Jouer double jeu n'est jamais bon [PV Lyanna]

Lyanna n'avait pas du tout prévu ce qui arriva alors. Mais alors, pas du tout.
Le mercenaire la darda d'un regard mauvais, mais au lieu de la laisser en mauvaise posture, comme elle aurait penser qu'il le ferait, il déclara d'une voix étrangement changée qu'il était un certain Anatole, venu lui rendre une visite surprise. Lyanna le regarda avec stupéfaction, ne comprenant pas d'où il sortait ce prénom, et pire : cette voix faussement enfantine qui ne tromperait sans doute pas la maitresse des lieux. Lyanna fit un signe de la main à son partenaire en signe d'incompréhension. Il cherchait à faire quoi au juste? A les faire tuer?
Diana, pourtant, sembla se laisser attraper par sa petite histoire... Enfin, tout du moins, elle avait un doute. Le ton de sa voix se faisait suspicieux, paniqué... Si elle comprenait le nom Anatole, elle ne semblait pourtant pas adhérer à la petite histoire du cambrioleur. La dame Ecuviel allait ouvrir la porte, lorsque son camarade, comprenant qu'ils allaient sous peu être démasqués, poussa la rouquine au sol. Pas préparée à cette éventualité, la jeune femme s'étala de tout son long dans le couloir et ne put qu'assister à l'affreuse scène qu'allait lui offrir Gideon. Tout se passa si vite que Lyanna n'eut que le temps de poussé un petit cri étouffé :

- Nonnn...

Mais il était déjà trop tard. Après un coup de poing dont la violence parut démesurée à la voleuse, la jeune femme s'effondra, le visage couvert de sang. Le coeur de Lyanna bondit dans sa poitrine. L'avait il vraiment fait? Avait il vraiment tué cette pauvre femme? Venait elle d'être témoin d'un meurtre aussi malheureux qu'inutile? Son sang se glaça, et bien qu'elle fut à la fois folle de rage et terrorisée par son compagnon forcé, c'est de Diana que les yeux azurés de la jeune femme n'arrivaient pas à se défaire.
Alors que le mercenaire vérifiait l'état de santé de sa pauvre victime, la rouquine se releva. Elle tremblait. Tuer n'était pas dans ses habitudes... Ca ne lui était arriver qu'une seule fois et c'était justifier. L'homme avait mérité son sort. Mais là, Diana elle était innocente.
Les explications de Gideon ne firent qu'amplifier ce goût amer et prononcé qu'elle avait à son égard.

- Non mais... T'es complètement malade ! On aurait pu l'enfermer dans sa chambre ou... Ou se planquer ! Je sais pas moi ! Mais la frapper?! Une femme, toute seule chez elle, désarmée, effrayée à l'idée d'être visitée en pleine nuit?! Mais... T'es vraiment un lâche ! Une grosse brute sans cervelle ! T'en prendre à elle... T'as pas de couilles ou quoi ?

Si la jeune femme était furieuse, c'était parce qu'elle avait longtemps trop souffert de l'abus de pouvoir qu'exerçaient les hommes sur elles, pauvres femmes chétives et faibles. Les mâles se croyaient au dessus de tout, que tout leur étaient permis et qu'ils pouvaient disposer d'elles à leur guise en toute impunité. Mais Lyanna n'était pas faible. Non, elle n'était pas une moins que rien. Elle n'était pas un objet dont on pouvait user comme bon semblait à qui veut. Elle était forte, rusée et courageuse. Et si cela déplaisait à son camarade, peu lui importait :

- Je t'avais dis de ne pas lui faire du mal ! Je t'avais interdit de la toucher ! Alors oui, peut être qu'elle vivra après ça, qu'elle aura peut être qu'un vilain nez au milieu de la figure. Mais tu n'avais aucun droit, non absolument aucun, de t'en prendre à elle ! Surtout avec autant de violence ! Ca t'éclate de frapper les femmes, c'est ça? Ca te fait sentir fort !

Elle le darda d'un doigt accusateur, le regardant de toute sa petite hauteur sans hésitée à l'approcher.
Mais finalement, il fallait reconnaître que leur mission se passerait plus simplement ainsi... Que Diana était hors de danger, vu qu'elle était inconsciente... Mais surtout... Que Gideon était quand même nêtement plus grand et costaud qu'elle... Voir peut être même plus agile.
Semblant se calmer un peu, Lyanna soupira avant de se détourner. Elle fit mine de remettre en place l'une de ses bottes et en tira discrètement son poignard qu'elle glissa dans sa manche, prête à risposter si la mauvaise idée venait au mercenaire de s'en prendre à elle à son tour. Puis, elle prit la direction de l'escalier en grommelant et attendit son coéquipier :

- Passe devant... Abruti...