Marbrume


-39%
Le deal à ne pas rater :
Pack Home Cinéma Magnat Monitor : Ampli DENON AVR-X2800H, Enceinte ...
1190 € 1950 €
Voir le deal

Partagez

 

 Et par la terre seront purifiés

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
Aller à la page : 1, 2  Suivant
Henry Duchemin2
Henry Duchemin2



Et par la terre seront purifiés Empty
MessageSujet: Et par la terre seront purifiés   Et par la terre seront purifiés EmptyLun 2 Mar 2020 - 23:08

Et par la terre seront purifiés
Début novembre 1166,
Quartier de la milice, près d’une grand-place.



Tu avais tenu à être là ce soir. Tu ne te l’expliquais pas, tu ne cherchais d’ailleurs le fondement de cette conviction qui te tiraillait les entrailles, qui allumait ce feu si dévorant en toi, mais tu étais là. Voilà des mois que tu étais investi de cette mission, celle que tu t’étais toi-même fixée ; mettre fin aux agissements des Purificateurs depuis le couronnement de Sigfroi était devenu une motivation. Jusque-là, tu n’avais trouvé aucune piste, aucun indice à suivre ; tu avais approché des contacts, des individus que tu savais traîtres à la couronne, traîtres au peuple, traîtres à l’humanité, et tu cherchais, creusais sans relâche jusqu’à trouver ne serait-ce qu’un semblant d’os à ronger, qui t’aurait donné suffisamment d’éléments pour poursuivre tes investigations.
Car, têtu que tu étais depuis la dernière incursion de fangeux en la ville, qui malgré tout symbolisait ta nouvelle demeure, tu persistais sur cette lancée, éternel insatisfait de ne savoir ta famille en sécurité, et à raison. Alors tu t’étais renseigné auprès des gardes, auprès des malfrats des bas-fonds, et tu avais recoupé les on-dit pour obtenir un semblant d’indice : cette nuit, un groupe d’hérétiques allait se réunir dans les égouts. Pensais-tu qu’ils souhaitaient désormais planifier leur prochaine attaque, ou simplement coordonner les forces en jeu, mais les savais-tu, pour sûr, prompts à se rassembler lorsqu’il s’agissait d’atteindre les intérêts des fervents partisans d’Anür.

Tu avais tenu à être là ce soir, dans ce quartier où l’odeur du fer régnait en maîtresse, écrasant toute autre idéologie que celle de l’ordre et de la tenue, où épées s’entrechoquaient avec plastrons, où haches tailladaient le bois des mannequins modestement assemblés ; le quartier de la milice, à cette heure, ressemblait davantage à une zone de non-droit qu’au quasi-centre de la cité. Tu t’y aventurais pourtant, bien déterminé à partager tes informations, cherchant de puissants bras qui pourraient t’accompagner dans cette folle entreprise.

À peine arrivé sur la place nord, tu fis halte à la vue de deux gardes, grands et larges tels de solides rocs non encore taillés, tous deux brandissant une hallebarde comme s’il s’était agi de coutelas. Tu avanças non sans réprimer un hoquet de doute, et, t’approchant davantage, les appelas à voix basse.

« Messieurs, puis-je requérir votre attention ? »

Le premier s’était immédiatement tourné, empoignant son arme des deux mains dans un réflexe presque inhumain, tandis que le deuxième, qui semblait insensible à toute surprise, n’eut pour seul et unique interaction qu’un léger pivotement de tête. Ce fut le premier qui te répondit, sur un ton qui te semblât bien moins courtois que ceux que tu avais entendus dans la matinée, alors en pleine affaire avec la noblesse native.
Tu le toisas en sourcillant, prenant un air empreint d’indignation, avant de reprendre :

« Auriez-vous l’amabilité de m’indiquer lequel de vos compagnons d’armes ici-présent, fis-tu en levant les bras à l’horizontale, en arrondi, englobant à première vue la partie nord du quartier, subit actuellement l’ennui mortel de son temps de repos ? J’aurais une affaire à communiquer aux miliciens disponibles intéressés. »

Le second soldat, dans un grognement, t’indiqua le chemin pour rejoindre les premiers baraquements, non loin de là. Après t’être perdu deux fois, tu trouvas la porte du bâtiment et frappas, espérant trouver âme qui vive, tandis que la lune s’envolait dans les cieux vespéraux.

Revenir en haut Aller en bas
Élisabeth BlanchevigneCoutilier
Élisabeth Blanchevigne



Et par la terre seront purifiés Empty
MessageSujet: Re: Et par la terre seront purifiés   Et par la terre seront purifiés EmptyMar 3 Mar 2020 - 21:12
Élisabeth contempla sa main et sourit intérieurement. Elle ne laissa rien paraître, ou tout du moins essaya. Mais la surprise était inexistante, pour elle comme pour Claire, ni Julius qu'elle était en train de battre à plate couture. Elle avait encore un jeu d'enfer. Depuis que Claire s'était mise en tête de lui faire découvrir le monde merveilleux des cartes, elle avait la chance des débutants avec elle. Ou Etiol, au choix.

« Cinq spadassins. Rien d'autre. » finit-elle alors par révéler. Même si elle ne jouait pas pour de l'argent et que ses stratégies étaient hasardeuses au mieux, la chance la portait bien trop. Au point où c'en était presque outrageant. Et bien entendu, le sort n'allait pas tarder à frapper en rétribution de ces insolents probabilités. Et à la porte il frappa. Alors que plusieurs miliciens traînaient ici.

Un type entra alors, à la recherche de... miliciens? Apparemment. Élisabeth n'avait pas spécialement envie de remettre à plus tard sa partie de carte, alors elle le laissa s'entretenir avec un sergent qui traînait ici. Autant continuer à jouer, dans ce cas. Jusqu'à ce qu'elle se retrouve, bien entendu, interrompue.

« Blanchevigne. Toi et ta troupe vous êtes disponibles non? On a des infos sur un rassemblement de purificateurs. Alors tu vas t'y coller avec les autres. 'pouvez tous les buter sur le champ si c'est vraiment des purificateurs. Mais essayez de m'en ramener un en vie quand même, qu'on le cuisine. » déclara-t-il alors. Comme quoi, elle se trouvait au mauvais endroit, et au mauvais moment. De dos, elle leva les yeux au ciel dans une grimace lasse, uniquement visible de Claire, avant de reprendre contenance.

« Bon et bien Claire, rassemble tout le monde que tu peux trouver et dit leur de s'équiper. » ordonna-t-elle alors simplement tout en posant les cartes sur la table. La partie ne serait pas terminée. Du moins pas de suite. Et la milicienne approcha alors du sergent et du type bien habillé à côté.

« Du coup, laissez-moi deviner. C'est dans les égouts, ou bien dans le Chaudron? » demanda-t-elle d'un ton un peu monotone. Après tout, elle allait juste récupérer toutes les infos, et s'en charger rapidement et efficacement s'ils ne finissaient pas tous dévorés par un fangeux ou exterminés par des fanatiques en surnombre. Dans tous les cas, l'endroit sera horrible à parcourir.

« Et je suppose que notre informateur ici présent sera là pour nous guider? A qui avons-nous affaire? » demanda-t-elle alors en reportant son attention sur l'homme qui était venu se présenter. Après tout, elle allait juste récupérer toutes les informations qu'elle pouvait, puis guider de son mieux ses hommes. Et sortir tous en vie du merdier dans lequel ils allaient être sûrement précipités.
Revenir en haut Aller en bas
Clervie de SombreluneMilicienne
Clervie de Sombrelune



Et par la terre seront purifiés Empty
MessageSujet: Re: Et par la terre seront purifiés   Et par la terre seront purifiés EmptyMar 3 Mar 2020 - 23:55
« Oups. Cinq gland et une feuille de vigne, lâcha Clervie en couchant sa main. Bien joué, Elisabeth. »

Ces temps-ci, la coutillière avait autant de chance au jeu que Clervie traînait une sacrée malchance, ce qui ne manquait pas de la faire sourire. "Malheureux au jeu, heureux en amour", paraît-il. Néanmoins, elle ne laissa rien paraître, Julius l'avait déjà suffisament taquinée en voulant absolument savoir qui était le beau galant qui avait offert une perle de cheveux à Corbac. Elle lui avait répliqué qu'il s'agissait d'un petit cadeau pour service rendu, mais il avait étrangement refusé de la croire. Et avait passé le souper à rire sous cape.
Autre petit défaut du brave Julius : il aimait les potins et la vie privée de ses frères et soeurs d'armes l'intéressait très vivement. Et on disait que c'étaient les femmes qui étaient les pires commères ?

« Oh par les Trois, zieute donc, Corbac. Y'a un sang-bleu qui vient d'entrer, » chuchota soudain Julius en levant les yeux de son jeu.

Aussitôt alerte, Clervie tourna son regard vers la porte et son coeur s'emballa légèrement sous une légère appréhension. Elle le connaissait de vue, sans pour autant lui avoir jamais parlé. Henry Duchemin, un des chevaliers du Roi, qui habitait sur l'Esplanade, avec ses deux enfants. Sa soeur, Alyse Duchemin, était la nouvelle Comtesse de Beaumont, titre qu'elle lui eût encore envié il y avait environ six mois. Mais elle avait déjà commencé son deuil de cette relation passée le jour où elle avait appris la nouvelle. Et ce deuil avait pris fin le jour où elle s'était arrêtée dans une certaine forge de Bourg-Levant. La question qui la préoccupait était de savoir s'il allait la reconnaître, en habit de milicienne. Paranoïa inutile, certainement. La Clervie de Sombrelune habillée de jupons bleus et noirs avait laissé place à Claire, la milicienne, l'aventurière, souvent couverte de boue et de poussières. Ses cheveux avaient l'air couverts de suie en permanence et les reflets bleutés étaient la plupart du temps invisibles. Malgré son entrée à la milice, elle n'avait pu se résoudre à les couper. Ils étaient le dernier héritage de ce qu'elle était, tout comme Onyx, son faucon, qu'elle souhaitait retrouver, et il était guère question de s'en défaire.
Henry Duchemin ne jeta à la noble déchue qu'un bref regard indifférent avant de commencer à discuter avec le Sergent. Il ne l'avait pas reconnue. Tout allait bien.

« - Ca sent les emmerdes à plein nez, Corbac, souffla Julius qui essayait d'écouter la conversation, l'air inquiet.

Le vocabulaire de Julius était toujours aussi fleuri, mais ses remarques étaient souvent d'une étonnante pertinence.

- Je ne sais pas pourquoi, Julius, mais je partage ton sentiment, répondit Clervie avec lenteur.
- Claire, c'est ton tour, » dit Elisabeth qui s'impatientait quelque peu et semblait se moquer comme d'une guigne de ce qui se passait.
Elle eut tort, car la suite des événements allaient donner raison au brave Julius. Le sergent s'approcha d'eux et appela Elisabeth pour lui dire de préparer sa coutillerie afin d'aller coincer quelques purificateurs.
Expédition dans les faubourgs ou dans le Labret en vue, donc. Ou pire, dans les égoûts, voire dans le chaudron, un endroit où pour rien au monde, Clervie n'avait envie de retourner. Certes, elle ne risquait plus de se faire violer, à présent, mais l'idée de servir de dîner à un fangeux lui donna des frissons. Avant, elle ne vivait que pour venger sa famille et s'était bien mise en tête de les rejoindre une fois la tâche accomplie ou de mourir en essayant. Mais là, depuis deux mois, les choses avaient changé. Il y avait au moins trois personnes en ce monde qui s'en soucieraient si elle mourrait. Elisabeth ordonna à Clervie de préparer les équipements avant de demander d'un ton sardonique s'ils devaient aller dans les égoûts ou dans le chaudron. Elle s'éloigna, suivie de Julius. Ils ne tardèrent pas à rassembler une bonne dizaine de volontaires.
Clervie se tourna vers Julius.

« - Si ça tourne mal et que tu t'en sors, tu pourras effectivement rapporter ma perle à mon "galant", comme tu l'appelles. Et...
- Oui, je lui dirai que tu l'aimes, dit Julius d'un ton narquois.
- Je n'ai pas dit ça, répliqua Clervie en rougissant.
- C'est ce que j'ai compris ! répondit le soudard en ricanant. Désolé Corbac, mais je trouverai bien plus rigolo que tu reviennes et doives lui dire toi-même ! On va tout faire pour ça, de toute façon...
- Par les Trois, Julius. Tu es aussi agaçant qu'un fangeux affamé !
- P'têt pour ça que m'ont pas encore bouffé. J'dois avoir des airs de famille ! »

Il lui donna une petite bourrade et Clervie poussa un profond soupir. Impayable, le Julius. Toujours à plaisanter, même sur les sujets les plus graves.

Epées passées à la ceinture, sac de provisions contenant du fromage dur comme de la pierre, du pain pas trop sec et quelques tranches de ventrèche, les miliciens se présentèrent à l'entrée de la Caserne, devant le Sergent. Henry Duchemin toisa longuement la coutillerie. Clervie aurait parié sa solde qu'il se demandait si ces bras cassés qui étaient entrain de jouer aux cartes lors de son arrivée feraient l'affaire. Ces abrutis de nobles. Ils n'avaient pas changé, à se croire supérieurs. Clervie n'en revenait pas d'avoir supporté leur compagnie si longtemps.
Revenir en haut Aller en bas
http://isisnight.eklablog.com/
Henry Duchemin2
Henry Duchemin2



Et par la terre seront purifiés Empty
MessageSujet: Re: Et par la terre seront purifiés   Et par la terre seront purifiés EmptyMer 4 Mar 2020 - 22:38
Oh, ton arrivée s’était faite d’une si miraculeuse manière : à peine entré que tu éveillais déjà les premiers grognements. Des si précieux membres de la noblesse marbrumienne et de leurs atours émanait-il une odeur si nauséeuse pour que l’on vous détecte à des lieues ? Ou était-ce cette rancœur palpable et inexplicable qu’éprouvaient ces gens que tu avais trouvés là, assis, jouant aux cartes, laissant leur destin leur échapper un instant, qui te fit te sentir mal à l’aise ? Le sergent t’avait immédiatement approché avant que tu n’aies eu mot à dire, et tu t’étais expliqué tel un garde de bas rang pissant de peur devant son supérieur. En réalité, quoique tu saches bien te battre, tu n’étais pas à ta place, et l’on te l’avait fait comprendre.

« Je vous remercie pour votre empressement, Monsieur. » déclaras-tu au sergent réactif.

La probabilité qu’un seul sectaire ressorte vivant de cette entreprise te paraissait mince, toi qui avais appris à les connaître. En ne les ayant vu souvent, tu les savais pourtant très enclins à mourir pour leur pitoyable cause plutôt que de se laisser capturer ; de vrais scorpions entourés de flammes, inconscients et suicidaires. Là était toute la dangerosité de la mission : vous aviez quelque chose à perdre. Eux, non.

Après que ce qui semblât être la coutilière avait fini de lancer ses ordres et exprimer sa nonchalance, caractéristique des femmes entrées dans la milice – car tu les savais fermes et coriaces, bien différentes de ces courtisanes que vous aviez l’habitude de rencontrer dans les soirées mondaines de l’époque –, tu lui avais répondu de la même nonchalance dont elle devait certainement vous penser, vous, les nobles, affublés. Ironie que les deux camps semblaient se lancer la même pierre… Puis, tu sortis et attendis que les soldats, si tant était que tu puisses appeler comme tel ces joueurs de cartes, se présentent à toi.

Dans la troupe présente au sein des baraquements, tu avais pu repérer quelques visages, dévisageant involontairement ces hommes et femmes alors perturbés dans leur repos. Parmi eux, une avait retenu ton attention : une jeunette à la chevelure sombre. Tu ne t’étais pas attardé, mais ses traits t’avaient semblé si familiers, sans pourtant te rappeler de quelconques souvenirs… Gardais-tu cette interrogation en tête lorsqu’ils sortirent un à un, précédés par le sergent auquel tu t’étais adressé. Chacun, chacune avait prestement rassemblé ses affaires, et portait devant toi leur arme. Oui, tu doutais de leurs capacités, jeunes comme ils étaient, mais tu étais venu chercher des bras, peu importe de quels guerriers ceux-là provenaient.
Dans un élan de conviction mêlée à de l’enthousiasme, toi qui rêvais depuis maintenant des mois de frapper pour la première fois cette occulte institution, tu pris la parole, coupant celle du sergent qui s’apprêtait à parler :

« Soldats, je suis venu vous quérir aux propos d’une importante affaire. Mes sources m’ont affirmé que cette nuit allait se tenir une réunion de sectaires, ces Purificateurs, dans les égouts-mêmes de notre ville.

Tu pris une profonde inspiration, percevant presque physiquement l’air insolent des miliciens.

- Il n’est point nécessaire de vous préciser que ces sources sont sûres, je ne suis pas homme à perturber de si précieux instants que sont les parties de cartes pour parler du temps qu’il fait, dis-tu sur un ton hautain que tu t’étais prêté pour l’occasion. Ils ne seront plus d’une dizaine, au grand complet ; cela devrait être dans nos cordes. Évidemment, je vous accompagnerai, et ne ferais preuve de vantardise si j’osais vous parler de mon expérience au maniement de l’épée.

Tu fus témoin des réactions de tes interlocuteurs, quelles qu’elles aient été, et tu renchéris de plus belle, empruntant toujours cette attitude cavalière :

- L’accès risque d’être tortueux, aussi vous suivrai-je jusqu’à ce que nous commencions à patauger dans ces eaux boueuses qui règnent en ce cloaque. Sergent, je ferai mon possible pour vous ramener ceux-là en vie, quoique je les pense capables de s’en sortir seuls sans l’ombre d’un souci.

Après un bref signe approbateur de l’homme à la mine aigrie, tu te retournas vers la coutilière et prit un air bien plus sérieux que ce que tu leur avais jusqu’à présent montré.

- Après vous. »

Revenir en haut Aller en bas
Élisabeth BlanchevigneCoutilier
Élisabeth Blanchevigne



Et par la terre seront purifiés Empty
MessageSujet: Re: Et par la terre seront purifiés   Et par la terre seront purifiés EmptyJeu 5 Mar 2020 - 13:29
Le noble semblait assez sûr de lui alors qu’il s’exprimait, d’un coup. Là où le sergent avait été plus intimidant. Elisabeth l’avait remarqué, le dévisageant de ses prunelles verdâtres alors qu’elle approchait avec son épée à sa ceinture et son arc qu’elle venait de replacer dans son dos maintenant qu’elle s’était levée, son air toujours aussi neutre que ses mots.

Elle écouta calmement ce qu’il avait à dire, même si sa petite pique sur les cartes fut encore retomber la mine d’Elisabeth. Il les prenait pour des bêtes de somme ou quoi? N’avaient-ils pas le droit de se détendre un peu? Même si c’était un cliché de voir des miliciens jouer aux cartes, la plupart étaient quand même la majorité du temps en train d’assurer la sécurité de la ville et des convois extérieurs.

Même s’il semblait les considérer avec dédain, il ne semblait pas particulièrement lâche. De quoi légèrement éclaircir la mine déjà assombrie de la coutillère quand elle réalisa qu’il était prêt à bien jouer son rôle de guide une fois à proximité de leur objectif. Cela ne garantissait pas qu’il n’allait pas fuir à la première menace... mais la milicienne eut au moins la décence de se laisser influencer par ces mots.

« Bon et bien puisque nous avons toutes les informations qu’il nous faut, allons donc nous débarrasser rapidement de ces pourritures comme ça on pourra tous retourner à l’activité principale de tout milicien : jouer aux cartes. » répondit-elle avec une ironie légèrement mauvaise et un sourire étrange sur son visage. Le genre d’expressions qui laissait le doute sur le fait qu’elle était en train de plaisanter de manière bonne enfant, ou bien de manière à tenter de retourner les insinuations du baron contre lui.

Le signal du départ était donné et Elisabeth en profita pour faire un petit détour vers le stock de torches qui traînait non loin, et d’en passer une à chaque homme et femme mobilisé pour l’occasion. « On en aura besoin, trois torches allumées à la fois, et on fera un roulement une fois les premières épuisées. » déclara alors la brune qui n’était pas une grande habituée des missions dans les égouts, malgré son expérience dans la milice. C’était une des premières fois qu’elle y mettait les pieds, mais elle savait ce qu’elle pouvait y trouver. Elle avait entendu bien assez de discussions des miliciens de l’interne au sujet de cette zone. C’était la pire qu’ils avaient à fréquenter.

Approchant alors avec la petite troupe de l’entrée des égoûts la plus proche de la caserne, et donc aussi la plus sûre puisque toutes les patrouilles ou presque partaient de ce point, Elisabeth jeta sa torche dans le puit d’obscurité, qui frappa les pavés humides dans un petit bruit qui résonna.

« Tant de galanterie mon cher, vous m’en voyez touchée. » ironisa-t-elle une nouvelle fois en direction du noble qui lui laissait si gentiment l’honneur de descendre en première dans ce lieu hautement romantique. Cette fois-ci sa phrase avait été prononcée avec un peu plus d’humour dans ses mots.

Détournant alors son regard, elle descendit l’échelle, avant de ramasser sa torche et d’éclairer la zone pour les suivants qui venaient la rejoindre. La zone était calme, et au loin, le bruit de l’eau s’écoulant dans les galeries putrides et mal entretenues charriaient une effluve qui était tout sauf agréable. La pénombre et les pavés mal enchâssés formaient un environnement où le mouvement restreint était difficile, bien plus que dans des marais ou des bois.

Arc dans une main et torche dans l’autre, la petite expédition pouvait alors commencer sa route dans les couloirs des égouts de la ville. Son arc à la main, une torche dans l’autre, la coutillère avançait en laissant Henry lui désigner silencieusement les chemins à parcourir. Elle faisait de son mieux pour que la troupe se contente de murmures, au mieux. Dans ces zones hostiles, le bruit pouvait attirer bien plus que des purificateurs.

Menant le groupe, au détour d’un chemin, du mouvement et du bruit la fit soudainement sursauter. Elle bondit en arrière, lâcha sa torche, et encocha une flèche sur son arc qui se retrouva bandé en un rien de temps. D’un coup, la pression était monté dans la petite troupe. Fort heureusement, ce n’était qu’un groupe d’une vingtaine de rats qu’ils avaient fait fuir dans de petits couinements.

La chef de l’expédition laissa échapper un petit soupir de soulagement, laissant délicatement la corde de son arc se détendre, avant de ramasser la torche qui était tombé sur un endroit relativement sec.

« Continuons... » déclara-t-elle à mi-voix non sans une petite pointe d’inquiétude. Elle n’aimait pas les endroits confinés, et cela se sentait pour ceux qui la connaissaient. La brune était plus nerveuse qu’à l’accoutumée, dans sa voix et dans ses gestes. Elle était prudente, comme toujours... Mais juste envoyée bien en dehors de son milieu de prédilection. Elle n’aurait largement pas assez de temps pour aligner un tir sur un fangeux si l’un venait à les charger au détour d’une galerie. Et elle n’aimait pas ça. Du tout.
Revenir en haut Aller en bas
Clervie de SombreluneMilicienne
Clervie de Sombrelune



Et par la terre seront purifiés Empty
MessageSujet: Re: Et par la terre seront purifiés   Et par la terre seront purifiés EmptyVen 6 Mar 2020 - 1:48
« Bon et bien puisque nous avons toutes les informations qu’il nous faut, allons donc nous débarrasser rapidement de ces pourritures comme ça on pourra tous retourner à l’activité principale de tout milicien : jouer aux cartes. »

Clervie se mordit les lèvres pour ne pas rire. Par les Trois, Elisabeth commençait à cultiver sa répartie. Au point de la dévancer, car elle avait elle-même songé à faire une remarque sur le fait que les nobles n'avaient point à craindre de perdre le monopole de l'oisiveté.
C'était assez étrange comment elle commençait vraiment à haïr son milieu d'origine. Peut-être bien qu'un séjour de quasiment un an dans les bas-fonds, puis les six mois dans la milice lui avaient ouvert un peu les yeux sur des privilèges dont elle avait bénéficié simplement pour être née dans la bonne famille. Certes, elle ne culpabilisait pas pour autant à ce sujet, mais elle prenait conscience que ce n'était pas uniquement en donnant l'aumône à quelques pauvres que l'on sauvait les gens de la misère, contrairement à ce que le clergé et le gouvernement de la cité tentaient vainement de faire croire. Quelque part, même si la vie dans la milice était une vie dangereuse, au lendemain très incertain, elle était fière d'avoir pris cette décision. Car elle savait que ce qu'elle faisait était utile.
On fit distribuer des torches et Clervie se hâta d'en faire passer une à Julius, histoire de ne pas devoir en porter une elle-même. Par Rikni, cette phobie du feu, ça allait lui jouer des tours. Et elle n'avait pas eu le temps d'en toucher un mot à Elisabeth. A vrai dire, elle en avait honte. Si dans la milice, on apprenait que Dame Corbac se pissait dessus devant un foyer, les moqueries allaient pleuvoir pendant des mois. Forcément, personne ne se doutait du traumatisme que ça pouvait être de voir son père et son frère griller jusqu'à la moelle. A présent espérait-elle que fréquenter un forgeron finirait par lui faire banaliser la vue de flammes.
Ils étaient arrivés dans le puit où le sang bleu prétendait les faire descendre. La fragrance qui en émanait était on ne peut plus charmante et Julius lui-même se boucha le nez.

« Après vous, messire, lança Clervie lorsque Duchemin esquissa le geste de la laisser passer. Je crois savoir que les fangeux ne font guère de distinction entre les sexes, aussi ne me déplairait-il point que l'on passe devant moi. »

Elle était outrée que Duchemin ne fût pas descendu en premier. Ce nobliaud devait vraiment prendre la milice pour de la bonne petite chair à canon destiné à couvrir ses précieuses petites fesses. Qu'il commençât donc par risquer sa vie avant de risquer celle d'Elisabeth et de ses camarades ! Hommes, femmes, sang-bleu, peuple : on était tous égaux devant la Fange, on était tous des sacs de viande prêts à répandre du fluide écarlate à la moindre déchirure.

Duchemin sourit à sa pique, ce qui agaça encore davantage Clervie. Espèce de paon. Si tu savais quel sang coule dans mes veines, tu en aurais la mâchoire qui se décroche. Sauf que les Sombrelune n'ont jamais considéré qu'il suffisait d'être sang bleu pour être une personne de valeur.

Le groupe avança dans le corridor de pierre. Le moindre son faisait écho et Clervie en eut des sueurs froides. Par les Trois, elle tremblait de peur, en réalité. Elle savait depuis un moment qu'elle ne ferait sans doute pas de vieux os. Elle avait imaginé toutes les fins possibles pour elle. Décapitée, conduite au bûcher, assassinée dans une ruelle sombre. Etre dévorée par les fangeux arrivait en dernier sur sa liste. Elle toucha sa poitrine, rassurée par la présence de la petite dague dans son corsage. Si jamais ils tombaient sur une troupe de ces saletés, elle n'attendrait pas d'être dévorée vivante. Elle se donnerait une fin rapide. Rosaline lui avait montré plusieurs fois où frapper pour passer à travers les côtes et atteindre le coeur du premier coup. Simple, efficace. On était mort avant même que le corps ne touche le sol.

Elle perçut soudain des bruits de mouvements au loin et se figea. De toute évidence, Elisabeth avait également entendu, car elle bondit en arrière, achevant de paniquer le groupe. Mais il ne s'agissait que d'une bande de rats couinant et leur passant entre les jambes. Il fallait cependant se méfier aussi de ces sales bêtes. Lorsqu'elles étaient affamées et en assez grand nombre, elles pouvaient pousser l'audace jusqu'à s'attaquer à un homme.

"Continuons"

La tension monta d'un cran. Tout pouvait encore arriver dans ces égoûts. Clervie tripota nerveusement la perle argentée qui pendait près de son oreille. Ne pas mourir aujourd'hui.
Revenir en haut Aller en bas
http://isisnight.eklablog.com/
Henry Duchemin2
Henry Duchemin2



Et par la terre seront purifiés Empty
MessageSujet: Re: Et par la terre seront purifiés   Et par la terre seront purifiés EmptyLun 9 Mar 2020 - 22:30
Le chemin jusqu’à l’une des nombreuses entrées escarpées des égouts s’était déroulé sans encombre, ni d’ailleurs de conversation, non pas que tu possédais la fâcheuse habitude d’être fermé aux autres quand il s’agissait de nouvelles têtes. Ces individus, miliciens dont tu ne savais encore si leur grade leur avait été octroyé en hâte ou s’ils le méritaient véritablement, t’inspiraient une maigre confiance, et davantage de désarroi ; ils étaient jeunes, et l’on comptait des femmes, pour une part qui t’avait semblée trop importante dans une simple escouade partie en quête d’ennuis pouvant s’avérer mortels. Elles n’étaient acceptées que depuis peu au sein de la milice marbrumienne, ce que tu savais signifier qu’elles ne possédaient peut-être pas autant d’expérience que leur confrère prénommé Julius, ici présent. Aussi t’étais-tu essayé, malgré le rôle que chacun jouait en cette compagnie, de converser avec lui, sans grand résultat. Tu étais noble, et attirais par là même et pour certains l’aversion du bas-peuple, aussi ne lui en as-tu pas tenu rigueur.

Vous arrivâtes donc, sûrs de vous que vous étiez, eux parés à suivre ton intuition, toi prêt à prendre les responsabilités qui s’imposaient au vu de cette entreprise ; tu étais venu les mander, aussi te sentais-tu redevable vis-à-vis de leurs personnes. Pour autant, ce ne furent ces responsabilités qui t’empêchèrent de céder ta place, toi qui laissas la jeune coutilière descendre la première dans ces méandres, promesses obscures d’un cloaque bien décidé à saper votre volonté.
Lorsque vint la deuxième jeune femme, dont le visage ne t’avait paru inconnu, tu répétas le même geste maniéré de la main, l’invitant à descendre à son tour. C’était sans prévoir, avec toute l’assurance qui te caractérisait, son refus.

« Je gage avec accord et évidence que ces monstruosités ne sauraient être capables d’une telle capacité d’analyse, en effet. Bien qu’il s’agisse d’une expérience à mener, sans aucun doute. » répondis-tu alors, une pointe d’amusement dans la voix assurée que tu avais empruntée.

Ce qui vous attendait n’allait plus être en mesure de te procurer ce même amusement.


***


Avachi sur tes propres os, tu ne t’étais rendu compte de la posture que tu avais adopté lorsque tu avais posé les deux pieds sur le sol humide et flasque des sous-sols. L’obscurité étouffait les lieux, dévorait la moindre parcelle de lumière qu’essayaient inespérément de partager les torches. L’odeur, elle, était des plus désagréables ; mélange de vase, d’eau souillée et de déchets humains, les effluves de ces immondices semblant émaner des parois-mêmes des sombres couloirs créait une atmosphère lancinante, le poids du dégoût et de la pestilence pesant davantage sur vos épaules que votre propre équipement. Les rats proliféraient à chaque recoin, se nourrissant voracement et avec un plaisir sournois du moindre détritus, du moindre excrément. Ces visions nauséabondes d’un écœurant enfer vous firent à maintes reprises réprimer des renvois gastriques, et plusieurs manquèrent de recracher ce qu’ils avaient avalé depuis voilà quelques heures. Toi, tu essayais de tenir, t’accrochant au moindre espoir de trouver un lieu isolé en cet endroit, où le répugnant n’aurait alors sa place ; ces Purificateurs devaient bien connaître pareil séjour pour procéder à leur réunion.
Alors que tu prenais une inspiration dans ta manche, non pas parfumée mais à l’odeur des huiles utilisées au lavoir, tu inspectas tes compagnons : la coutilière, nommée selon toute apparence Blanchevigne, ne semblait à son aise ici-bas, et pouvait certainement, pensais-tu alors, éprouver une aversion pour les écoulements sous-terrains. Julius, lui, te paraissait inquiet, quoique sa mine n’avait véritablement changé depuis que tu avais fait sa connaissance. Enfin, la prénommée Claire ne pouvait indéfiniment dissimuler cette peur qui la rongeait. Ton entreprise était périlleuse ; aurais-tu dû en avertir davantage le sergent, lui qui aurait pu te confier escouade plus rodée à la tâche ? Tu pensas alors qu’il était peu dire que quiconque ne pouvait réellement se vanter d’être rodé à pareille mission.

L’éclair réactionnel de la coutilière manqua foudroyer vos cœurs d’angoisse : cet épisode ajouta à la peur ambiante une anxiété certaine qui ne vous quitterait plus. Tu le savais, la nuit risquait d’être longue. Tu pris alors l’avant de la marche, toi qui jusqu’ici avais indiqué le chemin à la coutilière, et décidas de tirer ton épée de son fourreau d’un geste sûr, mais lent. Une torche en main, ton arme dans l’autre, toi qui étais droitier, tu avanças selon les instructions que tu avais reçues de tes contacts. Ce ne fut qu’au terme d’une longue période de gargouillements de nervosité et de soupirs de réconforts, qui dura alors plus d’une heure, qu’un léger bruit commença à se faire entendre : des voix. Tes sens se remirent en éveil, ton ouïe, ton attention ; tu te retournas et amenas ton index devant tes lèvres, sommant le silence de s’opérer. Quelques pas plus loin, tandis que vous aviez éteint les torches, et après avoir bifurqué comme vous l’aviez fait de nombreuses fois jusqu’ici, les voix devenaient plus audibles, plus claires et distinguées, lorsque l’écho des gouttes tombant du plafond humide au sol ne vous empêchait pas d’entendre les mots alors prononcés. Ils étaient là, tout près, et vous n’aviez pas été repérés.

Tu te tournas sans bruit vers la coutilière et exécutas un geste du menton, la questionnant implicitement sur la manœuvre qu’elle souhaitait mettre en place. Tu ne savais pas combien d’entre eux étaient présents ici, derrière le mur qui vous séparait, ni ne savais de quel arsenal ils disposaient. La laissant chuchoter, exposant alors son plan, Julius, lui, se retourna avec vivacité, détaillant les ombres que vous veniez de quitter pour arriver ici. La lueur d’une torche apparut. Julius se tourna vers vous, les yeux écarquillés.

Se pouvait-il que tu aies été trahi par ta source, cher Henry ?

Revenir en haut Aller en bas
Élisabeth BlanchevigneCoutilier
Élisabeth Blanchevigne



Et par la terre seront purifiés Empty
MessageSujet: Re: Et par la terre seront purifiés   Et par la terre seront purifiés EmptyMar 10 Mar 2020 - 13:43
Elle avait l’habitude de s’infliger elle-même un stress plus qu’intense dés qu’elle osait mettre les pieds dans une zone dangereuse. Mais si elle était habituée aux bruits de la nature, les bruits qui régnaient ici étaient différents. Chaque pas, chaque murmure, chaque grattement et chaque ruissellement de l’eau boueuse résonnait étrangement dans les cavernes nauséabondes qui parcouraient le sous-sol de Marbrume. L’occasion pour la coutillère de découvrir tout l’ampleur de son inconfort dans ces lieux hostiles.

A vrai dire sa seule envie pour l’instant était de partir, loin, et peu importait les saletés de purificateurs qui traînaient là en bas. Le noble eut au moins la décence de prendre la tête de l’expédition après ce petit épisode des rats. Cela la rassurait un petit peu : En tant qu’archère, avoir un épéiste devant soi était bien préférable à devoir prendre la tête de l’expédition. Après tout, même de la seconde position, elle pouvait toujours parfaitement commander la petite troupe de miliciens...

Se retournant, elle aperçu leurs yeux effrayés brillant à la lumière vacillante des torches qui guidaient leur chemin. Claire également, ne semblait pas confiante. Elisabeth la vit jouer nerveusement avec sa perle dans ses cheveux. La perle de son ‘galant’ dont Julius n’arrêtait pas de la charrier à ce propos. Reprenant contenance, elle hocha la tête, tentant de montrer un peu plus d’assurance au groupe. Ce n’était pas un comportement de chef ce qu’elle venait de montrer ici. A l’extérieur elle aurai été plus confiante, mais là, elle ne pouvait pas s’en empêcher...

Après ce qui lui avait semblé une éternité, ils arrivèrent enfin à destination. Le noble leur fit signe de s’arrêter. Des voix, au loin. Et de la lumière au détour d’un coin, d’une torche dans une salle proche. Elisabeth se mit alors à réfléchir à un plan d’attaque. Il valait mieux savoir combien ils étaient et comment ils étaient équipés avant de se lancer dans l’assaut. Elle y réfléchissait, alors qu’une autre lueur se faisait appercevoir au coin d’un mur, derrière eux. D’autres gens!

Julius, silencieux, comme toute la troupe qui semblait maintenant retenir sa respiration, leur indiqua le danger rapidement. La torche était encore loin, mais ils n’avaient pas énormément de temps.

« Bougez pas. Silence. » murmura la coutillère qui sentait l’adrénaline monter. Ses mots percèrent le silence de la troupe sans résonner dans les tunnels. Ils étaient entourés : D’un côté, ils ne passeraient pas inaperçus devant la salle et ses voix. D’un autre, ils ne pouvaient pas faire demi-tour sans être vus à leur tour. Leur troupe était bien trop grande pour se faufiler. Le seul espoir restant était qu’il s’agisse de miliciens, d’alliés...

Elle était stressée, mais c’était une sensation qu’elle connaissait bien et qu’elle savait canaliser... Sauf quand un fangeux lui bondissait dessus. Mais ici, ce n’était pas des fangeux : Il y avait une torche. C’était des humains. Elle se faufila alors à pas de loups à travers les miliciens, jusqu’au carrefour, où elle se coula tout doucement pour observer les individus arrivant. Cinq. Pas miliciens. Elle ne pouvait pas vraiment en savoir plus, mais ils semblaient être des purificateurs.

La brune ne resta pas bien longtemps, et, dans un nouveau murmure, se décalant du couloir, elle convia tout le monde vers elle. « Rassemblement. » Il fallait être concise, claire, et rapide. « On va tendre une embuscade au groupe qui arrive. Des ennemis. Dés qu’ils passent le coin, vous quatre, vous leur bondissez dessus. Tuez-les. » déclara-t-elle alors d’un ton froid tout en désignant une moitié du groupe. Des combattants au corps à corps, peu défensifs, mais parfaits pour une embuscade, qui incluaient Clervie et Julius ainsi que deux autres hommes qu’elle ne connaissait pas.

« Vous quatre, tenez la ligne arrière, on va se faire prendre à revers. Les deux boucliers tiennent la ligne, vous deux, vous les couvrez. Défensivement. Tenez bon. » ajouta-t-elle ensuite d’un rythme rapide alors que le temps leur manquait et qu’ils étaient tous rassemblés autour d’elle comme une équipe de sport en train de se motiver et de boire les paroles de leur coach. Le second groupe qui allait tenir la ligne arrière serait donc constitué de deux boucliers et de Henry, ainsi qu’un autre épéiste avec une lame assez longue pour porter à travers ses deux camarades. Ces quatre là devraient faire face à l’inconnu, aux gens dans la salle, attirés par le bruit du combat qui allait avoir lieu. Ils pouvaient se faire submerger, Elisabeth pourrait les aider avec son arc... Le premier côté se devait d’être géré décisivement. Mais c'était aussi celui qui aurait l'avantage de la surprise si tout se passait bien. L'autre devrait tenir bon...

« En position! Pas le temps pour les questions. » conclut-elle dans un souffle.

Bien que stressés, tout le monde fut parfaitement discret. A un point où c’était impressionnant. Et, alors que cinq sectaires passaient prudemment le coin du mur, assez inconsciemment vu la proximité de leurs amis, l’enfer pouvait alors se déchaîner.

Un trait d’Elisabeth fusa, cueillant le premier sectaire en pleine tête dans un bruit mat et sec. Il ne posera plus aucun problème. Ce fut le signal de l’attaque et les quatre guerriers en embuscade purent alors se précipiter sur des sectaires complètement pris au dépourvu. Même si leurs armes étaient dégainées vu l’environnement dangereux des égouts... Ils étaient partis avec un bel avantage. Ré-encochant une flèche, Elisabeth s’avança pour prêter main forte à ce combat. Quatre contre quatre, avec un de ses traits fusant à la moindre ouverture.

Le bruit des lames et des cris de douleur résonnait maintenant dans les cavernes, et, derrière eux, de l’agitation. Il fallait vite finir ces quatre salauds et subir un assaut... Sauf si les autres décidaient de fuir. La milicienne n’avait même pas laissé l’opportunité à ces salauds de se rendre. Ils ne le méritaient pas, et leur situation était bien trop précaire.

Elle n’avait pas eu le choix. Mener des hommes au combat, c’était devoir prendre des décisions bien difficiles... Qu’elle risquait peut-être de regretter.


Dernière édition par Élisabeth Blanchevigne le Mer 11 Mar 2020 - 18:50, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
Clervie de SombreluneMilicienne
Clervie de Sombrelune



Et par la terre seront purifiés Empty
MessageSujet: Re: Et par la terre seront purifiés   Et par la terre seront purifiés EmptyMar 10 Mar 2020 - 18:07
« Je gage avec accord et évidence que ces monstruosités ne sauraient être capables d’une telle capacité d’analyse, en effet. Bien qu’il s’agisse d’une expérience à mener, sans aucun doute. »

Clervie avait eu un petit rire. La répartie du noble était plaisante. Après l'épisode des rats, ils s'engagèrent donc dans les corridors nauséabonds des égoûts. Comme disait Julius, c'était le royaume de la pisse et de la merde. Les fangeux ne devaient vraiment n'avoir plus rien d'humain pour se balader là-dedans, à patauger dans l'eau crasseuse. Plus que les purificateurs, c'était bel et bien eux que le groupe redoutait de croiser. Cependant, ce qui acheva de les frapper d'effroi, ce fut la lueur de la torche dans une salle. Et Elisabeth en répéra également juste derrière eux.
Cinq gus arrivaient, tout prêts à les écharper. La coutilière réagit avec sang-froid, tandis que Clervie sentait son coeur rater un battement et le sang battre à ses temps. Elle tira son glaive d'un geste vif, décidée à vendre chèrement sa vie.

« On va tendre une embuscade au groupe qui arrive. Des ennemis. Dés qu’ils passent le coin, vous quatre, vous leur bondissez dessus. Tuez-les. »

Clervie déglutit avec difficulté. Elle n'avait encore jamais tué un homme. Son épée scintilla dans sa main. Elle en avait déjà éprouvé le tranchant tout neuf et ne douta guère des dégâts qu'elle allait provoquer. Ces damnés purificateurs allaient regretter leur audace.

« En position! Pas le temps pour les questions. » souffla Elisabeth.

En effet, il n'était guère temps de palabrer. Alors qu'un trait d'Elisabeth fendait l'air pour se planter avec un bruit atroce dans la tête du premier des cinq sectaires, Clervie se prépara à l'attaque avec les autres hommes à côté d'elle. Quatre furieux, armés de lames courtes et de dagues. Ca allait saigner !

Clervie fonça sur le premier assaillant. C'était un grand type agile, assez longuiligne et plus rapide qu'il en avait l'air. En effet, il se fendit sans problème, avant de se ruer sur la jeune milicienne d'un air narquois, lame brandie. La lame frôla le ventre de Clervie qui bondit à l'arrière, mais ce fut vraiment un énorme coup de chance qu'elle ne fût pas touchée. Néanmoins, elle ne lui laissa pas une seule occasion d'attaquer de nouveau, fonça sur lui en hurlant.
La lame siffla, plongea dans quelque chose d'horriblement mou en faisant un bruit répugnant. Avec une drôle d'émotion qui lui noua la gorge, Clervie réalisa qu'elle venait de planter sa lame en plein dans le ventre de l'individu. Il tenta de parler, n'émit qu'un gargouilli suivi d'un crachat de sang. Elle retira la lame en la tournant, le bougre s'effondra contre la paroi du corridor, ses yeux se voilèrent. Il avait rejoint Anür, tandis que Clervie avait les jambes qui tremblaient.

Par Rikni ! Je viens de tuer quelqu'un...

Son premier homme depuis un moment, mais on ne s'y habituait jamais. Jamais. Mais elle n'eut guère le temps de s'attarder sur cette ténébreuse pensée. En effet, ses camarades étaient aux prises avec les trois autres. Poussant un nouveau cri de guerre, déchaînée, Clervie se rua sur l'homme de droite, qui venait de charger un de ses camarades. Malheureusement, son estoc ne fut pas assez puissante. L'épée siffla, balafra violemment la tête de l'homme qui rugit de douleur. Un long filet écarlate coula de sa tempe le long de sa joue. Cependant, cette attaque le désarçonna, et l'homme que Clervie avait tenté d'aider saisit sa chance. L'instant suivant, le second attaquant finissait donc décapité. Sa tête vola dans une flaque, tandis qu'une longue gerbe de sang l'éclaboussait, ainsi que celui qui avait eu la lame sûre.

ESPECE DE SALOPE !

Le troisième assaillant se rua à cet instant vers elle, bien décidé à lui faire payer la mort de deux de ses compagnons. Il fondit vers elle. Elle tenta bien de l'éviter, mais quelqu'un la percuta à ce moment-là, et elle se retrouva plaquée contre la paroi de l'égoût. L'effroi la saisit, son estomac fut secoué par une nouvelle décharge d'adrénaline, tandis que l'ordure se ruait vers elle, l'épée en avant...

Non, non, non, non, non, non....

Spoiler:


Dernière édition par Clervie de Sombrelune le Sam 16 Mai 2020 - 21:32, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
http://isisnight.eklablog.com/
Henry Duchemin2
Henry Duchemin2



Et par la terre seront purifiés Empty
MessageSujet: Re: Et par la terre seront purifiés   Et par la terre seront purifiés EmptyDim 15 Mar 2020 - 15:39
Il ne s’était fallu que de quelques secondes pour que la coutilière, que tu avisais d’un œil curieux, observateur, plus par souci d’apprentissage que par réel étonnement – car tu les savais réactifs –, ne confirme ce qu’avait cru apercevoir ce bon Julius : cinq silhouettes, sans uniforme ni habit reconnaissable, se dirigeaient droit sur vous depuis votre arrière-flanc. La tension, déjà bien pesante sur vos maigres épaules d’alors, se fit plus étrange, plus soutenue, une pointe d’acidité venant vous piquer le palais tel un avertissement des plus solennels. Vous vous trouviez en posture délicate, voire imminemment dangereuse, et rares étaient les occasions où tant de désagréables conditions étaient réunies.
Tu avais remarqué le sang-froid soudainement inextinguible de celle qui avait jusqu’ici mené la troupe, elle qui avait organisé le commandement sans une bavure, dans l’urgence ; déjà la lueur des torches vous paraissait plus claire que vous étiez en position, tous assignés à un rôle décisif qui pouvait, s’il n’en était tenu avec rigueur, vous valoir la défaite, et par là même la mort.

C’est alors que le frisson se fit sentir, celui qui, d’une vivacité sans pareil, pétrifiait ton dos, tes muscles, tes articulations ; le frisson de la bataille, celui de la promesse d’une sanglante rixe, d’un tournoi en l’honneur de Rikni, ultime juge des fidèles et des braves. Mais il t’avait permis, après quelques instants, de recouvrer cette vigueur, cette excitation lorsque se faisait sentir l’âpre goût du fer sur ta langue : l’heure était à la concentration guerrière, et tu n’étais pas en reste.
Tu te tenais là, l’épée d’ores-et-déjà au clair depuis maintenant plusieurs heures et dont la lame semblait refléter en mille faisceaux les lueurs des torches des personnes présentes plus loin, dans la salle, qui se réverbéraient sur les parois humides des pavés muraux. Tu étais prêt, alors à l’écoute de cette douce mélodie sanguinaire qui résonnait en ton crâne.

Le trait avait été décoché avec puissance et précision : tu distinguais déjà, au loin, une silhouette s’écrouler au sol. Dès lors, les cris avaient émergé, ceux d’une rage folle qui avaient eu tôt fait d’attirer l’attention des sectaires déjà présents de l’autre côté de votre zone de défense. Les deux miliciens portant de lourds boucliers avaient renforcé leur position, plantant d’avantage leurs talons dans les rainures séparant les pavés déchaussés, leur égide à l’instar d’une barrière inébranlable, d’un mur de fer impraticable qui ne saurait tomber sous les coups de ceux qui se précipitaient désormais dans le couloir.

Les premières têtes apparurent : deux hommes d’une musculature suffisante pour s’avérer inquiétantes, encapuchonnés, se ruaient vers vous en brandissant leur épée au-dessus de leur tête. Puis, un troisième apparut, puis un quatrième… Ton attention restait focalisée sur les premiers arrivés, que vous tentiez d’atteindre, avec le soldat à ta gauche, depuis le solide rempart qui vous couvrait, tandis que deux têtes de plus apparaissaient au fond, derrière les quatre sectaires déjà sur vous. Quels qu’aient été tes efforts pour contenir l’assaut, ceux rassemblés par les défenseurs avaient été triples : ils subissaient les chocs, l’amas de métal et de chair sur leurs douloureux bras, lorsqu’ils n’essayaient pas d’éviter les estocs venus du dessus. À force de patience et de tentatives des plus risquées, tu parvins néanmoins à planter la pointe de ton arme dans l’épaule d’un de vos assaillants, ouvrant une brèche dans leur salve d’attaques : tu poussas le défenseur devant toi contre le mur et entama d’une rapidité sans égal une seconde frappe d’estoc, achevant d’occire définitivement le blessé, avant d’éviter de peu un large coup horizontal lancé au niveau de tes yeux, et de te repositionner derrière les boucliers.

C’est alors que tu perçus le cri, celui d’un homme, d’un des malfrats à l’arrière de votre groupe. D’un vif pivot de la tête – l’on pouvait apercevoir ce que vous coûtait cette harassante défense, de la sueur et du sang parsemant ton visage, alors rouge d’effort –, tu détaillas l’état de l’embuscade que les soldats avaient tendus : la coutilière semblait attendre de bénéficier d’un angle précis, tandis que, plus loin, Julius était aux prises avec l’un des derniers inconnus. L’autre, tu le voyais s’apprêter à se ruer sur la jeune milicienne, sonnée contre le mur de pierre.
Dans un ultime trait lucide, tu pris de l’élan en t’accrochant à l’épaule du soldat à tes côtés, pour frénétiquement courir vers le groupe à l’arrière, vers elle.

« Coutilière, aidez ceux-là ! » déclaras-tu sans t’arrêter en lançant une main derrière toi, lui indiquant le groupe des défenseurs.

Les secondes étaient décisives, mais tu ne réfléchissais plus. Se serait-il agi d’une inconnue, ou même de Julius, que tu aurais tenté la même entreprise, mais cette fille t’était énigmatique, mystérieuse que tu l’avais trouvée lors de votre rencontre ; sa mort aurait signifié l’absence de réponse à cette interrogation, toi qui appréciais que chaque problème trouve sa résolution. Tu fondis sur elle, tout comme lui, mais la distance vous séparant restait trop grande, interminable. Tu voulais l’attaquer, mais tu n’y serais pas parvenu ; tu voulais parer sa prochaine attaque à son encontre, mais tu n’y serais pas parvenu. Que te restait-il à faire, à part courir davantage et espérer qu’elle s’en sorte d’elle-même ? À mesure qu’il se rapprochait, tout paraissant alors beaucoup plus rapide que ce que tu n’avais prévu, tu fus pris de l’angoisse caractéristique de la perte, celle ressentie avant le glas, celui d’un être cher, ou de quelqu’un envers qui tu avais une profonde dette.

Tu priais alors pour que le destin décidé par les Trois ne l’emporte pas avant que tu n’arrives. Mais tu n’étais pas assez rapide.

Qui était cette fille pour toi, Henry ?


Lancers de dés:

Revenir en haut Aller en bas
Élisabeth BlanchevigneCoutilier
Élisabeth Blanchevigne



Et par la terre seront purifiés Empty
MessageSujet: Re: Et par la terre seront purifiés   Et par la terre seront purifiés EmptyDim 15 Mar 2020 - 19:35
Un tir propre pour engager la confrontation, bruyante comme prévu. Mais avec un sectaire de tombé d'un côté, le moral était au beau fixe. Le premier choc fut bruyant alors que la ligne arrière s'attendait à voir arriver les purificateurs présents dans la salle. Ils devaient être décisifs, mais, dans la mêlée, Élisabeth ne pouvait pas vraiment tirer de flèches sans risque fortement de blesser un de ses hommes. Ou Clervie.

Cette dernière se débrouillait plus ou moins, jusqu'à ce qu'une manœuvre difficile dans ces couloirs restreints ne la mette dans une situation bien difficile alors que de l'autre côté l'engagement s'était lancé lui aussi. L'archère cherchait surtout un angle, et pensait même le trouver avant que Duchemin n'abandonne son poste dans une fougue bien folle mais assez désespérée : Il était bien trop loin par rapport à l'assaillant de la jeune femme, et maintenant, il se trouvait devant elle et l'empêchait de tirer correctement!

Un chapelet d'insultes passa dans la tête d'Élisabeth à son sujet, de lâche à crétin en passant bien sûr par irresponsable. Elle n'avait plus le temps, alors elle ajusta malgré tout son tir... Et en souhaitant agir trop vite ses doigts s’emmêlèrent, et sa flèche se désencocha. Merde, Claire était dans une sale posture et elle devait faire vite et...

Chié! Une autre flèche tomba au sol!

Derrière elle, des cris, de la panique, avec des élans guerriers. Les miliciens, submergés depuis la disparition de l'un de leur support, se faisait déborder et même s'ils avaient initialement rendus les coups, les blessures et la situation devenait de moins en moins tenable. Élisabeth devait aider à tenir cette ligne... Sinon ils mourraient tous. Pas que Claire, ni ce nobliau stupide. Ce dernier allait l'entendre s'ils s'en tiraient...

Le geste qu'elle avait tant répété repris sa course normale, la première flèche se planta dans la mâchoire d'un des sectaires en train de déborder la ligne de front, le faisant abandonner son opération de suite avant de se replier derrière ses camarades qui continuaient alors que les miliciens blessés, leur tenue tâchée de leur sang, étaient mis en déroute. Le trait suivant d'Élisabeth, quant à lui, effleura la tête d'un milicien dans un nouveau trait sanglant, heureusement non mortel, mais achevant le moral des pauvres hommes qui abandonnèrent tout semblant de courage pour se replier plus en arrière, espérant leurs camarades à même de les protéger.

A ce rythme, c'était la coutillère qui allait se retrouver au front. Elle avait été une piètre archère. Et une plus piètre commandante encore même si la fuite d'Henry avait grandement joué en sa défaveur. Mais il y avait bien un moment où elle se devait de montrer l'exemple. Elle lâcha son arc près du mur. Elle serra les dents, dégaina sa lame.

« Finissez-les et venez aider derrière! Vite! » ordonna-t-elle avec le plus de fermeté qu'elle était capable de rassembler en ce moment précis. Les miliciens qui avaient abandonnés la ligne étaient bien trop mal en point et effrayés pour continuer le combat. En fuyant, l'un se fit d'ailleurs trancher dans le dos et s'écroula sur le sol vaseux en gémissant. Il n'était pas mort sur le coup, mais le seul moyen de le sauver était une contre-charge qui tardait à arriver. Alors Élisabeth avança d'un pas, et alla cueillir d'une attaque le premier sectaire qui approchait d'une estafilade impressionnante mais superficielle sur sa poitrine.

L'attaque d'un de ses camarades ne se fit pas prier pour suivre et, pour une raison qui ne pouvait que lui faire dire que Rikni n'était pas avec elle ce soir, son arme s'échappa de ses mains et vola à plusieurs mètres de là alors que la lame de son adversaire entailla salement son bras droit qui la tenait. Elle laissa échapper un cri de douleur, et, ramassant péniblement son arc en reculant, para cette fois avec succès un nouveau coup avec la partie renforcée en métal de son arme tout en reculant incapable de continuer à les retenir avec un arc.

Les égouts étaient vraiment le pire endroit du royaume. Et, clairement, elle n'avait pas envie d'y mourir, alors que la panique la gagnait. Fuir? Fuir n'était pas une mauvaise idée.

Si dans deux secondes l'autre groupe n'avait pas terminé son travail... Elle quitterait tous ces incapables, et essaierait d'emmener Clervie avec elle. Si elle était encore en vie. Et compte tenu de son passé, elle avait toutes les raisons de penser que ce n'était pas le cas.

Elle avait peur.

Peur de la mort en face d'elle. Peur de la mort dans son dos. Peur de la mort rodant peut-être, et qui, attirée par le bruit, risquait de faire un carnage de tous ceux ici présents.
Revenir en haut Aller en bas
Clervie de SombreluneMilicienne
Clervie de Sombrelune



Et par la terre seront purifiés Empty
MessageSujet: Re: Et par la terre seront purifiés   Et par la terre seront purifiés EmptyDim 15 Mar 2020 - 20:07
Parfois, le destin est d'une telle ironie que vous vous demandez vraiment si les dieux ne se moquent pas de vous.
Durant des mois, Clervie avait pleuré, sangloté tous les jours et n'avait guère fait le moindre effort pour assurer sa survie. Aveuglée par le désir de vengeance, elle se moquait éperdument de la façon dont elle allait mourir.
Mais depuis quelques temps, ce n'était plus le cas. Ses nouvelles relations lui avaient donné espoir et mourir n'était vraiment plus dans ses plans.
Elle fit alors quelque chose de complètement courageux et de très stupide.
Elle attrapa vivement la lame de son adversaire avec les deux mains, dans une tentative forcenée de l'empêcher de se planter en elle. Une violente douleur se fit sentir dans ses mains, le purificateur ricana en augmentant sa poussée.

Tiens bon, Clervie, tiens bon ! s'ordonna-t-elle, tandis qu'une terrible vague d'adrénaline l'envahissait, décuplant sa force, annihilant temporairement les brûlures dans ses mains.

Le sang ruisselait de ses paumes ouvertes, elle se sentait faiblir, ce vomitif à fangeux ne lâchait pas, il continuait, il continuait, décidée à planter sa lame dans le ventre de la jeune femme. Et bientôt, Clervie sentit la pointe arriver au niveau de son plexus, malgré tous ses efforts pour l'empêcher. Une nouvelle douleur fulgurante se fit sentir quand la lame entailla son ventre, elle eut le souffle coupée, prête à abandonner....

- CORBAC !!!

Le brave Julius venait de se débarrasser de son autre adversaire et il fondit sur l'agresseur de Clervie. Sa lame plongea avec rage dans les côtes de l'homme, il cracha un long jet écarlate avant de s'écrouler au sol, mort, tandis que Julius se ruait immédiatement sur Clervie, très inquiet.

- Corbac ! Par les miches de Rikni, Corbac !!! Tu vas pas nous claquer là, maintenant, hein ? Tu veux pas l'revoir ton beau galant, ou quoi ??? Meeerde, c'est quoi tout ce sang ???

La jeune femme était blanche comme un linge, mais elle se rendit compte qu'elle respirait sans difficulté. Elle regarda son ventre. Il y avait une légère entaille, mais rien de plus. Ses mains, par contre, avaient pris très cher et elle garderait sûrement des marques. Toute sa tunique était poisseuse de liquide rouge.
Ils avaient tué tous leurs agresseurs, désormais, mais restaient ceux de la salle, et apparement, la coutillerie était submergée. Clervie retrouva un rien de conscience :

Va les aider Julius ! Je vais bien, c'est superficiel !
D'accord ! Mais crève pas, hein ? Sinon j'te tue, Corbac !

Clervie le vit se ruer dans la mêlée, et poussa un léger soupir. Puis soudain, elle sentit la tête la tourner. Elle avait vraiment perdu beaucoup de sang. Peut-être qu'elle allait vraiment mourir là, dans les égoûts...
Elle eut une dernière pensée, étonnament triste et trivial.

Erwan ne saura même pas pourquoi je ne viens plus le voir...


Spoiler:
Revenir en haut Aller en bas
http://isisnight.eklablog.com/
Henry Duchemin2
Henry Duchemin2



Et par la terre seront purifiés Empty
MessageSujet: Re: Et par la terre seront purifiés   Et par la terre seront purifiés EmptyMer 25 Mar 2020 - 14:48
Tu te demandais à quel instant cette idée saugrenue t’était venue à l’esprit. Tu étais venu les quérir, les inviter à participer à cette chasse désespérée – si désespérée ? – que tu avais entreprise, et qui avait pour but d’éradiquer toute trace de cette maudite secte de la ville, pour quoi ? Pour que vous finissiez par vous trouver dans une situation des plus critiques. Les égouts n’avaient été promesse de victoire pour personne, et à l’instant où les torches avaient été aperçues derrière vous, tu savais quel danger vous aviez alors couru. Pourtant, rien ne t’avait empêché de quitter ce poste que l’on t’avait assigné, car tu avais oublié un détail lorsque les lames avaient commencé à s’entrechoquer : tu n’étais pas le donneur d’ordres.

Tu n’avais pensé aux conséquences, pensé à tes camarades au front qui, subissant toujours l’assaut des plus nombreux, croulaient sous les coups, les entailles, l’acharnement ennemi qui finirait tôt ou tard par percer la maigre ligne que vous aviez à peine eu le temps d’installer. Toi, tu avançais à vive allure vers la fille aux cheveux noirs, désormais au sol, sa tenue virant au rouge sombre, totalement imbibée. Ses yeux semblaient éteints, son souffle court ; elle était mal en point, et était en passe de s’évanouir sous la douleur.

Tu remarquas ses mains profondément entaillées, te rappelant la violence du choc de l’épée sur ses paumes. Julius avait été plus rapide ; tu étais arrivé à l’instant où la jeune milicienne avait semblé lui sommer de partir aider, soutenir le front que tu avais abandonné pour elle. Tu te sentis idiot, pire : incompétent et inutile. D’un signe de tête, tu voulus t’assurer de sa survie, mais elle avait déjà sombré dans l’inconscience. Tu te pressas vers elle, examinant les blessures, jugeant d’un coup d’œil si la mort semblait la guetter. Tu tournas vivement la tête vers le fond du couloir, observant tes compagnons lutter contre l’assaut que vous subissiez désormais : Julius et les deux autres épéistes allaient arriver au contact, épaulant la coutilière. Le seul bouclier restant, ainsi que son support, avaient retrouvé courage à leur arrivée, bien qu’une peur viscérale eût empli leurs pauvres âmes. Ils pouvaient s’en sortir.
Tu déchiras sans attendre une partie de ta tenue, sous ton gambison, pris les mains de la milicienne gisant au sol, et entrepris de les bander du plus vite que tu pus ; le temps était un luxe que personne ne pouvait se permettre de gaspiller. Tu la soulevas quelque peu par les épaules, la faisant reposer sur la paroi sale et humide du mur de briques, avant de reprendre ton épée et de te précipiter de nouveau sur la ligne de défense.

À ton arrivée, tu ne dis mot, ni ne hurlas d’incantation guerrière en l’honneur de Rikni. Tu savais le regain de moral bénéfique, mais ce n’était pas ton rôle, a fortiori quand ta seule action que l’on retiendrait de cet événement serait ton abandon de poste. Le blessé au dos était pris en charge par l’un de ses compagnons, et tu rejoignis les autres, l’épée au clair. Tu collas alors ta main sur l’épaule d’un épéiste, jambes en appui, lui indiquant que tu étais présent pour le relever, ce qu’il accepta volontiers. Tu te tenais désormais aux côtés de la coutilière, juste derrière le bouclier, qui, lui, tenait fièrement et inlassablement sa position, subissant toujours plus de coups, toujours plus de haine. Quatre corps étaient néanmoins amassés devant lui, qui rendaient l’accession difficile aux autres sectaires.
D’une estocade bien placée, tu en embrochas un à l’épaule, qui recula. Ton examen rapide te permit de constater, dans le feu de l’action, qu’il n’en restait que quatre, dont l’invalide.
L’un des épéistes, suivi de Julius, sauta alors devant vous, chargeant vos trois adversaires d’une rage furibonde, souhaitant semblait-il en finir avec ce combat bien trop éprouvant. En un regard, tu fis comprendre à la coutilière que tu souhaitais te racheter, avant de plonger à leur suite pour les aider, corps et âme.

Par ta faute, un homme était grièvement blessé à cette heure. Un poids de plus sur ta conscience…

Revenir en haut Aller en bas
Élisabeth BlanchevigneCoutilier
Élisabeth Blanchevigne



Et par la terre seront purifiés Empty
MessageSujet: Re: Et par la terre seront purifiés   Et par la terre seront purifiés EmptyVen 27 Mar 2020 - 16:11
Les miliciens censés tenir la position sont partis derrière, certainement fuir loin.

Une épée courte gît par terre alors que la manche de la tenue de la milicienne se teinte d'un liquide rougeâtre poisseux.

Sa main resserra son arme, inutilisable dans une telle situation avec ces salauds de sectaires tentant de la poignarder. Elle ne pouvait que se défendre, reculer alors qu'elle ne tiendrait jamais la ligne à elle seule et désarmée. Son bras droit lui faisait mal, aussi.

Fuir, c'était la seule chance de survie qui lui restait.

Un cri de guerre retentit derrière elle à ce moment, et elle vit passer la chevelure de Julius secondé par deux autres miliciens charger et projeter des sectaires à terre, lui offrant alors une opportunité de se ressaisir! Elle tourna la tête derrière elle. Claire était blessée, pâle, les mains ensanglantées. Le nobliau était plus ou moins à son chevet du peu de temps qu'elle pu les observer.

Julius avait été héroïque, aux yeux de la coutillière. Claire s'était bien battue. Si elle fuyait maintenant, elle n'était pas digne d'être la dirigeante de l'expédition. Elle ne vaudrait pas mieux que Duchemin qui abandonnait son poste et restait en arrière ligne. Certes Claire allait mal, mais d'autres miliciens avaient désespérément besoin de son aide! Combien d'autres seraient gravement blessés ou tués pendant les secondes qu'il perdait ici?

La milicienne s'inquiétait comme une folle bien entendu, mais pour que son amie ni personne de plus ne meurt ici, il fallait écarter la menace.

Alors que la ligne se reformait, Élisabeth se saisit de trois flèches, en encocha une première. Si elle venait d'apprendre quelque chose, c'est qu'il y avait certains de ses hommes sur qui elle pouvait compter. La milicienne sera les dents alors que son bras droit irradiait la douleur de sa blessure jusqu'à son épaule, mais elle était déterminée.

Spoiler:

Un trait parti, touchant un purificateur en plein crâne. Il s'effondra en arrière sous l'impact et ne bougea plus. Henry était arrivé vers ce moment, ré-engagea la mêlée. C'était déjà trop tard.

Le suivant fut encoché tout aussi rapidement, la milicienne était vive, rapide, stressée, et un tas d'émotions se mélangeaient dans sa tête. Mais toutes travaillaient dans un seul sens : La précision de ses traits. Le second fut identique au premier, le sectaire ne poussa même pas un cri en s'effondrant. Elle encocha une troisième flèche.

Le troisième sectaire, terrifié à la vue de deux de ses compagnons abattus en pleine tête en quelques secondes se retourna et s'enfuit.

Un trait alla le cueillir à l'arrière de son crâne, juste au-dessus de sa nuque, et il s'effondra dans un gargouillis sanglant, avant de ne bien rapidement ne plus faire le moindre bruit. Le quatrième, déjà amoché, tenta une fuite désespérée mais un coup d'épée de Julius dans ses jambes l'empêcha de bouger plus loin. Celui là resterait en vie, et ils n'allaient pas se déranger pour l'interroger. Le milicien le maîtrisa et le désarma alors sans mal. Le milicien s'était illustré pendant ce combat, à n'en point douter.

Les clameurs de la bataille se calmèrent alors. Élisabeth, le souffle court, observait la blessure à son bras et grimaça. Bien moins pire que sa morsure ou que les multiples griffures de la fange qu'elle avait pu subir... Cela ne restait pas très beau à voir. Son souffle était court alors que l'adrénaline courait encore dans ses veines, son visage déformé par un mélange de douleur et de frustration quand ce qui venait de se passer.

« Duchemin. Vous avez de la chance que crier reste une mauvaise idée dans ce lieu parce-que c'est la seule chose qui me retient de me casser la voix quant à vos actions pendant cette escarmouche. » siffla-t-elle entre ses dents qu'elle garda solidement fermées pour garder son calme. Tout était bien qui ne finissait pas si mal que ça... La pire chose qui pouvait arriver maintenant était que d'autres arrivent, ou bien pire, la fange. Dans ce couloir si proche des intersections, c'était une très mauvaise idée de rester. Et les troupes attendaient les ordres, surtout qu'ils n'étaient pas ressortis intacts de cette expédition. Le milicien gravement blessé avait peu de chances de s'en tirer, mais ils allaient essayer de la sauver tout de même. Les purificateurs, même ceux encore en vie, allaient juste être achevés. Sauf un.

« Julius et André, bâillonnez le prisonnier et ramenez-le dans leur salle à la con d'où ils viennent. Duchemin et moi, on va ramener aussi tous les blessés graves là bas, ce sera plus propre pour pouvoir les soigner à priori. Si quelqu'un s'y connait pour soigner ça... Qu'il se manifeste. »

Après quelques seconde, un milicien leva timidement la main. « Je.. me débrouille. Un petit peu. C'est mieux que rien? » déclara-t-il alors pas très sûr de lui. La coutillère n'avait pas trop le choix de tout de façon.

« Bien, tu nous accompagnes. Et... vous deux... » ajouta-t-elle alors en regardant les deux miliciens qui n'avaient pas encore reçu d'ordres. « Vous savez ce que vous avez à faire. Nettoyez bien vos lames après. » déclara-t-elle en désignant les cadavres. Décapiter des cadavres n'était pas vraiment une activité très drôle, mais nécessaire. Il ne manquerait que que certains d'entre ces fous ne se relèvent d'entre les morts pour venir tous les décimer.

Élisabeth resserra un peu sa manche autour de sa blessure pour faire comme un bandage, avant de s’avancer vers son épée qui traînait sur le sol putride du couloir, avant de la ramasser. Elle se tourna ensuite vers l'autre milicien qui n'avait pas eu d'ordre. Tous étaient blessés à différents degrés. De la petite coupure, à la blessure sérieuse, voire carrément critique pour d'autres.

Les yeux de la coutillère se posèrent sur Claire. Elle était inquiète, et cela pouvait se voir dans son regard, mais elle ne pouvait pas laisser ses émotions entraver les décisions logiques à prendre. Elle avait voulu ses ordres les plus neutres possibles. Un autre milicien avait bien plus urgemment besoin de soins qu'elle. Et pourtant, tous s'étaient rués au secours de la jeune femme au charisme si particulier.

« T'inquiètes, ça va aller. Tu m'entends? » demanda-t-elle à mi-voix, toujours inquiète, à son amie pendant que le convoi se dirigeait vers cette salle, prudemment toujours. L'attaque était trop brutale pour qu'ils ne puissent s'en remettre facilement. Mais Élisabeth leur avait donné des ordres auxquels se rattacher. Ils n'avaient plus qu'à obéir. Et vite. Une fois dans la pièce, il faudra la barricader ou bien s'ils ne pouvaient pas, au moins laisser deux guets pour éviter une éventuelle arrivée d'ennemis en plus...

Les soucis n'étaient pas encore finis. Et la milicienne rêvait de pouvoir remonter à la surface. Mais ils n'y étaient pas encore...
Revenir en haut Aller en bas
Clervie de SombreluneMilicienne
Clervie de Sombrelune



Et par la terre seront purifiés Empty
MessageSujet: Re: Et par la terre seront purifiés   Et par la terre seront purifiés EmptySam 28 Mar 2020 - 11:44
Clervie avait vraiment, durant quelques instants, basculé dans un trou noir complet, mais plusieurs personnes s'étaient penchées sur elle, l'appelant Dame Corbac histoire de bien l'agacer.

Dame Corbac, t'es morte ?

La jeune femme sentit qu'elle reprenait tout à fait connaissance, voire même, qu'elle était de plus en plus énervée. Elle se redressa vivement, lançant un regard furibond aux gens qui l'entouraient.

D'où avez-vous pensé que j'étais morte, bande d'idiots ? J'ai l'air morte ? Sérieusement, j'ai l'air morte ???

Elle voulut se redresser, mais ses jambes flagolèrent et elle s'aperçut qu'elle tremblait toujours et qu'elle avait froid. Pendant ce temps, les acolytes s'éloignaient en pestant sur l'ingratitude de la jeune femme. Elle constata que quelqu'un avait bandé ses mains, mais cela ne les empêchaient guère de la brûler horriblement. Franchement, arrêter une lame avec les paumes... Ce n'était guère un exploit à retenter, il n'y avait pas à dire !
La petite balafre au niveau de son ventre avait déjà cessé de saigner. C'était bien ce qu'elle pensait, c'était superficiel. Son évanouissement n'était dû qu'au choc de voir le sang ruisseler de ses mains. Néanmoins, elle se sentait un peu nauséeuse et fut bien contente lorsqu'Elisabeth se pencha pour l'aider à se relever. Visiblement, il était temps de bouger. Sans trop savoir comment, elle se retrouva pelotonnée contre la coutilière qui la soutenait, inspirant son parfum familier.

« T'inquiètes, ça va aller. Tu m'entends? » lui dit celle-ci.
Clervie eut un pâle sourire :

Bien sûr que ça va aller, Eli. On ne meurt pas d'avoir des coupures sur les mains.

Néanmoins, elle était touchée de la sollicitude d'Elisabeth à son égard. La coutilière montrait très peu ses sentiments.
Les deux femmes suivirent le reste de la troupe dans la fameuse salle. Puis ce fut l'heure de l'interrogatoire. Julius se porta volontaire pour démarrer. Il arracha le baillon de la bouche du purificateur, qui cracha à ses pieds.

J'vois que t'es disposé à ouvrir la bouche, sale chien d'hérétique ! commença Julius. Alors, dis-moi un peu. Y'en a encore combien, de tes petits copains qui rôdent ? C'est habituel, vos p'tites réunions là-dessous, hein ? Hein ? Et qui c'est, votre bâtard de chef ? Histoire que je puisse aller lui mettre une épée dans les tripailles ?

Le purificateur demeura silencieux. Il n'avait visiblement pas l'air décidé à parler. Julius perdit patience.

Alors, alors, par la morbois et les couilles de Serus, tu veux pas parler ? TU VEUX PAS PARLER, FILS DE PUTE ?

Sur cette injonction, il donna un violent coup de poing dans la mâchoire de l'homme. Celui-ci le regarda, crachant du sang... et se mit à rire, d'un rire hystérique à faire froid dans le dos. En le voyant ainsi, Clervie sentit une immense rage l'envahir. Ces sectaires étaient eux aussi responsables de ce qui était arrivé à sa famille. S'ils n'étaient jamais apparus, jamais sa famille ne se serait retrouvée sur un bûcher. Aussi voir cet homme se moquer ainsi ouvertement d'eux accrut une colère qu'elle contenait depuis trop longtemps. D'un seul coup bien consciente et la colère lui faisant une montée d'adrénaline, elle s'avança. Sa nausée avait étrangement disparu, alors qu'elle s'approchait à son tour de l'hérétique, le toisant d'un regard noir d'enfer.

Ca te... fait rire ? commença-t-elle d'une voix étrangement basse.

Les autres miliciens stoppèrent, sentant venir un de ces fameux moments où Dame Corbac "pétait les lanternes" comme ils disaient. Quand elle était dans ce genre d'état, on ne savait jamais ce qu'elle allait faire. Elle pouvait essayer ouvertement de vous tuer ou simplement vous foutre une trouille aussi grande que si vous vous retrouviez face à un fangeux. Un prisonnier avait déjà montré une étonnante coopération après une entrevue avec la jeune femme furieuse. Bon, certes, ce n'était pas un hérétique, mais un simple petit voleur déjà pas très courageux. Plus qu'à compter sur la chance.

Ca te fait rire, espèce de sale adorateur de fangeux ??? Ca te fait rire ???

Avec cette lueur de folie dans ses prunelles enflammées, plus le sang dont elle était encore couverte, son chignon défait et ses cheveux noirs encrassés lui donnant une allure de mauvaise sorcière, Clervie ne s'en rendait pas compte, mais elle était... proprement effrayante. Lorsqu'elle rapprocha dangereusement son visage de celui du prévenu, il aurait sûrement pu croire voir Rikni elle-même venue le châtier.

Moi aussi, je vais bien rire, mon cher... Je vais bien rire quand on commencera par te brûler les pieds à petit feu, une fois que l'on t'aura ramené au cachot... Ensuite, je rirai lorsqu'on laissera certains de nos camarades avec des penchants quelque peu... exotiques s'occuper de toi... Et enfin, je rirais encore plus lorsqu'on te traînera jusqu'à la place pour te jeter dans les flammes et que je verrai la peau de ton visage fondre comme une bougie, tes yeux fondre dans leurs orbites et tes os se découvrir lorsque ta chair et ta graisse se détacheront de toi !

Sur cette phrase, elle émit un rictus terrible, tout en ne cessant guère de fixer sa cible.

Tu es sûr que tu n'as rien à nous raconter pour t'épargner le supplice, mon cher ? Tu as raison, continue à ne pas parler, on va tellement bien s'amuser avec toi... hum !

Spoiler:
Revenir en haut Aller en bas
http://isisnight.eklablog.com/
Contenu sponsorisé



Et par la terre seront purifiés Empty
MessageSujet: Re: Et par la terre seront purifiés   Et par la terre seront purifiés Empty
Revenir en haut Aller en bas
 
Et par la terre seront purifiés
Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 2Aller à la page : 1, 2  Suivant

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Marbrume - Forum RPG Médiéval Apocalyptique :: ⚜ Cité de Marbrume - Quartiers populaires ⚜ :: Quartier de la milice-
Sauter vers: