Marbrume


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 [Terminé] Sous le vent d'Acier (compagnie des lames) [DOMAINE DE PESSAN]

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Le CapitaineMercenaire
Le Capitaine



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MessageSujet: [Terminé] Sous le vent d'Acier (compagnie des lames) [DOMAINE DE PESSAN]   [Terminé] Sous le vent d'Acier (compagnie des lames)  [DOMAINE DE PESSAN] EmptyDim 11 Aoû 2019 - 23:35
Juin 1166

Le vent du changement soufflait partout sur le pays. Les ravages des fangeux avaient laissés dans leur sillage une traînée de flammes et de sang. L'odeur des cadavres et des désespérés, portée par le vent, s'était répandue dans le reste de la campagne. La mort avait apportée avec elle la méfiance. Les mordus devaient partir. Hommes, femmes, jeunes, vieux, nobles comme esclaves.

Il y avait dans l'air une odeur de brûlé. Mais ce matin, pour celles et ceux du domaine de Pessan le vent venu de l'Est apporta avec une lui une odeur d'acier. Bien avant que les premiers hommes de la Compagnie n'apparaissent, une odeur tenace de fer envahissait les narines. Les chevaux henissaient dans quelque ruade inquiète, alors que les chiens -devenus rares depuis l'invasion- présents reniflaient le sol avec obsession, avant d'aboyer et de gronder vers l'entrée du domaine.

Les signes suivants furent les corbeaux. Dans le ciel, visible de loin, un vol de corbeau flottait haut dans le ciel, les oiseaux tournant en rond au dessus de quelque chose... ou de quelqu'un.

Mais ce n'est que bien plus tard, alors que le soleil allait achever sa course vers le solstice qu'ils arrivèrent.

Dix hommes et une femme firent leur entrée sur le domaine. Derrière eux, deux chariots bâchés,remplis de provisions et d'outils divers.

A leur tête, Le Capitaine.

Oh, il n'était pas aussi connu ici qu'à la Capitale. Mais il n'était pas rare de croiser, parfois, quelqu'un ayant entendu parler de la Compagnie. Les plus anciens, paradoxalement, semblent en avoir les plus vifs souvenirs. Ils parlent d'une légion entière, sois-disant capable de prendre une ville en une nuit, avec à sa tête le Capitaine, borgne, grand et fort. Parfois blond, parfois brun, parfois aimable, parfois sombre. Mais borgne, toujours.

Et dans son dos, toujours, son épée. Terminus Est.

Terminus Est pesait sur les épaules du Capitaine.

De son oeil unique, le Vieux Borgne admirait les environs. Le domaine de Pessan était comme on le lui avait décrit. Un mélange détonnant de dynamisme et d'abandon, de quiétude et de menace planante. Ce lieu était chargé d'histoire, et de dangers, mais aussi d'espoir et de détermination. Il avait pu le voir sur les visages des fermiers qu'ils avaient croisés sur leur chemin. Des hommes durs et déterminés, qui ne cillaient pas lorsqu'ils croisaient le regard du chef mercenaire, quand bien même le plus solide des paysans ne lui arrivait même pas aux épaules.

Mordu des premiers jours, Le Capitaine avait du partir. La moitié de la Compagnie l'avait suivi. Comme tous les vieux renards, le géant savait transformer chaque défi et échec en opportunité. En étant chassé de la ville, il allait s'installer au labret. Y continuer le développement de la compagnie. Augmenter leur rayon d'action et leur effectif.

Avec Strakhov à Marbrume, la Compagnie était entre de bonnes mains. Alors que ses gigantesques pieds laissaient de profondes empreintes sur la terre pourtant solide du domaine, il se dirigeait vers leur hôte, client et mécène, Aymeric de Beauharnais. Le noble, père génétique et légitime de la petite Alix, envers qui le chef mercenaire éprouvait une affection réelle, était en train de travailler sur une cloture.

C'est pour ca qu'il l'aimait bien, ce noble. Il savait travailler à la dure.

Avec la lenteur des voyageurs fatigués, les dix mercenaires, fourbus mais armées jusqu'aux dents, s'avancèrent vers le maître de maison.

Un corbeau, suivi d'un autre, puis d'un troisième, atterrirent sur le bord du toit d'une étable voisine, et, comme nombre de leurs cousins, se mirent à observer la scène.
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Aymeric de BeauharnaisComte
Aymeric de Beauharnais



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MessageSujet: Re: [Terminé] Sous le vent d'Acier (compagnie des lames) [DOMAINE DE PESSAN]   [Terminé] Sous le vent d'Acier (compagnie des lames)  [DOMAINE DE PESSAN] EmptyJeu 15 Aoû 2019 - 8:42
Ce matin entame le troisième mois de la présence du Comte de Beauharnais sur les terres de la Comtesse Apolline de Pessan et s'il est fatigué, Aymeric est aussi heureux. Des champs autour de lui qui certes ne lui appartiennent pas mais dont il bénéficie des récoltes pour se nourrir, une solide bâtisse protectrice en pierre, ce qui de nos jours est un luxe, une forge qui a démarré sans perte de clientèle, les gens semblant ravis d'avoir un forgeron tout aussi compétent et plus jeune que l'ancien, qui était respecté aussi. Puis il a largement de quoi s'occuper. La "ferme", immense et abandonnée depuis l'apparition de la Fange, avait besoin d'être restaurée et qu'on le veuille ou non, ça demande de l'huile de coude et du temps. Sans oublier l'écurie, l'étable et les pâturages à clôturer, les champs à surveiller, les commandes à gérer pour la forge, les contacts à nouer, ce qui n'est autorisé que par beau temps, un temps couvert offrant des plages de sortie pour les fangeux. Sans oublier l'éducation d'Alix, les cours qu'Aymeric doit suivre, la formation de sa domestique. Les journées sont chargées, les nuits parfois trop courtes, les occasions d'aller chasser plus rares, mais c'est amusant. Aymeric est resplendissant. Il s'est affiné, lui qui commençait à prendre du gras à l'Esplanade et il a retrouvé son énergie et sa félinité. Il n'y a pas à dire, quand on est fait pour vivre à la campagne, y vivre, ça vous rajeunit un homme. Seul point négatif : Les femmes ! La sienne est portée disparue et il ne fait plus de doutes désormais qu'elle est morte, car sans cela on aurait eu une nouvelle ou une rumeur la concernant. Mais Aymeric est toujours lié à elle par un serment fait devant les Trois, et tant que le Temple ne le libère pas de ce serment, il est hors de question qu'il touche une autre femme. Et ce ne sont pas les occasions qui manquent. Ce qui a le don de le mettre un poil sur les nerfs.

Alors, avant les cours d'étiquette censés faire de lui un noble digne de ce nom, cours auxquels il s'adonne de mauvaise grâce pour ne pas foutre la honte à sa gamine, Aymeric passe ses nerfs sur la réparation d'une clôture particulièrement réticente. Et s'il ne parvient pas à la fixer solidement, le risque qu'un de ses chevaux s'évade est présent. Il songe à Asphodèle, au tempérament bien plus aventureux que le sage Landroval, à la force tranquille. Et il ne renoncera pas à une jument qui lui a coûté plus cher qu'une belle maison bourgeoise dans Bourg-Levant. Et ça n'est qu'une fois qu'il est parvenu à la fixer qu'il remarque la présence étrange de corbeaux non loin.

Aymeric croit aux signes et si souvent le corbeau a mauvaise réputaition, pas forcément pour Aymeric. C'est un oiseau intelligent, joueur, qui va dans un endroit parce qu'il en a envie et non parce qu'il y est obligé. Et si des corbeaux s'arrêtent ici, c'est probablement qu'ils ont un message à faire passer. Et pour Aymeric, ça n'est pas forcément un message de mort, mais l'annonce d'un changement. La mort est un changement radical, certes, mais il existe des changements moins... définitifs. Et l'escouade qui s'annonce ne réjouit pas forcément notre noble. Il reconnait aisément le Capitaine, mais il faut dire que pour qui le connaît, le gaillard est identifiable. Pour parler franc, Aymeric n'a croisé qu'un gars aussi impressionnant physiquement que le Capitaine, un milicien qui s'est parfois occupé de son cheval, et fort bien d'ailleurs, mais qui n'a pas la lumière à tous les étages.

Le Comte s'arme de son arc, qu'il met à l'épaule, l'ayant posé pour réparer la clôture, et observe la délégation qui s'approche, l'air perplexe. Marbrume est-elle tombée ? Cela signifierait que les efforts que son groupe a fait dans le Chaudron n'aura servi qu'à retarder l'échéance. A moins que la fermette des faubourgs ait été détruite, malgré la protection de la Compagnie des Lames et que craignant la colère du Comte, la Compagnie soit venue en nombre pour éviter toute réaction épidermique. Mais Aymeric est connu pour agir intelligemment. Et la perte des chévriers, si c'est un sale coup, ne justifierait pas qu'il s'emporte, du moins avant explication. Alors ? Ils veulent augmenter leurs activités au Labret ? Cela pourrait être logique, la milice a été réduite par le Roi de ce côté-ci, pour prioriser la défense de Marbrume et la fermeture du Chaudron. Donc forcément, le recours au mercenariat offre à la Compagnie quelqu'opportunité. Peut-être l'un d'eux a-t-il été banni aussi et ils viendraient voir si le Comte n'aurait pas une idée pour le reclasser ici, au Labret. Cela fait beaucoup de théories, toutes relativement plausibles, mais laquelle est la bonne ?

Aymeric lève une main en signe de salut pour le Capitaine et sa Compagnie puis attend que ce dernier expose la raison de sa venue.
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Finn GallagherMercenaire
Finn Gallagher



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MessageSujet: Re: [Terminé] Sous le vent d'Acier (compagnie des lames) [DOMAINE DE PESSAN]   [Terminé] Sous le vent d'Acier (compagnie des lames)  [DOMAINE DE PESSAN] EmptyJeu 22 Aoû 2019 - 19:37
Un accord avait été scellé et une Compagnie s'en était allée. Scindé en deux pour mieux survivre, une partie des hommes étaient demeurés au sein de la Cité pour continuer leur office tandis qu'une autre avait choisi de suivre le destin du Capitaine. Condamné à l'exil hors de Marbrume par la faute d'anciennes morsures, l'homme avait choisi de se dénoncer lui-même et de quitter le confort des remparts pour s'en aller jusqu'au domaine de Pessan où on les avaient autorisés à s'installer temporairement. Derrière le Capitaine, dix hommes dont son Second, Finn Gallagher, ainsi qu'une femme, Aeryn Monclar, le suivait avec la certitude qu'ils allaient pouvoir étendre leur influence et qu'ils ne pouvaient qu'aller de l'avant. Le voyage se fit sans difficulté, bien qu'ils soient tous ralentis par les deux chariots contenant leurs vivres, matériels, équipements et armes. L'arrivée fut pour le moins salvatrice et, bien que chacun afficha une mine grave de circonstance, la plupart appréciaient de pouvoir s'arrêter un instant. Laissant les chariots à quelques mètres d'eux, les dix hommes et la femme s'avancèrent à la suite de leur Capitaine vers le maître des lieux, laissant leur meneur prendre la parole en premier.

Le Second pour sa part jetait des regards tout autour de lui, évaluant déjà l'ampleur du travail qu'il y aurait à faire, réfléchissant à la façon dont ils pourraient sécuriser l'endroit et de ce qu'il semblait y avoir à faire d'autre pour que le Noble qui s'occupa de l'endroit ne voit rien à redire quant à leur présence ici. Celui-ci s'avançait d'ailleurs déjà vers eux, adressant un signe de la main en salutation, signe auquel Finn répondit tout naturellement avec un léger sourire qui se voulait bienveillant à son encontre. Même si le domaine appartenait à la Comtesse De Pessan, c'était bien le Comte de Beauharnais, le père d'Alix, qui s'occupait de gérer l'endroit et qui, paraissait-il, mettait même la main à la pâte malgré son rang. Pas étonnant que sa fille soit si débrouillarde, cela tenait certainement de famille et pouvait expliquer comment la petite avait pu survivre aussi longtemps avant que son père ne découvre son existence. Le Second était friand des histoires qui finissaient bien et il était heureux pour la petite protégée de la Compagnie, d'ailleurs il avait beau regarder partout, il ne la voyait nulle part et se demanda si l'enfant était occupée à quelque leçon d'éducation ou bien si elle était en train de jouer dans le foin ou de chercher à aider un des paysans du domaine dans son travail. Quoi qu'il en soit, il vint se placer à droite du Capitaine quand celui-ci prit quelques mètres d'avance sur les autres membres de la Compagnie, reprenant un air grave de circonstance alors que son mentor prenait finalement la parole.
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Le CapitaineMercenaire
Le Capitaine



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MessageSujet: Re: [Terminé] Sous le vent d'Acier (compagnie des lames) [DOMAINE DE PESSAN]   [Terminé] Sous le vent d'Acier (compagnie des lames)  [DOMAINE DE PESSAN] EmptyDim 8 Sep 2019 - 11:59
- Repos. lâcha le Capitaine à ses hommes. Tous s’arrêtèrent alors, laissant les deux colosses qu'étaient le borgne et son second s'avancer vers le maître des lieux. Un concert de soupirs de soulagement se fit entendre alors que la plupart s'adossaient contre les chariots, voir s'allongeaient par terre. Les jambes étaient lourdes et les pieds douloureux. Leur vieux leader avait imprimé un rythme de marche proche de la cruauté afin de rejoindre le Labret le plus vite possible.

Alors qu'Aymeric levait sa main vers eux, Le Capitaine répondit d'un signe de tête. Il remarqua que le noble était plus fin et plus musclé que lors de leur dernière rencontre. A en juger par sa sueur, il n'avait pas ménagé ses efforts.

Ils avancèrent tous les deux leurs bras, et une poignée de main courtoise et extrêmement virile fut échangée.

- Comte.

La voix gutturale du Capitaine était celle de l'homme n'ayant pas beaucoup bu. Comme pour lui répondre, plusieurs corbeaux se mirent à croasser autour d'eux. Il inspira. Il aurait préféré que Finn se charge de la discussion, mais étant personnellement concerné, il savait que cette tâche lui revenait.

- Les mordus sont expulsés de Marbrume. Je m'installe au Labret. Une partie de ma compagnie me suit.

Son oeil unique, fixé sur Aymeric, roula dans son orbite pour désigner Finn (à qui il lança un regard entendu) et les autres hommes derrière. Le Capitaine n'aimait pas demander de faveurs, mais il était prêt cette fois

- Nous cherchons un logement. Temporairement. Le temps de trouver nos marques et un endroit.
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Aymeric de BeauharnaisComte
Aymeric de Beauharnais



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MessageSujet: Re: [Terminé] Sous le vent d'Acier (compagnie des lames) [DOMAINE DE PESSAN]   [Terminé] Sous le vent d'Acier (compagnie des lames)  [DOMAINE DE PESSAN] EmptyVen 13 Sep 2019 - 12:00
Présentations sommaires, mais l'essentiel est dit et cela convient au Comte.

- Et si je pousse le raisonnement jusqu'au bout, vous vous demandez si j'aurais une chambre ou deux de libre dans la petite bicoque que j'occupe actuellement... Je peux vous confier les deux derniers étages, j'pense que chacun aura sa chambre, ainsi. Mais il y aura quelques règles à suivre, aussi parce que je ne suis pas ici chez moi. Ce lieu et les terres attenantes appartiennent au Comte de Pessan. Je n'en suis que l'intendant.

Il fait signe aux hommes du Capitaine de venir les rejoindre, afin que tout le monde entende ses recommandations, mais dans l'attente qu'ils se redressent et les rejoignent, il glisse au Capitaine.

- Ainsi donc, leurs politiques sont toujours dictées par la peur. On réduit la milice dans la partie où on peut assurer la nourriture pour la ville pour augmenter des patrouilles dans une ville où ils vont crever de faim... Et ils chassent les victimes de morsures sur base de quoi ? Je sais pas si vous y étiez, vous ou vos hommes, mais beaucoup sont tombés parce qu'ils n'ont pas réfléchi. Cet assaut à cheval dans des ruelles était une hérésie. Ils ont trié avec une lenteur aussi. Ils ont même égorgé des gens avec de légères blessures, par peur d'une contagion.

La colère peut se lire dans le regard du Comte, qui se calme un brin pour s'adresser aux mercenaires qui ont suivi le Capitaine, et au Capitaine par la même occasion.

- Vous êtes les bienvenus ici pour le temps qui vous plaira. Je serai sot de vous refuser l'accès au domaine Pessan. Avec un afflux de réfugiés vient un afflux de gens qui vont avoir faim et seront tentés de piller et voler. Alors, savoir qu'ici se trouve un Comte chasseur et une Compagnie de mercenaires aguerris pousseront les malandrins à aller voir ailleurs s'ils y sont. Cela ne signifie pas que vous pouvez faire n'importe quoi !

Bon, il semble clair que le Comte va fixer les règles et comme il paraît sérieux, il vaut sans doute mieux qu'on l'écoute.

- Première chose, les deux fermes que vous voyez plus loin font partie du domaine, mais appartiennent au Comte de Pessan. Vous n'avez aucun droit sur leurs cultures ou sur ces gens. Ce sont de solides travailleurs, très compétents. Si vous voulez manger, vous pourrez leur acheter des légumes ou les troquer. Ce sont des marchands, pas des serviteurs ou des esclaves. Ils font partie du domaine et pour ceux qui ne sont jamais venus ici, ils font partie des gens à protéger, pas à exploiter. Que ceci soit clair. Point deux, le personnel de maison. C'est mon personnel, qui m'est attaché personnellement. Vous devez faire du ménage, vous vous en chargez. Vous souhaitez manger, vous cuisinez. Pareil pour la lessive. Cela ne vous changera pas trop de vos habitudes. Ah, ce personnel est féminin, mais ce n'est pas du personnel de maison close. On n'y touche pas, ni avec les yeux, ni avec les mains. Le premier qui a un geste déplacé envers elles m'aura insulté, moi. Et ce genre d'insulte se nettoie dans le sang. Ni vous ni moi ne voulons en arriver là, n'est-ce pas ?

Le Comte ne prend même pas la peine de réfléchir au prochain point, cela sort de suite.

- Foi, Force et Honneur est la devise de la maison Beauharnais. Les Pessan sont aussi très portés sur les valeurs religieuses. Les rapports hors mariage ne sont pas encouragés. Je sais, venant d'un homme qui a eu une fille hors mariage, cela prête à sourire. Mais si vous deviez lever une belette, vous vous amuserez hors de ses terres. Cela inclut le château, les fermes alentours, les champs, et caetera. Il y a des auberges pour ça et ce point est non négociable. Si vous êtes mariés, vos époux ou épouses seront les bienvenues, au même titre que vos enfants. Et tout ce qui se passe dans les liens sacrés du mariage ne me concerne pas. Dernier point, les portes et fenêtres du rez-de-chaussée restent fermées, aussi de jour. L'ouverture se limite au fait pour vous d'entrer et de sortir. Vous êtes en droit de m'engueuler si vous constatez que j'ai oublié ou que j'ai mal refermé. C'est une question absolue de survie. Sachez enfin, si c'est votre premier passage, que le Labret connaît le couvre-feu. Nul n'est autorisé à se déplacer de nuit. Quiconque serait surpris de nuit sera abattu de vue, et ils ne plaisantent pas sur le sujet.

Bon, Aymeric a l'impression de n'avoir rien oublié.

- Le lieu a été abandonné quelques temps et des réparations sont en cours. Celles nécessitant l'aide d'un artisan sont terminées, j'en suis aux réparations que je peux faire moi-même. Alors, si certains parmi vous ont des talents en bricolage pour vos deux étages, afin de vous faciliter la vie, vous pouvez, mais vous m'expliquez avant ce que vous comptez faire. Par contre, rien ne vous y oblige. Je n'exige rien d'autre de vous que de la tenue et le respect des contrats qu'on a passés, donc celui qui consiste à protéger ce lieu. Je chasse régulièrement et n'aurai aucune peine à partager le produit de ma chasse avec vous, si j'ai de l'excédent. Si vous respectez les lieux, il n'y aura aucun problème. Vous pourrez vous servir de nos écuries, je pourrai vous montrer où se trouvent les artisans comme le forgeron, qui sait vous aider à trouver des contrats. J'en dois une au Capitaine et je ne suis pas un homme ingrat.

Le Comte vérifie que tout le monde a bien compris.

- La Fange est moins présente dans le Labret que dans les Marais, mais elle est présente quand même. On la repère juste un peu plus facilement par ici. Je vous invite à vider vos chariots et à mettre vos affaires à l'intérieur. Quelqu'un surveillera les alentours pendant l'emménagement.

Bon, faire monter les affaires par l'échelle qui sépare le rez-de-chaussée du premier ne sera pas simple. Guillaume lui se chargera des chevaux de la Compagnie, et de bonne grâce. Plus il y a de chevaux et plus il est heureux.

- Je me doute que tout ceci doit vous paraître strict, Capitaine, mais c'est motiver par la sécurité des lieux et par ma volonté de ne pas m'attirer les foudres des Trois. Je sais que sur ce plan je peux paraître sectaire. Nous aurons quelques arrangements à trouver. Je pourrai aisément vous laisser mon bureau pour que vous négociez vos contrats, ou à défaut le salon, mais tout ceci se mettra en place à l'usage. Je pense qu'Alix sera ravie que vous viviez sous notre toit, cela fera de l'animation.
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Alix de BeauharnaisVicomtesse
Alix de Beauharnais



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MessageSujet: Re: [Terminé] Sous le vent d'Acier (compagnie des lames) [DOMAINE DE PESSAN]   [Terminé] Sous le vent d'Acier (compagnie des lames)  [DOMAINE DE PESSAN] EmptyLun 23 Sep 2019 - 15:04
Les évènements de Marbrume l'avait beaucoup secouée.

Rentrée au domaine en tremblant et dûment escortée par son père et ses hommes, elle avait passé plusieurs nuits à hurler sous l'emprise de ses cauchemars, et ses journées à faire semblant de s'intéresser à la vie de la maisonnée, pour tenter d'oublier ce qui s'était passé, et le danger prégnant autour d'eux.

Alix s'était alors jetée à corps perdu dans le travail de rénovation de la maisonnée. Pour faire plaisir à Bérénice, elle avait tenté de coudre maladroitement un petit habit rouge pour Alfred, bleu pour Pyô et rose pour Leanne, avant d'essayer de les broder un peu plus adroitement de petites lunes et de petits soleils. Elle avait ensuite aider à coudre des rideaux pour égayer les fenêtres, avant d'essayer de broder le tout des mêmes symboles que les vêtements, car il s'agissait là des seuls dessins qu'elle connaissait.

Un peu abrutie par le travail de l'aiguille, la petite fille avait fini par s'aventurer près des lapins et des poules, pour aider Bérénice à leur donner à manger, puis s'était ingénié à prendre soin de sa petite chèvre, qu'elle avait baptisé Lily. Mais elle sursautait au moindre bruit et mangeait peu - sauf près de son père, pour ne pas l'inquiéter.

Il fallait pourtant continuer, essayer de dominer sa peur. Après tout, les risques étaient minimes au Labret. Eux aussi avaient des murs solides, et le couvre-feu était là pour garantir leur sécurité à tous. C'était cela qu'il ne fallait pas perdre de vue, et, tout en se remettant à la couture, l'enfant, ce jour-là, se sentait un peu plus calme.

Mais un bruit de cavalcade au-dehors la fit se figer. Le coeur battant très vite, elle n'osa tout d'abord pas regarder à la fenêtre. Mais il n'y eut ni cri, ni bruits de combats - et la petite fille songea à son père, tout seul, attelé à réparer la clôture du domaine. PAPA !
Désormais avide d'information, Alix colla son nez contre le verre, écarquilla les yeux.

Une petite troupe avait mis pied à terre, tandis que le comte discutait avec le Capitaine. Elle pouvait reconnaitre sa silhouette entre mille : il était si grand, si impressionnant dans son simple manteau qu'elle eut aucune hésitation. Vivement, elle descendit l'échelle qui menait au rez-de-chaussée, faillit tomber sur le sol comme un pain plat, puis poussa la porte,, veillant à la refermer derrière elle, avant de courir, de courir se jeter dans les bras de son ancien protecteur.

- "CAPITAINE !"

Qu'elle était heureuse de le voir !
Elle planta un gros baiser sur sa joue, sourit largement à son père, à tous les hommes qui croisèrent son regard.

- "Capitaine, quelle joie ! que fais-tu ici ? Tu viens me dire bonjour ? Tu as un contrat ?"

Puis elle salua Finn de la main, avec enthousiasme.

- "Bienvenue au domaine de Pessan ! Vous êtes les bienvenus ! Papa, papa ! Ils vont rester un moment chez nous ?"
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Le CapitaineMercenaire
Le Capitaine



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MessageSujet: Re: [Terminé] Sous le vent d'Acier (compagnie des lames) [DOMAINE DE PESSAN]   [Terminé] Sous le vent d'Acier (compagnie des lames)  [DOMAINE DE PESSAN] EmptyJeu 3 Oct 2019 - 21:14
Le Capitaine, bras croisés derrière son dos, dessinant la silhouette de l'énorme espadon dans son dos, écoutait avec attention. C'est à dire qu'il fixait le comte comme s'il était sur le point de lui arracher la tête. Alors qu'Aymeric multipliait la longueur de son discours, le patient si ce n'est placide chef Mercenaire hochait la tête, avant de murmurer après chaque règle édictée.

- Et si je pousse le raisonnement jusqu'au bout, vous vous demandez si j'aurais une chambre ou deux de libre dans la petite bicoque que j'occupe actuellement... Je peux vous confier les deux derniers étages, j'pense que chacun aura sa chambre, ainsi. Mais il y aura quelques règles à suivre, aussi parce que je ne suis pas ici chez moi. Ce lieu et les terres attenantes appartiennent au Comte de Pessan. Je n'en suis que l'intendant.

- Oui.

- Ainsi donc, leurs politiques sont toujours dictées par la peur. On réduit la milice dans la partie où on peut assurer la nourriture pour la ville pour augmenter des patrouilles dans une ville où ils vont crever de faim... Et ils chassent les victimes de morsures sur base de quoi ? Je sais pas si vous y étiez, vous ou vos hommes, mais beaucoup sont tombés parce qu'ils n'ont pas réfléchi. Cet assaut à cheval dans des ruelles était une hérésie. Ils ont trié avec une lenteur aussi. Ils ont même égorgé des gens avec de légères blessures, par peur d'une contagion.

**** Pendant ce temps, à Marbrume ****

- AAAAAAATCHA !

Le preux chevalier Scarocci Corbera éternua, alors qu'une servante s'approchait d'un air inquiet.

- Ser Corbera, vous allez bien ? L'hiver est pourtant loin ! Ne vous enrhumez pas !

Elle eut un mouvement de recul, alors que le poing armuré du chevalier s’enfonçait d'un bon demi-centimètre dans une innocente table en bois.

- Ca va... mais je ne sais pas pourquoi, je suis furieux !

****

Plus loin, les instructions continuaient.

- ... Cela ne signifie pas que vous pouvez faire n'importe quoi !

- Oui.

-... ce personnel est féminin, mais ce n'est pas du personnel de maison close. On n'y touche pas, ni avec les yeux, ni avec les mains...


- Oui.

Un bref murmure derrière le Capitaine indiqua clairement que certains de ses hommes étaient un peu déçus.

- Nul n'est autorisé à se déplacer de nuit. Quiconque serait surpris de nuit sera abattu de vue, et ils ne plaisantent pas sur le sujet.


- Oui.

- Si vous respectez les lieux, il n'y aura aucun problème. Vous pourrez vous servir de nos écuries, je pourrai vous montrer où se trouvent les artisans comme le forgeron, qui sait vous aider à trouver des contrats. J'en dois une au Capitaine et je ne suis pas un homme ingrat.


Il s'inclina en avant.

- Merci.

Le compte s'excusa ensuite, craignant d'être trop strict. Quelques souffles et ricanements venant des mercenaires servirent de réponse, avant qu'un claquement des doigts du Capitaine ne fasse taire tout le monde.

- Non. Ils sont bien dressés et obéiront.

Il savait que Finn garderait l'oeil, si nécessaire....

- Déchargez ! rugit le Capitaine, ses hommes se levant immédiatement, commencant à décharger. Et puis...

- "CAPITAINE !"


Une jeune fille sortit en trombe de la maison, avant de courir vers le géant, qui la saisit dans ses bras, la soulevant sans aucune difficulté. Elle embrassa sa joue barbue et sale, avant qu'il ne le lui rende en embrassant doucement son front, presque avec timidité. Il la déposa lentement au sol alors qu'elle saluait tout le monde.

Elle lui avait manqué, plus qu'il ne l'aurait avoué.Une partie de sa volonté de venir ici avait été pour voir la jeune Alix. La voir heureuse après les horreurs de la ville lui mit un peu de baume au cœur.

Tant qu'il restait des jeunes enfants comme elle, l'humanité avait un espoir.

- Nous restons le temps de remettre les choses à plat. Quelques semaines, peut-être mois. dit-il avec une voix plus chaleureuse que d'habitude. Et, comme à l'accoutumée dès qu'il s'agissait d'Alix, Le Capitaine se révélait bien plus loquace. Il reporta son attention sur le comte.

- Merci encore. Nous ne gênerons pas. Il désigna ses hommes derrière lui.

- J'ai d'anciens menuisiers, forgerons, pêchers, fermiers dans mes rangs. Ils vous seront utiles. Et...

Il écarta légèrement son manteau, révélant le pommeau d'une lame bien engoncée dans un fourreau. Il tapota le pommeau d'un air entendu.

- Je suis votre homme. Il ressera sa main, avant de s'éloigner vers un de leurs chariots, duquel il en sortit une lance, pas plus grande qu'un javelot.

- Alix !

Il lui tendit l'arme, avec un fin sourire faisant bouger les rides de son visage. Il n'avait pas besoin d'en dire plus.
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Bérénice MonetPaysanne
Bérénice Monet



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MessageSujet: Re: [Terminé] Sous le vent d'Acier (compagnie des lames) [DOMAINE DE PESSAN]   [Terminé] Sous le vent d'Acier (compagnie des lames)  [DOMAINE DE PESSAN] EmptyDim 6 Oct 2019 - 14:18
L’encolure de l’oiseau jetait sur le ciel comme une ombre noire, mouvante, et que l’éclat du jour rendait trouble à la vue. Le regard de la jeune femme persistait pourtant à suivre la trajectoire du corbeau, des pensées englouties sous des reflets métalliques. Un instant, elle resta sourde aux manifestations de l’enfant dont la main serrée à l’extrémité de la sienne, tirait pour esquisser quelques pas maladroits. Les narines frétillantes, elle huma l’air à la recherche de quelques présages dont elle ne garda qu’une impression vague.

Elle scinda finalement l’horizon, une main laissée sur la clôture qui gardait les poules. Des champs plus bas on discernait quelques points attelés à la tâche. Elle s’étonna encore de ne pas voir débarquer la jeune fille du Comte, qu’elle voyait récemment de plus en plus pour ces affaires domestiques. Le labeur cachait bien la misère de l’âme. Et si les souvenirs des nuits cauchemardesques de la Vicomtesse vivaient encore dans sa mémoire, il n’y avait guère de chose à faire sinon de laisser le temps au temps. Sur ces pensées, elle ferma un instant les yeux et laissa jouer ses doigts contre le bois de la clôture. Son esprit se projeta plus loin dans la campagne ; là où les roues d’un chariot allaient brinquebalantes contre un sentier cahoteux, en annonçant la venue de visiteurs.

Sur une lente inspiration, elle rouvrit les yeux, perturbée par le caquètement des poules, le roulement des grains contre la terre que son fils jetait par petites poignées malhabiles.

Elle se décida à aller voir. Se hâtant, elle quitta l’enclos des poules, le petit Alfred sur les talons pleurnichant déjà devant sa mère qui s’éloignait. Elle l’attrapa bien vite pour le faire taire, suivie par de petites enjambées rapides.

On eut pu la voir déglutir alors et ralentir l’allure comme son champ de vision se retrouvait pollué par ces amas de chair dont l’allure générale, terreuse, semblait témoigner d’un long chemin. Le chef de file qu’on avait taillé dans la roche s’élevait dans le paysage tel un monument, d’une solidité absolue, d’une taille rebutante. Ci-fait elle oublia les autres, comme obnubilée par ce tronc massif planté en plein milieu de la cour. Pour autant elle ne se démonta point, et voyant de ses yeux exorbités la petite Alix se jetait dans les bras du titan, ses jambes filèrent la distance qui les séparait. Elle s’arrêta tout juste derrière le Comte, par égard pour son rang, mais et surtout, parce que sa silhouette qu’elle trouvait jusque-là intimidante lui semblait tantôt à cet instant bien précis d’une certaine rassurance. Bérénice était de fait d’un assez petit gabarit, et elle disparaissait volontiers derrière le buste de son seigneur. Pour autant on eut pu sentir sa vive agitation : elle jetait ses regards par une intensité vive et empressée. Aucun engouement sinon celui, tenace, d’un effroi furibond. Cela son faciès le mélangeait très bien, à travers ses prunelles d’un bleu limpide mais dur. La domestique était à l’image d’une bête que la peur rendait transie de rage.

Elle jaugea le second du Capitaine, puis le snoba tout aussi vite. La Trinité la préserve de ces aberrations. Profitant de l’intérêt que portait le Capitaine à la jeune Alix, le dit personnel de maison glissa assez vivement un chuchotement au Comte :

« Des mois ? Il a dit des mois ? » Sa prise se referma sur le petit enfant, tout juste âgé d’un peu plus d’un an. Elle râla encore à demi-mot. « Vous n’y pensez pas sérieusement ? » Purement rhétorique. Bien sûr qu’il y pensait. La saleté.

Les poils hérissés, toute frémissante et soudainement oppressée dans son corset, elle recula instinctivement, pâle comme un linge. Elle aurait cependant paru prête à tout : prête à hurler, à mordre et à s'évanouir en même temps.

Bérénice était au bord de la crise de nerfs.
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Aymeric de BeauharnaisComte
Aymeric de Beauharnais



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MessageSujet: Re: [Terminé] Sous le vent d'Acier (compagnie des lames) [DOMAINE DE PESSAN]   [Terminé] Sous le vent d'Acier (compagnie des lames)  [DOMAINE DE PESSAN] EmptyMar 8 Oct 2019 - 12:55
La priorité d'Aymeric est pour l'heure la Compagnie des Lames. S'il explique les conditions d'hébergement et rappelle les règles en vigueur au Labret, ce n'est pas pour faire du vent. Le couvre-feu, ils ne connaissaient pas, à Marbrume. Il semble qu'il soit d'application désormais. Mais pour le Labret, cela existe depuis qu'il a été repris. Et ils abattent réellement à vue, la nuit, sans se poser de questions. Il en va de la sécurité de tous. Et pour ce qui est du respect des Trois, Aymeric a pour devise "Foi, Force et Honneur" et il ne transige pas non plus. Si certains fautent "chez lui", ils en paieront le prix. Il a quitté l'Ordre et s'est fait d'un allié un ennemi pour une question d'honneur, alors imaginez ce qu'il pourrait faire au nom de la Foi. Mais le Capitaine semble l'avoir compris et il est le genre d'homme qu'on n'a pas trop envie d'aller chatouiller. Aymeric le respecte, mais ne le craint pas. Et il est convaincu que la réciproque est vraie. Alors, si le Capitaine s'engage à ce que ses recommandations soient respectées, ce n'est pas le Comte qui mettra sa parole en doute. C'est ainsi, entre gens d'armes. Et si un des mercenaires devait faillir et tenter de toucher sa domestique ou sa législatrice, difficile de savoir qui du Capitaine ou du Comte réglera le compte de l'importun. Sans doute le plus rapide des deux, ou le mieux informé.

Bon, au moins les choses sont claires et quand le Capitaine donne l'ordre de décharger, Aymeric fait le choix de repartir finaliser sa clôture. S'il offre à la compagnie les deux derniers étages de la "Ferme Pessan", ce n'est pas pour surveiller ce qu'ils y font. Bon, que la petite tornade qu'est Alix débarque, Aymeric s'y attendait. Que Bérénice fasse pareil moins. Mais s'il pouvait s'attendre à voir débarquer la tornade qui porte le doux nom d'Alix, surtout quand elle aura reconnu le Capitaine, ce qui n'est pas compliqué, même de très loin, il s'attendait moins à la présence de Bérénice. Mais pourquoi pas, après tout ? Mais priorité à sa fille.

- Bien sûr que le Capitaine et moi avons un contrat. Même deux. Le premier concerne ma fermette dans les faubourgs, celle qui produit du fromage et de la viande de chèvre pour la Milice et un peu pour madame Estelle, qui nous a hébergé avant notre retour au Labret le mois dernier, la gentille dame rousse. Et le second pour des patrouilles ici de ces gens. C'est qu'avec les pirates, les bannis et les voleurs, faut bien protéger nos gens et nos biens, non ? Il me fallait donc m'associer avec une compagnie de mercenaires et il s'avère que tu en connaissais un. Le contrat n'a posé aucun problème.

Il lui fait un grand sourire alors qu'il remarque que Bérénice semble avoir quelques difficultés à respirer. Elle doit sans aucun doute s'imaginer la masse de travail qui l'attend si, simplement, elle doit faire la lessive de tous ces gens, ou gérer toutes les chambres. Bah il sera temps de la rassurer plus tard. Ah, il va falloir la rassurer plus vite que prévu, elle semble choquée que la Compagnie puisse rester des mois, autant mettre les choses au point.

- BERENICE !

Bon, il tousse pour calmer sa voix, qui est sortie bien trop fort, laissant songer à un accès de violence. Le Comte de Beauharnais sait parler fort, mais en général, il ne hausse pas le ton.

- Bérénice, disais-je donc, et toi, Alix, écoutez-moi bien !

Voix posée, ton calme et clair, voilà qui est mieux.

- Les deux derniers étages de la Ferme sont mis à disposition de la Compagnie pour une durée indéterminée. Mis à disposition, cela signifie que ce sont eux qui gèrent ces parties. Ils se chargent de la lessive, du ménage, de l'entretien afin que le jour où ils partiront, ils me le rendent, a minima, dans l'état dans lequel ils l'ont trouvé. Cela signifie, chère Bérénice, que vous avez deux étages en moins à gérer, et pas dix personnes en plus. Ils trouveront nourriture par eux-mêmes, vous ne devenez donc pas une cantinière. Donc, oui, Alix, ils s'installent pour un moment. Et oui, Bérénice, ils s'installent pour un moment. Et cela me réjouit, pour plusieurs raisons.

Il s'assure que Bérénice ne tourne pas de l'oeil et qu'Alix ne s'emballe pas, puis poursuit.

- Les événements du Chaudron et la nouvelle... politique royale ont jeté sur les routes une nouvelle race de bannis. Les premiers bannis, vous le savez, étaient des criminels qui ont été chassés de toutes les villes. C'était une punition. Ici, les choses sont différentes. La peur habite Marbrume et il a été décidé que ceux qui avaient été mordus, risquent, selon j'ignore qui, de se transformer en fangeux, il faut les éloigner de la Capitale. Se retrouvent dans sur les routes des gens, hommes, femmes et enfants, dont le seul crime est d'avoir survécu à une morsure de fangeux. Sachez que je ne les considère actuellement ni comme des dangers, ni comme des criminels. J'ai eu sous mes ordres et j'ai croisé dans mon ancien métier de nombreux griffés et mordus qui étaient de vrais héros et je dois la vie à certains d'entre eux. Mais cette décision en fait, souvent, de nouveaux pauvres.

Le Comte grimace et explique.

- Certains avaient du travail, ou des commerces et en ont été chassés. Alors, les villages alentours les accueillent, mais a-t-on forcément besoin, par exemple, de 5 nouvelles couturières ici au Labret ? Ou de marins à Najac ? Évidemment, non. Alors, jusqu'à l'automne, on pourra certainement les aider, leur trouver un petit boulot à gauche à droite, mais quand l'hiver sera venu, la nourriture manquera, tout comme l'argent, et ils devront quand même manger. Et que fait-on quand on a faim et rien pour s'acheter de la nourriture ?

On vole, on pille, on fait ce qu'on peut pour survivre. C'est la logique même. Et visiblement, le Comte ne le leur reproche même pas.

- Sans oublier que toute la population ne sera pas favorable aux bannis mordus, parce qu'on est nombreux à avoir perdu des gens à cause de la Fange. Non, nous avons tous perdus des gens à cause de la Fange. Les mordus risquent de servir de boucs émissaires. Plusieurs deviendront des hors-la-loi, par la force des choses. Et la Milice du Labret a été réduite pour circonscrire le Chaudron. il y aura des exactions. Certains se limiteront au vol, mais d'autres, animés par la faim, la peur ou la colère, s'adonneront aux pillages et aux meurtres. J'ai déjà vu cela, par le passé, et parfois, mieux vaut mourir que de survivre à ces hordes... Alors, très sincèrement, et très sérieusement, non seulement j'espère qu'ils resteront des mois, soit au moins jusqu'au printemps, époque où à nouveau chacun pourra sans doute être nourri par ici, mais je serai inquiet à l'idée qu'ils ne soient plus là. Parce qu'entre nous, Bérénice, si vous deviez, pour nourrir Alfred, attaquer une maison, vous attaqueriez laquelle ? Une fermette isolée avec un ou deux fermiers qui ont juste une fourche pour se défendre, ou une maison qui ressemble à un château, tenue par un Comte qui a survécu au Chaudron et archer émérite, accompagné d'une dizaine de mercenaires qui ne craignent pas d'affronter du fangeux pour vivre ?

Le choix du Comte est fait, mais il se permet d'ajouter quelque chose.

- Il y a une femme parmi eux. Elle semble bien traitée. Ce sont des gens civilisés, qui savent se comporter avec les dames. Et entre nous, si j'avais l'impression qu'ils pourraient représenter le moindre danger, pensez-vous que je les laisserais vivre à moins d'une lieue de mon Alix ?

Alix a semble-t-il fini d'écouter son père, toute à la joie d'avoir retrouvé le Capitaine. Aymeric pourrait en ressentir de la jalousie, mais non. Cela le rassure plutôt. S'il venait à disparaître, il y a des gens qui seraient ravis de protéger la chair de sa chair et c'est plutôt rassurant. Il sourit à Bérénice.

- J'ai recruté du personnel exclusivement féminin, à l'exception de Guillaume. Nos invités seront exclusivement masculins, mais ils n'auront aucun ordre à vous donner. Vous êtes liées au Comte, et ils le savent. A ce titre, vous êtes une personnalité, Bérénice. Il est temps que vous le compreniez !

Un regard vers le Capitaine et Alix. Le mercenaire n'a pas demandé l'accord du Comte pour entraîner sa fille. Aymeric pourrait en prendre ombrage. Mais Alix lui a déjà parlé de ces entraînements et le Comte n'y est pas hostile.

- Vicomtesse...

Ah, il tient quand même à marquer son territoire ? La suite n'est pas si sûre...

- Vous pouvez vous entraîner à loisir avec votre maître d'armes, s'il faut nous donner des titres, tant que tu le fais sérieusement. Capitaine, nous pourrons toujours nous entretenir plus tard, pour les contrats à venir et d'autres menus détails.

Il a besoin d'un garde-du-corps pour Alix. A choisir, il préférerait une femme. Si le Capitaine lui dit qu'il confierait Alix à la mercenaire qu'il a sous ses ordres, Aymeric pourrait lui proposer un contrat, voilà le "menu" détail auquel il songe.

- Bérénice, la Vicomtesse et moi-même serons encore occupés quelque temps. Que diriez-vous de rejoindre mon bureau pour y prier. Cela m'aide souvent quand je ressens une peur ou une contrariété. Nous pourrons toujours discuter par la suite, si je puis faire quelque chose pour vous rassurer.

Il lui fait un sourire, convaincu qu'elle gardera Alfred près d'elle. C'est que lors d'un déménagement, mieux vaut ne pas courir dans les pieds des porteurs. Et sans rien demander de plus, Aymeric retourne travailler sur sa clôture. Il ne faut pas y voir du désintérêt ou de l'impolitesse, mais une vache pleine doit arriver aujourd'hui ou demain, suivant l'avancement de cet enclos, et si le Comte est ravi de pouvoir jouer à l'hôte, il ne faut pas perdre de vue les choses importantes.
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Finn GallagherMercenaire
Finn Gallagher



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MessageSujet: Re: [Terminé] Sous le vent d'Acier (compagnie des lames) [DOMAINE DE PESSAN]   [Terminé] Sous le vent d'Acier (compagnie des lames)  [DOMAINE DE PESSAN] EmptyDim 20 Oct 2019 - 16:06
Si plusieurs mercenaires semblèrent avoir envie de soupirer à l'énonciation des règles établies par le Comte qui leur offrait le gîte, ce ne fut pas le cas du Capitaine ni non plus de son Second, lequel à l'image de son mentor demeura droit et immobile, acquiesçant en silence à chacune des paroles prononcées avec un sérieux trahissant la concentration dont il fit preuve pour pouvoir se souvenir de tout ce qui était ainsi l'équivalent de la loi sur ces terres. Nul parmi eux n'entacherait le nom de la Compagnie par un acte déplacé quel qu'il soit, en cela le Capitaine savait que Finn y veillerait personnellement, d'autant plus qu'ils étaient fort semblables dans leur façon de percevoir les choses. A la fin de la longue tirade, ce fut l'arrivée d'une Alix toute enjouée qui permis de détendre un peu l'atmosphère. Le jeune homme eut un sourire à son intention quand elle le salua, lui rendant un petit signe de la main avant de jeter un regard chargé d'avertissement en arrière à l'intention des recrues les plus récentes. Au moindre faux pas, il ne se gênerait pas pour le leur faire payer. Reportant son attention sur le Comte, il aperçu une silhouette de jeune femme venir vers eux, laquelle alla presque se cacher derrière le Maître des lieux, faisant part de son inquiétude quant à leur présence pour quelques mois. Les éclaircissements furent donnés, le Comte de Beauharnais réaffirma sa confiance en la Compagnie et le Second l'apprécia davantage encore. Hochant la tête, il s'avança vers le Noble avec un sourire chaleureux et sincère.

- Je vous remercie également pour votre hospitalité. Si vous avez besoin de nos talents d'artisan pour certains travaux, n'hésitez pas à me solliciter, je vous enverrais les plus fiables et les plus compétents.

Portant ses yeux verts en direction de la domestique du Comte, il inclina poliment la tête à son intention sans bouger de sa place, ne voulant pas l'inquiéter outre mesure.

- Nous ferons en sorte de ne pas vous gêner dans votre travail ma Dame, et si jamais l'un de mes hommes vous cause difficulté ou refuse de vous écouter, vous n'aurez qu'à m'en avertir et je m'en occuperais personnellement. Sur ce je vous laisse.

Il les salua d'un signe de tête et d'un sourire avant de s'en retourner en direction des chariots, aidant à décharger comme les autres avec une certaine bonne humeur malgré la fatigue de la route, lorgnant du coin de l’œil la lance que le Capitaine offrit à sa protégée.

- Par Rikni, Alix, tu ressembles à une noble dame guerrière ainsi armée.

Un petit clin d’œil à l'intention de l'enfant, puis un sourire discret à l'intention de Aeryn qui aidait à décharger de son côté, puis il souleva l'une des malles pour se diriger avec les autres vers le bâtiment où on leur avait attribué deux étages entiers. Il allait y avoir beaucoup de choses à faire, mais il ne doutait pas qu'une fois qu'ils auraient trouvé leurs marques, ils pourraient prospérer dans cette partie des terres et ainsi renforcer leur réputation et, par extension, trouver un endroit plus grand où s'installer le moment venu, même s'il faudra sans doute attendre que l'hiver soit passé.
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Le CapitaineMercenaire
Le Capitaine



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MessageSujet: Re: [Terminé] Sous le vent d'Acier (compagnie des lames) [DOMAINE DE PESSAN]   [Terminé] Sous le vent d'Acier (compagnie des lames)  [DOMAINE DE PESSAN] EmptyJeu 24 Oct 2019 - 23:57
Le Capitaine fixait la nouvelle venue, cette Bérénice, à qui le comte faisait deux leçons, une d'histoire et une de bienséance. Le mercenaire l'écoutait des deux oreilles, mais son attention était fixé sur la jeune femme, qui le regardait avec un mélange de trouille et de haine palpable.

L'instinct de tuer du Capitaine émergea soudainement devant cette petiote terrorisée. Il la fixait comme un aigle regarde un lapin. Il sentait sa peur, sa haine, et il s'en délectait autant qu'il s'en vexait. Une ennemie ? Son œil unique parcourait le corps de la servante, visualisant comment ce dernier réagirait s'il la frappait, l'étranglait, la tordait, la massacrait alors qu'elle tente de se défendre. Pouvait-elle voir l'avertissement muet lancé par le Vieux Borgne ?

Il la jaugea ainsi quelques instants, avant d'arriver à une conclusion évidente : elle n'était d'absolument aucun danger pour lui. Tel le lion se désintéressant du chat, il la chassa alors de son esprit, la classant dans le registre des proies inoffensives.

Son regard s'apaisa, sans être pour autant aimable. Bien loin de l’œillade couvant Alix d'un air complaisant.

Il rajouta, d'un ton dont la sincérité provoquait volontairement la belle jeunette.

- Nous ne vous ferons aucun mal. Nous ne somme pas là pour ça. Il reporta son attention sur le Comte.

- Nous nous installons. Il fit une révérence vers Alix, le long manche de son interminable épée passant légèrement par dessus son épaule. Au revoir, Vicomtesse. Puis vers la servante éplorée. Au revoir.

Il alla alors vers ses hommes, faisant signe de se mettre en marche et de le suivre. Il se saisit d'une énorme caisse, la portant par dessus l'épaule et, suivit de Finn et des autres, ils s'installèrent alors, guidés par deux servantes leur montrant leurs quartiers.

Les hommes étaient fatigués, mais guillerets. Des chambres individuelles ? Pour certains, c'était un luxe. Après l'attribution des chambres, qui fut laissée à Finn, tout le monde débarqua son barda. En à peine une heure de déménagement agités -qui aurait cru qu'une dizaine d'hommes pouvait faire autant de bruit-, les chariots furent vidés. Une salle vide fut rapidement aménagée en armurerie, l'autre en aire d'entraînement, la troisième en une salle de guerre, constituée d'une table et d'une demi-douzaine de tabourets disposés en cercle.

La Compagnie était du genre à accomplir son travail jusqu'au bout jusqu'au perfectionnisme. Mais l'état physique et mental des mercenaires, fatigués d'un tel voyage et ravis d'avoir leurs propres lits, eu raison de leurs standards d’exigence. Le Capitaine non plus ne fût pas épargné.

Et ainsi, peu après avoir débarqué, les mercenaires dont on craignait l'agitation résultant de leur présence...

S'endormirent tous comme des loirs. Seul le second, pris d'une énergie incompréhensible aux yeux du Capitaine, résista à l'appel du sommeil.

Quand au Vieux Borgne, parti faire un tour pour repérer les lieux, on le retrouva assis près de la clôture de l'enclos du poulailler. Endormi, avec deux poules blotties contre lui.

Étrangement apaisées.

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