[Terminé](Re) trouvailles en campagne {Pv Rowan & Aeryn}

La rouquine avait de bien nobles paroles. Mais elle parlait de chose dont elle ne connaissait rien. Elle n’avait pas la moindre idée de qui se trouvait désormais face à elle. Même à l’époque et encore plus aujourd’hui, elle ne savait rien de lui tout comme il ne savait rien d’elle. Il ne s’était d’ailleurs pas attendu qu’elle le retienne plus encore. Jeune et naïve, la cadette semblait essayer de se raccrocher à ses souvenirs et à trouvé des réponses là où il ne s’en trouvait aucune.

« Et que feras-tu ensuite, mh ? Me tuer ? Me sauver ? »

Dos à elle, son ton était encore plus glacial qu’auparavant. Toutefois, cela n’empêchait pas Rowan de rire intérieurement. Ironiquement, à l’époque, son crime était bien moindre, mais depuis, il était certainement devenu l’un des pires dans son genre. Il en avait conscience, mais ne s’en préoccupait plus depuis longtemps. Il avait un but, un objectif à accomplir et c’était désormais tout ce qui importait. Mais est-ce que cela pardonnait ne serait-ce qu’un seul de ses crimes ?

« Tu ne sais rien. »

D’un coup, un seul, l’homme pointa sa lame à l’encontre de la jeune femme. Le regard froid et éteint, il n’avait pas l’attention de la laisser se rapprocher. Elle aurait été une autre, il aurait sans aucun doute saisi l’occasion. Une mercenaire à manipuler et utiliser était après tout à fait à son avantage. Mais pas elle. Jamais elle. Elle était le protégée de son plus vieil ami. Elle était son plus jeune frère d’armes de l’époque. Elle était ce qu’il avait de plus proche d’un, d’une jeune cadette. Elle était de la famille.

« Mes mains étaient déjà couvertes de sang à l’époque et le sont plus encore aujourd’hui. Bien plus que tu ne peux l’imaginer. Vous n’étiez qu’une façade, une excuse, un divertissement. Aujourd’hui, vous n’êtes rien. Ta vie, tu la dois à tes frères bien trop nombreux pour que je ne puisse vous affronter ensemble. »

Dur, cruel, peu importe ce qu’on pouvait penser à l’instant, Rowan était déterminé à la repousser. Pourquoi ? Parce qu’elle et ses frères étaient trop proches. Et que sa seule présence à leur côté les mettait tous en grave danger. Ennemis aujourd’hui et demain, ils ne devraient pas hésiter à le tuer si par mésaventure ils venaient à devoir se confronter.

« N’essaie pas de me suivre, ce ne serait qu'une perte de temps. Je connais ces bois et il est facile de s’y perdre ou s’embourber dans les marais. »

S’était-il montré assez clair ? Dissuasif ? Dans tous les cas, sa lame ne faiblissait pas. Se reculant lentement, il resta attentif aux moindres de ses mouvements, en attente de ses réactions. Allait-elle faire demi-tour ? Ou serait-elle plus têtue encore ?

« Et que feras-tu ensuite, mh ? Me tuer ? Me sauver ? »

L’intonation de la voix du jeune homme n’avait plus rien évoquant un quelconque amusement. Néanmoins, ce n’était pas ce qui allait effrayer la mercenaire dans son dos qui continuait de l’observer sans montrer la moindre émotion.

« Ni l’un, ni l’autre. Je ne suis pas une meurtrière, je ne tue pas sans une bonne raison… Et, je n’ai pas franchement l’âme d’une sauveuse, je ne suis même pas prête à essayer de le faire. Nous sommes tous responsables de nos choix et j’ai déjà bien assez de mes propres responsabilités. »

Elle ne mentait pas, pas une seule fois. Aeryn ne cherchait pas non plus à l’amadouer et se contenter de dire ce qu’elle pensait, tout simplement. Ce qu’il faisait de sa vie, ne regardait que lui et la mercenaire n’était pas le genre de femme à porter un jugement facile alors que l’humain est la créature la plus complexe créée par les Trois.

« Tu ne sais rien. »

Un grognement et la lame du banni se pointa en sa direction sans que la mercenaire n’esquisse le moindre mouvement de recul. Elle n’avait pas peur de mourir, on l’avait élevé justement pour cela. Aeryn n’avait ni rêve, ni objectif autre que celui de continuer à avancer tout en attendant le moment où les Trois la rappellerait. Sa vie se voyait dépourvue de toute valeur, même ses frères ne la pleureraient pas, puisqu’ils avaient bénéficié de la même éducation qu’elle.

« Non, en effet, je ne sais rien et je ne prétendrais pas non plus te connaitre. De nous tous, c’était bien moi la plus distante, nous ne savons rien l’un de l’autre. Mais nous nous sommes battus, côte à côte, et tu m’as sauvé la vie. J’ai donc une dette envers toi, une dette d’honneur. »

Il pouvait très bien ne pas comprendre ce que cela représentait pour elle, ce n’était pas son problème. Il était l’ami de ses frères, mais elle n’était pas certaine qu’il soit le sien pour autant. De mémoire, Aeryn n’en avait aucun. Des compagnons d’armes, peut-être, mais rien de plus. Alors au fond, pourquoi lui posait-elle toutes ces questions ? Pourquoi le retenir alors qu’il était prêt à fuir, la queue entre les jambes pour reprendre sa vie là où il l’avait laissé.

« Mes mains étaient déjà couvertes de sang à l’époque et le sont plus encore aujourd’hui. Bien plus que tu ne peux l’imaginer. Vous n’étiez qu’une façade, une excuse, un divertissement. Aujourd’hui, vous n’êtes rien. Ta vie, tu la dois à tes frères bien trop nombreux pour que je ne puisse vous affronter ensemble. »
« Pourquoi donc ? », demanda t’elle en avançant droit sur la pointe de la lame jusqu’à ce que celle-ci ne touche sa gorge. « Vas-y, ne te prives pas du plaisir de m’ôter la vie, je t’en prie. Je n’en ai que faire après tout et mes frères dorment, tu auras largement le temps de fuir ensuite. »

C’est un rictus carnassier qui étira les lèvres de la rouquine, alors qu’elle n’avait aucune garantie que Rowan n’irait pas jusqu’au bout. Quand bien même, elle ne s’en inquiétait pas outre mesure.

« Nous ne sommes rien, après tout. »

Lui restait alors deux possibilités. Soit, Rowan disait vrai et se trouvait être un bon manipulateur sans être exceptionnel pour autant. Soit, il bluffait et cherchait simplement à la repousser d’une manière des plus violente.

« C’est notre lot à tous, n’est-ce pas ? Nous servir des uns et des autres simplement pour survivre. Crois-tu que nous ne nous sommes pas servis de toi, Rowan ? Tu dois la vie sauve au fait que tu étais leur ami. Pourquoi nous serions-nous encombrés d’un poids supplémentaire alors que la fange était aussi proche ? D’autres sont morts, hier soir… »

Est-ce que ceci faisait d’eux des êtres abominables ? Peut-être, peut-être pas, ce n’était pas à eux d’en juger, mais à la Trinité.

« N’essaie pas de me suivre, ce ne serait qu'une perte de temps. Je connais ces bois et il est facile de s’y perdre ou s’embourber dans les marais. »
« Je ne ferais plus le moindre pas en ta direction, » déclara-t-elle en levant les deux mains en l’air, signe de reddition. « Que les Trois veillent sur toi, mon… Rien du tout, puisque c’est ce que tu as décidé d’être. »

Toujours les mains pointées vers le ciel, Aeryn fit quelques pas en arrière afin de ponctuer ses dernières paroles. A lui de partir, à présent, la mercenaire ne le retiendrait pas plus longtemps, pas après avoir obtenus toutes ces réponses.

« Adieu. »

La peur ne se lisait pas dans son regard, ni même la moindre émotion. Il était clair que la rouquine ne se sentait pas menacée. Malheureusement pour lui, elle avait tout à fait raison. Sans qu’il ne puisse rien n’y faire, sa lame s’était instinctivement décalée pour ne pas blesser sa peau lorsqu’elle s’était ainsi avancée. Les yeux dans les yeux, Rowan se montrait pour une fois plus tendre qu’à son habitude. Elle ne le croyait pas, du moins pas complètement. Qu’importe, la réalité était bel et bien cruelle. Ils étaient ennemis et il n’y avait pas de retour en arrière possible.

Rangeant sa lame dans son fourreau, Rowan ne pouvait qu’abdiquer face à sa ténacité. En partie du moins. Il ne lui ferait rien, elle l’avait compris alors son épée ne servait plus à rien. Sourire aux lèvres, il acquiesça simplement à ses paroles.

« Qu’ils veillent plutôt sur toi et tes frères. »

Un souffle et puis plus rien. Le renard se détourna de ses anciens amis dans un dernier signe de main avant de disparaître à travers la végétation. Leur chemin s’était croisé à nombre repris, mais aujourd’hui, il était l’heure de reprendre s’éloigner définitivement. C’est du moins ce qu’il espérait sans réellement le penser.