Marbrume


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 [Quête] À Eaux-Risques !

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MessageSujet: [Quête] À Eaux-Risques !    [Quête] À Eaux-Risques !  EmptySam 14 Sep 2019 - 12:42
~ À Eaux-Risques ! ~
Magda ♦ Roland de Rivefière ♦ Meser Glasobrin ♦ Flore Maisonfort


Première semaine de Juin 1166, Port de Marbrume

♣ ♣ ♣

Les deux marins n’étaient pas près de céder à mesure que chacun tentait d’imposer tout le poids de son bras pour abattre la main de son opposant, le tout sous le regard et les encouragements de leurs camarades euphoriques. Les paris allaient bon train pour savoir quel champion remporterait le bras de fer, certains pseudos-experts partageant leurs analyses à d’autres clients curieux tout en descendant de joyeuses pintes de bière fraîche, le tout sous le regard pétillant de l’aubergiste, un homme de courte taille aux vêtements si exorbités qu’ils lui donnaient des airs de gnome sorti d’une fable pour enfants.

L’ambiance était pour le moins festive au sein de La Belle Palourde, les marins exténués et les ouvriers luisants de sueur se mêlant joyeusement pour dépenser leurs écus durement gagnés. Pouvait-on leur en vouloir ? Ces individus avaient vécu, pour la plupart, l’horreur de la Fange à l’intérieur des remparts de la cité, échappant de peu à l’épouvantable boucherie qui marqua à jamais le triste recoin qu’on surnommait désormais le Chaudron, un nom bien trop équivoque de l’infernale folie qui régnait en ces lieux profanés par le Noir Ennemi. Tous avaient vu l’horreur, la terreur, les morts et les non-morts. Un souvenir devenu une plaie ouverte dans l’esprit des survivants. Or quoi de mieux pour inhiber la douleur de pareille cicatrice que de mordre la vie à pleines dents et porter son regard vers le futur plutôt que de ressasser le triste et morne passé ? Lâcheté ou courage, qu’importe, ces pauvres âmes étouffaient leurs malheurs et leurs angoisses dans l’alcool et les jeux, dans le confort de l’auberge, à l’abris de l’appétit vorace de la détestable armée campée aux pieds des murailles.

Mais les ennuis n’étaient jamais bien loin, que ce soit pour le pauvre mendiant aux haillons poisseux que le noble aux parures de paon. La Fange, après tout, n’était pas le seul adversaire qui se dressait sur le chemin de la survie de l’Humanité …

La porte de l’auberge s’ouvrit brusquement pour livrer passage à une jeune femme en sueur, le regard paniqué, les cheveux en désordre camouflant une partie de son visage rouge d’effort, la boue léchant le bas de sa robe et ses petites bottes de feutre. Son accoutrement laissait deviner qu’elle était une servante, probablement une femme de ménage dans la demeure d’un noble ou un bourgeois. L’aubergiste confirma cette hypothèse lorsqu’il se dressa sur son tabouret, son front plissé d’inquiétude lui donnant des airs de figue séchée.

« Beth ? Par les Trois, on dirait que tu as vus un fangeux ! »


La dénommée Beth, le souffle court, secouait une main devant son visage comme pour soulager sa respiration sifflante, attirant l’attention de tous les clients qui abandonnèrent l’espace d’un instant leurs festivités. Quand elle parvint à regagner un semblant de calme, elle annonça aussitôt sur un ton paniqué :

« C’est monsieur Antoine, mon employeur ! Un groupe de pirates ont grimpé sur son navire alors qu’il faisait l’inventaire de sa marchandise sur le quai et l’ont pris en otage ! C’est en rentrant chez moi par le port que j’ai vu ces malabars encapuchonnés prendre d’assaut le bateau ! »

Le brouhaha fut immédiat. Chacun commençait à parler, échanger son opinion, ses inquiétudes, ses hypothèses. L’un affirmait que les pirates se faisaient de plus en plus audacieux ces derniers temps malgré leur grande discrétion, d’autres pensaient qu’il s’agissait de simples brigands venus piquer les richesses du marchand, mais tous ne donnaient pas cher de la peau d’Antoine si les truands agissaient sous le couvert de la nuit. Des assassins serait une possibilité toute aussi plausible qu’effrayante.

La Milice devait être prévenue et plusieurs hommes accompagnèrent la servante pour chercher le plus proche groupe de miliciens et ce malgré le couvre-feu. L’urgence de la situation était palpable car nul ne savait ce qui arriverait à l’otage, surtout pas en ces temps difficiles où votre voisin vous égorgerait dans votre sommeil pour une miche de pain et quelques écus. Le reste préféra rester à l’abris dans l’auberge, la peur de risquer leurs vies pour un étranger et abandonner leurs familles à un triste sort n’aidant pas à l’épanouissement d’un élan altruiste. L’aubergiste avait beau assurer qu’Antoine récompenserait grassement ceux qui viendraient le sauver, personne ne voulait tenter sa chance face à un ennemi inconnu, surtout avec si peu d’informations sur leurs intentions et leurs capacités. Après tout on avait bien découvert que des nobles tout à fait mondains et paisibles étaient les instigateurs de la catastrophe qui avait décimé une partie du Goulot. Qui sait si ces soi-disant pirates n’étaient pas des cultistes anthropophages et que le marchand était déjà haché-menu pour leurs sombres rituels démoniaques ?

L’incertitude et la crainte clouaient la majorité sur leurs bancs, l’ambiance devint lourde et angoissante. Pourtant, certains semblaient prêts à tenter le diable et aller au secours du malheureux. Bonté d’âme ou promesse d’une belle récompense ? Ces drôles d’oiseaux allaient vivre une bien étrange aventure.

♠ ♠ ♠

Spoiler:
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Flore MaisonfortHerboriste
Flore Maisonfort



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MessageSujet: Re: [Quête] À Eaux-Risques !    [Quête] À Eaux-Risques !  EmptyLun 16 Sep 2019 - 14:41
Je regarde d'un œil presque inquiet ces hommes, là-bas, qui s'amusent à mesurer leur force. C'est terriblement impressionnant. Cependant, ne vous méprenez pas, ce n'est pas tant leurs biceps huileux de sueur roulant sous les efforts qui retiennent mon attention, c'est avant tout leur attitude totalement martiale et pourtant tout à fait bon enfant. Ça, ça m'impressionne. Cette ambiance vivante, à dix mille lieues de ce que j'imaginais avant de passer le pas de la porte et de m'installer dans le coin le moins fréquenté de la salle. Ce bruit presque apaisant d'une petite foule d'habitués qui se tapent dans le dos en se racontant des blagues ou ce que je devine être des propos grivois à voir les larges sourires se fendant sous des œillades complices. Ces odeurs entêtantes qui marient à merveille l'âcre senteur de la sueur rance à celle de la nourriture servie. J'en profite d'ailleurs pour regarder mon écuelle contenant un brouet de poissons à l'apparence absolument exotique à mes yeux tout en la torturant nonchalamment avec une vieille cuillère en bois. C'est le plat le moins cher, c'est le seul que je pouvais m'offrir. Et vous savez quoi ? Je n'aime même pas ça, je venais de le découvrir. Car oui, je n'en avais jamais mangé. Tout comme je n'avais jamais mis les pieds au port, et encore moins dans une taverne. Mon regard oscille d'ailleurs entre les quelques morceaux de chair blanche qui se font la guerre dans un bouillon insipide et les personnes présentes qui semblent ne prêter, fort heureusement d'ailleurs, aucune attention au discret petit bout de femme que je suis.

Je suis assise dans un coin sans fenêtre, enveloppée dans la vieille cape de Mère, la capuche presque rabattue sur mes yeux. Je ne veux pas que quelqu'un puisse me reconnaître, tout simplement. Venir ici a été suffisamment compliqué sans en rajouter en me dévoilant. Et si un de mes voisins se trouvait en ces lieux, hein ? Je n'ai pas envie de subir un interrogatoire que je sais par avance totalement déplaisant, pas plus que je n'ai envie de me lancer, une fois de plus, dans des explications qui ressembleront, comme toujours, à des justifications sans fin. Non. Si je suis ici, c'est avant tout pour honorer une promesse que j'ai faite à Jehan. Celle de vivre. Le cavalier et capitaine de la comtesse de Valis n'a plus donné le moindre signe qui aurait pu me permettre de penser qu'il est encore dans la cité ou même en vie d'ailleurs. Et je n'ai désormais plus aucun espoir de le revoir. Il ne me reste que les promesses que j'ai faites à un fantôme. Et c'est très précisément ce qui m'a amené à me rendre à la Belle Palourde. Me faufiler comme une ombre jusqu'au port pour voir la mer, les bateaux, respirer l'aventure en écho à mes espoirs secrets distillés par les histoires que Mère me racontait. J'ai du passer des heures devant mon feu, à peser le pour et le contre, à tenter de me convaincre tout comme de me dissuader de m'y rendre. Le pour l'a finalement emporté. Et je n'ai pas été déçue.

Voir cette mer qui a toujours éveillé un intérêt notable chez moi sans jamais pouvoir l'approcher avait provoqué un immense sentiment de joie et de peur à la fois. Ces odeurs, ce vent fort qui pique les yeux, ce gout de sel sur mes lèvres ! Et ces bateaux, cette agitation fiévreuse, comme si tout se jouait en l’instant ! Jamais je n’ai vu un telle fièvre dans un endroit relativement restreint. Il faut dire que dans les faubourgs, on a plutôt tendance à faire profil bas. Tellement bas d’ailleurs qu’on ne voit plus que le sol et qu’on ne s’attarde plus sur ce qui nous entoure. Ce temps-là, en ce qui me concerne, est presque révolu. J’ai décidé de partir et de rejoindre une dame qui a bien voulu me donner une chance, dans le Labret. C’est un peu aussi pour cela, à cause de cela, que je suis ici. J’ignore quand je pourrai revenir. Sûrement pas avant un moment. Tous les déplacements sont synonymes de danger, plus que jamais, et je devais rejoindre le prochain convoi, avec mes trois poules et de grands sacs remplis de plantes en tous genres, de racines, de boutures et autres choses qui me permettront de planter utilement en faveur de celle qui a bien voulu me tendre la main. Kristina a bien voulu de moi, elle n’aura pas besoin de se faire prier pour que je lui rende sa bonté au centuple.

Donc, je suis là, dans une taverne pleine de monde, à manger un plat totalement insipide, tachant de ne pas paniquer au moindre éclat de voix, au moindre son un peu plus fort que les autres. En dehors de cette cape qui m’entoure comme une barrière illusoirement protectrice, je ne porte qu’une vieille robe raccommodée ici et là, les bottes qu’Irène avait bien voulu m’offrir et une ceinture à laquelle pend ma petite dague. J’ai beau être une herboriste, je sais très bien que se déplacer sans un minimum de métal affûté sur soi relève du suicide…Tout comme manger cette bouillasse immonde que je repousse d’un geste lent de la main, le nez retroussé. Non, décidément, c’est au-dessus de mes forces, même si j’ai faim. C’est tout simplement dégoûtant. J’apaise alors mon estomac qui se rebiffe d’avoir eu à supporter un tel repas par quelques gorgées d’eau douteuse. Nul doute que je ne remettrai jamais les pieds en cet endroit, même si je devais mourir de faim.

Un bruit plus violent que les autres me fit tressauter sur le petit banc que j’occupe alors qu’une femme venait de faire irruption dans la salle pleine de monde. Tout le monde tendait le cou pour mieux voir ou mieux entendre ce que cette personne à court de souffle semblait sur le point de dire. Je ne pus, évidemment, que faire de même, intriguée par cet incident qui me sortit quelque peu de ma contemplation de ce brouet infâme. Et quand je l’entendis expliquer, la poitrine soulevée par l’effort, mon cœur eut un raté. Des pirates. Des pirates…

- Mes Dieux…Comme dans l’histoire de Mère…

Vous ai-je déjà parlé de ma curiosité ? Je suis lâche, certes, je n’ai pas manqué de le souligner à maintes reprises à chaque fois qu’un de mes patients m’exhortait à plus de volonté, mais je suis avant tout curieuse. Et c’est cette curiosité qui me pousse, une fois de plus, à sortir de ma sombre cachette pour approcher cette femme qui parle de son employeur, un dénommé Antoine, pris en otage par des pirates. Dans les histoires de Mère, ces hommes sont des personnes de légende, des personnes dont on ne parle qu’au coin du feu, bien à l’abri derrière des murs épais. J’avais fait part à Jehan de mon intérêt pour eux. Ils sont synonymes d’aventure, de pays lointain, de choses extraordinaires qui ont toujours éveillé en moi cette petite flamme qui brûle à l’instant même dans mon estomac. A moins que ce ne soit le brouet…Toujours est-il que je suis à présent près de l’aubergiste, à me triturer les mains, les yeux luisant d’excitation, désireuse d’en savoir plus mais empêtrée dans une gaucherie et une timidité qui me pétrifient, une fois de plus. L’argent, les récompenses, la gloire, tout cela, je n’en ai cure. Les histoires, par contre ! Les détails…Je regardai tout le monde, tous les présents, ils semblaient tous absorbés par les choses à faire, à ne pas faire, leurs consciences…Je profitai juste d’un instant, au plus fort du bruit, pour approcher timidement la servante et lui prendre la main, en douceur, pour murmurer :

- Comment sont-ils ? Est-ce vrai qu’ils portent des armes sur tout leur corps et qu’ils ont du feu dans les yeux ?

Je pris place à ses côtés, sans même m’interroger sur la bizarrerie de toutes ces questions qui ne pouvaient qu’être étranges pour une personne qui venait d’assister à une prise d’otage.

- Sont-ils nombreux ? Pourquoi votre employeur plutôt qu'un autre?

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Roland de RivefièreComte
Roland de Rivefière



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MessageSujet: Re: [Quête] À Eaux-Risques !    [Quête] À Eaux-Risques !  EmptyLun 16 Sep 2019 - 21:35
La Belle Palourde, petite taverne du port, Roland ne se rendait presque jamais au port, mais depuis son rétablissement, il était en quête de nouveaux lieux où l’alcool coulait à flot, de compagnie nouvelle et incertaine, simplement de visages inconnus, se fondre dans la masse sans demander son reste. Il avait revêtu une cape, ainsi encapuchonné, à l’abri des regards indiscrets, dissimulant ses cheveux dorés et reconnaissables, il errait de pintes en pintes. L’ivresse, divine ivresse. Les jeux d’argent, paris divers étaient de mise, ça avait un petit goût rafraîchissant. Il n’y participait pas, il n’appréciait pas forcément, mais observé sans être vu, c’était agréable, ça passait le temps et les sombres idées.

Ces petits coins éparpillés donnaient un autre sens, un autre horizon. Les gens riaient, s’esclaffaient, on ne parlait pas de la fange ici, elle avait comme disparu. Les gens n’étaient pas lâches non, ils se redonnaient simplement goût à la vie. Chacun faisait son deuil à sa manière, chacun se raccrochait à la vie comme il le pouvait. Ne plus penser, ne plus souffrir. Ici, ou le rire et le jeu s’élevaient face à la morne solitude, c’était agréable. Le noble avait souvent eu cette impression, celle de ne pas être à sa place. Ici, il pouvait bien être qui il voulait, ça n’avait aucune importance, un homme des leurs, un étranger, quelqu’un de passage, un homme du peuple. Comme revenir étrangement à des sources qu’il n’avait pourtant pas connues.

Dans le bruit et l’agitation, Roland entendit à peine la femme rentrer, il était occupé ailleurs, à regarder une table de jeux en face de lui. Les hommes pariaient, lançaient les dés, s’esclaffaient. Et lui, il contemplait le spectacle, savourant sa pinte, tranquillement.

Ce fut néanmoins à la voix de l’aubergiste, que le comte haussa les sourcils et releva la tête vers la porte d’entrée. Une femme vêtue très sobrement, mais à la mine affolée vint interrompre les réjouissances. Le cœur de Roland fit un bond dans sa poitrine, il se leva précipitamment et avançait vers elle. Il crut à une nouvelle attaque, une nouvelle invasion fangeuse. Si rapprochée, ce n’était pas croyable. Comment la population pourrait de nouveau affronter une si terrible menace. Le chaos était encore si présent dans sa tête, il crut en un instant revivre ce tragique scénario. Mais il n’en était rien. Ses doutes se dissipèrent alors, mais vu qu’il avait avancé, avec l’attitude de quelqu’un qui se sentait concerné, aux yeux de tous il serait difficile de rebrousser chemin, de retourner s’asseoir comme si de rien était.
Pourtant, son histoire et sa personne ne l’intéressait pas, pourquoi irait-il encore mettre sa vie en péril pour sauver les autres ? N’en avait-il pas assez de jouer au héros qu’il n’était pas ?

Elle parlait d’une histoire de pirates, de bateau, d’otage… Finalement, pourquoi pas. Une telle aventure risquait d’être intéressante, palpitante et terriblement insolite. Il avait bien besoin de cela, se changer les idées, sortir de sa zone de confort, c’était absolument parfait. Puis, même s’il risquait une nouvelle fois sa vie, de toutes les manières, c’était le quotidien de ceux ayant déjà survécu. Il était juste en sursis.

Une autre femme s’était levée et dirigée vers la nouvelle venue avant lui, il la laissa poser ses questions, avant de surenchérir.

- « Il est en effet important de connaître le nombre de ses individus avant de tenter quoique ce soit, de prévenir la milice. Votre employeur possède donc un bateau, il est pêcheur ou s’occupe-t-il du commerce ? »
Si l’homme employait une servante, il était peut être bourgeois, il avait un apport conséquent, des biens.
« Ces pirates, s’ils en sont véritablement, doivent peut être connaître l’homme qu’ils prennent en otage. Cela m’étonnerait qu’ils agissent dans le seul but de réquisitionner le navire. Avez-vous des renseignements précis à nous communiquer sur votre employeur, si vous lui connaissez des ennemis, ce genre de chose ? »

Il était peut être un peu trop pointu dans ce genre d’endroit, mais il n’avait pas envie, encore une fois, de se laisser avoir par une femme en détresse. La dernière fois, cela l’avait mené tout droit vers une cabane de fangeux… Il restait alors sur ses gardes et fixait la femme, suspicieux, mais sans le montrer. Juste suffisamment intimidant, pour lui faire dire ce qu’elle cachait peut être, déceler une attitude, quelque chose de louche dans son affaire…
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MagdaArtisan
Magda



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MessageSujet: Re: [Quête] À Eaux-Risques !    [Quête] À Eaux-Risques !  EmptyMar 17 Sep 2019 - 15:46
Ce soir là, Magda terminait un petit boulot dans la cuisine de la Belle Palourde, à réajuster une table à découpe et à installer quelques rangements pour le cuisinier. Elle entendait l'agitation bonne enfant de la grande salle, les chocs des bocs et les rires qui s'unissaient dans un brouhaha continu. L'artisan s'essuya les mains sur un vieux torchon, son visage montrait la satisfaction du travail accomplit. A la vue du résultat, le cuistot hocha la tête et lui servit une soupe de poisson dans un bol, accompagné par une tranche de pain ; le paiement prévu.

Magda remercia l'homme et prit la nourriture pour rejoindre la salle principale. Elle se plaça au comptoir, assise sur un tabouret de bar, les jambes croisées. Son regard dériva sur l'animation qui attirait tant d'émotions : un bras de fer entre deux marins taillés dans de la pierre. En entamant sa soupe, elle évalua les deux adversaires puis décida de parier sur celui de droite. Il paraissait avoir plus de bouteille, avec sa barbe blanchie par les embruns et ses mains calleuses habituées à remonter les filets. Magda lança des encouragements à son champion et se mêla au reste des vivats. Malgré son attention portée sur le jeu, elle capta l'arrivée de Beth, sa grimace terrifiée contrastait immédiatement avec le publique.

L'histoire racontée par l'arrivante doucha l'ambiance d'un silence tendu. Tout le monde écouta le récit avec anticipation, puis la rumeur parcourut la foule, on commentait à voix basse sur le malheur de cette pauvre femme et sur l'audace des pirates. Cette nouvelle ne faisait que confirmer la vulnérabilité de Marbrume, le danger se trouvait à l'extérieur et à l'intérieur de ses murs, qu'il s'agisse de Fangeux, de bandits ou de flibustiers opportunistes. Mais s'agissait-il vraiment de pirates ? Attaquer un commerçant au port paraissait risqué, le jeu en valait-il la chandelle ? Magda doutait que ces gaillards en avaient après l'argent ou les marchandises d'Antoine.

Deux personnes rejoignirent la rescapée pour commencer à l'interroger, à priori très concernées par la raison qui pousserait les pirates à attaquer ce navire en particulier. Ce qui motiva Magda à agir fut le manque de tact de ces gens. Même si ils pensaient sûrement à bien, la pauvre jeune fille était sous le choc et l’assommer de questions paraissait prématuré. Elle traversa la salle pour s'imposer au milieu de la conversation et leva ses mains pour calmer un peu les ardeurs du cercle qui se formait autour de la victime.

"S'il vous plaît, laissez-là un peu respirer, elle est terrifiée !
Elle s'adressa à Beth en posant une main réconfortante sur son épaule :
"Asseyez-vous... Hé, tavernier, au moins un verre d'eau pour la petite ?"

Magda jeta un second coup d’œil à l'étrange paire qui avait abordé la fille, elle n'arrivait pas bien à les distinguer sous leur capuches. Il y avait un homme plutôt grand et costaud, avec un début de barbe négligée. L'autre était une femme à la silhouette plus délicate, qui portait un parfum floral prononcé.

"C'est une prise d'otage, Magda souligna l'évidence, alors ça veut dire qu'ils veulent quelque chose en échange. Pourquoi ne pas simplement leur demander d'exposer leur exigences avant de tenter quoique ce soit qui mettrait la vie de ce Antoine en danger ? Tout ce dont nous avons besoin est de savoir où est amarré ledit navire."


Dernière édition par Magda le Mer 18 Sep 2019 - 18:57, édité 1 fois
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Meser GlasobrinAssassin
Meser Glasobrin



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MessageSujet: Re: [Quête] À Eaux-Risques !    [Quête] À Eaux-Risques !  EmptyMer 18 Sep 2019 - 18:08
Meser peut être aperçu dans la taverne de « La Belle Palourde » dans un coin à l’écart. C’est généralement les endroits que l’homme aime s’approprier lorsqu’il se rend dans ce genre d’établissement. Non pas que la présence de ses compatriotes du port soit dérangeante, le charpentier ne pose pas de problème particulier à qui que ce soit, il ne craint donc pas de possibles délations fallacieuses. Mieux encore, les petites figurines de bois à l’image des dieux que le travailleur vend pour des sommes modiques afin de permettre à tout un chacun de faire des offrandes aux Trois lui permettent de pouvoir se rendre dans de tels endroits et d’avoir une bonne image.

Cet isolement est surtout le fruit d’une très légère appréhension des dérapages de tavernes. L’alcool ne permet pas aux esprits de réfléchir totalement naturellement et les travailleurs du port ne sont pas connus pour leurs fins travaux de la dentelle. Ainsi, lorsque le verbe s’échauffe tout autant que les esprits, les coups pleuvent avec la force des tempêtes et le mobilier se fait manutentionner comme une chaloupe au milieu des vagues. Donc l’assassin s’isole, une simple mesure de protection personnelle dirons-nous.

Ainsi attablé devant sa pinte de mousse aussi clair que de l’eau que d’aucuns peuvent comparer à de la pisse de cheval, Meser sculpte un petit morceau de bois, dardant sur la scène des gros bras un regard amusé, mais néanmoins polie. On n’attend pas plus de pareils manutentionnaires, des bras et des muscles, ça peut être très utile en des temps si obscurs. Son petit couteau retire du bois au rythme des exclamations des spectateurs les plus joueurs du bras de fer, Meser n’est pas homme à étaler ses instruments de travail aux yeux de tous, aussi cette petite lame fait l’affaire.

Ce spectacle égale à un autre est interrompu par l’arrivé d’une bonne femme ayant vraisemblablement trop couru pour sa condition. A l’évocation par le tavernier de la Fange, le cœur de l’assassin manque un battement et celui-ci cherche du regard la fenêtre la plus proche, calculant déjà quelle chaise il balancerait dedans pour se créer une sortie lorsque la porte sera prise d’assaut sous la panique. L’homme aux yeux bleus se félicite d’ailleurs de la présence de sa dague dans sa botte, celui-ci n’espère pas pouvoir se battre contre la punition divine, mais il pourra au pire se frayer un chemin dans la foule.

Toutes ces suppositions volent en fumée à l’évocation des pirates. « Humpf. » Les mercenaires des mers sont égaux aux brigands des grands chemins, ou des hommes d’armes du plancher des vaches. Meser éprouve une certaine admiration pour eux, réussir à maîtriser un élément tel que les immenses étendues d’eau du monde, requiert une sacrée dose de courage. Ou de folie. L’un dans l’autre les deux vont souvent de pairs. Mercenaires sur la terre comme sur la mer, ils se battent pour l’or, là où les nobles se battent pour l’honneur. Après tout chacun se bat pour ce qui lui manque.

L’évocation des assassins par quelques curieux tire un sourire cynique au charpentier tandis qu’il se rapproche de toute cette agitation. S'ils savaient… Mais là n’est pas la question, sauver un tel marchand serait une bonne occasion de dorer encore un peu plus son image, bien que celle-ci soit trop manipulée pour être unique. Les questions fusent et quelques bonnes gens semblent prêts à prêter mains fortes à ce charmant sieur, les rejoindre permettra au porteur de mort de se fondre dans la masse. Et qui sait, peut-être sera-t-il celui qui mettra en dernier la main sur ce fameux marchand. Ça serait ironique.

La jeune femme encapuchonnée semble fantasmer sur les pirates là où le sieur présent paraît plus terre à terre, la dame d’un âge honorable quand à elle essaye de sauver la jeune servante des multiples demandes fusant de part et d’autre. Amusé par la curiosité de la donzelle, Meser se permet d’approcher sans prendre part aux différents questionnements, observant les uns et les autres ainsi que leurs propositions. D’après l’aubergiste la victime le récompenserait s’il vient l’aider ? Intéressant. A combien estime-t-il sa vie ? Là réside le vrai problème.
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MessageSujet: Re: [Quête] À Eaux-Risques !    [Quête] À Eaux-Risques !  EmptyDim 22 Sep 2019 - 23:02
Bombardée de questions, la délicate servante eut tout le mal du monde à garder son calme à mesure que le sort de son employeur semblait de plus en plus précaire. Les mots lui manquaient au même titre que son souffle entrecoupé de sanglots et de reniflements humides, ses yeux se rougissant au fur et à mesure que des larmes perçaient la herse de ses cils noirs. Un bien triste spectacle qui aurait apitoyé plus d’un si ce n’est quelques cœurs obscurs, celui de l’assassin silencieux par exemple.

La première curieuse avait une bien étrange question qui laissait presque croire qu’elle était fascinée par la racaille des mers. Ne savait-elle donc pas qu’on racontait d’autres récits sanglants et abominables sur ces flibustiers sans foi ni loi qui pillaient, violaient et tuaient impunément ? Le second personnage, noble de forte stature, semblait plus tactique dans ses questionnements tout en faisant une analyse tant à lui-même qu’aux personnes aux alentours qui le scrutaient avec un mélange de curiosité et d’incompréhension. La furieuse arithmétique de la stratégie n’était pas à la portée de ces simples hères aux mœurs atypiques. Mais il fallait comprendre que la délicate demoiselle avait agi sous bouffée de panique, sans réfléchir. Magda semblait l’avoir deviné vu qu’elle cherchait à apaiser la malheureuse avant qu’elle ne perde ses forces comme sable sous le vent.

Spoiler:

L’aubergiste apporta de quoi rafraichir le gosier de la dénommée Beth qui reprenait légèrement son calme grâce à l’empathie efficace de l’artisane. Buvant à petites gorgées et clignant doucement des yeux pour se débarrasser de ses lourdes larmes qui entravaient sa vision, la domestique murmura d’une voix faible :

« J’ai agi sans y réfléchir dès que j’ai vu le navire de monsieur être pris d’assaut par ces vils coquins. La milice nous avait mis en garde contre les pirates qui devenaient de plus en plus audacieux suite à la prudence de nos marins qui n’osaient s’aventurer trop loin du port, j’ai aussitôt pensé à eux quand j’ai vu trois larges gaillards encapuchonnés monter discrètement peu après monsieur Antoine, armés en plus ! Ils doivent sans doute en vouloir à son or ou à sa marchandise ! Je crois qu’il avait parlé de … »

Clignant des yeux à nouveau, elle secoua la tête avant de reprendre :

« Grains, oui ! De grains ! Ils en veulent surement à sa cargaison et les dieux seuls savent ce qu’ils lui font à bord ! On m’a raconté que les pirates collent des moules aux lèvres de leurs prisonniers avant de les arracher par simple plaisir ! Doux divins ! »

Nouveaux pleurs, nouvelle quinte de toux, les héros ne tireront rien de plus de cette bonne dame bien trop émotive pour son propre bien. Néanmoins ils savent déjà un peu plus ce qui se passe, bien qu’il va falloir fourrer son nez pour tirer cette histoire au clair, pour peu que ces braves âmes s’enhardissent à aller au secours du marchand. Les habitués de l’auberge décidèrent que la meilleure chose à faire était de chercher des miliciens sensés patrouiller dans les alentours et plusieurs volontaires quittèrent la chaleur de la pièce pour défier l’obscurité des ruelles boueuses et répugnantes du marché de poissons. Le reste préféra veiller sur la domestique et attendre, peu enclins à s’aventurer par cette heure malgré les encouragements désespérés de l’aubergiste.

«Par les écailles de Rikni, vous là ! » maugréa le trapu bonhomme en pointant du doigt Flore, Roland, Magda et Meser. « Je vous en conjure, allez sauver ce malheureux avant qu’il ne soit trop-tard. Le navire d’Antoine mouille près des entrepôts. Il est plus gros que les chaloupes alentours, vous ne le manquerez pas. Si vous avez une once de compassion et de foi en la Trinité, vous agirez à la place de ces froussards. »

Son ton semblait presque autoritaire, mais ses yeux étaient ceux d’un individu inquiet. Peut-être qu’Antoine était un ami proche, assez précieux pour qu’il en oublie sa position face à de Rivefière, un seigneur qui avait tout à fait le droit de le sermonner pour son insolence s’il en avait le désir.

Un jeune batelier prépubère proposa à l’improbable groupe de les guider vers les entrepôts en question sans pour autant se mêler plus que cela à la mission.

Nos héros vont-ils quitter le confort de la taverne et résoudre ce bien étrange mystère ?

Spoiler:


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Flore MaisonfortHerboriste
Flore Maisonfort



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MessageSujet: Re: [Quête] À Eaux-Risques !    [Quête] À Eaux-Risques !  EmptyMer 25 Sep 2019 - 10:17
Je dois certes passer pour une sans cœur, une femme étrange qui pose des questions hors de propos. Je recule alors qu'une dame demande de laisser respirer la servante qui peine à s'apaiser, honteuse. Je ne voulais pas lui faire du mal ou paraître insensible à sa peine, sincèrement. Je voulais juste savoir si ce que me racontait ma mère est vrai. Habitant dans les faubourgs depuis toujours, cantonnée à un périmètre délimité de circulation, je ne connais du monde que ce qu'on a bien voulu m'en dire. Maintenant que je jouis d'une relative liberté, j'essaye d'apprendre. Et visiblement... Il me faut également apprendre les bases du savoir vivre et de la bonne observance en société, savoir quand poser une question et savoir quand me taire. Je me place un peu en retrait, pour laisser respirer Beth. Je n'ai pas eu de réponse, bien sûr. Qu'est-ce que je croyais...

- Pardon, je ne voulais pas vous embêter... Je voulais juste savoir si ce qu'on m'a dit est vrai.

C'est alors que la servante, quelque peu remise de ses émotions, commença à mieux expliquer la situation, ce qui me laissa de toute manière dans un flou absolu. Des grains ? Quel intérêt des grains pourraient-ils avoir pour des pirates ? Des armes, des vivres, peut-être même des plantes pour préparer de quoi se soigner pendant leurs aventures, oui. Mais des grains ? De toute façon, je doute que mes interrogations interpellent qui que ce soit ici, dans cet endroit rempli d’hommes et de femmes tellement plus aguerris que moi et qui ont certainement du faire face à tant de situations dramatiques. Je jetai un œil timide au monsieur sous sa capuche là-bas. Lui par exemple. Au ton qu’il emploie et à sa manière de s’exprimer, on sait tout de suite qu’il n’est pas un homme à se laisser faire. La dame qui a demandé à ce qu’on laisse respirer la servante ? Elle aussi. Les gens qui parlent fort, on les écoute. Les gens comme moi, non.

Ce qu’elle évoque en parlant de moules collées à des lèvres…ne m’évoque pas grand-chose. Je ne sais pas ce que c’est, une moule, mais ça doit être un outil terrible pour effrayer ainsi la dame. Probablement une sorte de couteau. En tout cas, cela achève de me mettre mal à l’aise et j’étais à deux doigts de quitter pour de bon l’établissement quand le tenancier parla haut et fort en nous pointant du doigt, comme si nous étions des sauveurs tombés du ciel. Sa voix me fit sursauter et serrer un peu plus ma cape contre moi. Se peut-il réellement qu'il parle de moi comme d'une potentielle aide là ? M’a-t-il seulement bien regardée ? Je ne suis pas bien épaisse et je ne possède qu'un tout petit couteau, je ne sais même pas me battre ! Que se passerait-il si jamais cela devait s'envenimer ? D'un autre côté... Je suis venue ici pour honorer ma promesse. Celle de vivre intensément et de découvrir de nouvelles choses. Je jetai un regard un peu perdu à ces autres personnes elles aussi désignées par le tenancier et défis ma capuche, rouge jusqu’aux cheveux, en murmurant enfin :

- Je ne sais pas me battre mais je connais l’art des plantes et des soins. Si je peux apporter une aide à ce niveau là…Si le monsieur est blessé par exemple…


Je me tournai alors, toujours aussi rouge, vers le batelier et dit ensuite :

- Je vous suivrai. Est-ce loin ?
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Roland de RivefièreComte
Roland de Rivefière



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MessageSujet: Re: [Quête] À Eaux-Risques !    [Quête] À Eaux-Risques !  EmptyMer 25 Sep 2019 - 14:09
Une autre femme s’avançait, alors que Roland terminait son petit interrogatoire. Elle était plus âgée que le reste de l’assemblée, elle semblait avoir connu les aléas des saisons, à la vue de son visage quelque peu marqué, les rides qui l’ornait de ça de là, puis ses cheveux prenant cette caractéristique couleur argentée. Le poids des années pouvait parfois peser inévitablement dans la balance, mais elle restait une femme, avec son attitude préventive, elle faisait preuve de tact avec la nouvelle venue, ce qui n’était guère le cas de la première femme à l’avoir interrogée et encore moins celui du sang-bleu. Il connaissait pourtant l’étiquette et les règles de bienséance, mais dans pareilles situations, il les trouvait plutôt désuètes. On ne lui demandait pas de faire des courbettes ici, mais du factuel. Aussi, sans doute s’était-il éloigné de la simple compassion et pitié qu’il aurait facilement eu avec une femme éplorée. Il n’accordait plus sa confiance aveuglément, qu’est ce qui laissait croire que cette bonne femme ne cherchait pas tout simplement à l’entourlouper lui et les autres, à les emmener dans un guet-apens, afin de les dépouiller. Les pirates, s’ils existaient bel et bien, étaient peut être de mèche avec elle, ou l’avait forcé à commettre cet acte grâce à diverses techniques de persuasion efficace. En un mot, la méfiance restait de mise. Il essaierait malgré tout de rester lucide et de ne pas se perdre dans la paranoïa, ce qui était de toute évidence pas gagner. Ce monde lui avait appris à douter de tout et de tout le monde. Pourtant, sa forte part d’humanité en lui, lui laissait croire que tout n’était pas encore perdu. Pourquoi et comment, il ne le savait pas très bien, mais Roland de Rivefière n’avait pas encore perdu sa foi en l’homme, guidé certainement par la volonté des Trois, il accomplirait ce qu’ils attendaient de lui, sans faillir et sans se défiler des missions qui accouraient sur sa route.

Après un peu d’eau apporté par l’aubergiste, la femme reprit ses esprits un instant, avant de formuler quelques réponses. Ils étaient alors au nombre de trois, c’était déjà un fait intéressant de connaître le chiffre. Ce qui vint ensuite ne le rassurait pas quant à ses doutes, Roland fronça légèrement les sourcils, pourquoi des pirates s’en prendraient-ils aux grains… Toute marchandise est bonne à prendre en ces temps troublés, mais des grains, cela restait étrange pour des hommes de leur acabit. Il eut envie de formuler d’autres questions à la servante, de lui demander si elle était bien certaine de ce qu’elle avançait. Mais la femme parlait déjà de possibles tortures issues d’histoires de piraterie… Elle semblait presque défaillir, il était sans doute peu probable de réussir à en tirer quoique ce soit d’autre.

Occupé à tirer les choses au clair dans son esprit, tiraillé entre ses délires paranoïaques et la triste réalité, le blond aux yeux clairs n’avait pas encore remarqué l’autre homme qui venait se joindre à la probable expédition. Il se retourna vers lui brièvement, lorsque le tavernier avait pointé du doigt les membres de la petite troupe d’infortune qu’ils formaient. L’homme, brun et d’apparence assez athlétique lui serait d’une aide certaine, si à en croire la petite servante, les trois pirates s’avéraient être de bons gaillards.

Le noble aurait pu mal prendre les dires du bonhomme, lui faire comprendre qu’il était bien gentil avec ses belles paroles, mais que si cela le préoccupait tant, il pourrait parfaitement s’en charger lui-même. Il se contenta de lui jeter un regard un peu froid, lui coupant presque la parole.

- « Je pense que nulle personne ici manque de foi envers la Trinité, l’aubergiste. Je me porte volontaire pour tenter de dénouer cette affaire et ceux se joignant à moi ne le feront pas sous la contrainte. »

Son épée, fidèlement accrochée à sa ceinture, dissimulée sous la cape sombre qu’il avait revêtit, saurait assurer la défense des plus faibles et la sienne.

La première femme à avoir pris la parole déclarait ne pas savoir se défendre, Roland l’aurait parié, bien que parfois il ne fallait pas juger trop vite les inconnus… En revanche, elle affirmait s’y connaître en soins et ce n’était vraiment pas dispensable comme faculté.
Roland avait déjà prodigué des soins vitaux, il avait recousu une plaie, fait diverses choses plus ou moins dans l’urgence, mais il ne s’y connaissait aucunement en plantes et autres baumes.

- « Votre venue nous sera certainement utile, au cas où les choses tournaient mal, pour l’homme retenu en otage, ou pour l’un de nous. Mais ne prenez pas de risques inutiles. »

Il pourrait passer comme autoritaire, pourtant ce n’était pas dans le but de jouer au petit chef, loin de là cette idée. Il avait l’habitude des missions en extérieur et périlleuses, il avait fait partie du groupe de survivants du Goulot et avant cela, avait connu bien des escapades avant, et pendant la fange. Il mettrait simplement ses connaissances au profit du groupe. S’il y avait des décisions difficiles et irrémédiables à prendre, il serait aussi là pour ça.
Il acquiesça lorsque la soigneuse s’adressa au batelier afin de se mettre en route. Il sortit alors de l’auberge, jetant un dernier regard à la petite servante, espérant qu’elle ne les menait pas droit à l’abattoir. Si cela était la cas, il saurait se rappeler de son visage. Il chercha à le lui faire comprendre dans ce dernier regard, avant de disparaître.

Sur le chemin menant aux entrepôts, Roland adressa ses interrogations aux membres qui m’accompagnaient à présent.

- « Afin de faciliter la communication, je me nomme Roland. Je ne sais pas vers quoi nous allons et ce qui nous attend concrètement en ce lieu. Nous allons devoir nous montrer unis, dans tous les cas. Je possède quelques compétences guerrières et tactiques, je suis armé. Je pense qu’il serait intéressant d’en savoir un peu plus sur vous, sur vos points forts dans ce périple ? »

Ils ne seraient pas amis, mais ils allaient devoir coopérer, pour possiblement lutter contre leur survie. Ils nageaient dans le flou total pour le moment.
Plus il se rapprochait dudit navire, plus le doute l’habitait. Il ne laissait pourtant pas paraître, voulant aussi rassurer les personnes qui l’accompagnaient, perdre ses moyens face à la pression, ne les aiderait assurément pas.
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MagdaArtisan
Magda



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MessageSujet: Re: [Quête] À Eaux-Risques !    [Quête] À Eaux-Risques !  EmptyDim 29 Sep 2019 - 4:22
L'appel du tenancier motiva peu de monde. On ne pouvait cependant blâmer les locaux, en l'absence de contexte l'histoire était risquée et personne ne voudrait se jeter tête baissée dans une situation promettant des coups de couteaux entre les côtes. Magda tenait son momentum et gardait son habituelle témérité, refuser l'appel à l'aide ne lui traversa même pas l'esprit. Elle ne dit rien mais suivit le mouvement, rassurée de se retrouver avec un petit groupe déterminé. Pour une fois, elle n'était pas seule. Sur le pas de la porte, l'artisan adressa une prière rapide à la Trinité, entre les ombres et la lumière de l'établissement.

La nuit était fraiche, l'été venait juste d'arriver sur Marbrume. Ils sortirent dans la rue, leur corps encore échaudés par l'ambiance de la taverne et marchèrent quelques minutes à la suite du batelier qui les guidaient le long des quais. Le rythme était soutenu, les pas claquaient sur le pavement dans un silence épais. Finalement, ce fut l'homme d'arme qui brisa la glace. Elle devinait sa posture martiale, l'épée battant au flanc, un soldat ou au moins un combattant. Sa voix portait une autorité naturelle, dénuée de la dureté purement militaire.

Il se présenta, Magda l'écouta d'une oreille, ses autres sens déjà aux aguets. L'adrénaline commençait à pulser dans ses veines. Il y avait longtemps qu'elle ne s'était pas retrouvée dans une situation similaire, face à un danger inconnu et potentiellement irréductible. Malgré la brise, sa peau fourmillait. Elle anticipait. D'un regard en arrière, Magda remarqua qu'ils n'étaient pas trois mais quatre, un autre avait emboîté le pas en toute discrétion. Dans l'agitation de la taverne elle n'y avait pas prêté attention. Sans s'en rendre compte, elle s'arrêta pour l'observer, l'homme n'avait l'air de rien, plutôt à l'aise, parfaitement à sa place dans le décor comme une ombre collée au mur.

Magda remonta ses deux mains contre le col de sa veste en toile sans manches, une bourrasque souffla dans son dos et souleva quelques mèches sur son front. Elle s'attendit presque à voir le type disparaître avec le vent mais il resta là, bien réel. Le duel de regard cessa quand Roland eut terminé sa tirade, Magda capta son ton interrogatif mais n'imprima pas totalement la question. Le cœur de l'artisan battait comme un tambour de guerre avant une bataille, elle dut faire un effort pour réfréner sa nervosité, mais son ton se fit sec.

"Je ne combat pas ..."
Elle suspendit sa phrase, puis regagna enfin sa composition pour donner toute son attention à la conversation.
"Mon nom est Magdalena. Nous devrions d'abord savoir de quoi il en retourne avant de faire quoique ce soit. Comme je l'ai suggéré plus tôt, si ils prennent le risque de rester sur place pour garder un otage, c'est qu'ils veulent quelque de précis. Nous devrions apprendre quoi."
A la fin de sa phrase, elle prit une grande inspiration et détacha les mains de sa veste, toute son anxiété avait disparu - sa mission devenue claire.
"Je peux aller leur demander."
Même dans l'ombre, on voyait son sourire.
"Personne n'attaquera une vieille dame à vue."

Une vague chaleur courut jusqu'au visage de Magda qui irradiait de calme. Cela ne pouvait être un hasard, il s'agissait du vrai test de sa foi, la coïncidence était trop forte. La Trinité les regardait en ce moment même - cette nuit, la violence ne sera pas nécessaire, elle fera tout pour s'en assurer.

Pour le MJ
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Meser GlasobrinAssassin
Meser Glasobrin



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MessageSujet: Re: [Quête] À Eaux-Risques !    [Quête] À Eaux-Risques !  EmptyDim 29 Sep 2019 - 21:49
Meser n’aime pas être au centre de l’attention, ce n’est pas son domaine de prédilection. Son repère se situe dans les ombres, là où le Grand Astre du jour ne peut diffuser sa douce chaleur. Mieux encore, l’assassin se plait à arpenter rues et toits à la lumière blafarde de l’Astre de la nuit. Ainsi, alors que le tavernier s’adresse au petit groupe dont il fait partie sans réellement le savoir ni le vouloir, le porteur de mort éprouve des sentiments diamétralement opposés à de la sympathie à son égard. S’apprêtant à lui envoyer une réponse cinglante, Meser fut devancé par l’homme encapuchonné aperçu un peu plus tôt.

Notion importante à avoir en tête lors de cette pérégrination, les facultés de soin de la jeune femme qui idéalise les pirates. Si celle-ci connait l’art des plantes et des soins, la demoiselle encapuchonnée  devient importante aux yeux de l’assassin, aussi celui-ci tendra à s’en rapprocher lors de cette mésaventure. L’homme lui aussi sous le couvert d’une cape semble décidé à prendre les choses en mains, une notion qui ne déplaît pas à Meser, celui-ci n’étant pas doué pour guider et organiser plusieurs personnes. L’homme aux yeux bleus travaille généralement en solitaire, son terrain d’action ne permettant à un trop grand nombre de personnes d’être actives simultanément.

Haussant les épaules et remettant son destin entre les mains de la Mère Serpent, le porteur de mort se retrouve à suivre ce groupe inhabituel le long des quais en suivant le batelier. Embrassant les ténèbres de cette fraîche nuit d’été, Meser ne peut retenir un immense sourire béat. Qu’il est plaisant pour l’assassin d’arpenter les pontons du port de nuit, affrontant le couvre-feu sous couvert d’une mission de sauvetage d’un riche marchand. Peut-être que la milice décidera d’épargner leurs misérables vies si celui-ci est ramené en vie, mais le porteur de mort s’imagine déjà devenir le bourreau après être le sauveur.

Mais quand bien même, la jeune servante a évoqué une cargaison de grain, quel intérêt pour des pirates ? La culture sur une île au large de Marbrume ? Peut-être le nouveau refuge de l’humanité. Mais que pourrait offrir un marchand naval en échange de sa vie, telle est la question. Avançant sans y réfléchir et profitant des ombres, l’assassin perçoit du coin de l’œil que la vieille dame jette sur lui un regard insistant. Posant ses yeux dans les siens, Meser lui offre un sourire poli, soutenant l’inspection silencieusement le temps que le dénommé Roland finisse sa tirade de questionnement à laquelle sa compagne de regard semble décider à répondre.

Celle-ci souhaite faire l’appât pour obtenir des informations concernant les revendications des pirates, une idée comme une autre certainement. Ce n’est pas la manière de procéder de l’assassin, mais celui-ci n’est pas en position de donner son point de vue sur le sujet. Son approche se veut plus discrète et meurtrière, mais le porteur de mort doute que les dames du groupe partagent sa vision des faits. Deux hommes armés contre trois au minimum, ce n’est pas un combat insurmontable, mais si l’un du trio pouvait se retrouver une lame en travers de la gorge et au fond des eaux, le rapport de forces s’équilibrerait.

C’est alors que surmontant sa vocation à travailler seul, Meser s’accorde une prise de parole de circonstance, utilisant son accent du port.
« P’t’être mettre au point not’ stratégie avant d’se faire voir non ? J’travaillais aux charpentes navales avant. C’lon l’rafiaut, on aura pas trente-six manières d’s’approcher. Pis vous s’vez nager vous autre ? L’bouillon d’la mer vous happe et n’recrache qu’des os, s’il les r’crache. » Un sourire en biais à la jeune fille qui semble avoir lu trop de fable sur les pirates. « Parait qu’en bas, des monstres à huit bras t’attendent. » L’homme secoue la tête avant de hausser les épaules d’une manière fataliste, pointant du doigt la vieille dame. « Pas d’illusions. Pirates ça négocient pas. Ca s’ra sur’ment eux ou nous. Et j’préfèrerais qu’ça soit eux. » Un geste en direction de l’homme armé, accompagné d’un sourire. « Sieur maîtrise l’combat armé, laissons le passer d’vant. »

Une possibilité qui peut s’offrir au groupe serait de se plonger dans les eaux noires pour s’approcher en s’accrochant au ponton pour contourner la possible surveillance des pirates. Mais pour cela il faut déjà être en visu de l’embarcation du marchand.
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MessageSujet: Re: [Quête] À Eaux-Risques !    [Quête] À Eaux-Risques !  EmptyLun 30 Sep 2019 - 22:20
Stratégie ? Un concept bien trop compliqué aux oreilles du jeune mousse au bonnet de feutre qui quitta en premier la Belle Palourde, reniflant bruyamment en jetant un regard de gauche à droite avec inquiétude. Cette histoire de piraterie et de prise d’otages n’arrangeait en rien ce sentiment morbide d’inquiétude, de paranoïa qui gangrénait la triste cité de Marbrume depuis que ce fléau, cette affliction, cette malédiction nommée Fange faisait des ravages sans précédents dans les rangs de l’humanité, marquant toujours un peu plus la pierre blanche de l’Histoire par des faits sanglants de carnages horrifiants aux proportions démesurées. De nos jours, quand quelqu’un sortait de sa petite bâtisse en bois de chaume ou en pierre ponce, on essaye de scruter les ombres des ruelles, les recoins sombres, les bouches d’égout ou les étables de peur d’y trouver un fangeux en embuscade. La plaie qu’était le tragique souvenir de la dernière attaque fangeuse restait aussi ouverte qu’il y a quelques semaines, béante et douloureuse.


La peur, elle, était toute aussi omniprésente, rongeant les nerfs de tous les citoyens.


Le batelier essuya d’un revers du manche de sa tenue de lin le filet humide qui coulait de ses narines puis s’empressa de guider l’hétéroclite équipe de braves aventuriers à travers les ruelles boueuses du port. Le parfum du poisson se faisait de plus en plus fort à mesure qu’ils quittaient les maisons de pierre au profit du marché de poissons, le sol dallé cédant la place à une couche de boue et d’arêtes aux relents si puissants qu’ils en feraient tordre les entrailles de ceux qui n’étaient point habitués à cette atmosphère si particulière. Pourtant c’était un quartier riche pour la simple raison qu’il fournissait la principale source de viande à la cité assiégée, une richesse infinie de ressources marines sauvant des milliers d’âmes d’une disette agonisante.


Les bâtisses se raréfiaient au profit de vastes entrepôts, greniers imposants où les dignitaires et marchands gardaient farouchement les précieuses ressources nécessaires à la survie de Marbrume et à sa prospérité. Ceci dit, le groupe ne rencontra aucun milicien à mesure qu’ils évoluaient dans les entrailles du Port. Les effectifs de ces derniers, d’après les rumeurs, avaient été sévèrement réduits suite aux derniers conflits armés pour endiguer les bêtes cannibales, des pertes qui se faisaient sentir en cette nuit froide et silencieuse. Pas étonnant que les larcins se multiplient et que les coquins ne deviennent plus audacieux et téméraires.


Quelques minutes de marches à travers les étales et chariots couverts d’épaisses couches de paille, la petite équipe atteignit enfin les quais où mouillaient divers petits navires, épaves flottantes rongées par les berlingots et les algues grimpantes.


“Là, c’est celui-ci.” murmura le batelier en pointant un index noueux en direction d’un bateau qui se distinguaient des autres de par sa taille plus imposante, confirmant ainsi qu’il s’agissait bien d’un navire marchand. L’ancre n’était pas levée et il flottait toujours doucement à un pied de la terre ferme. Les assaillants n’avaient donc pas décidé de s’emparer du navire et quitter les lieux en vitesse ?


Une ombre se déplaça soudainement sur le pont du navire. Un individu couvert d’une épaisse cape de marin faisait la ronde. Sa stature semblait solide sous le peu de luminosité dont bénéficiaient les sauveurs, mais ils eurent l’occasion de deviner l’éclat d’un coutelas entre les mains épaisses de cet homme tenant la garde. Chose curieuse, il semblait délaisser de temps à autre sa garde pour vérifier les quelques tonnelets ou sacs de toile couchés sur le plancher avant de les abandonner après une fouille peu approfondie.


“Bon courage, m’sieurs dames.” fut les dernières paroles d’encouragement du jeune mousse avant qu’il ne déguerpisse aussitôt dans l’obscurité.


Les aventuriers avaient pour avantage d’être positionnés derrière une pile de caissons en bois vermoulu qui les couvrait du champ de vision de la sentinelle. Une distance d’une vingtaine de mètres les séparait du navire et son garde. Par ailleurs, la sentinelle dispose d’une petite lanterne qui éclaircissait les parages sur un rayon d’une dizaine de mètres. Quelques coffres et tonneaux disposés par-ci par-là pourraient favoriser une approche en catimini pour peu que les sauveurs fassent preuve de vitesse, discrétion et d’un bon timing. À moins qu’ils n’avaient un autre plan d’action ?

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Flore MaisonfortHerboriste
Flore Maisonfort



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MessageSujet: Re: [Quête] À Eaux-Risques !    [Quête] À Eaux-Risques !  EmptyMar 1 Oct 2019 - 9:58
Je ne m'étais pas trompée. L'homme qui parle fort est plus que probablement un guerrier, un milicien peut-être, je ne sais pas. Ce que je sais par contre, c'est que ces hommes, habitués au combat, parlent tous de la même façon, directe et sans fioritures. Il semble avoir pris, d'emblée, le rôle de chef de notre petite troupe ce qui me rassure grandement. Il me rassure d'autant plus qu'il dit enfin que ma présence ne peut qu'être utile pour prodiguer des soins à défaut de me battre. S'il savait... Une chance que le baron de Sombrebois ne soit pas dans les parages, il aurait eu tôt fait de rappeler à l'assistance à quel point je suis malhabile avec les armes. Le souvenir de cette attaque de fangeux et de mon malheureux jet de hache terminant sa course dans un buisson au lieu de se ficher dans cette affreuse créature qui a failli me tuer me mit un instant mal à l'aise. Je ne maîtrise pas la hache mais il en va différemment de mon petit couteau, je m'en sers quotidiennement après tout. Qui sait. Après tout, nous n'en sommes pas là.

- Je ne compte pas prendre de risque inconsidéré. Ce n'est pas vraiment dans ma nature, Monsieur.


C'est le moins que je puisse dire en effet. La vérité est que je suis devenue une poltronne, surtout depuis cette attaque près de mon logis. Sortir de ma zone de confort me met toujours très mal à l'aise et ces derniers temps... Je ne fais plus que cela, sortir de mon cocon, voir le monde... Autant dire que je repousse souvent mes limites même si mon corps me rappelle de ne pas trop en faire : sueurs froides, crampes d'estomac, malaise latent... Un peu comme ce soir, en somme. Serrant compulsivement ma cape contre mon corps, j'entendis, alors que nous nous dirigions vers les entrepôts, mes compagnons de route se présenter.

Le guerrier-chevalier armé à la voix autoritaire s'appelle donc Roland. Je note mentalement l'information tandis que la dame qui le suit fait de même. Magdalena. Je ne pus m'empêcher de la regarder avec une certaine admiration teintée d'effroi. N'est-elle pas en ce moment en train de proposer de se rendre là-bas toute seule pour savoir de quoi il en retourne ? Je ne pus m'empêcher de frissonner. Après avoir vu la réaction de la servante Beth, je ne peux qu'imaginer la frayeur qu'elle a dû ressentir. C'est alors que le dernier homme prit la parole, avec un accent si épais qu'on aurait pu le couper au couteau. Je dus d'ailleurs faire un effort et tendre mieux l'oreille pour le comprendre. Il n'a pas tort. Je n'y connais rien en stratégie mais il me semble, en effet, qu'arriver franchement, à découvert, n'est pas une bonne idée. Je m'arrête un bref instant pour l'observer un peu mieux, quelque peu ébranlée par ses paroles. Nager ? Heuuu... Non je ne sais pas nager et la perspective de me retrouver dans cette eau noire me serre le cœur.

- Ma mère ne m'a jamais parlé de monstres à huit bras. Et de toute façon... Pas besoin d'en avoir autant pour être monstrueux. Deux, c'est largement suffisant !

Je me suis un peu emportée. J'ai cru percevoir une pointe de moquerie à mon égard dans ses propos, ce qui ne m'aide pas du tout à me sentir mieux. Je parlai alors un ton plus bas:

- Je m'appelle Flore. Et vous, quel est votre nom nous ne l'avons pas encore entendu !?


Je reprends alors ma marche dans ce dédale infect et puant à la suite de Roland et Magdalena, le revers de ma main posé sur mon nez. Quelle épouvantable odeur, c'est à ne pas croire. Cela n'arrange en rien mes crampes d'estomac et je commence à regretter amèrement d'être là. Quelle idée stupide, par les Trois ! Jamais je n'ai senti pareille puanteur et c'est bien aise que je constate que nous arrivons sur les quais. A défaut d'être mieux éclairé, c'est à tout le moins plus respirable. Le soulagement est toutefois de courte durée. Le batelier s’enfuit après nous avoir indiqué le plus imposant des navires, que je scrute à l'abri de quelques caisses faisant office de point d'observation sécurisé. Il y a une silhouette rodant sur le pont. Et je plisse les yeux pour mieux voir.

- C'est ça un pirate ? Dis-je sans un souffle.

Je regarde alors mes compagnons et murmure:

- Comment faire ? Si vous y allez, Magdalena, vous serez sans défense. Ce serait peut-être mieux d'essayer de le faire bouger de là non ? Le faire descendre du bateau... Une espèce de diversion. Il n'y en aurait plus que deux dans le navire déjà...


Pas d'imprudence, pas de démonstration de bravoure inutile surtout. C'est juste mon instinct de poltronne qui parle.
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Roland de RivefièreComte
Roland de Rivefière



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MessageSujet: Re: [Quête] À Eaux-Risques !    [Quête] À Eaux-Risques !  EmptyMar 1 Oct 2019 - 15:01
La femme plus âgée ne combattait pas, ce n’était pas non plus une information tombée du ciel, cela semblait également évident, comme la plus jeune. Mais au moins, les doutes étaient levés et Roland savait à quoi s’en tenir. Cependant, elle proposait d’y aller seule, d’aller en éclaireur voir de quoi il retournait, de potentiellement négocier. Le noble restait dubitatif.

- « Je pense pas que ce soit la meilleure chose à faire, je doute très fortement qu’aujourd’hui, personne n’ose s’en prendre à une vieille dame, comme vous dites. L’homme a changé, en même temps que ces monstres… Ils sont aussi dangereux et sans pitié. Je ne peux pas vous laisser y aller seule, c’est hors de question. »

Il se rendait compte qu’il allait peut être trop loin, est-ce qu’il était en position de lui interdire quoique ce soit, est-ce qu’il avait des droits sur sa vie ? Non. Mais, c’était plus fort que lui, il était protecteur, puis les remords le confortaient encore plus dans cet esprit…

L’autre homme, le seul à ne pas avoir encore ouvert la bouche, répondit enfin. Il ne dit pas son nom, alors que tous s’étaient plus ou moins présentés, succinctement. Il parlait avec un fort accent, Roland n’avait pas l’habitude et dû tendre l’oreille pour comprendre et déchiffrer ses mots. Mais, au fond, il était du même avis que lui, ou presque. Il fallait mettre au point une stratégie, ne pas se jeter dans la gueule du loup sans savoir où ils mettaient les pieds.

Le batelier leur montra alors le navire en question, puis leur souhaita du courage, avant de les quitter. Du courage, il en avait, là n’était pas le soucis. Le bateau était grand, il pouvait renfermer tout et n’importe quoi. Il pouvait y avoir plus d’hommes que ceux définis par la servante apeurée. Pourquoi était-il encore à quai, pourquoi les pirates ne s’étaient pas enfuis avec le bateau réquisitionné ? Qu’est ce qu’ils attendaient, une demande de rançon pour l’employeur, cet Antoine ? C’était étrange.

Le groupe, positionné derrière les caissons en bois, avait en visu la sentinelle perchée sur le navire, alors qu’elle ne pouvait les apercevoir, pour le moment. Il fallait réfléchir vite à un plan d’actions et le mettre en œuvre, avant que les évènements évoluent. Flore pensait à une diversion, pourquoi pas.

- « Mais le risque d’une diversion, c’est que l’homme au lieu de descendre, se mette à alerter les autres… Comment agir… Je propose que nous avancions Magdalena et moi, vu que vous étiez volontaire. » Dit-il en regardant la vieille femme. « Flore, vous pourrez alors rester ici en compagnie de notre charpentier. À deux, nous serons moins visibles pour nous approcher discrètement du navire. »

Si la femme acceptait, Roland irait avec elle, ou bien il irait seul en éclaireur, cela n’avait pas d’importance. Il attendrait que l’homme sur le pont délaisse sa garde un instant, pour faire signe à la femme de foncer avec lui vers la prochaine cachette. Ainsi d’avancer, discrètement et rapidement, se dissimulant derrière les tonneaux, afin de se rapprocher du bateau et de l’homme, chercher à en voir davantage, sur ce qui surveillait dans ses sacs... ou à peut être entendre des paroles, des bruits… Comprendre d’une manière ou d’une autre ce qu’il se tramait ici…
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MagdaArtisan
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MessageSujet: Re: [Quête] À Eaux-Risques !    [Quête] À Eaux-Risques !  EmptySam 5 Oct 2019 - 4:18
Pour Magda, la situation était claire. Si lesdits pirates restaient sur place, c'est qu'il voulait quelque chose. Il faudrait être un bien piètre bandit pour ne pas prendre la monnaie et partir en courant... Pourquoi attendre et prendre le risque de se faire arrêter, ou pire, par la milice ? Ça n'avait aucun sens. Le groupe semblait imperméable à cette évidence, considérant que les attaquants se comporteraient à peine mieux que des animaux. Hé, vous ne faites pas meilleure figure à vouloir absolument jouer du couteau !

Derrière les conteneurs qui leur permettait de se dissimuler à la vue du navire d'Antoine, Magda ne tenait plus face au paternalisme des hommes du groupe et même Flore s'y mettait. Mais ce qui l'ennuyait le plus, c'était que tout le monde se trouvait le point d'agir en juges et bourreaux, et ça ne semblait pas déranger plus que ça. Ici, personne n'appartenait aux autorités. Ces décisions devaient se faire de concert, ou alors il s'agissait d'un règlement de comptes.

"Roland, commença Magda d'un ton concerné, ne vous inquiétez pas pour moi. Je connais très bien les monstres."
J'en étais un, et probablement pire que ces pauvres types que vous peignez comme des abominations.

Elle soupira, on voyait que la situation devenait très importante à ses yeux.
"Ecoutez-moi, je vous en conjure... Si ces pirates sont restés ici, c'est pour une raison. Ils gardent un otage, rappelez-vous, il s'agit de la priorité. Si ils sentent le moindre danger et qu'ils décident de le mettre en joue, la situation ne fera qu'empirer."
Elle jeta un coup d’œil à Meser, par dessus son épaule. A sa façon de voir, 'eux ou nous', elle sentait que l'homme serait prompt à tailler dans le vif sans faire de discernement.
"Nous ne sommes pas là pour tuer quiconque, seulement tirer Antoine de là. Puis on a aucune idée de leur nombre. Supposément, trois, mais le témoignage pourrait très bien être incomplet. Ce ne sont pas des Fangeux, et comme tous les hommes, ils souhaitent vivre. Ils savent très bien que la milice va arriver à un moment ou à un autre, donc les pourparlers sont ouverts. D'ailleurs, la piraterie à des codes, il paraît, et la condamnation est très connue : la pendaison."

Bien sûr, elle n'arrivera jamais à totalement convaincre l'un ou l'autre, mais au elle espérait influencer suffisamment les décisions pour éviter une manœuvre précipitée. Finalement, Magda évalua l'idée de Roland et proposa de couper la poire en deux.

"D'accord, mais ne faisons rien de trop brusque, on s'annonce et on voit de quoi il en retourne. Au pire, on recule. Il n y a pas beaucoup de moyens d'arriver à bord sans se faire remarquer, une passerelle, alors il sera facile de vous remarquer et ça sera la panique. Faisons leur savoir que la seule chose qui nous intéresse, c'est l'otage, pas leur vie. Le reste, c'est à la milice d'en décider."
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Meser GlasobrinAssassin
Meser Glasobrin



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MessageSujet: Re: [Quête] À Eaux-Risques !    [Quête] À Eaux-Risques !  EmptyDim 6 Oct 2019 - 22:08
Meser observe les uns et les autres en silence suite à son intervention. La remarque de la jeune femme concernant son patronyme ne lui soutire qu’un mince sourire, celui-ci inclinant simplement la tête et haussant les épaules. L’atmosphère si particulière du port n’est pas étrangère ni dérangeante pour le charpentier, celui-ci travaillant et vivant ici depuis des années et ayant grandi entre ses ruelles. Arrivé en visu du bâtiment maritime objet de la convoitise des pirates, l’assassin écoute les commentaires et remarques des uns et des autres, gardant sa vision des choses pour lui-même.

La venue de la milice est un facteur de stress pour le porteur de mort, ne souhaitant pas voir son corps brûler dans les flammes de la réprimande des puissants, celui-ci n’a guère envie d’être encore sur les lieux de la prise d’otages lorsque les gens d’armes arriveront. L’homme armé présent au sein de la petite troupe décide de s’avancer en compagnie de la plus vieille des femmes, laissant le charpentier aux yeux clairs en compagnie d’une donzelle fantasmant sur les pirates. Hochant lentement la tête en signe d’accord en direction celui qui répartit les rôles, l’assassin s’accroupit pour se cacher au mieux derrière les caisses de bois, saisissant sa compagnie par l’épaule pour lui intimer le même mouvement, un index devant ses lèvres pour prévenir toutes protestations, lui faisant par là signe de garder le silence.

Tandis que les deux s’avancent dans le but d’établir le contact avec les pirates, le porteur de mort surveille les alentours, guettant les ombres à la recherche de mouvements suspects, trahissant peut-être la présence d’autres pirates à l’extérieur du bateau ou pire, la venue de la milice. L’homme aux yeux bleus reste par ailleurs silencieux, essayant de tendre l’oreille pour capter des reliquats de discussions par-delà le ressac des vagues s’écrasant contre la jetée du port. Meser glisse négligemment sa main contre sa botte droite, surveillant alors la présence de sa dague, le couteau lui ayant servi à couper le bois dans la taverne ne pouvant pas traverser une armure. Simple précaution.

Le bouillon noir s’agitant sous le ponton attire de temps à autre le regard de l’homme aux yeux bleus, observant les différentes embarcations présentent dans le port, réfléchissant à s’enfuir par la voie des eaux en s’accrochant aux piliers de bois, ou s’approcher du bateau lui faisant face par en dessous, utilisant l’ancre pour monter à son bord. Toutes ces pensées restent silencieuses, le porteur de mort observant comment l’entrevu entre le pirate qui monte la garde et les deux inconnus va se dérouler.

Pour le Mj:
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