Nom : — De Tourbière, ou Tourbière tout court. Me demande pas pourquoi.

Prénom : — Jos' (Josse), et juste Jos'. Le premier à prononcer "Josselyne" se prend une flèche dans la gorge, compris ?

Age : — Qu'est-ce que ça peut bien te faire que j'ai vingt-six ou vingt-sept ans ?

Sexe : — Regardes-y bien si t'y vois des [censuré] C'est la seule fois où tu pourras poser les yeux sur moi sans risquer d'être estropier.

Situation : — Qui ça intéresse de savoir ça ? J'ai passé l'âge, je suis trop vieille pour être intéressante.

Rang : — Sans, blague, t'as vu mon nom ? Je peux être quoi de mieux qu'une bâtarde native du Domaine de Tourbière, sans biens ni terres, simple fille un peu tarée d'une "sorcière" et d'un parfait inconnu.Ah si, je suis l'archère garde-miches de ma coutillerie.

Lieu de vie : — Partout où va ma coutillerie je suis. Sans nous, mon arc et moi, pour couvrir leurs miches, c'est qu'ils seraient tous morts. Ou tout comme.

Carrière : — Comme je le disais, je suis la garde-miches de ma coutillerie... Ca veut dire que je suis une archère, je me bas de loin avec mon "arme de lâche", et que ça permet d'avoir un autre regard sur l'affrontement. De loin, on voit des choses qu'eux, ils remarquent pas. Alors j'anticipe, je crève les lâches qui attaquent par derrière ou qui s'enfuient, les messagers, et parfois même les oiseaux... Je sauve leurs fesses quoi.

La joueuse a écrit:

↳ Carrière et stats : Milicienne avec +1 HAB, +1INI et +2 TIR.

Compétences et objets : — J'ai une bonne vision, meilleure que la normale. On dit et que c'est pour ça que je suis aussi adroite dans mes tirs... Je peux pas le nier, ça aide, mais il a quand même fallut s'entraîner pour y arriver. Et botter des fesses aussi, d'ailleurs. Il parait aussi qu'éviter la castagne de front, c'est mieux pour moi, parce que je sens pas vraiment la douleur. Et faut dire que mon équipement, même s'il convient à l'archerie, il bloque guère plus que des coups de poings... Les armes, elles s'y enfoncent comme de rien.

La joueuse a écrit:

↳ Compétences : Acuité visuelle, Adresse au tir (Arc), Tirs précis et Volonté de fer.
↳ Equipement : Arc de guerre, une épée courte au cas où, une cervelière en cuir, des gants en cuirs, un gambison et des jambières de cuir.

Gambisons, capuchons, manteaux et capes, ceintures multiples, jambières et bottes, arc et flèches dans le dos, dagues et épées au côté, les poings protégés dans des gants de cuirs... En somme, des vêtements davantage pratiques qu’esthétiques –que je trouve plutôt saillant sur moi– c'est là tout ce que, dans un premier temps, l'on voit de moi. Et ne t'y trompes pas, ma vêture est parfaitement adaptée à celle que je suis : une archère, une milicienne, une guerrière... Tout, dans mon attitude, le transmet. Tout est dit, sans détour aucun. Je respire la sauvagerie, parfois même la violence ; mon corps tendu cri de ne pas m'approcher, plus encore que mon expression faciale.

Mon visage, d'ailleurs, est banal, quoi que fermé, un poil impertinent. Ma tronche n'est qu'un simple ovale fendu de deux yeux couleur d’ébène sous des sourcils éternellement froncés, pourvu d'un nez autrefois cassé surplombant une bouche charnue qui ne sourit jamais, le tout encadré par une masse brune bien souvent nattée... Cachant juste des oreilles un brin décollées, et surtout couvertes de bijoux de bois et d'os. Paraîtrait-il que je serais presque jolie lorsque, lavés, ils ondulent jusqu'à mes hanches. Mais tout cela n'est, selon moi, que foutaises et manipulations. Mon faciès n'a rien de vraiment gracieux, quoique rien de particulièrement laid non plus... Je trouverais bien mon front trop large, trop ridé peut-être, encore qu'il remplisse parfaitement son rôle lorsque j'en administre des coups à quelques ivrognes ou ennemis... et ces tâches de rousseurs à mes pommettes, trop visibles ; ou encore ces cernes noirs sous mes prunelles tout aussi sombres, capables de décocher des regards à vous glacer sur place.

Quant au reste... Pas bien grande, pas bien épaisse, pas bien belle, pas tout à fait proportionnée, simplement quelconque : voilà comment, en quelques mots brefs, on pourrait me décrire. Vous y fiez pas, mon équipement cache très bien ma personne... Je pourrais m'en plaindre, de ce manque de formes au niveau de ma poitrine, et de mon bassin. Mais non. C'est un atout de taille pour une archère ! Aucune gène au moment de tendre ma corde, aucun éventuel obstacle au décochage de la flèche ! Oserais-je même dire que ce n'est là que muscles, que chairs fuselées à force d'entrainement et marquées par les combats ? Parce que oui, ils en ont laissés, des traces disgracieuses. C'est même une sorte de honte, un sentiment sourd qui persiste au fond de moi tandis que je les vois, ces marques tantôt rouges et nettes, tantôt roses et boursouflés. Ce sont mes trophées de guerre, mes victoires face à la mort, les preuves de ce que je suis... Sur ma peau pâle, tour à tour brunie par les cagnards ou rosâtre par les frimas de l'hiver, elles se voient comme le nez au milieu de la figure. Sur mes bras, dans mon dos, sur mes flancs, le long de mes jambes, elles couvrent même mes mains caleuses et rugueuses... Dépourvues de féminité. Autant de détails qui font que nul homme ne voudra surement partager ma vie.

Et comme si ça pouvait y changer quoi que ce soit, masquer un peu tout ça, ce que je suis, je fais couvrir mon corps d'encre et de bijoux. Des tatouages symboliques ornent mes bras, mon dos, mon cou, et bien d'autres endroits ; des accessoires couvrent mes oreilles, pendent à mes poignets et mon cou... Certains sont des charmes, des prières, des barrières... Mais au final, tous ne semblent être bien inutiles. 

Mon caractère est à l'image du reste de ma personne... Ouais, j'ai pas de meilleur mot pour ça.

Faut savoir que je connais pas vraiment le sens du mot "peur". Ouais, d'accord, j'avoue ! J'ai peur du vide... Et je suis affreusement superstitieuse. Mais du reste, même si tu fais deux mètres de haut et que t'es aussi gros qu'un bœuf. Ca m'empêchera pas de te rentrer dedans et d'essayer de te tailler en rondelle si l'envie m'en prend. Quoi qu'il serait plus juste de dire ; si j'en ai le prétexte. J'ai mon côté sombre, sanguin et violent... Cela dit, comme je sens pas très bien la douleur, ça aide pas à être une personne raisonnable et rationnelle. Au contraire. Bien sûr, je parle de la souffrance physique ! Parce que pour ce qui est du moral... Je reste une personne relativement instable, un peu torturée par ses souvenirs... Mais passons ! Quand on sait qu'on a pas vraiment mal, pas tant qu'on a tous nos membres –comme je le disais– on a encore plus tendance à rentrer dans le tas. Clairement on ne fait plus qu'à moitié attention. A moitié parce qu'on doit juste prendre garde à pas se faire démembrer. On prend des risques bien plus gros que les autres, on perd même toute notion de ce que ça peut être, des risques... Il parait d'ailleurs que j'en prends beaucoup, que j'en prends trop. Ils disent que ça va finir par me tuer... Qu'un jour je me viderais de mon sang comme une conne, seule, face à un fangeux. Ouais, mais je suis toujours là !

Enfin je dis ça, je fais un peu ma maligne, mais je crains quand même un minimum les fangeux. Je dirais que c'est même à cause d'eux que la peur, au sens large, ça me connait plus trop. Quand on les a vu, qu'on en garde un traumatisme, je crois que toutes les autres terreurs deviennent insignifiantes en comparaison, gérables. Et quand, comme moi, on les cherche, qu'on les côtois et les affronte plusieurs fois par lune... on finit par même oublier la terreur pure qu'ils inspirent pour ne plus ressentir autre chose qu'une peur, une espèce de crainte bien insignifiante par rapport à ce qu'elle devrait être.

A quel prix tu me diras... Je suis marquée par toutes les fois où la mort ma ratée, je peux les compter, et toutes te les raconter... Même si c'est une des raisons pour lesquelles je pourrais jamais passer ma vie avec un homme ; j'ai assez du dégoût de mes coups d'un soir, je veux pas subir celui de quelqu'un avec qui je devrais vivre jusqu'à mon dernier souffle... Parce que le mien arrivera forcément avant le sien. Mon corps est pas si hideux, pour quelqu'un comme moi, mais aux yeux d'un homme ça sera jamais que celui d'une guerrière, pas d'une bonne femme qui élève ses mioches. C'est pour ça que je me couvre de tatouages et de bijoux ; vestiges de vieilles croyances assurant gloire, fortune, stérilité, louanges aux Trois, protection divine... Toutes plus inutiles les unes que les autres.

Ouais, parce que je suis même pas certaine de vouloir d'une famille. La perte d'une mère, bien avant l'heure, c'est douloureux... Celle de la mienne me hante encore : je vis encore et encore son visage en larme, sa main tendue vers moi, tout ce rouge sur son corps, sur fond de ses créatures décimant le reste de ma famille. J'entends son cri déchirant percer chaque nuit, troubler mes bien trop rares moment de repos. J'ai même l'impression de percevoir les gargouillis de son sang, et les râles de ce maudit fangeux. Je veux faire vivre ça à personne ! Et à la réflexion, je me demande même si j'ai pas peur de m'attacher à nouveau à des gens, genre vraiment tenir à eux... Au point d'en devoir ne plus bouger, de me sédentariser ! Parce qu'au fond, en plus de risquer de les perdre, tenir à quelqu'un m'imposerais de me fixer, de perdre mes habitudes de nomade et ce besoin de toujours être en mouvement qui, lui, m'est resté de ma vie passée.

Après, dit comme ça, on le dirait pas, mais je suis pas une mauvaise fille. Pas que. Même si je souris pas, jamais. Je sais plus le faire depuis que ces bestioles ont brisés cette partie de moi, m'ont fait douter des Trois, ont volé ce qui restait de mon innocence... Je doute de tout, et je n'ai plus foi en rien ; surtout pas en l'humain. Mais je suis pas foncièrement mauvaise. Je m'y connais un peu en plantes et en soins, entre autres choses, alors je t'aiderais probablement si t'es dans le pétrin. Après tout, plus on est de survivants, moins y'a de chance que je me fasse bouffer.

Enfin, comme tu peux le voir, je suis pas trop mauvaise en introspection et en analyse. Tu veux que je te dise ton avenir ?

Les souvenirs que j'ai de ma vie, celle d'avant, lointaine, sont incertains, se mélangent, s'effritent... Tant de choses se sont passés depuis notre départ de Tourbière, ça si semble si lointain, si irréaliste... Parfois, je me demande même si je n'ai pas tout inventé, si c'est pas un de ces étranges rêves dont on n'espère que sortir.

Ma mère était, comme je l'ai déjà dit, une "sorcière". Du moins c'était ainsi qu'on finissait par la percevoir, là où on allait... Ce qui nous forçait d'autant plus à bouger, tout le temps, constamment. Dans les faits, c'était rien de plus qu'une guérisseuse un peu excentrique qui se berçait dans une sorte d'arts occultes, l'escroquerie, et surement d'autres choses pas claires. « Comme ma mère, et la mère de ma mère avant moi» qu'elle disait. C'est à Tourbière que j'ai été conçue, par un gentilhomme qui venait souvent louer ses services... Et par là, je sais pas vraiment si je dois entendre ceux de la catin qu'elle était, où de la "sorcière". D'après les autres, il semblait fasciné par elle, comme fou... Possédé, même, qu'ils disaient. Mais si je suis là, c'est qu'il y avait surement pas que des potions, des filtres quelconques, ou la lecture du destin, entre eux.

C'était clairement pas une mère exemplaire... Franchement, qu'elle personne normale ferait subir cette vie à sa progéniture ? Mais ses sentiments envers moi étaient sincères. Même si ça ne l'a pas empêché de vouloir m'apprendre à devenir comme elle dès que j'ai été assez grande, ni de me faire grandir dans ce groupe dont elle faisait partie. C'était une petite bande de bons à rien et de voyous, des miliciens à la retraite, estropiés, des charlatans et je ne sais pas quoi d'autre du genre... Incapables de se fixer où que ce soit plus d'une lune –sûrement parce qu'ils passaient leur temps à fuir à cause de leurs magouilles innombrables, et des activités de ma mère. Malgré tout ils étaient ma famille, et chacun jouait le rôle de ce père que je n'avais pas.

Le voyage a ça de bon qu'il permet de découvrir énormément de choses, et surtout, de faire de nombreuses rencontres ; ça compense les difficultés rencontrées en continue. Parmi celles-là, il y avait Vandein. Il se prétendait ancien mercenaire, mais je le suspecte plutôt d'avoir été un braconnier à la tête dangereusement primée... Entre autre chose. En tous cas, il avait amplement sa place parmi nous : aucun de ceux du groupe n'était vraiment "propre"... Cela dit, il n'en était pas moins un excellent chasseur, sans qui on serait souvent mort de faim, et surtout ; un habile archer. C'est de lui que j'ai appris les rudiments du maniement de l'arc, au grand désespoir de ma mère qui me voyait de moins en moins féminine. Faut dire que je me comportais de plus en plus comme un garçon ! J'ai toujours été un garçon manqué, une gamine turbulente, un peu violente... Qui aimait se battre, ce que j'appris de plus en plus efficacement grâce à la bande, bien plus que faire la cuisine ou lire les lignes de la main. Elle qui espérait tant que je prenne sa suite... Heureusement qu'elle est morte, pour ne pas voir celle que je suis devenue.

Oh, je me souviens parfaitement de tout ce qu'elle m'a appris ; reconnaître les plantes utiles et rares des plus dangereuses, comment soigner les maux bénins, préparer des onguents, suturer des plaies ouvertes, amputer des membres infectés, procéder aux accouchements, confectionner des lotions et autres philtres inutiles, comment séduire et donner du plaisir aux hommes. Je chérie tous ces savoirs qu'elle m'a transmis, qui m'ont probablement sauvé la vie bien plus souvent que je ne le croirais jamais ! Elle m'a aussi permis de réaliser que je ne voulais pas de ce genre de vie pour mes très éventuels futurs enfants, si je trouvais ma moitié –laquelle j'attends toujours... Mais ma préférence allait au combat. 

Tout ça fait, d'ailleurs, que ce n'était pas l'idéal pour trouver un prétendant. Les gars du groupe auraient pu être mes pères, voir grands-pères... Que je n'ai jamais vu autrement qu'ainsi. Quant aux autres, ceux qu'on croisait au fil des voyages, ils osaient pas vraiment m'approcher ; les cicatrices, le nez cassé et les vêtements d'homme, le nomadisme, ça en dit long, ça dissuade. 

Qu'importe ! Voilà comment, après des années et des années, j'ai laissé derrière moi ma vie de nomade et ma famille de gredins pour devenir une archère. Une vraie, en armure, avec un grand arc de guerre. T'y trompes pas, ça a été un crève cœur de les abandonner, de leur tourner le dos à eux et leurs principes, aux attentes de ma mère... Mais rien n'était plus pareil ! Y'avait bien eu ces rumeurs sur les créatures, mais on était tous que de parfaits idiots, on y avait pas fait plus attention que ça... Pour nous, c'était comme des histoires de bonne femme pour faire peur aux enfants désobéissants. Et on aurait pas du. On était clairement pas près pour ce qui nous est tombé dessus.

Ils sont tombés les uns après les autres sous les assauts de ses monstres. Vandein en a valeureusement combattu trois avant de succomber, alors que ma mère nous sommais, les plus jeunes, de prendre les chevaux pour gagner un abri... Tandis qu'eux, mon semblant de famille, faisait face à ces monstruosités pour gagner du temps. Ce jour là, alors que mon cheval galopait à bride à battue, le groupe s'est fait décimer... Et ma mère s'est faire dévorer sous mes yeux.

Ces trucs, les fangeux, c'est la raison même de mon entrée dans la milice. Sauver Marbrume ? Je m'en contrefous. Les querelles des nobles ne m'intéresse pas plus. Non, ce que je voulais, ce que je veux à présent encore, c'était pouvoir en éradiquer le plus possible, de ces abominations ! Tout ceux qui passeraient à porté de mes flèches, à vrai dire. Et pour ça, y'avait rien de mieux que la milice extérieure. Ca n'a pas été facile d'affronter tous ces mâles, ces jugements, ces à-priori, ces brimades, ces provocations... Et j'en passe. Mais fort heureusement, j'ai hérité du tempérament de ma mère, de son opiniâtreté ; dès ma plus tendre enfance, grâce et à cause d'elle, j'ai dû affronter tous ces gens, les regards, les moqueries, la méchanceté... Et ça a été dur, ça a pris quelques lunes avant que ça se fasse... Qu'on m’accepte, sinon me tolère, mais j'ai fait mes preuves. Et je crois qu'on s'accorde plutôt bien, ma coutillerie et moi, même s'ils me reprochent d'être suicidaire. En même temps, de plus connaître de "peurs", et de pas sentir la plupart des douleurs... Ca incite à jouer avec la mort.

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