Il n'y a pas de morale à la survie | Hector

Sujet: Il n'y a pas de morale à la survie | Hector Dim 24 Nov 2019 - 18:18

20 avril 1166 - Lods

Loin de tout et pourtant encore debout, Lods perdait peu à peu la grâce de son souverain. Compréhensible pour certains, inacceptable pour d’autres et une véritable opportunité pour lui. Oui, la situation au nord du duché ne lui avait pas échappé. Pratiquement abandonnés à leur sort, les quelques villageois restants étaient bien enclins à fermer les yeux pour leur propre survie. Certains allaient même jusqu’à collaborer, mais cela, restait malheureusement une minorité. Dans tous les cas, il s’agissait du lieu idéal pour une rencontre atypique.

Songeur, Rowan n’avait prononcé mot depuis le levé du soleil. Installé dans l’ancienne auberge, il n’attendait que l’arrivée de son invité. Impatient sans pour autant se réjouir de sa venue, son humeur commençait lentement à se dégrader. Ce qu’il comptait faire allait après tout à l’encontre de tous ses principes. Ses entrailles criaient de colère, mais le sang n’était pas au programme du jour, malheureusement. Non, un jour plus tôt, le renard avait envoyé une des femmes du village adresser son invitation. Quelques mots doux et l’invitation à une rencontre inhabituelle lui avaient-il demandé de susurrer à l’oreille du Baron de Sombrebois. Qu’il morde ou non à l’hameçon, Rowan ne pouvait guère le prédire. Toujours est-il qu’il attendrait sur place quelques jours durant. Pourquoi rencontrer un tel homme ? Pour affaire évidemment. La reconstruction du bourg n’avait échappé à personne et en ses temps sombres, il valait parfois faire un pacte avec le mal incarné.

Mais aucune joie d’aucune sorte n’envahit le visage du rouquin lorsqu’enfin, la venue du Baron lui fut annoncée. Si pour l’heure sa vie pouvait lui apporter bien plus que sa mort, sa haine envers les sangs bleus n’en restaient pas moins viscérales. La mâchoire serrée, Rowan quitta l’enceinte du bâtiment pour mieux se présenter à lui. Prudents et attentifs, ses hommes se placèrent en endroit stratégique pour faire face à une éventuelle attaque alors que Rowan vint lui faire accueil.

« Messire, un honneur de vous avoir comme invité. »

Sourire crispé, Rowan mit son honneur de côté en allant jusqu’à s’incliner avec respect devant le seigneur face à lui.

« Peut-être pouvons-nous discuter autour d’un verre ? Que dites-vous ? Si vous voulez bien excuser la précarité des lieux. »

Redressé, le renard indiqua simplement l’entrée de l’Auberge abandonnée sans moindre menace. Allait-il le suivre ou tout bonnement attaquer ? Rien n’était moins sûr et pour l’heure, sa main était prête à brandir son épée en cas de tous gestes suspects.

Sujet: Re: Il n'y a pas de morale à la survie | Hector Mar 26 Nov 2019 - 10:10

Hector était en bonne grâce avec la gent féminine en ce moment : il y avait eu coup sur coup (si je puis me permettre) Rosen, la provocante serveuse qu'il avait troussée dans son sommeil, puis il y avait eu Marie-Ange, sa chère prêtresse, qui l'avait consolé - de fort belle manière - d'une journée épuisante, et, enfin, il y avait eu cette Fanny, une femme d'une condition moindre, certes, mais qui avait excité la curiosité du baron en venant de Lods jusqu'à Sombrebois, pour lui susurrer à l'oreille la promesse d'une rencontre "inhabituelle". Comme elle était jolie et qu'il espérait bien une entrevue plus poussée que cette discussion pressée entre bois et étang et entre chien et loup, il partit honorer ce rendez-vous avec la paysanne, en ce 20 avril 1166, sans se douter le moins du monde qu'il venait de tomber dans un "piège machiavélique" !

Hector arriva à Lods à cheval et fut pour le moins surpris. S'il savait que quelques va-nu-pieds habitaient le village - certains étaient même allés jusqu'à braconner dans ses bois - il n'aurait jamais imaginé que ses "voisins" étaient si nombreux. C'était en effet une vraie petite communauté qui avait pris possession du petit village, autrefois allié de Sombrebois.

Le baron demanda au premier habitant qui lui semblait sympathique de lui indiquer la demeure de ladite Fanny. Ce dernier lui montra sa maison et Hector s'y rendit. Il frappa à la porte et la femme lui ouvrit.

- Bonjour, chère Fanny, comment allez-vous ?

Elle lui offrit un doux sourire et Hector - dont l'excitation avait monté tout au long du voyage - embrassa la jeune femme. Celle-ci, fort rusée, et faisant preuve d'un beau sang-froid, laissa les lèvres du baron se poser sur les siennes avant de reculer légèrement.

- Pas ici, monseigneur... mon mari... il... Suivez-moi...

Et la jeune femme prit la main du baron pour le mener vers l'auberge désaffectée qui, effectivement, semblait un joli décor pour une idylle immorale ! Seulement, un homme se tenait face à l'entrée du bâtiment fantôme. Cet homme était roux, avait le visage émacié et - sans se montrer agressif - affichait un regard déterminé qui incita Hector à être vigilent et à oublier un instant la perspective de volupté qu'il avait en tête.

- Restez en arrière, fit-il à la jeune femme.

Par prudence il posa une main sur le manche de sa hache de jet et, une seconde plus tard, l'homme lui adressa ces quelques mots :

- Messire, un honneur de vous avoir comme invité.

L'homme fit un drôle de rictus avec ses lèvres et s’inclina devant le baron.

- Bonjour...

Hector se tourna vers Fanny qui hocha la tête en souriant.

- Peut-être pouvons-nous discuter autour d’un verre ? Que dites-vous ? Si vous voulez bien excuser la précarité des lieux.

Le baron fut alors perspicace : soit c'était un piège, soit cet homme était une connaissance de la jeune femme... Dans tous les cas, il fallait être prudent. Quant à sa réponse, il décida d'accepter, à une condition...
- Bien sûr, monsieur, bien sûr... Damoiselle Fanny me proposait justement la même chose. Joignez-vous donc à nous !

Et Hector de poser sa main dans le dos de la paysanne pour l'inciter à rentrer avec eux dans cette ancienne auberge dont le décorum était tout à fait étonnant (pour quelqu'un habitué aux auberges de la capitale : de la boue couvrait en partie un vieux parquet à moitié défoncé ; des tables et des chaises gisaient par terre, certaines brisées ; d'autres debout, rassemblées près du comptoir éventré à coup de hache semblait là depuis des siècles ; des bouteilles poussiéreuses ou brisées sur l'étagère derrière le comptoir dévoilaient un contenu d'une couleur noirâtre ; et le tout était seulement éclairé par quelques raies de lumières provenant des interstices entre les planches clouées sur les anciennes fenêtres. La poussière voletait sur ces rayons lumineux comme de minuscules mouches blanches...

- Charmant ! Fit le baron en s'approchant du comptoir.

S'asseoir sur l'une des chaises encore debout ne le tentait pas vraiment. Il s'accouda donc au bar, attendant de voir si son hôte allait passer à travers la brèche pour chercher une bouteille sans déchirer ses vêtements. Il posa sa main sur l'épaule de Fanny.

- Que désirez-vous boire, mademoiselle ?
- Euh... et bien... de l'eau... s'il y a... ou... ce qu'on trouvera...

Hector s'adressa alors au rouquin :
- Je m'appelle Hector de Sombrebois. A qui ai-je l'honneur ? Et... hum... qu'avez-vous à nous proposer ?

Il souriait amicalement mais dans sa tête, la méfiance était encore de mise.

La présence de la jeune femme n’était pas prévue, mais qu’importe. Elle avait fait son job en lui amenant le Baron, ce qui adviendrait par la suite, il s’en foutait royalement. En clair, il ne souciait point de sa vie. Un pion, voilà tout ce qu’elle était à ses yeux et c’était donc relativement satisfait qu’il accompagnât le seigneur de Sombrebois à l’intérieur.

Consciencieux et prudent, il observa attentivement les mouvements de ce dernier ainsi que celle de sa garde. Le lieu était rudimentaire, mais le rouquin avait bien pris le soin de faire préparer un petit quelque chose, un peu d’alcool à servir à son invité. Face à lui, le rouquin sortit donc sa bouteille avant de remplir trois verres à moitié brisés. Fallait bien faire avec ce qu’on avait.

« Un homme qui espère devenir votre nouvel ami, mon seigneur. »

Sourire aux lèvres, il détailla sa réaction avant de préciser en lui tendant son verre.

« Vous pouvez m’appeler Rowan. »

Une première gorgée pour lui prouver qu’elle n’était pas empoisonnée, puis un regard plus froid à l’encontre de la jeune femme. Celle-ci était évidemment angoissée par la situation. Sans doute qu’elle rêvait de fuir et ne lançait ainsi des regards d’appel à l’aide en sa direction, mais… sans réponse, aucune.

« Faire revivre une forteresse, un domaine n’est pas chose facile, encore moins lorsqu’elle n’est pas située dans l’axe commercial. Si ce n’est la fange, le manque de ressource finit toujours par nous rattraper. Même Lods, qui a su tenir face à l’invasion s’apparente à un village fantôme aujourd’hui. »

Subtilement ou non, le renard tentait de rappeler et mettre en garde sur les difficultés de tenir un domaine si éloigné qu’était Sombrebois. Fallait-il rappeler le contexte avant de présenter la raison de sa venue.

« Les citées éloignées ont besoins d’amis, mais ne peuvent compter sur le Duc ou Marbrume pour cela, pas complètement en tout cas… Il faut donc se retourner sur des amis externes… et c’est bien mon amitié que je suis venu vous proposer, mon seigneur. »

Souriant, aimable et pourtant froid, le rouquin amenait bout à bout la situation. Ses entrailles avaient la nausée à ses propres paroles, mais il gardait en tête son objectif principal et l’aide du Baron serait des plus précieuses, il en était certain. Maintenant, pour lui faire mieux comprendre la nature de cette aide et de cet entretien, Rowan releva légèrement l’une de ses manches pour lui faire voir discrètement la marque que le souvenir que lui avait infligé le Duc quelques années plus tôt.

Une fois sûr qu’il réalisait dans quelle merde il s’était fourré, Rowan se contenta de reprendre une gorgée de sa boisson, aussi simplement que cela.

Malgré les sourires de façade, une tension était palpable... et même la dénommée Fanny - surtout elle ! - l'avait remarquée. Elle ne disait pas un mot, se contentant de suivre les courts échanges entre les deux hommes et de poser ses lèvres prudentes sur le liquide froid et brûlant du côté le moins coupant du verre qui lui avait été donné. Sa beauté était fragile et Hector y était sensible.

- A votre santé, Fanny... fit-il avant de se tourner vers le rouquin sûr de lui, santé, monsieur Rowan.

Il but après son hôte et l'écouta expliquer le motif de la rencontre qu'il organisée. Il s'agissait visiblement de nouer des liens entre eux deux et par là même, entre Lods et Sombrebois.

- Votre amitié, je veux bien l'accepter... Cela étant, et vous devez connaître la réputation des hommes de Sombrebois dont la franchise est fièrement portée jusque sur notre devise, alors, permettez-vous de vous exprimer ici ma réserve. Vous ne semblez guère aussi amical que mon ami Bérard, que mon ami Alaric, que mon amie Rosen, que mon amie Hilde... Evidemment nous ne nous connaissons guère ; évidemment, vous êtes peut-être impressionné de parler au baron des terres voisines... mais je crois qu'il est encore trop tôt pour parler d'amitié. Et, si j'en crois votre préambule, ce que vous allez me proposer relève plus de l'alliance commercial que d'une quelconque camaraderie... Est-ce bien cela ?

Le baron était souriant. Il ouvrit de grands yeux paternels lorsque Fanny fut prise d'une quinte de toux à l'ingurgitation du liquide transparent.

- Doucement, chère Fanny ! Ça ne se boit pas comme de l'eau ! Fit-il en lui tapotant l'épaule.

Il en revint à Rowan. Il espérait que, comme souvent, jouer carte sur table permettrait de détendre l'atmosphère.

- Cette alcool n'est pas des plus goûtus ! Voudriez-vous que nous vous vendions de l'eau de vie de Sombrebois ? Nos cerises et nos mûres ne sont pas mal du tout - toute vantardise mise à part !

Petit plaisanterie, évidemment. Il se doutait que l'alcool n'était pas ce dont Lods avait besoin.

- Êtes-vous une sorte de... chef, ici, à Lods ? Je sais que l'ancien seigneur, avec lequel Sombrebois avait toujours entretenu de bonnes relations, est mort... et je serais le premier ravi si Lods redevenait un allié de Sombrebois. Je ne sais quel titre vous pourriez avoir mais peu importe. Si c'est avec vous que je dois négocier, je négocierais avec vous.

Il but une nouvelle gorgée d'alcool après avoir vu le marque sur le bras du rouquin.

- Peu m'importe le degré de noblesse de mon interlocuteur... peu m'importe son passé. J'ai toutes sortes d'amis, toutes sortes de partenaires. Sachez que je n'offre ma confiance qu'à ceux qui font preuve de droiture et de loyauté...

Il avait bien aimé Grisold la bannie, n'est-ce pas ?

- J'imagine, vu l'état du village et de son auberge que notre bois pourrait vous être utile... Est-ce bien de cela qu'il s'agit... et qu'auriez-vous à offrir en échange ?

Il finit alors son verre avant de le reposer sur le comptoir et de s'essuyer la bouche et la barbe avec le revers de sa manche. Il avait un regard franc et droit... et espérait bien que son interlocuteur serait un peu plus direct et honnête avec lui dans ses prochains mots...

Sujet: Re: Il n'y a pas de morale à la survie | Hector Mar 21 Jan 2020 - 16:52

La présence de la fille était sans importance finalement. Et son attention complètement portée sur les dires et réaction de son cher invité. Ses blagues, ses déductions et même ses illusions le laissèrent complètement de marbre. Il préférait analyser, réfléchir et surtout contenir la rage qui l’animait chaque jour à l’encontre de ses semblables.

« Lods n’est qu’un intermédiaire ayant eu la gentillesse de nous fournir endroit où nous rencontrer. Vous en devinerez la raison. »

Après tout, il n’aurait pas été bien reçu dans le domaine de Sombrebois, pas encore en tout cas. Peut-être un jour, si la chance ne le quittait point. Pour l’heure, il fallait revenir aux présentations de base.

« Un accord, entre vous et moi, vos hommes et les miens. Voilà ce que je suis venu vous proposer. »

Il ne s’agissait donc pas du bourg, du moins pas pour le moment. Rowan n’avait de toute manière aucune réelle autorité ici, seulement quelques connaissances, les survivants étant facile à convaincre de coopérer. Restait à voir s’il pourrait convaincre un noble également.

« Avec la fange qui ne cesse de rôder dans ses terres et sa reconstruction, je suis sûr que Sombrebois à bien mieux à faire que se soucier de ses autres ennemis. »

Bandits et bannis étaient connus pour attaquer et pilier les convois entres les routes qui les séparaient des grandes citées. Nul doute que Sombrebois avait connu bien des pertes et prenait donc bien des risques à chaque trajet.

« Je vous propose donc d’enlever ce poids de vos épaules, Messire. Si vous acceptez, mes hommes et moi-même cesserons toutes attaques à l’encontre des vôtres… Mieux encore, si vous le souhaitez, veilleront à la sécurité de certains convois ou ressources. »

Un sourire s’étira aux coins de ses lèvres, se doutant bien de la surprenante proposition qu’il avançait.

« Vous pourriez même avoir accès à certains de mes services, afin d’obtenir informations et marchandises…disons… officieuses. »

Il marqua une pause afin que le Baron prenne le temps de comprendre de quoi le rouquin pouvait bien évoquer. Naturellement, il existait bel et bien un réseau illicite entre bannis, commerçant et bien d’autres hors là loi, la fange n’avait pas cassé le système et il était évident que Rowan en faisait partie. Cela pouvait être une source importante d’information, mais allait-il savoir comment s’en servir correctement ? Qu’importe.

« En échange de notre aide et service, qu’ils soient ponctuels ou non, nous demanderons ressources diverses et variées selon nos besoins. »

Il s’agissait donc d’une proposition de collaboration, mais aussi d’un accord de non-agression entre les deux partis tant qu’ils acceptaient de commercer ensemble. Maintenant, est-ce que cela allait seulement pouvoir titiller l’intérêt du baron ? A voir.

« Les citées éloignées ont besoins d’amis, mais ne peuvent compter sur le Duc ou Marbrume pour cela, pas complètement en tout cas… Il faut donc se retourner sur des amis externes… et c’est bien mon amitié que je suis venu vous proposer, mon seigneur. »

Le visage du baron se crispa à l'énoncé des attaques que l'homme venait de revendiquer. Sombrebois avaient connu quelques pertes récemment (en bois, en denrées alimentaires et, plus grave, en vies humaines) et, si Hector, avec l'aide de ses gardes, avait parfois pu répliquer en neutralisant certains des assaillants, il n'aurait pas imaginé être un jour invité par le chef de ces bandits à prendre un apéritif cordial et se voir proposer un marché aussi fourbe que celui-ci ! Instinctivement, il posa sa main sur le manche de sa hache de guerre tandis qu'un sourire malsain s'affichait sur le visage de chef des bandits.

- Vous pourriez même avoir accès à certains de mes services, afin d’obtenir informations et marchandises… disons… officieuses, disait-il...

Hector se sentit bouillir. Il regarda autour de lui et vit les hommes de Rowan, plus ou moins bien cachés, prêts à venir au secours de leur chef s'il dégainait son arme. Alors, et malgré ses envies de meurtre, il garda son arme à sa ceinture, avec autant de calme qu'il était capable. Et, en ces circonstances, ne pas trancher sans attendre la tête du vilain se révélait être, déjà, un fort bel exploit ! Mais le rouquin continua :

- En échange de notre aide et service, qu’ils soient ponctuels ou non, nous demanderons ressources diverses et variées selon nos besoins.
- Vous vous foutez de moi ?! Vous attaquez nos convois, nos hommes... et vous osez me demander des "ressources" pour avoir la paix ?!!

Cette fois-ci, Hector sortit son arme et se mit en position d'attaque.

- La seule proposition que vous pourriez me faire est de me rendre ce que vous nous avez volé et, en échange, que je vous laisse la vie sauve ! Et encore, je serais en droit de vous occire pour tous les crimes que vous venez d'avouer ! Alors écoutez-moi bien, Rowan. Sachez que je ne négocie pas avec les gens de votre espèce. Comme je n'ai pas envie de provoquer un bain de sang devant cette demoiselle qui n'est pour rien dans cette affaire, je ne vous tuerais pas aujourd'hui. Je vais rentrer chez moi et calmer mes nerfs. Quant à vous, je vous conseille de ne plus tenter quoi que ce soit contre mes hommes ou mes intérêts... sans quoi je me trouverais dans l'obligation de vous déclarer la guerre !

Ses mains tremblantes, il serra sa hache et fit un pas en arrière. Il ne voulait pas tourner trop tôt le dos à son adversaire. Aussi ce ne fut que lorsqu'il fut assez éloigné de lui pour pouvoir parer une éventuelle attaque qu'il se retourna et marcha en direction de la sortie où devait l'attendre sa jument. L'affaire était close pour lui. Certes il réfléchirait encore, à Sombrebois, à une éventuelle "descente" à faire, ici, avec ses hommes, pour punir les brigands et les empêcher de continuer leurs méfaits, mais il avait surtout envie de ne plus entendre parler d'eux. Il y avait déjà suffisamment à faire avec les fangeux pour ne pas s'ajouter des ennemis humains ! Et, en tout état de cause, il ne pensait pas - il n'avait sans doute pas cru possible - que Rowan et ses hommes l'empêchent de partir - ou l'attaquent - suite à son refus. Il se sentait de toute façon suffisamment fort pour se battre, s'il le fallait, contre trois ou quatre de ces vilains... et les autres prendraient leurs jambes à leur cou en voyant ce qu'il pouvait faire aux premiers qui se mettraient en travers de son chemin ! Trop confiant, peut-être, le baron...