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 [Terminé] Une rencontre houblonnée [Estelle De Chantauvent]:

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Estelle LorrenAubergiste
Estelle Lorren



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MessageSujet: Re: [Terminé] Une rencontre houblonnée [Estelle De Chantauvent]:   [Terminé] Une rencontre houblonnée [Estelle De Chantauvent]: - Page 2 EmptySam 2 Fév 2019 - 18:31


Estelle s’était glissée dans la cuisine pour réaliser les infusions, mais aussi pour jeter un œil à la cuisson des petits pains dont l’odeur commençait à se rependre petit à petit dans la pièce. La distance infime entre les deux pièces lui permettait évidemment de suivre d’une oreille plus ou moins attentive la conversation entre les deux hommes. Cependant s’appliquait-elle à ne rien dire, conscience que cela n’arrangerait en rien les choses. La fatigue ne lui permettait pas de sortir de cette confusion un peu trop présente à son goût, de cette colère qui menaçait régulièrement de pointer le bout de son nez. Depuis son veuvage, depuis la perte de son mari, elle n’était plus qu’un vulgaire bout de viande, un bon parti à récupérer, une dote potentiellement intéressante. La dame de Chantauvent avait fini par s’en accommoder, profitant de la chance qu’elle ait d’avoir un frère compréhensif qui lui laissait encore les pleins pouvoirs sur son établissement et son mariage, non pas sans lui mettre une légère pression chaque jour d’une manière différente. Attrapant les ustensiles de cuisine, la tenancière s’appliquait à organiser sa matinée, consciente qu’elle allait devoir attendre celui qui partageait son sang pour aller au marché, à moins qu’il n’arrive déjà les bas chargés. Prenant une légèrement inspiration, la rousse avait fini par remplir les différentes tasses avec cette folle envie d’y rajouter des plantes qui déréglerait la digestion sans oser véritablement le faire.

La rousse n’avait pas pu s’empêcher de se pincer les lèvres, de prendre une grande respiration avant de faire comme si de rien n’était, comme si elle n’avait pas entendu la discussion pas perçue les différentes méthodes d’argumentations. Le masque était parfaitement en place, un sourire agréable trônait sur son visage et son corps ne semblait pas particulièrement tendu, alors que dans le fond de ses prunelles devait être parfaitement visible cette flamme de contrariété qu’elle n’exprimait pas. À son retour, son attention c’était déposé sur celui récemment arrivé, son regard était plus froid qu’elle ne l’aurait voulu et Merrick n’hérita que du même regard, sans pour autant qu’elle ne formule le moindre reproche. Comme habituellement, elle avait recadré Lissandre, tout aussi simplement son regard un peu plus sévère avait effleuré la silhouette de Merrick qui semblait trouver l’ensemble particulièrement amusant.


- « Elle est d’ailleurs valable pour tous, cette règle, même pour ceux qui provoque » souffle la tenancière innocemment, attrapant une chope pour l’astiquer avec plus d’entrain qu’elle n’aurait dû.

La conversation s’enchaîne de cette manière enfantine, de cette manière si puéril, sans que la jeune femme ne trouve la force d’intervenir, de réajuster d’éconduire ou même de sanctionner. Pourtant, fallait-il bien l’avouer, ses doigts avaient effleuré à de nombreuses reprises Brigitte et sans le vouloir Merrick avait dû blesser profondément, celle qui s’était un peu ouverte la nuit précédente. Cela l’amusait de salir ainsi sa réputation de femme, d’épouse enfin ancienne épouse ? Qu’allait répéter Lissandre ? Qu’allait-il dire ? L’homme avait fini néanmoins par disparaître dans le petit bruit significatif de la clochette et toute l’attention de la tenancière s’était de nouveau retrouvée sur son interlocuteur principal. N’ayant pas l’habitude de dévoiler son état d’esprit, elle s’était appliquée à faire la conversation, comme si de rien n’était. Néanmoins, celle à la chevelure de feu ne put s’empêcher de le recadrer, si au réveil, ou hier, la phrase aurait pu grandement l’amuser, après la discussion qu’elle avait perçue malgré elle ce n’était plus envisageable.

- « Avec plaisir, comme ça vous ne pourrez que vous vanter d’avoir pu vous glisser entre les cuisses de la femme de petite vertu que je suis, c’est ça ? C’est une bien belle façon de me remercier de l’attention que je vous ai portée en effet. J’apprécie le geste. » souffla-t-elle de cette voix douce qui contrastait parfaitement avec les mots durs qu’elle venait de prononcer.

Il avait ri, oui, il avait osé rire, mais une fois la réponse de la tenancière formulée, Estelle ne doutait pas une seule petite seconde que son amusement se dissiperait. La gérante avait fini par se refermer comme un coquillage et tous les efforts de la veille au soir semblaient avoir volé en éclat pour une simple petite maladresse, une simple indélicatesse qui n’était dans le fond même pas de son fait. La conversation avait néanmoins poursuivi et la jeune femme semblait se faire violence pour maintenir les apparences. La fatigue avait dû avoir raison d’elle, à moins que ce ne soit que cette once de déception et les contradictions de son interlocuteur qui ne faisaient que l’agacer, la tourmenter.

- « J’espère que vous êtes patients, Merrick, car vous perdrez vos dents avant même d’avoir obtenu quoi que ce soit. Nous verrons bien si vous n’êtes à ce moment-là qu’un ancien séducteur, non pas ?»

Son regard s’était fait plus intense, aucune hésitation n’était possible, ce n’était pas une menace, mais un défi. À lui de lui prouver qu’il n’était pas qu’un séducteur de pacotille et qu’elle n’était pas qu’un chiffre parmi une multitude de chevelures qu’il oublierait une fois avoir obtenue ce qu’il désirait. Il voulait jouer, elle était une redoutable adversaire et à ce moment précis, elle ne lui offrait que très peu de cartes à jouer. Ses lèvres se pincèrent, alors qu’elle portait sa tasse à ses lèvres, avalant une longue et profonde gorgée du liquide encore chaud. Elle manqua néanmoins de s’étouffer quand il lui évoqua l’idée de fermer. Était-il sérieux ou vivait-il dans un autre royaume bien loin de la réalité ?

- « Je ne peux pas » souffla-t-elle « Je n’ai pas d’homme, mon mari est mort. Je suis seule et je dois assumer l’ensemble des tâches. Si je montre le moindre signe de faiblesse, c’est un mariage arrangé qui me pend au nez. Mais ça, vous ne devez pas pouvoir le comprendre, parce que vous êtes un homme et parce que chaque nuit, c’est une autre femme qui doit se trouver dans votre lit. » elle fit une pause légère avant de piquer plus franchement « J’espère d’ailleurs que ce n’est pas le manque charnel qui vous a rendu la nuit difficile, je pouvais faire venir une femme de joie si cela ne tenait qu’à ça. »

Les bruits de l’étage avaient fini par la ramener à la réalité et c’est avec la plus grande des difficultés que la rouquine avait essayé de ravaler sa fierté. Merrick n’avait pas trouvé la colère, cela devait être d’ailleurs particulièrement déroutant de percevoir des paroles si sévères, formulées par une voix douce sans le moindre soupçon de rage. Son visage restait neutre, bien que le fond de ses prunelles devait exprimer le trouble qu’elle ressentait sur l’instant. Attrapant les deux tasses qu’elle avait vidées pour astiquer, elle détailla la porte, comme pour faire entendre à Merrick qu’en effet il était grand temps qu’elle réalise toutes ses tâches et donc qu’il retourne lui aussi à ses occupations.

- « J’ai beaucoup à faire » souffla-t-elle « Bon courage pour votre journée, puisses la trinité vous protéger et protéger vos frères et sœurs d’armes. »

Sur sa dernière parole, elle lui avait offert un sourire qui se voulait encourageant, puis elle avait quitté sa position pour retourner dans sa cuisine avant de monter les escaliers. Définitivement, Estelle ne redescendrait pas tout de suite, avait-elle besoin d’un peu de calme afin de réajuster convenablement son comportement.


La journée avait fini par s’écouler, sans déroger à la moindre habitude. Adrien était arrivé peu de temps après Merrick les bras chargés des achats du marché. Il avait été étonné de ne pas la trouver en bas, mais n’avait pas dérogé à ses manières d’agir : il était rentré dans la cuisine pour y débarrasser ses cagettes, n’avait pas pu s’empêcher de se servir une infusion à son tour avant de partir à la recherche de sa sœur. Montant quatre à quatre les escaliers il avait fini par la trouver assise sur son lit visiblement pensive. C’était la première fois qu’elle lui semblait si fatiguée, si prête à exploser, comme si tout ce qu’elle avait pu conserver en son for intérieur était sur le point de refaire surface sans qu’elle ne parvienne à maintenir quoi que ce soit. L’homme plus âgé que sa sœur était venue s’installer à ses côtés sans dire un mot, l’attirant contre lui pour l’enlacer dans cette tendresse fraternelle dont elle semblait avoir tant besoin sur l’instant. Pour la première fois, la rousse n’avait pas essayé de le repousser, laissant sa tête tomber sur son épaule.

- « Dure soirée ? » questionna-t-il avec tendresse
- « Pas vraiment… » murmura-t-elle
- « Tu n’as pas envie d’en parler c’est ça ? Et je n’ai plutôt pas intérêt d’évoquer le sujet qui fâche ? »
- « Non et oui… Tu repars déjà de toute façon ? »
- « Adèle est encore malade, je ne pourrai pas être là ce soir… La forge ne peut pas tourner toute seule, tu sais. »
- « Je sais. »

Adrien avait fini par repartir dans un regard désolé vers sa sœur, il aurait voulu faire plus, à moins que son absence ne soit qu’une manière de lui prouver qu’elle était incapable de maintenir la tête hors de l’eau toute seule. Toujours était-il qu’il avait repris la direction de sa forge, laissant la rousse seule face à son questionnement et ses doutes. Elle n’avait néanmoins pas le temps, il fallait s’activer, sans quoi allait prendre un gros retard sur tout le restant de sa journée. Là tout avait fini par s’enchaîner les draps, les chambres, la cuisine, le nettoyage, les clients, le service. Sa serveuse ne s’était de nouveau pas présenté, ne se présenterait-elle sûrement plus, le travail était complexe Estelle pouvait l’entendre, mais regrettait-elle que la jeune fille ne soit pas venue lui dire en face. Un soupir avait fini par fuir ses lèvres et malgré son occupation ne pouvait-elle s’empêcher de culpabiliser vis-à-vis des paroles qu’elle avait formulées à l’encontre du milicien, il l’avait aidé pour de bonnes ou mauvaises raisons et elle l’avait jugé en appuyant certainement fortement sur un de ses points faibles. Ce n’était pas dans ses habitudes, pour autant, elle ne le regrettait pas complètement, il était aussi responsable qu’elle, du moins, c’est ce qu’elle n’avait de cesse de se répéter.

La soirée avait fini par tomber, sans qu’Estelle n’ait pleinement le temps de le réaliser. L’établissement s’était rempli, en quelques minutes, des miliciens, des petits bourgeois et même des personnes du peuple. Tous se mélangeaient et tous poursuivaient le même but : profiter pleinement de cette soirée. Comme toujours, la gérante avait fait de son mieux, les plats se succédaient, les chopes aussi, il faisait chaud et les rires rythmaient l’ambiance auditive du lieu. En outre, tout se déroulait à merveille. Une jolie jeune femme avait fini par rejoindre le comptoir, visiblement une amie, ou tout du moins une habituée.


- « Estelle, dis-moi, tu pourrais me remettre une bouteille. Mon ami semble assoiffé »fit elle en roulant des yeux « Il est inépuisable tu sais, il parle, il parle, il parle encore… »
- « Encore un nouveau ? »
- « Ooooh Estelle la vie est si courte, s’il te plaît ne me juge pas. »
- « Je ne te juge pas… Tu veux que je rajoute une petite plante ? »
- « Ne dis pas de bêtise, donne-moi juste une bouteille et garde-moi une chambre. »

Estelle s’était contentée de rire légèrement, simplement, avant de se retourner pour extirper une bouteille de vin qu’elle tendit à sa cliente dans un large sourire. Celle-ci était rapidement retournée auprès du grand bavard laissant Estelle seule face à la porte qui venait de s’ouvrir. Merrick. Sans réfléchir, Estelle avait attrapé une chope pour y déverser de la bière, elle ne lui avait pas laissé le temps de l’approcher, ni même de s’installer que déjà elle s’était approché pour lui tendre l’ensemble.

- « C’est un cadeau d’une charmante jeune femme, je crois qu’elle culpabilise un peu de son comportement. Mais n’allez pas lui dire, je doute qu’elle apprécie. » elle fit une petite moue un peu enfantine « J’espère que votre journée c’est bien déroulée… Il y a de la place au comptoir ou à quelques tables encore - »
- « TAVERNIÈRE » hurla un homme qui manqua de chuter en se relevant « Il fait soif, une chope et un sourire pour le brave travailleur que je suis ! »

Roulant des yeux, elle avait fini par délaisser à contrecœur son interlocuteur pour attaquer reprendre son occupation. Derrière le comptoir elle avait attrapé une chope, de la bière, associé l’ensemble avant de revenir vers le client qui s’était mis à chanter pour lui servir sa chope.

- « C’est la dernière, on va éviter de devoir vous rouler jusqu’à la sortie »
- « Je vais très bien trèèèèèès bien je peux encore… hips tenir debout sur mes deux pieds ma bonne dame »
- « La dernière. » insista-t-elle avant de revenir sur ses pas pour retourner à son comptoir.

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Merrick LorrenCoutilier
Merrick Lorren



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MessageSujet: Re: [Terminé] Une rencontre houblonnée [Estelle De Chantauvent]:   [Terminé] Une rencontre houblonnée [Estelle De Chantauvent]: - Page 2 EmptySam 2 Fév 2019 - 21:30
Effectivement, le terme de salopard sonnait presque trop bien pour qualifier Merrick Lorren. Enfermé dans sa lutte contre Lissandre, il avait oublié, occultant momentanément, les répercussions que pouvaient avoir ses mots sur la vie de la dame de Chantauvent. Ce n'était pas réellement par mauvaise volonté ni par un détachement complet envers sa situation, que Lorren s’était permis de mythifier et glorifier sa propre soirée au détriment d'Estelle. La raison en était beaucoup plus simple et fruste; il ne pouvait accepter la compétition de cet individu qui agissait de manière si... inopportune. Cette prise de position pouvait être étonnante pour lui, car après tout, il se risquait au même jeu. Pour autant, Merrick avait réussi à se convaincre qu'il n'était pas du même acabit, qu'il ne se permettait pas autant de liberté mal placée. Après tout, à ses yeux, ses paroles étaient bien bénignes comparativement aux agissements et tentatives physiques un peu précipités du gentilhomme. Néanmoins, il avait sous-estimé les répercussions de ses mots, la blessure et les difficultés que pouvaient entraîner ses dires.

Il ne fut guère long à comprendre qu'Estelle avait tout entendu, et qu'elle n'appréciait guère. D'ailleurs, Lorren ne fut pas le seul, tandis que Lissandre disparut rapidement de la Chope Sucrée, probablement par peur de représailles ou de commentaire incisif. Les yeux bleus d'Estelle semblaient être devenue une tempête hivernale, tandis que sa bonne humeur s’était évaporée au profit d'une dureté, qui bien qu'étant savamment caché derrière son masque, était hautement perceptible dans ses agissements et actions. La chope se faisant astiquer à outrance pouvait en témoigner... Bien naïvement, le milicien crut être en mesure de s'en sortir grâce à ses propos et son badinage. Or un marin l'aurait su; lorsque la tempête pointe à l'horizon, rien ne peut empêcher son déclenchement inéluctable, rien ne peut y survivre. Même la meilleure nef de sa flotte... Merrick commença presque à regretter le départ de Lissandre. Presque. Seul pour affronter la mer houleuse et les problèmes en découlant, qu'il avait créé lui-même, le milicien finit par se perdre dans les flots, ne sachant que dire ou que faire.
-''Je...'' Commença-t-il, sans l'ombre d'un sourire.

Que pouvait-il bien dire pour alléger et calmer la situation ? Rien. Estelle de Chantauvent parlant avec sens et une évidence éclairée. La situation n'était guère reluisante pour celui qui avait mis les pieds dans les plats. ''Désolé...?'' Tenta-t-il bien vainement et doucement ? Il fallait aussi le dire; le ton calme et le regard de feu venaient l'inquiéter au plus haut point. Dans les faits, il aurait probablement préféré une éruption de colère, plutôt que ce froid courroux qui le mordait avec une rare violence. Plus aucune trace d'amusement ne venait marquer le visage du milicien. Merrick Lorren avait royalement merdé.

-''Je ne voulais pas... J'ai voulu...''Qu'avait-il vraiment voulu ? Avec du recul, sa conversation semblait particulièrement puérile. ''Je n'y avais pas pensé.'' Se rendant compte que sa brève répartie ne risquait guère de l'aider, mais plutôt de le tuer, il enchaîna rapidement, tentant d'expliquer l'inexplicable : '' Je voulais simplement le faire taire ! Je n'avais guère apprécié son geste, alors...'' Au final, peut-être qu'il fallait mieux se taire. D'un brusque mouvement du bras, il vida son infusion. En ce moment, il aurait donné cher pour que ce soit un spiritueux quelconque...

Devant la suite des paroles d'Estelle, il ne fit cocher la tête, préférant ne rien dire. Il allait devoir être patient, il allait perdre ses dents avant d'obtenir quoi que ce soit. Parlait-elle d'une perte à cause de la vieillesse ou à cause de Brigitte ? il ne saurait le dire, mais si la perte de ses ''chicots'' devait être du à cause de la poêle qui faisait office d'arme, Lorren risquait de ne pas avoir à attendre longtemps pour être édenté ! Perçut-il tout de même la lueur de défis dans les yeux bleus de la rouquine, au lieu d'y voir une menace. Est-ce que Merrick Lorren n'était pas encore échec et mat ? Si tel était le cas peut-être avait-il encore une chance...

Bien naïvement -encore-, il avait amené la conversation sur le terrain du repos, sur le besoin, la nécessité, qu'il pressentît que la tenancière avait besoin, demandant si elle pouvait se permettre une quelconque période pour refaire ses forces. Or, la répartie fut vilipendant et aigre. À dire vrai, ce fut probablement les mots les plus blessants qui s'écoulèrent comme de la lave en fusion de la bouche d'Estelle de Chantauvent. Il du l'endurer, tandis qu'elle le présentait sous son plus mauvais jour. Avait-elle tort ? Oui et non... Mais c'était bien de se faire dire la vérité qui faisait le plus mal, non ?

-''Allez-y, jugez-moi si cela vous chante. Faites-vous l'avocat du diable et condamnez-moi pour mes actes. Après tout, je ne suis qu'un énième client, qu'un autre ivrogne qui dépense son argent chez vous, non ? Possiblement que je ne suis qu'un individu d'une longue liste bien rodé qui accepte de vous suivre pour donner de la nourriture ? En début de semaine; Merrick Lorren et à la fin de celle-ci; Lissandre ?'' Dit-il passablement irrité, passant du repentir à la colère. ''Je ne suis pas un saint, Estelle. C'est une évidence, mais qui êtes-vous pour me juger ? Qui êtes-vous pour m'incriminer ?'' Puis se levant enfin, il sortit de sa poche la plus grande part de ses économies restantes; ''Pour la chambre et l'infusion''. Merrick rembourserait sa ''dette'', préférant ne plus avoir d'argent pour boire, que d'en avoir et d'être frappé dans son honneur et son orgueil.

-''Cela tombe, bien j'allais partir.'' Riant avec amertume il enchaîna : ''Puisse-elle me condamner, vous voulez dire, hein ?'' Dit-il en référence à la bénédiction qu'elle lui avait donné. C'est sur ses paroles aigres qu'il disparut des lieux.
---


-''Merrick Lorren, tu es littéralement un con.''

Appuyé aux créneaux des remparts, le regard perdu vers l'extérieur de la cité, Merrick reporta vivement son attention sur son frère d'armes qui venait de déclamer son insulte. Marius, un milicien plus âgé de quelques années, était lui aussi appuyé sur les fortifications du chemin de ronde, mais de dos et le regard plongeant vers la cité. Devant l'air de son jeune compatriote, celui-ci ne put s'empêcher de pouffer avec exubérance.

-''Allons, tu t'attendais à quoi avec c'que tu as dit ? Qu'elle te remercie ?''

Fronçant les sourcils, Lorren soupira. ''Non, mais...''


-''Mais rien.''
Le coupa-t-il. ''Lorren, tu es un ami, mais faut avouer que t'es le plus grand coureur de 'donzelle d'la caserne. Alors, où est le problème ?'

Soupirant à nouveau, il haussa les épaules et perdit son regard au loin. ''J'imagine que personne n'aime se faire envoyer la vérité dans la figure, hein ?''

-''Moi j'pense qu'on n’aime pas se faire voir négativement par celle de l'heure, tu ne crois pas ?''

Merrick préféra ne pas répondre.

-''J'l'aime bien, moi. Comment ta dit qu'elle s'appelait déjà ? Chantauvent ? Si elle est capable de mettre l'grand Merrick Lorren dans cet état, ça doit-être un méchant petit bout d'femme ! Tu crois que j'ai mes chances ?''

Retrouvant quelque peu le sourire, le jeune ivrogne prit le temps d'analyser Marius.''Aucune chance, vieil homme ! Tu devras avant me passer sur le corps...''

-''À ça, y'a pas d'blême pour moi ! Allez, ramène-toi l'jeune !'' Relança l'ainé des deux, se décollant de son appui et faisant face à son confrère, les mains sur les hanches.

Souriant, prêt à rentrer dans le jeu, Merrick fut coupé dans son mouvement : ''Qu'est-ce que vous foutez, vous deux ? Au travail ! Lorren, tu as déjà réussi à te tromper d'affectation ce matin en croyant que tu étais en patrouille. Tiens-toi à carreau !''



---


La journée c'était déroulé très lentement, trop lentement. Perdu dans ses réflexions, Merrick n'avait fait que des allées et retours sur la portion de rempart qui lui avait été dévolu. De manière générale, il aimait particulièrement cet exercice. Calme, ne demandant pas le moindre effort, le jeune homme pouvait se perdre dans la contemplation de l'extérieur et laisser son esprit vagabonder. Or cette fois-ci, il trouva le temps particulièrement long, sans pour autant savoir ce qu'il ferait de sa soirée. Demain, sa coutilerie aurait une journée de repos -chose rare-. Généralement, quand cela arrivait, le garçon s'enivrait plus que de raison, sachant pertinemment que le lendemain il pourrait cuver son vin sans problème. Or cette fois-ci, il ne pourrait pas le faire à la Chope Sucrée.

Ce n'était pas seulement une question de fierté, mais aussi une question de finance. Avec le maigre pécule qui lui restait, il pourrait toujours aller boire une ou deux chopines au berceau. Or, il n'était guère d'humeur de troquer Estelle pour Rupert, d'échanger la jeune femme rousse pour le vieil homme bedonnant. Ainsi, que ferait-il ? Irait-il tout de même à la Chope Sucrée ? Il avait des excuses à présenter après tout... Or, fier de nature, cette idée ne lui plaisait guère. Le milicien n'aimait aucunement avouer ses torts. C'est ainsi, qu'indécis quant à la marche à suivre, que la journée s'écoula, s'égrenant à la mesure de ses pensées. Et enfin, le soir pointa le bout de son nez. Ayant été retenu plus tard que généralement, Lorren avait été mis de corvées de ménage à cause de son manque de volonté et ses erreurs journalières. Le jeune homme gagna enfin sa liberté, tandis que la nuit était bien entamée. Ne laissant pas le temps au doute de poindre, il partit en direction de l'auberge qu'il avait quittée ce matin. Il allait le faire, il allait s'excuser.

Et aussi vite que la détermination était arrivée, celle-ci le quitta une fois qu'il arriva devant la porte. Levant la main pour pousser le battant, il suspendit son geste, en proie à l'indécision. Reculant de quelques pas, il se mit à marcher de long en large devant la bâtisse, tentant d'apercevoir l'intérieur par les fenêtres. La main perdue dans la barbe, le milicien ne savait que faire... Tenter ou laisser-aller ? Puis, il se raisonna; se forçant à prendre son courage à deux mains. ''Un peu de nerf, bon sang Merrick !'' pensa-t-il. Et il rentra dans l'arène, une bonne fois pour toutes. Ne restait qu'à savoir si l'affrontement qui allait s'opérer serait du même acabit que celui d'hier, joueur et amusant, ou bien se transformerait-il en lutte hargneuse et difficile...

La réponse ne fut pas longue à arriver. En mettant les pieds dans l'établissement, il ne fut accueilli par nul autre qu'Estelle qui vint le voir avec une chope. Avant qu'il n'aille eut le temps de dire quoi que ce soit, celle-ci prit la parole. l'écoutant, il se permit un soupir de soulagement. Ainsi, les feux de la colère semblaient s'être atténués avec la journée. Ouvrant la bouche pour ne pas perdre son courage, et pour répondre, il ne put le faire, tandis que la rouquine du disparaître pour aller servir un énième poivrot. Laissé seul, Merrick Lorren n'avait qu'à regagner le comptoir pour l'attendre. Tout finissait bien fina...Non, lui aussi avait à faire.

Laissant son regard se perdre sur la foule, il retrouva celui qu'il cherchait; Lissandre. Ce dernier, sentant probablement des yeux scrutateurs sur sa personne, leva son regard en direction du milicien. Reconnaissant le bougre de la matinée, ''l'honnête homme'' fronça du nez. Sans s'en émouvoir, Merrick se mit en marche vers ce dernier. ''Bonsoir, Lissandre...''
---



Désormais assis au comptoir, les mains vides, et toutes traces de la chope qu'il avait reçue disparu, Merrick Lorren contemplait ses mains. Il avoir offert le contenant et son contenu à Lissandre, lui expliquant qu'il avait menti sur ses agissements nocturnes. Ce dernier sembla soulager, tentant de le masquer. Acceptant d'enterrer la hache de guerre depuis que les choses avaient été mises au clair, l'homme en question avait salué le départ du milicien d'un petit hochement de tête. C'était déjà ça... Ainsi, Merrick avait perdu le poison auquel il c'était amouraché. Oscillant entre la déception et l'espoir, le jeune homme attendit nerveusement. Puis soudainement, bien qu'il était seul, il ne put s'empêcher de rire doucement. Par la Trinité, il était Merrick Lorren ! Pas un simple garçon nerveux devant les yeux d'une ''conquête''. Se calant dans sa chaise haute et se passant une main dans les cheveux pour reprendre contenance, il attendit l'arrivé d'Estelle de Chantauvent. Enfin elle arriva.

-''Estelle, je suis désolé !'' Il lui avait jeté cela bien rapidement, quasiment comme une attaque éclair. Se reprenant, il enchaîna un peu plus calmement. ''Pour ce que j'ai dit, pour ce que j'ai laissé planer sur vous... J'ai tout expliqué à Lissandre. Il a compris.'' Laissant le silence perdurer un peu plus, il tenta bien timidement une petite pointe d'humour : ''Mais, si ce dernier tente de nouveau quelque chose, je ne répondrais plus de moi...''

Le plus simple avait été dit. Or, il lui restait encore un léger détail à régler. ''Je suis toujours prêt à vous aider, vous savez. Avec la livraison de nourriture, tout ça... Enfin, je ne voulais pas vous manquer de respect. Pardon.'' Puis prenant une grande respiration, il plongea ses yeux dans ceux de la rouquine, se raclant la gorge avant de parler. : ''Je vais jouer franc jeu avec vous. Je vous aime bien, Estelle, et ce, à deux niveaux. J'apprécie autant nos échanges ainsi que votre charme. Je n'abandonne pas l'idée de vous conquérir, une dent à la fois, mais si jamais cela pose problème je...'' Se passant une main dans les cheveux, n'en revenant pas de ce qu'il allait dire il finit tout de même : '' Je peux arrêter. Vous savez, simplement venir prendre une chope de temps à autre et rester convenable dans mes propos.'' Grimaçant à l'idée, il paracheva tout de même son monologue : ''Essayer, je dis bien...''

Cette idée ne le satisfaisait guère. Après tout, c'était se changer intrinsèquement parlant. Or, il était prêt à le faire. ''Je suis peut-être un coureur de jupons, mais lorsque j'en choisis un, je ne lâche pas le morceau pour une autre...''

Attendant une réponse, la regardant de haut en bas, il jouait avec ses mains, patientant vaille que vaille.
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Estelle LorrenAubergiste
Estelle Lorren



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MessageSujet: Re: [Terminé] Une rencontre houblonnée [Estelle De Chantauvent]:   [Terminé] Une rencontre houblonnée [Estelle De Chantauvent]: - Page 2 EmptyDim 3 Fév 2019 - 17:46


En revenant de la gestion de son client un peu turbulent, Estelle était convaincue que l’homme allait être difficile à gérer, la soirée s’annonçait longue, particulièrement longue oui et lorsque son regard balayant la salle détailla Merrick parlant avec Lissandre, elle ne put qu’en avoir davantage la certitude, comme une évidence qui tombe du ciel, comme une preuve que même les trois ne pouvaient pas toujours être bienveillants. Lâchant un bref soupir, la rousse n’avait pas pu s’empêcher de froncer les sourcils avant d’abandonner sa posture pour faire ce qui lui semblait juste : s’occuper de son établissement. Pas le temps pour les petites problématiques, chaque chose devait être gérée en son temps, l’une après l’autre, sans quoi son esprit allait rapidement se transformer en frémissante prête à se répandre sur le premier qui renverserait la goutte de trop. La tenancière avait dû s’occuper à de nombreuses reprises de la clientèle exigeante, observant de loin cette régulière qui embrassait déjà à pleine langue celui du soir, visiblement ravi de ne pas partager sa nuit avec la sollicitude. Était-ce cette crainte d’être seule qui la poussait à agir ainsi, ou était-ce simplement un besoin charnel un peu trop prononcé ? Elle l’ignorait, mais ne pouvait pas s’empêcher de le voir d’un mauvais œil, sans pour autant juger, ou tout du moins exprimer ce jugement à qui que ce soit.

Un peu déroutée, elle était revenue vers le comptoir détaillant l’homme avec qui elle ne savait plus réellement comment se positionner : jeu, pas jeu, discussion sérieuse, de l’humour ? Que pensait-il lui dans le fond, que voulait-il ? Tout semblait si compliqué et un instant, la rouquine avait espéré que tout puisse redevenir comme la veille au soir, en vain. À peine avait-elle mis un orteil derrière son comptoir que le milicien avait pris la parole, s’excusant dans un premier temps, puis annonçant qu’il avait tout expliqué à Lissandre. Le regard clair de la jeune femme s’était déplacé jusqu’à effleurer la silhouette masculine en question, le bougre ne put s’empêcher de lui faire un petit signe accompagné d’un large sourire auquel elle répondit de la même manière, avec néanmoins cette envie grandissante d’attraper Brigitte et de lui exploser l’arrière du crâne avec. Lâchant un soupir qui n’avait que pour d’autres sources son agacement vis-à-vis de sa fatigue et de cette sensation de n’être qu’un vulgaire morceau de viande.

Pour autant, la gérante avait fini par lui offrir un sourire alors qu’il évoquait le fait de ne plus répondre de rien si Lissandre devenait trop entreprenant. Peut-être pourrait-elle envisager de lui confier Brigitte ? Peut-être oui. Pour autant, elle n’avait pas encore trouvé le courage de lui parler, ne parvenait-elle qu’à le détailler de ses deux prunelles claires. Merrick semblait un peu confus, légèrement, pour autant elle ne pouvait s’empêcher de le trouver touchant, il n’avait pas l’air de savoir où il mettait les pieds, il n’avait pas l’air de savoir réellement ce que cet engagement pouvait bien signifier et elle-même ne savait pas trop où il voulait en venir. Le milicien se proposait de revenir ce soir, pour l’aider et le petit nez de la tenancière s’était froncé : pourquoi faire ? L’homme avait ensuite dérivé sur autre chose, parlant de son intérêt, puis de son non-intérêt, puis de son envie d’essayer de respecter son désir. Était-il réellement un mauvais bougre coureur de jupon ? À ses yeux, ce n’était pas le comportement de ce type de personnes.

Puis ce fut la fin de la conversation, Estelle était toujours restée silencieuse, sans évoquer le moindre mot, sans ne donner la moindre indication, elle se tenait droite, face à lui, son regard intense le détaillant, s’arrêtant sur ses mains. Il l’obligeait à choisir en un sens, elle qui ne savait pas, elle qui était toujours hésitante, mais elle n’était pas certaine qu’il soit bien conscient qu’il lui demandait son accord de la courtiser. Était-ce bien ça d’ailleurs ? Prenant une intense respiration, la jeune femme c’était hissée sur la pointe des pieds, elle avait déposé une main sur le bas de son menton pour amener son visage jusqu’au sien et là, elle avait déposé ses lèvres contre celle du milicien. Le moment ne dura qu’à temps infime, pas le temps de se goûter, pas le temps de s’apprivoiser, ni même d’aller plus loin, le tout était chaste particulièrement et la jeune femme avait rapidement retrouvé sa position, a lui d’en tirer les conclusions.

Jouant ce petit jeu de l’incertitude, Estelle ne lui avait pas souri, relevant simplement les yeux pour faire signe à un client qui semblait la solliciter. Ainsi elle l’avait abandonné, sans lui répondre, sans lui offrir la possibilité de déterminer si ce baiser était un adieu, une autorisation, ou toute autre chose. Dans le fond, sans doute qu’elle ne le savait pas elle-même, sans doute qu’elle avait simplement écouté son instinct cette petite voix. L’acte avait été furtif et seuls de très rares clients s’en étaient aperçus sans pour autant comprendre de quoi il retournait. Une fois l’homme servit, elle avait fini par revenir derrière le comptoir, un peu nerveuse, chacun son tour. La rouquine avait bien compris qu’elle avait été trop loin, que cette impulsion qu’elle mettait sous le compte de la fatigue n’était peut-être pas la bienvenue.
Détaillant une nouvelle fois l’homme, elle osa prendre la parole.


- « Vous faites comme vous voulez Merrick, vous êtes un grand garçon n’est-ce pas ? Évitez juste de sous-entendre a d’autre ce qui n’est pas vraiment arrivé, vous comprenez. » elle fit une pause puis ajouta « Pour information, Lissandre ne m’a jamais accompagné dans les bas quartiers. Il n’y a qu’Adrien, mon frère. Et je ne suis personne pour vous juger ou vous incriminer. »

La jeune femme avait fini par ressortir un petit morceau de tissu qui semblait contenir quelques sous, elle le déposa devant le milicien sans jamais l’ouvrir.

- « Ceci vous appartient, je n’ai qu’une parole. Vous avez du mal comprendre, mais à aucun moment il n’a été question de régler quoi que ce soit pour la chambre, le bain ou les quelques chopes. » À nouveau elle fit une autre pause, avant de poursuivre « Aucune dette évidemment, vous ne me devez rien, je ne vous dois rien non plus, hormis peut-être un balai pour ramasser votre cœur une fois qu’il sera brisé. »

Avait-elle fait de l’humour, l’avait-elle mis en garde que si il s’entêtait il allait très certainement en baver ? Oui certainement. Au moins les cartes étaient claires, il savait à quoi s’en tenir. Il la voulait ? Il allait devoir le prouver, a lui de savoir s’il préférait la facilité ou si la complexité allait pouvoir lui plaire tout autant. De son côté la tenancière n’avait pas le moindre doute et s’attendait sans la moindre hésitation à le voir renoncer.

- « Par contre, pour vos dents… Je ne peux rien vous promettre, j’ai la Brigitte facile…. Mais vous savez ce qu’on dit… L’amour rend aveugle alors… Cela ne devrait pas trop me déranger votre absence de dentition… »

Une nouvelle fois elle fut interrompue, mais cette fois-ci par un raffut impossible, le sol lui avait paru trembler sous ses pieds. Le premier client, celui à la chope facile venait de s’écrouler, trop ivre, il était désormais incapable de se relever, ni même de se déplacer, pire le bruit significatif du ronflement semblait indiquer qu’il s’était endormi ?! La rouquine avait froncé les sourcils, tout comme le bout de son nez, elle était contrariée, venait d’extirper Brigitte de son emplacement avant de se précipiter pour mettre un énorme coup sur la tête du ronflard, qui n’allait rien gagner de plus hormis peut-être une bosse. Cette fois-ci, c’était une évidence, l’homme n’allait plus bouger. Armée de sa poêle Estelle semblait s’agacer, prête à remettre le couvert en plus infligeant un nouveau coup, ne lui avait-elle pas dit que c’était la dernière, alors par tous les saints pourquoi y avait-il trois chopes devant lui à son ancien emplacement ?!

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Merrick LorrenCoutilier
Merrick Lorren



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MessageSujet: Re: [Terminé] Une rencontre houblonnée [Estelle De Chantauvent]:   [Terminé] Une rencontre houblonnée [Estelle De Chantauvent]: - Page 2 EmptyLun 4 Fév 2019 - 0:17
Merrick Lorren était incertain et en proie au doute. Et ça, ça avait le mérite d'être étonnant. Généralement, le milicien cherchait à atteindre ce qu'il désirait par tous les moyens, tentant le tout pour le tout lorsqu'il était question de séduction, en souriant à sa réussite ou haussant des épaules devant son échec. Rien de plus, rien de moins. Si le triomphe était acquis, il en profitait. Si la défaite se produisait, il changeait d'objectif, de ''victime''. Mais cette fois-ci, c'était différent. Et ça aussi, ça avait le mérite d'être étonnant, car cette problématique en était une de taille... Celle sur laquelle il avait jeté son dévolu hier soir, Estelle de Chantauvent, ne lui donnait aucunement envie d'abandonner. Bien évidemment, il n'était point question d'amour en ce moment se disait-il. La réalité était simplement qu'il appréciait autant essayer de la conquérir qu'espérer que sa réussite se concrétise.

En effet, la présence de la rouquine était une délicieuse période d'amusement et de jovialité ponctuée d'outrecuidance et de sous-entendus graveleux. C'était la première fois qu'il avait eu la ''chance'' de goûter ce qu'il offrait généralement comme baratin aux femmes. Et bien qu'il devait admettre que cela ne sonnait pas toujours extraordinairement bien, cette ''compétition'' qui c'était instauré entre eux lui plaisait, le divertissait avec joie. Dès lors, il se trouvait dans une situation, dans une impasse qui ne lui réussissait guère. Car Merrick savait qu'il aurait dû abandonner, qu'il se risquait sur un sentier dangereux et quasiment impraticable. Et pourtant, il restait. Par amusement, évidemment, se disait-il. Seulement pour ça, probablement.

C'est donc en proie à ce tiraillement vers deux directions opposées qu'il s’était excusé. De cela avait découlé sa proposition d'arrêter, de se forcer au mutisme quand à ses attaques à répétition au niveau du jeu de la séduction. Après tout, s'il aimait autant discutailler avec Estelle, peut-être qu'il n'avait pas besoin de la voir comme une ''proie'', et qu'être son ami suffirait ? Cette pensée l'avait fait grimacer. À ses yeux, être relégué à se moindre rang enlèverait tout plaisir à leurs discutions. Et narcissique comme il l'était, comment accepter d'être un énième badaud d'une plèbe qui se devait conséquente ? Ce piédestal, cette petite différence qu'il espérait avoir droit sur les autres étaient une douce satisfaction. Merrick Lorren n'accepterait pas qu'un autre ose ou tenter de lui voler cette place. D'où sa confrontation avec Lissandre. Mais pour autant, était-ce réellement cela ? Ne serait-il pas plus véridique de parler de jalousie ? Mais alors, d'où celle-ci proviendrait-elle ? Qu'importe. Là n'était pas la question...Non ?

Dès lors, ses mots furent aussi confus et mélangés que son esprit. Mais les tenants et aboutissants devaient tout de même être clairs. Du moins l'imaginait-il. Lorsqu'il finit enfin de déclamer les mots qu'il avait préparés tout au long de la journée, il attendit dans l'expectative. Qu'elle serait la décision, les mots de la tenancière ? De quoi serait faite la suite; retour à la situation initiale, avancement et développement, ou un savant mélange des deux ? Impossible à dire, quant au regard du geste qui fut commis. Car oui, Estelle de Chantauvent venait de déposer ses lèvres sur les siennes. Devant ce baiser qui n'en était pas véritablement un, Lorren ne savait même pas s'il devait le voir comme un acte auquel il pourrait trinquer et articuler son triomphe, ou bien comme un échec, comme le point final d'une histoire n'ayant pas véritablement commencé. Mais ne brûlons pas les étapes.

La surprise fut la première émotion qui le frappa de plein fouet. Le milicien s'attendait à des mots, ou bien à un mince sourire, plutôt qu'à cette attaque. L'instant n'avait duré que d'infimes secondes, impossible pour lui d'en profiter ou de réagir, lui faisant presque croire qu'il avait eu une absence, qu'il avait rêver ce passage...Or, ce n'était pas le cas. Après tout, la sensation de la main sur son visage avait quant à elle été goûtée, lui prouvant que le tout s’était bel et bien déroulé.

La seconde émotion fut l'incompréhension. Que signifiait ce baiser ? Permission de continuer, abandon, adieu...amour ? Le manque d'expression d'Estelle lorsqu'elle se recula ne lui permettait aucunement de comprendre. À chaque fois que le milicien pensait être capable de juger, de mettre de l'avant la cause de cette action, le doute revenait s'immiscer et la réponse s'étiolait et s'effilochait jusqu'à disparaître. Alors, se retrouvait-il de nouveau -et encore- avec sa question de départ; ''qu'est-ce que cela signifiait?''.

La troisième et dernier sentiment, il préféra ne pas chercher à mettre un nom dessus... Son cerveau se mit sur ''pause'', la réflexion n'était plus de mise, et il se perdit dans son esprit, sans pour autant le faire fonctionner. Merrick Lorren n'avait qu'à peine remarqué le départ de la rouquine, les yeux dans le vague, un doigt venant se perdre sur ses lèvres, à la recherche d'un contact qui n'était plus.

La somme de ces trois émotions distincte ? Entremêlé, incompréhensible, difficilement conciliable avec ce qu'il avait imaginé. Le regrettait-il ? Pas le moins du monde. Mais aurait-il préféré plus ? Assurément.

Lorsque la dame de Chantauvent revint à sa place, le milicien crut discerner une pointe de nervosité. Les mots de la jeune femme lui permirent de comprendre un peu mieux, ou plutôt un peu moins mal. Ainsi, Merrick était soi-disant un grand garçon. Bon, ça, il le savait. Du moins, le supposait-il. L'important était plutôt que le choix lui appartenait, qu'il devait décider par lui et pour lui, il semblerait. Sans être un oui, au moins sa réponse ne signifiait pas un non. Ainsi, comme il était, Merrick Lorren préféra voir le verre à moitié plein plutôt qu'à moitié vide. Dès lors, le milicien se permit de voir ce baiser sous un angle positif plutôt que négatif. Il pouvait probablement ranger cette action au même niveau que la proposition d'Estelle de s'abandonner à lui dans une ruelle... Il était évident que cette proposition et cette action avaient eu le même effet; l'assommer.

-''Si le choix me revient, je n'ai pas besoin de réfléchir bien longtemps. Je vais continuer, en espérant une récidive de votre part.'' Dit-il en tapotant ses lèvres de son index. Devant la suite des paroles de l'aubergiste, il hocha la tête. Son frère et uniquement son frère ainsi donc.

Lorsqu'elle lui déposa son argent qu'il avait laissé, il ne put qu'offrir une grimace mal à l'aise. Ô, il l'avait très bien compris qu'elle avait offert tout cela par bonté d'âme plutôt que pour partir à la recherche d'un quelconque bénéfice. Or, sur le moment, en proie à une profonde amertume, Lorren avait préféré éponger ses ''dettes'' pour s'en aller sans se sentir redevable. Maintenant que la situation semblait retrouver une certaine normalité -bien que rien n'était ''normal'' dans leurs échanges-, il se sentait un peu idiot. Cela était facilement discernable sur son visage. Mais à ses yeux, il y avait eu assez d'excuses. Autant passer à autre chose.

-''Alors maintenant que je suis en fond, permettez-moi de retrouver ''l'amour de ma vie'' que j'ai rencontré hier...'' Dit-il avec un sourire, laissant une courte pause s'installer. ''Oh, et une bière pour accompagner la présence de celle-ci.'' Termina-t-il en mettant de l'avant le montant nécessaire au paiement. Puis penchant sa tête sur le côté, il plongea ses yeux dans ceux de la tenancière, sans que son sourire ne vacille une seule fois : ''Un balai... Encore faudrait-il que le cœur se brise, hein ? '' puis il haussa les épaules : ''À avoir peur de perdre, je risque de ne pas oser gagner. Alors, je ne prendrais même pas la peine de croire en la défaite.'' Le défi ne lui faisait pas peur. Du moins, il essayait de s'en convaincre. Avancer et ne plus reculer. Qui vivra verra ! `

Puis, rentrant dans le jeu, il se permit une fausse grimace : '' Je vais espérer vous faire rapidement tomber en amour dans ce cas, car à se rythme, je risque de perdre mes dents très vite...Imaginez que je me retrouve édenté avant que vous soyez consumé par le désir à mon encontre !'' Dit-il faussement horrifié. Puis retrouvant son sourire il enchaîna : '' Et puis, vous ne devriez pas me menacer de votre poêle. Après tout, je trouve que vous vous permettez beaucoup plus que ce que j'ose faire...'' enchaina-t-il en faisant référence à l'étrange baiser. ''Peut-être devrais-je simplement hausser mon niveau de jeu, moi aussi...?'' La regardant fixement, il se passa une main dans les cheveux.

Estelle de Chantauvent du partir, le laisser là à sa place habituelle pour aller voir un ivrogne qui venait de finir sa soirée de bien belle manière selon Lorren. Tomber dans l'inconscience, abrutis par l'ivresse, était la meilleure façon de dormir. Or, le risque était égal à la hauteur du bénéfice. Car le milicien le savait; dépassant le seuil normal de son ivrognerie, Merrick risquait de s'ouvrir à tous, livrer son histoire et son passé au grand jour. Et ça, il ne le voulait pas. Dès lors, il pouvait contempler la situation avec avidité, sans pour autant se risquer à tenter de reproduire cela à l'identique. Puis, soudain, l'envie qu'il éprouvait pour ce lascar qui était tombé dans les vapes disparut comme neige au soleil. En effet, le jeune homme n'avait pas remarqué qu'Estelle était partie avec Brigitte pour ''réveiller'' l'endormi. Devant le choc de la frappe, Merrick tressaillit. Maintenant, il était convaincu qu'il préférait ne pas être dans cette situation, et il était évident que l'homme ne se réveillerait pas de si tôt.

Les dispositions furent prises pour que celui qui avait roulé sous la table soit reconduit chez lui. Ses compatriotes, penauds d'avoir aider le larron à mettre la main sur de l'alcool, tandis que la tenancière avait mis un frein à sa consommation, prirent la décision d'eux-mêmes de raccompagner leur ''frère de beuverie''. Bien logiquement de l'avis de Lorren, qui comprenait l'envie soudaine qui s'emparait d'eux de s'éloigner de Brigitte et de sa maîtresse.

Au retour de la tenancière et de son arme, Merrick mima une salutation admirative à l'endroit de la combattante : ''Si je n'étais pas aussi amoureux, je crois que je prendrais peur à voir cette efficacité dramatique qui vous anime lorsque vous tenez votre ''Brigitte''. Par chance, je suis prêt à prendre le risque. Tout les risques...'' Dit-il un peu plus sérieusement qu'à l'accoutumée.

En un sens, le jeune homme parlait bien évidemment du risque d'échouer, ou de voir la poêle faisant office d'arme d'un peu trop proche. Or, cela sous-entendait aussi que le milicien était prêt à une plus grande échelle de danger. Et puis après tout, ne dit-on pas qu'à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire ?

-''Avez-vous réagi avec une telle contrariété parce que vous ne vouliez pas me quitter ? Si tel est le cas, ne vous inquiétez pas, Estelle. Après tout, je vous l'ai déjà dit; je vous attendrais. Prenez donc tout votre temps, le mien vous est acquis de la première à la dernière seconde.''

Encore, une fois, Lorren usa du double sens de ses phrases, parlant aussi bien sur le temps court, en l'occurrence de son départ rapide pour mâter un ivrogne, que sur le temps long, et la patience de ''charmeur'' dont-il était prêt à faire preuve.

-''Pourquoi travaillez-vous seule, Estelle ? Je ne pense pas que ce soit un problème monétaire d'engager un employer, alors que la salle est bien souvent bondée...'' Demanda-t-il réellement intrigué. ''Si jamais vous aviez une plus grande aide, j'aurais plus le temps de vous faire la cour...'' Ce fut au tour d'un énième client de héler Estelle de Chantauvent. Merrick la retint avant qu'elle ne parte : ''Auriez-vous besoin du tenancier Lorren pour vous aider, ce soir ? Je crois qu'il y a moyen de faire cohabiter la Chope Sucrée et la Chope de Lorren, non ? Pourquoi pas la Chope Sucrée de Lorren ?'' Puis un peu plus sérieusement : '' Je peux vous prêter assistance, mais en échange, vous me devrez une faveur. '' Dit-il avec un sourire malicieux.

L'idée lui plaisait. Après tout, pouvoir laisser planer une petite menace sur Estelle grâce à cette ''faveur'', dont il n'avait aucune idée de ce qu'elle pourrait être, était tentant. Intérieurement, il voulait aussi la soulager quelque peu de son fardeau. Gentillesse intéressée, et compréhension qu'avec ses longues journées et ses dures nuits, elle devait se retrouver plus que fatigué. De plus, bien qu'Estelle de Chantauvent aille dit qu'il ne lui devait rien pour sa chambre, Merrick voulait lui redonner cette charité.

Accepterait-elle ? Pour tout vous dire, il en doutait. Mais serait-il surpris ?


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Estelle LorrenAubergiste
Estelle Lorren



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MessageSujet: Re: [Terminé] Une rencontre houblonnée [Estelle De Chantauvent]:   [Terminé] Une rencontre houblonnée [Estelle De Chantauvent]: - Page 2 EmptyMar 5 Fév 2019 - 22:09


- « L’espoir fait vivre, paraît-il, non ? » souffla-t-elle dans un sourire plein de malice qui dévoila quelque peu sa dentition.

La rouquine n’avait pas pu s’empêcher de lui rendre son argent, c’était très certainement une manière de laver son affront, d’oublier le différend, de l’éviter, de le cacher sous le tapis sans plus jamais le relever. Pour autant, il serait mentir que de dire qu’elle ne perçut pas le léger malaise qui s’empara de lui, pourquoi ? Ses yeux s’étaient écarquillés une fraction de seconde, visiblement en pleine réflexion, en plein questionnement : Merrick s’amusait-il ou était-il sérieux dans ce jeu qu’il avait instauré de lui-même entre eux. Les règles n’étaient pas clairement définies, mais à ce moment précis Estelle comprit que le premier qui s’attacherait sincèrement serait le perdant, mais le perdant de quoi ? C’est sa voix à lui qui l’avait plongé dans l’instant présent, l’histoire de l’amour de sa vie et la jeune femme dut mettre quelques secondes pour faire le lien avec la bouteille, elle c’était retourné pour la récupérer accompagnant l’ensemble de la fameuse bière, d’une petite chope. Une nouvelle fois ses lèvres s’étirèrent alors qu’il lui parlait de son cœur brisé, de la peur de l’échec. La rousse n’avait évidemment pas pu s’empêcher de répondre à la perche qu’il venait de lui tendre.

- « L’avantage d’un cœur brisé, c’est que juste après l’amour de notre vie doit forcément nous consoler… Non ? » elle avait poussée doucement la bouteille du bout des doigts, récupérant simplement l’argent sans compter. « Je vous promets de tomber en amour un jour, et même si vous n’avez plus de dents, il paraît que cela peut avoir certains avantages… » la veuve avait fini par secouer doucement la tête, sortant Brigitte simplement pour lui montrer « Je ne vois pas ce que vous voulez dire… Brigitte non plus, mais je vous promets de penser à vous offrir une arme tout aussi respectable, cela vous aidera peut-être à… hausser votre jeu… Attention à ne pas trop monter, le plafond est bas et plus on monte, plus on tombe de haut. »

Estelle n’avait pas vraiment eu le temps de terminer le fond de sa pensée, ou même de relancer le jeu qui avait fini par fallait-il l’admettre lui plaire. C’était comme sortir un peu de son quotidien, amener un peu de folie à une vie beaucoup trop douce, trop calme. La jeune femme avait dû s’occuper de l’ivrogne qui se roulait sur le sol ou plutôt ronflait sans réfléchir sur le plancher de la chope sucrée et l’unique merveilleuse idée qui lui avait traversé l’esprit était de lui offrir un bon coup sur le haut du crâne BING. Si le premier coup n’avait pas suffi, elle avait imaginé que le second serait plus adapté, mais non, les ronflements ne c’étaient nullement stoppé. BING un troisième coup et là, ce fut les clients qui avaient fini par l’arrêter, prétextant qu’ils allaient le ramener, oui en effet c’était mieux ainsi.

Un peu plus contrariée, la rouquine avait fini par revenir vers Merrick, préférant fermer les yeux sur l’incident, la jeune femme laissa ses doigts jouer sur le bois, détaillant son interlocuteur avec un brin d’amusement au fond des yeux :

- « Même prêt à faire une bataille de Brigitte ? »

Si la question était sincère, elle n’avait pas pu s’empêcher de la ranger, certaine qu’il n’accepterait certainement pas de jouer à un quelconque jeu de poêle au milieu de la taverne. L’idée était stupide après tout, complètement folle même.

- « J’avais si peur de vous voir disparaître dans le fond de votre bouteille, que vous vous transformiez comme ce client qui a reçu un bon coup de Brigitte sur la tête…. Brbrbr imaginez-vous un peu rouler sur le sol, l’observation m’aurait fait pleurer j’en suis convaincu… » elle fit une pause, attrapant un verre pour s’autoriser une gorgée de vin « Votre patiente à bien des limites, non ? Nous avons tous des limites… »

Malgré la bonne volonté de la rouquine, la conversation avait fini par dériver, par devenir plus sérieuse. La gérante avait porté son verre à ses lèvres une nouvelle fois son verre, imbibant sa bouche de ce liquide pourpre si agréable. La petite moue de la rouquine avait fini par se réinstaller sur son visage, ses sourcils s’étaient froncés et elle avait soudainement semblé hésitante : pourquoi travaillait-elle seule ? Parce qu’elle était trop compliquée avec les candidats ? Parce que les candidats qui réussissaient la sélection finissaient par abandonner devant la montagne de travail et les heures particulières larges qu’il fallait réaliser. Avalant une troisième gorgée, elle fit silence, ne sachant si il s’attendait à une réponse sincère ou à du jeu. Comment pouvait-elle le savoir ? Peut-être que se noyer dans le travail l’aider à ne pas penser, à se retrouver seul avec ses mauvaises pensées, avec ses cauchemars, avec ce ressenti d’avoir perdu réellement : l’homme de sa vie.

- « Cela doit être parce que je ne vous avez pas encore rencontré… Un employé comme vous, cela ne peut guère se refuser, votre perfection, votre petit mouvement de chevelure ça va faire succomber toutes les clientes et apporter une fidélité féminine. » elle lui offrit un sourire, incapable de parler sérieuse de sa part sombre, de ce besoin de contrôle « Comment refuser la proposition du célèbre tenancier Lorren, vais-je enfin pouvoir me faire servir et faire une multitude de caprices… » fit-elle en plongeant son regard dans le sien, presque tentatrice.

Toujours en maintenant ce regard, alors qu’il venait de lui annoncer qu’il exigeait une récompense, elle glissa sa main sous le comptoir, laissant ses doigts ramener plus proche ce qu’elle cherchait. Ceci fait, elle fit délicatement le tour du bois pour se placer face au milicien, sans jamais le perdre du regard. Œil dans œil, elle laissa ses doigts glisser à sa ceinture, tirer légèrement pour y accrocher un joli torchon aux couleurs de la chope. Là elle lui offrit ce large sourire amusé, certaine que l’homme avait dû s’imaginer bien des choses, Estelle jouait avec le feu et les braises de sa chevelure ne pouvaient que s’accorder avec ses actes.

- « On verra ça si le travail est efficace… Si vous n’êtes pas bons… Pas de négociation. » elle lui fit un clin d’œil « Mmhhhhh, vous voyez le petit couple là-bas » fit-elle en indiquant la jeune femme et l’homme un peu plus âgé qui l’accompagnait « Il faut rapporter deux soupes, elle cuit dans l’arrière-cuisine, une bouteille de vin… Si vous parvenez à convaincre monsieur de prendre un plat après la soupe et une autre bouteille… Il est possible que je vous accorde le bénéfice du doute vis-à-vis de vos compétences… de tenancier. »

Elle retira ses doigts de la ceinture du milicien s’éloignant d’un pas, laissant son regard parcourir la salle et le nouveau groupe de client qui venait de passer le seuil de la porte. Estelle n’avait guère le temps de lui faire tout une démonstration des différents, alcool, du rangement, de la manière de faire cuire les plats, mais elle ne doutait pas que Merrick arriverait à gérer la pression sans finir caché sous la table de la cuisse.

- « Si tu as le temps de t’occuper d’autres clients je suis partante, plus vite tout le monde est servi, plus vite tout le monde est reparti, si besoin tu attrapes Brigitte ET… Mh… Non, laisse-moi Brigitte, quand elle ne connaît pas, elle n’est pas très efficace… » elle s’était retournée pour attraper un plateau, avant de s’arrêter net pour se pencher sur lui « Oh et surtout, ne touche pas le petit pot d’herbe au-dessus de la cheminé, aucun des trois… Tu peux tout utiliser sauf ça. »

Parce que « ça » c’était les armes secrètes d’Estelle et elle n’en était pas franchement fière. Une en trop grande quantité pouvait faire dormir n’importe qui, l’autre rendre particulièrement malade l’individu –et elle n’avait guère envie de rapporter une quantité impressionnante de pot de chambre parce qu’à cause d’un mauvais dosage un client se vidait-, la dernière était, paraît-il un aphrodisiaque important, l’offrait-elle à la demande de certaines femmes de joies, ou de couple, ou même simplement quand elle voulait s’amuser et observer quelques réactions. Après tout, ce n’était pas parce qu’elle était veuve qu’elle ne pouvait pas s’amuser un peu. Haussant les épaules sans demander son reste, elle lui murmura un « bonne chance tenancier Lorren » avant de s’échapper vers le nouveau groupe.

- « Bonsoir, bonsoir, bienvenue à la chope sucrée, qu’est-ce que je peux offrir à de si charmants jeunes hommes ? » questionna-t-elle tout sourire de sa voix chantante
- « Des bières ma bonne dame et une bouteille de votre meilleur vin, on vient fêter le mariage à venir de notre ami. »
- « Oh félicitations, je connais peut-être l’heure épouse ? »
- « Brigitte Dacros, la p’tite couturière en bas de la rue. »
- « Mhh, Brigitte, quel joli prénom. » souffla-t-elle les yeux brillants d’amusement « je vais vite vous chercher tout ça »

Elle était revenue vers son comptoir avec un sacré sourire, s’obligeant à se mordre la lèvre inférieure pour ne pas éclater de rire, c’est que la rouquine imaginait déjà sa brave petite poêle se marier et elle avait beau tout faire pour ne pas visualiser son instrument de torture en robe de mariée, ce n’était pas possible. Attrapant plusieurs chopes, déversant soigneusement la bière à l’intérieur, extirpant une bouteille de vin, elle avait fini par revenir vers le groupe servant l’ensemble avec une habilité et une habitude déconcertante. L’argent fut récupéré, puis sagement rangé, quelques plaisanteries furent échangées et c’était tout. L’air de rien Lorren avait l’air de s’en sortir –de son point de vue, plus qu’il n’avait pas encore pris les jambes à son cou-, même si elle ignorait si le courant passé véritablement avec les clients. En le regardant ainsi interagir, évoluer dans l’établissement, le plateau contre elle, la rouquine devait très certainement se dire qu’il avait peut-être raison : un jour de repos pourrait lui faire du bien. Secouant doucement la tête, la gérante avait fini par se détourner de son centre d’intérêt pour se rendre dans sa cuisine, les plats n’allaient pas se préparer tout seuls.

Là, Estelle faisait ce qui lui plaisait le plus et cela devait parfaitement être visible, tout était parfaitement découpé, taillé, le poisson du matin ouvert et cuit sagement. Naturellement, elle s’appliquait à préparer une bonne soupe de poisson pour ses clients, mais également pour Merrick, pour le remercier, n’était-il pas obligé. La rousse avait fini par ressortir, détaillant au loin ce qui semblait être une conversation entre le milicien et une autre femme, impossible à cette distance de savoir ce qui se disait. Son interlocutrice était plutôt agréable à l’œil, une brune à la chevelure longue et lisse, de grands yeux verts qui ont l’air de s’émerveiller sur le monde, elle tient une chope entre ses mains, son corset à l’air beaucoup trop serré et sa poitrine menaçait d’exploser, ou pire de s’extirper de son maintien. Elle était plus grande qu’Estelle à première vue, ce qui fallait-il bien l’avouer n’était pas bien complexe. S’appuyant sur le comptoir, la rouquine détaillait l’ensemble sans trop bouger, jouant avec le liquide pourpre qui se trouvait dans le récipient.


- « Dis donc, t’es nouveau toi, non ? Estelle à bon goût » souffla le joli bout de femme en se dandinant « Tu m’apporterais bien un verre ? Un mélange de ton choix, de ta création sur ce que je t’inspire… L’occasion de te faire travailler ton imagination » poursuivit-elle en déposant une main sur son épaule « Je suis certaine que tu dois être plein de surprise » ronronna-t-elle presque « Je vais m’installer à cette petite table-là, d’accord ? J’ai hâte de goûter ton mélange. »

Un peu plus loin, Estelle n’entendait rien et se contenta simplement de rouler des yeux. Elle s’était pincé les lèvres, avant de regarder la petite table avec le grand groupe, celui fêtant le mariage à venir. Ils s’étaient tous mis à chanter des vieilles chansons paillardes, levant chopes, bouteilles, trinquant en renversant la moitié à côté, tapant sur la table pour donner un rythme. Avisant les récipients se vider bien vite, elle avait pris l’initiative de venir redéposer plusieurs bouteilles sur la table dans des larges sourires. Le groupe l’avait presque naturellement inclus dans la discussion ce qui semblait très franchement l’amuser.


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MessageSujet: Re: [Terminé] Une rencontre houblonnée [Estelle De Chantauvent]:   [Terminé] Une rencontre houblonnée [Estelle De Chantauvent]: - Page 2 EmptyMer 6 Fév 2019 - 4:51
-''Je n'oublierais donc pas votre promesse.'' Formula-t-il comme seul et unique réponse.

Ainsi, Estelle de Chantauvent avait promis de tomber en amour un jour. Avait-elle conscience de la teneur de ses paroles ? Était-ce un énième élément du jeu auquel elle et Merrick Lorren s'adonnaient, ou était-ce une réelle possibilité ? La question ne put trouver réponse, tandis que la rouquine repartait à l'attaque à l'aide de ses mots. Bien savamment, le milicien fut mis en garde pour ce qui en était de ''hausser son jeu''. En effet, elle lui mentionna qu'à forcer de se hisser, la chute n'en serait que plus dure, tandis qu'il tomberait de plus haut. Pour autant, ces paroles ne l'alarmèrent guère. Après tout, la jeune femme n'arrêtait jamais de lui souffler de faire ''attention'', de lui dire que le danger qu'il encourait à persévérer était grand. Dès lors, une fois de plus, ou de moins , ne ferait pas changer d'avis l'ivrogne. Merrick était prêt à jouer avec le feu. Brasier ardent qu'elle s'assurait d'ailleurs d'alimenter de par certaines de ses actions, bien qu'elle soit la première à lui mettre en évidence que cela pouvait mal finir. Drôle de contradiction, s'il en est. En faisant cela, se pouvait-il qu'elle se risque elle aussi à la douleur de la flamme et de la passion ?

Là-dessus, Estelle était partie mater les velléités d'un ivrogne tombé dans le coma. N'hésitant pas à user de Brigitte, sa plus fidèle alliée, la rouquine avait réussi à faire déguerpir l'endormi et ses amis, qui prirent la fuite rapidement en transportant le lourd fardeau qu'était le quidam passé d'endormis à assommer. Revenant sur ses pas, Lorren avait accueilli celle qui avait montré qu'elle était passée maître dans le maniement de son arme. Se risquant à palabrer avec amusement, bien que la poêle soit toujours dans les mains de la combattante de l'auberge, le milicien fut récompensé par une invitation à la rixe. '' Malheureusement, je n'oserais jamais lever la main contre vous.''

La petite lueur d'amusement que le milicien avait vu percer dans le bleu regard de la dame de Chantauvent lui mit la puce à l'oreille; mieux valait éviter d'accepter ce genre de proposition avec cette dernière... Bien que sonnant comme une blague, Lorren avait le sentiment qu'un fond de vérité se cachait dans l'invitation qu'elle avait envoyée. Tenant à sa vie, il avait palabré avec aisance, ramenant son refus sur le dos de sa civilité chevaleresque, plutôt que dans la peur de prendre le moindre risque de rencontrer Brigitte de trop près. Pour compléter ses dires, il se passa une main dans la chevelure. Au final, ce geste semblait beaucoup plus un mouvement de nervosité que de charme. Mais ça, il fallait encore le connaître pour le savoir.

Par la suite, Merrick préféra laisser le silence répondre à la blague de la tenancière, se concentrant plutôt sur les mots qui questionnaient sa patience : '' Elle n'est pas infinie, c'est évident.'' Rien de plus, ni de moins. Simplement la stricte vérité. L'intérêt était très grand, mais pour autant, cela ne signifiait pas qu'il attendrait toute sa vie durant. Mais pour le moment, rien ne pressait. Le jeu valait l'attente. ''Mais à l'heure actuelle, elle n'est aucunement entamée.''

Enfin, Merrick Lorren demanda bien curieusement pourquoi la tenancière travaillait seule. La réponse humoristique lui mit la puce à l'oreille, alors qu'il aurait été bien facile de simplement dire la vérité si cette dernière n'était guère difficile à prononcer. La jeune femme devait avoir des raisons en lien avec son mari décédé pour œuvrer seul à l'intérieur de la Chope Sucrée. Toujours est-il qu'il ne creusa aucunement. Ce n'était pas de son ressort de lui faire s'ouvrir... non ? Il aurait peut-être aimé en entendre plus, comme cela avait été le cas hier soir dans les ruelles non loin de l'auberge. Or, qui était-il, lui rencontrer la veille, pour la presser de question ? C'est ainsi qu'il laissa couler, sans pour autant abandonner de son esprit ce nouvel élément.

Puis, sur le ton de la conversation Merrick, c'était proposé pour travailler, et elle avait accepté. Ce qui le surprit très fortement. Or, il le fut encore plus par la façon dont il reçut ses nouvelles fonctions. ''Le tenancier que je suis ne vous refuserait aucun de vos caprices, quels qu'ils soient. Vous devez bien vous en douter.'' Dit-il en vrillant son regard dans celui d'Estelle. ''Mais aurez-vous l'audace de profiter de ma personne ?'' Décidément, elle avait le don de le tenter ardemment... En réponse, il lui qu'émenda une récompense pour son aide du soir. Loin de s'en offusquer, Estelle de Chantauvent continua ses machinations. N'empêchant aucunement le contact qui s’était créé entre leurs regards de perdurer et de se prolonger, Lorren l'observa se mouvoir avec un petit sourire sur les lèvres; que préparait-elle ?

La tentatrice, car en cette heure c'est ce qu'elle était pour Merrick, fit le tour de son bar pour se placer devant lui. Cette promiscuité ne fut aucunement reçue de manière négative par le milicien. Elle voulait jouer à ce jeu ? Elle goûterait sa propre médecine... le jeune homme fit un pas de plus dans sa direction, se rapprochant drastiquement et encore plus de la rouquine. Plus grand qu'elle, il la surplombait, devant pencher la tête pour ne pas perdre de ses yeux le regard d'Estelle. Finalement, comprit-il sa manœuvre, lorsqu'elle lui passa un torchon à la ceinture d'une manière... bien particulière, mais ô combien délicieuse. Souriant aux mots qu'elle prononça, Merrick Lorren décida de ne pas la laisser impunie. Il ne laisserait pas passer sa chance aussi facilement.

Se penchant sur elle, il approcha sa bouche de son oreille, prenant la parole tout bas, profitant de ce qu'elle avait créé pour répliquer et goûter à se rapprochement qu'il avait instauré : '' Vous enflammer mes sens et faite flamber mon désir envers vous, Estelle.'' Autant y aller franc-jeu, non ? '' En agissant ainsi, vous jouez littéralement avec le feu. N'avez-vous pas peur de vous brûler ? Après cela, il est évident que la récompense risque d'être très exigeante.'' Se relevant pour écouter les paroles de la jeune femme, Lorren ne put s'empêcher de frôler les cheveux de la rouquine. '' Je n'échouerais pas.'' Dit-il tout simplement, souriant avec une outrecuidance et un narcissisme qui prouvait sa confiance quand à sa réussite. Hochant la tête sur la description de ses tâches, Merrick paracheva les dires de la belle avant de se mettre au travail. '' Alors, dépêchons-nous de servir tout le monde, histoire que la récompense ne se fasse plus attendre.'' Termina-t-il.

C'est sur ces mots que le duo se sépara, partant vaquer aux besoins des différents clients de la Chope Sucrée de Lorren. Passant en cuisine , Merrick récupéra les deux soupes qui étaient la commande du couple, ressortant avec ces dernières installées sur un plateau. Puis, déposant son butin sur le comptoir, il regarda les différentes bouteilles qui traînaient derrière le bar avant d'en sélectionner une qui contenait du vin. Enfin munit des impératifs à sa nouvelle fonction, le tavernier partit en vers la femme et l'homme, bien convaincu de réussir à les faire consommer avec excès pour avoir le droit à négocier son ''prix''.

-''Bonsoir ! Tout se déroule comme vous le désirez, par ici ?'' Demanda-t-il avec un certain amusement d'officier comme serveur. ''Voilà vos soupes et la bouteille. Vous laisseriez-vous tenter par quelque chose d'autre ?''

-''Non merci, jeune homme.'' Lui répondit l'homme, se penchant vers sa soupe et pensant mettre un terme à la conversation.

Décidément, le sourire de Lorren ne serait guère suffisant pour convaincre le couple de consommer un peu plus...''Nous en rediscuterons lorsque je viendrai récupérer les bols.'' Prenant la bouteille, alors que la femme tendait la main pour s'en saisir, Merrick lui sourit : ''Permettez-moi de vous servir, madame.''

-''Et bien, merci jeune homme...''

Remplissant les deux coupes qui trainaient sur la table, l'aubergiste fit bien attention de les remplir conséquemment. Ainsi, peut-être serait-il capable de les amener à l'ivresse et après à les forcer à consommer ? Après tout, rien ne servait de pousser pour le moment. Mais lorsque l'alcool se ferait ressentir, il repasserait...

-''Bon appétit !''

Puis, récupérant la première bouteille vide et l'argent, il disparut en se rapatriant vers le comptoir. Il avait réussi sa première commande, sans pour autant parvenir à leur faire passer l'achat qui lui permettrait d'atteindre son objectif. Qu'importe. Il tenterait de nouveau un peu plus tard. Déposant le corps mort qu'était la bouteille en cuisine, Lorren reparti dans la salle principale, laissant son regard se perdre sur la clientèle. Généralement, le milicien ne sondait guère la foule de cette façon, en l'occurrence à la recherche d'un quelconque besoin chez les ivrognes des lieux. D'habitude, son regard ne faisait que suivre la réelle propriétaire, tandis qu'il la regardait agir. Cette fois-ci, il ne se laissa presque pas ses yeux vagabonder sur la crinière rousse qu'il apercevait du coin de l'œil. Presque... Avait-il tout de même pris le temps de sonder le groupe d'homme avec qui elle parlait, au cas où.

Puis, voyant une cliente esseulée lui faire des signes, Merrick Lorren l'aubergiste se dirigea vers celle-ci, actant comme il avait vu Estelle de Chantauvent le faire. ''Bonsoir à vous, mademoiselle !''

La femme en question n'était pas immonde. Loin de là d'ailleurs. Le regard du milicien avait eu le temps de juger de la personne qui se trouvait devant lui. Belle, aguichante et intéressante, celle-ci avait tout pour plaire, ou pour faire succomber le jeune homme. Généralement. Car il faut le dire; Merrick Lorren est certes un coureur de jupon, mais pas forcément un affamé de la gente féminine. En effet, aimant se complaire dans les bras d'une femme, l'ivrogne devenu tenancier n'en reste pas moins capable de se satisfaire à lui-même, n'ayant pas forcément besoin de quelqu'un pour lui tenir compagnie tous les soirs. Pour autant, en temps normal, il n'aurait pas refusé de la sorte une ''proie'' aussi simple. Après tout, celle qui lui faisait du charme n'était pas dénuée d'attraits. Or, pour le moment, Merrick était en train de se complaire ailleurs, beaucoup plus intéressé par une certaine rouquine au caractère bien trempé. Et après tout, la simplicité d'une femme n'était guère apte à résister aux délices promis, après avoir triomphé, de la difficulté d'une autre..

Malgré tout, joueur, il lui sourit, répondant à ses mots et appréciant de voir qu'il plaisait : '' C'est ma première journée, en effet.'' Puis modestement : ''Allons, allons. Vous allez me faire rougir.'' Bien qu'elle n'avait aucune chance de produire un tel effet sur lui. ''Parfait je vous apporte cela. En espérant que vous ayez de quoi payer !'' Dit-il en la laissant aller s'attabler et lui partant à nouveau vers le bar.

En faisant le chemin, ses yeux se perdirent à nouveau sur la dame de Chantauvent. Le désavantage de ''travailler'' était qu'il ne pouvait guère lui parler. Cette dernière se dirigeait à nouveau vers le groupe de fêtard qui avait entonné des mélodies toutes moins harmonieuses les unes que les autres. Il semblerait que la tenancière perçoit la possibilité de vendre de l'alcool, avant que celle-ci n'arrive. Ainsi, elle s’était mise en branle avant même qu'un seul des soudards ne demande un verre. C'était surement la capacité d'une habitué et bonne aubergiste de voir le besoin avant qu'il ne soit quémandé ! Sur le chemin, il ne put s'empêcher de passer proche d'elle, de lui offrir son sourire et un clin d'œil joueur.

Derrière le comptoir, le milicien perdit quelques secondes pour décider ce qu'il pourrait apporter à la jeune femme qui essayait de l'appâter dans ses filets. Tenté de lui apporter un verre d'eau pour lui démontrer son manque d'intérêt, et pour pouvoir sourire de cette déconvenue, Merrick se ravisa, voulant éviter tout esclandre. Regardant les trois pots qu'il avait ''interdiction'' de toucher, il fut aussi éprouvé par l'envie de remplir un verre d'une de ces mixtures à l'effet inconnue, mais ne souhaitant guère goûté à nouveau à la furie de celle qui lui avait bien défendu d'en faire l'utilisation, il repoussa l'idée. Se contenta-t-il de prendre l'alcool fort -et bien dégoûtant- qu'Estelle de Chantauvent lui avait donné à boire lorsqu'il était au plus mal hier soir. Le message risquait d'être assez clair. Puis soudain, il eut une idée... Peut-être n'était-elle pas si stupide que cela. Peut-être que Merrick Lorren pouvait s'en tirer à bon compte. Très bon compte.

Remplissant une coupe de vin, plutôt qu'un verre du breuvage infâme, il se dirigea vers la demoiselle qui l'attendait. ''Et voilà pour vous. Avec les compliments de la maison !'' Commença-t-il en déposant la mixture sur la table.

-''C'est tout ce que je t'inspire ? Une maigre coupe de vin ?''

-''C'est pourtant mon breuvage préféré !'' Mentit-il. ''Peut-être devriez-vous m'offrir une bouteille de cette boisson, histoire que je la partage avec qui je le désire...'' Dit-il malicieusement en lui offrant un clin d'œil. Le pouvoir des mots, couplé à un onctueux mélange de charme, pouvait faire bien des choses....

-''Voilà ton argent pour la bouteille. En espérant te voir rappliquer par ici, monsieur...''

-''Merrick Lorren.'' Commença-t-il en inclinant la tête, mettant la main sur le pécule. ''Je reviendrais pour votre prochaine commande, madame.'' Dit-il sur le point de quitter.

-''Attend ! Ne veux-tu pas entendre savoir qui je suis ?'' Demanda-t-il en battant des paupières.

-''Peut-être une prochaine fois, mais pour le moment, je suis occupé ailleurs...'' Termina-t-il en coulant son regard vers Estelle.

Quittant la charmeuse qui n'avait guère charmé, Merrick récupéra la bouteille de vin payé et se dirigea vers le premier couple de la soirée : ''Voilà pour vous, une autre bouteille de vin !''

-''Nous n'avons rien commandé...''

-''C'est offert par la gente dame là-bas. N'hésitez pas à la remercier ! '' Dit-il en pointant la femme qui s’était fait flouer. '' Ne trouvez-vous pas qu'un repas accompagnerait bien ce cru... ?''


---


Estelle de Chantauvent avait été happée par le groupe de fêtard qui célébrait le mariage de l'un des leurs. Passant de chanson en chanson, déblatérant avec force et éructant grivoisement, les compatriotes avaient la joie de vivre facile et la bourse bien déliée. Détail plus qu'opportun pour la tenancière qui devait probablement sustenter leur besoin en nourriture et boisson en toute sorte. Toujours est-il qu'à l'intérieur de cette étrange foule hétéroclite, l'un de ces hommes avait jeté son dévolu sur la jeune femme. Après tout, qui ne tente rien n'a rien, se disait-il. Le quidam en question était celui qui s’était adressé à la tenancière le premier, commandant bières et vins pour la troupe. Or, avant de se lancer à l'attaque de la demoiselle, qui semblait en tout point respectable et avenante, une question le taraudait; qui était cet homme qui faisait lui aussi le service ? Mari, ami, propriétaire, ou bien concurrent ? Il avait bien vu que son regard se perdait bien souvent par ici sur la jeune femme...

-''Merci à vous ma bonne dame ! Vous avez un charmant établissement, vous et votre mari...'' Commença-t-il bien subtilement en pointant du menton Merrick Lorren. ''Il est chanceux de vous avoir, si vous me permettez le commentaire.'' Poursuivit-il en la regardant, attendant une réponse pour voir jusqu'où il pourrait se risquer pour la courtiser. ''Voudriez-vous vous joindre à nous ?'' Termina-t-il enfin, espérant que la belle trouve assise, rejoigne un point de chute non loin de lui, et qu'elle lui mentionne s'il lui était possible de la courtiser.

Bien qu'il n'entendit rien, occupé à abreuver les autres soudards et ivrognes de l'établissement, le milicien reconverti en tenancier ne manqua rien de l'échange qui se joua. Après tout, l'intérêt du charmant jeune homme se sentait partout dans la salle... Secouant la tête de dépit, mais préférant rester au loin plutôt que de créer une situation ressemblant à celle avec Lissandre, Lorren continua son service comme si de rien était. Bien que son regard vienne bien souvent se perdre sur Estelle de Chantauvent pour voir la suite desdites péripéties...

---


Fin de la soirée

La réelle propriétaire des lieux referma la porte sur les derniers clients. Épuisé, Merrick se laissa tomber sur l'une des chaises qu'occupait l'un des lascars du groupe du marié. Était-il seul tous les deux dans la taverne ? Renversant la tête en arrière, s'appuyant lâchement au dossier de son assise et les yeux vers le plafond, il partit d'un doux rire. ''Par la Sainte Trinité Estelle, comment faite vous pour tenir la Chope toute seule et tous les soirs ? Je suis presque épuisé à mort.'' Puis redressant simplement et seulement la tête, il déposa son regard sur la tenancière: '' Noter bien le ''presque''. Il me reste assez d'énergie pour m'occuper de votre multitude de caprices, comme promis.'' Paracheva-t-il dans un clin d'œil et un sourire en coin. Puis se relevant enfin, il marcha en direction de la rouquine.

-''Je n'ai malheureusement pas réussi à vendre un repas, en plus des soupes, au couple. Mais, ils ont en quelque sorte payé une autre bouteille de vin... Est-ce suffisant pour parler de ma récompense ?'' Demanda-t-il avec le plus grand sérieux. '' Je peux vous laisser choisir pour moi le bénéfice de mon ouvrage, sachant que je n'ai pas rempli complètement ma mission, sans pour autant l'échouer. Après tout, vous savez ce que je désire....'' Poursuivit-il songeur. ''Si la décision vous revenait, que pourrais-je bien mériter, Estelle de Chantauvent ?'' Termina-t-il pour de bon, le regard perdu dans ses yeux bleu clair.

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MessageSujet: Re: [Terminé] Une rencontre houblonnée [Estelle De Chantauvent]:   [Terminé] Une rencontre houblonnée [Estelle De Chantauvent]: - Page 2 EmptyMer 6 Fév 2019 - 23:32


- « Ce n’est pas de l’audace, mais de l’inconscience… non ? »

La réponse de la rouquine s’était faite naturelle, sans hésitation, comme une réflexion qu’elle se faisait à elle-même. C’était une évidence que ce petit jeu était inconscient, presque surréaliste, un d’eux finirait sans aucun doute par se retrouver le bec dans l’eau pour ne pas dire autre chose. Le jeu de regard ne c’était pour autant par arrêté, c’était une sorte de défi innocent, chercher à comprendre lequel des deux lâcheraient l’autre en premier, un test aussi stupide qu’inutile puisqu’il ne permettrait pas d’obtenir la moindre certitude. Joueuse, la rousse avait fini par contourner habillement le comptoir, venant se placer devant lui avec le tissu aux couleurs de la chope entre les mains, elle avait tiré légèrement sur sa ceinture pour y faire tenir le torchon, sans jamais perdre ses yeux du regard. Merrick en avait profité pour accentuer la proximité et ce qui aurait dû en théorie la gêner sembla l’amuser davantage, renforçant cette petite provocation qu’elle était convaincue de perdre à l’avance. Le milicien s’était penché jusqu’à son oreille, murmurant de cette voix base pour être certain de la déstabiliser et cela avait fonctionné. Les premières phrases manquèrent de lui faire monter le rose aux joues, la rouquine s’était pincé les lèvres, tâchant d’éviter de dévoiler sa gêne, alors que pour la première véritable fois elle pouvait percevoir son odeur. L’homme d’armes avait ensuite poursuivi son argumentation en la mettant en garde vis-à-vis de son jeu dangereux, prit-elle seulement conscience à quel point elle jouait avec le feu. Une fois dans une posture plus convenable, Merrick lui avait confirmé le fait qu’il allait réussir pour obtenir sa récompense, puis c’était éloigné pour réaliser l’ensemble.

Celle à la chevelure flamboyante sembla hésitante sur l’instant, consciente de ce qu’elle faisait, culpabilisant légèrement vis-à-vis de son époux. Cela faisait si longtemps qu’elle n’avait pas autorisé quelqu’un à la courtiser qu’elle ne savait même plus à quoi cela pouvait bien ressembler. D’ailleurs Merrick Lorren était-il réellement en train de la courtiser ou ne cherchait-il qu’à obtenir une finalité qui ne la mettrait pas franchement en valeur ? Secouant doucement la tête, elle n’avait eu guère le temps de davantage réfléchir à la question, préférait-elle se concentrer sur autre chose et sa clientèle ne pouvait qu’être cette autre chose parfaite. La tenancière avait fini par retrouver son rythme et son dynamisme, s’occupant d’un groupe dans un premier temps, puis en rejoignant sa cuisine pour préparer diverses plates. Le temps passait rapidement et étrangement, avec une aide plutôt efficace –fallait-il bien l’admettre- la difficulté lui semblait bien moindre, ne pourrait-elle pas toujours solliciter le milicien, ce n’était pas son rôle après tout.

Sortant une nouvelle fois de son petit coin personnel, elle avait extirpé plusieurs bouteilles pour venir les apporter au groupe avec le futur époux, une bonne manière de forcer la consommation tout en laissant entendre qu’elle restait particulièrement attentive à la clientèle. Malgré quelques sollicitations, la rousse avait finir par s’éclipser en prétextant une montagne de chose à faire, c’est que la soirée avait été plutôt chargée, une multitude d’hommes et de femmes avaient passé la porte de l’établissement et tous semblaient avoir besoin d’une attention constante. En théorie, cela ne dérangeait pas la gérante, mais ce soir, elle aurait apprécié prolonger la discussion avec Merrick, peut-être même fermer l’établissement pour savourer enfin d’un instant de repos, de calme, un moment juste pour elle.

Abandonnant ses pensées, elle avait dû s’appliquer à poursuivre, réajustant un large sourire alors que le groupe qu’elle avait servi au début la sollicitait une nouvelle fois. À ce moment-là, Estelle détaillait Merrick et une charmante cliente qui venait d’entrer, elle avait observé un long moment les deux jeunes gens échanger avant d’accepter d’enfin répondre aux sollicitations du futur époux de ses nombreux amis. La tenancière avait ris aux blagues, proposer d’autres alcools, des repas, tâchant d’être le plus agréable possible de façon à augmenter ses chances de ventes, ce n’était pas malsain, ce n’était pas comme avec Merrick, elle restait toujours à sa place et recadrait aux besoins. Cependant, la rousse n’avait pas tiqué que l’un du groupe se risquait à lui faire du charme, ce n’est que lorsqu’il aborda la présence de Merrick et le lien qu’il pouvait les unir qu’elle tiqua.


- « Je lui ferai passer le message, je suis convaincue qu’il sera ravi de le savoir » se contenta-telle de répondre, sans trop en dire « Je ne peux pas réellement rester trop longtemps avec des clients, vous comprendrez certainement, j’ai énormément de travail… Il ne peut pas tout faire tout seul » termina-t-elle avant de rajouter « Merrick, n’est pas mon époux, simplement… » il était difficile de répondre, elle ne le connaissait que depuis deux jours, il y avait ce jeu… « Une aide précieuse. » Conclut-elle

Même si elle avait annoncé clairement les faits et qu’elle avait eu dans l’idée de ne pas confirmer ou infirmer les liens qui l’unissaient à Merrick, sa culpabilité vis-à-vis de feu son mari l’avait obligé à réajuster sur la fin. L’homme avait semblé comprendre qu’elle n’était pas intéressée et avait eu l’intelligence de ne pas insister, elle avait néanmoins ri aux dernières blagues, partagé un verre pour être agréable avant de retourner à ses différents services après de très longues heures, après que le soleil soit couché depuis très longtemps, elle avait fini par refermer la porte, sagement lâchant un bref soupir de contentement. Elle était fatiguée oui, mais ravie du coup de main que Merrick lui avait offert. Le milicien s’était laissé tomber sur une chaise, la tenancière n’avait pas pu s’empêcher de rire. Il était « presque » épuisé, mais il semblait prêt à réaliser le moindre de ses caprices. Heureusement, parce que ce n’était pas parce que les clients étaient partis que la soirée était terminée, il fallait ranger, nettoyer. Néanmoins, Estelle l’avait laissé s’exprimer, sans le couper, s’approchant doucement pour venir s’installer face à lui. Une petite pause, rien qu’une petite pause, c’est très certainement ce qu’elle avait dû se dire.

- « Avant de parler récompense, mon cher, il faudrait peut-être terminer la soirée, alors vous allez devoir profiter de ce restant d’énergie pour bouger votre joli fessier utiliser le tissu accroché à votre ceinture et astiquer les tasses, pendant que je m’applique à débarrasser et laver les chopes. »

La rouquine lui avait offert un sourire, passant délicatement derrière lui pour passer une main dans sa chevelure, l’ébouriffer légèrement, une manière de réinstaurer le jeu, mais très certainement aussi de le provoquer un peu. Rapidement la Chantauvent, avait attrapé un plateau, s’amusant à accumuler les nombreuses chopes vides pour retourner derrière son comptoir et nettoyer l’ensemble. Elle gardait Merrick à l’œil, peut-être était elle-même prête à s’ouvrir un peu, c’est qu’il lui avait rendu un service important et c’est presque naturellement que sa voix c’était faite entendre :

- « Vous savez, cet établissement, c’est le projet de notre vie avec mon mari, enfin c’était… J’ai dû mal à laisser la main, à tolérer quelqu’un d’autre que mon frère et puis quand je trouve enfin un employé ou une employée qui correspond à mes critères elle ou il finit toujours par abandonner… Ma vie c’est la chope, mais comment puis-je demander à une autre personne d’en faire sa vie aussi ? Avec les horaires, les fermetures tardives, c’est compliqué d’avoir encore des occupations à côté… »

Elle avait fini par lâcher un petit soupir, ce n’était pas déplaisant, c’était une manière de garder le lien avec son époux, mais aussi une manière de ne pas penser, de ne pas se perdre, de ne pas prendre le temps de déprimer. Devait-elle réellement prendre quelqu’un ou attendre d’accepter de se lier de nouveau ? Elle ne savait pas, cependant, elle avait fini par se pincer les lèvres que Merrick semblait terminer les dernières tables. Estelle doutait que Merrick trouve quoi que ce soit à répondre, mais elle lui laissait l’occasion alors qu’elle se dirigeait dans la cuisine pour revenir avec deux écuelles remplies de la fameuse soupe au poisson. Elle avait rajouté quelques épices pour relever l’ensemble, donner un peu plus de goût et avait rempli un verre de la fameuse bouteille pour lui et un verre de vin pour elle.

Déposant une assiette devant lui avec une grosse cuillère et la chope, s’installant ensuite face à lui, elle l’avisa, avant de lui souhaiter un très bon appétit. Estelle avait ce don pour souffler le froid et le chaud et bien qu’involontairement, elle décida de jouer cartes sur table.

- « Promis, je cuisine très bien, c’est pour vous remercier pour le service. » elle fit une légère pause « Écoutez Merrick, je pense que vous avez raison, vous avez largement gagné une récompense. » elle leva un doigt « Un après-midi ou un soir de votre choix pour partager un moment en dehors de la chope, pas de client, juste vous et moi. Vu que vous n’avez pas réussi à réaliser l’ensemble de vos missions du soir… Cela me semble une très belle récompense. »

Elle avait laissé ses yeux vagabonder sur sa silhouette avant de lui souhaiter un bon appétit et de commencer à manger. C’était agréable de partager un repas –ne lui avait-elle pas laissé le choix d’accepter de manger à l’aide de gros yeux ou des yeux de chat battu-, la rouquine semblait ravie, mais également un peu fatiguée de sa soirée, sans pour autant être complètement épuisée. Les restes n’étaient pas suffisants pour se rendre dans les bas quartiers, après le repas, Merrick pourrait donc s’éclipser et faire ce que bon lui semblerait. La jeune femme l’avait évidemment laissé s’exprimer, répondre avant de reprendre le fil de la conversation.

- « Il n’y aura pas besoin de se rendre dans les bas quartiers, il n’y a quasiment pas de reste, cela ne serait pas juste d’offrir trois repas seulement. » murmura-t-elle « Peut-être qu’on pourrait en profiter pour discuter ? Je suis curieuse d’en apprendre davantage sur vous, pourquoi la milice ? C’est un choix plutôt… Enfin, si vous me dites que c’est uniquement pour le plaisir de porter la tenue afin de pouvoir courtiser plus facilement, je dois bien avouer que cela me surprendrait pas. »

La rouquine s’était mise à rire, sans que cela ne soit forcée, elle ne mentait pas lorsqu’elle évoquait le fait de l’imaginer choisir ce métier pour ce rôle précis. Merrick était un charmeur, qui devait avoir une conquête dans chaque rue, était-ce ainsi qu’elle le percevait, ce qu’elle ne comprenait pas, c’est que généralement ce genre d’homme ne s’attardait aucunement sur une proie qui se refusait, alors pourquoi restait-il ? Pourquoi ? Encore cette fameuse question qui ne trouverait sans aucun doute pas la moindre réponse ce soir. Avalant une gorgée de son vin, terminant sagement sa soupe encore chaude, mastiquant quand elle tombait sur des morceaux de poissons, Estelle semblait être un peu dans ce doute, dans cette hésitation qu’elle avait ressentie tout le long de la soirée. Jouait-elle à un jeu dangereux ? Réellement ? C’était difficile à dire, mais il lui permettait de penser à autre chose et c’était quelque chose d’agréable, n’était-ce pas tout ce qui avait de l’importance finalement ? Avalant une nouvelle gorgée, elle avait fini par faire tourner le liquide dans le fond de son verre. Fermant doucement les yeux, elle avait penché légèrement la tête en arrière, détachant sa longue chevelure pour la laisser cascader dans son dos.

- « J’ai réfléchi pour vos troubles du sommeil… » souffla-t-elle « Je me doute que vous avez déjà dû essayer les plantes et les moments plus calmes… Mais… est-ce que vous avez déjà essayé d’en parler à quelqu’un ? De la source de votre angoisse ? »

Estelle n’avait pas bougé, restant dans cette position sans le regarder. Les yeux fermés, la tête en arrière, sa chevelure cascadant dans son dos, elle était calme, sereine, pourrait-elle presque s’endormir ainsi. Il ne fallait néanmoins pas si méprendre, Estelle restait particulièrement attentive.

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MessageSujet: Re: [Terminé] Une rencontre houblonnée [Estelle De Chantauvent]:   [Terminé] Une rencontre houblonnée [Estelle De Chantauvent]: - Page 2 EmptyJeu 7 Fév 2019 - 5:47
Merrick Lorren n'avait pas manqué de le souligner et de l'apercevoir, lui qui avait goûté aux plus âpres des agissements d'Estelle de Chantauvent. Celle qui le vouait aux brasiers douloureux du désir venait de se faire prendre à son propre jeu, de goûter la chaleur des flammes qui le dévorait. C'était peut-être la première fois que Lorren semblait sortir vainqueur d'un échange face à la tenancière. Après tout, depuis leur rencontre qui remontait à hier, la jeune femme avait toujours trouvé les actions ou les mots justes pour contre-attaquer. Parfois, avec une précision frisant la perfection, allant jusqu'à déséquilibrer et toucher directement celui qui faisait de la ''prose charmante'' son arme de prédilection. Or cette fois-ci, son attaque avait porté. Se penchant sur elle, la frôlant physiquement, il avait susurrer à son oreille la plus simple et honnête des vérités. Merrick avait cru discernée une certaine gêne habitée les traits de sa partenaire, mais aussi, et enfin une part de doute. Bon ou mauvais signe ? Il ne pouvait le dire. Mais il était pourtant prêt à affirmer que si quelque chose cogitait dans l'esprit d'Estelle, c'était bon signe pour lui. Après tout, si elle était restée de glace, il serait évident que ses chances seraient bien moindres, non ?

Toujours est-il qu'il avait dû la quitter et travailler...

Et enfin, la soirée de travail c'était terminé pour Merrick Lorren. Oui, ce fait était apte à le rendre heureux, lui l'homme qui n'était guère habitué à travailler d'arrache-pied et de se donner corps et âme au labeur. Pour autant, bien que son sourire était impacté par la finalité du service, ce dernier trônait aussi sur son faciès pour une autre raison. Enfin, le milicien pourrait renouer la conversation avec Estelle de Chantauvent. Ayant dû se taire, pour se concentrer sur l'aide et l'effort qu'il lui avait promis, l'ivrogne c'était tenu loin de la rouquine. Et pas seulement ! En faisant le service, Lorren avait aussi repoussé au loin sa consommation d'alcool. Le besoin s'en faisait ressentir à juste titre; lui qui n'avait qu'à peine trempé ses lèvres dans la bière ce soir.

Mais maintenant, ces efforts étaient derrière lui. La jeune femme et l'alcool pouvaient reprendre leur juste place pour la soirée. De plus, il saurait enfin s'il avait réussit à ''vaincre'', à gagner la chance d'être récompensé. Le rire qu'il entendit après avoir mentionné sa fatigue semblait être un bon signe. La dame de Chantauvent se déplaça et vint rejoindre la place qui trônait devant la table et l'assise du milicien. Lui souriant en glissant les mains derrière sa tête, Merrick était dans l'attente des ''désirs'' de la tenancière. Soupirant à l'idée de devoir astiquer les tasses, mais souriant à l'idée que son fessier était ''joli'', le jeune homme ne rechigna pas trop mentalement à l'idée de s'activer à nouveau. Plus vite ils termineraient, plus vite il s'aurait enfin s'il devrait célébrer la victoire ou pleurer la défaite. ''Et bien, mettons-nous au travail !''.

Elle s’était levée avant lui. Quoi de plus normal après tout, alors que la paresse était l'un des fléaux et défauts du milicien. Or, il y avait aussi autre chose pouvant expliquer cela, un détail qui ne trompait guère; concentré à la regarder, à la capturer du regard en ne perdant pas une miette de ses agissements, Lorren s’était noyé dans l'observation d'Estelle. Suivant le rire précédent, un sourire figurait sur ses lèvres, tandis qu'elle se mouvait vers lui, encore assis et en place sur sa chaise. Que préparait-elle ? Intrigué, mais n'osant pas bouger, il attendit dans l'expectative. Délicatement, elle était passée derrière lui, perdant sa main dans la chevelure si ordonnée du jeune homme. L'ébouriffant avec gentillesse, Merrick renversa la tête en arrière pour ne pas perdre le regard de celle à la chevelure de feu. Grimaçant avec bonhomie à cause du geste qui s'attaquait au positionnement parfait de sa chevelure, le milicien ne put empêcher le sourire de revenir à l'assaut de ses traits. Levant une main pour aplatir le tout après le passage des griffes de la jeune femme, Lorren se ravisa. Ses cheveux pouvaient bien rester un peu en désordre, non...?

Ainsi, s’était-il levé décoiffé pour rejoindre ses nouvelles fonctions, commençant à astiquer les tasses et chopes méritant un nettoyage. Un silence qui ne sonnait aucunement malsain ou faux s'installa, sans que le milicien ne cherche à le rompre. Parfois, même pour lui, il était évident que certaines situations ne se prêtaient pas réellement au badinage et aux tentatives de charmes toujours plus poussive et intempestive. Merrick pressentait que le temps n'était pas idéal pour le ''jeu''. Les mots qui fusèrent en sa direction en furent la preuve, tandis que celle qui faisait des allées retour, apportant toujours plus de labeurs au tenancier Lorren, prit la parole. Et enfin, tout s'éclaira.

-''Je comprends...'' Que pouvait-il dire de plus, que pouvait-il exprimer pour tenter de relativiser les choses, de lui redonner le sourire ? Rien. Tout ce que le jeune homme pouvait faire, c'était de dresser l'oreille aux mots et aux maux d'Estelle de Chantauvent. Sans tomber dans le plaidoyer larmoyant, car là n'était pas la place de Lorren, il ne put que lui offrir ces deux simples mots, avec un visage sérieux et somme tout grave. Laissant le temps filé et le silence s'installer de nouveau. Écoutant et toutes ouïes orientées vers la jeune femme qui s'ouvrait, il perçut plus qu'entendit le soupir qu'elle poussa. Avant qu'elle ne parte pour la cuisine, il ne put s'empêcher de glisser une blague, une phrase d'accroche au jeu auquel tous deux s'amusaient depuis hier. Pour autant, celle-ci avait beaucoup moins de mordant et d'emphase qu'à l'accoutumée.

-''Si vous m'avez permis de travailler ce soir, alors qu'il est évident que je ne suis pas votre frère, est-ce que je dois voir cela d'un bon œil ?''

Attendant une réponse, ou n'en recevant pas, la rouquine finit par revenir en transportant bière, vin et soupe. Recevant la première et le dernier de ces produits de consommation, Merrick la remercia d'un sourire et s'attabla devant elle et elle devant lui. Avant de plonger littéralement dans l'alcool et de goûter le repas, il se retint, écoutant à nouveau les mots qui étaient prononcés à son encontre. ''Je ne doute aucunement de vos talents de cuisinières.'' Puis goûtant enfin la soupe, il s'exprima sur ceux-ci : ''Délicieux !''

Puis enfin il fut l'heure tant attendue: celle du dévoilement de son possible salaire pour le travail de tenancier d'un soir. Ainsi, il sut qu'il aurait le droit à une récompense. De fait, apprit-il qu'elle s'offrait à lui, l'espace d'une soirée ou d'une après-midi, pour qu'il puisse se retrouver à deux, profiter d'un repos qu'elle ne prenait jamais. Et il ne pouvait qu'être complètement d'accord avec elle; c'était une très belle récompense. Extraordinaire même. Et tout de suite quand cette pensée lui traversa l'esprit, il se questionna intérieurement; ne courrait-il pas seulement après les faveurs charnelles de la belle ? Alors, pourquoi était-il heureux d'avoir la chance de passer du temps en sa compagnie ? Pour le moment, il devait répondre et non pas se questionner...

-''Je suis décidément choyé et très heureux d'accepter ce paiement pour mes services de tenancier !'' Puis riant et offrant un grand sourire il poursuivit : '' J'essaierais de ne pas vous faire regretter votre petit repos que vous vous offrez aussi, en acceptant de passer un moment avec moi, Estelle.'' Car après tout, il y avait un peu de cela aussi, non ? Celle qui n'avait jamais le temps de se ressourcer d'une quelconque manière venait pourtant d'accepter de le faire en la présence du pire milicien de Marbrume, non ? '' Merci, je ne pouvais pas demander mieux.'' C'était honnête. Jamais il n'aurait cru qu'elle s'abandonnerait déjà dans ses bras. Jamais il n'aurait pensé que la récompense soit si positive... ''Que faites-vous demain ?'' Demanda-t-il malicieusement, offrant un clin d'œil et retrouvant son sourire en coin plutôt que celui de joie qui occupait sa bouche précédemment. Mieux valait battre le fer alors qu'il était encore chaud, avec Estelle de Chantauvent ! La regardant, il lui souhaita à son tour, bon appétit.

Hochant la tête lorsqu'il apprit que le duo n'aurait pas à se rendre dans les bas quartiers à la rencontre des nécessiteux, Merrick ne put cacher sa satisfaction honteuse. La nuit était particulièrement froide, et avec la fatigue résiduelle de la veille, de la journée sur les remparts et celle du service de la soirée, Lorren était beaucoup plus d'humeur à rester bien assis et au chaud à discutailler de tout et de rien. Il fut tout de même surpris de voir la tournure que prenait la conversation. Non pas que parler des raisons de son enrôlement était difficile. Là n'étaient pas réellement le problème et la peur du passé qui l'habitait.

-''Vous trouvez que je ne ressemble pas à un bon milicien ?'' Demanda-t-il faussement outré, écartant les bras pour qu'elle puisse l'admirer de long en large. Déposant à nouveau ses coudes sur le bois, il replongea son regard dans la soupe, perdant un peu de la superbe de son sourire : ''J'étais milicien avant le Fléau. Un village sans nom, un regroupement de trois ou quatre bicoques et bien évidemment, d'une auberge.'' Dit-il dans une moue amusée chevrotante, ne levant pas les yeux de son repas. Oui, ces réminiscences du passé n'étaient pas celles qui le blessaient. Pour autant, elle se rapprochait dangereusement de ses peurs nocturnes... ''Vous commencer à me connaître trop bien. C'était bel et bien pour charmer les jeunes filles de chez moi.'' Pourquoi mentir, après tout ?

Se récompensant d'une bonne rasade pour cette petite ouverture qui lui avait somme toute coûté cher, le milicien se sentait un peu plus léger. Terminant sa soupe avec un peu plus d'entrain, alors qu'il pensait le pire de la tempête passé, il ne put manquer d'apercevoir la propriétaire de la Chope Sucrée détacher ses cheveux. Sa crinière rousse désordonnée du matin était l'un des attraits physiques qui plaisaient particulièrement à Lorren. Tel un moucheron intéressé et intrigué par la flamme et la lumière d'une torche. La regardant sans la moindre gêne ou tentative de le faire subtilement, il sourit en la voyant fermer les yeux et laisser ses cheveux cascader vers le sol. Fut-il surpris par la seconde attaque qui voltigea vers lui. Celle-là le surprit au plus haut point.

-''Et vous, en avez-vous parlé ?'' Enchaîna-t-il beaucoup plus rapidement et brusquement qu'il avait voulu. Se sachant plus fébrile lorsqu'on s'approchait trop proche de son passé douloureux, étant probablement plus blafard encore qu'à l'accoutumée, Merrick Lorren vida sa chope d'une traite, essuyant sa bouche et sa barbe d'un revers de main. Se levant, il se détourna du comptoir pour aller vers la flambée. Sur son passage, il éteignit les chandelles qui trainaient encore sur les tables. Il y avait trop de lumière à même de le révéler à l'heure actuelle...

''La nuit est froide ce soir.'' Dit-il en déposant une bûche dans les flammes, Dos à Estelle de Chantauvent. Il finit pas s'appuyer au foyer. Par tous les diables ! Est-ce qu'il allait s'entêter à parler de la météo et de la température ? Ne serait-il pas capable de s'ouvrir un peu ? Elle avait le courage de le faire, elle, lorsqu'il avait été question de sa surcharge de travail en solitaire. Mais, il était évident que la dame de Chantauvent était plus courageuse que le couard de Lorren. Il serait si simple de rester dans le silence, de rester de dos, de repousser le tout... mais peut-être que la facilité n'était pas réellement ce qui intéressait celui qui était simplement ici pour des soi-disant ''faveurs charnelles'', non ?

-''Je n'ai jamais essayé, non...'' Commença-t-il, le regard perdu dans les flammes. Il venait de répondre à sa question. Pouvait-il s'arrêter là ? '' J'ai autant peur du jugement des autres, si je dis ce que j'ai abandonné derrière moi devant les fangeux, que de me souvenir. J'ai...'' C'était déjà trop. Trop peu, mais trop tout de même. Soupirant, il continua sur un autre registre : ''Merrick Lorren n'est qu'un beau salopard, rien de moins. Vous devriez vous tenir loin de lui, Estelle. '' Dit-il en riant, sans une once de joie et avec amertume

se retournant, le teint blême et les yeux rougit, il fixa la tenancière, sans la regarder directement dans les yeux. ''Une bouteille de votre plus forte boisson, je vous pris.'' Se passant nerveusement une main sur la nuque, et replaçant ses cheveux qui étaient toujours ébouriffés de l'autre, avec une fébrilité peu commune, Merrick Lorren attendait la délivrance dans l'oubli de la bouteille.
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Estelle LorrenAubergiste
Estelle Lorren



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MessageSujet: Re: [Terminé] Une rencontre houblonnée [Estelle De Chantauvent]:   [Terminé] Une rencontre houblonnée [Estelle De Chantauvent]: - Page 2 EmptyJeu 7 Fév 2019 - 11:54


- « Qui sait ? » souffla-t-elle simplement en disparaissant dans sa cuisine.

À cet instant précis, la dame de Chantauvent était incapable de dire « pourquoi », pourquoi avait-elle accepté son aide, pourquoi acceptait-elle de discuter, d’échanger de rentrer dans son petit jeu dangereux ? Estelle l’ignorait entièrement, néanmoins elle était convaincue qu’il fallait savoir s’écouter et que si l’instant était bénéfique, ne pourrait-elle que savourer pleinement l’ensemble, pour le reste, il serait bon de regretter plus tard. Dans sa ‘cuisine’, elle avait terminé de remplir les deux écuelles de soupe de poisson, l’odeur était toujours un peu particulière, surtout avec les épices qu’elle avait ajoutées par envie de le surprendre. Le mélange pouvait paraître irréaliste, mais en bouche, les saveurs se mariaient parfaitement avec les morceaux. Attrapant un verre de vin, une chope remplie de la fameuse bouteille, Estelle avait fini par revenir, les bras plutôt chargés. Heureusement qu’elle avait l’habitude et qu’elle n’était pas si « maladroite » que ça, malgré ses dires, sans quoi le bois de son plancher aurait beaucoup plus souffert que ça. Déposant une écuelle et la chope devant lui, elle avait conservé l’autre pour elle, ainsi que son verre de vin. Le vin, doux plaisir qu’elle conservait encore et dont par égoïsterie elle évitait d’offrir les meilleures bouteilles aux clients, afin de pouvoir les conserver pour sa petite personne –fallait-il bien tirer quelques avantages d’être tenancière-.

Le repas pouvait débuter dans une atmosphère plus ouverte au dialogue, tout du moins, c’est la sensation qu’elle en avait. Aussi, armée de son précieux nectar pourpre, elle avait pris le temps de réfléchir à la fameuse récompense, la rouquine n’avait pas eu le temps jusqu’ici d’y songer réellement et fallait-il l’admettre la ténacité de Merrick sur ladite récompense l’avait surprise. C’est presque naturellement que la gérante avait fini par lui faire cette proposition, une journée, une matinée, une après-midi ou pourquoi pas une soirée ensemble, c’était à lui de décider quand et où et elle s’arrangerait pour être disponible. Une sacrée prise de risque pour celle qui ignorait encore à ce moment précis si elle allait être capable d’aller jusqu’au bout de sa démarche. Ses lèvres s’étaient pincées lorsque le milicien avait évoqué le fait qu’elle acceptait de s’offrir à lui, Estelle ne put d’ailleurs s’empêcher de rouler des yeux. Elle ne s’offrait pas, elle acceptait de le voir en dehors de la chope, c’était deux choses bien différentes.

Attrapant l’écuelle du bout des doigts pour la porter à lèvre, elle dû la reposer un peu trop brusquement en toussotant alors que l’homme d’armes évoquait ses activités de demain ? Demain ?! C’est le mot que ses deux prunelles claires avaient dû s’empresser de s’écrier i.m.p.o.s.s.i.b.l.e s’était bien trop tôt, non ? Oui, bien trop tôt, du moins, c’est ce qu’elle s’était mis presque immédiatement en tête. Estelle s’était néanmoins engagée et rebrousser chemin ne lui ressemblait guère, ainsi répondit-elle par ce même petit sourire en coin qu’il avait affiché. Merrick Lorren venait de remporter le deuxième point de la soirée et à bien y réfléchir, cela devait ramener le duo à égalité dans le petit jeu qu’ils avaient mis en place entre eux.


- « Je suppose que je vais devoir demander à Adrien de s’occuper de l’établissement ? » elle laissa ses doigts s’enrouler autour de son verre, le portant à ses lèvres pour avaler une longue gorgée. « Vous me direz où quand même, à moins que le preux chevalier que vous êtes vienne me chercher ici pour m’emmener dans la plus sombre des ruelles ? »

Le geste, qui pouvait paraître anodin ne l’était pourtant pas et trahissait la nervosité de la rouquine, le choix de ses phrases n’étaient pas anodin non plus et même si elle ne se rendait très certainement pas compte que son trouble pouvait être visible, et sa manière d’évoquer des ruelles sombres était une forme de traduction de l’obscurité régnant entre eux et la relation se construisant –sans savoir de quel type de relation il s’agissait-. Soucieuse, de garder un certain contrôle inconscient de la conversation, celle à la chevelure de feu avait repris la main, le questionnant sur la raison de choix de métier, émettant des suppositions teintées d’humour, mais aussi d’un soupçon de réalisme. Merrick s’était mis à se dandiner sur sa chaise, écartant les bras, bombant le torse pour lui permettre de confirmer ou non s’il ressemblait à un ‘bon’ milicien. Naturellement, la jeune femme c’était mise à rire de bon cœur, ne manquerait-il plus qu’il contracte ses biceps pour que le cliché soit parfait. Durant ce bref instant, la rousse ne l’avait pas quitté des yeux, le détaillant se renfermer en prenant cette position qu’elle trouvait qu’il abordé souvent : les coudes sur la table, la tête dans les mains, le regard vers le bas –là dans la soupe en l’occurrence-, il y avait donc quelque chose de trouble autour de son passé, c’est ce qu’elle en avait déduit. Un village sans nom, avec une auberge, c’était déjà ça, elle lui avait offert un nouveau sourire qu’il ne percevrait certainement pas avant de faire tournoyer le liquide dans son verre, plus pensive. Elle avait vu juste, il avait fait ce métier pour séduire les femmes, jouant sur le côté fort et réconfortant qu’un homme d’armes pouvait apporter, la stratégie était bien plus que convenable devait-il le savoir.

- « Jouer sur la corde sensible des femmes et ce besoin inconscient de protections permanentes… Pas mal pour un homme venant d’un village sans nom avec une simple petite auberge. Comme quoi peu importe d’où on vient, la faiblesse des femmes sera toujours les hommes… »

Sa réponse s’était fait dans un léger murmure, comme si la phrase n’était pas destinée directement à Merrick mais plus à un écho de sa pensée, de sa propre réflexion. C’est dans cette continuité que la Chantauvent avait penché légèrement la tête en arrière, pour détacher sa crinière toujours aussi frisée qu’au réveil, passant ses doigts entre les différentes mèches de cheveux roux avant de la laisser cascader le long de son dos. Poussant sur ses pieds, elle avait mis la chaise légèrement en déséquilibre de façon à pouvoir se balancer légèrement, son visage s’était penché vers les arrières pour lui permettre de détailler le plafond, avant de fermer les yeux. C’était dans cette position qu’elle parvenait le mieux à réfléchir, à poser les mots, sans voir ce qui l’entourait, du moins sans le voir avec les yeux, mais via les autres sens. C’est à ce moment qu’elle aborda ce qui semblait troubler le plus le milicien, sans qu’elle n’identifie clairement « pourquoi », ce fameux pourquoi qui revenait régulièrement pour différente raison, sans jamais pouvoir se palabrer fièrement de l’obtention de la moindre réponse.

La réponse presque express qui lui retournait la question ne lui fit pas ouvrir le moindre œil, cette manière d’agir était presque logique, aurait-elle dû s’y attendre et c’est intelligemment que la tenancière conserva le silence. Elle avait appris avec le temps, les discussions, les échanges qu’il n’y avait rien de plus habile que d’utiliser les moments de silence à son avantage et c’est sans effectuer le moindre mouvement qu’elle attendit. Le bruit de la chope se posant sur le bois de la table fut un indice plus révélateur encore de la nervosité de son interlocuteur et sans qu’elle ne sache avec certitude ce qu’il faisait ou le visage qu’il abordait, ses mouvements ne faisaient que confirmer sa première supposition. Il s’était levé, pour faire, elle ne savait trop quoi, mais senti que les bougies se faisaient éteindre petit à petit, à l’odeur significative d’abord, puis ensuite à cette lumière moins visible à travers ses paupières fermées.

Il était passé derrière elle, certainement pour remettre du bois dans la cheminée en évoquant la fraîcheur de la nuit, encore une fuite en avant qui confirmait à la rousse que cette problématique de mauvaise nuit n’était que la partie haute du caillou en terre. Ce fut presque hésitante qu’elle ouvrît les yeux, sans bouger, alors qu’il répondait enfin à sa toute première question : non il n’avait jamais essayé de parler. Là elle s’était définitivement redressée, pivotant sa chaise pour l’observer, lui, le milicien qui se prenait lui-même pour un moins que rien. Et puis ce fut cette phrase accompagnée de ce rire sans saveur, comme une mise en garde sincère. Silencieuse toujours, Estelle avait attendu que les regards se croisent de nouveau, qu’il exige sa plus belle manière de prendre la fuite, de s’oublier en quémandant un alcool fort.


- « Non. » la réponse s’était fait spontanément, sans violence, sa voix était la même que d’habitude, mais le refus bien loin de ce qu’elle formulait généralement.

Lentement, elle s’était redressée, relevée avant de faire plusieurs pas vers lui, jusqu’à réduire la distance qui séparait le milicien et la tenancière. Face à lui, sans le toucher, elle laissa ses deux prunelles vagabonder dans les siennes, comme pour chercher des informations, comme pour jauger à quel point la cicatrice intérieure qu’il possédait été profonde, et là, elle reprit la parole.

- « Je crois que j’apprécie plus que n’importe quel type d’homme ‘les beaux salopards’, surtout lorsque ce n’est qu’une vulgaire mascarade pour empêcher les autres de vous toucher, d’obtenir une importance quelconque dans votre vie. »

À ce moment précis, elle aurait pu ressentir l’envie soit de le secouer, soit de lui affliger une multitude de coups avec Brigitte jusqu’à ce qu’il accepte l’idée de ne pas être un vulgaire salopard, soit bêtement de l’embrasser, juste pour lui apporter l’affection dont il semblait avoir cruellement besoin. Pour autant, la tenancière n’en avait rien fait, restant sans sourciller face à lui avant d’ajouter :

- « Ce qui est triste, c’est que vous ne vous voyez pas comment je vous vois Merrick. » elle fit une pause « Vous souvenez-vous, tout à l’heure, vous m’avez demandé ce que, selon moi, vous pourriez bien mériter ? » elle lui offrit un sourire « De vous trouver. » ponctua-t-elle simplement « En arrêtant de vous mentir, de vous cacher dans l’alcool, dans cette drague de femmes en femmes pour obtenir un peu de chaleur, parce que je suis convaincue qu’une fois l’instant passé, la douleur n’est que davantage présente. »

Elle avait fini par détourner le regard, observant la cheminée, persuader que jouer cartes sur table de cette manière allait le faire fuir, parce que cela lui semblait logique. Mais tant pis, elle était certaine, ou plutôt espérait sincèrement le voir revenir, parce que l’homme lui plaisait, le jeu, sa manière d’être, parce qu’elle avait bon espoir de l’aider, mais aussi parce qu’elle était certaine de pouvoir lui faire révéler ce qu’elle voyait chez lui.


- « J’ai de nombreux défauts » fit-elle doucement en passant ses bras sous sa poitrine « Je n’écoute rien jamais, j’ai toujours besoin d’avoir le dessus sur la conversation, je me mêle toujours de ce qui ne me regarde pas… Je suis éperdument amoureuse d’un mort qui ne reviendra pas et je vis dans un passé qui n’a de cesse de me rappeler à quel point je n’ai pas suffisamment profité de ma vie d’avant. » elle fit une pause, passant une main nerveuse dans sa chevelure « Rien ne peut vous permettre de dire que j’ai plus de valeur que vous, Merrick. Sans dire que je suis une belle saloparde, parce que je ne suis même pas certaine que ce mot existe, j’ai moi aussi des habitudes plus sombres… Nous en avons tous. »

Estelle avait fini par s’éloigner lentement, pour revenir à la table, extirper son verre pour le terminer avant de rassembler le tout pour aller dans la cuisine, là elle attrapa la fameuse bouteille à l’alcool très fort et infect, pour en déverser dans l’ancienne chope. Là elle était venue le lui rapporter, c’était ce qui voulait non ? Un alcool fort pour se noyer dedans et oublier tout le reste.

- « Votre chope demandée. » souffla-t-elle lentement « Si votre proposition pour demain tiens toujours et si vous n’avez pas dans l’idée de me noyer je ne sais trop où, ou de trouver une meilleure candidate que moi dans vos désirs obscurs pour poursuivre notre petit jeu, que je gagne d’ailleurs, dois-je vous le rappeler pour l’heure… Eh bien… Sachez que je serais ravi de voir quel genre d’activité vous pouvez nous préparer. »

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Merrick LorrenCoutilier
Merrick Lorren



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MessageSujet: Re: [Terminé] Une rencontre houblonnée [Estelle De Chantauvent]:   [Terminé] Une rencontre houblonnée [Estelle De Chantauvent]: - Page 2 EmptyJeu 7 Fév 2019 - 21:54
Son attaque venait de toucher droit au but. Décidément, Merrick Lorren commençait peut-être à percevoir les failles dans l'armure d'Estelle de Chantauvent, réussissant enfin à porter des coups à même de se faire sentir. Aussi rapidement qu'il eût gagné gain de cause, connaissant dès lors le bénéfice qu'il tirait de son aide, le milicien n'avait pas tergiversé, passant directement à la suite des choses en qu'émendant leur rencontre dès le lendemain. La réaction de la rouquine fut aussi délicieuse que sa réponse. Tout d'abord, il n'avait pu manquer de voir que la surprise étreignit sa partenaire, tandis que l'écuelle de soupe retrouvait bien rapidement le bois du comptoir, et que sa propriétaire toussotait. Malicieux, le sourire du jeune homme s'agrandit, tandis qu'il était satisfait de la surprendre. Puis, ce fut au tour des yeux de la dame de Chantauvent de prendre de l'ampleur, alors que ces derniers semblaient crier à l'hérésie de l'idée, à l'impossibilité de la chose. Elle avait tout de même accepté, offrant de laisser à son frère l'établissement pour la période. La regardant tremper ses lèvres dans son vin, Lorren ne put s'empêcher de se demander si elle faisait ça pour trouver du courage face à l'idée qui se frayait un chemin dans son esprit. Après tout, lui fonctionnait généralement ainsi.

-''Si sa famille est encore malade, je peux aussi attendre...'' Dit-il bien modestement. En un sens, c'était logique. Mais, Merrick savait surtout qu'il donnait une chance à la jeune femme de s'esquiver. Illogique me direz-vous, alors qu'il avait réussi à capturer dans ses filets la denrée la plus rare qu'Estelle était prête à offrir; c'est-à-dire de son temps ? Pas le moins du monde. Lorren ne voulait tout simplement pas faire sortir la tenancière si elle n'y tenait pas. Oh, il ne renonçait pas à sa récompense. Mais, préférait-il attendre de la voir accepter de bon cœur, plutôt qu'à reculons. Ainsi, le moment n'en serait que plus agréable pour tous les deux.

-''Si cela tient toujours, je viendrais vous chercher pour vous apporter où mon cœur l'entend. Au plus noir de la nuit, ou au plus clair du jour ? Dur à dire...''

Merrick Lorren n'était pas idiot. Il voyait bien que la nervosité avait gagné la tenancière de la Chope Sucrée. Ses actions le démontraient mieux que n'importe lequel de ses mots. Il lui avait donc donné une porte, un passage pour s'esquiver. Par ailleurs, il avait aussi compris les sous-entendus des dires de la jeune femme. Peut-être pas dans leur intégralité, mais il percevait tout de même que son discours ne fût pas simplement des mots vides de sens. Ainsi, sa réponse ne l'avait pas été non plus, offrant à son tour des phrases et mots qui faisait perdurer l'ambivalence et qui étaient capables d'éveiller et d'apporter réflexion. À elle d'en tirer des conclusions et de démêler tout cela !

Toujours est-il qu'elle avait repris les rênes de la conversation, commençant à poser des questions sur son passé, sur la raison de son enrôlement dans la milice. Bien que cela se rapprochait d'un peu trop près à la période de son passé qu'il préférait taire, il avait réussi à s'ouvrir. Croyant le plus dur fait alors qu'il avait expliqué pourquoi il avait décidé de se parer de la tunique milicien et de sa fonction, Lorren recommençait à s'apaiser. Les échos de la réponse d'Estelle lui mirent la puce à l'oreille. Le ton quelque peu distant de ses dires, comme si les mots n'étaient pas adressés à lui. Est-ce que cela voulait dire que son défunt amour était lui aussi un milicien ? Elle avait mentionné hier soir que lui et Merrick se ressemblaient. Pas jusqu'à ce point-là quand même ! Même profession et possiblement pour les mêmes raisons ?! Il n'osa pas poser la question, bien que l'interrogation le titillait méchamment...

Avant qu'il ne puisse dire quoi que ce soit, Estelle de Chantauvent était repassée à l'attaque, visant directement sa pire faiblesse. Le score était de deux à deux dans le petit jeu qu'il jouait ? Si tel était le cas, le score venait de changer à nouveau en faveur de la rouquine. L'ivrogne était aussi surpris que la tenancière lorsqu'il lui avait annoncé que demain serait la potentielle journée de sa récompense. S'esquivant, allant se perdre devant la flambée de l'âtre, Merrick avait tout de même réussi à s'ouvrir un peu, à passer au travers du masque qui protégeait ses émotions. Pour lui aussi, cette protection était une muraille difficilement franchissable, alors qu'il tentait de se maintenir loin de ce qui le tourmentait. Mais déjà, les relents et contrecoups venait l'attaquer, le saisir à bras le cœur alors que sa peur s'immisçait dans son esprit. Incapable de la repousser il devait oublier, il devait boire, s'épancher dans l'alcool, s'assommer dans l'ivresse pour ne plus penser. L'homme qui se voulait ivrogne demanda donc la boisson à même de le contenter, de le protéger, mais aussi de le détruire. Pour toute réponse il eut un non. Calme, doux et serein, mais un refus tout de même.

-''Non...'' Répéta-t-il très lentement en goûtant le fiel de ce simple mot dans sa bouche, vrillant ses yeux bleus dans les siens. Tendu comme la corde d'un arc, Merrick ne bougea plus, la regardant approcher. Ce n'était pas une tension violente ou agressive, simplement qu'il était sur le bord de la rupture, interdit et indécis, ne sachant comment réagir. Acceptant bien difficilement se contact entre leur regard, tentant de le fuir, mais ne pouvait s'y résoudre, le milicien était bien loin d'afficher son flegme accoutumé . L'écoutant enfin parler, il n'en tira aucune satisfaction à savoir qu'elle aimait les beaux salopards. Le jeu était mis sur pause en ce moment, laissé derrière alors que les cœurs s'ouvraient. Pour autant, cela le surpris, le fit se rapprocher d'un pas, s'accrochant aux mots qu'Estelle proférait, comme un naufragé à une bouée. Était-il juste de faire cela, ne devrait-il pas simple se détourner ? Écoutant tout d'une traite, ne parlant pas, il avait attendu qu'elle revienne avec sa commande pour s'ouvrir.

-''Ceux qui ont eu de l'importance dans ma vie ont connu une fin abrupte à cause de moi. Je ne fais pas simplement pleurer ma famille, je m'en veux de mes échecs. Comment pourrais-je alors m'ouvrir aux autres, alors que je risque de les abandonner ? Je ne suis pas le ''beau salopard'' que vous imaginez, Estelle. Je suis bien pire, je suis le pire de tous, tout simplement.'' La voix tourmentée, les yeux fuyants, les mains tremblantes et sans une infime parcelle de sourire; c'était le Merrick sans fard ni faux semblant qui avait répondu.

Déposant sa main sur la chope, il resta un moment interdit. Serait-il aussi facile de faire ce qu'elle disait ? D'arrêter de se cacher dans l'alcool et d'affronter ce qui le tourmentait ? Non, ce ne serait pas aujourd'hui. Merrick Lorren était beaucoup trop couard et froussard pour cela. Pour autant, il profita du fait que la dame de Chantauvent tienne toujours dans sa main le contenant de poison pour déposer la sienne par-dessus. Dans le sérieux de la situation, ce geste ne lui semblait pas trop provocateur...

-''Et vous avez de nombreuses qualités aussi. Votre peine est légitime, vos blessures, bien que profondes, sont saines... Qu'auriez-vous pu faire de différent, qu'avez-vous causé d'irréparable ? Estelle, vous n'êtes que la triste victime d'un destin injuste. Je n'essaie pas de minimiser votre douleur, je... je n'ai jamais perdu mon âme sœur, alors...'' Lorren commençait à s'emmêler les pinceaux. Se raclant la gorge il tenta de se reprendre. Difficile d'apporter un quelconque support alors que lui-même était vacillant.'' Alors je ne peux comprendre vos maux. Mais, vous ne pouvez vous regarder dans une glace et détester ce que vous voyez, non ? Moi j'aime particulièrement la vision...''

Enfin il prit l'alcool fort dans ses deux mains, hésitant à le boire. Pour autant, il ne put s'empêcher d'en prendre une rasade. Les vieilles habitudes avaient la vie dure et les blessures étaient trop vives et douloureuses. Retrouvant un bien faible sourire, il essaya d'enchaîner de savante manière, de laisser derrière lui les blessures de l'âme pour se concentrer sur le présent :

-''même après tout ce que je vous ai dit, vous ne reculez pas pour demain ? Ce sera à vos risques et périls, très chère. Évidemment que ma proposition tiens toujours, et ne vous inquiétez pas, il n'y a aucune chance que je trouve une autre candidate. Après tout, il est bien rare que Merrick Lorren ne soit pas en tête d'une joute verbale... '' Se dirigeant vers le bar, Merrick déposa son contenant sur le comptoir, avant de se retourner. '' J'ai décidé. Demain, soyez prête en fin de journée. Je viendrais vous chercher. Un juste milieu entre la noirceur de la nuit et la clarté du jour, vous ne trouvez pas ? '' Puis se rapprochant à nouveau d'Estelle de Chantauvent, les mains vides, il s'arrêta un plus proche d'elle que ce que les convenances promulguaient. ''Merci pour la soirée, Estelle. Je vais y aller, histoire que vous puissiez vous reposer pour demain. Je vous veux en forme...'' Restant silencieux , ne sachant que dire, ou que faire il laissa le temps s'égrainer ainsi. Sur le point de se pencher vers elle, il se ravisa. Pour quoi faire, après tout ? Il n'avait plus rien à dire... Probablement une erreur à mettre sur le compte de son émotivité douloureuse d'avoir trop parlé.

-''Bonne nuit.'' C'est sur ces mots qu'il se dirigea vers la porte, laissant couler un dernier regard sur la rousse.

Merrick Lorren fuyait en quelque sorte les lieux. Oh, le temps semblait bon pour tirer sa révérence, alors que la soirée était terminée, tandis qu'il n'y avait plus rien à faire, non ? Pour autant, c'était aussi une façon pour lui de s'esquiver, de partir de cette conversation douloureuse qui le poussait à ressasser le passé. Les maux le mordaient vivement, justement parce qu'il avait commencé à s'ouvrir. Pour autant, ce n'était pas le même genre de peur qu'habituellement, alors que cette fois-ci, il ne l'avait pas affronté seul. Pour ça, il en était reconnaissant à Estelle. Or, Lorren savait pertinemment qu'il ne pourrait passer la soirée comme il l'aurait souhaité, soit en badinant et en jouant de ses charmes. Il était trop fragile pour cela. Et, il ne voulait le montrer. Bien que cela devait être évident au vu de son état.

Ainsi, il allait quitter la Chope Sucrée pour mieux y revenir demain. Laissant derrière lui, certes Estelle de Chantauvent, mais aussi sa chope qui n'en était qu'à la moitié... Chose extrêmement rare s'il en était. De cela en découle une question;

fallait-il voir le verre à moitié vide ou à moitié plein...?
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