessus, cherchant à découvrir les limites, les faiblesses dans un but bienveillant d’essayer de la faire réajuster par elle-même. La finalité ne fut pas celle escomptée, même si Sydonnie aimait gagner, elle aurait voulu être agréablement surprise par une victoire de cette amie si chère à son cœur. Attrapant la main qui lui était tendue, elle lui serre avec ce brin de tendresses mêlées à cette poigne plutôt masculine. Sa paume devait être plutôt rugueuse, pas très agréable.

- « Tu connais une taverne sympathique ? Sinon, je te propose la chope sucrée sur la place des pendues. »

La femme d’armes avait rendu son sourire à cette revenante dans sa vie. Ne sachant pas trop comment réagir, ni même comment aborder la discussion avec celle qui avait disparu ou tout du moins qui s’était échappée de ses fréquentations. Ne souhaitant néanmoins pas se piquer une lame elle-même dans le pied, elle resta droite et professionnelle. D’un geste de la main, tout en rangeant sa lame, elle lui indique de prendre un petit chemin qui amenait vers l’extérieur de la caserne. Il était important que personne n’envisage que d’Algrange puisse une faire une fleur à une autre femme, que ce soit pour elle ou même pour Serena, sans quoi les hommes lui rendraient la tâche davantage complexe.

- « Comment vas-tu ? » questionna enfin la plus vieille quand la caserne fut largement derrière elles « Ça me fait plaisir de te voir tu sais, je ne pensais pas…. » que tu avais survécu, que tu étais vivante… « Et ta famille ? » ne put s’empêcher d’interroger la coutilière

Puis elle eut ce geste tendre, étrangement naturel. Elle avait passé une main sur son épaule pour la ramener vers elle, serrant légèrement et déposant ses lèvres sur le haut de sa chevelure. L’émotion était bien présente, peut-être trop. Serena avait toujours énormément compté dans sa vie, dès son plus jeune âge, la retrouver durant cette période complexe dans sa propre vie ne pouvait être qu’une bouffée d’air, d’énergie vitale qui ne pouvait lui faire que du bien. L’instant n’avait pourtant duré qu’une fraction de seconde, aussi rapide que spontané.

- « Plutôt pas mal, tes réflexes pour une femme, ton entraînement est bon avec davantage d’effort tu parviendras presque à me battre » taquina-t-elle gentiment

D’Algrange venait de pousser la porte de l’auberge de la main, saluant la tenancière d’un bref petit geste. Elle était une habituée, comme beaucoup d’homme et de femmes d’armes. La rouquine n’avait pas attendu bien longtemps avant de déposer deux verres de son vin chaud maison devant les deux amies. Elle s’était par la suite éloignée, laissant les deux jeunes femmes discuter entre elles.

- « Alors, l’extérieur c’est ça ? Pour le côté aventurière me trompais-je ? Et ta mère, elle supporte, n’a pas encore réussi à faire jouer son influence pour te faire renvoyer ? »

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MessageSujet: Re: [Terminé] Quand les jeux d'enfants deviennent des jeux de grands [Serena]   [Terminé] Quand les jeux d'enfants deviennent des jeux de grands [Serena] EmptyMer 9 Jan 2019 - 11:35
« Promis juré craché, si je mens que la Trinité me punisse ! »

Ainsi avaient-elles scellées leur serment de la manière la plus innocente et naïve qui soit. Malgré tout, il ne fallait jamais sous-estimer la promesse d’un enfant à un autre. La preuve était là, dans le présent. Peut-être même que cette promesse avait joué un rôle bien plus important qu’on ne l’aurait cru, car peut-être sans elle, toutes deux auraient renoncé à un moment ou à un autre. Ou peut-être avait-elle été sans importance… Après tout, elle n’en s’était souvenue qu’à l’instant où ses yeux avaient rencontré ceux de la gamine courageuse à la chevelure ébène désormais adulte et milicienne gradée.

Aucune ne savait réellement comment aborder l’autre. Tant de temps, mais surtout d’événements aussi tragiques les uns que les autres, les séparaient de leur dernière rencontre. Pas où fallait-il commencer ? Comment ? Le silence, lourd et pesant, s’installa entre elles alors que leur corps s’était mis à bouger et à se diriger vers la taverne, loin des regards indiscrets. Cela faisait bien longtemps que Serena n’avait pas ressenti une telle sensation et une telle pression. Ses pas d’ordinaire remplis d’assurance se faisaient hésitants. Chacun de ses muscles tendus, prêts à réagir à la moindre réaction de son amie. Son esprit lui, était rempli de question et cherchait encore le moyen de rompre le silence, mais Sydonnie prit l’initiative.

Les yeux de jade de la plus jeune allèrent à la rencontre des céruléens de l’aînée. Un sourire douloureux et pourtant sincère, désolé et pourtant enjoué, discret et pourtant visible, anima le visage encore perturbé de Serena. Subjuguer par cet élan de tendresse, de bienveillance qui l’avait alors tant manqué, la femme s’arrêta. Lentement, elle glissa une main dans la chevelure indomptable de son amie, posant alors solennellement son front contre le sien.

« Je ne l’aurai pas cru non plus… »

Sa voix était un murmure et ses paupières refermées comme pour remercier les Trois une humble prière. Lorsqu’elles se rouvrirent, elle garda la tête baissée, se remémorant alors simplement les faits.

« … Alys n’a pas survécu. »

Une annonce toujours aussi difficile à digérer et à énoncer pour la noble milicienne. Finalement, ce n’était qu’une mince perte au vu des circonstances… Elle, ils étaient chanceux de compter autant de survivants dans leur Maison, mais cela n’en restait pas moins douloureux. Elle lâcha un bref soupir avant de relever son visage tout en reculant d’un pas et d’un seul.

« Et la tienne ? »

Son regard cherchant à capter le sien afin de deviner sa réponse, sa main resta logée dans ses cheveux, comme pour communiquer son soutien, mais également toute son affection. Le silence, celui du respect envers les morts, reprit place entre les femmes l’espace d’un instant alors qu’elles rattrapèrent le présent.

« Presque ? Parce que tu penses que je me contenterai d’un presque ? »

Glissa-t-elle dans un nouvel esprit de compétition et de complicité avant de franchir les portes de la taverne. Une taverne qui ne lui était pas non plus tout à fait inconnue, c’était d’ailleurs presque étonnant qu’elles ne se soient jamais tombées dessus ici… m’enfin, le destin l’avait décidé ainsi, sans doute.

« Cela t’étonne-t-il ? Si je me suis battue toute ma vie pour pouvoir trouver un semblant de liberté, ce n’est certainement pas pour terminer enfermé entre ces murs tels du bétail. Fangeux ou pas, je reste déterminé… ou indomptable comme aime si bien le dire Roland. »

Elle haussa alors simplement les épaules, ricanant un peu à cette appellation avant de lever son verre en direction de sa consœur.

« À la nôtre ! »

Ce n’est qu’après quelques gorgées de cette boisson réconfortante qu’elle répondit à la suite de ses interrogations.

« Je crains que la situation familiale la pousse à avoir d’autre priorité… Une chance pour moi, j’imagine ? Cela me laisse un peu de répit… assez j’espère pour lui prouver qu’elle ne gagnera pas cette bataille. »

Sa relation avec cette dernière n’avait sans doute jamais été aussi hostile. Il faut dire que la situation s’y prêtait. Entre la perte de leur terre, la menace de perdre leur rang et surtout la disparition de leur fille adorée, ses parents étaient à fleur de peau et les actions de Serena n’aidaient pas à apaiser les esprits. Mère et Jacob la traitaient par ailleurs d’égoïste, et ils n’avaient sans doute pas tort.

« Et la tienne alors ? Elle doit avoir bien du mal à te féliciter pour ton parcours ! Et pourtant, tu as de quoi être fière ! J’ai entendu parler de tes exploits… tu es devenue une femme respectée et admirable Syd’. »

Il serait faux de dire qu’elle ne ressentait aucune jalouse vis-à-vis du succès de sa rivale, mais elle était surtout et sincèrement heureuse pour elle. Elle avait réussi là où personne ne les croyait.

« Raconte-moi donc… comment as-tu réussi à rejoindre la milice ? Et pourquoi l’intérieur ? »




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MessageSujet: Re: [Terminé] Quand les jeux d'enfants deviennent des jeux de grands [Serena]   [Terminé] Quand les jeux d'enfants deviennent des jeux de grands [Serena] EmptyMer 9 Jan 2019 - 15:01


- « Je suis désolée » murmure-t-elle « Les pertes sont nombreuses, ce n’est pas de ta faute… »

Ce fut difficile à entendre pour celle qui avait ce complexe d’abandon, pour celle qui avait ce besoin de contrôler, de protéger ses proches. Là encore, elle n’avait pas réussi, là encore elle n’avait pas été suffisamment forte et même si la logique voulait lui rappeler qu’elle n’était pas en mesure d’être partout, de sauver tout le monde, elle n’avait pas de super pouvoir. Front contre front, sensation agréable de retrouver quelque chose de très fort qu’elle avait perdu. Ce fut complexe, douloureux de réaliser que cette amie si précieuse avait dû connaître la même peine dévorante, le même gouffre de l’âme, le tourbillon de maux. Serena s’était éloigné d’un pas et les doigts de sa main s’étaient perdus dans sa chevelure de jais. Aucun sourire n’avait orné ses lèvres, alors que la question venait de lui être retournée. Ses lèvres s’étaient pincées, son regard s’était fait un peu fuyant. La fange n’avait pas pris sa mère, non c’était la maladie, peut-être qu’elle était elle-même coupable de ce qui l’avait rongé psychologiquement jusqu’à prendre son dernier souffle.

- « Arahaël a disparu à l’extérieur, au début de la fange.» avait-elle dit, en énonçant un fait, un simple fait sans la moindre émotion.

Parce qu’elle n’avait jamais réussi à faire son deuil, à digérer sa disparation. Parce qu’elle était partie à sa recherche brusquement, sans réfléchir quand elle l’avait vu ne pas revenir de sa mission. Arahaël était son cousin, celui qui avait grandi en sa compagnie, celui que sa mère avait élevé comme un fils et qui avait pris la place de frère dans le cœur de la coutilière. Alors ? Pouvait-elle encore parler de famille, elle qui n’avait désormais plus rien, juste un nom à la suite de son prénom, juste une responsabilité lourde sur ses épaules. Le silence avait pris place, celui du respect, celui du deuil, les regards s’étaient croisés sans dissimuler l’affection et la peine qui pouvait régner dans les cœurs. Ce fut l’instant présent, la réalité, la rivalité qui reprenait place comme quelque chose qui avait toujours été là, qui n’avait jamais cessé finalement.

- « Mère dit toujours que l’espoir fait vivre, tu me diras si c’est réellement le cas » souffla-t-elle comme un rappel à une phrase que toutes deux avaient dû entendre à de nombreuses reprises.

Poussant la porte de la chope sucrée, Sydonnie ne s’était même pas aperçue qu’elle avait évoqué sa mère au présent et non au passé, signe que là aussi, l’acceptation de la perte n’était pas encore fait. Affichant un semblant de sourire, celle à la chevelure de jais avait choisi une table, pas forcément isolée, pas réellement au centre non plus. Tirant une chaise et déposant son fessier dessus, elle écouta la réponse, non pas sans évoquer un petit rire. Roland, voilà bien un prénom qu’elle reconnaissait bien, l’homme avait-il toujours autant d’importance dans la vie de sa sœur ? Dans le fond, cela rassurait d’Algrange, de voir que cela ne changeait pas, que l’enfant désormais femme avait toujours cette même mentalité, ce même désir ardent de faire ce qui lui plait et non ce qu’on exige d’elle.

- « Comment va-t-il ? Qu’est-ce que devient ton frère ? Tu sais, je crois que nos mères n’avaient pas tort sur tout, même si nous étions trop petites pour le comprendre. » fit-elle en attrapant la chope qu’on venait de déposer devant elle « Te voilà donc libre, comme tu le rêvais gamine. »

Puis le sujet délicat arriva dans la conversation, et d’Algrange ne put s’empêcher d’avaler une gorgée. C’était le plus complexe pour elle, admettre que sa mère était morte seule, dans la colère, la rancœur et le gouffre qui avait pu se creuser entre sa fille et elle. Sydonnie était arrivée trop tard et les derniers mots échangés avec sa défunte mère n’avaient été qu’atrocité et manquement de respects. Se pinçant les lèvres, déposant sa chope sur la table, Sydonnie avait pris une légère inspiration, c’était encore douloureux a vif.

- « Mère est morte il y a quelques mois » fit-elle en lâchant un soupir « La maladie à eut raison de son fort caractère, la fatigue aussi certainement. Je suis l’héritière de ma famille et sa dernière représentante aujourd’hui. » Réalité complexe, méli-mélo de regret, d’amertume et d’autres sentiments « Je suis surtout devenue une femme à abattre » dit-elle dans un petit rire « Une femme, coutilière c’est encore moins bien vu qu’une femme milicienne, bon nombre de nos collègues apprécieraient de pouvoir me coincer dans un coin sombre. »

Étrangement, cela ne semblait lui faire ni chaud, ni froid, elle était arrivée là parce qu’elle avait réussi à imposer ses compétences. Ce n’était pas évident, chaque choix était examiné, chaque décision remise en question, cela n’enlevait rien à son plaisir, rien à son rêve de devenir sergent, même si elle avait fini par comprendre que tous les rêves d’enfants ne pouvaient pas se réaliser.

- « J’étais de l’extérieur avant, mère a eu raison de moi et a réussi à faire jouer ses relations pour me faire rapatrier à l’intérieur. Je ne vais pas m’en plaindre, assurer la sécurité de la ville peut-être tout aussi dangereuse et… originale » fit-elle « Je suis rentrée dans la milice dès le premier jour ou les femmes ont été accepté. Et toi alors ? Comment est ton quotidien désormais ? Tu as tout de même encore des obligations vis-à-vis de ton rang non ? Et comment se passe ton intégration dans la milice ? »

Elles avaient tellement de choses à évoquer, à se raconter, à partager, tellement de choses à mettre en place. Même si la rivalité était toujours présente, elle n’était plus aussi dérangeante qu’enfant, cela ressemblait toujours à cette même rivalité que deux sœurs pouvaient partager. Attrapant sa chope, la milicienne s’était plus appuyée contre sa chaise, étendant ses jambes, avalant encore un peu de vin chaud.

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MessageSujet: Re: [Terminé] Quand les jeux d'enfants deviennent des jeux de grands [Serena]   [Terminé] Quand les jeux d'enfants deviennent des jeux de grands [Serena] EmptyJeu 10 Jan 2019 - 17:52
« Difficile à dire, je n’ai pas souvent la chance de le croiser… Sans doute que Mère a peur que je vienne à le contaminer avec mes idées… ! Mais, il va bien. Toujours à jouer les héros en tout cas... »

Préférant ne pas faire de commentaire sur le reste, elle reçut difficilement la triste nouvelle. Elle ne trouva pas les mots. Pas de suite du moins. Mais ce qui la touchait n’était pas la perte, certes douloureuse, mais plutôt les circonstances. La mort, tous l’avaient confrontée à cause de la Fange et aussi cruellement que cela pouvait paraître, Serena s’en était plus ou moins accommodé. Mais la réalité nous rattrapait toujours, toujours. Survivre à la Fange ne suffisait pas… la mort était partout.

« Je… je suis navrée… »

Voilà tout ce qu’elle put prononcer sur le sujet. L’ombre d’un instant, elle se remémora cette vieille harpie qui grondait leur folie lorsqu’elle était gamine. Elle aurait aimé la revoir, même si cela n’avait pas forcément été réciproque. Un pincement au cœur, elle écouta la suite de ses paroles.

« Ils finiront bien par comprendre… l’espoir fait vivre, rappelle-toi ? »

Relança-t-elle dans un petit clin d’œil. Toutes deux et plus encore, étaient en danger permanent dans le simple fait de porter une poitrine à la place d’un membre entre les jambes. Ce fait était toujours aussi excédent dans l’esprit de la jeune femme. Elle ne trouvait aucune logique à cela, mais les faits étaient bien là. Elle-même ne pouvait pas s’aventurer dans les quartiers de la milice sans prendre des précautions. Elle imaginait donc aisément les difficultés que rencontrait son amie.

« Oh, je doute qu’il soit très différent du tien… Hormis mes patrouilles à l’extérieure, j’entends. D’ailleurs, je suis passée d’une équipe se chargeant des convois et à celle de l’exploration ! Mais ma présence n’est pas plus appréciée, même si j’ai bien trouvé quelques confrères plus ouverts d’esprit… »

Certains avaient même commencé à la regarder différemment depuis qu’elle était revenue seule survivante d’une nuit dans les bois. Mais cela la mettant franchement mal à l’aise étant donné qu’elle n’avait aucun réel mérite sur cet exploit. Elle préféra donc éviter le sujet, même s’il était possible qu’elle en ait entendu parler.

« Oui, malheureusement ! » Sortit-elle dans un énorme soupir en posant brusquement sa chope sur la table de bois. « Tu me parlais de liberté avant, mais non ! Penses-tu ! Forcée à supporter le jacassement d’homme et de femme qui pètent plus haut que le cul ! Ou de les voir se goinfrer dans leur idiotie ! Et on ose me pointer du doigt pour servir le peuple et braver la Fange ?! »

Serena éleva sa voix sans même s’en rendre compte. De toute évidence, la situation actuelle l’agaçait au plus haut point. Cela faisait bien longtemps qu’elle n’avait pas eu l’occasion d’exprimer son mécontentement sans retenue et maintenant qu’elle était lancée… et bien il était difficile de s’arrêter.

« D’ailleurs ! Tu ne devineras point qui elle a invité à dîner ! Victor ! Je t’laisse donc imaginer ma surprise quand j’l’ai vu se pavaner chez nous ! Évidemment, elle ne m’avait pas prévenue, non… Juste ordonnée d’être présente… Haha… Je n’arrive décidément pas à comprendre comment ils peuvent encore supporter sa présence ! Pire même, l’encourager ! »

Si Sydonnie ignorait tout de l’alliance entre les deux familles, elle devait certainement se souvenir de nombreuses plaintes et critiques de Serena envers le Comte déjà par le passé. Jamais elle ne l’avait supporté et cela n’était pas prêt de changer.

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MessageSujet: Re: [Terminé] Quand les jeux d'enfants deviennent des jeux de grands [Serena]   [Terminé] Quand les jeux d'enfants deviennent des jeux de grands [Serena] EmptyJeu 10 Jan 2019 - 20:14
- « Fort heureusement, certains sont très bien oui, ouvert à l’aventure et à notre présence. » fit-elle dans un sourire réconfortant « J’ai un bon gars dans ma coutillerie, Clovis. C’est un dresseur, pas très… Enfin il a son caractère propre, mais c’est vraiment un gars bien, j’espère avoir la chance de le voir gravir les échelons, y a encore du travail cependant. »

Attrapant sa chope, celle à la chevelure de jais l’avait portée à ses lèvres, avalant une longue gorgée. Écoutant attentivement les paroles de son amie, elle était un peu rassurée de savoir qu’elle semblait petit à petit parvenir à s’intégrer. Généralement, cela venait avec le temps, après avoir sauvé les fesses de plusieurs des collègues, ils finissent par arrêter de jouer les gros bras, stupides. Sydonnie avait bien eu vu d’un groupe décimé, sans pour autant s’y intéresser, elle n’était pas responsable de l’extérieur aussi ne pouvait-elle pas tout comprendre, tout savoir. Maintenant qu’elle avait conscience que son amie était de cette spécialisation, aucun doute qu’elle laisserait davantage ses oreilles traîner. Laissant jouer sur le bois de la table, d’un air quelque peu songeur, d’Algrange avait du se questionner sur la raison de ce choix de son amie. Était-elle à la recherche de liberté, avait-elle envie de défier les exigences de sa famille, ou était-ce simplement un vrai choix, celui de se rendre utile. Pour la milicienne cela avait été un savant mélange de tout ça, maintenant c’était un vrai choix, une évidence douloureuse qui l’avait obligé à sacrifier l’homme qu’elle aimait.

- « L’extérieur n’est jamais simple, il y a les bannis, les pirates, les brigands et la fange, tu n’as pas fait le choix le plus simple. Je ne doute pas une seule seconde que tu finiras par t’imposer. Promets-moi de faire attention… Et ne te ferme à aucune option pour survivre. »

Parce qu’elle savait que certain n’appréciait pas les bannis, qu’il préférait mourir qu’accepter l’aide d’un marqué. Sydonnie elle-même était comme ça avant, avant Chris, avant cette relation et un instant cela lui semble presque bien trop loin pour être véritablement arrivé. Lâchant un bref soupir, la jeune femme avait secoué la tête, mélangeant sa crinière, l’entremêlant sans grand signe d’élégance. La femme d’armes n’eut pas le temps de s’apitoyer ou d’évoquer peut-être cette idylle insolite, n’aurait elle très certainement pas osé. Serena lui parlait de sa vie, celle qu’elle avait obtenue à cause de son nom, celle qu’elle aimerait bien voir disparaître et ce fut amusant pour la coutilière. Étrangement, cela lui rappelait le genre de conflit qu’elle pouvait avoir avec feu sa mère, cela lui faisait du bien.

- « La fange…. Ça a tout changé.. Il faut laisser le temps au temps, comment veux-tu que ceux qui sont bien à l’abri puissent réellement prendre conscience de la situation ? Dans le fond est-ce mieux ainsi que l’espoir reste conservé… Cela évite les mouvements de paniques…c’est important… Alors même, si c’est complexe à entendre, c’est important que certaines choses persistent…. » elle hésita puis ajouta « Même si très honnêtement, je trouve ça stupide, de nos jours il y a de plus en plus de femmes miliciennes, même si la plupart abandonnent. »

Elle étira davantage ses lèvres quand elle lui évoqua l’affaire Rougelac, où devrait-elle plutôt dire l’affaire Victor. Sydonnie le connaissait de nom, l’avait elle rencontré une fois pour une enquête, en revanche elle était au courant de la moindre rumeur le concernant. C’est que dans le bureau des coutilier et des sergents les petits potins semblaient avoir une valeur spécifique, pour les autres tout du moins, pas pour elle.

- « C’est un sacré phénomène, mais il ne fait jamais rien par hasard, tu es peut-être sa future victime et relation officielle » plaisanta-t-elle « En tout cas, je peux te dire que sa réputation lui colle à la peau, même si sa dernière relation c’est mal terminé par une mort sordide dans les marais, il n’en reste pas moins un homme volage qui a dirigé un établissement de luxure pendant de nombreuses années. Si tu veux le remettre en place, tu n’as cas le menacer d’ouvrir enquête à son sujet, ou de venir farfouiller dans ses petits papiers, je doute qu’il apprécie cela lui rappellera que tu peux avoir un impact sur lui. » elle fit une pause puis ajouta « Tu es peut-être une femme, mais tu es la main armée du Duc et ça, il ne peut pas t’enlever ce titre. »

La question en tout cas avait laissé quelque peu dubitative la milicienne et ce ne fut qu’une fois après une longue gorgée qu’elle prit le temps de répondre.

- « Malgré sa réputation sulfureuse, Rougelac reste un homme influent, du moins il le pense et je pense aussi qu’il commence à avoir une influence. Il sait séduire, jouer avec les mots et il a de l’argent, enfin beaucoup moins qu’avant, mais toujours un peu. » elle fit une pause « Tes parents doivent avoir un lien avec lui, peut-être financièrement, ou alors il cherche à lier vos familles. » elle fit une pause cette idée amenée sérieusement ne risquait pas de plaire à Serena « Enfin ce ne sont que des suppositions, tes parents peuvent simplement apprécier Rougelac, ou apprécier de faire savoir qu’ils sont en bonnes ententes avec le reste de la noblesse. » après une nouvelle gorgée elle ajouta « Si tu veux la rende folle tu n’as cas te rendre dans un établissement de luxure, ta mère avec son réseau sera inévitablement au courant tu verras… »
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MessageSujet: Re: [Terminé] Quand les jeux d'enfants deviennent des jeux de grands [Serena]   [Terminé] Quand les jeux d'enfants deviennent des jeux de grands [Serena] EmptySam 12 Jan 2019 - 11:11
Ne se fermer à aucune option pour survivre… Voilà des paroles qui résonnèrent longuement dans sa tête. Les sous-entendus pouvaient être vastes et être interprétés de bien des façons. Néanmoins, peu importe ce qu’elle avait en tête, ses paroles étaient claires : aucune option… Bien qu’elle parvenait à comprendre, surtout après sa propre expérience, elle ne pouvait pas non plus complètement adhérer à ses propos. Serena était fière, elle avait la tête dure et n’était donc pas prête à tout accepter pour garantir sa propre survie.

Néanmoins, elle tiqua plus encore sur l’attitude de son ami lorsqu’elle évoquait cette éventualité. Lui était-il arrivé quelque chose ? Cela ne serait guère surprenant….Aussi, la jeune milicienne saura revenir sur le sujet en temps et en heure pour lui laisser l’occasion de se confier.

« Il peut faire bien pire… »

Annonça-t-elle simplement l’air las. Baissant le regard sur sa chope, elle avait bien conscience des risques la concernant. L’intention de ses parents était plus ou moins évidente et même compréhensive. Elle était n’était pas mariée, lui non plus. Et même si cela venait à changer, un jour ou l’autre, elle serait menée à rencontre un nouveau fiancé et elle doute réussir à faire échouer l’union comme autrefois.

« … »

Sans mot, ses yeux s’écarquillèrent aux dernières paroles prononcées de son amie. Ce qu’elle disait n’était pas faux, au contraire, mais avait-elle conscience des conséquences que cela pouvait entraîner ? Hors le fait de rendre sa mère folle de rage. Sa réputation étant déjà bancale, et sa vertu remise en question dans maintes rumeurs, cet acte pourrait la destituée définitivement de son rang. Et ironiquement, Serena ne semblait pas prête à aller si loin, pour le moment.

« Mon intention n’a jamais été de faire de mes parents mes ennemis, tu sais… Mais je garderai l’idée à l’esprit… Je suis sûre que l’expérience peut en valoir la peine… Tout comme le spectacle qui s’offre parfois à nous à la caserne. »

Fit-elle dans un ton un peu plus joueur et accompagné d’un petit clin d’œil. Être une femme entourée d’homme mieux bâti les uns que les autres n’avait pas que des désavantages, la vue était magnifique, entre autres. Mais trêve de plaisanterie, quelque chose d’autre tourmentait son esprit, ainsi elle vint poser une main sur la sienne. La serrant tendrement, ses yeux cherchèrent à capter les siens, plus sérieux et démontrant une certaine inquiétude.

« Et toi alors ? Aurais-tu aussi quelque chose qui troublerait ton esprit ? »

Maintenant qu’elle y réfléchissait, cela était peut-être encore trop tôt. Elle ne voulait pas la forcer à se confier, toutes deux venaient à peine de se retrouver. Mais elle avait pu voir dans son visage une certaine douleur, un regret ? Elle n’en savait rien.

« Sache que je suis là, je le serai toujours. »

Lui assura-t-elle alors dans un murmure avant de détourner son regard, légèrement embarrassée et désolée.

« Je n’ai jamais su comment t’aborder après tout ce temps… c’était idiot… »

Elle aurait dû venir à elle dès qu’elle avait su, dès qu’elle l’avait aperçu, mais non. Elle n’avait trouvé ni les mots ni les gestes. Et peut-être même cas quelque part, la jalousie avait pris le dessus, envers cette femme, cette amie qui avait réussi. Mais tout cela n’avait plus d’importance, Sydonnie avait fait le premier pas et elle lui en était infiniment reconnaissante.
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MessageSujet: Re: [Terminé] Quand les jeux d'enfants deviennent des jeux de grands [Serena]   [Terminé] Quand les jeux d'enfants deviennent des jeux de grands [Serena] EmptySam 12 Jan 2019 - 18:29


Sydonnie détaillait son amie avec cette intensité dans le regard, cette affection propre qu’elle retrouvait petit à petit. Que pouvait-elle lui dire d’autre que des paroles honnêtes, que pouvait-elle réellement expliquer à celle qu’elle avait connue toute petite et retrouvait maintenant adulte ? La coutilière avait attrapé sa chope, avalant une longue gorgée du liquide qui lui brûlait légèrement l’arrière de la gorge. Même si sa réponse la surpris quelque peu, d’Algrange compris que Serena n’avait ni envie de perdre son titre ni ses parents, ce qui lui aurait semblé complètement absurde il y a quelques mois, lui paraissait un choix tout à fait raisonnable aujourd’hui. La milicienne n’avait pas cru bon de rajouter quoi que ce soit à cette constatation, même si son imagination la laissait volontiers croire que Serena est tout à fait en mesure de visualiser ce qu’il pouvait se passer dans des établissements de luxures. Elle-même avait été surprise lors de certain contrôle et tout n’était pas aussi horrible que ce que les rumeurs pouvaient laisser penser, enfin n’allait-elle pas débattre sur la question maintenant.

- « La caserne est pire qu’un établissement de luxure » plaisanta-t-elle « Tu peux y trouver de tout, à tous les étages » rajouta-t-elle dans un certain amusement.

Combien de fois avait-elle surpris une relation dans la caserne, combien de fois avait-elle cru bon de punir ceux qui s’abandonnaient dans l’enceinte de la luxure. Les autres coutiliers avaient tendance à fermer les yeux, car un homme avait des besoins, paraît-il, Sydonnie n’avait jamais vu les choses de cette manière. Encore une différence typiquement féminine qu’ils disaient. Puis la conversation se détourna, dans le mauvais sens. D’Algrange n’aimait pas parler d’elle, davantage maintenant qu’elle n’avait plus grand-chose et que le peu qu’elle avait eu avait soudainement disparu. La jeune femme c’était donc pincée secouant doucement sa main de droite à gauche, signe qu’elle n’était pas prête à évoquer ce qui l’a tourmentait. Aussi préféra-t-elle rester concentrée sur son amie, évoquant vaguement quelques petites problématiques ici et là.

- « Malheureusement il n’est plus là pour troubler mon esprit » souffla-t-elle « Le reste, ce n’est que la lourde responsabilité de devoir protéger une troupe et d’accuser les pertes constantes… » elle c’était étendu sincèrement affectée par la situation « J’ai une dizaine d’hommes sous ma responsabilité et une femme. On prend soin de m’attribuer ceux que personne ne veut, tu imagines aisément pourquoi. » elle fit une pause « Pour autant, j’aime chacun d’entre eux… Cette année, j’ai perdu deux de mes hommes, un que je n’ai pas réussi à raisonner, qui c’était mis en tête d’être la main de Rikni et de purifier la milice… L’autre qui ne va pas tarder à disparaître j’en suis convaincue fut qu’il suit le premier… Je suis responsable d’eux et pour autant, je ne peux rien faire pour les sauver… Mais les amis et les familles, ce sont moi qu’ils tiendront pour responsable. »

Elle avait attrapé sa chope pour la terminer la déposant sur la table, la jeune femme ne pouvait pas dire que les paroles de cette ancienne amie ne la touchaient pas, bien au contraire, mais tout ne serait pas aussi simple, après autant de temps et d’événement.

- « Tu n’as pas à t’excuser pour ça, la situation était complexe, il faut bien l’avouer… Je suis heureuse de te retrouver Serena. Laissons le temps faire le reste… » elle fit une pause « Tu passeras les salutations de la famille d’Algrange à tes parents. »

La coutilière avait fini par se relever afin de régler les deux consommations, l’heure avançait et la responsable de groupe ne pouvait pas se permettre de traîner trop longtemps ici, la milicienne non plus d’ailleurs. Revenant à la blonde, elle afficha un sourire, agrémentant sa pensée à la parole :

- « Nous ne devrions pas trop traîner, ton responsable risque de te chercher… Et je ne peux malheureusement pas m’absenter trop longtemps. Cependant, maintenant que je sais que tu es là, aucun doute qu’on se reverra régulièrement. »

Elle avait attendu que son amie se relève pour lui emboîter le pas, fit un petit signe rapide à la patronne avant de sortir. À peine dehors, le froid vint de nouveau picoter les membres inférieurs de la femme d’armes qui ne sembla pas en tenir compte. Elle adressa un nouveau regard à la jeune femme :

- « Quand est-ce que tu repars en mission ? »

La question fut posée avec une arrière-pensée, s’arranger un temps plus long pour la prochaine rencontre, pour échanger, discuté, réellement sans l’effet de surprise des retrouvailles. Toujours était-il que le duo avait fini par retrouver la caserner et leurs occupations respectives.

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MessageSujet: Re: [Terminé] Quand les jeux d'enfants deviennent des jeux de grands [Serena]   [Terminé] Quand les jeux d'enfants deviennent des jeux de grands [Serena] EmptySam 12 Jan 2019 - 20:35
Il ? C’était donc bien un Il qui parvenait tant à troubler sa vieille amie, en plus de ses responsabilités. Serena était bien curieuse de savoir quel genre d’homme parvenait à la toucher ainsi tout en s’inquiétant de savoir ce qu’il avait bien pu lui faire. Néanmoins, par respect, elle retint toute question. L’importance était qu’elle comprenne que Serena était désormais là, à ses côtés, et qu’elle pouvait compter sur elle. Evidemment, si elle n’en était pas convaincue à l’instant, cela viendrait avec le temps, elle l’espérait du moins.

« Syd’, tu es femme, une amie et j’en suis certaine une supérieure formidable. Ils ont de la chance de t’avoir. »

Voilà tout ce qu’elle se permit de lui dire sur le sujet, convaincue qu’elle faisait tout ce qui était en son pouvoir pour garantir le bien-être de sa troupe. Bien entendu, elle ne pouvait imaginer les responsabilités et la culpabilité qu’elle portait sur ses épaules, mais personne ne pouvait sauver tout le monde, ça elle en était sûre.

« Merci… évidemment, tu seras la bienvenue si tu venais à passer chez nous. »

Suivant le mouvement de son aîné, Serena se leva à son tour avant de la voir payer… N’était-ce pas à la perdante de le faire ? La blonde rappela rapidement son amie à l’ordre, lui forçant à reprendre son argent pour le verser de sa propre poche. Hors de question qu’elle ne paie pas son gage ! Cependant, qu’elle prenne garde pour la prochaine fois, elle ne perdra plus aussi facilement !

« Je ne sais pas trop... Il y a les missions prévues, mais aussi les imprévues… comme toujours… »

Dit-elle en premier lieu en haussant ses épaules, scrutant les environs par ce froid glaçant. Vivement les temps meilleurs, tout serait plus simple… agréable. Elle jeta un regard dans la direction de la noiraude.

« Je suis libre demain soir, si cela te dit ? »

Proposa-t-elle enfin avant que les deux femmes ne se séparent pour retourner à leur rôle respectif. Un poids en moins sur le cœur et l’esprit plus léger, Serena ne pouvait contenir un sourire discret sur ses lèvres tandis qu’elle reprit les entraînements comme si de rien était.

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