[Clos]Complicité. Confiance. Connerie. | Gondemar

Si Gondemar eut envie de sourire en entendant l'allusion sur le sort qui avait pu lui être jeté, il se racla légèrement la gorge lorsqu'il fut question du cadeau à offrir à celle qui avait su ranimer sa soif de vivre. Il hésita un peu, puis finit par pencher la tête d'un côté puis de l'autre, incertain quant à sa réponse.

- Et bien, pas exactement. C'était censé être un cadeau, mais ça nous servira aussi de moyen de communication... en quelque sorte.

L'homme songeait à la petite statuette de bois qu'il avait taillé quand il guettait le retour de la jeune femme, il se souvenait également de l'état dans lequel elle s'était présentée à lui, presque à l'article de la mort... Mais elle avait survécu et il comptait bien la retrouver dès qu'il aura la possibilité de quitter de nouveau la cité. De son côté Serena sembla embarrassée et ne manqua pas d'exposer la raison, laquelle touchait directement à la capacité de combattre de celui à qui était destiné le cadeau. Ah oui, forcément, s'il n'était même plus en état de tenir une simple dague, cela risquait fort d'être un présent des plus déplacés.

« Je pourrai lui cuisiner quelque chose… »

- Ah bon ? Tu sais cuisiner ?

C'était à la fois une taquinerie autant qu'une vraie question, quoique à voir la tête de son amie Gondemar compris qu'il venait de toucher du doigt un sujet sensible et, soupirant légèrement, vint tapoter gentiment sa main d'un air compréhensif.

- Allons, je peux t'apprendre si tu veux, j'ai eu l'occasion d'apprendre quelques petites choses quand j'étais dans l'armée, même si j'avoue que ça n'a rien de comparable avec ce que pourrais t'apprendre une cuisinière. Sinon celle de votre maison ne peut pas te montrer ?

Après tout les nobles étaient réputés pour aimer la bonne chair et les bons petits plats, alors il suffisait de s'adresser à la cuisinière sous couvert d'une discrétion de la part de l'intendante, et le tour serait joué. Après l'ancien soldat ignorait si son amie saurait apprendre à cuisiner en un laps de temps réduit, fut-ce un seul plat.

- Deux autres s'il vous plait !

Commanda-t-il à l'intention de la personne assurant le service, un bras levé pour qu'on identifie bien leur tablée, encore qu'avec leurs accoutrements de Miliciens et sa taille à lui il soit difficile de les manquer. Reportant son attention sur Serena, Gondemar sourit de nouveau avec bienveillance.

- Je suis sûr que tu t'en sortiras très bien.

C’était un camarade, un confident et même presque un frère qu’elle avait désormais face à elle. Pouvoir s’exprimer ainsi sans tabou et échanger sur des faits aussi divers que variés sans crainte de jugement lui faisait un bien fou. Par moment, elle en oubliait presque toute la situation chaotique dans laquelle ils s’étaient retrouvés. La fange, la mort, toutes ces choses qui rongeaient leur humanité. Oui, l’espace d’un instant, elle n’était plus qu’une femme qui buvait un verre avec l’un de ses meilleurs amis. Un moment de légèreté, qui lui permit de reprendre son souffle.

« Oui, je pense demander à Margareth. Elle saura m’apprendre à faire autre chose que des rats morts ! »

Lança-t-elle en réponse à sa petite provocation, l’air défiant. Bien évidemment, elle s’adoucit tout aussi rapidement. Maintenant qu’elle avait su dire ce qu’elle avait sur le cœur, ou du moins en partie et qu’elle savait surtout qu’elle n’était pas seule à penser ainsi, les mots commençaient à lui manquer.

« Merci… toi aussi. »

Un peu malicieusement, la milicienne retourna son sourire sur lui, le taquinant encore un peu sur sa situation avant de reprendre le cours de la conversation. Le retrouver était agréable, lui parler aussi. Elle réalisa aisément à quel point elle avait de la chance de l’avoir rencontré au sein de la milice, puis avoir rejoint sa coutellerie. Maintenant, elle n’avait qu’une hâte, pouvoir retrouver la liberté des marais avec son collègue de toute confiance.

« À la nôtre ! »

Sa chope levée, elle riait joyeusement avant de profiter encore un peu de leurs retrouvailles et d’un bon repas. Le temps s’écoula, et la réalité, leur devoir, reprit le dessus. Il était l’heure de reprendre leur quotidien. Sans surprise, la milicienne laissa son ami régler l’addition, la moindre des choses ! Puis, elle sortit en sa compagnie.

« Ça m’a fait du bien, merci… » Son doux sourire se retransforma en un plus espiègle. « Tu devais m’inviter plus souvent ! haha ! »Elle rit une dernière fois, pour reprendre plus sérieusement. « La prochaine sera pour moi. Prends soin de toi. »