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 Les apparences

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Darius VortigernPirate - Capitaine
Darius Vortigern



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MessageSujet: Les apparences   Les apparences EmptyLun 20 Jan 2020 - 2:07
Darius aime les bordels. En cela, il n’est pas différent de bien des hommes. Un bordel, c’est la satisfaction garantie sans prise de tête. Il suffit d’avoir de quoi payer et hop! c’est réglé. Mais un bordel, c’est également la discrétion assurée. C’est le lieu parfait pour rencontrer des gens aux principes moraux douteux. C’est l’endroit où les tenanciers peuvent facilement être achetés parce qu’ils ont déjà peu ou pas de scrupules. Et c’est surtout pour ça que Darius aime les bordels — même s’il y trouve son compte de façon plus classique de temps en temps.

Cette fois, Darius a juste demandé la chambre. Il a besoin de parler à quelqu’un et ne peut vraisemblablement pas avoir cette conversation au beau milieu du quartier de la Hanse, en plein jour qui plus est. Darius ouvre un volet et jette un coup d’œil à l’extérieur. Le soleil est déjà bien haut dans le ciel. Il espère que son gars ne traînera pas trop. Il referme le volet.

La chambre empruntée est plutôt luxueuse, sans être semblable à celles des bordels que fréquentent les nobles, mais assurément plus jolies et confortables que celles des établissements des bas quartiers. Le lit est grand et les draps semblent soyeux. La décoration est simple, mais... suggestive, disons. L’ambiance est feutrée. Difficile de s’imaginer que quelqu’un ne fera rien d’autre que dormir ici. Mais bref.

Darius a fait apporter deux chaises. Il n’est pas là pour jouer avec l’une des charmantes demoiselles de l’établissement, mais bien pour régler un petit problème. D’ailleurs, ledit petit problème fait son entrée. La femme a les yeux bandés et est poussée brutalement par Nolan, l’un des hommes de l’équipage.

« J’l’ai trouvée, chef! déclare-t-il fièrement. J’l’ai fait monter où t’as dit, j’ai pas eu de problème. J’l’ai peut-être abîmée un peu, mais c’pas vraiment ma faute. Elle est un peu sauvage!

- C’est bon, je m’en occupe. Reste dehors devant la porte. »

Nolan acquiesce et sort, refermant derrière lui. Darius repose son attention sur la femme aux yeux bandés et la détaille sous la lueur feutrée de l’âtre. Ça semble être elle, oui, quoiqu’elle était plus corpulente la dernière fois qu’ils se sont vus. Ses cheveux ont peut-être un peu allongé, difficile à dire avec cette tresse. Elle lui semble plus belle aussi. Franchement, l’âtre ne les éclaire pas tant que ça, mais hors de question d’ouvrir les volets.

La voix de Darius, grave et calme, s’élève un peu plus loin. Le ton est maîtrisé et dur, mais pas hostile. Pas encore.

« Je te conseille de pas gaspiller ta salive pour essayer de crier, ça va passer inaperçu ici. »

Il n’a pas tort : la cacophonie qui règne dans le bordel n’est pas exactement subtile ou exempte de cris féminins de toutes sortes...

« Je vais rien te faire si tu me fais pas chier – si tu me fais pas plus chier. J’espère par contre pour toi que t’as de bonnes raisons pour expliquer pourquoi ton type est jamais venu avec la marchandise. D’excellentes raisons, même. »

Darius termine avec une « suggestion » :

« Enlève ton bandeau, t’as l’air complètement stupide. »
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Esméra de SibranBaronne
Esméra de Sibran



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MessageSujet: Re: Les apparences   Les apparences EmptyLun 20 Jan 2020 - 15:52
Cette sensation de déprivation. Et puis l'odeur de cet homme qui lui a sauté dessus comme la misère sur le pauvre monde! Evoquer la poigne grasse de son agresseur lorsqu'il posa sa main sur sa bouche pour l'emmener les Dieux seuls savent où est inutile. Elle sait qu'elle est grasse parce que elle a mordu cette main, sans ménagement, et qu'elle a parfaitement senti les habitudes alimentaires totalement discutables du gredin. Le soufflet qui a suivi, accompagné de la menace d'une lame blessant la peau fine et délicate de sa gorge ont suffi à la faire taire et à la tenir tranquille. Elle n'est pas idiote, elle sait quand le combat est perdu d'avance et elle n'a aucune chance face à un homme qui fait deux fois son poids et qui en plus la menace d'une lame qu'il sait visiblement fort bien manœuvrer. Elle n'a pas eu le temps de voir la rue dans laquelle elle a été honteusement enlevée, un bandeau sale lui cache la vue et c'est donc sous la contrainte qu'elle entre dans une résidence inconnue.

Il règne dans cet endroit une atmosphère étrange. Et des odeurs qu'elle ne parvient pas à distinguer. Elle perçoit pourtant parfaitement la sueur, si détestable. Les parfums aussi, lourds et capiteux, de quoi donner un mal de tête à n'importe qui. Il y a aussi la fragrance un peu rude des bougies de mauvaise qualité qui répandent une odeur de brûlé reconnaissable. On dirait un tripot mal famé. Elle tourne la tête dans tous les sens, se concentrant alors sur les bruits. Il y a des rires, aigus, forcés, masculins et féminins, une musique populaire, un peu à la semblance de ce que jouaient les paysans de Sibran lors des fêtes de village. Mais qu'est-ce donc que cet endroit, à la fin? La brute qui la pousse en avant n'a pas la prévenance de l'avertir de la présence de marches. Manquant de tomber, elle est rudement relevée pour se diriger à l'étage où d'autres bruits, parfaitement reconnaissables, ceux-là, retentissent un peu partout. Des bruits de jouissance surjouée, des hurlement qui n'ont parfois rien d'humain, les bruits sourds de luttes qu'elle devinait passionnées sur des meubles qui grincent énormément. Une fine goutte de sueur fait son apparition sur son front devenu livide.

- Rester calme. Rester calme., pensa-t-elle.

La brute lui a pris son arme. Elle se maudit intérieurement de ne pas avoir caché une arme supplémentaire dans sa botte alors que le gredin venait d'ouvrir une porte pour la pousser brutalement à l'intérieur d'une pièce où le "chef" attendait. Elle s'écroule au sol, le souffle court et les mains moites, se relevant en quatrième vitesse pour écouter cette voix grave qui vient de là bas, à l'opposé. Une voix qui lui conseille, à juste titre, de ne pas crier puisque de toute façon on ne l'entendrait pas.

- Tu m'étonnes...On se croirait à la foire aux bestiaux d'Hagerth un samedi matin…, pensa-t-elle encore

Faire une rapide analyse de ce qu'elle perçoit sous son bandeau. Elle est dans une pièce sans lumière vive et pourtant il y fait chaud. Elle tourne légèrement la tête vers la source de lumière diffuse, devinant un âtre. Or nous sommes à la mi journée donc l'inconnu a certainement du calfeutrer une potentielle fenêtre. Sa voix ne résonne pas comme dans le Temple, donc la pièce est plutôt petite. Quant à la porte, elle est gardée par une brute épaisse (et grasse). La situation est critique.

S'en suit alors un petit discours, sec et cassant à souhait, dont elle ne comprend pas le moindre mot. De quelle marchandise parle-t-il? De quel type? Elle ne peut s'empêcher de hausser un sourcil sous le bandeau, mouvement que l'inconnu pourra parfaitement voir avant de lui demander d'enlever cette entrave toute sale. Inspirer. Expirer. Obéir est la seule solution, pour l'instant.

Ôtant son bandeau, elle reste dans son coin, à observer, toute pâle, celui qui vient de lui parler. Un homme donc, plutôt jeune, à la mâchoire carrée, aux cheveux de cuivre et tout vêtu de cuir. Pas vilain garçon si on aime les crapules ténébreuses. A cette distance, impossible de voir la couleur de ses yeux mais elle ne peut que constater toute la dureté de ceux-ci. Elle ne l'a jamais vu et ne sait absolument pas qui il est. Quoiqu'il en soit, il n'a pas l'air de plaisanter et il faut absolument trouver le moyen de se sortir de là de manière honorable. Le monsieur, il s'est apparemment trompé de cible. Pas de chance pour lui. Et surtout pour elle.

Elle, elle se tient bien droite face à lui et roule le bandeau en une boule informe qu'elle applique sur sa gorge, là où Nolan a appuyé un peu plus fort que de besoin. Le tissu se teinte de sang, juste un peu. Elle grimace avant de murmurer, de sa voix toute douce et toute délicate, jouant le tout au culot:

- Si vous avez des soucis avec Etienne, vous devriez voir cela avec lui. Quoiqu'il en soit, je ne lui ai jamais demandé de fournir une quelconque marchandise à qui que ce soit. Et, si je puis me permettre…

Elle regarda la porte, puis le lit, encore la porte et enfin l'inconnu avant d'ajouter, sur le même ton:

- ...vous avez des manières déplorables. Puis-je savoir ce que je fais ici, au juste? Et quel est cet endroit, je vous prie? Qui êtes-vous?

Garder son sang froid, c'est important. Elle l'observe avec la plus grande attention. Lui, par contre, ne pourra pas vraiment avoir de doute. Le phrasé, la diction, le choix des mots et la tenue de qualité qu'elle porte, bien que masculine, ne pourront que lui indiquer le rang de la splendide femme qui lui fait face sans ciller. Une femme qui en train de serrer son petit poing sur le morceau de tissu qui sert à refermer une plaie à la gorge. Tout va bien. Tout va TRES bien. Garder son sang froid. Ne pas s'énerver. Pas tout de suite.
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Darius VortigernPirate - Capitaine
Darius Vortigern



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MessageSujet: Re: Les apparences   Les apparences EmptyMar 21 Jan 2020 - 5:48

La jeune femme ôte son bandeau. Darius plisse imperceptiblement les yeux. Un instant, ils s'observent mutuellement dans la pénombre. Elle se sert du bout de tissu pour essuyer quelque chose contre sa gorge – il devine alors que Nolan a été brutal et qu'il l'a un peu trop menacée de sa dague. Peut-être que c'était nécessaire. Peut-être pas. Dur à dire, parfois, avec lui.

Elle se met à parler. Elle a à peine dit quelques mots que Darius n'a qu'une pensée : Bordel. Cette femme n'est pas Lilianne. L'épouse du marchand de tissu ne parle pas comme ça. Ce n'est pas sa voix. Elle ne dit pas des cela et des si je suis me permettre. Elle ne reste pas aussi calme quand elle est avec lui – pas les premières minutes, en tout cas. Les premières minutes, elle tremble toujours comme feuille. Cette femme est calme, tellement calme qu'elle prend même la peine de lui reprocher ses manières. Malgré ce merdier, Darius ne manque pas de sourire en coin à cette affirmation. Cette femme est noble. Il le sait parce qu'il n'y a qu'une personne de cette classe pour songer à parler d'étiquette alors qu'elle est captive. Il le sait aussi parce qu'elle parle trop bien et, maintenant qu'il regarde bien, même ses vêtements d'homme trahissent ses origines. Saleté de con de Nolan. Il s'est trompé de cible.

L'inconnue pose un million de questions que Darius ignore. Il s'approche plutôt d'un pas lent et tranquille et s'arrête juste devant elle pour pouvoir mieux discerner son visage sous la lueur de l'âtre. Cette femme ne ressemble pas tellement à Lilianne maintenant qu'il peut la voir. Elle a des traits fins et élégants, de jolies lèvres rosées qui appellent au baiser, des yeux d'un bleu tirant vers le gris qui n'est pas sans rappeler celui de la mer. Elle est beaucoup plus belle que Lilianne et tout chez elle, malgré ces vêtements d'homme, hurle qu'elle n'est pas une paysanne ou même une bourgeoise. Et Nolan n'a rien remarqué. En plein jour. Bordel.

Après s'être attardé sur le visage de l'inconnue, Darius la regarde de haut en bas. Si elle est noble, que fait-elle dans une tenue pareille? Il ne connaît pas grand-chose à la noblesse, mais il en sait assez pour être au courant qu'une demoiselle noble, ça ne se promène pas en tenue d'homme au marché. Intrigant.
Darius délaisse un instant la jeune femme. Il entrouvre la porte et murmure quelques mots inaudibles, mais secs à Nolan. Nolan répond en râlant, Darius l'attrape par le collet et lui chuchote quelque chose hors de la vue de l'inconnue avant de le relâcher et de refermer la porte.

Le pirate revient vers la jeune femme et plante son regard clair dans le sien.

« Il y a eu erreur sur la personne, déclare-t-il le plus naturellement du monde, sur un ton probablement beaucoup trop léger pour les circonstances. J'ai pas de soucis avec Étienne. Avec toi, on verra, maintenant. »

Il affiche un léger sourire en coin. C'est une fâcheuse situation, mais peut-être y a-t-il quelque chose à en tirer. Peut-être peut-il obtenir quelque chose d'elle. Peut-être y a-t-il des gens qui sont prêts à payer pour la ravoir sauve. Les enlèvements prolongés, ce n'est généralement pas sa tasse de thé, mais là, le gros du travail est fait. Ce serait bête de laisser toute cette productivité aller aux oubliettes. À méditer.

« Je t'en prie, assieds-toi, ô noble dame, dit-il d'un ton exagéré en désignant l'une des chaises à sa captive avec ses manières déplorables. On va discuter un peu. »

Darius s'appuie dos à un mur avec nonchalance. L'inconnue veut savoir pourquoi elle est là, où elle est, qui il est. Elle ne saura évidemment rien. Pas pour l'instant, du moins.

« Je pensais que les demoiselles avec de belles manières se déguisaient pas en homme en général, lance-t-il moqueusement. C'est une nouvelle mode? Tu essaies de fuir des emmerdes, peut-être, dame?... Allez, si tu me dis ton nom, je te donne le mien. »
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Esméra de SibranBaronne
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MessageSujet: Re: Les apparences   Les apparences EmptyMar 21 Jan 2020 - 16:15
Vert. Il a les yeux vert. Elle peut sans difficulté le remarquer à présent qu'il est tout près. Il est grand. Avec de larges épaules. Il est inquiétant, un peu, surtout quand il sourit en coin comme il le fait là tout de suite. Pourtant, malgré toute son inquiétude, elle ne bouge pas d'un pouce. Pas question de montrer son effroi d'entrée de jeu. Car oui, bien entendu, qu'elle est effrayée, qu'est-ce que vous croyez? Elle ne sait ni où elle est, ni qui il est, ni ce qu'elle fait là, en compagnie de ce qu'elle devine être un voyou, un bandit. Séduisant, elle n'en disconvient pas, mais bandit tout de même. Elle ferma un instant les yeux avant de les relever vers le plafond, en pensant à Etienne. A Sophie. A Isabelle. Ils se fendraient très certainement d'un "JE T'AVAIS PREVENUE!" s'ils la voyaient en ce moment à la merci de cet homme étrange. Si elle en sort vivante ET en un seul morceau, il est évident qu'elle évitera soigneusement d'évoquer ceci. Enfin...On verra. En attendant, il est en train d'admonester cette brute épaisse de Nolan à la porte, elle peut le comprendre en voyant ses gestes brusques et en percevant les grognements de celui qui l'a enlevée. Elle profite qu'il a le dos tourné quelques instants pour observer la pièce rapidement. Par les Trois. Aucune autre issue que la porte, gardée, et une fenêtre, calfeutrée par un volet. Plissant les lèvres de dépit, elle reporte son attention sur le "chef" qui plante son regard directement dans le sien. Elle ne cille pas, elle soutient son regard avec une parfaite maîtrise d'elle même, avant de se diriger vers une chaise sur laquelle elle prend place, avec toute la grâce qui la caractérise.

- J'ose espérer que ce très déplaisant quiproquo en restera là. Je vous remercie de m'offrir si galamment une chaise après m'avoir fait traîner à travers le marché et les ruelles par un homme à l'hygiène perfectible. C'est positivement...charmant.

Elle retire le petit morceau de tissu de sur sa gorge et plante à son tour son regard de ciel gris dans celui de son ravisseur, esquissant enfin un sourire en coin, elle aussi.

- Pousseriez-vous la galanterie jusqu'à m'offrir un verre d'eau? J'ai du mordre votre homme pour qu'il me laisse respirer. Et j'ai un affreux arrière gout en bouche. J'aimerais le dissiper avant de...discuter, comme vous dites.

Une inspiration, profonde, avant de croiser ses jambes et de s'appuyer sur le dossier de la chaise. Voyons un peu de quoi il retourne exactement. Son instinct, vif et prompt à la répartie, ne pouvait rester en sommeil dans une telle situation. Face à un tel adversaire, il est clair que jouer la biche apeurée ne mènera à rien du tout. Elle le sent, elle l'entend à sa voix trainante, pleine de sous entendus. Elle a un vrai sourire, ravissant, à sa dernière remarque, déposant à nouveau le linge souillé de sang sur la plaie, ne le quittant pas des yeux une seule seconde.

- Je vous en prie...Que pouvez-vous savoir des belles manières, comme vous dites, vous qui n'hésitez pas à enlever une innocente dame au milieu d'une récréation avec ses amis? Mhhh?

Elle secoue la tête, la bouche en coin et dit, le coeur battant à tout rompre, d'anxiété:

- Je ne fuyais rien du tout, je me promenais, je m'amusais un peu. Quant à savoir qui je suis...Je m'appelle Sophie. Et vous? Qui que vous soyez, allez-vous me laisser partir? Je dois rentrer avant la nuit.

Bien entendu, elle n'allait pas donner son véritable prénom, elle n'est pas sotte non plus.
La tension semble monter d'un cran. Elle essaye de gagner un peu de temps. Peut-être que s'il est de bonne composition, il la laissera sortir et en restera là. S'il ne l'est pas par contre...Elle sait que le temps passe vite, elle aimerait quitter avant que ne tombe la nuit car c'est assez d'une aventure pour la journée, après tout et elle n'a pas envie DU TOUT de rester en ces lieux étranges où, à chaque silence, des cris de jouissance parfaitement indécents s'infiltrent dans la pièce, la plongeant dans une gêne qui, elle, est tout à fait perceptible. Au milieu de cette étrange et dangereuse situation, elle ne put s'empêcher de penser:

- Ce n'est pas possible, ils jouent tous la comédie...Est-il possible de hurler de cette manière enfin…

Dissimulant sa gêne sous une inspiration parfaitement mesurée et contrôlée, elle ajoute, tout en le regardant à nouveau:

- Je vous promets de ne jamais évoquer tout ceci devant qui que ce soit si vous me laissez partir. Vous avez ma parole.

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Darius VortigernPirate - Capitaine
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MessageSujet: Re: Les apparences   Les apparences EmptyJeu 23 Jan 2020 - 1:27
Les jours défilent et ne ressemblent pas dans la vie de Darius. Le coup de j'ai-kidnappé-la-mauvaise-personne-parce-que-je-sais-pas-regarder-et-il-se-trouve-que-j'ai-ramené-une-petite-noble-dotée-d'un-sens-aiguisé-de-la-répartie, c'est bien la première fois qu'on lui fait. Il n'est pas exactement heureux de la perte de temps – loin de là - , mais bon, dix points pour l'originalité. L'inconnue, en plus d'être jolie à regarder, a aussi le mérite d'être assez divertissante dans les répliques ironiques ou sarcastiques qu'elle lui oppose. Comme quoi il y a du positif dans chaque situation.

« Il faut lui pardonner, il a oublié de prendre son bain annuel », rétorque-t-il aux remarques de la jeune femme.

Comme il est évidemment des plus galants, Darius s'éloigne dans la chambre afin de se saisir de la cruche laissée à disposition pour les invités et verser un gobelet d'eau à l'inconnue. Il se rapproche alors d'elle pour le lui tendre avec une déférence bien trop surjouée pour être sérieuse. Il la regarde dans les yeux et elle se permet de soutenir son regard, voire de lui offrir un sourire ravissant. Elle a peur, il le sent, mais elle le masque à la perfection. Elle joue un rôle. Le rôle de Sophie, une simple noble dame qui s'amusait avec ses amis avant d'être sauvagement enlevée par un malotru à l'hygiène douteuse. S'appelle-t-elle réellement Sophie? Darius n'en sait rien. Pour l'instant, ça n'a pas de réelle importance.

Je dois rentrer avant la nuit. Darius ne peut s'empêcher de ricaner. Si vous pouviez me libérer avant le coucher du soleil, ce serait bien... Voyez-vous, on sert du gigot d'agneau ce soir, je dois absolument être là! Cette femme est entre les mains de criminels qui pourraient très bien la tuer et elle s'inquiète de ne pas être rentrée le soir venu... À chacun ses priorités!

« Dorian », commence-t-il par se présenter.

Darius reprend son appui contre le mur, cette fois, beaucoup plus près d'elle. Il secoue la tête avec un air faussement embêté.

« Ah, tu sais, Sophie, ma vie serait beaucoup plus simple si je pouvais croire tous ceux qui me donnent leur "parole". Tu vas finir par sortir, t'inquiète. C'est juste que c'est pas toi qui vas décider quand. »

Le mur contre lequel Darius est appuyé reçoit un gros coup, puis plusieurs coups bruyants et successifs accompagnés de gémissements qui laissent peu de place à l'imagination quant à ce qui se passe dans la chambre d'à côté. Imperturbable, Darius continue de fixer sa captive dans les yeux. Est-elle mal à l'aise? Probablement. Un rien choque les nobles dames, alors une telle effusion de cris de jouissance a certainement de quoi troubler son interlocutrice.

« À moins que tu aies une proposition à me faire? la questionne-t-il d'un air interrogateur amusé. Tout s'achète dans la vie... y compris ta liberté. Tu dois bien avoir quelque chose à marchander. »

Darius hausse les épaules et s'approche de Sophie. Il tend tranquillement une main vers le tissu qu'elle utilise pour couvrir sa plaie et le soulève pour voir la blessure. De son index, il fait lever le menton de la noble avec douceur pour mieux voir la petite plaie à la lueur de l'âtre. Ce n'est presque rien, mais Nolan aurait sûrement pu éviter. Petit barbare, va.

« Et ce serait dommage que tu sois pas de retour chez toi avant la tombée de la nuit, non? », souffle-t-il en reposant son regard dans celui de Sophie.
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Esméra de SibranBaronne
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MessageSujet: Re: Les apparences   Les apparences EmptyJeu 23 Jan 2020 - 10:42
Dorian. D'accord. Rien ne garantit que cela soit son vrai prénom et après tout, elle s'en fiche. La question n'était que pure rhétorique, pure convenance habituelle, elle n'a pas particulièrement envie d'en savoir davantage sur sa personne. Elle l'observe avec la plus grande des attentions alors qu'il lui offre fort courtoisement un gobelet d'eau qu'elle boit à petites gorgées. Elle avait la gorge sèche et la chaleur de cette pièce calfeutrée de toutes parts n'avait rien arrangé à la situation.

- Merci Dorian.

Gardant le verre d'une main posée sur son genou, elle écoute son ravisseur, tout en mesurant sans difficulté la portée de ses paroles et fronce les sourcils. Cet air de comédie...Sa main serre avec un peu plus de poigne le petit gobelet qu'il venait de lui donner.

- Quand je donne ma parole, je ne la reprends pas. En tout cas, ce n'est pas dans les habitudes de la noblesse. Mais, en effet...Que pourriez-vous savoir de la noblesse, vous? Mhhh? Ce n'est pas un mot qu'on lance dans une conversation, c'est aussi...une façon de vivre et de traiter les autres.

Elle le regarde de la tête aux pieds avant de détourner le regard et de le poser sur la fenêtre, tout sourire ayant disparu de son visage. La fenêtre. Le volet. Peut-être a-t-il laissé le loquet ouvert? Peut-être y a-t-il un moyen de se sauver par là? Elle ne se souvient plus du nombre de marches qu'elle a escaladées mais elle n'a rencontré qu'un seul palier. Peut-être que la hauteur est tout à fait abordable pour quelqu'un qui a l'habitude de s'exercer et qui pourrait donc se réceptionner au sol sans trop de mal? Inutile de songer à la porte. Le gros Nolan n'a pas bougé. Une confrontation directe avec Darius ne donnerait rien non plus, elle en est parfaitement consciente. Il est bien trop massif pour qu'elle songe un instant à gagner un face à face. Quoi que...un coup de genou bien ajusté là où il faut...Il y a peut-être un espoir.

A un coup plus fort que les autres, elle sursaute, déviant le regard à nouveau vers Dorian, vers ce mur, amplificateur de sons qu'elle aurait préféré ne pas entendre. Cela n'a pas l'air de le déranger, lui. Elle, par contre, n'a pas du tout l'habitude de les entendre, astreinte à une vie solitaire qui n'est troublée d'aucune aventure. Etienne est d'un discrétion absolue sur ce point, tout comme l'est Sophie. Ce n'est pas un sujet dont on parle, en la demeure d'Esméra. Ne pas en parler ne veut pas dire qu'il n'est pas permis d'y songer et bien entendu, une femme telle que la baronne ressent parfois une solitude terrible qu'elle comble par l'exercice, de jour, parfois de nuit dans les couloirs de sa demeure, troublant le repos de ses gens par des courses effrénées qu'elle ne cesse que lorsque l'épuisement la gagne, l'empêchant de songer à tout autre chose qu'à son lit. Elle dissimule son embarras en buvant une nouvelle gorgée d'eau, le rose aux joues. Il lui est difficile de cacher son malaise. Surtout face un homme tel que lui. Un homme tout court.

Un hoquet de surprise manque alors de lui faire rendre la petite gorgée d'eau qu'elle a en bouche.

- Je vous demande pardon? Marchander...?

Elle pâlit, elle le sent, même si lui ne le verra probablement pas à cause de la luminosité insuffisante de la pièce. Et c'est bien pire encore lorsqu'il approche et qu'il fait preuve d'une véritable douceur, de quelques égards surprenants. Il y a là dessous une menace à peine voilée, même dans ce geste presque tendre. Cela aussi, elle le ressent. Les paroles du bandit sont équivoques et lourdes de sens. Il est évident qu'elle ne sortira pas de cet endroit sans avoir donné autre chose que sa parole, ce à quoi elle se refuse catégoriquement. Il n'est absolument pas question de céder quoi que ce soit. Il doit bien y avoir une solution, un moyen de détourner son attention et d'en profiter pour s'enfuir. D'un geste aussi doux que celui du bandit, elle détourne le visage pour rompre le contact et se lève, pour se diriger vers la fenêtre, le verre à la main. Il suffit. Il faut se reprendre et vite. Calmer ce coeur qui bat trop vite à son goût.

- Je crois que vous ne mesurez pas très bien à quel point...à quel point vous êtes probablement plus riche que moi. Si vous croyez que je me vautre dans l'or tous les jours, vous vous trompez lourdement. Noblesse ne rime pas forcément avec richesse même si, je l'admets, nous vivons dans de fort belles demeures, au plus bel endroit de cette cité, en toute sécurité.

Un coup d'oeil au volet. Rapide. Quelle chaleur, dans cette pièce.

- A quel prix évaluez-vous donc cette liberté? Je suis prête à vous laisser le peu d'argent que je possède si cela vous agrée.

Elle a des économies, bien entendu. Pas de quoi vendre du rêve, rien de transcendant, mais cette petite somme a au moins le mérite d'exister. C'est un bandit, l'argent ne peut que l'intéresser, après tout. Esméra lève un regard plein d'espoirs sur Dorian tout en approchant subrepticement de la fenêtre, d'un air tranquille.

- Nous pourrions mettre un terme à cette affaire par un échange en bonne et due forme. Je vous donne cet argent, vous me laissez partir. Fin de l'histoire.

Bien que cela ne lui plaise pas le moins du monde de laisser cet argent gagné en le soutirant des amoureux éconduits, elle préfère cela à une quelconque atteinte à son intégrité physique, chose qui la terrifie le plus en ce bas monde. Puis...il suffira de repartir en chasse, séduire un peu pour obtenir beaucoup, ce ne sont pas les gros gibiers qui manquent, sur l'Esplanade, après tout. Même si le procédé est affreusement discutable et ne la distingue en rien de son ravisseur, c'est le seul moyen qu'elle ait jamais trouvé pour conserver sa liberté tout en obtenant ce qu'il faut pour qu'elle puisse vivre en paix avec ses serviteurs. A la réflexion...elle n'est jamais, elle aussi, qu'une voleuse au sourire d'ange et aux manières impeccables. Les temps sont rudes, surtout pour une femme seule, après tout et la faim justifie les moyens, même s'ils sont moralement douteux.

- Qu'en pensez-vous Dorian?
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Darius VortigernPirate - Capitaine
Darius Vortigern



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MessageSujet: Re: Les apparences   Les apparences EmptyVen 24 Jan 2020 - 3:17
Les nobles, des gens de parole... Darius ne se retient même pas de rire. Il n'évolue peut-être pas dans l'univers mondain, mais il en a bien assez vu de ce dernier pour connaître l'hypocrisie des hommes et des femmes de sang bleu. Les nobles sont de vrais serpents, des experts dans l'art de planter un couteau dans le dos de ceux qui leur accordent leur confiance. Certains d'entre eux sont même de véritables criminels en puissance. Ils ne sont en rien mieux ou plus honnêtes que des brigands comme lui. Ils parlent juste mieux et ont de plus beaux vêtements. C'est tout. Elle ne manque pas d'humour, Sophie.

« Bien sûr, bien sûr », rétorque-t-il, le ton ouvertement moqueur.

Darius suit le regard de Sophie. Elle semble s'intéresser à la fenêtre. Qu'espère-t-elle? Réussir à sauter par là? Elle n'est pas particulièrement grande, mais tout de même. Elle resterait sûrement coincée ou finirait par réussir à s'extirper après un moment... uniquement pour se casser la jambe en tombant lourdement sur les pavés. Le désespoir donne parfois de bien drôle d'idées.

Sophie revient vers lui lorsque les ébats de l'homme et de la catin deviennent plus... passionnels, disons-le comme ça. Elle est mal à l'aise, Darius le voit bien maintenant. Le rose lui a monté aux joues. Elle ne fait donc pas partie de ces nobles dames dépravées qu'il a pu surprendre au détour d'une aventure. Elle est de celles qui ont de la pudeur, qui ne connaissent peu ou pas grand-chose des plaisirs de la chair. Elle est sans doute terrorisée rien qu'à l'idée d'être dans un bordel. Il n'est pas certain de ce qui l'effraie le plus : être dans un milieu de catins ou être à la merci d'un bandit...

Darius propose à Sophie de marchander, non sans prendre le temps de vérifier la blessure infligée par Nolan. La jeune femme se détourne et se dirige vers la fenêtre. Le pirate vient la retrouver d'un pas tranquille. Même s'il doute très fortement qu'une tentative de fuite se solderait par un succès, il est méfiant. Il l'avertit même du regard. Reste tranquille et tu sortiras. Une fois notre discussion terminée.

La noble lui propose de l'argent, même si, selon ses dires, elle n'en a pas réellement. Elle croit qu'il plus riche qu'elle, qui ne roule pas sur l'or. Elle n'a donc plus grand-chose. Darius en déduit qu'elle ne fait pas partie des nobles natifs de Marbrume – ce sont les seuls qui peuvent prétendre à une véritable richesse quelconque. Elle se dit qu'elle est veuve ou qu'elle n'a jamais été mariée – quel genre de mari noble laisserait sa femme traîner en vêtements masculins au marché, quel genre d'homme ne ferait pas surveiller un minimum son épouse alors qu'elle est d'une beauté rare et qu'elle risque de faire de mauvaises rencontres? Petit à petit, Darius commence à dresser un portrait de son interlocutrice. Il peut se tromper, mais il est en général plutôt perspicace. Il y a quelque chose à tirer d'elle. Il le sent.

« Ce que j'en pense? répète-t-il en s'arrêtant près d'elle. À t'écouter, j'en pense que tu aurais probablement intérêt à apprendre à marchander. Il n'y a pas que l'argent qui a de la valeur. En fait, de nos jours, l'argent vaut plus grand-chose pour la plupart des gens. Même pour des nobles comme toi. »

Darius l'étudie un instant.

« Laisse-moi te poser une question, Sophie : tu fais comment pour survivre? T'es visiblement pas contrôlée par un homme, alors... tu dois bien offrir quelque chose pour continuer à vivre. Même avec une demeure prêtée par le roi, c'est pas gratuit, être noble. Et tout a un prix. »
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Esméra de SibranBaronne
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MessageSujet: Re: Les apparences   Les apparences EmptyVen 24 Jan 2020 - 10:25
Ce rire. C'est horriblement vexant. Même si elle a du mal à comprendre pourquoi il rit de la sorte, elle doit bien admettre, en son fort intérieur, que la moquerie est certainement toute indiquée, surtout quand elle évoque la parole donnée. C'est vrai. Les nobles sont des requins, elle est la première à l'admettre et à les éviter soigneusement, pour tout un tas de raisons qui lui sont personnelles. S'ils sont à la semblance de son défunt époux, il est bien évident qu'elle va persister dans cette attitude qui consiste à esquiver, paraître sans être vue, parler sans qu'on l'entende. Même si elle est d'un naturel doux, aimable et gentil, elle même doit parfois recourir à des extrémités regrettables pour parvenir à ses fins, malheureusement. Il n'y a pas de place en ce monde pour les faibles. Or, quand on est une femme, seule, sans parent, sans famille et sans réel appui...on fait comme on peut avec les moyens dont on dispose, quitte à mettre la morale dans sa poche et fermer les yeux. C'est tout. Cela ne fait pas d'elle pour autant un être peu recommandable. Surtout qu'elle est parfaitement sincère quand elle donne sa parole. Mais bon, s'il préfère en rigoler, tant pis pour lui.

Elle rougit jusqu'au yeux à son avertissement silencieux et tousse pour se donner une contenance. Flûte. Il a perçu la manoeuvre. Inutile de persister de ce côté là. Elle dépose le gobelet qu'elle tenait encore dans sa main et croise les bras sur sa poitrine, gardant dans sa main le petit morceau de tissu qui servait de pansement de fortune. Autant se raccrocher à quelque chose car elle se sent totalement démunie. Le revoilà tout près, elle se retient de faire un pas en arrière. Il a le contrôle sur tout, ça ne sert à rien de tenter quoi que ce soit.

- On ne nous apprend pas spécialement à marchander, vous savez. Je fais avec ce que j'ai et si ça ne vous plaît pas, tant pis, je n'ai rien d'autre à offrir de tangible.

Au bout d'un moment...Flûte. On dirait qu'il cherche à la pousser dans ses retranchements et c'est malheureusement efficace. Et facile face à un être qui n'a plus aucun moyen de défense. Sa seconde remarque lui fait relever la tête et fixer Darius d'un air mauvais. Vraiment mauvais. Le genre de regard qui précède souvent une gifle. D'ailleurs, il peut voir qu'il a touché un point on ne peut plus sensible à sa façon de se maîtriser, un léger tremblement d'indignation secouant son corps en entier.

- Le jour où vous, les hommes, comprendrez que contrôler une femme c'est se condamner, vous aurez évolué. En attendant...Personne ne me contrôle, cracha-t-elle soudain, littéralement indignée, en effet, et je fais tout pour que cela reste de même. Quant à mes moyens de survie, ils ne regardent que moi, pour qui vous prenez vous au juste? Mhhh?

Là, elle fait un pas en arrière et décroise les bras. Non, elle n'expliquera pas. Non, elle ne lui dira pas que, in fine, elle ne rien de plus que ce que font ces dames d'à côté, sans donner son corps en retour. Non, elle n'expliquera pas, c'est son secret, son seul moyen de vivre correctement sans devoir être le sous-fifre d'un bonhomme qui l'engrossera pour avoir un héritier et qui la reléguera ensuite parmi son mobilier au même titre que son cheval, son chien ou son coffre à chemises. Il n'est absolument plus question de vivre comme ça. Et avouer à un gredin comme Dorian sa façon de faire serait se mettre irrémédiablement à sa merci, à moins...Elle se tut, une idée germant dans son esprit. Elle en regarde le bandit d'un autre oeil, réfléchissant à toute vitesse.

- Et si...Et si je faisais en sorte de vous introduire là où vous ne pourriez jamais vous rendre sans moi? Mhhh?

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Darius VortigernPirate - Capitaine
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MessageSujet: Re: Les apparences   Les apparences EmptySam 25 Jan 2020 - 1:22

Darius a touché un point sensible chez son interlocutrice et il peut le voir dès qu'il a fini sa phrase. Le regard de Sophie s'assombrit, devient pratiquement meurtrier. Son corps est secoué d'un léger tremblement de colère. Darius la regarde, impassible. Il attend l'explosion et celle-ci ne tarde pas à venir, la jeune femme lui crachant son indignation au visage. En l'écoutant, il lui semble qu'elle s'est sentie insultée bien facilement. Les femmes nobles sont à la merci de leur mari, encore plus que les femmes du peuple, qui, au-delà de faire des enfants à leur époux, ont parfois aussi un métier. La plupart de celles qu'il a vues ont été éduquées pour être belles et se taire, pour donner des héritiers, pour ne pas savoir faire grand-chose d'autre que des broutilles inutiles à leur survie en ce monde. Or, il a devant lui une demoiselle plutôt impétueuse, capable s'aventurer au marché déguisée en homme et d'amasser quelques pièces d'une manière ou d'une autre pour assurer sa survie. Il n'a pas dit qu'elle devait être contrôlée. Il veut savoir ce qu'elle fait pour continuer à ne pas l'être. Il ne pense pas qu'elle vende ses charmes, non, elle affiche beaucoup trop d'embarras et de pudeur face aux activités du bordel pour cela. Ce serait pour elle une solution facile – elle est extrêmement belle et beaucoup d'hommes seraient prêts à se damner pour partager sa couche. Mais elle fait autre chose. Quelque chose de plus subtil, de plus insidieux, de plus intelligent. Darius aimerait bien savoir quoi. Sophie ne l'entend toutefois pas de cette oreille. Elle ne veut pas révéler ses secrets.

Sophie lui fait alors une proposition. Darius arque un sourcil. Elle lui suggère de l'introduire là où, selon elle, il ne pourrait jamais se rendre sans elle. Que veut-elle dire exactement? Ses propos sont vagues et elle parle sans vraiment savoir dans quel genre d'affaires il trempe. Malgré tout, l'idée pourrait avoir du potentiel. Avant de s'y attarder, Darius juge toutefois bon de remettre les pendules à l'heure avec sa captive.

« À voir, dit-il, comptant revenir sur le sujet dans quelques secondes. Mais avant toute chose, sache que je te posais pas ma question pour t'insulter, Sophie. Plutôt le contraire. C'est pas tous les jours que je vois une noble relativement indépendante, alors je me demandais comment tu faisais pour t'en sortir. J'insinuais rien de particulier. Chacun survit à sa manière ici, de toute façon. »

Darius hausse les épaules et s'appuie de nouveau contre le mur en croisant les bras.

« C'est juste qu'on a parfois plus d'options qu'on le pense. »

Les lèvres de Darius s'étirent en un lent sourire en coin. Le pirate laisse s'installer un bref silence. Dans la pièce d'à côté, les amants continuent de s'ébattre avec une intensité renouvelée. Ils ne sont pas près d'avoir terminé, ceux-là. Et maintenant, la chambre de l'autre côté semble aussi être occupée. C'est qu'il est populaire, ce bordel.

Darius regarde Sophie dans les yeux, puis donne un léger coup de menton dans sa direction pour l'encourager à parler.

« Explique-moi concrètement ce que tu as à me proposer, réclame-t-il. Je suis tout ouïe. »
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MessageSujet: Re: Les apparences   Les apparences EmptySam 25 Jan 2020 - 15:03
Voilà qui ressemble presque à des excuses. Presque. Elle battit des cils, de surprise, avant d'opiner de la tête aux paroles de Dorian. Elle sait très bien que les nobles dames de l'Esplanade ne courent pas les rues déguisées en homme, elles font des affaires, à leur niveau, complotent un peu parfois, mais restent généralement dans les cadres stricts autorisés par leurs époux. Les complots ne sont jamais de grande envergure, les affaires qu'elles mènent ou concluent sont totalement sous tutorat de leurs maris, bref, elles n'ont qu'une illusoire indépendance financière, in fine. Esméra est différente. Elle utilise les hommes, leurs bas instincts, leurs désirs coupables pour obtenir ce qu'elle veut sans que quiconque n'ait jamais quoi que ce soit à y redire. Aucun de ces messieurs ne peut se vanter d'avoir pu entrer dans sa chambre. Aucun. L'exemple donné par son époux et sa soeur lui ont donné assez de leçons à ce sujet pour qu'elle puisse conserver sa liberté et sa réputation tout en obtenant ce qu'elle veut. La séduction poussée au rang d'art de vivre. Tout est négocié puis rétribué. La main qu'elle abandonne, le mouchoir qu'elle laisse tomber, les regards remplis de passion feinte...Il ne lui fallait pas grand chose pour mettre ces messieurs en émoi. Ces pauvres soupirants condamnés à noircir les plafonds de leurs plaintes respectueuses ne sont jamais que des instruments, des jouets. De belles grosses tirelires dans lesquelles elle puise afin de survivre, de payer ses robes, entretenir ses domestiques, garder un certain train de vie digne.

Même si elle sait que le jour viendra où la pression sera trop forte et qu'elle devra prendre un nouvel époux, elle profite de ces jours heureux où, maîtresse de son destin, elle s'affiche en homme pour le plaisir, se bat parfois, perd souvent mais non sans avoir ressenti cette sensation délicieuse au creux de son ventre, celui de l'inconvenance maîtrisée, ce sentiment de vivre ce qu'elle aurait du vivre il y a de cela des années et dont elle a été si privée. Le pauvre fou qui en fera son épouse risque fort de s'en ronger les sangs. A moins qu'il ne soit à sa semblance, un esprit libre prêt à toutes les aventures. Cela étant, le débat n'est pas là, en ce jour étrange où, très justement, elle vit une de ces aventures dont elle a tant besoin.

- Les options, pour les femmes telles que moi, ne sont pas nombreuses. Il suffit de s'en créer de nouvelles, avec les moyens dont on dispose.

Elle esquisse enfin, pour la première fois, un réel sourire presque sympathique pour son ravisseur comme si, une fraction de seconde, il était sur la même longueur d'onde qu'elle.

- Si j'ai bien compris, et compte tenu de ce malheureux malentendu qui m'a amenée en ces lieux, on ne peut pas dire que vous soyez dans un négoce des plus officiels. Enlever des gens en plein jour pour les amener dans de pareils endroits afin de réclamer et menacer ne font pas de vous un commerçant traditionnel. Ce qui m'amène à penser que vos activités rejoignent plus...celles des gredins de tous poils que celles des honnêtes marchands. Me trompe-je? Donc, je suis disposée à...

Un sourire et des paroles qui se dissipent aussitôt que le bruit des chambres doublent d'intensité, ce qui ne manque pas de la mettre à nouveau très mal à l'aise.

- Dorian, par les Trois, pourrions-nous discuter de tout ceci dans un endroit plus...moins...enfin vous voyez? J'ai du mal à réfléchir avec de tels...cris d'animaux. A croire qu'on est en train d'égorger un veau dans cette chambre...ça me gêne beaucoup.

Il n'y a aucune honte à l'avouer, après tout. Les joues toutes rouges, elle triture ses mains tout en regardant le gredin qui, lui, semble très bien le vivre. Comment peut-il seulement être tout ouïe avec un tel vacarme?
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MessageSujet: Re: Les apparences   Les apparences EmptyDim 26 Jan 2020 - 5:06
Les options, pour les femmes telles que moi, ne sont pas nombreuses. Ces paroles arrachent un sourire en coin à Darius. Il a parfois du mal à comprendre les femmes nobles – bon, les femmes tout court, mais surtout celles qui sont nobles. Ce n'est pas la première fois qu'il a l'occasion de constater qu'elles semblent se sentir prisonnières de leur vie, qu'elles n'en aiment pas grand-chose et qu'elles rêvent d'autre chose. Darius se demande toujours pourquoi elles ne font rien pour en changer, pourquoi elles ne fuient pas leur résidence de l'Esplanade pour repartir à neuf. Il sait que c'est facile à dire, qu'il faut beaucoup de volonté et encore plus de courage pour tout plaquer. Mais ça reste une option, une option que les femmes telles qu'elles ne voient souvent pas et qu'elles ne veulent pas voir. Par crainte de sortir de leur zone de confort? Par peur de se retrouver plongée dans monde beaucoup plus laid et dur que celui qu'elles ont connu jusque-là? Par terreur de ne pas s'en sortir parce qu'il leur manque des compétences de base pour réussir à survivre en ce bas monde? Darius l'ignore. Ce qu'il sait, par contre, c'est que les options existent.

Sophie exprime à voix haute ce qu'elle a déduit de la situation. Elle est sur le point d'apporter des détails à sa proposition lorsqu'elle s'arrête. Darius la regarde calmement, interrogateur. Elle lui fait alors clairement part de son malaise vis-à-vis des activités se déroulant dans les chambres voisines et lui demande de discuter ailleurs. Il la considère un instant Ses joues sont rosées, elle joue un brin nerveusement avec ses mains. Sa pudeur a quelque chose de mignon.

« J'aimerais bien te dire oui, Sophie, mais la réponse à ta question, c'est non, malheureusement, répond-il. Ça me gêne pas particulièrement, mais dis-toi que si je pouvais éviter d'entendre l'autre porc en train de couiner à côté, je choisirais cette option-là. Compte-toi chanceuse de pas l'avoir vu. Tu t'évites des cauchemars. »

Malgré tout, Darius se dirige vers la porte et l'entrouvre pour parler à Nolan. Ils échangent quelques paroles à voix basse. Darius acquiesce et revient vers Sophie.

« Il lui reste apparemment une dizaine de minutes avant que son temps soit écoulé », annonce-t-il à Sophie.

Darius tend l'oreille, comme pour écouter ce qui se passe dans l'autre chambre.

« Ceux-là vont être relativement tranquilles. Cette catin-là a moins tendance à surjouer que l'autre. »

Il hausse les épaules. Il a l'habitude, lui, et il connaît assez bien l'endroit et les filles pour évaluer la situation. En tout cas, il paraît être au courant.

« C'est pas idéal, mais il va falloir faire avec, Sophie. Mais promis, la prochaine fois que je t'enlève par erreur, j'essaie de t'emmener dans un endroit plus distingué. »

Il sourit moqueusement, mais pas méchamment.

« Pour revenir à ce que tu disais, non, il est évident que tu te trompes pas. Je fais du commerce... alternatif, disons ça comme ça. Sachant ça, tu es disposée à?... Je t'écoute. Essaie de les ignorer. »
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Esméra de SibranBaronne
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MessageSujet: Re: Les apparences   Les apparences EmptyDim 26 Jan 2020 - 16:46
- Je vous crois sur parole.

C'est tout ce qu'elle put répondre à son ravisseur alors qu'il dépeignait le client de la chambre d'à côté comme un porc. Elle porta sa main à sa gorge autant pour vérifier que la plaie ne saigne plus que pour resserrer, pudiquement, le col de sa chemise d'homme, dans un geste qu'elle ne put réellement contrôler. Il devait être à la semblance d'un tel animal, en effet, pour émettre des sons pareils, oscillant entre l'essoufflement rauque du boeuf et la plainte du porc qu'on égorge. Elle eut une pensée émue pour la femme qui devait partager sa couche. Par les Trois, quelle horreur…

C'est décidément un monde dont elle ignore tout. Elle eut une autre pensée, bien plus émue cette fois, pour la petite fille rencontrée au bal royal, la fille du comte de Beauharnais, si jolie enfant qui avait du rôder dans un pareil endroit pour subvenir à ses tous petits besoins. La petite fille lui avait confié son secret sans arrière pensée, divulguant l'information avec toute la naïveté conférée par l'enfance. Le coeur d'Esméra se serra à l'évocation de cette si jolie et aimable petite, obligée d'écouter de pareilles horreurs, sans parler de ce qu'elle a du voir. C'est un miracle qu'elle soit restée saine d'esprit.

Si c'est une découverte dérangeante pour la baronne, cela semble ne pas en être une pour le grand Dorian qui évolue dans la pièce comme un poisson dans l'eau, semblant connaître les habitudes et façons de procéder de chacune des pensionnaires de cet endroit. Elle le regarda avec une certaine curiosité. Est-ce donc un principe moral, chez les hommes, de ce rendre dans un bordel et d'afficher sa connaissance des lieux avec une pareille désinvolture? Son défunt mari ne lui avait pas caché ses aventures dans le lupanar le plus sordide de Sibran, pour la punir de sa réserve et du manque de plaisir qu'elle lui apportait. Elle éprouvait une honte infinie de succéder à ces dames à la chevelure rouge, aux lèvres teintées et aux joues poudrées de blanc de céruse. Le moyen, aussi, d'apporter un peu de jouissance à quelqu'un qu'on déteste cordialement et qu'on souhaiterait voir se balancer au bout d'une corde au gré du vent, les yeux servant de repas aux corneilles...Quelqu'un qui a fait de votre vie un enfer en vous écrasant quotidiennement et qui brise chacun de vos espoirs avec l'absolue autorité d'un maître sur son esclave. Elle baissa les yeux. Oui...Apparemment, tous les hommes sont comme ça. C'est d'une tristesse infinie.

- La prochaine fois, c'est moi qui vous ferai venir. Je ne mettrai plus jamais un pied ici.

Elle secoua la tête et prit la direction de la chaise qu'elle occupait tout à l'heure pour y reprendre place, dos droit, jambes croisées, le regard sérieux posé sur le gredin là-bas. Il semble que cela se calme enfin, elle a entendu - et comment ne pas hausser les yeux au ciel - le cri annonciateur d'une délivrance typiquement masculine puis un silence - enfin -, rompu par les bruits de personnes qui font craquer le plancher en marchant dessus, sûrement les occupants qui se rhabillent.

- Bien, maintenant que Monsieur Porc a terminé ses cochonneries, discutons.

Elle tendit la main et l'invita à s'asseoir. Le comble quand on sait que c'est elle qui est retenue captive en cet endroit.

- J'ignore tout du commerce et je n'ai pas grandes notions de marchandage, comme vous avez pu vous même vous en apercevoir. Cela étant, j'ai des yeux pour voir et des oreilles pour entendre. Or, ce que j'ai vu et entendu ici me confirme que vous êtes loin d'être un marchand conventionnel. Quel est votre spécialité? Le rapt avec rançon? Le vol? Le marché noir? Parce que dans tous les cas, j'ai de quoi vous fournir ce dont vous avez besoin voire plus.

Elle n'arrive pas à croire qu'elle est en train de dire ce qu'elle dit là en ce moment. Tant pis. La fin, les moyens, elle n'a pas vraiment l'opportunité de faire la fine bouche et elle veut rentrer chez elle indemne. Pour les conséquences on verra plus tard.

- En ce qui me concerne, je suis veuve et non native du Duché. Je ne vous apporterai rien de valeur, à part peut-être quelques principes d'éducation mais la question n'est pas là. Par contre, j'ai accès à des endroits hautement surveillés, des maisons riches, des personnes fortunées. Peut-être qu'en combinant nos efforts, je pourrai vous apporter le moyen de soutirer à ces personnes ce qu'elles ont de plus cher. Bijoux. Pièces. Objets de valeur.

Elle leva les yeux au ciel et eut un sourire en coin. Il y a sur l'Esplanade quelques barons bien laids et bien horribles, assez idiots pour avoir tenté de lui faire la Cour, sans qu'elle n'y réponde de manière favorable. Ils s'étaient vengés à leur façon typiquement masculine en racontant des mensonges, vite éventés, tant leur réputation détestable fait partie des rumeurs quotidiennes de l'Esplanade. Autant plumer ces oiseaux-là. Cela leur apprendra à vouloir jouer ce jeu là avec elle. Elle reporte son attention sur Dorian, calme et terriblement posée cette fois. Elle ne plaisante pas. Son offre est parfaitement sincère en plus de la satisfaire moralement. Une sérénité non feinte s'affiche sur son visage, alors qu'elle ajoute:

- J'en connais au moins deux qui pourront vous...renflouer assez substantiellement. A vous de voir.
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MessageSujet: Re: Les apparences   Les apparences EmptyLun 27 Jan 2020 - 0:55
Darius sourit avec un amusement certain quand Sophie déclare qu'elle ne mettra plus jamais les pieds dans ce bordel. Il n'a aucun doute là-dessus. À vrai dire, il se dit qu'après tout ça, elle risque même de changer de rue lorsqu'elle croisera un tel établissement, juste au cas où son imagination lui jouerait le mauvais tour de reproduire la scène qu'elle est en train d'entendre en cet instant même. Elle n'a pas le visuel, mais elle n'en a probablement pas besoin – elle a suffisamment de détails. Darius songe qu'elle doit désormais être à la limite reconnaissante d'avoir eu les yeux bandés en pénétrant dans la maison de plaisir...

Le pirate suit sa captive des yeux tandis qu'elle reprend place sur la chaise qu'il lui a offerte. Quand la catin et son client ont enfin terminé leurs bruyants jeux, Sophie l'invite à s'asseoir d'un geste. Il s'installe alors devant elle dans une posture à la fois droite et désinvolte, de celles qu'adoptent les gens confiants et détendus. Il lui fait ensuite signe de parler d'un court acquiescement.

Pendant que Sophie parle, Darius la fixe droit dans les yeux. Il l'écoute de façon soutenue et semble porter attention à chaque mot qu'elle prononce. L'air qu'il affiche est désormais d'une étonnante neutralité. S'il réfléchit, il ne laisse pour l'heure rien paraître de ce qu'il pense de la proposition qui lui est soumise.
Sophie a assurément le goût du risque. Elle a également un esprit plus tordu qu'elle ne le laisse paraître. Ce qu'elle propose relève après tout davantage d'un stratagème étudié que d'une idée spontanée pour sauver sa vie. Pour Darius, c'est intéressant. Elle est intéressante. Finalement, il n'en veut pas trop à Nolan de s'être trompé de cible.

Darius garde un instant le silence une fois que Sophie a terminé de parler. Il l'observe. Il prend le temps de la détailler, mais pas son corps ou même sa beauté, juste son expression, la lueur qui anime son regard.

« C'est pas inintéressant, commente-t-il finalement après de longues secondes. Mais pas tout à fait mon créneau. Cambrioler les riches, c'est pas exactement ce que je fais. Pas au sens propre du terme. Et je préfère les affaires à long terme. »

Darius croise une jambe avec nonchalance et marque une pause, s'accordant deux ou trois secondes de réflexion.

« Ce qui me plaît dans ce que tu me dis, ce sont tes accès. Les contacts que tu peux avoir. Les informations que tu peux obtenir, comme ça, l'air de rien, en parlant à l'un, en discutant avec l'autre. »

Darius se penche légèrement vers Sophie, comme pour poursuivre dans la confidence, dans le secret.

« Oublie un instant que t'es en train de marchander ta liberté, Sophie, continue-t-il. Je sais pas ce que tu fais pour survivre dans ton monde et t'as pas l'air de vouloir me le dire, alors je vais pas te le demander encore. De toute façon, je suis plus curieux qu'autre chose. Savoir que tu as une certaine indépendance et que tu veux la garder me suffit. Parce que pense que je peux t'aider si, toi, tu m'aides en retour. Toi, tu as besoin d'argent, de nourriture, de vêtements et, que sais-je encore, peut-être d'autres choses qui ne sont pas tangibles – à toi de me le dire. Moi, j'ai besoin d'informations, entre autres sur les tiens. Pour savoir qui veut quoi, qui peut être un client, qui est prêt à ne pas respecter les règles établies. Et ça, c'est quelque chose que tu peux me donner sans te mettre spécialement en danger. »

Darius se redresse et se tait tandis qu'il la regarde. Alors, qu'en dis-tu, petite noble? Veux-tu changer ta vie, un peu, ou as-tu trop peur?
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Esméra de SibranBaronne
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MessageSujet: Re: Les apparences   Les apparences EmptyLun 27 Jan 2020 - 11:37
La lueur qu'il pourra voir dans son regard n'a rien de doux, ni même de sympathique. Cette lueur, il a probablement du la voir des centaines de fois parmi ses comparses. Le feu intense de ces gens libres qui sont toujours en recherche de nouveauté, ces gens qui vivent pour le plaisir de ressentir des choses hors normes et qui semblent n'avoir peur de rien. Il y a, chez la baronne, chez cette veuve, une lueur de sauvagerie qu'elle tente de maîtriser de son mieux mais...un homme expérimenté tel que Dorian ne pourra manquer de la remarquer. Tout, chez elle, transpire le désir de vivre. Et non de survivre. Malgré toute sa bonne éduction et ses manières impeccables, il est bien possible que le gredin ait face à lui un de ces feux difficile à contenir, mal emprisonné dans un corps inadapté. Et la jeune veuve, elle, soutient parfaitement son regard, sans ciller.

Pas un mimétisme assez déroutant, elle se penche elle aussi, intriguée par le ton de confidence de son ravisseur avant de dire, de manière à bien exprimer toute l'ironie qui sonne à plein grelots dans sa gorge:

- Ha oui? Dites moi comment ne pas penser à ma liberté, je vous prie, alors que je suis enfermée ici contre ma volonté? Mhhh?

Curieusement, elle semble pourtant se détendre. Il n'y a plus ces bruits atroces et malaisants, il règne un calme tout relatif et appréciable après tout le vacarme des ébats porcins de la chambre d'à côté et il y a autre chose...La perspective de pouvoir rendre à ces gens tout le mal qu'on lui a fait, choisir ses cibles, les dépouiller, les voir...souffrir...cela la met dans d'excellentes dispositions, elle parvient à peine à cacher sa satisfaction. Il y a aussi l'accent mis par Dorian sur les perspectives d'une collaboration sans trop s'impliquer. Avec une étonnante familiarité, elle se permit un clin d'oeil à son ravisseur se contentant d'un:

- Je survis avec les armes dont je dispose mais en posséder d'autres m'intéresse plus que tout. Je peux obtenir les informations dont vous avez besoin, sans la moindre difficulté. Ces messieurs de l'Esplanade, même les bourgeois les plus riches, ne peuvent résister à un joli visage à moins d'avoir des penchants que le Temple réprouve. Rien n'est plus facile que de leur soutirer des informations au cours d'une conversation banale. Ils pensent toujours que je suis trop sotte pour comprendre ce dont ils parlent. Si grâce à ce que je vous rapporte, vous parvenez à en malmener un ou deux au passage, vous aurez toute ma gratitude. Quant à savoir ce dont j'ai besoin…

Elle se redresse, tout sourire, sa voix se parant d'une intonation canaille qui ne fera que confirmer ce qu'il a pu voir dans ses yeux:

- Il me faudra de quoi séduire mieux que je ne le fais déjà. Vous avez de jolies robes dans votre...commerce alternatif?

Esméra se tait et l'observe à son tour, amusée. Elle a partiellement répondu à sa question de tout à l'heure, mais elle s'en fiche. Il vient de lui donner quelque chose de bien plus précieux. Un espoir. Celui qu'elle recherche depuis son arrivée en cette cité. L'espoir d'enfin vivre, même si c'est aux dépens du malheur des autres.

- J'aime le bleu mais j'ai une passion pour le pourpre et le rouge carmin.

Un autre sourire en coin avant d'ajouter:

- Voyez cela comme un outil que vous mettez à ma disposition, mon cher. De la même manière, je souhaite récupérer mon arme. Votre homme me l'a dérobée et je n'ai pas les moyens de m'en procurer une autre. Or...Si vous voulez conserver votre...espionne...en état, il lui faut de quoi passablement se défendre, vous en conviendrez.
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MessageSujet: Re: Les apparences   Les apparences EmptyMar 28 Jan 2020 - 3:23
Sophie est loin d'être la femme qu'elle prétend être aux yeux du monde. Il y a, dans son regard, une lueur sauvage qui capte immanquablement l'attention de Darius. Elle a peut-être des manières irréprochables et une éducation sans faille, elle a peut-être même véritablement un côté doux et gentil, mais il y a en elle une flamme qui ne demande qu'à être alimentée. Elle est encore petite et timide, mais si on souffle sur ses braises, elle peut se transformer en véritable incendie et faire des ravages sur son passage. Elle est plus dangereuse qu'elle le laisse paraître ou qu'elle en a elle-même conscience. Il le sent.

Dites moi comment ne pas penser à ma liberté, je vous prie, alors que je suis enfermée ici contre ma volonté? La réplique le fait sourire, mais il ne répond rien. Il est certain qu'à ce point-ci de leur conversation, il pourrait lui ouvrir la porte et elle ne partirait pas. Ils sont passés à autre chose, à une vraie négociation. Elle n'est plus obligée de négocier. Elle le veut, tout simplement, il a en a l'absolue certitude.

Sophie révèle finalement survivre avec les armes dont elle dispose. Elle use de son charme et séduit des nobles et des bourgeois qui ne manquent jamais de tomber dans son piège. Darius sourit, amusé. Elle a dû faire le coup plusieurs fois déjà si elle en parle ainsi. Elle doit être douée. C'est une chose d'être belle, c'en est une autre de savoir quoi faire de cette beauté. Sophie connaît son art. Il serait curieux de la voir à l'œuvre.

Darius sourit à la demande de Sophie. Elle veut des robes. Bleues, pourpres et rouge carmin. Il l'imagine dans une robe rouge carmin. Une image fort plaisante. Une tenue qui doit être d'une efficacité redoutable couplé à son regard bleu-gris cerné de longs cils noirs prêts à battre de la façon la plus charmante qui soit. Elle veut aussi récupérer son arme. Il hausse les épaules.

« T'en fais pas, tu vas la ravoir, ton arme, la rassure-t-il. Quand on va sortir d'ici, tu vas la récupérer. Quant aux robes... Je vais voir, mais je suis pas mal certain de pouvoir t'arranger ça. Je vais mettre les efforts nécessaires, en tout cas. »

Il lui offre un sourire mi-moqueur, mi-charmeur. Son regard clair effleure tranquillement et brièvement son corps avant de se reposer sur son visage, dans ses yeux.

« Je sais pas si je vais vraiment malmener tes amis nobles, c'est pas très bon pour les affaires, mais on verra... Le commerce alternatif, c'est toujours plein de surprises. En particulier quand on respecte pas ses engagements. »

Il ricane avant de poursuivre :

« Disons que notre collaboration s'avère fructueuse, Sophie, que tes informations me permettent de conclure des ententes intéressantes. Hormis le plaisir d'aller contre les tiens, tu veux quoi en contrepartie? Comme tout le monde, tu as des besoins, tu as des désirs, et ils ne cadrent peut-être pas tous avec ce que tu peux avoir dans ton monde. Si tu veux juste de quoi survivre, une compensation monétaire, soit, on fera ça. Mais si c'est autre chose qui te fait envie, c'est le moment ou jamais d'en parler. Je suis ouvert d'esprit. »
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