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 La parole et l'épée [PV Darius]

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Esméra de SibranBaronne
Esméra de Sibran



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MessageSujet: La parole et l'épée [PV Darius]   La parole et l'épée [PV Darius] EmptyLun 16 Mar 2020 - 22:08
Port de Marbrume
15 août 1166
Fin de matinée


Un mois s’était écoulé depuis leur rencontre. Et quelle rencontre ! Elle a passé des nuits et des nuits à y songer, à retourner toutes les solutions dans son esprit, guettant le moindre bout de tissu coloré abandonné devant sa maison. Aucune nouvelle de Dorian. Aurait-il oublié leur accord ? Il n’a pas l’air d’être homme à se parjurer pourtant, même s’il tient plus de la franche canaille que du gentilhomme. Une canaille se complaisant au milieu de bruits affreux de jouissance simulées qui l’ont poursuivie longtemps, en plus de l’avoir profondément intriguée. Toute l’attitude de cet homme l’a également désarçonnée. Une canaille peut-elle avoir une parole, un sens de l’honneur qui lui est propre ? Tournant en rond dans son salon, les bras croisés sur sa poitrine, elle se posait des tas de questions, pesait le pour et le contre. Une hésitation, puis une autre, encore une autre, jusqu’à ce qu’elle cède et qu’elle prenne la plume, pour poser quelques mots sur un bout de parchemin avant de le rouler, de le ficeler et de le tendre à Etienne, songeuse :

- Etienne, s’il vous plaît, portez donc ceci à la Rose aux Vents. Tout de suite.

Le garde regarda le petit rouleau, il regarda ensuite la baronne avant de s’incliner et de s’exécuter. Dès qu’il passa la porte, elle en eut un soupir de soulagement. Le rdv est fixé au lendemain, fin de matinée, dans un entrepôt qu’elle a aperçu lors de l’une de ses visites de charité, dans le quartier sud du port. La baronne de Sibran, peu après sa rencontre avec Dorian, s’était intéressée au sort de ces filles abandonnées de tous, celles qui n’ont pas la « chance » d’être assez jolies pour travailler dans un cadre plus sécurisé tel ces maisons où elle-même a été captive quelques heures durant. Il y a tant de misères dans ces rues, tant d’histoires sordides, tant de malheureuses poussées dans ces extrémités honteuses…Et ces femmes, pas toujours jolies, pas toujours soignées, pas toujours en santé, n’ont personne pour prendre soin d’elles. Alors, Esméra avait pris la décision d’aider autant qu’il lui est possible de le faire, apportant un peu de pain, parfois des herbes, parfois un baume cicatrisant, une parole réconfortante, une oreille attentive à leurs grands malheurs. Rien ne lui fauchait plus le cœur que l’injustice. Et l’injustice frappe plus durement les femmes que les hommes, c’est un fait. A les entendre, personne ne se soucie de leur sort.

Le lendemain, donc, elle était au rendez-vous, passant par les rues qu’elle connaissait bien, habillée très sobrement afin de ne pas attirer l’attention. Une chemise blanche à manches longues retenues aux poignets par des liens noués, une robe sans manches et sans aucun décor ou ornement de couleur marron, empruntée à Sophie, lacée dans le dos, une cape noire enveloppant son corps en entier, la capuche rabattue sur ses cheveux sommairement noués en une tresse épaisse, voilà la silhouette qui se faufile jusqu’à l’entrepôt faisant presque office de séparation entre la jolie partie du port aux bâtiments de pierres taillées et celle bien moins jolie, parée d’immeubles en bois pourris et à l’odeur fétide.

Ce n’est qu’à l’intérieur de ce grand entrepôt à bois et planches de toutes tailles qu’elle ôta sa capuche afin de mieux voir. Personne. Dans un geste qu’elle fit afin d’observer les lieux, en silence, à la recherche de son complice, la cape s’écarta un peu afin de laisser apparaître une ceinture de cuir brun et le stylet qui y est accroché. Quelques rais de lumière traversant les planches mal jointes des murs éclairent l’endroit, tout autant que les volutes de poussières qui y stagnent, troublées par la marche de la baronne, qui fronce les sourcils. Personne. Aurait-elle été incomplète, imprécise dans sa description du lieu de rendez-vous ? N’y tenant plus, sur le point de rebrousser chemin, elle dit, d’une voix claire et posée :

- Dorian ?

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Darius VortigernPirate - Capitaine
Darius Vortigern



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MessageSujet: Re: La parole et l'épée [PV Darius]   La parole et l'épée [PV Darius] EmptyMar 17 Mar 2020 - 4:05
Lorsqu'il se rend au lieu de rendez-vous, un entrepôt à l'abandon à la lisière entre le beau côté du port et celui où les malfrats – comme lui, par exemple – traînent, Darius sait que Sophie est déjà arrivée. Il le sait parce qu'il l'a aperçue trois rues plus loin, avant même qu'elle débouche véritablement au port. Il aurait pu accélérer le pas pour la rejoindre et cheminer en sa compagnie, mais il a préféré rester à distance pour l'observer à loisir. Il ne sait pas exactement comment il l'a reconnue, à vrai dire. Quelque chose dans sa démarche, peut-être, ou dans sa tenue tellement subtile qu'elle en devient louche pour un type comme lui. Il aurait pu se tromper, bien entendu, mais son intuition a cette fois été la bonne, et il n'a su s'empêcher de sourire en coin avec amusement en voyant la jeune femme s'engouffrer dans l'entrepôt.

Après avoir jeté un bref regard aux alentours, le pirate s'approche à son tour. L'endroit est peu achalandé, probablement en raison de son emplacement incongru, qui pousse les nobles et les bourgeois à se demander s'ils sont encore en un lieu respectable, et les gueux à craindre de ne pas être à leur place. De temps en temps, un passant traverse la frontière invisible, l'air de regarder s'il est surveillé. Un lieu de rendez-vous presque idéal pour un criminel et une noble qui n'ont rien à faire ensemble.

Darius passe tranquillement la porte de l'entrepôt, mal refermée, juste au moment où Sophie appelle son nom. Il balaie rapidement l'entrepôt du regard. Hormis quelques caisses cassées et donc inutilisables, il n'y a pas grand-chose. S'y cacher aurait été difficile, mais pas impossible, aussi comprend-il pourquoi Sophie prend la peine de l'interpeler. Il est cependant juste derrière elle et ne semble pas l'avoir entendu approcher.

« Oui? », répond-il moqueusement non loin de son oreille.

Darius arrête la main de Sophie en se saisissant vivement de son poignet. Tandis qu'il regarde cette main prête à frapper son visage et immobilisée à trois centimètres de celui-ci, il rit avec un mélange d'amusement et de simple bonne humeur.

« Tiens, moi aussi, je suis content de te revoir, Sophie », dit-il en posant son regard clair dans celui de la noble et de relâcher le poignet de celle-ci.

Il lui offre un sourire en coin espiègle avant de retourner d'un pas nonchalant vers la porte, autant pour la fermer que pour abaisser la barrière de bois qui permet de la verrouiller. Ainsi, ils ne seront pas dérangés.

Lorsqu'il pivote vers Sophie, il prend le temps de la regarder. À défaut d'être habillée en homme, elle a presque l'air d'une paysanne, cette fois. Presque. Ses vêtements donnent relativement le change, mais elle est encore trop belle pour passer pour une des miséreuses de Marbrume. Sa peau semble trop douce, ses cheveux trop soyeux, ses mains trop délicates. Dix points pour l'effort, malgré tout. Un point bonus pour la capuche, qui a permis de dissimuler tout ça dans les rues.

Lui n'est pas bien différent de lors de leur première rencontre. Ses vêtements sont exactement les mêmes, il porte sa cuirasse et son épée est accrochée à sa taille. Il semble peut-être un peu moins poussiéreux – vive les thermes! – et sa barbe a été taillée récemment. Autrement, il est pareil. Il est détendu et moqueur, charmeur, aussi, même lorsqu'il ne fait ou ne dit rien de particulier. Il est ainsi et ne paraît pas près de changer.

« Je commençais à me demander si t'avais renoncé à tes leçons particulières, continue-t-il en faisant quelques pas pour s'arrêter devant la noble. À moins que t'aies pas reçu les robes que je t'ai fait envoyer pour mettre tes plans diaboliques à exécution? »

Il arque un sourcil interrogateur. A priori, on devrait lui avoir livré trois robes il y a deux semaines. Il espérait qu'elle les avait bien reçues, car trouver les tenues n'avaient pas été des plus aisés.
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Esméra de SibranBaronne
Esméra de Sibran



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MessageSujet: Re: La parole et l'épée [PV Darius]   La parole et l'épée [PV Darius] EmptyMar 17 Mar 2020 - 15:40
- Pour l’amour des Trois, Dorian !, dit-elle alors qu’il retenait sa main proche d’atteindre son but. On ne surprend pas les gens de la sorte, à quoi donc pensez-vous ?!!

Esméra a eu peur. Et quand elle a peur, elle a toujours des réactions disproportionnées, sans parler de son accent natal qui revient en force, quand ce ne sont pas des jurons atroces et tout à fait indignes d’une dame de son rang, fort heureusement incompréhensibles pour les gens de la cité. Quoiqu’il en soit, elle dégage son poignet de la main de Dorian, les sourcils froncés, avant de remettre sa cape correctement, pour se donner une contenance. La crapule, quant à elle, se dirige vers la porte et la barricade d’une planche de bois afin d’empêcher quiconque d’entrer. Ou d’en sortir. Cela lui permet de l’observer un peu mieux. Il n’a pas changé, si ce n’est un détail ici et là. Non, il est toujours le même. Toujours aussi moqueur.

- Pourquoi donc aurais-je renoncé à notre accord ? Je suis une femme de paroles.

Il s’arrête juste devant elle, elle doit un peu lever la tête pour le regarder.

- J’ai reçu votre part du marché, en effet.

Elle esquisse d’ailleurs un ravissant sourire moqueur, à son tour. L’une de ces robes a été offerte en cadeau à la véritable Sophie, sa suivante, qui a failli s’évanouir de joie de pouvoir porter une pareille tenue. Elle s’est littéralement répandue en remerciements, heureuse, tournoyant dans le salon comme un enfant recevant un beau jouet. Esméra était ravie de pouvoir offrir un tel cadeau à sa suivante. La pauvre a en effet fort à faire, dans cette maison. Et c’était bien le moins que de lui offrir une jolie tenue. D’autant plus que Sophie est très jolie et que la baronne a vu un homme rôder près de chez elle, timide, respectueux, et lançant des regards inquiets vers la porte de l’office. Il se trame des choses sous son toit sur lesquelles elle n’a aucun contrôle. Esméra a donc gardé les deux autres tenues, dont l’une, sa préférée, a littéralement conquis son cœur en un quart de seconde. Du velours pourpre. Splendide. Magnifique. Elle l’a portée, il faudra reprendre les coutures ici et là mais la tenue lui convient parfaitement. Nul doute que cette robe sera un atout non négligeable dans les négociations qu’elle envisage avec ses voisins de l’Esplanade. Elle le sait, son miroir poli le lui a confirmé, elle est juste magnifique dans cette robe. A garder donc, avec soin, pour l’utiliser lors de négociations difficiles. Les hommes sont tous pareils, après tout, montrez-en un peu, ils vous achèteront pour que vous leur en montriez un peu plus. Le tout…C’est de savoir manipuler ces mêmes hommes sans qu’ils ne s’en aperçoivent.

- Pour ma part, j’ai approché deux de ces affreux barons, afin de jauger leurs besoins immédiats. Si vous disposez d’épouses dans un de vos sacs magiques remplis de merveilles, ils pourraient vous payer des fortunes. A défaut, une dame entraînée à apporter des soins particuliers aux messieurs fera l’affaire. Ils sont bien trop bigots et pervers à la fois pour se rendre, à la vue de tous, dans le genre d’établissement dans lequel vous m’avez retenue. Au moins, ils me laisseraient tranquille.

C’est dit avec la froideur d’un glaçon glissant sur le dos. Elle déteste ces hommes, tout autant qu’elle haïssait son époux. Inspirant profondément, elle lance un regard franc et direct à Dorian, tout en l’observant avec la plus grande des attentions.

- Ce n’est pas grand-chose comme informations, je le sais. Ces schweinhürl de barons dégoutants désirent des contreparties à nos discussions et je refuse de continuer. Fournissez leur donc de quoi se détendre. Pendant ce temps…je m’occuperai d’autres de leurs semblables, ce ne sont pas les gens de cet acabit qui manquent, là haut.

Elle eut un regard pour le hangar, triste, poussiéreux, mais au moins honnête dans son délabrement.

- Et cette leçon particulière alors ? De quoi va-t-il être question aujourd’hui ?
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Darius VortigernPirate - Capitaine
Darius Vortigern



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MessageSujet: Re: La parole et l'épée [PV Darius]   La parole et l'épée [PV Darius] EmptyMar 17 Mar 2020 - 19:37

Évidemment, la réaction de Sophie ne fait que nourrir les rires de Darius, qui sourit moqueusement à son interlocutrice. Il doit admettre être relativement impressionné par la rapidité avec laquelle elle s'est tournée vers lui pour lui asséner sa main – ou son poing, il n'est plus certain – au visage. Il remercie ses réflexes, car s'il avait réagi un dixième de seconde plus tard, il serait probablement en train d'afficher une petite décoration signée Sophie sur sa joue barbue. Un rouge très tendance, assurément.

Après avoir libéré Sophie – et qu'elle ait bien tiré de son côté aussi pour récupérer son poignet -, Darius va fermer la porte. Il revient ensuite vers la jeune femme pour la questionner sur l'état de leur marché. Un sourire en coin étire ses lèvres en l'entendant. Une femme de parole. Il n'en a jamais vraiment douté, à vrai dire. Elle semble avoir un sens moral bien plus développé que lui. Pour elle, il est important de respecter sa parole si elle la donne. Pour lui, ça dépend des jours.

Un ravissant sourire taquin sur le visage, Sophie déclare qu'elle a reçu les robes envoyées. Darius est soulagé de ne pas avoir à répéter son petit miracle, car trouver des tenues à peu près à la taille de Sophie, d'une qualité assez importante pour convenir à une noble et correspondant aux couleurs demandées n'a pas été une entreprise des plus simples. À voir l'air de la jeune femme, son sens de l'esthétique a été efficace, pour autant qu'il en a un. Il faut dire qu'imaginer Sophie porter les tenues pour décider lesquelles lui envoyer a sans doute aidé à une prise de décision étonnamment avisée pour un homme qui se balade en cuirasse toute la journée.

Le pirate écoute Sophie lui raconter sa première prise de contact. Il plisse le nez. Il avait espéré des informations menant vers des choses plus... matérielles. Les renseignements ne sont pas totalement inintéressants, mais ils ne conviennent pas précisément à son champ d'expertise. Il compte pour autant en tirer profit. D'ailleurs, tandis que Sophie parle, il semble déjà réfléchir quoi à en faire. Des tenancières de bordel, il en connaît. Des catins, il en connaît aussi. Il y aurait certainement moyen de quoi faire un échange de bons procédés avec quelques-unes d'entre elles s'il les oriente gentiment vers ces clients fortunés.

« Mh, j'ai pas d'épouses convenables dans mon sac magique, mais je connais des demoiselles qui pourraient avoir de l'intérêt pour des clients fortunés, répond-il finalement. Il va me falloir leurs noms et toute information utile que tu pourrais avoir à leur sujet. »

Il regarde un instant Sophie, puis poursuit :

« C'est pas tout à fait les informations que je cherche considérant que je suis, disons, plus contrebandier que maquereau, mais c'est pas mal quand même pour une première fois. J'ai de quoi faire et je suis pas tellement inquiet pour la suite. J'ai cru comprendre que tu étais plutôt futée. »

Darius lui sourit en coin, l'air malicieux. Si Sophie a su assurer sa survie sans jamais devoir complètement tomber dans les filets de l'un de ces nobles qu'elle méprise, c'est qu'elle a plus d'un tour dans son sac et qu'elle sait user de sa beauté d'une façon qui frise la perfection.

« Quant à ta leçon, eh bien, il va falloir que tu commences par retirer ta cape, ma belle. Quand ça sera fait, je pense qu'on pourrait faire une première simulation de combat, juste pour voir comment tu te débrouilles avec ton arme parce que j'en ai franchement aucune idée. Tu m'as dit qu'un type t'avait montré des bases, mais ça reste flou. »

Il la regarde tranquillement de haut en bas, l'air pensif, puis repose son regard dans le sien.

« C'est pas mal que tu sois en robe pour t'entraîner. C'est plus représentatif de la tenue que tu risques de porter si jamais tu as à te défendre. »

Darius hausse les épaules, puis termine :

« Tu avais des difficultés avec certaines choses en particulier dans tes entraînements avec l'autre type? »
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Esméra de SibranBaronne
Esméra de Sibran



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MessageSujet: Re: La parole et l'épée [PV Darius]   La parole et l'épée [PV Darius] EmptyMar 17 Mar 2020 - 23:16
- Vous aurez toutes les informations nécessaires en temps utiles mais…il n’est pas bien difficile de les repérer. Ces hommes se rendent quotidiennement au temple, s’abîment les genoux et les velours en de gracieuses génuflexions pleines d’ostentation puis lorgnent sans vergogne la moindre jupe qui passe. Ils sont méprisables.

Esméra passe beaucoup de temps au temple, elle reconnait donc les fidèles, du moins ceux qui viennent régulièrement. Elle a eu l’occasion d’assister à des scènes écœurantes, des sourires chargés de sous-entendus, des regards lourds de désirs inavouables. Qu’est-ce qu’elle aurait aimé, dans ces moments-là, abattre n’importe quoi sur ces faces affreuses mais bon. Noble sang oblige, impossible de céder à une pulsion saine. Elle a un sourire entendu aux paroles de Dorian. Futée, elle l’est. Belle, elle l’est aussi. Conjuguez les deux et vous obtenez une femme à peu près libre de tout. Et de tous. Et Esméra tient à cette liberté comme à la prunelle de ses yeux. Sans cette liberté qu’elle chérit, elle ne serait pas ici, en cet instant, dans un hangar abandonné en compagnie d’un contrebandier transpirant la séduction par tous les pores. L’aventure. Le danger. Les frissons qui les accompagnent. Grâce à cette liberté monnayée par des mois de sourires vains et des œillades, sans jamais céder quoi que ce soit d’autres à ces gros porcs de l’Esplanade, la baronne peut vivre ce qui la passionne, sans avoir de compte à rendre à personne.

Elle s’éloigne un peu de lui, pour ôter sa cape dans un geste plutôt élégant et rapide, repliant soigneusement le vêtement de manière à ne pas le salir ou l’abîmer. Les tissus sont chers, même pour elle, et une cape perdue, c’est un mois à monnayer des moments privilégiés avec ces hommes qu’elle déteste. Et elle n’en a pas envie. Quoi qu’il en soit, Dorian aura tout le temps de voir le stylet pendu à sa ceinture de cuir, une ceinture qui souligne une silhouette ravissante. La baronne revient face à lui, en dénouant pensivement les cordes qui retiennent les manches de chemise à ses poignets.

- Le type dont vous parlez est mon garde personnel. J’ai du assaisonner sa tisane de quelques feuilles achetées à une marchande d’herbes de la ville afin qu’il dorme sinon je ne serais pas ici. Etienne est…protecteur. Un peu trop parfois. Là…Il va dormir quelques heures. Et c’est très bien comme ça.

Hop. Un nœud défait, elle roule la manche jusqu’à son coude, effectue quelques mouvements des bras, toujours sans regarder le « contrebandier », puis attaque l’autre bras, concentrée.

- Il m’a appris les bases du combat depuis notre fuite vers la cité, cela fait donc quelques mois que je m’entraîne.

Remontant l’autre manche en l’enroulant, elle s’assure que le tissu ne sera pas une entrave à ses mouvements puis vérifie que ses cheveux soient bien attachés avant d’enfin accorder son attention à son vis-à-vis, amusée.

- Le problème, voyez-vous, c’est que mon garde estime suffisant le fait de me savoir armée quand je me déplace. Or, avoir une jolie arme ne sert à rien si on ne sait pas s’en servir correctement. Il a des scrupules…

« Mais Madame, vous n’y songez pas sérieusement ! Vous êtes une femme, une noble dame ! », « Non, je m’y refuse, je ne peux faire ce que vous me demandez », « Renoncez à ces folies »…Les paroles du garde tournent dans son esprit, ce qui la fait sourire. Un fin et radieux sourire. D’un geste habile, d’une précision conférée par l’habitude, elle extirpe son arme de sa ceinture et fait tourner la poignée dans sa main droite, l’œil scintillant d’une lueur étrange, le genre de lueur qui brille dans le regard du chasseur face à une proie difficile et qu’il va devoir courser à travers bois sur des lieues et des lieues de distance.

- La seule difficulté notoire, Dorian, c’est que mon garde, aussi expérimenté qu’il soit, a toujours refusé de se laisser aller.

L’arme à la main, un sourire en coin, elle ajoute, d’une voix basse :

- Je gage que vous, vous n’aurez pas ce genre de délicate prévenance, n’est-ce pas ?



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Darius VortigernPirate - Capitaine
Darius Vortigern



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MessageSujet: Re: La parole et l'épée [PV Darius]   La parole et l'épée [PV Darius] EmptyMer 18 Mar 2020 - 3:06
« En temps utile, soit d'ici la fin de notre rencontre, dit-il. Je suis pas exactement un habitué du temple, Sophie. J'ai pas le loisir d'aller y étudier la faune en velours. »

Darius sourit d'un air entendu à Sophie. Si elle lui apporte des informations, elles doivent être complètes. Autrement, elles ne lui servent à rien et il ne perdra pas son temps à respecter sa part d'un marché dont il n'est pas satisfait. Elle n'est pas bête. Elle doit déjà savoir tout ça.

Sophie s'éloigne pour retirer sa cape comme il le lui a demandé. Darius suit ses gestes élégants des yeux, s'amuse de la voir plier soigneusement sa cape dans cet entrepôt qui n'est pas encore en ruines, mais qui ne tardera sûrement pas à l'être. Ses yeux dévient éventuellement vers l'arme qui pend à la ceinture de la jeune femme et dont il a pu brièvement prendre la mesure lors de leur dernière rencontre. Une lame discrète, mais terriblement dangereuse entre les mains de qui sait s'en servir. Pour une raison obscure, Darius se plaît un instant à imaginer cette noble se transformer en assassin dont l'on paierait cher les services sans se douter qu'elle est de sang bleu. Elle a, après tout, un petit penchant pour le crime puisqu'elle se trouve ici avec lui. Il doute cependant qu'elle en soit à tuer contre rémunération. Quelque part, il a l'impression qu'elle a en général plutôt bon cœur.

Darius écoute Sophie tandis qu'elle relève tranquillement ses manches. Un sourire franchement amusé éclaire son visage quand elle déclare qu'elle a fait boire une petite tisane bien particulière à son garde personnel pour s'assurer qu'il reste plongé dans le monde des rêves pendant qu'elle est ici. Elle ne semble avoir aucun remords. C'est parfait comme ça.

Il a des scrupules... Un petit ricanement franchit les lèvres du pirate. Des scrupules. Au combat. Déjà, la notion de scrupules n'est pas exactement celle à laquelle Darius souscrit le plus, mais en situation de danger, il ne voit pas pourquoi quelqu'un en aurait. En faisant preuve de retenue dans son enseignement, cet Étienne met en danger sa protégée plus qu'il l'aide. L'homme qui voudra agresser Sophie pour la voler ou la violer n'aura pas de scrupules, lui.

« De la délicate prévenance, répète-t-il, faussement pensif. Garde le fourreau sur ta lame, je vais faire pareil à défaut d'avoir des armes d'entraînement. C'est là que s'arrête ma délicate prévenance, Sophie. »

Sur ces mots, il décroche lui-même une dague de sa ceinture, puis offre un sourire en coin narquois à Sophie en le regardant dans les yeux. Elle a l'œil brillant. Elle attend une occasion comme celle-là depuis longtemps, très longtemps. Il lui fait un signe de la main pour l'inciter à venir, à lui montrer ce qu'elle a dans le ventre.

Lorsque Sophie fond sur lui, Darius est une nouvelle fois admiratif de sa rapidité. Ce sera son plus grand atout, ça et l'effet de surprise. Enfin, dès qu'elle saura le créer. Elle n'est pas encore devant lui qu'il voit déjà où elle va le frapper et comment il va la maîtriser. Et c'est exactement ce qu'il fait dès qu'elle lève le bras : il pare son attaque de sa main qui tient sa dague, se sert de l'autre pour lui enlever son arme, puis disparaît dans son dos et fait mine de lui planter sa lame dans le cou.

« Morte », dit-il à voix basse dans son oreille avant de lui rendre son arme.

Le manège se répète une nouvelle fois, par contre, plutôt que de faire semblant de la tuer, il la maintient dans une étreinte solide qui, en d'autres circonstances, serait bien menaçante.

« À ma merci », annonce-t-il cette fois avant de la libérer et de lui redonner son stylet.

Il lui fait signe de recommencer et ne prend même pas la peine d'attendre qu'elle l'attaque pour la mettre hors d'état de nuire : alors qu'elle approche, il se contente de la jeter lourdement par terre d'un vif croche-pied et de la rejoindre au sol pour immobiliser ses bras de ses mains et ses jambes des siennes. Il la regarde un instant, mais ne dit rien. Elle sait très bien ce qui lui arriverait si elle se retrouvait dans cette position avec un homme mal intentionné. Il n'a pas besoin de lui faire un dessin.

Darius se relève et tend la main à Sophie pour l'aider à faire de même. Il semble perplexe.

« Ton garde a tort et je pense pas qu'il te montre quoi que ce soit de très utile pour ta survie, Sophie. La position de tes jambes et de tes bras est pas bonne quand tu attaques. Ta lame est trop basse et je te vois venir, ton geste est pas assez vif, même si tu es rapide. Mais on verra ça après, montre-moi comment tu te défends si je t'attaque. »

Darius se met en position et se prépare à fondre à son tour sur Sophie, espérant qu'Étienne lui a montré à parer un minimum. Lui sait parer pour de façon à blesser après, pas uniquement pour s'en sortir et pouvoir prendre la fuite. Il a peu d'espoir que le garde coincé ait montré une telle chose à sa protégée. Et dire qu'elle risque d'apprendre tout avec lui : un criminel. Bon sang.
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Esméra de SibranBaronne
Esméra de Sibran



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MessageSujet: Re: La parole et l'épée [PV Darius]   La parole et l'épée [PV Darius] EmptyMer 18 Mar 2020 - 14:58
La baronne consent à replacer la lame dans son fourreau. Nouant une fine cordelette de cuir afin de la maintenir en place, elle reprit ensuite sa place, face à lui, la tête penchée, à l’observer. Il est grand. Il a toute l’expérience qu’elle n’a pas. Par contre, lui, ne sait pas comment elle réagit. Pas encore. Peut-être que l’effet de surprise sera un avantage face à lui. Elle est rapide et elle le sait. Les longues heures à s’entraîner chez elle, à courir, à faires des exercices physiques loin des regards ont porté leurs fruits. Quoiqu’il en soit, elle manque cruellement d’expérience de combat, de par son statut de femme. De femme noble, qui plus est. Sans réellement réfléchir, elle fonce vers lui et s’apprête à frapper mais il et déjà trop tard. Le contrebandier a parfaitement vu la direction du coup, a anticipé et la désarme en une fraction de seconde. Elle sent la dague sous sa gorge et hoche la tête pour lui faire entendre qu’elle a compris.

Une nouvelle tentative, un nouvel échec. Cette fois, il la maintient dans un étau puissant, qui la fait grimacer. Elle déteste être immobilisée de la sorte, elle ne peut s’empêcher de jouer des épaules, avec vigueur, pour se défaire de cette entrave. Un début de frustration commence à poindre en son cœur.

Ce fut bien pire encore quand il la fit tomber au sol avant de venir bloquer ses bras et ses jambes à l’aide des siennes. Le souffle court, elle grogne littéralement de dépit, murmurant des mots incompréhensibles dans une langue étrangère mais à l’intonation tellement brutale qu’il n’était pas difficile d’en deviner l’essence. Il est tellement facile de la mettre hors d’état de nuire, par les Trois. Honteusement facile. Elle maudit un instant son garde de ne pas lui avoir appris à se défendre mieux que cela. Il est évident qu’elle a eu de la chance jusqu’à ce jour. Qu’un homme rempli de mauvais desseins agisse de même et elle ne donnera pas cher de sa peau. Il était donc temps de reprendre les choses en main. Elle se redressa toutefois, après avoir frappé le sol de dépit, sans dire un mot, réfléchissant sur ses nombreuses faiblesses, tout en frottant sa jupe pleine de poussières. Sa joue aussi est salie mais elle s’en fiche, elle réfléchit, pense, calcule, tout cela alors que Dorian lui parle. Des propos parfaitement pertinents et cohérents. Dans son désir ardent d’apprendre des choses, de pouvoir s’en sortir seule, elle précipite sans aucun doute ses mouvements, elle ne prend pas le temps de réfléchir. Il faut qu’elle se calme. Tout ceci n’est, après tout, qu’un apprentissage, n’est-ce pas ?

- La lame trop basse, mal positionnée…C’est comme cela qu’il m’a appris. L’aurait-il fait exprès, pensez-vous ?

Si les leçons d’attaque qu’elle a suivi depuis des mois sont si peu efficaces, qu’en sera-t-il de la défense ? Puis…Dorian est plus grand, plus fort qu’Etienne. Déterminé, également. Tout comme elle. Selon les conseils reçus plus tôt, elle relève sa lame, positionne ses jambes différemment, de manière à être parfaitement en appui sur le sol et inspire un grand coup avant de hocher la tête dans sa direction. Elle a déjà l’air nettement moins propre qu’à son arrivée. Des épis de cheveux bouclés s’échappent de sa tresse, tandis que sa robe est parsemée de traces de poussière, tout comme son visage. Pour autant, elle garde ce regard étrange, teinté d’une lueur de colère à présent. Une colère qu’elle essaye, difficilement, de canaliser. L’échec est une chose qu’elle a du mal à supporter. Et ça se voit.

- Allez-y.

L’attaque est vive, presqu’effrayante. Le cœur d’Esméra a un raté en voyant Dorian s’approcher si vite pour reproduire un mouvement d’attaque que son garde avait tenté, bien plus délicatement, de lui montrer. Elle sait ce qu’elle doit faire. Elle doit bloquer son bras levé, prêt à abattre son arme sur elle, en posant sa main libre sur l’avant bras de son agresseur, profiter de sa force pour le faire tomber et profiter de sa rapidité à elle pour planter son arme dans la gorge ou le cœur, sans hésiter. Sauf que le bras qui s’apprête à abaisser son arme, là, n’est pas le bras aux gestes retenus d’Etienne Beauchêne. Non. Il s’agit du bras d’une personne qui lui a promis de la mettre dans des conditions de combat réelles et qui donc n’a aucunement l’intention de se retenir. Chose qu’elle ne peut que constater, alors qu’elle tente de bloquer de sa main libre le bras de Dorian. Trop rapide, trop puissant. Si elle parvient à arrêter le mouvement, elle ne parvient pas, par contre à le repousser, ce qui lui fait regarder son adversaire, droit dans les yeux. Elle est furieuse contre elle-même. Elle est parfaitement et définitivement frustrée désormais. L’instant lui semble durer une éternité, son bras tremble, elle ne va pas réussir à retenir le mouvement de Dorian très longtemps. Tant pis. Il faut qu’elle remporte une petite victoire sinon elle va vraiment devenir folle de colère.

Elle décoche alors, dans un grognement de rage, un coup de pied au contrebandier, pile dans le tibia, juste sous le genou gauche, pour le faire plier. Elle non plus n’a pas retenu son geste. Sera-ce suffisant pour qu’il baisse sa garde et qu’elle puisse à son tour abattre son arme enveloppée de son fourreau au niveau du ventre de son adversaire, pour lui signifier sa victoire ?


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MessageSujet: Re: La parole et l'épée [PV Darius]   La parole et l'épée [PV Darius] EmptyJeu 19 Mar 2020 - 2:22
Le garde personnel de la noble lui aurait-il volontairement appris à mal utiliser l'arme? Darius hausse les épaules.

« Peut-être pas, répond-il. C'est juste que je vois pas ce qu'il essayait de te montrer à faire exactement. Soit il t'a enseigné une technique et il manque des éléments au portrait pour que je puisse comprendre, soit il a juste essayé de te contenter en te faisant donner deux ou trois coups de lame parce qu'il pensait que t'aurais jamais vraiment l'occasion de te défendre. Qui sait... Dans les deux cas, ça me semble pas utile. »

Darius fait signe à Sophie qu'il va l'attaquer. Elle se remet en position, déterminée. Son air plein de défi ne manque pas de tirer un sourire en coin au pirate. Derrière ce visage d'ange de jolie noble, Sophie masque un caractère bouillant et impétueux. Elle cache en elle une force et une rage que leur exercice permet de libérer. Accessoirement, elle semble aussi très mauvaise perdante, et Darius sent qu'elle serait bien capable d'exploser si elle subissait trop d'échecs. Et comme elle risque de se retrouver au tapis de nombreuses fois encore, il croit qu'il n'est pas impossible qu'il voie la tempête se lever et tout balayer sur son passage. Tant mieux. Elle sentira peut-être qu'elle vit vraiment, pour une fois.

Darius fond sur Sophie, curieux de voir sa première réaction. Elle tente de le maîtriser de son bras libre, ce qu'il considère être une grave erreur vu leur important écart de taille et de force. Il l'empêche également d'abattre sa lame sur lui d'une main et la regarde dans les yeux, la mettant au défi de trouver autre chose, n'importe quoi, et vite, car il ne pliera pas. En temps normal, il l'aurait déjà attaquée d'une autre façon pour se débarrasser d'elle, mais il veut voir ce qu'elle a dans le ventre. Allez, Sophie. Il la provoque du regard. Il se prend alors un vif coup de pied dans le tibia qui lui tire un grognement de douleur. Le coup est suffisant pour provoquer un instant d'instabilité, qu'il utilise à son avantage pour provoquer un mouvement de balancier qui les fait tomber tous deux au sol. Une fois par terre, il tire profit de son poids pour maîtriser Sophie et, après une brève lutte où elle refuse visiblement de lâcher son arme, elle finit la main vide.

Au-dessus d'elle, Darius la maintient quelques secondes en la fixant dans les yeux. Ses lèvres s'étirent lentement en un sourire amusé. Alors qu'il tient encore les poignets de Sophie, il a l'impression qu'il peut sentir la colère transpirer des pores de sa peau. Elle est vraiment mauvaise perdante.

« Un jour, tu me battras peut-être, Sophie, dit-il tout bas. Mais aujourd'hui n'est pas ce jour. »

Darius ricane, puis se relève et tend la main à Sophie pour l'aider à faire de même – si elle n'est pas trop fière pour la refuser, évidemment.

« Regarde, je vais te montrer quelque chose. Attaque-moi, mais vas-y au ralenti. »

Darius attend qu'elle s'exécute, puis lui montre comment elle pourrait réagir : en tentant d'abattre la pointe de sa propre lame sur le poignet tenant l'arme qui l'attaque.

« Dans un monde idéal, tu serais capable d'atteindre ton assaillant comme ça, mais dans le feu de l'action, tu as peut-être une chance sur dix d'y arriver. C'est une chance qu'il vaut la peine de prendre parce que même si tu réussis pas, tu peux laisser glisser ta lame comme ça... »

Il fait glisser la lame contre le poignet.

« ...et causer des dommages quand même, ou dégager mon bras en la faisant passer de l'autre côté et en profitant de ce moment pour esquiver d'un jeu de pieds et aller dans mon dos. Ou enfin, moi dans ton dos, dans ce cas-ci. »

Darius lui montre, poursuivant le mouvement : la lame passe de l'autre côté du bras de Sophie, il profite du fait que le bras soit dégagé vers Sophie pour passer à côté d'elle, puis fait mine de lui planter la pointe couverte de sa lame dans le haut de son dos.

« C'est pas si simple, mais à force de pratique, je pense que tu vas y arriver. Et tu es rapide, tu as ça pour toi. Ça et l'élément de surprise, du simple fait qu'aucun type ne va s'attendre à un truc pareil de la part d'une femme. Et sinon...»

Darius vient de nouveau faire face à Sophie.

« Quand tu attaques, quand tu avances vers moi, utilise ta jambe dominante, et lève ta lame bien haut. Tu vas avoir plus de stabilité et tu vas frapper à un endroit bien plus intéressant, surtout si tu es face à quelqu'un de ma taille. »

Il pointe le côté de son cou.

« Une lame comme la tienne ici, ça pardonne pas. Ça risque de tuer ton adversaire si tu l'atteins, mais entre ta vie et la sienne, je pense que ton choix sera vite fait. Tu veux qu'on commence par pratiquer ces deux trucs-là? »
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MessageSujet: Re: La parole et l'épée [PV Darius]   La parole et l'épée [PV Darius] EmptyJeu 19 Mar 2020 - 13:52
Elle ne put retenir un cri. Un cri qui traduit tout l’effroi de voir ses efforts et tout ce qu’elle a appris réduits à néant, alors qu’ils tombent au sol, soulevant des volutes de poussières. Même sous emprise du contrebandier, elle tente de se défendre, littéralement enragée à présent. Rien à faire, il est trop fort pour elle. Et ce sourire, par les Trois. Toute rouge, autant de colère que d’embarras, la baronne ne bouge plus, vaincue. Il pourra voir toute l’étendue de sa frustration et de sa gêne dans son regard d’orage, avant qu’elle ne détourne la tête, visiblement très embarrassée. Cet échec…Et cette position gênante…Heureusement que personne n’est là pour voir ça. Son orgueil malmené fulmine en dedans, lui faisant serrer les poings sous les mains de Dorian.

- Je vois ça, oui. Vous pouvez me lâcher maintenant, s’il vous plaît… ?

Evidemment qu’elle déteste être entravée de la sorte. Evidemment qu’elle déteste se sentir aussi vulnérable. Evidemment. Et elle évite de penser à cette proximité, se relevant sans son aide pour reprendre une sage distance, refusant cette fois de remettre de l’ordre dans ses vêtements. A ce rythme-là, elle sera toute jaune de poussière après cette entrevue, de toute façon, donc autant s’épargner de la peine. La distance a au moins le mérite de dissimuler un peu son trouble. Prenant une grande inspiration pour calmer sa colère, tout autant que son corps, elle se retourna enfin vers Dorian, pour écouter ses explications et mimer, comme il le demande, tous les gestes qu’il lui enseigne, le visage parfaitement impassible.

Attaquant au ralenti tout en écoutant ses consignes, ses conseils, elle observe le moindre mouvement, la façon qu’a cette lame de glisser contre le poignet, puis son mouvement afin de se glisser sur le côté et pointer son arme dans le haut de son dos. Cela parait si simple, dit comme cela, mais il a raison. Dans le feu de l’action, on agit par instinct et non pas calcul. Peut-être est-elle trop cérébrale et devrait-elle se laisser aller, laisser son instinct dominer la situation. Il suffit d’une ouverture, d’une seule chance et elle peut prendre l’avantage. Un avantage non négligeable pouvant mener à la mort.

Elle répond d’un simple mouvement de la tête prouvant qu’elle a compris mais regarde partout, avant de demander :

- Auriez-vous emporté quelque chose à boire ? J’ai la gorge sèche à force de respirer de la poussière.

Cela dit, la boisson peut attendre quelque peu, elle se place face à lui, l’arme un instant replacée dans son fourreau, pour remonter ses manches effondrées et replacer ses cheveux de manière à ce qu’ils ne la gênent pas. Une fois fait, elle reprend son arme et avance rapidement, tout comme il le lui a appris, en utilisant sa jambe dominante pour donner la bonne impulsion et en levant haut son arme, visant en effet la gorge, elle ne regarde pas Dorian, elle ne regarde que sa cible, le cœur encore gros d’avoir tout échoué jusqu’ici. Elle compte sur sa rapidité et sur son agilité pour atteindre son but mais…Le cœur n’y est pas. Elle se sent vraiment nulle et a l’impression que chaque mouvement est absolument inutile. Cela dit, elle abat tout de même son arme, en espérant au moins faire mouche.

- Comme ça ?
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MessageSujet: Re: La parole et l'épée [PV Darius]   La parole et l'épée [PV Darius] EmptyVen 20 Mar 2020 - 3:43
Cette situation n'a rien d'habituel pour Sophie, Darius le sent. Même si elle s'entraîne avec son garde personnel, ces exercices ne sont sans doute pas réellement libérateurs. Elle ne se retrouve pas couverte de poussière face à un homme qui n'en à rien à faire de la jeter par terre, à quelqu'un qui va à peine hausser un sourcil si elle se met à l'insulter copieusement. En regardant la noble, le pirate a l'impression qu'il ne s'écoulera pas un mois avant leur prochaine rencontre. Si elle est frustrée, il sent qu'elle profite de chaque seconde, qu'elle s'imprègne de chaque mouvement, qu'elle ne manque rien du moindre échange qu'ils ont, peu importe sa forme.

Darius acquiesce à sa question. Oui, il a une gourde de cuir remplie d'eau à la ceinture, mais avant de lui la tendre, il veut poursuivre la leçon. Elle souhaite commencer par l'attaquer et, cette fois, il la laisse faire sans se défendre, histoire d'observer son mouvement. Elle arrive près de sa gorge, comme prévu, et il acquiesce un peu.

« Oui, c'est mieux, dit-il en se dégageant tranquillement et en la faisant reculer. Replace-toi, mais bouge pas. »

Il attend qu'elle s'exécute, puis s'avance vers elle. Il lui fait signe d'avancer sa jambe comme si elle voulait l'attaquer, puis de ne plus bouger. D'une petite pression contre son genou, il l'incite à plier un peu plus sa jambe. Il reporte ensuite son attention sur la main tenant l'arme. Il prend alors le bras de Sophie pour le surélever davantage et en modifier l'angle.

« Ça, ce serait la position idéale, lui indique-t-il en souriant en coin avant de se reculer et de défaire cette proximité indécente. Essaie pas d'aller trop vite. Fais le mouvement au ralenti, puis de plus en plus vite, jusqu'à ce que tu sois à l'aise. Je vais pas me défendre, juste te corriger. »

Darius laisse Sophie faire quelques fois et ne se gêne pas pour lui dire ce qu'il pense. Si elle rate son coup, il n'y va pas par quatre chemins pour le lui signaler. Si c'est mieux, il se fait plus enthousiaste. Après plusieurs essais, Sophie lui assène un « coup » qui semble parfait. Il ne s'est pas défendu et elle serait probablement par terre en train de rager si ça avait été le cas, mais c'est sans importance. S'il avait un homme mal intentionné pris par surprise par cette belle noble, il serait en train de vider de son sang.

Alors que la lame recouverte de son fourreau est encore appuyée contre son cou et que Sophie est tout juste devant lui, près de lui, Darius laisse ses lèvres s'étirer lentement en un sourire en coin à la fois amusé et satisfait.

« T'as mérité ton eau, Sophie, dit-il tout bas, moqueusement en s'étirant pour détacher la gourde de cuir qui pend à sa ceinture. Maintenant, assure-toi que tous tes coups sont comme ça. Pas juste un sur cent. »

Darius ricane. Sophie apprend vite et la plupart de ses coups sont relativement précis, mais il prend un malin plaisir. Il aime attiser sa colère en heurtant sa fierté et, surtout, voir son regard s'enflammer.

« J'espère que ta leçon est à la hauteur de tes attentes », dit-il en faisant mine de tendre la gourde à Sophie, mais en la portant d'abord à ses lèvres pour boire une gorgée et avant de la lui donner, l'œil taquin.
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MessageSujet: Re: La parole et l'épée [PV Darius]   La parole et l'épée [PV Darius] EmptyVen 20 Mar 2020 - 18:25
Le temps passe et ne se ressemble pas. Les leçons de Dorian sont infiniment plus interactives que celles d’Etienne, c’est certain. Interactives et tactiles. La baronne essaye de garder la tête froide, autant que faire se peut, car il va de sa survie. Pour autant, personne ne l’a jamais bousculée de cette manière, mélangeant subtilement les leçons et les piques qui l’aiguillonnent, qui l’obligent à se dépasser. Dorian ne ménage en rien sa susceptibilité, il se contente de lui apprendre des gestes qui peuvent réellement lui sauver la vie. Il sera temps de lui dire merci plus tard, quand il aura cessé de sourire de cette façon.
Reprenant une ultime fois cette position enseignée par le contrebandier, Esméra parvient, après de nombreux et infructueux essais, à atteindre son but, le souffle raccourci par l’effort, quelques mèches de cheveux collées à son front, le fourreau de sa lame collée au cou du brigand. Elle a réussi. Elle a enfin réussi. Une lueur de triomphe éclaire alors son regard alors qu’un sourire étire enfin ses lèvres. Elle a le triomphe modeste, elle ne se répand pas en exclamations bruyantes, non, elle se contente de faire un pas en arrière et de ranger sa lame, avant de poser ses deux mains sur ses genoux, pour reprendre un peu son souffle. Le self control a payé.

- Soyez gentil. S’il vous plaît. C’est peut-être facile pour vous, ça ne l’est pas pour moi. Je dois désapprendre pour tout réapprendre.

Se redressant, elle inspira profondément avant de tendre la main vers la gourde qu’il retira aussitôt pour se servir d’abord. Oui évidemment. Inutile d’attendre de lui une parfaite attitude de gentilhomme. Elle soupira, sans se retenir cette fois avant de lever les yeux au ciel et de les fermer ensuite en secouant la tête.

- Tout est à la hauteur de mes attentes, y compris votre attitude.

Elle dit cela en souriant en coin, prenant la gourde avec un fin sourire moqueur à son tour, avant de s’abreuver sans aucune élégante retenue, comme elle l’aurait fait dans son salon. Non. Là, elle a la gorge sèche et une soif terrible. Inutile de prendre des airs qui ne conviennent de toute façon pas à l’endroit ni à la personne qui se tient face à elle. Elle n’a pas vraiment à se parer dans de faux semblants, ce qui est terriblement rafraichissant. La dernière fois qu’elle a pu agir de cette façon, c’était au temps heureux de son enfance dans les campagnes d’Hagerth, bien avant son mariage avec le triste sire de Sibran. Elle lui rend ensuite la gourde, tout sourire avant d’ajouter :

- Où avez-vous appris tout cela ? Qui vous a appris à vous battre de cette façon ? Cela ne ressemble pas du tout aux techniques de combat que j’ai pu observer dans la salle d’armes de mon père…

Elle prend une pause, réajustant ses vêtements et passant le revers de sa main sur son front pour en ôter la sueur. La lueur qui éclairait encore si intensément son regard il y a peu s’amenuise mais ne faiblit pas. Elle l’observe avec attention, maintenant qu’elle n’est plus dans le feu de l’action et prend la mesure de l’homme qui se tient face à elle. Tout comme lui ne s’est pas spécialement gêné pour la détailler, elle en fait de même comme si au contact de la canaille elle en perdait un peu de ses belles manières si étudiées. C’est …grisant. Quoiqu’il en soit, toute à son observation, il ne lui échappe pas que ce Dorian dégage un magnétisme viril que pourraient lui envier pas mal de sangs bleus résidant sur l’Esplanade. Là haut, il n’y a que des gros porcs tout flasques ou des petits vieux lubriques. L’horreur. Ici au moins, le paysage est plaisant à regarder. Il n’a pas cette noblesse et cette retenue qui lui plaît tant chez Etienne, non, il a autre chose. Il est juste beau, en fait. Et ça change, c’est le moins qu’on puisse dire. Hem.

- Dans la salle d’armes, il y avait un échange, un contact courtois, une dignité palpable, tout était extrêmement codifié. Ici, il n’y a rien de tout cela. C’est…la lutte pour la survie. Après, il est vrai que je n’ai jamais vu Père manier ce genre de lame. Il préférait son épée. Et c’est tellement lourd, une épée, par les Trois…

Elle entame une marche dans la poussière, pensive.

- Combien de leçons jugez-vous nécessaires compte tenu de ce que vous avez vu jusqu’à présent ?

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MessageSujet: Re: La parole et l'épée [PV Darius]   La parole et l'épée [PV Darius] EmptySam 21 Mar 2020 - 0:11
Le sourire moqueur de Darius s'étire lorsque Sophie lui demande d'être gentil. Il est déjà gentil... mais lui lancer des petites piques est bien trop amusant pour qu'il songe à s'en passer. Et ses réactions valent de l'or, y compris lorsqu'elle roule les yeux avec exaspération en voyant la gourde lui échapper brièvement.

Tout est à la hauteur de mes attentes, y compris votre attitude. Darius rit. Il semble être parfaitement au courant de qui il est et n'avoir aucunement l'intention d'en changer sous prétexte qu'il se trouve avec une noble. Il n'a rien à faire de ces histoires de bonnes manières et de bienséance, autant pour lui que pour elle. Il se contente d'être fidèle à lui-même et d'exister librement, comme si le monde lui appartenait.

Plus le temps passe, plus Sophie semble se libérer du carcan dans lequel elle est enfermée au quotidien. La retenue qu'elle avait auparavant semble s'effriter au fur et à mesure que les minutes s'écoulent. Elle boit son eau sans élégance et semble bien se ficher que sa tenue soit complètement poussiéreuse ou que ses cheveux soient un peu fous. Elle commence à être un peu plus comme lui. Elle commence à s'en foutre. Darius sourit en coin à cette pensée.

Le pirate reprend la gourde que Sophie lui tend et prend une nouvelle gorgée d'eau. Elle est curieuse et veut savoir comment il a appris à se battre ainsi. Elle l'observe attentivement, et il le remarque. Il a l'impression qu'elle le regarde véritablement pour la première fois, comme si elle venait de le découvrir subitement, alors qu'ils en sont à leur deuxième rencontre et que celle-ci a été entamée il y a un petit moment déjà. Il ne se plaint pas. Le regard qu'elle laisse glisser contre lui est très loin d'être désagréable.

Sophie poursuit en marchant dans la poussière. C'est autour de Darius de la détailler, même s'il l'a déjà fait à plusieurs reprises depuis qu'elle est arrivée. Il ne se lasse pas l'observer, à vrai dire, car il découvre quelque chose de nouveau chaque fois. Plus elle se libère de sa retenue et de ses faux-semblants, plus elle lui montre qui elle est véritablement. Ceux qui peuvent la voir ainsi doivent être peux nombreux. Il est peut-être même le seul dans le savoir.

« Je préfère mon épée aussi, répond-il en la suivant du regard. C'est mon arme de prédilection, mais je suis aussi à l'aise avec la dague. J'ai commencé à apprendre enfant. J'avais un professeur qui avait pas exactement des méthodes de chevalier. Et puis, le reste, c'est venu avec la pratique. À force de se battre, de se prendre des coups, on s'améliore. Surtout quand on aime gagner. »

Darius offre un sourire en coin moqueur à Sophie. Lui non plus n'aime pas l'échec. Quelque part, malgré la différence de classes, ils sont peut-être faits pour s'entendre.

Le pirate fait aussi quelques pas dans l'entrepôt. Il tourne un brin moqueusement autour de Sophie, comme un prédateur qui guette tranquillement sa proie. Il donne presque l'impression qu'il pourrait l'attaquer par surprise juste pour vérifier ses réflexes.

« Quant aux leçons... »

Darius hausse le épaules avec nonchalance.

« Il va en falloir pas mal pour que tu aies un bon niveau. Tu as de bonnes bases, mais tu es encore un peu nulle, Sophie. »

Son sourire se fait encore plus goguenard que d'habitude. Il a l'œil brillant tandis qu'il la regarde. Il se paie volontairement et ouvertement sa tête. Et tranquillement, mais sûrement, d'un pas lent et décontracté, il s'approche d'elle.

« Pourquoi cette question, en fait? demande-t-il en la regardant dans les yeux, l'air plus charmeur. Tu as envie qu'on se voie qu'une fois tous les deux mois? »

Darius penche un peu la tête, puis ajoute :

« À moins que tu aies envie de me rencontrer plus souvent? »
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MessageSujet: Re: La parole et l'épée [PV Darius]   La parole et l'épée [PV Darius] EmptySam 21 Mar 2020 - 11:38
- Enfant ?

Elle s’arrête un instant de tourner en rond, surprise, et le regarde. Quel genre de parent laisse son enfant apprendre les armes en compagnie d’un homme qui n’est pas chevalier ? La baronne ne peut s’empêcher d’avoir une petite moue suspicieuse avant de reprendre sa déambulation pensive. Elle a un regard pour toutes ces vieilles caisses abandonnées là, depuis visiblement pas mal de temps compte tenu de la poussière qui s’y est accumulée, sans parler des toiles d’araignées un peu partout. Et cette odeur de renfermé…

- Et…Vous vous battez souvent ?

La cicatrice sur son visage parle pour lui. Evidemment. Un homme capable de faire enlever une personne en pleine rue, en plein jour et qui parvient, malgré la disette, à faire parvenir à une dame trois robes merveilleuses est un homme plein de ressources. Et cet apprentissage des ressources ne se fait pas à l’abri d’un salon. C’est le genre de ressources issue de la débrouillardise des mains. Et nul doute qu’il sait s’en servir, il suffit de le voir manier sa lame pour le comprendre. C’est un homme rude. Le genre d’homme qu’il vaut mieux avoir pour ami que pour ennemi.

- Je n’aime pas perdre, mais j’apprends vite de mes erreurs, dit-elle en réponse à son sourire moqueur.

Et s’il y a bien une erreur qui a façonné la femme qu’elle est aujourd’hui, c’est d’avoir fait confiance. Confiance en ses parents, confiance en un mariage qui s’est révélé être un désastre, confiance en un homme qui n’a rien vu d’autre en elle qu’un joli faire-valoir, au même titre qu’un cheval joliment harnaché ou une catin couverte de bijoux somptueux. Un homme violent et irritable, constamment frustré par l’intelligence de sa femme et qui a abusé de sa position dominante envers elle, battant comme plâtre son épouse pour qu’elle reste à sa place et cesse de le faire passer pour un imbécile. Elle avait dit cela en regardant sa lame, qu’elle avait sorti de son fourreau, posant la lame dans sa main, pensive. Il ne lui avait manqué que quelques secondes avant qu’elle n’enfonce cette lame, celle qu’elle tient présentement, dans la gorge flasque de son époux. Quelques secondes. Les Fangeux ont arrêté son geste. Elle a eu le temps de fuir. Pas lui. Il a péri sous les crocs et les griffes des monstres. Une fin digne de l’affreux homme qu’il était.

Pourrait-elle tuer quelqu’un si sa vie était en danger ? Oui. Aurait-elle des scrupules ? Non. Absolument aucun. Elle sait qu’il tourne autour d’elle, un peu à la façon de ces gros chats face à une appétissante souris mais elle s’en fiche. Elle ne dit rien, pas un mot quand il lui dit, avec toute la délicatesse qui le caractérise, qu’elle est nulle. Elle se contente de regarder sa lame luisant sous les quelques rais de lumière qui parviennent à éclairer, difficilement, l’endroit. Il se moque, elle le sait. Il ne devrait pas. Elle tourne la tête vers lui, la lame à la main, hors de son fourreau. Cette arrogance, par les Trois…Il parle comme Lui. Toujours à la prendre pour une dinde effarouchée qui ne devrait s’occuper que de sa broderie et de ses charités. Est-ce donc un trait masculin général ? La main serrée sur le pommeau, elle se retient. Et il pourra parfaitement le voir de là où il se trouve, si proche. Les fines jointures de ses doigts blanchissent sensiblement. La retenue qu’elle a affichée jusque là risque, à tout instant, de céder. Les insinuations douteuses et graveleuses de Dorian enlèvent alors la dernière petite pierre qui consolide encore la digue face à la tempête qui menace. Au diable la noblesse.

- Pour savoir en combien de leçons je pourrai être capable de faire fermer sa gueule à un homme.

C’en est trop. Elle a été exemplaire de dignité et de retenue autant que la situation le lui permettait. Se tournant soudain, sans crier gare, face à lui dans un mouvement rapide et gracieux, la lame à la main droite, furieuse et frustrée comme jamais encore elle l’a été, elle reproduit alors, à la perfection, tous les gestes appris, levant haut sa dague, positionnant ses jambes de la manière dont il lui appris, menaçant très sérieusement d’abattre son stylet sur lui, en disant, dans un grondement sourd, tremblante de rage, l’œil luisant :

- Tais-toi !


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MessageSujet: Re: La parole et l'épée [PV Darius]   La parole et l'épée [PV Darius] EmptySam 21 Mar 2020 - 16:31
Et... vous vous battez souvent? Darius a un léger haussement d'épaules, un sourire en coin entendu. A-t-il vraiment besoin de répondre à cette question? Elle commence à savoir quel genre d'homme il est. Il a ordonné son enlèvement – bon, un enlèvement -, a fait avec elle quelque transaction louche et lui montre désormais à se battre de façon plutôt violente. Et elle doit se douter qu'il ne s'agit là que la pointe de l'iceberg.

Sophie dit apprendre vite de ses erreurs. Il répond à ses paroles d'un petit « Mh ». Il la croit. Il ne la sous-estime pas, car il a rarement vu une femme de sa caste avec une volonté pareille. Il l'imagine déjà en train de pratiquer la moindre chose qu'il lui apprend ici dans l'intimité de sa chambre. Il la visualise aussi en train de donner une bonne leçon à cet Étienne, un de ces jours. Darius se retient de ricaner en songeant à l'expression de choc qui viendra se peindre sur le visage de ce garde inconnu lorsque la belle noble décidera de se venger de lui avoir fait perdre son temps avec des leçons inutiles. Il paierait cher pour voir une telle scène.

Darius commence à tourner autour de Sophie et s'amuse à la provoquer. Si elle devient de plus en plus elle-même, il y a, chez elle, encore un peu de retenue à faire disparaître. Et il sent que cette retenue est sur le point d'éclater en mille morceaux. Il le voit à la façon qu'elle a de jeter un œil à sa lame, qu'elle a finalement sortie de son fourreau, et à la manière dont elle tient maintenant l'arme avec plus de poigne. Elle est sur le point d'exploser.

Pour savoir en combien de leçons je pourrai être capable de faire fermer sa gueule à un homme. Darius éclate de rire devant cette répartie, mais fait gaffe de ne pas se laisser porter trop longtemps par cet amusement. Sophie est enragée et fond à présent sur lui, et elle semble avoir canalisé sa colère dans une attaque véritablement digne de ce nom qui l'oblige à dégainer sa dague avec célérité. Il pare à temps d'un coup puissant qui a de quoi déstabiliser la noble, qui lui hurle de se taire. Tiens, tiens... Elle a laissé tomber le vouvoiement tout d'un coup...

« Non », souffle-t-il près de son visage en la regardant droit dans les yeux.
D'un mouvement sans douceur, il dégage le bras de Sophie et s'esquive dans son dos. Il lui attrape alors le bras et le tord pour la désarmer, ne le libérant qu'une fois le stylet dans sa main. Bien vite, Sophie est prise dans une étreinte, la pointe d'une lame dans le dos, le côté de l'autre contre la gorge.

« Pourquoi je me tairais? continue-t-il à son oreille. Parce que je te dis est pas faux et que la vérité te plaît pas? Parce que t'aimes pas ce que je te dis? Parce que c'est ce qu'on te dit à toi normalement quand on aime pas ce que tu dis? Mh? »

Combien de fois s'est-elle fait imposer le silence par ses pairs, en particulier par ses pairs masculins? Combien de fois ses opinions et ses idées ont-elles été rejetées du revers de la main avant même d'être considérées? Combien de fois sa mâchoire s'est-elle crispée de rage alors qu'elle devait ravaler ses paroles et remettre un masque si soigneusement perfectionné avec les années?

« Je vais pas me taire, Sophie, poursuit-il tout bas en relâchant très tranquillement son appui contre la gorge et le dos de la jeune femme, puis en la libérant lentement de son étreinte. Je vais jamais me taire. Et je vais jamais te demander de te taire non plus. Au contraire. »
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Esméra de Sibran



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MessageSujet: Re: La parole et l'épée [PV Darius]   La parole et l'épée [PV Darius] EmptySam 21 Mar 2020 - 22:36
La parade est puissante, tout autant que le bruit des deux lames qui s’entrechoquent et se croisent dans un lourd silence. La réponse de Dorian est sans appel, tout autant que son regard. Ses mouvements infiniment plus brutaux que tous les précédents lui font tordre son bras. Elle ne retient pas un cri de douleur, alors qu’il la désarme et qu’il se place dans son dos, coincée entre deux armes redoutables, l’une dans son dos, l’autre sous sa gorge. Un geste de Dorian et c’en est fini. Et en ce moment précis, c’est peut-être bien ce que recherche, in fine, la jolie baronne de Sibran.

Cela n’en finira jamais. Elle le sait. Quoiqu’elle fasse, quoiqu’elle dise, elle ne sera jamais qu’une femme. Une. Femme. Avec du sang bleu et un utérus fonctionnel, un réservoir à héritier. Une matrice encore utilisable même si elle a déjà été étrennée par un autre. A quoi cela va-t-il servir de savoir se battre puisque de toute façon, tout ce qu’on attend d’elle, c’est d’être polie et jolie, aimable et souriante ? Intelligente mais pas trop ? Coincée contre le contrebandier, elle ne répond rien de suite. Parce qu’il n’y a rien à dire. Le cœur battant d’avoir osé frapper avec son arme, bouleversée d’avoir failli atteindre son but, elle se tait. Parce que parler ne sert à rien. Ce n’est que lorsqu’il se détache d’elle, la libérant de cette étreinte étrange, qu’elle répond.

- Quand on n’aime pas ce que je dis, on se fiche moi. Comme tu le fais. Je ne supporte plus les moqueries. Je ne supporte plus cette vie-là. Je crois que je ne me supporte plus moi-même…

Et encore. Se moquer est un moindre mal. A nouveau, les quolibets, les humiliations et les coups lui revinrent en mémoire, alors qu’elle massait avec précaution le bras que Dorian avait tordu pour la désarmer.

- Si tu voulais me mettre en colère, tu y es parvenu. Toutes mes félicitations. J’imagine que ça t’a plu de me mettre dans cet état là….Le spectacle était plaisant ? J’espère que tu en as bien profité car cela ne se reproduira plus.

Elle se tourna vers lui et le regarda, sans ciller. Il tient son arme. Lui, par contre, pourra voir toute la tristesse et l’immense solitude qui émane de ce regard éteint désormais. Il n’y a plus aucune flamme plus aucune envie, plus aucun espoir dans ces yeux là. Il n’y a plus rien d’autre qu’une morne résignation. Que croyait-elle en venant ici ? Qu’elle aurait une révélation ? Qu’elle se sentirait mieux ? Non, évidemment que non. Elle a appris plusieurs choses, oui. Savoir se défendre, un peu. Savoir attaquer, un peu aussi. Mais la leçon la plus importante, selon elle, est la suivante : peu importe ce qu’elle fasse, elle sera toujours l’objet de quolibets masculins. Absolument toujours. Elle s’imagine être une profonde source d’amusement pour le contrebandier et elle l’est très certainement. Était-il nécessaire de la provoquer à ce point ? De lui rappeler qu’elle est une nullité alors qu’elle a mis tout son cœur à l’ouvrage ? Non. Pauvre petite fille à peine riche, doit-il penser. Une noble dame en quête de sensations fortes qui vient s’acoquiner avec un contrebandier dans un hangar abandonné, quelle belle opportunité à saisir ! L’idée même d’avoir servi de divertissement lui fait baisser la tête, émue. Que s’imaginait-elle, par les Trois.

- A quoi ça servirait de parler…A rien. Comme tout le reste en fait. Je t’ai fait perdre ton temps.

Elle tend la main, tâchant de rester calme et digne, même si elle a envie de s’enfuir en courant, là de suite, afin de récupérer son arme. Elle n’en a pas d’autres et n’a pas les moyens d’en acheter une neuve. Il faut qu’il lui rende, absolument.

- Rends-moi mon arme. Je vais rentrer chez moi. C’est mieux ainsi.


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