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| Une dernière pour la route | |
| Bérard d'ErgueilChevalier
| Sujet: Une dernière pour la route Lun 11 Fév 2019 - 13:40 | | | L'aube aux doigts de rose daignait de sa présence depuis plus de deux heures déjà, lorsque le grand blond nommé Bérard fit irruption de la masure lui servant de logis. Armé de pied en cap, ce qui lui avait valu un coquet labeur, l'homme prit ainsi la clef des champs, sa brette lui battant les jambes aux rythmes de ses pas.
Plus qu'un rituel, c'était là le gagne pain du bâtard d'Ergueil, qui depuis son arrivée au Labret l'été passé, avait ainsi loué à qui voulait bien le payer son épée et ses services. L'époque était propice aux gens de sa nature, et assurément, ses talents de porte-glaive lui auraient valu des bourses bien rebondies, les eût-il marchandé dans la grande cité de Marbrume. Hélas, l'ancien soldat avait du se résoudre à jouer les gagne-petit, forcé de demeurer à la campagne qu'il était.
C'étaient les nombreuses afflictions des siens, une bande de porte-épée échoués à son instar dans le Labret, qui avait en effet cloué le grand blond céans. Depuis les blessures initiales qui avaient accompagné la coterie durant le long et pénible exil vers le Morguestanc, et ce jusqu'à la sordide épidémie de caquesangue qui semblait les poursuivre depuis quelques semaines, pas un jour ne s'était écoulé sans qu'il n'y en ait un qui n'écopât d'une estafilade ou d'une mauvaise maladie.
C'est que les rondes auxquelles les troupiers s'étaient joints, pour le compte de paysans infortunés et trop éloignés des villages, leur rapportaient des marrons en plus des choux et des carottes, et il n'était pas rare qu'on ait maille à partir avec de la canaille, des bandes de bêtes affamées, ou pire encore, parfois un de ces dévoreurs qui hantaient la lande. Guère surprenant, dès lors, qu'on rapporte de ces rondes de mauvais coups ; ainsi s'était mis en place un cercle vicieux menant Bérard et ses compagnons à monnayer leurs épées pour payer leurs bandages, pour panser les plaies reçues en louant leurs brettes. Si par temps de paix, les hommes seraient sortis richement gagnant de ce marché, la Fange établie, c'était autre chose ; mais ils demeuraient ignares au commerce ou aux jachères, aussi s'étaient ils entêtés dans ce jeu de dupe.
Ce n'était finalement pas une grande surprise que leur nombre ait progressivement décru, de plus en plus se trouvant alités, jusqu'à ce que la caquesangue ne les cloue tous au plumard. C'était pour éviter celle-ci que le grand blond gagnait ainsi la grande verte dès le matin, lui qui avait été le plus chanceux de tous en terme de horions, et désormais peu désireux d'être frappé du dernier mal en date. Sous prétexte de mettre les bouchées doubles pour mieux s'occuper de ses comparses, le bâtard d'Ergueil n'en était pas moins conscient d'en fuir le séjour contagieux - il ne dormait d'ailleurs plus dans la même pièce que les malades.
Ce manège, cependant, ne pourrait durer éternellement, Bérard en était conscient. Aussi s'était-il résolu à gagner la cité de Marbrume sous peu, malgré l'hiver, pour trouver quelque remède pour ses comparses. Le prochain convoi pour la ville partirait dans quelques jours, et il avait d'ors et déjà obtenu de rejoindre l'escorte de celui-ci, si bien que sa patrouille de ce matin pourrait bien être la dernière.
C'est cette heureuse idée en tête, et un brin de paille en bouche, que notre héros débarquant après une petite marche, comprit que sa dernière ne serait pas la plus calme, quand il aperçut la porte de la grange Maubert grande-ouverte. Portant d'instinct la main à son épée, l'homme s'approcha de la béance. Il n'y avait dans ce réduit que du fourrage pour les bêtes, et il demeurait bien curieux que des brigands visitent cet endroit. Pourtant, en avisant l'imposant cadenas, visiblement crocheté, Bérard exclut à son grand soulagement un dévoreur.
Inspirant une grande gorgée d'air, il pénétra dans la grange.
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| | | Joss CloeBannie révolutionnaire
| Sujet: Re: Une dernière pour la route Lun 11 Fév 2019 - 17:07 | | | Le vol fait partie intégrante de ma vie. Sans ça, je cours à ma perte. Alors oui, à mes onze ans j'ai fait mes premiers pas dans le vol et même si ma première fois s'est terminée avec une sacrée raclée de mon père, je ne regrette pas avoir baigne là-dedans. C'est même fondamental à la survie. Avec un petit groupe de bannis, nous avions décidé de voler dans l'espoir d'amasser quelques vivres et moi, à mon habitude, j'avais suivi mes compagnons sans véritablement avoir de mission. Faut dire que je n'étais pas du genre à prendre des décisions, disons que je n'avais pas l'âme d'un chef ou autre. Moi, j'étais le parfait petit pion sur l'échiquier de ma vie. On me baladait de case en case sans réel but. Je suis sûre qu'on se riait de mon imprudence, de ma maladresse, mais j'arrivais toujours à m'en tirer. Je ne sais pas peut-être que j'étais née sous la bonne étoile en fin de compte et que quelque part on me protégeait. C'était sûrement ma foi qui m'a permis de survivre et oui, tout n'est question que de survie. Notre monde court à sa perte et nous en sommes tous conscients, mais pas assez stupides pour affronter le Fléau. Nous sommes juste assez bons pour prier, prier pour notre salut, pour cette paix intérieure, mais la paix n'existe plus. Il ne reste plus que nos yeux pour admirer le déclin de la cité. Mais pourquoi je perds mon temps avec cette cité, cité qui m'a chassée il y a de cela un an ? Il serait bon que je tourne la page une fois pour toute, il serait bon que je me concentre sur les choses les plus utiles.
D'ailleurs, pourquoi ils m'ont laissé seule ? Pourquoi ils m'ont dit d'aller m'occuper de cette grange qui semble un peu reculée des autres ? Et pourquoi moi je suis seule et pas eux ? Putain, fait chier quand même ! Si ça continue comme ça, je vais finir par me plaindre et puis, je vais vais avoir l'air de quoi si je vais pleurer dans les jupons de Kanna ? J'aurais simplement l'air d'une grosse gamine. Quelque part, je le suis encore un peu, faut dire que je n'ai pas eu le chance de vivre pleinement mon enfance. Alors qu'on me laisse être encore une gamine. Puis on attend quoi pour lancer les hostilités ? Parce que là, j'ai vraiment l'impression qu'on attend que le temps passe et moi, bah j'ai pas tout mon temps. Faut que les choses bougent, faut vraiment qu'on passe à l'attaque !! Ouais, bah je suis impatiente, mais j'ai juste envie que ça bouge c'est tout. Ce serait bien qu'on prenne les armes et qu'on foute le bordel dans leur vie toute tranquille ! Et si on les jetait tous dans la gueule de la Fange, peut-être qu'ils feraient moins les malins après ça !
Juste pour un trognon de pain trop sec, tu parles, c'est vrai que j'ai commis le plus horrible des crimes ! Quelle belle blague sérieux ! Bon, la grange semble vide. C'est une chance parce que aujourd'hui, je ne suis pas d'humeur à me battre. Aujourd'hui, je me sens morose et ce depuis quelques jours déjà ! Y a rien qui va en ce moment. Je m'emmerde comme un rat mort. Merde ! Un cadenas !! Bon, va falloir que je me force à le crocheter avec soin. Ça va, j'ai appris à crocheter les serrures et le cadenas, ne va pas me résister bien longtemps. Un coup d’œil par-ci, un coup d’œil par-là. Personne. Faut dire que la prudence et moi, ça fait deux. J'ai pas mis trop longtemps à ouvrir la porte et bien-sûr, elle grince un peu. Elle fout un tel bordel en s'ouvrant ! Manquerait plus qu'elle attire les brigands en tout genre. Ce ne sont pas eux que je crains le plus faut dire. Un regard charbonneux, un petit sourire aguicheur et le tour est joué. Normalement, mon charme réussit à lui tout seul de me sortir des impasses. J'ai pas peur de me bagarrer non plus, d'ailleurs, je crois même que je fais tout pour la chercher.
Oh, mais comme ça a l'air beau et confortable la paille. Et si je sautais à pieds joints dedans, quel effet ça ferait ? Bah, j'ai qu'à essayer et je verrai bien !! Ohh, mais c'est si merveilleux !!! Ça pique un peu les pieds, mais c'est marrant !! Et si je me roulais dedans ? C'est encore mieux que mon lit !!! Ahhhh là là, je crois que je vais finir par dormir ici moi !!! Oh tiens, y a des belles pommes !!! Oh bah hop, on va les mettre dans le baluchon !! Bon, c'est un maigre butin, mais c'est déjà mieux que rien... Ohhh et puis... Non !!! Ce sont bien quelques piécettes !!! Nonnnn !! Je ne rêve pas !!! J'ai envie de hurler de joie !! Celui qui vit ici, il aurait dû être plus prudent car c'est mal de laisser des pièces comme ça à la vue d'un voleur. Et comme je suis une voleuse honnête, je vais lui en laisser une, je suis gentille quand même. Je fais danser les pièces dans le creux de ma main, tout en étant excitée par le doux son qui résonne à mes oreilles.
-J'ai gagné le gros lot !!!
Ma joie explose et c'est bien la première fois que je suis heureuse. Je suis aussi heureuse que la première fois : mon premier vol et même si c'était une sale pomme, bah j'étais heureuse de mon premier méfait et là... Je suis encore plus folle de joie !! C'est vraiment mon jour de chance. Hop, va falloir que je les cache soigneusement, car autant je veux bien partager mes pommes, mais mes sous, non, y a pas moyen !!
J'étais si obnubilée par ma trouvaille, que je n'ai pas vu l'étranger qui est entré. L'air menaçant alors que je venais de ranger mes pièces. C'est ça, il a été alléché par le bruit de mes sous. Non, mais il va pas oser me voler ma trouvaille, hein ? Je veux bien lui donner une pomme, mais mes sous, non tu peux crever la gueule ouvert sale blondinet.
-Tu ne trouveras plus rien ici, donc, tu peux faire demi-tour et aller voir ailleurs.
Non, j'ai pas envie de lui donner une pomme. Et puis merde ! Moi aussi je connais la misère et là, je me sens heureuse et j'ai pas envie de partager mon bonheur. Même si tu crèves de faim, bah mon coco, faudra aller ailleurs. Moi aussi je crève de faim.
-Une pomme ? Il n'y avait pas grand chose ici. Juste quelques pommes.
C'est pas totalement vrai, mais dans un sens, je ne lui mentais pas. Enfin si, mais il n'était pas censé le savoir.
-Maintenant, si tu veux bien me laisser passer, je vais devoir rejoindre mes compagnons.
Non pas que je craignais cet homme, mais je ne sais pas, son regard n'augurait rien de bon. Et si ça se trouve, il le savait que je lui mentais sur mon butin, et que je n'avais pas simplement trouvé que des pommes.
-Tu veux bien bouger ?
Non pas que je suis pressée, hein ? Mais je commence à sentir l'atmosphère pressante et j'aime pas du tout me sentir aussi oppressée. Tu cherches la bagarre peut-être ? Ou peut-être qu'il cherche simplement à me coincer contre la paille. Pas que ça me dérangerait, mais bon, la paille c'est super, c'est vrai que ça doit être génial de le faire là-dedans, mais j'ai aussi des pièces qui attendent d'être dépensées et j'ai pas envie de les faire trop attendre... |
| | | Bérard d'ErgueilChevalier
| Sujet: Re: Une dernière pour la route Lun 11 Fév 2019 - 19:06 | | | Il ne fallut pas longtemps au bâtard d'Ergueil pour tomber nez à nez avec l’inopportune occupante de la grange, puisque ce fut celle-ci qui fit bien vite irruption de sa tanière, pour s'adresser au nouveau venu. La drôlesse semblait littéralement prise la main dans le sac ; s'activant pour fourrer on-ne-sait-trop-quoi dans ses fripes, voila qu'elle se mit à délivrer son bagou au vigile de service. Ce dernier, qui s'était attendu à plus redoutable adversaire, se rasséréna quelque peu. Cela ne semblait après tout être qu'une jeune mousmée au ventre un peu trop vide et aux mains un peu trop lestes, du genre dont le pays en regorgeait avant même l'avènement de la Fange, et encore plus après que celle-ci ait frappé le Morguestanc. C'eût-il agi d'un croquant, que Bérard aurait céans dégainé sa brette - il se contenta ici de barrer l'encadrement de porte de son corps, ce qui bien vite irrita la demoiselle.
Son joli minois en aurait abusé plus d'un ; cependant, alors qu'il dévisageait la drôlesse, Bérard porta bien vite son attention sur un nouveau détail, totalement étranger aux yeux de biche de la donzelle, ou à sa silhouette délicate. Ce préoccupait bel et bien le bâtard d'Ergueil, c'étaient les compagnons de la chapardeuse, ou du moins ceux qu'elle prétendait devoir rejoindre. Il la voyait mal faire partie d'une coterie de truands, mais en homme prudent, le grand blond se méfiait des apparences - après tout, quoi de mieux qu'une jolie fille pour faire tomber quelque idiot dans un piège ? Or, s'il ne craignait pas grand chose face à ce petit corps délicat, le grand blond se retrouverait bien marron, confronté à une demi douzaine de truands.
Le dilemme lié à cette supposition prenait d'autant plus d'ampleur à la lumière des plans qu'ourdissaient le spadassin. Lui qui songeait d'ors et déjà à lever le camp et gagner Marbrume se vit alors estropié ou trucidé par plus nombreux que lui, jeté en pâture aux clébards ou entassé avec ses compères malades, ceux là même qui comptaient sur lui pour ramener quelque remède. Et pour quoi ? Pour garder la grange Maubert, fleuron des trous du cul du monde, contre une voleuse de pomme. Assurément, le jeu n'en valait pas la chandelle. Mais si en revanche, la mousmée le menait en barque, et qu'il n'y avait que t'chi pour l'appuyer face au bâtard d'Ergueil, ce dernier aurait été bien sot de la laisser filer. Tôt ou tard, les tauliers découvriraient le larcin, or tout minime qu'il fût, c'était la réputation de Bérard qui en prendrait un coup, et sa future besogne par là même. Pour un homme ayant fait profession de son épée, c'était là une gageure à laquelle il ne pouvait se résoudre.
Empêtré dans une belle galère, le grand blond se résolut d'ors et déjà à démêler le vrai du faux. « Et qu'est-ce que j'y gagne ? lança-t-il à la donzelle lui faisant face. Je devrais te laisser filer avec ce que j'allais voler moi ? Et puis quoi encore ? »
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| | | Joss CloeBannie révolutionnaire
| Sujet: Re: Une dernière pour la route Lun 18 Fév 2019 - 15:29 | | | Quand je disais « dégage » c'était pas pour plaisanter, grand blondinet ! J'étais vraiment sérieuse ! Pourquoi, ces mecs ne me prennent-ils jamais au sérieux ? C'est vrai ça ! A croire que je parle dans le vent ! Pourquoi il me regarde comme ça avec son air grave. Pourtant, on ne dirait pas qu'il est mauvais, non, on dirait même que sous cette apparence de brute, il a l'air doux comme un agneau. Et si je lui faisais du charme ? Allez, je papillonne des cils en faisant mon plus beau regard. Paraît que j'ai de beaux yeux ! On me le disait souvent, mais bon, s'il n'y avait que mes yeux qu'on trouvait beau, ce serait le cadet de mes soucis, mais pas chez moi, chez moi, c'est tout mon ensemble qui l'est. Ce n'est pas pour me déplaire, mais bon, parfois, j'ai le sentiment de n'être qu'un morceau de viande et tous les chiens galeux n'attendent que de ronger un morceau d'os, ou bien, un peu de chair. Je ne me plains pas, car j'ai toujours fonctionné ainsi. Le seul problème, c'est que lui, il ne me paraissait pas être de ces hommes, lui il était... différent ?
Mais le gaillard, n'avait pas bougé d'un cil. Avait-il compris qu'il devrait se méfier et rester sur ses gardes ? Car oui, je lui avait dit que j'étais accompagnée, mais ce n'était que là un mensonge afin de me dépatouiller de cette situation qui ne sentait pas très bon. Sa voix, une voix d'homme viril, est venue jusqu'à mes oreilles. J'ai toujours aimé ce genre de voix. Elles dégagent tant de choses. Je l'ai regardé alors qu'un sourcil s'est arqué tout en essayant de réfléchir au moyen de me sortir de cette merde. T'es sourd ma parole ?! Je t'ai dit que tu aurais le droit à une pomme, car je suis dans mon meilleur jour. C'est rare que je sois généreuse. Tu devrais être content, au moins, tu ne vas pas mourir de faim, au moins jusqu'à demain matin. Vu ta carrure, j'ai du mal à croire qu'une pomme puisse te rassasier, mais ne sait-on jamais ? Y en a qui se contentent de peu, et toi, je ne te connais pas, si ça se trouve, tu as un appétit de moineau.
-Une belle pomme toute rouge !!
Lui avais-je dit en lui lançant par la même occasion, évaluant ainsi ses réflexes. C'était bien de savoir à quel genre je me frottais. Puis, ce serait drôle si la pomme venait l'assommer, oh, elle n'y arriverait pas, parce que je n'avais pas non plus une force incroyable, mais je savais bien visé.
-Elle est plutôt appétissante, non ?
Je lui offre mon plus sourire ainsi qu'un merveilleux clin d’œil mimé à la perfection. Je me suis souvenue de ses propos et j'ai tourné furtivement la tête tout en lorgnant la pièce que j'avais laissée de côté. Je l'ai saisi du bout des doigts tout en regardant le gus. Je me suis approchée de lui, marchant avec cette démarche chaloupée et gracile à la fois. Arrivée à mi-hauteur, j'ai posé ma main sur son poitrail, genre comme si je le connaissais et je lui ai montré la pièce avec fierté.
-Si t'es mignon, beau gosse, cette pièce sera à toi. T'as vu, je suis gentille comme tout, je n'allais pas partir avec tout le butin !
Entre une pomme et une pièce, mon choix est vite fait. Mais il n’est pas question que d'une seule pièce, car dans un petit baluchon, il y en a au moins une dizaine qui attendent sagement dans le fond de ma poche.
-Alors qu'est-ce que tu en dis ? Tu y gagnes une pomme et une piécette !! Tu veux bien me laisser partir maintenant et oublier que tu m'as vue, d'accord ?
Allez, tu vas pas m'emmerder bien longtemps voyou ?! Tu vas bien me laisser filer cette fois ?! Non pas que tu ne me plais pas, mais j'ai envie de rentrer moi, en plus en cette période hivernale, la nuit tombe vite et tu vois, j'ai pas envie de me retrouver dans une putain de situation de merde.
-Si tu te décides pas, je vais être obligée de te cogner dans les burnes, et je crois pas que tu vas aimer ce que je vais te faire, hein ? Paraît que ça vous fait mal à en crever !! T'as pas envie de clamser, non ?
Toujours avec ce sourire sur la gueule, un sourire mi-timide, mi-innocent, mais y a belle lurette qu'il n'y a plus d'innocence en moi. Je suis le genre de nana très douce, très gentille, mais j'ai aussi mes limites. Là, je suis très gentille, très patiente, mais comme tout un chacun, ma patience a des limites.
-C'est comment ton p'tit nom ?
On va essayer de la jouer autrement, on va commencer par instaurer un diabétologue convenable, mais j'ai l'impression que ce gus n’est pas très coopératif. Peut-être qu'il m'a vue faire mumuse dans la paille ou bien...
-MERDE ?! T'étais en train de me reluquer quand je faisais joujou avec mon butin, c'est ça ??! T'as envie de tout me prendre ?
J'ai reculé d'instinct tout en oubliant d'afficher mon sourire qui semblait s'être envolé en un coup d'ailes. J'ai sorti ma dague tout en jetant un coup d’œil sur son arme. D'accord, je ne fais pas le poids à côté de lui, mais quand même, je suis assez hargneuse. Encore plus hargneuse qu'une chienne en colère. Moi, je peux grogner, mordre et mordre même jusqu'au sang, bordel !! Je sais aussi donner des coups. Y a tant de rage, de haine en moi, que je pourrais venir à bout de ce mâle !!
-On t'a pas appris à ne pas déranger une Dame ? Qu'est-ce que tu veux ? Tu veux me faire plier sous le poids de ton corps ? Tu veux me voler ? Je te défends de me toucher, sinon je te coupe la main ou, je pourrais même te couper la bite !!
J'ai l'air menaçant et je sais parfaitement me montrer intimidante. En même temps, quand on vit dans les conditions dans lesquelles je vis, j'ai intérêt à ne pas me laisser faire...
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| | | Bérard d'ErgueilChevalier
| Sujet: Re: Une dernière pour la route Mar 19 Fév 2019 - 21:29 | | | C'était un drôle de numéro que Bérard venait de dénicher dans cette grange. S'il avait d'abord cru devoir entraver la danselette au moment où celle-ci lui jetait une pomme à la figure, le chevalier découvrit à son heureuse surprise qu'il n'en fut rien. Saisissant le fruit au vol, il le posa aussitôt pour garder une main sur le pommeau de son épée. La diversion n'en fut finalement pas une, et bientôt, voila que l'étrange mousmée se mettait à lui faire du gringue.
Louvoyant vers lui, celle dont il ignorait tout vint tapoter le poitrail de Bérard, ce qu'assortit un tintement métallique. Juste après, le grand blond se retrouvait une pistole en main, à tenter de discerner le portrait sur l'avers de la pièce. Ce devait-être, supposa-t-il, la figure du duc ; tout ce qui lui importait était que la monnaie fut d'argent. Une pistole! Pas surprenant que ces gredins de Maubert lui aient demandé de garder cette grange qu'il estimait sans intérêt. Car à bien y réfléchir, si la donzelle venait de lui céder une pièce pour l'amadouer, c'est qu'il y en avait d'autres, probablement déjà dans son escarcelle.
Mais voila qu'après s'être faite conciliante, limite aguicheuse, la jouvencelle montrait les crocs! Alors qu'il s’apprêtait à lui donner son nom, Bérard vit son interlocutrice virer promptement de bord, tandis qu'elle dégainait son coutelas et le menaçait céans. La voila qui se trahissait même, confirmant les soupçons du grand blond quant à une cagnotte un peu plus fructueuse que ce qu'elle avait bien voulu lui céder. Un instant amusé par le petit numéro, le bâtard d'Ergueil se renfrogna alors bien vite, resserrant son emprise sur son épée. Peut-être eût-il laissé quelque souplesse à la fille si elle avait continué à le brosser dans le sens du poil, mais dès lors qu'elle le menaçait - et pas des moindres maux -, l'homme se tenait prêt à un éventuel affrontement.
Il n'espérait cependant pas qu'on dût en arriver là. « Tout doux, mignonne, grogna-t-il à l'adresse de la fille, je crois que tu tiens à ta vie autant que je tiens à ma bite. » Si la drôlesse se mettait à pousser des cris d'orfraie, il serait bon pour se coltiner ses copains, autant dire pas le genre de perspective que le bâtard souhaitait. « Mais ton butin, je me le destinais, alors dis moi plutôt ce que tu penses de ça : on partage nos prises, et tu me suis jusqu'à l'autre coin que j'allais vider et on se le fait à deux. Ça te va ? »
Espérant que la donzelle ne s'obstine pas à vouloir le planter, Bérard mit bien en avant son épée, tapotant sur le pommeau, histoire de signifier à son interlocutrice qu'en cas de refus, il pourrait tout autant la trucider. C'était à prendre ou à laisser.
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| Sujet: Re: Une dernière pour la route | | | |
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