Marbrume


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 Les travailleurs de la mer [Clôturé]

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Louise OchaisonErudite
Louise Ochaison



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MessageSujet: Les travailleurs de la mer [Clôturé]   Les travailleurs de la mer [Clôturé] EmptyVen 18 Jan 2019 - 19:38
Les travailleurs de la mer


Maintenant, l’érudite vivait près du port. La présence de l’eau la réconfortait un peu. Parce que, d’où elle venait, l’eau s’étendait aussi vers l’horizon jusqu’à sous les fenêtres de sa chambre d’enfançonne.

Ses parents avaient fondé leur grande fortune sur la constructions de bâtiments d’une très bonne facture. Agent qui avait servi pour payer sa très vaste érudition. De fait, elle avait grandi au milieu des chantiers navales. Le temps avait laissé une place aux travailleurs de la mer dans son cœur éduqué. Et sentir à nouveau les embruns salés portés par le vent au matin remplissait de douce nostalgie la jeune mère. C’était le parfum d’un autre temps. D’avant la Fange, l’exil et la faim. La suite de l’histoire avait tout de la galère : Marbrume était un enfer à ciel ouvert.

Toutefois, les choses allaient mieux, dernièrement. Il y avait cet adorable voisin qui se dévouait pour garder l’enfant de temps en temps et ce contrat périlleux avec le seigneur de Terresang qui, s’il l’empêchait quelque peu de dormir, avait au moins le mérite de remplir convenablement sa bourse. Elle mangeait à sa fin et pouvait même penser à proposer un peu de ce poisson chétif que l’on pêche en basse mer à son enfant. Voilà une éternité qu’ils ne s’étaient pas offert de digne alimentation et la mère comme l’enfant souffraient de grandes carences.

Tôt le matin, l’érudite se rendit donc sur le port, serrant son pécule dans entres ses doigts malingres. Elle traina un peu entre les étales plein de la maigre pêche, toute écailles argentées vêtue, l’œil blanc et mort. Les échoppes se détachaient à peine dans la brume. Et derrière eux, il y avait les navires qui attendaient de prendre la mer. Des bâtiments qui craquaient sur la houle comme des vieux greniers exposés à tous vents.

Parmi ces géants ancrés, une silhouette retint son attention alors que ses yeux ripaient sur la marchandise à chaque fois qu’on lui annonçait son prix. L’allure d’un des navire lui rappelait bien des choses. C’était le même que ce bateau sur lesquels ses parents étaient montés, il y a des années. Un bateau qui ne les avait jamais ramené sur la terre ferme. Une décennie s’était écoulée et avait emporté le nom de ses parents dans les abysses. Ne restait d’eux que les profils fières des nefs qu’ils avaient faites. Des bâtiments assignés au port. Mieux vaut flotter sans grâce que couler en beauté, comme les marins disent.

L’érudite s’avança sur le ponton au milieu de la brume. Elle avait besoin de toucher comme pour se connecter à ce passé glorieux. Après tout son périple, elle arrivait à s’en souvenir : elle était une Ochaison et les Ochaison avaient autrefois construits une des plus belles flotte du monde.

Elle resta là, sous l’œil de se bateau dont elle connaissait les moindres secret de fabrication, perdue dans ses pensées et ses souvenirs. Par-dessus tout, elle ignorait si cela la rendait fière ou si cela creusait un peu plus le trou sans fond de sa tristesse. Tout ce que la Fange lui avait arraché tombait inexorablement au fond d’un gouffre.

Bientôt, elle sentit une présence dans son dos. Elle enleva sa main de la coque du navire et fit un pas en arrière presque désolée.

Celui qui la fixait était un homme fort grand et presque gras ; ce qui était fort remarquable en cette période de disette. Du chapeau étrange posé sur le coin d’une tête goguenarde s’échappaient quelques touffes de cheveux blancs et indisciplinés.

L’homme la jaugeait de haut en bas comme s’il craignait que l’inconnue ne soit en train de jeter un sortilège sur son rafiot. Alors, prestement, l’érudite s’excusa :

Je vous présente mes excuses monsieur. Tenez, est-ce que je peux vous demander : savez vous de quand date ce bâtiment ? tenta-t-elle pour faire diversion.

A vue de nez, elle aurait dit quelque chose comme dix ou douze ans. Guère plus.




Dernière édition par Louise Ochaison le Mar 29 Jan 2019 - 15:20, édité 2 fois
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Archibald LebœufCapitaine
Archibald Lebœuf



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MessageSujet: Re: Les travailleurs de la mer [Clôturé]   Les travailleurs de la mer [Clôturé] EmptySam 19 Jan 2019 - 2:12
C’était une journée comme les autres, le Capitaine était dans son lit, protégé du froid dans sa cabine. Il avait sur lui une ample couverture, déchirée au point Sud et un oreiller moelleux, quelque peu glacial sur le coin Est. Il se mit sur le dos, et vint croiser ses bras en regardant le plafond, il y avait un trou. Il souffla longuement avant de regarder à travers la petite fenêtre, sale, qui offrait une vue aveugle sur la mer. Le jour était loin de se lever. Il souffla à nouveau et se leva péniblement, venant lisser sa grosse moustache manuellement. Il enfila mécaniquement sa tenue froide de capitaine, mit son chapeau amusant mais élégant, prit sa lanterne dont la hanse est fissurée, qu’il alluma à partir d’une bougie agonisante, souffla et alla à l’extérieur. Il faisait noir sur le pont. Il rebroussa chemin et posa la lanterne sur son bureau, allant quérir son peigne, caché dans la cabine. Après une longue recherche, le jour n’était pas encore là, mais le peigne avait été trouvé, il était entre deux coupes démodées, des bibelots et quelques bouquins poussiéreux, oubliés de tous. Il se peigna la moustache, puis satisfait, lança le peigne dans la cabine, hochant pour lui même avant de reprendre sa lanterne. Il était trop tôt pour le Capitaine d’aller réveiller son Second pour qu’il réveille l’équipage et qu’il puisse prendre le petit-déjeuner. Il faisait noir dans le port, un temps à ne pas sortir. Le Capitaine fit cent, voire deux-cents pas sur le pont avant d’entendre le début du marché. Il avait vendu sa pêche la veille.
Timidement, le soleil commençait à se montrer, faisant éclore une brume matinale fraîche.
Il hocha pour lui même, souffla dans sa lanterne qu’il déposa sur une caisse proche de lui avant de se mettre droit, mains jointes au dos devant le quai. Il appréciait se mettre dans cette position, se sentant vraisemblablement comme le Capitaine, le Seul Maître à bord.

Les personnes aléatoires et marchands endormis commençaient à arriver, et une agréable humeur semblait s’en dégager malgré ses temps difficiles. Dès qu’il jugea qu’il y avait assez de personnes, il souleva la planche et la descendit, laissant son équipage dormir encore, ne souhaitant pas risquer de faire naufrage à cause d’un épuisement général.

Il se glissa dans la foule du marché naissante et alla quérir un pain et un bon fruit, coûteux mais bon. Il dégusta lentement ses bons mets avant de retourner sur son navire, il s’arrêta silencieusement devant le quai, pivotant et avisant chaques navires de la Compagnie. Une belle compagnie, pas très grande, mais d’excellence.
Il songea longuement, dos à son ponton, dissimulé dans la brume, à son glorieux passé et à son naufrage, une dure époque, mais révolue. Mieux vaut naviguer avec élégance que couler en beauté, comme les capitaines de la Compagnie disent.

La brume n’était pas encore partie, il avait encore du temps avant de partir en mer, le temps semblait plat cependant. Il hocha longuement avant de retourner sur son bâtiment, jugeant que son équipage devant enfin se réveiller. Il se frotta la moustache, la peigna manuellement avant de joindre ses mains derrière son dos, prêt à réveiller les crustacés et autres espèces endormies.

Quelques pas passèrent avant que la brume, mourante, laisse apercevoir une femme, main sur son bâtiment. Surpris et agacé de cette étrangère touchant un bâtiment de prestige, tout en gardant son calme, le Capitaine s’avança jusqu’à elle, ne disant mot, laissant simplement sentir sa présence. Surprise ou inquiétée, la jeune femme, la présence ressentie se détacha du bâtiment, se retrouvant désormais face au Capitaine. Il ne manqua pas de juger cette dernière de haut en bas, la fixant fermement autant qu’un marin doit fixer la mer et ses horizons.

C’était un affront de toucher l’insubmersible navire du Capitaine. Il haussa légèrement un sourcil entendant la femme essayer de se défaire de piège à crabe dont elle venait de s'engouffrer.

- "Je vous présente mes excuses monsieur. Tenez, est-ce que je peux vous demander : savez vous de quand date ce bâtiment ?"

Il attendit que la femme termine son interrogatoire avant de prendre une grande inspiration, froid, restant muet, puis il délia ses mains et en apporta une à sa bouche, levant ainsi sa voix, tout en ignorant le présent de la femme :

- “Second Hermet !”

Simplement. Après une dizaine de minutes d’attentes, longues ou courtes, un homme se présenta sur le pont, avisant les alentours avant de descendre rapidement la planche. Il prit place à côté de son capitaine avant de dévisager la femme à son tour, se tenant prêt à recevoir les ordres.

- “Nous avons une visite improvisée.”

Le Second, moustachu lui aussi et également bien vêtu avisa la femme avant de regarder à nouveau son capitaine.

- “Quel est mon titre Second Hermet ?”
- “Capitaine, Capitaine.”
- “Bien, une chose après l’autre.”


Le Capitaine avisa rapidement la femme avant de lui répondre calmement :

- “Ce bâtiment est à flot depuis 12 années mais n’est réellement utilisé que depuis 7 années, à qui ai-je l’honneur pour vous surprendre en train de faire, je ne sais quelle bizarrerie à mon bâtiment ? J’espère que vous avez une solide réponse.”
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Louise OchaisonErudite
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MessageSujet: Re: Les travailleurs de la mer [Clôturé]   Les travailleurs de la mer [Clôturé] EmptySam 19 Jan 2019 - 16:21
Inutile d’être une grande savante pour remarquer que l’inconnu ne l’avait certainement pas à la bonne. La moustache peignée posée aux dessus de ses lèvres bouffies ne servait qu’à souligner son absence de bonhommie.

Il ne répondit pas à la question de la question et appela :

Second Hermet !

Le bout de femme tressaillit face à la grosse voix. Elle ne s’attendait pas à ce qu’il rameute les sous-fifres. Ils attendirent un homme qui ne tarda pas à pointer le bout de son nez. Il descendit la planche pour les rejoindre et, l’érudite, gênée, s’apprêtait à s’excuser pour le dérangement et qu’il était inutile de se faire quérir pour pareille subtilité. Mais le vieux monsieur tonna :

Nous avons une visite improvisée.

La concernée ouvrit la bouche à moitié pour s’excuser, à moitié pour s’expliquer. Mais les idées se bousculèrent et, finalement, rien ne sortit.

Quel est mon titre Second Hermet ?
Capitaine, Capitaine.
Bien, une chose après l’autre.

L’érudite écarquilla les yeux. N’était-ce pas un tantinet exagéré d’appelé de la sorte uniquement pour se faire présenter ? Les plus excentriques des nobliaux ont recours à cette feinte, l’érudite le savait ; elle ne songeait pas cependant que les travailleurs de la mer aimé se flatter de la sorte.

Celui qui était donc le capitaine s’avança vers elle et, instinctivement, elle fit un minuscule pas en arrière, pour se mettre sur le bout du ponton. Un peu plus et elle irait à l’eau. Et il lui donna enfin une réponse :

Ce bâtiment est à flot depuis douze années mais n’est réellement utilisé que depuis sept années. A qui ai-je l’honneur pour vous surprendre en train de faire, je ne sais quelle bizarrerie à mon bâtiment ? J’espère que vous avez une solide réponse.

La jeune femme déglutit, pas si impressionnée que ça. Que pouvait-il bien lui faire ? Elle n’avait pas commis d’impair ni dégradé la coques allons bon !

Je ne lui aurais pas donné plus, dit-t-elle en parlant du nombre d’année du bateau comme on parle de l’âge d’un enfant ou d’une femme.

Se ressaisissant, elle tendit la main au capitaine en même temps qu’elle se présentait :

Mon nom c’est Louise. Louise Ochaison. De la maison où ce bateau a été assemblé.

Ochaison. Personne ou presque ne connaissait son nom de famille à Marbrume. Et les quelques rares qui l’avait entendu ne savait pas le raccrocher à ce savoir-faire maritime. L’héritière de l’empire n’avait pas la tête de l’emploi et ce n’était rien de le dire.

Ne voyez pas d’offense dans mon comportement : il y a simplement des choses de mon pays qui me manquent.

Des mots vrais, livrés avec pudeur.

Elle ne s’offusquerait pas si le capitaine refusait l’échange de politesse. Après tout, ils étaient nombreux les gens de la mer qui refusaient catégoriquement les échanges avec la gente féminine.

Au pire, elle retournerait vaquer à ses occupations. Cela lui avait simplement plaisir de croiser cette silhouette du passée dans les mains de ce drôle de capitaine.
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Archibald LebœufCapitaine
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MessageSujet: Re: Les travailleurs de la mer [Clôturé]   Les travailleurs de la mer [Clôturé] EmptySam 19 Jan 2019 - 18:00
- “Ce bâtiment est à flot depuis 12 années mais n’est réellement utilisé que depuis 7 années, à qui ai-je l’honneur pour vous surprendre en train de faire, je ne sais quelle bizarrerie à mon bâtiment ? J’espère que vous avez une solide réponse.”

Le Capitaine souffla du nez avant de venir mettre ses mains dans son dos, attendant la plaidoirie de la femme. Son Second fit de même, quoiqu’un petit peu plus tôt, il était discipliné et surtout respectueux. Il glissa un léger regard, visiblement amusé par le courage exceptionnel de la femme. Elle recula d’un pas, puis prit enfin la parole à la plus grande surprise du Capitaine, tel un crabe sauvé par ses pinces, la femme venait de défaire la surprise, la peur dont elle avait été en mêlée.

- "Je ne lui aurais pas donné plus."


Telle une pièce dévoilant ainsi un trésor enfoui, maudit, cette femme venait de défaire toutes les accusations que le Capitaine avait fondé. Surpris, il eut un sourire légèrement en coin, puis ouvrit grandement ses deux yeux, étonné de la réaction atypique de la femme. Elle lui présenta sa main, ajoutant avec l’assurance inutilisée :

- "Mon nom c’est Louise. Louise Ochaison. De la maison où ce bateau a été assemblé."


Instinctivement, le Capitaine pivota légèrement vers son Second, qui fut tout autant surpris. Ce nom paraissait familier, déjà entendu et ceci depuis longtemps mais dont le souvenir sombra avec les âges. Il en revint à la femme et à sa main tendue, hochant simplement du chef avant de venir serrer la main à la femme. Inexplicable. Il en revint à son Second, se détachant un court instant, avant de reporter son attention à cette femme, connaissant extraordinairement le monde navale.

- "Ne voyez pas d’offense dans mon comportement : il y a simplement des choses de mon pays qui me manquent."


Le Capitaine lâcha enfin la main de la femme, la poignée de mains fut suffisante pour lui. Il en revint encore à son Second auquel il répéta, plus calmement :

- “Nous avons une visite improvisée.”

Etrangement, le Capitaine eut un sourire naturel, venant joindre ses mains devant lui, puis désigna le pont du menton. Son Second hocha et partit sur le navire à nouveau, laissant derrière lui, après quelques instants de silence aussi plat qu’un lac.
Le Capitaine Archibald en revint à la femme devant lui, déliant ses mains, désignant la planche avec sa main droite, abîmée et entaillée, le ton bienveillant :

- “Me feriez-vous l’honneur de vous joindre à moi autour d’un verre dans ma cabine afin de pouvoir m’excuser de ce mauvais malentendu, je pourrai également vous montrer les quelques registres que je possède concernant mon navire ou ceux de la Compagnie. Vous semblez être très intéressée, Louise Ochaison.”
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Louise OchaisonErudite
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MessageSujet: Re: Les travailleurs de la mer [Clôturé]   Les travailleurs de la mer [Clôturé] EmptyDim 20 Jan 2019 - 15:28
Il y eut un silence gêné pour les deux partis. C’était comme retrouvé un ami d’enfance dont le visage ne nous revenait décidemment pas.

Nous avons une visite improvisée, répéta le capitaine.

Et cela renforça l’avis de l’érudite qui le prenait déjà pour un excentrique.

Les hommes lui désignèrent le bateau et la planche d’accès. Un instant, la jeune mère regarda ce bout de bois écartelé entre la pierre baveuse de brume du ponton et cette immensité de bois flottant. C’était un effort étrange pour elle de revenir en mer. Elle paraissait bien songeuse quand le capitaine lui offrit son hospitalité :

Me feriez-vous l’honneur de vous joindre à moi autour d’un verre dans ma cabine afin de pouvoir m’excuser de ce mauvais malentendu ? demanda-t-il avec une bienveillance qu’elle n’avait pas soupçonnée sous ses airs bougons. Je pourrai également vous montrer les quelques registres que je possède concernant mon navire ou ceux de la Compagnie. Vous semblez être très intéressée, Louise Ochaison.

Ce nom… C’était étrange de l’entendre dans la bouche d’un inconnu. A Marbrume, ce nom ne valait rien. Pour la plupart des gens, elle était la réfugiée ou, mieux, l’érudite, la préceptrice, l’écrivain, parfois Louise mais jamais la Ochaison.

Un doux sourire barra son visage bourré d’angles et aida à faire oublier qu’elle était maigre à faire peur. Elle accepta l’invitation en hochant lentement de la tête avant de préciser :

Voilà qui est adorable, capitaine. Je ne pourrai simplement pas rester longtemps.

Pas question de faire un tour, tant bien même ce fut envisageable : il y avait l’enfant qui l’attendait et elle ne pouvait point s’absenter de trop.

Accompagnée par les deux hommes, elle grimpa sur le rafiot ronflant. Les hommes se levaient à peine et avaient la tête de ceux dont la nuit avait été courte. Elle s’appuya sur le garde fous, jetant successivement un œil sur le port, le pont et puis l’horizon.

Le capitaine n’eut pas à lui indiquer le chemin : elle savait où se trouvait la cabine. Sous la dunette, en dessous du gouvernail, il y avait cette pièce enfoncée à mi-hauteur dans la calle.

Elle ignorait toutefois ce qu’elle aurait bien pu trouver dans cette cabine. Dans les registres qu’on lui montrerait, elle ne cherchait rien d’autre qu’une nostalgie d’une grandeur perdue. Les bateaux avaient été une affaire d’hommes dans sa famille éteinte. Elle n’était pas certaine d’avoir les épaules pour parler dignement des choses de la navigation.

Pourtant, elle en connaissait des choses. Plus que la moyenne. Elle avait été tellement imprégné par la complexité de leur conception qu’ils verraient vite qu’elle ne parlait pas dans le vent.
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Archibald LebœufCapitaine
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MessageSujet: Re: Les travailleurs de la mer [Clôturé]   Les travailleurs de la mer [Clôturé] EmptyDim 20 Jan 2019 - 18:59
- “Voilà qui est adorable, capitaine. Je ne pourrai simplement pas rester longtemps.”

Le Second Hermet “Poigne du Capitaine” prit donc une avance, allant donc à la cabine du Capitaine, patientant devant la porte, il salua au passage le Maître d’équipage Henri “Le Crabier” qui venait de se lever, prêt mais endormi. Il fixa longuement son Second avant de détourner le regard vers la planche où il avisa d’un seul oeil étonné la femme, l’autre à moitié fermé. Le Maître d’équipage était un homme barbu, balafré légèrement mais bien en forme. Il se dressa aussitôt à la vue du Capitaine qui fermait la marche. Aucuns d’eux ne dirent mots, puis la femme, étrangement se dirigea vers la cabine après un petit détour, ce qui étonna le Capitaine une fois de plus. Le Second ouvrit la porte à la femme afin qu’elle puisse entrer.

Le Capitaine salua brièvement son Maître d’équipage avant d’ajouter simplement, continuant son chemin vers sa cabine :

- “Maître d’équipage Henri, nous avons de la visite, laissez dormir les mousses encore un peu mais préparez les quarts, nous n’en aurons pas pour long.”

- “Bien Capitaine.”

Le Maître d’équipage fit demi-tour, retournant dans la cale, baillant un coup, bruyamment.

La femme entra enfin dans la cabine, le Capitaine Archibald également, puis enfin le Second vint fermer la porte, gardant la pièce dans une chaleur relative, dû à la vieillesse du petit brasero. Le Capitaine sourit pour lui même avant de se diriger vers une petite bibliothèque, poussiéreuse, le refuge d’araignées millénaires. Il se courba légèrement, fouillant entre les livres rapidement. Son Second désigna avec sa main une chaise, amicalement, qui se trouvait devant un beau bureau mal-rangé, celle-ci avait l’air confortable et neuve, quoiqu’un peu rayée sur l’un des pieds.

La Cabine était une vraie chambre bourgeoise, on n’y trouvait toutes sortes de bizarreries, de bibelots élégants, étranges, argentés, des cartes pliées, des dessins déchirées, tout le nécessaire pour se sentir bien malgré ses temps difficiles

Il y avait une belle commode à côté du bureau, servant d’étagère à une belle collection de bouteilles dont certaines étaient vides.

- “ Nous n’en aurons pas pour long Charpentière Louise Ochaison. Pour être une charpentière navale, vous devez en avoir du travail, surtout en ces temps difficiles et obscurs. Une demoiselle qui s’y connaît autant en navires est une perle perdue au milieu d’algues. Souhaitez-vous au passage un verre d’un bon vin rouge vieux ? Quelle chance ! Incroyable ! Fabuleux ! Je cherchais justement quelqu’un pour aider mon charpentier !”

Son Second prit la parole, non surpris par la personne désignée.

- “Le Charpentier André, Capitaine ?”

- “Tout à fait Second Hermet, le Charpentier André. Il nous faut quelqu’un de compétent.”

Le bureau était recouvert de cartes dessinées, inachevées. Au fond de la cabine, contre des fenêtres abîmées se trouvait un lit, visiblement confortable et bien douillet, et au dessus de celui-ci, une lanterne éteinte. Sur l’un des pans abîmés de la cabine, une peinture de deux capitaines, les deux hommes possédaient une forte ressemblance. Les deux hommes étaient en tenue de capitaine, l’un était plus vieux et l’autre semblait sensiblement être le Capitaine.

Le Capitaine attrapa une petite pile de papiers abîmés, les feuilletant rapidement avant d’en sortir un dévoilant le plan du navire, il passa son gros doigt au dessus, s’arrêtant sur le mot Ochaison, à peine visible en bas de page.

- “Et voici le plan, Charpentière Louise Ochaison !”
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MessageSujet: Re: Les travailleurs de la mer [Clôturé]   Les travailleurs de la mer [Clôturé] EmptyLun 21 Jan 2019 - 18:28
Le capitaine la rejoint et, avant d’ouvrir la porte qui menait vers la cabine du capitaine, il adressa un mot à un homme dont de grandes balafres divisaient le visage broussailleux.

Maître d’équipage Henri, nous avons de la visite. Laissez dormir les mousses encore un peu mais préparez les quarts, nous n’en aurons pas pour long.
Bien, Capitaine, répondit l’autre dans un bâillement des plus vulgaire.

Et le capitaine, le second et l’érudite entrèrent dans la cabine. Le matin était gris et peu de lumière entrait par les vitraux. Un petit âtre étanchement fermé trainait dans un coin de la pièce et faisait son office. Les joues de craie de la jeune femme se colorèrent un peu parce qu’il faisait fort doux dans cette charmante alcôve.

Sur un pan de mur, une bibliothèque personnelle croulait sous le poids de quelques registres épais comme des briques. Un brin admirative, la jeune mère tomba sur le fauteuil d’une belle marqueterie qu’on lui présentait. Elle se sentait à son aise dans cette pièce parce que, même si elle avait certainement été décorée par son occupant, tous les codes de son milieu se mélangeaient. La sobriété élégante des tapisseries, les petits objets d’une facture exceptionnelle et cette omniprésence de papier, preuve d’une administration renseignée, c’était tout ce qu’elle essayait de ne pas oublier de ses jeunes années. Celles d’avant le fléau, la faim et la peur. Tout ce qu’elle ne pouvait pas promettre à l’enfant, aussi.

Nous n’en aurons pas pour long Charpentière Louise Ochaison.

Hein ? Que ? Quoi ?

Heureusement qu’on ne lui avait pas encore offert un verre d'une de toutes ces bouteilles bazardées dans le fond de la pièces : elle se serait étouffée avec.

Charpentière ? Pourquoi il l’avait appelée « Charpentière » ? Elle n’avait aucune intention d’exercer cette profession dont elle connaissait fort les affres et les mérites.

Pour être une charpentière navale, vous devez en avoir du travail, surtout en ces temps difficiles et obscurs. Une demoiselle qui s’y connaît autant en navires est une perle perdue au milieu d’algues. Souhaitez-vous au passage un verre d’un bon vin rouge vieux ? Quelle chance ! Incroyable ! Fabuleux ! Je cherchais justement quelqu’un pour aider mon charpentier !
Je… essaya d’objecter une première fois la jeune femme mais le second la coupa.
Le Charpentier André, Capitaine ?
Tout à fait Second Hermet, le Charpentier André. Il nous faut quelqu’un de compétent.
Eh bah justement… retenta l’érudite qui ne put pas aller au bout à nouveau.

Elle n’était précisément pas quelqu’un de bien compétent.

Sur le bureau ensevelit sous une pile de parchemins, le capitaine alla quérir un parchemins aux dimensions sans équivoques : il s’agissait d’un plan du bâtiment naval.

L’érudite remarqua à peine le tableau des deux capitaines, plongeant le nez dans les dessins d’architecture alors que ses yeux fuyaient, montrant le blanc de l’œil. Une peur qui s’effaça lorsque le doigt bourrelé du capitaine s’arrêta sur quelques lettres qu’elle n’avait pas vues écrites depuis une petite éternité.

Ochaison. Dans chaque lettre, elle se reconnaissait un peu. Et un flot d’émotions vinrent empourprer son minois terrassé de mélancolie.

Et voici le plan, Charpentière Louise Ochaison ! lâcha fièrement le maitre de ce navire.

Un plan que son père avait dû dessiner. Avec son frère, sûrement. Elle toucha le papier, perdue dans ses pensées, comme s’il s’agissait d’une relique. Comme si cela avait été un morceau d’eux flottant aux milieux d’eaux troubles.

Si elle avait été seule, l’idée de sentir le papier pour retrouver leur odeur l’aurait peut-être traversée. Mais l’ancienne bourgeoise était une femme de raison : elle savait que les parfums se perdent avec les années. Quand on lui avait enlevé le père de l’enfant, il avait suffi de quelques jours pour que ses vêtements ne portent plus sa présence et qu’elle rende compte qu’ils empeste de sa propre fragrance.

La jeune femme se croyait capable d’affronter son passé sans chanceler. Mais son menton tomba contre sa poitrine. Pendant une poignée de secondes, elle cacha aux hommes de la mer la petite tempête de sentiments qui entachait sa dernière once de jugeote.

Elle poussa un long soupire, se rendant compte que tout ce qu’elle avait sous les yeux lui apparaissait comme enfantin. Silencieuse, elle prit le temps d’observer, de feuilleter patiemment les plans, observant minutieusement toutes les coupes et les détails.

Enfin, elle murmura d’une voix tendre, une fois qu'elle ait pris connaissance de la totalité des documents :

En quoi puis-je vous être utile, capitaine ?

Pour son manque d’expérience, elle dirait après. Parce que l’érudite n’était pas sotte : le moindre bibelot de cette cabine lui permettrait de nourrir l’enfant pour quelques semaine. S’il était prêt à lui offrir mission à la hauteur de ses possibles, il aurait été fou de cracher dessus.
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Archibald LebœufCapitaine
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MessageSujet: Re: Les travailleurs de la mer [Clôturé]   Les travailleurs de la mer [Clôturé] EmptyLun 21 Jan 2019 - 22:18
- “En quoi puis-je vous être utile, capitaine ?”

Le Capitaine ouvrit grandement les bras, s’exclamant en même temps, emporté par une grande joie, rare et précieuse :

- “Charpentière Louise Ochaison, bienvenue dans la Compagnie de pêche des Capitaines ! Second Hermet, offrez donc un rapide verre de vin, et un bon !”

La joie d’avoir enfin trouvé un joyau marin ne laissa pas de place à l’attente et à la patiente.

Il hocha à nouveau avant de venir prendre place sur son siège rembourré dont un pied avait été réparé. Le siège était bancal. Il posa ses deux grosses mains, abîmées par l’effort interminable, sur le bureau enseveli.
Le Second Hermet, la “Poigne du Capitaine” se dirigea vers la commode où se trouvait les élixirs précieux et nobles, il sélectionna une bouteille, qu’il vint poser sur le bureau, puis y retourna afin de récupérer dans la commode, deux petites coupes argentées, paraissant neuves. Il les amena et retira avec délicatesse le bouchon de la bouteille, venant verser le liquide sanguinaire dans ces deux coupes modestement bourgeoises.

Ces deux coupes n’étaient pas bien grandes et ne valaient que peu face aux grands verres décorées que des nobles peuvent s’offrir pour impressionner ses convives lors de grands salons, elles étaient le fruit d’un petit plaisir bourgeois afin de bien paraître et bien recevoir. La réception est une nécessité dans le monde bourgeois.

Après avoir terminé, le Second, hocha simplement pour la femme et rangea la bouteille. Cela fait, il prit à nouveau place derrière le Capitaine, écoutant respectueusement l’échange. Le Capitaine Archibald, après avoir lancé brièvement un regard derrière lui, souriant, s’exclama :

- “Charpentière Louise Ochaison, nous avions justement besoin d’une charpentière de renommée. Vos travaux et votre atelier nous serons d’une aide considérable. Le charpentier André fait du travail certes bon, mais n’est pas des plus compétents, mais vous, vous, vous ne nous décevrez pas. Votre rôle est assez simple. Réparez mes navires et concevez moi un plan d’un nouveau navire, plus grand et plus costaud, un navire de prestige comme ceux passés, il nous faut impressionner et éviter les nouveaux rats et écumeurs des mers. Si votre famille a conçu “La Belle Regina”, alors, vous pourrez faire bien plus. En échange, bien entendu, je vous apporterai une aide matérielle et au besoin financière. Votre atelier doit bien avoir du mal à trouver assez de matériel avec ces temps difficiles et noirs, j’en suis bien conscient.”

Il hocha pour lui même avant d’attraper sa coupe, dégustant une maigre gorgée afin d’apprécier le vin vieilli. Son Second prit alors la parole, s’avançant amicalement vers la femme :

- “Selon vos critères et vos besoins, la Compagnie pourra vous aider et je veillerai personnellement à ce que chaques tâches soient effectuées avec précision. L’excellence est un mot d’ordre.”

Il reprit sa place, avisant alors le Capitaine Archibald, celui-ci prit alors la parole, posant délicatement la petite coupe.

- “Pensez-vous être à la hauteur de votre nom Charpentière Louise Ochaison ?”
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Louise OchaisonErudite
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MessageSujet: Re: Les travailleurs de la mer [Clôturé]   Les travailleurs de la mer [Clôturé] EmptyMar 22 Jan 2019 - 18:05
Il y avait beaucoup trop d’euphorie dans le comportement du capitaine pour que l’érudite n’y trouvât guère un peu trop d’empressement. Il parlait déjà d’incorporation dans son équipage, la Compagnie de pêche des Capitaine, de grand chemin, de destinée, de prestige et presque d’éternité. La modération ne semblait pas être le maître mot à bord.

Là encore, elle voulut objecter plusieurs fois mais se contenta de saisir le petit gobelet argenté aux reflets de vermeil, d’une élégance fine, élégante, qu’on lui présentait. Elle but sagement, en pinçant les lèvre pour juger l’arôme du vin.

Charpentière Louise Ochaison, jeta le capitaine et elle détesta dès lors être appelée de la sorte. Nous avions justement besoin d’une charpentière de renommée. Vos travaux et votre atelier nous seront d’une aide considérable.

Premier point à reprendre : elle n’avait point de renommée, point de travaux et pas non plus d’atelier.

Le charpentier André fait du travail certes bon, mais n’est pas des plus compétents, mais vous, vous, vous ne nous décevrez pas.

Voilà qui n’était pas dit. Elle avait l’impression d’usurper son statut en endossant les compétences des hommes qui avaient érigé l’empire commercial de la famille à la sueur de leur front.

Certes, la maigrelette immigrée n’avait rien d’une sotte, elle saurait retrouver dans le font de se mémoire tout ce savoir-faire qu’elle avait appris auprès de ces travailleurs de la mer ; ces hommes et ses femmes qui avaient dédiés leur vie à la connaissance des savoir faires maritimes. Pourtant, rien ne légitimait ce poste qu’on lui offrait.

Votre rôle est assez simple. Réparez mes navires et concevez-moi un plan d’un nouveau navire, plus grand et plus costaud, un navire de prestige comme ceux passés, il nous faut impressionner et éviter les nouveaux rats et écumeurs des mers. Si votre famille a conçu “La Belle Regina”, alors, vous pourrez faire bien plus.

Là était l’erreur du capitaine : elle n’était pas sa famille et rien n'était simple. Celle qui se tenait devant eux était ce qu’il en restait de ce blason oublié, dans tout ce que cela a de bien lacuneux. Tout ce qu’elle était, c’était un fragment de sa grandeur passé. Avec la peau sur les os et le ventre vite.

Le vieil homme s’interrompit, le temps de tremper ses lèvres dans le breuvage avec une satisfaction non feinte. Il fit un pas vers l’érudite, pour lui assurer à demi-mot qu’il subviendrait à tous ces besoins :

En échange, bien entendu, je vous apporterai une aide matérielle et au besoin financière. Votre atelier doit bien avoir du mal à trouver assez de matériel avec ces temps difficiles et noirs, j’en suis bien conscient.

Un demi-sourire s’étira sur le visage bien pensif de l’érudite. Elle essayait de mesurer déjà l’ampleur de ce qu’un accord avec la Compagnie soulèverait. Pour le moment, elle ne savait pas encore si elle se sentait l’énergie pour remuer de pareilles montagnes.

Selon vos critères et vos besoins, la Compagnie pourra vous aider et je veillerai personnellement à ce que chaque tâches soient effectuées avec précision. L’excellence est un mot d’ordre, précisa le Second comme si cela avait été nécessaire d’explicité le degré d’exigence de la sorte.
Pensez-vous être à la hauteur de votre nom Charpentière Louise Ochaison ? lâcha alors le capitaine en ne la lâchant pas de ses yeux noirs.

Non. La seule réponse qui venait à la jeune mère, c’était non. La même réponse qu’elle avait prononcé devant l’autel lorsque son frère avait voulu la marier à un parti pour lequel elle n’avait aucune affection, il y a longtemps.

Il fallait donner une approbation claire et officielle, une de celle qui signe les accords et les contrat d’un filet de voix. Alors elle rebut une gorgée de vin pour se donner le temps de trouver des mots mesurés et madrés :

Coupons la poire en deux, mon capitaine, lâcha-t-elle soudain.

Une idée venait de percer ses méninges épuisés et elle ne tarda pas à parlait vrai avec les marins. Parce que c’était la seule langue qui valait d’être tenue en leur présence. De tous les dialectes que la traductrice savait tenir, seuls ces mots là l’intéressaient :

Je n’ai pas d’atelier pas plus que je ne me sens capable, au vu de ma condition physique, de prendre part aux réparations de votre flotte. Regardez-moi : je ne suis pas une charpentière. Rien qu’une gratte papier, si fait.

Elle décroisa ses jambes fines comme les racines d’un bouleau malade, posa son gobelet, se leva et s’approcha du bureau du capitaine en tenant toujours les plans entre ses mains.

Tout ce que j’ai à vous proposer, reprit-elle avec le calme qui était le sien, insubmersible, c’est un partage de connaissance avec votre maître charpentier en chef. Les problèmes qui sont les vôtres et celle de ces grandes et affectueuses coquilles flottantes, je les connais bien. Nous avions nos méthode pour réparer et entretenir nos navires et autant vous donner ces conseils plutôt que les laisser mourir avec moi.

Tenir palabre de la tombe de la sorte n’était pas anodin pour la descendante de cette maison de bâtisseur de navire : elle livrait là toute la rareté de sa personne. C’était une offre à prendre ou à laisser parce que personne ne leur proposerait d’équivalent équitable.

Et si vous avez des ressources à me fournir pour une nouvelle maquette, je peux tenter – et je dis bien tenter, dans le sens essayer, sans la moindre certitude de résultats – de vous fournir de nouveau plan si vous souhaitez renforcer, modifier, flatter la silhouette de votre navire. Le reste sera une affaire d’hommes.

A bien la regarder, il saisirait qu’il ne se dégageait pas de cette jeune fille la force nécessaire à l’emploi qu’on lui soumettait. Toutefois, se rendrait-il peut-être compte qu’elle avait une tête bien faite et que, si la carrure et les bras lui manquaient, elle saurait penser avec une exigence qui dépasserait ses espérances.
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Archibald LebœufCapitaine
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MessageSujet: Re: Les travailleurs de la mer [Clôturé]   Les travailleurs de la mer [Clôturé] EmptyMer 23 Jan 2019 - 1:01
Le vin semblait être à la hauteur, ce fut un élément moteur de la réflexion du Capitaine vis-à-vis de son échange intéressant. Il avisa la femme, un moment avant d’être étonnamment surpris par la prise de parole soudaine.
Le Second, Hermet “Poigne du Capitaine” arqua les sourcils, soufflant du nez légèrement, presque réveillé par l’élan extraordinaire de la femme.

Le Capitaine Archibald se pencha légèrement, écoutant avec une attention amirale la femme.

- “Coupons la poire en deux, mon capitaine. Je n’ai pas d’atelier pas plus que je ne me sens capable, au vu de ma condition physique, de prendre part aux réparations de votre flotte. Regardez-moi : je ne suis pas une charpentière. Rien qu’une gratte papier, si fait.”


Il vint s’adosser à son siège, abasourdi par la réponse de la femme, son Second partagea le même sentiment, étrange, penchant légèrement l’oreille afin de vérifier si son audition n’était pas à la dérive. Il en fallait du courage pour oser dire de tels propos face à autant de possibilités, toutes menants à un avenir plus sûr et mieux orienté, normalement.

Il suivit la direction du gobelet puis détailla la femme se lever et s’approcher. Il avisa de haut en bas cette dernière, courageuse, souriant en coin, puis vint se lever, se mettant au même niveau de celle-ci, l’écoutant toujours, calme et muet.

- “Tout ce que j’ai à vous proposer, c’est un partage de connaissance avec votre maître charpentier en chef. Les problèmes qui sont les vôtres et celle de ces grandes et affectueuses coquilles flottantes, je les connais bien. Nous avions nos méthode pour réparer et entretenir nos navires et autant vous donner ces conseils plutôt que les laisser mourir avec moi. Et si vous avez des ressources à me fournir pour une nouvelle maquette, je peux tenter – et je dis bien tenter, dans le sens essayer, sans la moindre certitude de résultats – de vous fournir de nouveau plan si vous souhaitez renforcer, modifier, flatter la silhouette de votre navire. Le reste sera une affaire d’hommes.”

Le Capitaine Archibald hocha simplement avant d’ajouter, légèrement amusé :

- “Rien qu’une gratte-papier ?”

Il eut un simple rire, court et courtois, cherché depuis les sentiments enfouis.
Il reprit la parole, se voulant bienveillant et franc, abandonnant son léger orgueil :

- “Je vous regarde. Et pour une gratte-papier qui ne possède rien, et qui ne possède pas de condition physique suffisante, vous avez tout de même, Louise Ochaison, un courage déterré, et n’osez pas dire le contraire. Nous autres de la Compagnie cherchons l’excellence de chacun et leurs capacités à être de bonnes personnes. Je ne vous vante pas, je ne suis pas un barde louant les exploits d’un chevalier inconnu ou antique, je ne fais que constater, votre matière à réfléchir.”

Il avisa son Second, hochant simplement du chef, celui-ci eut un léger temps d’immobilité, n’ayant pas compris visiblement du premier coup. Le Capitaine hocha à nouveau et le Second alla au niveau du tableau dévoilant les deux capitaines, il attrapa un petit coffret argenté, un bibelot extravagant, digne d’un bon marchand exotique. Il souleva délicatement le couvercle, puis en sortit une petite bourse, très simple, légèrement usagée et déchirée à son extrémité. Il prit soin de refermer le petit coffret, apportant la bourse au Capitaine.

Le Capitaine prit avec soin la bourse qui fit un bruit envié par les miséreux, commun pour la haute noblesse et convainquant pour un marchand. Il l’avisa un moment avant de prendre la parole à nouveau.

- “Louise Ochaison. Je vais vous, après, faîtes comme bon vous semble, dire quelques mots supplémentaires.”

Il se détacha de la femme, dépassa son Second qui alla se positionner dans un coin de la pièce, avisant l’échange muet, et alla se mettre, face à la peinture.

- “Vos propos finaux sont justes et nous y apporteront le nécessaire.”

Il laissa un léger silence perdu dans la peinture, et semblait vivre des faits passés. Il eut un sourire tendre avant de fermer les yeux, se recueillant. Il souffla longuement du nez avant de reprendre une posture plus droite, plus commune, ajoutant :

- “Nous traversons tous une mer agitée, contrariée de doutes et de peurs, mais nous ne devons, impérativement pas, perdre notre horizon. Louise Ochaison, vous doutez trop de vos capacités. Affrontez donc vos faits et dires passés et voyez par vous même que vous n’êtes pas une simple gratte-papier comme vous le prétendez et qui n’a pas l’air d’être une charpentière. Mon Second, Hermet, en connaît bon nombre de charpentiers qui n’ont pas la carrure. Nous ne sommes plus peut-être les personnes que nous étions, vous comme moi, nous n’avons plus les mêmes habitudes, ancrées, mais nous pouvons choisir d’avancer et de sortir la grande voile comme dirait jeune matelot, amusé par l’expérience nouvelle. Femme ou non.
Nous avons désormais de nouveaux trésors à protéger et à faire vivre. Faites moi mentir si vous ne vivez plus pour aucunes perles.
Les arrangements et offres sillonnent les rues, ce n’est pas ce qui manque par ici. Faîtes comme vous le souhaitez après tout, je ne suis plus qu’une épave qui parle.”


Il pivota sur lui même, abandonné et exaspéré par son monologue perdu, reprenant simplement :

- “Que vous faut-il pour que vous puissiez concevoir de nouveaux plans et assister aux travaux ? Un atelier ? Un salon ? Un repas ? Je ne peux plus me permettre de perdre une merveille trouvée à l’improviste. Votre savoir et votre réflexion manque à ces nouveaux jeunes et à notre navire.”

Il souffla à nouveau du nez, tendant la petite bourse qui contenait quelques pièces argentées, visibles grâce à une petite déchirure, clandestine, muet.
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Louise OchaisonErudite
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MessageSujet: Re: Les travailleurs de la mer [Clôturé]   Les travailleurs de la mer [Clôturé] EmptyLun 28 Jan 2019 - 17:05
Qu’il était étrange de trouver toutes ces formes de compliments dans la bouche d’un parfait inconnu…

Le capitaine, déboulonné du certain orgueil qu’il affichait depuis le début, se mit à louer le courage qui était celui de la jeune femme. Elle s’en étonna, ses pommettes livides s’empourprèrent soudain. Et le pire, c’est qu’il ne savait pas tout ce que ce bout de femme avait vécu ; combien elle aurait été capable de déplacer des montagnes pour sauver son monde et son enfant. Se proposer pour un ouvrage aussi complexe que la réhabilitation d’un bâtiment navale ne manquait pas de toupet, d’autant plus pour la toute première fois.

Pour mieux lui faire miroiter le contrat à venir, le second posa une petite bourse sur le coin du bureau, sous les yeux de l’érudite. Le fond de ses yeux clairs brillait déjà de tous les rêves qu’elle serait capable de s’offrir avec ce pécule.

Le maître du navire se leva et se posta devant une huile assez étonnante. Son visage trônait à côté d’une autre trogne où tout à chacun aurait trouvé une certaine ressemblance. Il poussa un soupir et lâcha, les yeux posé sur la peinture :

Nous traversons tous une mer agitée, contrariée de doutes et de peurs, mais nous ne devons, impérativement pas, perdre notre horizon. Louise Ochaison, vous doutez trop de vos capacités. Affrontez donc vos faits et dires passés et voyez par vous-même que vous n’êtes pas une simple gratte-papier comme vous le prétendez et qui n’a pas l’air d’être une charpentière. Mon Second, Hermet, en connaît bon nombre de charpentiers qui n’ont pas la carrure. Nous ne sommes plus peut-être les personnes que nous étions, vous comme moi, nous n’avons plus les mêmes habitudes, ancrées, mais nous pouvons choisir d’avancer et de sortir la grande voile comme dirait jeune matelot, amusé par l’expérience nouvelle. Femme ou non. Nous avons désormais de nouveaux trésors à protéger et à faire vivre. Faites-moi mentir si vous ne vivez plus pour aucunes perles. Les arrangements et offres sillonnent les rues, ce n’est pas ce qui manque par ici.

Là-dessus, le capitaine se trompait fermement : il n’était pas bien utile par ces temps d’avoir une tête bien faire et mieux valait avoir un corps robuste. Depuis qu’elle avait marché jusqu’à cette ville de damnés, jamais l’occasion ne s’était présenté pour elle de travailler sur un projet qui, comme celui-ci, impliquait une bonne maîtrise des chiffres, de la géométrie et de l’architecture. Aucune de ses trois matière n’était une spécialité de l’érudite mais sa jeunesse lui conférait encore une certaine malléabilité de l’esprit. Il ne serait point insurmontable, avec beaucoup d’études et de travail, de s’éduquer à cette science qui était celle des hommes de sa famille.

Faîtes comme vous le souhaitez après tout, je ne suis plus qu’une épave qui parle, lâcha finalement le capitaine.

Et il dû voir que l’avis de la jeune femme n’avait pas vacillé d’un pouce ; un peu comme le vent ne déplace pas les falaises blanches du littoral.

Que vous faut-il pour que vous puissiez concevoir de nouveaux plans et assister aux travaux ? demanda-t-il. Un atelier ? Un salon ? Un repas ? Je ne peux plus me permettre de perdre une merveille trouvée à l’improviste. Votre savoir et votre réflexion manque à ces nouveaux jeunes et à notre navire.

La dernière remarque tira un doux sourire à l’érudite. Que de compliment de la part de cet homme…

Ce qu’il ne savait pas, c’est que, malgré son jeune âge, le brin de femme avait cessé d’être jeune de même qu’elle avait cessé d’être jolie. L’apocalypse à venir, la naissance de l’enfant et la faim qui creusait son ventre et toutes ses chairs avait emporté bien de ses qualités.

Dans la bourse qu’on lui tendait, ses doigts osseux se glissèrent. Très exactement, elle préleva la moitié des pièces que le bout de tissus contenait et elle redonna le reste au capitaine. Du fait de son refus de participer aux travaux de charpenterie, elle ne se voyait pas accepter la totalité en toute impunité.

Cela devrait constituer un salaire plus que satisfaisant pour de nouveaux plans, monsieur, souffla-t-elle.

Et elle culpabilisait déjà de s’être servi sans avoir encore fourni d’autre effort que celui de se présenter. De même, elle n’aurait pas insisté pour le reste des propositions. Pourtant, elle n’aurait pas refusé un repas ; son éducation bourgeoise l’interdisait juste de réclamer ce qu’on ne lui imposait pas.

Minutieusement, l’érudite roula le parchemin sur lequel son père ou son frère avaient dû suer longtemps. Voilà le tour de l’héritière de reprendre le flambeau et de proposer un peu de génie.

Si l’affaire vous convient, je vais prendre ça avec moi pour travailler dessus.

Elle tendit à nouveau la main au capitaine et au second pour sceller leur accord.

Je reviendrai très vite vers vous avec quelques dessins.

Et l’érudite ne feignait pas son plaisir. La tâche qui l’attendait représentait beaucoup.
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Archibald LebœufCapitaine
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MessageSujet: Re: Les travailleurs de la mer [Clôturé]   Les travailleurs de la mer [Clôturé] EmptyMar 29 Jan 2019 - 0:30
Il ouvrit grandement les yeux, étonné, voire abasourdi par le comportement étrange de la femme nécessiteuse, il se contenta tout d’abord de simplement regarder la petite bourse, dépossédée de la moitié de sa valeur. Puis il vint poser la bourse sur le bureau, d’une main peu-sûre, écoutant les dires de la femme, attendant pour son compte, une explication solide.

- “Cela devrait constituer un salaire plus que satisfaisant pour de nouveaux plans, monsieur”

Frappé par un marteau de forge tel un bout de fer chauffé, il fut assommé par la modestie de la femme, refusant un pesant important durant ces temps difficiles. Il opina simplement, se contentant de lancer un regard vers son Second, afin qu’il range soigneusement le reste de la somme. Le Second s’exécuta, et vint ranger avec minutie la petite bourse dans le coffret détaillé. Son devoir accompli, il retourna à sa place, revenant à un silence naturel, respectueux.

- ”Si l’affaire vous convient, je vais prendre ça avec moi pour travailler dessus.
Je reviendrai très vite vers vous avec quelques dessins.”


Il vint serrer énergiquement la main proposée de la jeune femme, contenant légèrement sa poigne afin de ne pas abîmer les doigts savants de l’érudite. Son Second vint faire de même, inclinant la tête, honorablement. Le Capitaine Archibald eut un sourire rapide, suivi d’une prise de parole courtoise :

- ”Je suis fort étonné que vous refusiez la totalité de la somme, vous devez alors bien vivre pour refuser autant. Cependant, j’aurai besoin, et ceci de manière très importante, de savoir où se situe votre atelier afin que je puisse, au besoin, vous fournir les matériaux et autres nécessités pour vos travaux. De la même manière que, mon navire ou bien un des navires de la Compagnie est à votre disposition pour des mesures multiples ou un état simple du bâtiment. Au besoin, je pense avoir d’autres plans, survivants d’un incendie passé, que je vous ferai apporter par un de mes quarts ou par mon Second, en somme, une personne de confiance, naturellement.”

Il vint se lisser sa moustache, levant les yeux au ciel avant de les reposer sur la femme frêle, ajoutant :

- ”Allez également prendre un bon repas dans une des tavernes du port, dîtes au tavernier que je paye le repas et que vous me connaissez, vous devez manger un peu, l’hiver emporte les plus fins et préserve les plus costauds. N'ayez crainte, les plats ne sont pas nombreux."

Il afficha un petit sourire, taquin, avant de reprendre, plus sérieusement :

- "Il serait vraiment malheureux que vous attrapiez une quelconque horreur par ces temps gelés et nous savons tous que les horreurs rôdent. Second Hermet, veillez à ce que notre charpentière, érudite ou savante, Louise Ochaison regagne avec tout le respect que nous lui devons, le port.”

Hermet, “Poigne du Capitaine” hocha simplement, allant ouvrir avec courtoisie la belle porte, tueuse de chaleur, libératrice du froid extérieur mordant. Il patienta calmement, attendant le départ de la femme. Le Capitaine leva légèrement la main en guise de dernières salutations, venant se replonger par la suite sur ses cartes oubliées, des trésors et pièges savants, mécaniques d’un savoir marin antique.
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MessageSujet: Re: Les travailleurs de la mer [Clôturé]   Les travailleurs de la mer [Clôturé] EmptyMar 29 Jan 2019 - 14:59
L’érudite sentit les os de ses phalanges ployer sous les poignes des deux hommes mais elle ne perdit pas son doux sourire mesuré. L’accord se scellait et elle avait obtenues toutes ses conditions. Que demander de plus allons bon ?

Toutefois, le capitaine exprima sont son désarroi : il avait imaginé qu’elle se saisirait de la bourse dans sa totalité. L’érudite ne voulait pas passer pour une nécessiteuse alors elle lui expliqua qu’il s’agissait là d’un acompte et qu’elle accepterait le reste de la somme uniquement quand elle aurait fini son travail. En honnête dame, elle agissait en commerçante avisée : les bons comptes font les bons amis et il était hors de question pour celle de perdre ces nouveaux et courtois partenaire.

De la même façon, on lui demanda où était son atelier et elle ne trouva que dire. Probablement qu’elle travaillerait tantôt chez elle tantôt à la Bibliothèque, à côté du Temple. C’est là qu’elle proposa au capitaine et à son second de la retrouver au besoin. Là-bas, tout le monde aurait su où la trouver.

De la même façon, elle saurait où venir chercher le capitaine en cas de question. Il allait de soi qu’elle comptait le revoir vite pour convenir des modifications à apporter à son bâtiment.

Elle fut surprise de voir l’homme aux cheveux blancs lui tendre d’autres piécettes en les accompagnant de quelques mots presque paternel :

Allez également prendre un bon repas dans une des tavernes du port, lâcha-t-il en faisant allusion à sa maigreur apparente. Dîtes au tavernier que je paye le repas et que vous me connaissez, vous devez manger un peu, l’hiver emporte les plus fins et préserve les plus costauds. N'ayez crainte, les plats ne sont pas nombreux.

La jeune femme sourit à ce vieil homme de la mer avec reconnaissance. Le vide qui pesait sur son estomac avait fini par y creuser une tombe.

Bien sûr, du repas, elle emporterait la plupart. Une louve ne se sert pas seule tant qu’elle doit prendre soin de sa portée…

Il serait vraiment malheureux que vous attrapiez une quelconque horreur par ces temps gelés et nous savons tous que les horreurs rôdent.

La jeune femme opina doucement du chef et termina de rouler les croquis, prenant soin de l’encre comme s’il avait s’agit d’une relique. C’en était un peu une parce que le papier venait d’un endroit et d’un temps qui était révolu pour de bon.

L’érudite en avait vu, des horreurs. Mieux que personne d’autre, elle savait de quoi parlait le vieux monsieur sans l’évoquer pour autant.

Second Hermet, finit par appeler le capitaine. Veillez à ce que notre charpentière, érudite ou savante, Louise Ochaison regagne avec tout le respect que nous lui devons, le port.

Le second tient la porte et le frimas coula dans la cabine, les secouants de frissons. Reconnaissante, l’érudite salua le capitaine de cette révérence qu’on adresse de coutume aux nobles. Ce n’était pas flatterie de sa part, juste une réaction pleine de spontanéité de de douceur.

Merci messieurs, elle souffla en quittant la cabine du capitaine.

Elle remonta les marches et repris la passerelle dans l’autre sens. Une dernière fois, elle leva les yeux sur le navire savourant l’agréable sensation de ne pas l’avoir oublié. Il était de son passé et elle était heureuse de le retrouver à présent.

Comme avisé par le capitaine, elle alla manger chaud pour remplir son ventre au moins autant que son cœur. En rentrant, elle montra les plans à l’enfant pour le remplir de ses souvenirs trop peu dépoussiérer. Elle le laissa deviner en lui tendant un peu de pain trempés de sauce de civet de lapin :

C’est un dessin comme celui de grand père et mon oncle.
Oui, c’est bien ça, mon ange.
Et tu vas faire comme eux.
Oui.
Tu n’as pas oublié comment faire ?
Un peu. Mais ça reviendra.
Parce que les choses reviennent toujours dans l’ordre, c’est ça ?

Cette remarque chargé de tout l’espoir de ce petit être plein de certitudes, de désirs de renouveau et de rêve de grandeur la cloua au moins que la proposition des travailleurs de la mer. Elle sourit, et, avant de se mettre au travail, elle murmura dans l’ombre de l’alcôve de son petit appartement sous les toits :

Oui, petit, tout revient toujours dans l’ordre.
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