[Terminé] Une soirée pour rattraper le temps perdu | Sydonnie

- « Son rang ou sa couche ? » plaisanta-t-elle naturellement « D’ailleurs, c’est étonnant que tes parents ne s’intéressent pas encore à son remariage. Peut-être devrais-tu soumettre l’idée pour avoir un peu la paix ?»

C’était tout ce que Sydonnie avait eu le temps de formuler le plus naturellement du monde, l’unique chose qu’elle avait eu le temps de penser sincèrement avant que tout se bouscule soudainement dans tout son être. La phrase s’était répétée, comme une phrase masculine qu’un homme ivre finit par formuler en espérant pouvoir conclure, approchant sa bouche à l’odeur d’alcool de celle de la femme. Oui, le cliché était presque complet si on faisait abstraction que fasse à la milicienne se trouvait une autre milicienne, tout à fait charmante, tout à fait agréable à l’œil et surtout dont l’odeur et le goût de ses lèvres n’étaient pas inconnus de la responsable de groupe. C’était comme une addiction, ou la dépendance se déclarait dès la première consommation, goûter c’était l’adopter, c’était en désirer plus, en vouloir, en redemander, encore, toujours, plus, plus, plus.

Les visages avaient fini par se rapprocher, les lèvres par s’adopter, s’épouser, se caresser jusqu’à dépasser les limites des barrières qu’elles n’avaient pas encore franchies. Serena c’était rapproché, la coutilière avait fait de même laissant ses doigts masser sa nuque, son autre main apprivoiser son visage, jusqu’à laisser les langues s’offrir une nouvelle danse, timidement, prudemment, puis plus librement sans gêne quelconque, sans l’intimidation des débuts, la crainte de mal faire. C’était comme une évidence, quelque chose de si naturel que même la fin n’avait rien de particulièrement frustrant. Se replaçant convenablement dans le fauteuil, d’Algrange ne quittait pas des yeux sa partenaire, esquissant un large sourire sur ses lèvres. La jeune femme avait fini par lui demander si elle était certaine de sa décision pour le pacte de sang, c’est un nouveau baiser sur la main qu’il lui avait servi de réponse et la femme d’armes ne pouvait que s’en satisfaire.

La conversation avait fini par reprendre simplement alternant entre moments de tendresse et discussion plus sérieuse, il ne semblait pas avoir la moindre ambiguïté entre les deux femmes, hormis ce besoin et cette réponse d’attention toujours plus importante. Le trouble n’existait pas dans l’esprit de la coutilière, qui n’avait de toute façon pas vraiment le temps de réfléchir à ses actes, ou la signification de ceux-ci, seul l’instant présent comptait et était-il particulièrement agréable. Même quand Victor Rougelac fut évoqué plus sérieusement, que les deux doigts avaient soulevé le menton de la noiraude, Sydonnie n’avait pas pu s’empêcher de lui tirer la langue. Prendre des risques n’était pas un problème, seul le but de l’acte avait une importance et celui-là lui semblait complètement justifié.

- « Ne t’inquiète pas, le tout c’est de ne pas se faire attraper et de rester dans la limite de notre fonction, mais ça nous permet quelque petit avantage aussi, on ne va pas se mentir » fit-elle dans un clin d’œil et un large sourire.

Puis ce fut un petit silence, celui qui impliquait la compréhension des paroles et de la demande. Ce n’était pas lourd ni gênant. Celle à chevelure de jais détaillait son interlocutrice avec soin. Sydonnie était heureuse d’avoir retrouvé cette amie, heureuse de pouvoir parler à quelqu’un sans aucune barrière, sans être jugée, c’était une manière de respirer, une manière d’être elle-même. Un refuge. Après une petite fraction de seconde de réflexion, la noiraude avait opiné se relevant légèrement pour lui attraper les mains. Elle l’avait entraîné à l’étage, montant marche par marche les escaliers, sans précipitation. Ce n’était pas une invitation, ce n’était pas non plus une proposition indécente, juste la fin de la soirée sans arrière-pensée. Lentement, elle avait ouvert la porte de sa chambre, la laissant découvrir le lieu qui était particulièrement simple. Au centre de la pièce trônait un lit suffisamment pour deux, à sa droite une grande armoire, à sa gauche contre le mur juste à côté de la porte un bureau avec une peinture la représentant avec Chris. Le sol était recouvert d’un tapis fait main, et c’était tout, simple et efficace.

- « Tu peux dormir ici autant que tu veux tu sais, tu n’as pas besoin de demander… » souffla-t-elle en replaçant à son tour une mèche de cheveux du visage de Serena. « Pour tout avouer, je suis fatiguée et je suis certaine que dormir avec toi ne pourra que me faire du bien. Je ne dors plus très bien dernièrement… Vas y installe toi, si tu as besoin de vêtements de nuit, tu prends, tu es chez toi ici mademoiselle de Rivefière»

La jeune femme c’était légèrement éloignée, le temps pour elle d’éteindre les différentes bougies dans la demeure, l’obscurité était à présent l’unique maîtresse des lieux. Ce qui n’était pas gênant pour la désormais hôtesse de maison. Repassant dans la chambre, elle avait repris la parole d’une voix douce :

- « Je te présenterai Aaron demain, peut-être qu’il acceptera de faire le pacte de sang. Mais comme il n’est pas particulièrement cérémonie, j’ai quelque doute. Sauf si tu as une préférence avec quelqu’un d’autre ? »

Elle avait fini par rejoindre le lit où se trouvait son amie. La milicienne avait retiré ses bottes, son pantalon et le haut de sa tenue, avant de recouvrir sa peau d’un tissu fin qui lui arrivait au-dessus des genoux. Se glissant sous les draps, elle était venue se placer presque contre Serena, passant une main sur son visage pour lui caresser la joue, s’amusant avec quelques une de ses mèches blondes. Ses lèvres avaient fini par venir se coller contre celle de son interlocutrice, un échange plus timide, plus chaste aussi, une simple façon de lui souhaiter une très bonne nuit.

- « Je devrais le retirer… Je n’y arrive pas, pas encore… » murmura-t-elle en guise de réponse.

Sydonnie avait évidemment conscience que tout ceci était stupide, s’amouracher à ce point d’un banni, le désirer aussi fortement, puis finalement ne pas parvenir à faire son deuil. Était-il mort ? Était-il en vie ? Voilà bien deux choses qu’elle ignorait et c’est ce qui devait très certainement rendre l’ensemble encore plus complexe, plus douloureux. Secouant doucement la tête, elle avait fini par rejoindre son amie, non pas sans évoquer une dernière fois ce pacte et ce besoin de trouver un prêtre acceptant de le réaliser. Évidemment Aaron était une option plus qu’envisageable, mais deux choses la gênaient, la première était que le prêtre n’était pas un très grand pratiquant des différentes cérémonies, la seconde était simplement que la proximité qu’il y avait à la fois entre Serena et elle, et lui et sa petite personne la mettaient un peu mal à l’aise. Néanmoins, il n’y avait aucune raison de s’en faire, tout était parfaitement sous contrôle, n’y avait-il aucun mal à se lier de la sorte, Serena était son amie d’enfance, sa meilleure amie, et désormais elle allait devenir bien plus que ça. Il n’y avait pas le même amour que dans un couple, c’était différent peut-être plus fort, plus sincère, peut-être espérait-elle naïvement ne jamais se faire trahir par cette femme qu’elle admirait autant qu’elle appréciait.

- « Ne parle pas de charme, tu ne l’as pas encore vue ahah… Mais tu me donneras ton avis sur la question, je suis curieuse de l’entendre. » elle s’allongea un instant avant d’ajouter « Oui, il y a toujours des prêtres prêts à réaliser d’ancienne cérémonie »

C’est sur cette évidence que Sydonnie avait fini par s’endormir, enlacé avec cette femme, sentant son odeur, sa respiration, sa chaleur. Laissant ses doigts effleurer sa peau en une multitude de caresses d’une douceur infinie, avec ce désir de ne jamais la voir s’éloigner. Pour la première fois depuis longtemps, la milicienne avait fini par s’endormir sans demander son reste, sans que sa nuit de soit trop agitée, sans que le froid de la solitude ne vienne jamais l’enlacer cette nuit-là. Les rêves furent paisibles, agréables et le réveil réalisé par quelques mouvements de cette amie qui ne c’était pas enfui. Serena c’était éveillé la première, ce qui n’était en soit pas très surprenant. Celle à la chevelure de jais avait d’abord grommelé, ronchonnant légèrement avant de tourner un peu la tête et de recevoir un baiser qui lui fit ouvrir les yeux. Aucun regret, aucune hésitation, aucune fuite, d’Algrange avait offert un large sourire à Serena avant de lui murmurer un bonjour tout aussi doux que les enchaînements. Définitivement, ce n’était pas l’alcool ni le vin, ni quoi que ce soit : elle était bien là, elle avait besoin d’elle aussi fortement qu’elle avait eu besoin de Chris dans sa vie.

- « Très bien dormi, non ne t’inquiète pas… Tout est parfait… Prête pour ta journée ? On ne devrait pas trop traîner » un peu hésitante elle ajouta simplement « On se retrouve ce soir au temple, idéalement dans la salle des cérémonies, j’espère…Je m’arrange pour trouver le prêtre. »

Un nouveau baiser sur ses lèvres et il avait fallu se préparer, chacune avait des responsabilités différentes. Pour autant, la journée s’annonçait plutôt bonne puisqu’elle démarrait parfaitement bien. Ne restait-il plus qu’à trouver un moment pour rencontrer Aaron, pour le faire accepter ou pour trouver un autre prêtre, mais le soir même rien ni personne ne pourrait empêcher les deux femmes de s’unir devant les trois, de devenir l’ombre de l’autre et d’avoir enfin une personne fiable sur qui compter sans que plus rien ne puisse briser cette amitié.

Sydonnie d'Algrange a écrit:

Merci pour ce Rp ma jolie