Négociation pécuniaire pour l'un, négociation pour une femme pour l'autre [PV Victor] [Terminé]

Minuit... que voilà une heure bien étrange, que dis-je bien trop étrange, pour officialiser non pas une négociation mais un accord entre les Maisons Rougelac et Terresang. De coutume on invitait à l'heure du dîner n'est-il pas ? Entouré des différents protagonistes. Après les péripéties du mois de février puis celles du début du mois de mars, sans oublié que le Comte s'attendait à voir sa promise présente, puisque son homologue avait prit déjà soin d'informé la dite élue, cette rencontre le rendait quelque peu anxieux. Mais soit, après tout Alexandre était un homme aux moeurs étranges ?

Ce fut donc vêtu de sa plus chatoyante tenue qu'il se rendit en demeure du Vicomte. Chatoyante ? Celon ses propres codes en la matière, l'obsidienne se mêlant au pourpre dans une tunique des plus ceintrée et d'un raffinement certain. Dans le revers de ses tissus, le Comte n'avait d'ailleurs pas oublier d'y mettre en lieu sûr une bague, étincelante de dizaine de diamants qu'il souhaitait donc offrir à sa promise, seulement quelque chose lui disait dans son fort intérieur qu'il n'allait l'y déloger ce soir, que dis-je, cette nuit.

Prestance d'exception dans un pas assuré, Victor se laissa donc escorté par un domestique en foulant les couloir en demeure tenant un port altier lorsqu'il pénétra la salle de réception, laissant ses sbirs derrière lui comme il le faisait de coutume. L'endroit était surprenant, riche et à la fois rustique. Le Vicomte ne transpirait d'aucune mondanité mais pourtant la pièce était drapée par bien des symboles qu'ils soient rattachés au présent ou au passé.

Observant son hôte qui se tenait à l'encadré d'une fenêtre, semblant profiter de la vue d'un ciel étoilé, prémisse de l'arrivée du printemps, il ne reçu aucune amabilité de sa part, aucune marque de respect, aucune commodité de bienséance ce qui ne présageait définitivement rien de bon et qui puis est les premiers mot du Vicomte semblaient dirigé vers Henry, son domestique. Victor fronça un sourcils et ce ne fut que lorsqu'un semblant de huit clos s'installa dans la salle que le sang-bleu à la prothèse de main daigna enfin se retourner pour lui porter attention.

Et pour quelle déclaration ! Recevant insulte, voilà que le bougon Seigneur fustigeait l'attitude de son homologue. Il lui semblait bien déplaisant d'avoir entendu parlé de ce tournoi de joute où la baronne fut mise au devant de la scène. Et ? Était-ce un crime que d'afficher sa fiancée lors d'un événement de la sorte ? Victor avait respecté sa part du contrat, ayant gardé sa langue jusqu'à temps qu'Alexandre informe la principale intéressée, après quoi il avait simplement usé de ses talents à l'étiquette pour asseoir sa main mise sur la demoiselle Rougesoleil.

Évidemment, Victor ne fut surprit d'apprendre que la demoiselle tentait d'échapper à son sort, puisqu'elle c'était montré très insistante cette fameuse nuit où le Vicomte l'avait informé de son future destin la liant à de Rougelac. Mais ce qui requiéra toute l'attention du Comte ne fut point cette déblatération de mauvais mots, non, non, ce fut le simple terme de "négociation" qui lui fit hérisser le poil. Gardant alors toute mesure, sang froid et manière mondaine, de Rougelac toisa l'impudant personnage qui entre les lignes, semblait remettre en cause leur accord. Oh mais... tenait donc ! Qui voilà au fond de la pièce ? Ce même scribe qui avait dû souffrir des vapeurs d'eau dans les thermes ! Non... tour cela ne présageait rien de bon, assurément. Sourire en coin, il finit par réagir après un long silence scrutateur.

- Une pute dites-vous ? N'ai-je pourtant organisé nul orgie, mon très cher ami. Une Baronne ne mériterait pas un tel droit de cuissage jusque là réservé à la basse naissance.

Gardant la distance, il vint détourner le regard de son homologue venant alors du bout des doigts inspecter le pourpre des rideaux non sans reprendre avec cette voix qui restait à jamais assurée et d'un zeste de mielleux.

- Ce n'est nullement sa parade aux joutes que j'ai prit le soin d'organisé qui l'aura fait changé d'avis car assurément l'ai-je traité comme une Reine devant des dizaines et des dizaines de témoins. Non... Ne portez point là faute sur moi mon cher ami.

Le "très" avait habilement disparut tandis qu'il quittait l'examen des rideaux pour venir flatter de ses paumes ensuite le bois d'une chaise orné du blason Terresang, le regard toujours judicieusement porté ailleurs que son son barbue interlocuteur qui semble t il avait fait quelques efforts vestimentaire.

- Cherche-t-elle un second parti ou bien l'a-t-elle déjà trouvé ? Qu'importe, vous avez eut la présence d'esprit de prendre les devants même si il me navre que cette entrevue ne se soit pas déroulé en guise de repas de fiançailles...

Le ton était toujours posé mais il dénotait à présent d'un timbre légèrement plus inquisiteur alors qu'enfin Victor reposa son éclatant azur sur Alexandre.

- Ne trouvez pas de fausses excuses. Et... ne me traité plus jamais d'idiot et de crétin.

Avisant un bref instant le scribe, Victor reporta son attention sur Alexandre, notant la présence de l'arme à sa ceinture, ce qui ne semblait pas l'incommoder outre mesure. Le Vicomte était m-il devenu fou? Manquant de bienséance à son endroit de Rougelac allait en faire de meme, s'emparant du pichet pour verser le liquide carmen dans une seule coupe qu'il laissa soigneusement siéger sur la table ronde. Et après le "très cher ami", "cher ami", "ami", voilà qu'il reprit sans plus l'ombre d'une affection.

- Alexandre, il semblerait que vous manquiez à vos obligations. Je vous ai tendu la main et même mon avant bras, et maintenant vous osez me prendre le bras ? Voyons, voyons, vous savez tout de même avec qui vous avez pactisé ? Rassurez-moi ? Un accord est un accord. L'on peut me qualifier de tous les maux, en affaire je n'ai qu'une parole. Sinon, je ne serais depuis bien longtemps plus de ce monde. Je vous le dis, il n'y aura pas de seconde négociation, je vous ai déjà offert plus que de raison. Si vous ne respectez pas vos engagements, je n'ai plus rien à faire ici et vous en subirez les conséquences. Oh rien de bien méchant en soit, seulement le clergé et la noblesse vous verrons d'un très mauvais œil votre rétractation. Vicomte, ne me décevez pas.

Prenant la coupe, il la tendit alors à Alexandre avant de reprendre.

- Dois-je me servir ou alors dois-je quitter derechef votre humble demeure Seigneur de Terresang ? Je puis espérer qu'il vous reste une once d'honneur. J'ai cru faire le bon choix en investissant sur vous, ne me faite point regretter cette confiance que je vous ai accorder. La demoiselle de Rougesoleil est votre atout, seulement, à trop être gourmand... On voit filer sous son nez un festin de Roi. Sauf votre respect, servez-vous de votre tête je vous prie. Je vous le rappelle, nous n'avons plus l'âge de jouer aux jeunes coqs.

Oui, Alexandre semblait être un peu trop gourmand et qui plus est il avait insulté le comte … ces derniers jours l'avait rendu plus nerveux qu’à l’accoutumée… et il n’était pas bon pour le vieil homme d’avoir un tel surmenage même si il encaissait très bien, il n'en restait pas moins un homme d'un certain âge pour cette triste époque … il était quelque peu sur les nerfs et cela se ressentait dans sa position, du fait qu’il avait prit soin de s'armer pour une entrevue aussi simpliste que celle-ci ou encore dans sa manière de s’énerver aussi facilement qu’il l'avait fait jusqu’à maintenant lorsque le comte était rentré dans la pièce … il fallait qu’il se calme, il y allait de l'avenir de l'Ordre mais aussi de sa belle sœur et de la Maison Terresang dans ce monde de brutes et de sang.


Le Rougelac n'avait pas tort, il avait traité Adélaïde comme une reine d’après ce qu’il avait entendu mais il avait pavaner la demoiselle comme un marchand d’esclave avait pavané sa nouvelle acquisition exotique mais qu'importe, il avait besoin de cet accord et le seigneur était prêt à excuser le Vicomte qui semblait fatiguer  et il n’avait pas besoin que sa réputation, déjà bien entachée par la rousse Haldonores et le Sanglier de Sombrebois, baisse auprès de la noblesse et du clergé alors qu'elle tendait vers la position d'ennemi public … il fallait conclure ce mariage au plus vite mais il y avait encore le contrat de mariage à signer. 


Il soupira puis regarda le scribe qui avait prit le temps de rédiger le contrat qu’il lui avait énoncer dans l’après midi, il reporta son regard sur la coupe de vin que le comte lui servait … euh dans sa propre demeure,il prenait un peu trop ses aises mais qu’importe. Il prit alors la coupe et lui fit un signe de se servir une coupe puis il remarqua que les rideaux bougeaient et deux servantes entrerent dans la salle avec chacune un plateau où  deux assiettes contenaient de la viande à ce pouvait s'apparenter à du sanglier accompagnée de pommes de terre. Il y avait également des soupières de sauce et un peu de pain … oui Alexandre avait voulu être un peu moins radin sur la nourriture et il fallait bien manger de toute manière. Il demande aux servantes de déposer tout cela sur la large table et fit signe à Victor de s'asseoir pour se restaurer.


« Aucune nouvelle négociation dans ce cas mais il fait parler du contrat de mariage et vous savez bien que celui-ci est inévitable pour un bon mariage, d’où le fait que Messire Denric soit ici. »

S'il prenait ses aises ? Assurément ! Pour quelle raison ? Sans doute afin de montrer à son hôte qu'il était en mesure de mener les débats. Le soupir que lâcha le Vicomte fut d'ailleurs riche d'enseignements, enfin Alexandre revenait à la raison. Ce dernier avait cru pouvoir faire monter les enchères mais force est de constater que même une noble demoiselle ne pouvait s'acheter à n'importe quel prix et en cela, Victor se montrait intransigeant. Finalement, Terresang mit fin à toute ambiguïté en se résignant donc à respecter les accords les Thermes. Seul restait quelques détails à régler au sujet du mariage et il semblait que le sang-bleu ratifie cela au détour d'un repas, aussi modeste soit-il. D'ailleurs, on connaissait les "bains de minuit" mais voilà que le manchot innovait en la matière en instaurant le "dîner de minuit". Soit, mieux valait ne point faire de commentaire sur ce sujet, cela partait après tout d'une bonne intention ?

Sanglier sur lit de pommes de terre attendait donc le duo et de Rougelac patienta donc jusqu'à se voir invité à s'asseoir non sans s'être servit une coupe de vin au préalable. L'espace d'un instant, l'absence de Baronne rongea l'esprit du Comte qui anticipait donc une nouvelle réaction mécontente de cette dernière. Après tout, Alexandre ne venait-il pas de l'écarter une fois de plus des affaires ? Mais soit, cela ne le regardait finalement pas. S'efforçant alors de reprendre une attitude bien plus cordialement et bienveillante, un sourire naquit sur son visage avant qu'il ne réplique à son allié.

- C'est en effet inévitable. Bien entendu, vous êtes un homme avisé, vous devez donc maîtriser sur le bout des doigts les règles ducales régissant quelconque contrat de mariage ? Soyez sans craintes, je saurais rectifier le moindre impair car il serait regrettable de passer outre les mesures de notre bon suzerain. A présent que la situation est dénué de toute ambiguïté, vous avez ma plus grande attention, vous remerciant au passage de m'offrir ces mets qui me semblent succulent.

Un peu de flatterie ne faisait pas de mal après avoir bien rappeler que certaines conditions dans un contrat de mariage était déjà scellé par quelques décrets ducal. mais bien évidemment, il y avait quelques zones d'ombre à éclaircir et il fallait au deux parties s'en assurer d'un commun accord. Victor en homme de bonnes manières attendit évidemment que son hôte n'attaque les réjouissance, verbales et gustatives avant de lui emboîter le pas.

Détournant anecdotiquement son attention quelques instants pour aviser le scribe suite à ses dires, Victor n'était pas homme à croire sur parole un parfait inconnu, surtout en terre adverse. Sourire à la commissure de ses lèvres, le Comte de Rougelac garda le silence pour finalement reposer toute son attention sur son hôte qui semblait soudainement amusé. Hmmm... cela ne disait à nouveau rien qui vaille. Restant alors sur ses gardes, prudent, il scruta son vis à vis qui... s'empara de sa fourchette. Victor se demanda alors comment le Vicomte comptait couper la viande de sanglier... mit à part requérir l'aide d'un domestique, il ne voyait guère d'autre solution.

Et soudain, une lame apparut au bout de la prothèse, surprenant naturellement Victor qui, malgré son sang de haute noblesse, restait un humain comme tout à chacun. Un sursaut maîtrisé trahissait alors le mondain qui reprit pourtant bien vite contenance et par la même, l'aveux de cette arme était tout aussi symbolique qu'utile à son propriétaire. Se joignant finalement à son hôte, Rougelac se restaura et fallait-il féliciter les prouesses du cuisinier par le fondant en bouche d'une viande pourtant plus fort que certains autre gibier commun.

Mais voilà... toute bonne chose avait une fin. Pourquoi ? Pourquoi lui procurer saveur en bouche pour lui procurer amertume à son regard azur ? Alexandre était vraiment un noble guerrier déconcertant. Silencieusement, il consulta le contrat et à mesure qu'il prenait connaissance des termes énoncés par l'encre d'une belle plume, sa mastication se ralenti jusqu'a se figer. Deglutissant finalement pour faire passer le bout de viande dans sa gorge en s'aidant d'une rasade de vin, Victor reposa lentement ses couverts avant de fermer les paupières, la mine... pas déconfite mais la déception pouvait se ressentir très clairement.

Les propos que tint alors Alexandre pour sans doute arrondir les angles et chercher à faire passer, digérer les conditions énumérées, furent à tout vous avouer presque le pareil qu'une légère brise glissant furtivement le long de sa nuque. C'est à peine si Victor l'avait écouté et pour cause ! Le Vicomte semblait ne pas avoir entendu ses propos fermes et définitifs quand aux conditions et négociations de l'affaire qui les reunissait. Il s'éclaircit alors la gorge, prenant une grande inspiration. Rouvrant les yeux, l'air affligé, le sang bleu se demandait si son homologue ne se payait pas sa tête, tout comme ce scribe qui venait de contredire ses états de services au sujet de la législation ducal en matière de mariage.

- Alexandre, Alexandre, Alexandre... vous me peinez... énormément. N'ai-je pas été suffisement clair ? Vous êtes têtu et persévérant. S'il vous sied, je vous apporterais dès demain un duplicata des règles en vigueur quand à la signature d'un contrat de mariage. Mis à part la condition au sujet de la régence des terres de Talforge, les autres points de ce contrat sont caduc.

Gardant son calme alors qu'il bouillonnait intérieurement de recadrer férocement son partenaire d'affaire qui se bornait à ne pas lui céder ce qui lui revenait de droit par les liens sacré du mariage, une mise au point semblait pourtant indispensable.

- Celon la législation ducal en vigueur, l'entièreté de la dote me reviendra, moi l'époux et donc mâle, après que le mariage soit prononcé, ainsi que toutes les terres de la Baronnie de Nerra. De tout temps c'est l'homme qui dirige et vous le savez mieux que quiconque. En tout cas dans la sphère officielle. Je saurais évidemment convenir avec mon épouse de quelques officieuses modalités, mais en aucun cas cela ne vous regarde.

Repoussant son assiette, le noble mondain semblait avoir perdu tout appetit et il poursuivit non sans replacer ses couverts à l'exact endroit où il les avaient saisi avant de déguster le sanglier.

- Vous connaissez aussi bien que moi la place officielle d'une femme, n'allez point avoir l'outrage de contester cette évidence historique et culturelle. Maintenant, soit vous me prenez au sérieux, soit je retourne en ma demeure et vous laisserez chercher à ne pas perdre votre crédibilité et donc votre notoriété auprès du clergé et de la noblesse. Regardez moi bien, Alexandre, regardée moi bien. Je ne suis pas un de ces jeune pécore qui se contenterait de miette ou d'une moitié de part de gâteau, j'exige ce qui me reviendra de droit après mariage. Je serais intransigeant.

Il tira sur sa chaise, prêt à quitter la salle à manger séance tenante. Mais il se permit de rajouter une dernière replique bien piquante.

- Quand au fait d'arme ! Une idée de la Baronne ! Baliverne. Pardonnez mon verbiage, seulement je ne combat pas mes ennemis, je les enculent. Oh et je viens de m'offrir justement les services d'un maître d'arme, mais pas pour les raisons évoquées, soit disant pat votre précieuse vassale, elles seront bien plus subtiles.

Victor de Rougelac était plus que jamais ferme. Les tractations pour renégocier les termes du contrat, aussi subtiles et dissimulées soient elles, ne duperaient pas l'expérimenté Comte de Rougelac. A nouveau, la situation était sur le point d'atteindre la rupture. Un dîner de minuit... des plus mouvementé et riche en rebondissements! Puisse Denric relater cette joute des plus atypique dans les annales des affaires de son Seigneur le Vicomte de Terresang.

Alors que la situation se tendait, voilà que le Seigneur des lieu et son scribe echangèrent un regard entendu. Mais Foutre dieu ! A quoi jouaient-ils ses deux là !? Se payaient-ils sa tête ? Cela les divertissaient de voir le Comte de Rougelac se retenir d'exploser de colère ?! A deux doigts de prendre congé pour la seconde fois de la soirée, voilà qu'on lui apporta d'autres documents, un second contrat celui ci en bon et dû forme. Oh le coquin !

Victor releva le menton pour écouter le Terresang reprendre sagement la parole. Faire l'enfant ?! Hmmm!!!! Ce fut peut etre sa main artificielle à la pointe d'acier qui le dissuada d'aller lui coller son poing sur la figure. Enfin... ce n'était finalement qu'anecdotique! Relisant par deux fois, il fallait maintenant se méfier de ce Vicomte aussi opportuniste que prévenant, le noble mondain se saisi finalement d'une plume qu'on lui apporta pour venir signer de sa plus belle ecriture le cont rat de mariage qui scellait l'avenir d'Adélaïde de Rougesoleil, Baronne de Nerra, renommée d'ici quelques semaines comme Adélaïde de Rougelac, Dame de Rougesoleil, née de Frayer, Comtesse de Rougelac et Baronne de Nerra.

- Alexandre, savez-vous que vous avez un pouvoir d'irritabilité assez aigu ? Je vous ai bien cru fou l'espace d'un instant.

Reprenant ses aises et ses manières de convenance, il acheva une boucle de la pointe de sa plule sous son nom tout en rajoutant.

- Je crois que la paix semble signée. D'ailleurs, comment allons nous nous adresser l'un à l'autre ? Au vu des liens différents entretenus avec cette même personne.

Un sourire affiché alors à la commissure de ses lèvres, il tendis le contrat signé au scribe avant de reprendre ses couvert et enfin profiter de goûter à ces pommes de terre. Acquiescant à la qualité du produit, il vida sa bouche pour reprendre.

- Ah voilà comme je préfère déguster ces pommes de terres, dans un état d'esprit sain et rassuré. Mais Alexandre, ne jouez plus avec mes nerfs, s'en est presque bas de votre part.

Lui dit-il sur un ton plus taquin que sérieux. Enfin, enfin pouvait-il nourrir l'espoir d'une relation stable entre eux, sans plus de remoues inutiles qui avaient risqué à plusieurs reprises de tour faire capoter. Se rinçant le gosier à la suite de son hôte venant établir le calendrier des réjouissances.

- Vous avez raison, La Baronne est une lionne, mais je ne crois pas que ce dernier aurait eut l'effet que vous escomptiez, je dirais même tout l'inverse. Tenir les rennes, c est tenir le pouvoir et les décisions, le lion resta et je ne crois guère qu'elle soit un jour domptable. Peut etrr tout au pire contrôlable, mais j'en ai quelques doutes également. Non, je ne suis pas fou d'oser une telle entreprise, je crois surtout en une coopération à moyen-long terme.

Remettant à plat ses intentions nullement de teneur à nuire à l'élue de sa main, Victor ne dévoilait pourtant pas ses tenants et aboutissants, et après tout c'était bien normal au vue de l'intrigue qu'il entretenait justement avec cette dernière depuis leur toute première rencontre. La chose semblait donc entérinée et à présent, Alexandre désirait alors parler d'un sujet où le Comte de Rougelac avait donner quelques engagements, sourire aux lèvres et pourtant le sourcil froncé.

- Il est vrai, il est vrai, je manque à mon devoir sur ce point. Bien, vous ne le savez peut être pas mais je détiens les dettes d'une Maison de l'Esplanade. Généreux créancier que je suis, j'entretien une forme de contrôle sur le couple régnant. Un couple qui possède une délicieuse jeune femme. Je ne vais vous faire languir plus longtemps, je vous parle de la Maison Rivefiere. Connaissez-vous peut être son héritier, Roland et surtout sa soeur, Séréna.

Il le fixa un instant pour lui laisser le temps de digérer ses premières information avant de reprendre non sans garder en main sa coupe de vin qui part un délicat mouvement de poignet faisait tournoyer le carmin, donnant une certaine allure à Rougelac.

- Demoiselle Séréna ? Hmmm... sans saveur pour vous je présume. Alors si vous ne la connaissait point encore, sachez qu'elle a embrassé la carrière de Milicienne ! Alors dois-je vous prévenir qu'elle est particulièrement "mordante". Forcément par son choix, elle n'est point dans les bonnes grâces de ses parents... alors que pour ma part... je les tiens au creux de ma main. Pourront-ils refuser ma proposition ? J'en doute, mais... Là, il vous faudra la dompter. Il s'agit d'un défi pour un homme de votre trempe, j'en suis sûre. Mais soyez sûre, elle est d'une beauté et fera des enfants robustes et de caractère !

Terresang promettait à son invité la béquet si d'aventure il se montrait trop familier à son égare. Provoquant un franc sourire amusé chez le Comte de Rougelac, ce dernier le savait, le chauve ne plaisantait pas mais cela avait au moins le mérite de détendre l'atmosphère pour de bon. Puis, séance tenante, il invita son scribe à les laisser en tête à tête. Tout portait donc à croire que les affaires semblaient à present entérinée. L'homme ne demanda pas son reste et laissa les sang-bleu dîner dans une certaine intimité.

Tout portait à croire que l'érudit ne devait pas écouter les propos qui allaient suivre et qui concernait un possible lien entre Terresang et Rivefière. Conscient du paradoxale de la proposition, Victor ne prenait pourtant pas son hôte pour un sombre idiot, bien qu'il lui manquait certaines manières de la Haute et un esprit certain de déduction. Révélant alors la présence de l'héritier Roland au sein de la Guilde qu'il administrait, le manchot s'en alla faire glisser la pomme de terre par le vin dans son gosier avant de mettre à plat un évident contexte qui ne provoqua une fois de plus qu'un sourire amusé de la part du sulfureux mondain.

- Je ne vous pensez point autant vénale que je lui suis, Alexandre. Il est vrai que la dote ne sera si généreuse que celle de votre délicieuse vassale et qu'une dette reste une dette. Seulement pour ce dernier point, n'y voyait qu'une sorte de "placement", d'assurance vie si vous préférez.

Il l'avisa d'un regard complexe à la fois scrutateur et curieux avant de relancer non sans s'humidifier lui aussi la gorge de ce liquide carmen.

- J'osais croire que vous étiez homme à rechercher perle rare. Loin des clichés de ces mondaine de l'Esplanade aussi soporifique que oisives pour la plupart. Ainsi, ai-je nourri cette idée au travers de la complexe personnalité que vous renvoyez. Si je m'ose à comparer cette situation à une partie de chasse, assurément vous seriez plus intéressé à taquiner le gibier sauvage plutôt que d'élevage. Me tromperais-je ? La saveur d'une victoire n'en serait que plus... juteuse?

Arriverait-il à tenter son homologue par la promesse d'une chasse à la fois sportive et pleine de rebondissements ? Rien n'était moins sûre, mais qui ne tentait rien n'avait rien après tout. Puis il lança alors une proposition audacieuse pour clôturer son offre.

- Les rumeurs parle d'un acoquinage entre Rivefiere et d'Algrange, cela c'est confirmé pas plus tard que durant les joutes que j'ai pu organiser. De plus, vous n'êtes peut être pas sans savoir que demoiselle Séréna semble particulièrement proche de demoiselle Sydonnie. Réfléchissez aux avantages que vous procureraient affiliation. Femme Milicienne, beau-frère époux d'une influente Sergente... épouse et belle-soeur complices, cela vous assurerez certainement une liberté d'action pour votre Ordre dans vos entreprises futures ? Il ne faut pas toujours voir l'aspect pécunier dans une affaire mais l'influence qu'on peut en tirer.

Un peu culotté de la part du Comte de Rougelac qui finalement s'était offert le beurre, l'argent du beurre et le cul de la crémière. Enfin façon de parler bien entendu.

Les palabres du vieux saligaud comme on se plaisait à le qualifier de tant d'adjectifs qu'il aurait fallut à un scribe éditer plusieurs tomes à ce sujet, n'avait nullement pour objectif de rouler son homologue dans la farine. Mais... il était vrai que Victor ne lui avait pas promis un riche partit d'ailleurs, il sentait bien cet agacement transpirer des pores du Vicomte. Mais tout de même ! Le manchot pensait-il que Victor se montre totalement désintéressé ? Nul roublardise, seulement l'art d'user de l'étiquette et surtout de la verbe.

- Votre scribe pourra vous le confirmer, je vous rappel volontiers mes mots au cours de nos échanges aux thermes. Il était dit et je me cite : "J'irais même jusqu'à vous offrir pour vous une prétendante toute disposée à vous épouser, enfin que ses parents vous offrirons sa main sans le moindre mal... Une demoiselle de noble lignée qui je pense, saura vous plaire et avec qui vous pourrez passer vos temps libre à jouter par la verbe et le fer.

Il adressa un sourire entendu à son futur beau-frère peut désireux d'être nommé ainsi par le sulfureux mondain, avant de reprendre d'une voix calme, claire et déterminée.

- Tout d'abord, il ne tiendra qu'a vous de ramener la Milicienne à la raison. Tout le défi résidera en votre capacité à trouver la façon de faire de sa faiblesse une force et d'en tirer avantage auprès de la noblesse. Dois-je vous rappeler que durant les temps qui court, nous sommes à l'aube d'un bouleversement au sein de l'Esplanade ? Si tel mariage pourrait effectivement être très mal vu aujourd'hui, qu'en sera-t-il lorsque le Duc aura restructurer la noblesse ? Car c'est bien ce qui va prochainement arrivé, vous le savez tout comme moi. En cela, j'en suis presque convaincu, votre réputation en sortira grandit.

Alexandre était tout comme lui un vieil homme, enfin disons plutôt, un homme d'age mur qui voyait la faucheuse bien plus proche qu'un jeunot de vingt printemps à peine. Ainsi, il fallait prendre le temps de quelques pauses afin qu'il puisse consommer et analyser les dires de Victor. Et ce faisant, il pouvait alors reprendre le cours de son exposénon sans hydrater sa gorge au passage.

- Les cartes vont être redistribuées et cette alliance pourrait asseoir la protection de vos intérêts ici. Quand à la dette... sept années que je leur viens en aide et je crois ne point leur avoir imposé d'exorbitant taux d'intérêt, dix pourcent à l'année, fort raisonnable ne trouvez vous point. Mais j'en conviens, il vous faut un chiffre alors sachez qu'elle s'élève approximativement à mille sept cents écus. Une rondelette somme, j'en conviens.

Il prit alors faussement le temps de la réflexion, comme pour laissait à croire à Terresang qu'il pouvait encore trouver à négocier alors que Victor savait déjà exactement où il se projetait avec cette dette, depuis... un fameux voyage récent à Sombrebois.

- Disons que... cette dette pourrait être absorbée par un vaste projet en devenir et qui requiera les services d'une branche de votre Ordre. Un contrat qui vous sera juteux et pérénisera pour de long mois vos activités...

Transformer une dette en avoir, voilà ce qu'envisageait de Rougelac. Pas bête après tout ? Si vous pensiez encore qu'il proposait Serena en mariage de façon désintéressée, voilà vos doutes totalement dissipés! Hé hé hé... Quoi!? Un saligaud ? Que nénies ! Je dirais plutôt un calculateur, profiteur mais respectueux de son semblable et s'efforcant toujours d'offrir des contre parties profitables.

Le "Dîner de Minuit" battait finalement son plein. Les deux nobles se restauraient tout en devisant au sujet d'une marchandise des plus originale en la personne de la noble milicienne au doux nom de Séréna de Rivefière. Mais voilà, à grande révélation, grande réaction ! Victor aurait bien pu se trouvait etrr l'instigateur de la mort prématurée de son humble hôte, le Vicomte de Terresang. L'anecdote aurait sans nul doute été reprise dans les livre d'histoire si sa fausse route l'avait amené à s'etouffer.

Fort heureusement, Alexandre sorti indemne de cette tentative d'assassinat du liquide carmen qu'il avait gardé en bouche. Oh il pouvait naturellement être surpris par la somme énoncée. Les Rivefiere étaient effectivement redevable au Comte de Rougelac d'une rondelette somme qui pouvait en rebuter plus d'un. Seulement, pour éviter de s'attirer les foudres de son futur beau frère, Victor avait soigneusement émit une hypothèse de voir cette somme vertigineuse absorbé dans un vaste projet profitable au Vicomte qui s'empressa d'en connaître la teneur. Sourire entendu aux lèvres, Victor se racla la gorge avant de s'expliquer et dévoiler comment chacune des parties pourraient trouver profit de cette situation sans que leurs finances ne s'en voient saignée. Taquin, il répondit.

- Vos sentiments à mon égare m'honnore mon cher.

Puis il prit un mine plus sérieuse et solonel avant de reprendre son exposé et ainsi faire taire toute inquiétude dans l'esprit de son hôte.

- Je vais vous révéler et vous êtes le premier à en être informé, que je viens de revenir de Sombrebois pour un voyage d'affaire avec un carnet de commande qui pourrait sécuriser les finances de votre Ordre pour une bonne demi douzaine de mois. Vous avez devant vous le Gouverneur du Bourg de Sombrebois, rien que cela, monsieur.

Il prit une gorgée de vin pour ainsi laisser consommer l'information exclusive qu'il offrait à son hôte avant de reprendre pour entrer dans les détails.

- J'aurais besoin de vos services pour reconstruire le mur d'enceinte. Ce chantier durera trois bon mois. Et par la suite, un second contrat plus personnel à mon endroit, vous sera proposé pour rehabiliter une partie des bâtisses du Bourg. Inclure cette dette dans le coût des travaux serait un moyen... d'absorber l'importance de la somme sans que cela n'impact vos finances. Et dans ma grande générosité ainsi qu'en guise de renouvellement de mes plus sincères remerciement quand à mon avenir avec la Baronne de Nerra, je serais sujet à réduire le coût de la dette, de quelques centaines d'écus.

Il l'avisa d'un regard calculateur, laissant donc Alexandre faire ses caluls dans sa tête. Le contrat pouvait fort probablement lui laisser entrevoir une rondelette recette qui se chiffrait à certainement plusieurs milliers d'écus. Charge au Vicomte d'accepter l'offre d'en chiffrer par la suite un premier devis.