Une affaire à partager. [PV Victor, Mission]

l y avait de ces rencontres dont le hasard faisait bien les choses. Mais ceci, vous l'apprendrez plus tard bien évidemment. Si Viper et Victor n'étaient de raison pas amenés forcement à se croiser bien qu'ils possédaient tout deux des aptitudes à la manipulation assez marqué, une simple histoire de commande de cuir allait rapprocher le Bourgeois et le Noble pour une toute autre affaire.

Victor avait besoin de cuir et ce en quantité non négligeable. La peau de l’animal forme la « deuxième » peau de l’homme, celle qui protège et accompagne son corps, le mettant à l’abri des atteintes extérieures, des froids, des intempéries, des blessures. Mais le cuir prolonge aussi quantité de ses activités : il est contenant, courroie, lien, selle, reliure, coussins, ornement... C'est pour ces diverses raisons que le mondain poussa ce jour la porte de cet atelier, en quête d'un large éventail de produit qui étaient destiné à l'exportation vers le Bourg qu'il était lentement mais sûrement en train de réhabiliter.

S'arrêtant devant l'imposante bâtisse alors que les rayons du soleil léchaient en cette saison, agréablement son visage, le sang-bleu, toujours accompagné de l'un de ses homme de bras, se décida à franchir seul le pas de la porte. Laissant son sbir stationné dans la ruelle, il avança de quelques mètres en scrutant le fond de commerce sous le plancher grinçant à chacun de ses pas. L'endroit semblait assez profond et il ne pouvait guère distinguer ce qui se trouvait à l'arrière boutique, là où sans doute le cœur de metier de tanneur s'exprimait.

La main-d'oeuvre semblait très jeune à la vu du garçon qui se présenta soudainement devant le mondain ou plus particulièrement qui se retrouva quelques instants dans son champ de vision. L'enfant ne détalla alors pas pour aller avertir de sa présence au maître des lieux, mais demanda plutôt quel était l'objet de la visite de l'inconnu. Restant un instant interdit à toute réponse, Victor était plongé dans ses pensées. De toute évidence, le gérant de cette affaire était loin d'être idiot pensait Victor. Une main-d'oeuvre bon marché sans le moindre doute et également une main-d'oeuvre plus "soignée" et de fait un travail du cuir de haut facture. Approuvant mentalement ses déductions, il quitta ses songes et répondit à l'enfant.

- Amène moi à ton employeur, veux tu ?

C'est ainsi que quelques minutes plus tard, il se retrouva face à Viper, un homme qui possédait une prestance plus que correcte, indiquant ainsi qu'il n'était ni de haute ni de basse extraction. L'homme semblait perplexe et embarrassé à la vue de son visage et d'ailleurs, il fallut que le garçon tire sur l'une de ses manches pour ramener l'individu à la réalité.

- Pardonnez moi de vous importuner Monsieur, mais je me présente à votre atelier afin de voir la qualité de votre cuir pour peut-être passer une commande plutôt conséquente. Mais j'en oublie les bonnes manières. Victor de Rougelac, et vous êtes ?

Viper connaissait il le Comte ? Il devait sans doute en avoir déjà entendu parler ? Au moins de nom ? Apres tout si tel n etait pas le cas, Rougelac se ferait un plaisir d'énoncer ces nombreux titres, quatre pour être exact ! Oui... il y avait une pointe d'arrogance chez cet homme, mais, il transpirait la mondanité jusque dans les étoffes qu'il portait et qui venaient tout droit du réputé etablissement de la maitre couturière de Beauval.

A sa présentation, le gérant de la tannerie semble pensif, comme s'il cherchait à remettre ce nom sur un visage ou sur une notoriété. Rougelac avait fait parler à maintes et maintes reprises de lui, de manière tout aussi honorable que préjudiciable. Le sang-bleu possédait un long vécu fait de succès et de défaites, alors comment se pouvait-il qu'un individu, issu vraisemblablement de la bourgeoisie ne le reconnaisse point ? Finalement, Viper de Hallewin semblait se rappeler à qui il avait à faire et après quelques ronds de jambes verbaux il confirma bien à son visiteur être le propriétaire des lieux. Ce bourgeois semblait même connaître Victor plus que sa simple notoriété publique, évoquant sans détour son entreprise de confection d'arbalète, ce qui forçait en quelque sorte le respect et l'intérêt.

Ce faisant, l'homme à l'allure des plus respectable, s'employa à honorer les attentes de son potentiel client du jour, donnant quelques directives à ces petites mains avant d'exposer à la vue et au toucher du Comte l'une des peaux les plus précieuse qu'il pouvait se permettre de produire. Sûre de lui, le gérant de la tannerie s'efforcait d'exprimer tout l'art, le talent requit d'un bon commerçant. Léger sourire à la commissure de ses lèvres, Rougelac se prêta au jeu du toucher sur ce qu'il restait de ce noble animal sauvage qu'était le cerf. Il acquiesça silencieuse aux nombreuses prises de parole du bourgeois, non sans quitter du regard la peau qu'il palpait entre ses doigts.

- De l'excellente qualité, d'ailleurs, si l'on vous donne l'autorisation de tanner du cuir de cerf, c'est que vous avez quelques bonnes relations...

Le cerf était un animal sacré, en tout cas, réservé d’antan aux chasses à courre royale. Si la tradition n'était peut être plus aussi respecté depuis l'arrivée de la Fange, il n'en demeurait pas moins que l'on ne laisser pas de tel droit au premier tanneur venu. Finalement, le quadragénaire se décida à laisser entrevoir à son interlocuteur les contours d'une commande plutôt conséquentes.

- Pour tout vous dire, en prévision de la rude saison d'hiver, il me faudra de larges peaux pour isoler des bâtisses en bois... je dirais pour une demi douzaine de pavillon. Il me faudra également quelques tuniques de cuirs assez résistantes, assortie à des bottes et plusieurs paire de gants en cuir également. Pour mon intérêts personnel, j'aurais quelques livres également à couvrir.

Viper s'en trouverait peut être curieux ? Cela laissait place en effet à quelques interrogations. Le Comte de Rougelac lâcha finalement la peau pour relever le menton et fixer son interlocteur, non sans plisser quelque peut les yeux.

- ... de Hallewin... ce nom me parle... Une famille de plutôt bonne condition. Il leva un index en direction du commerçant non sans continuer à acquiescer de multiples hochements de tête. Haute Bourgeoisie si mes connaissances ne sont point trop mauvaises... Une Maison aisée native de Marbrume, vivant depuis des générations à Bourg-Levant. Et malgré tout vous n'en demeurait pas moins discret et mystérieux. Vous un homme de veuvage tout comme je le suis.

Voilà ce que c'est aptitude héraldique et de bonne société se souvenait de cet homme. Il se trouvait quelques similitude avec cet homme sans pour autant en mesurer encore la teneur.

- Je gage que votre atelier m'offrira des ressources de grandes facture, tout comme mes ateliers d'arbalètes en produisent.

Lâcha-t-il avant de reprendre une mine plus neutre, ses mains se joignant finalement dans son dos pour s'offrir une pose aussi altière que mystérieuse. Viper, s'il connaissait la réputation bien de son interlocuteur saurait peindre un tableau plus sombre, moins respectable de Victor, après avoir dépeint oralement la facette plus convenable de l'homme. En tout état de fait, le Bourgeois avait face à lui un client qui pouvait lui ramener une rondelette somme d'argent.

Son interlocuteur se montrait tout à la fois et successivement enjoué, fier et préoccupé car le Comte de Rougelac aussi flatteur soit-il, était bel et bien venu à la tannerie pour y chercher une quantité de cuir non négligeable et à des fins multiples. Les deux hommes semblaient tout disposé à conclure une affaire qui s'en trouverait bien juteuse pour le bourgeois et indispensable pour les desseins du Gouverneur de Sombrebois avant que l'hiver aussi rude soit-il ne s'abatte sur le Royaume.

- Je ne suis point venu vers vous pour dilapider ma fortune, en conséquent je me vois favorable à accepter vos conseils et vous passer commande de peaux de commune facture que ce soit pour l'habillement que pour l'isolation des futurs habitations.

Victor en avait pleinement conscience, cette commande qu'il souhaitait passer auprès de Viper allait vraisemblablement ascenir les comptes de ce dernier et bien entendu il avait également conscience qu'une telle quantité de matière première mettrait du temps à être confectionnée dans les ateliers du bourgeois.

- Il va s'en dire que la patience sera de mise. J'aimerais toutefois être certain que vous serez en capacité d'honorer une telle commande avant l'hiver.

Ce a quoi le Comte pu en apprendre d'avantage sur la personnalité de cet homme d'une lignée des plus respectable. Il semblait se plaire dans cet environnement des plus commun même s'il exprimait tout son intérêt pour des strates sociales moins populaire. D'ailleurs, sans détour, Viper exprimait quelques parallèles avec son client mondain qui ne semblaient tomber dans l'oreille d'un sourd. Esquissant un sourire à la commissure de ses lèvres, Rougelac opina d'un mouvement de tête.

- Vous parlez avec justesse mon cher, nous sommes en effet préoccupé par des choses plus capitales dans ce bas monde et par ce fait...

Il resta soudainement interdit de toute suite à son discours, prenant le temps de la réflexion non sans jauger du regard son interlocuteur.

- ... Par ce fait, j'aurais à vous proposer un paiement pour vos marchandises, un peu moins conventionnel. Je m'explique. Mes dépenses aussi lourdes soient elles, à travers ce vaste projet qu'est le Bourg de Sombrebois, sont pour l'heure dénuées de tout retour sur investissement. Alors... je vous proposerais deux modalités de paiement. Une partie vous serez gratifié en sonnantes et trébuchantes tandis que la seconde... pourrait être conclu sous forme d'un échange de bon procédé.

Il laissa le bourgeois mesurer le sens de ses paroles, considérer l'amorce d'une offre sortant des sentiers battus avant de clarifier sa pensée.

- Vous ne semblez guère different de ma personne et... serais-je disposé à payer une partie du travail de vos tanneries par quelques prestations que vous jugerez bonnes à recevoir de ma part. Vous n'êtes pas sans savoir que je pourrais vraisemblablement vous apporter quelques soutiens pour vos œuvres que vous jugerez plus "capitales" comme vous l'avez précédemment évoqué. Je pourrais mettre à profit ma place, mon influence à Marbrume pour vos propres desseins. Qu'en dites vous ? Disons... je pourrais vous payer en écus soixante pourcents de ma commande quand au quarante restant, je pourrais vous la verser à travers un accord d'alliance.

Bien entendu, il s'agissait là de négociations et Victor était bien conscient de voir marchander à la hausse pour recevoir une contre proposition plus équitable.

- Je crois que nous avons tout intérêt à nous préserver l'un l'autre dans ce monde qui s'en trouve bouleversé depuis le couronnement du Roi, vous ne croyez pas ?

Le Comte de Rougelac montrait la facette intrigante de sa personnalité au bourgeois, espérant qu'il trouverait échos chez ce dernier.

Rougelac était en effet un fin stratège, non pas dans la commune sphère militaire mais bien dans l'univers du marchandage et de l'influence. Tout ne se payait pas en sonnante et trébuchante, surtout en ces temps difficile qui mettaient à l'épreuve Marbrume. L'invasion fangeuse au printemps, l'arrivée du Fléau à l'automne, sans compter moulte intrigues qui cherchaient à déstabiliser l'exécutif. Dans ce contexte et parcequ'il avait à faire à un homme de plutôt bonne condition, le Gouverneur de Sombrebois avait donc prit le parti de solder son affaire en proposant une sorte d'échange de bon procédé pour s’acquitter de la moitié des dépenses prévues. Il semblait que cette offre ne tombait pas dans l'oreille d'un sourd, ce qu'escomptait bien le mondain. Viper De Hallewin était avant tout un bourgeois et s'il possédait commerce, il n'en restait pas moins attacher à sa condition de personnage qui en quelque sorte faisant le lien entre la basse populace et la bonne société.

Comme le quadragénaire s'y était attendu, le gérant de la tannerie ne resta donc insensible à ses appels du pieds pour trouver un juste compromis. Il semblait même que la venu du Comte tombait à pique car Viper venait alors lui avouer s'être acquitter d'une mission quelque peu complexe dans l'univers de la Haute et tout portait à croire qu'il avait besoin d'un personnage parfaitement capable de l'aider dans les nobles couloirs et salle de réception de certains sang-bleu et plus particulièrement dans ceux d'un certain Chevalier Lamarle. Bien entendu, le Bourgeois se montrait fort flatteur à l'endroit de l'homme qui lui tendait la main et malgré l'exercice plutôt réussi, l'homme n'aurait pas eu besoin de tant de rond de jambe pour rallier Victor à sa cause qui pour sa part cherchait à maîtriser drastiquement ses dépenses.

- Remarquable et remarqué ? C'est un fait mon cher, mais je ne sous estime aucune intrigue. Croire qu'il est aise d'en venir à bout serait derechef voué à l'échec mais j'apprécie tout de même vos flatteries à mon endroit.

Il s'octroya alors un instant pour méditer, se lissant la barbe soigneusement, le regard perché vers le plafond de longue seconde durant avant de reposer son regard sur De Hallewin.

- Je connais naturellement le Banneret Denora. Un individu fort respectable et loyal à la couronne. Je ne vois pas d'objection à vous suivre dans cette entreprise, bien que... vous comprenez bien, si je vous offre la possibilité de réaliser votre oeuvre, cela me semble acceptable que mon nom soit associé à votre succès auprès de la châtelaine. Il va de soit que je n'aimerais être mêler par exemple à quelques complots si je ne suis point au courant de l'affaire si d'aventure tout ceci portait un quelconque prejusdice quant à ma notoriété. J'imagine pouvoir demander séance à ce prétendant à la main de cette veuve qui, je le crois, possède encore un certain attrait physique à défaut d'une dote acceptable si j'en crois certaines rumeurs à son endroit.

Victor avait à minima besoin de connaître son rôle dans l'affaire et les risques encouru afin de se mettre à l'abri de tout risque. Sa condition et son expérience le forçait à la prudence et l'aveux de cet individu avait de quoi éveiller l'intérêt de ce personnage, ce bourgeois qui cherchait à se faire discret mais qui désirait tirer son épingle du jeu dans l'échiquier des intrigues de cours.

Ainsi donc le bourgeois semblait enclin à donner au noble toute récolte de notoriété à l'endroit de la châtelaine en cas de succès. C'était une condition non négligeable car dans les sphères de la haute, les bonnes relations ainsi que les bonnes réputations valaient bien plus cher que l'écu. S'arroger la gratitude d'une noble quelqu'en soit ses richesses était une façon de consolider une toile d'influence que le Comte s'efforçait à entretenir des années durant.

Le duo avait donc quitté les tractations commerciales pour s'offrir l'amorce, les prémisses d'une intrigue de cours et Victor voyait bien a travers l'attitude pensive de son interlocuteur qu'il se trouvait incapable de jouer seul une telle partition. D'ailleurs, à la fin de ses explications pour tenter de convaincre Victor de se joindre à son affaire, Viper semblait tendu, suspendu aux lèvres du Comte quant à sa décision finale. Moment à la fois solennel et angoissant, Victor prit le temps de laisser un long silence s'installer, avisant du coin de l'oeil les quelques marmots qui déambulaient de ci de là dans l'atelier. Rougelac ne faisait confiance à personne et surtout pas aux enfants, il en avait eu jadis l'amer expérience.

Finalement, il se décida à avancer de quelques pas pour que ses lèvres trouve l'intimité d'une des oreilles du marchand de cuir. Afin donc de préserver la confidentialité de ses paroles, il lui murmura.

- La châtelaine saura nous gratifier de notre succès en temps voulu... l'affaire est donc entendu en nos termes. Quant au dit banneret... il est certe un homme respectable et loyal... mais comme tout banneret, sa position n'est pas la plus haute qu'il soit pour s'arroger une place de choix dans certains cercle d'influence de l'Esplanade. C'est donc un homme qui cherchera inévitablement une certaine forme d'ascension sociale... en l'état, son seul intérêt pour la châtelaine sera qu'il pourra y trouver là l'instrument de son héritage.

Il prit un instant pour laisser le bourgeois assimiler ses paroles avant de poursuivre.

- Il faudra donc se montrer rusé et convaincant à son endroit... et surtout, l'écouter avec une grande attention. Si nous le brusquons, nous pourrons dire adieu à notre affaire et aux espoirs de conditions meilleurs de Madame de Ventbru. A ce que je sache, le Sieur Denora ne traîne aucune mauvaise réputation et d'ailleurs, s'il n'a trouvé à l'Aube de ces trente printemps aucun parti... c'est qu'il se montre sage et en quête d'avantages particulier que lui conférerait une union.

Victor eut une légère moue perplexe avant de reprendre.

- Un conseil... ne vous montrez jamais hésitant ou l'homme en question se refermera comme une coquille. Il possède de bons intérêt dans l'organisation de tournois de joutes et spectacles... je pourrais le forcer à une rencontre sous trois jours si cela vous sied. Tenue correcte exigé cela va de soit. Vous passerez pour mon associé financier, cela me semble être une très bonne couverture.

Il recula alors de quelques pas avant de tendre sa main droite gantée en direction de monsieur de Hallewin pour ainsi sceller leur partenariat.

L'affaire était entendu et le bourgeois avait prit acte de la personnalité de l'intrigant sang-bleu avec qui il allait œuvrer afin de rendre service et s'attirer les bonnes grâces de la châtelaine. Dans tout complot aussi sournois ou bienveillant soit-il, il était bon de se préparer à toute éventualité et surtout de jouer de concert avec son partenaire. Après les échanges fourni avec Viper de Hallewin, Victor de Rougelac était donc confiant et rassuré à la fois. Si le dénouement de cette intrigue s'en trouvait couronner de succès, Victor profiterait d'en tirer profit, tout comme le commerçant et il n'y avait donc pas de crainte à avoir quand à une éventuelle roublardise de ce dernier. Après une sobre poignée de main avec le bourgeois, Victor s'en retourna à son Manoir. Deux objectifs s'en retrouvèrent prioritaires les jours suivants. Celui d'abord de quantifier ses besoins en peau, en restant raisonnable vis à vis de l'avancée du projet de réhabilitation du Bourg. Ensuite, vint la subtile tâche d'approcher le Banneret, de façon à trouver dans le cadre qui façonnerait la rencontre tout aussi bien sa présence que celle du bourgeois.

Déployant ses talents d'investigateur, Rougelac avait obtenue l'information qui stipulait que Sieur Denora devait se montrer sur l'un des terrain d'entrainement dédié aux jouteurs qui s’exerçaient en vu de compétitions automnale sur la lice. Tel un chasseur de tête, il cherchait dénicher la poule aux œufs d'or, un vaillant chevalier capable de le rendre riche et surtout, capable d'enfin mettre fin à la suprématie d'un certain Lamarle, un homme dont on ne comptait plus les succès et qui balayait toute concurrence depuis des années déjà. Mais évidemment, nos deux lurons n'en avaient pas encore était au fait de cette animosité entre les deux individus.

Il avait donc recontacter par missive son acolyte, Viper de Hallewin, le sommant de se rendre le jour indiqué en contrebas du château, là où se tenait la lice et les nombreux terrains d'entrainement. Il aurait été imprudent de convenir d'une rencontre directe qui aurait pu nuire à leur position d’intermédiaires prit d'un insistant besoin de retrouver un bon parti pour la châtelain. Il fallait donc œuvrer avec subtilité et dévoiler l'affaire comme si cela n'avait pas de caractère urgent et désespéré. Le Comte de Rougelac attendit donc son complice à l'extérieur des infrastructure d'où l'on pouvait déjà entendre le fracas des lames et les bruits des sabots lancés à pleine vitesse.

- Ah Viper de Hallewin! Vous voila. Nous allons pouvoir approcher notre homme. Mais avant cela, sentez cette enivrante odeur de terre battu. Rappelez-vous, nous seront comme ces jouteurs à l'entrainement, des compétiteurs. Et notre objectif est bien d'arriver à arranger une rencontre entre le banneret et la châtelaine, après quoi, si elle échoue, cela ne sera pas de notre ressort.

Il lui adressa un léger clin d’œil complice avant de rajuster sa riche tunique aux couleurs terre / mer. Il désigna alors au loin leur cible, accouder à la embarde d'un paddock où des juments étaient à l'exercice en compagnie de leur cavalier tout de métal vêtu. Ser Denora était en plein observation et il ne semblait pas vraiment satisfait de ce qu'il voyait, offrant plusieurs moue déçus alors que le duo approchait à sa droite. A quelques mètres de leur destination, Victor et Viper purent apercevoir leur homme prit de colère face à un jouteur.

- Tu ne réussira à rien si tu ne tient pas plus fermement ta lance ! Bougre d'idiot ! Et canalise un peu ton hongre ! Tu va me faire perdre de l'argent si te ne te ressaisie pas avant le prochain tournoi !!!

Ce n'était peut être pas le moment idéal pour le déranger seulement, les deux complices ne pouvaient plus faire marche arrière sans être soupçonnés. Victor en profita pour murmurer à l'oreille du bourgeois.

- Montrez-moi si vous êtes capable d'entrer en scène de manière bien habile mon ami. Si vous souhaitez œuvrer dans les sphères de la Haute, il faut savoir saisir sa chance et se montrer créatif... mais... toujours en finesse... que cela n'inspire aucun soupçon, aucune crainte...

Un léger sourire en cul de poule afin de montrer au bourgeois qu'il n'avait pas le choix. Victor voulait voir de quoi été capable son complice. Lui mâcher le travail aurait été inconvenant après tout ?

L'affaire était donc lancée sur les chapeaux de roues. Mettre le bourgeois face à ses responsabilités, le placer ainsi en première ligne et de fait, mesurer ses aptitudes à l'intrigue, tout ceci n'était pas chose aisée. Seulement, le Comte de Rougelac n'était pas l'instigateur de cette intrigue qui visait à rapprocher une veuve dame à un bon parti encore célibataire. Non, Victor n'était qu'un complice, un rouage utile à ce succès et de fait, il pouvait se permettre quelques libertés.

Spectateur de l'échange entre son acolyte et Ser Denora, Rougelac aurait bien féliciter l'entrée en matière de Viper mais la situation ne s'y prêtait guère. Au lieu de cela, il resta dans son ombre avant que ce dernier ne le présente au banneret. L'homme avait tout d'abord froncé les sourcils avant que les traits de son visage se détendent. La flatterie était une parfaite mise en bouche tant qu'elle restait mesurée. Cela semblait porter ses fruits puisque l'homme adressa au bourgeois un sourire entendu avant qu'il ne décline son identité ainsi que celle du Gouverneur de Sombrebois.

- Rougelac ! En voilà une surprise !

Il retourna son attention vers Viper avant de toiser le terrain d'entrainement.

- Le meilleur certes ! Mais aucun de ces bougres n'arrive à rivaliser avec ce champion!

Il désigna un peu plus loin le chevalier Lamarle. Une légende des joutes à n'en point douter et cela commençait à exaspérer le banneret qui certes récoltait volontiers le fruit de ses affaires, mais ne pouvait prétendre à la gloire qu'il espérait tant. Il reporta à nouveau son attention sur Viper quelque peu interloqué.

- Viper de Hallewin vous dites ? Je ne vous ai jamais vu sur l'Esplanade ou dans quelques banquets...

Victor profita de l'occasion pour interrompre le banneret, coupant court à d'éventuels soupçons.

- Rien de plus normal. Il n'est point de sang noble, mais c'est un bourgeois en devenir. Vous savez ô combien la bourgeoise gagne en prestige en ces temps de trouble.

Denora acquiesça. Il n'était plus un secret depuis la fin du printemps que les nobles avaient perdu de leur attraits, le Roi leur préfèrent les bourgeois qui possédaient des activités plus utiles et indensibable à préserver la société marbrumienne. Posant alors une main sur l'épaule de Viper, le banneret ajouta.

- Rougelac a raison, et je me demande bien la raison de vous voir avec un tel personnage aussi respectable que controversé. Méfiez vous de ce briscard, puis-je espérer qu'il ne vous a rien promis de pharaonique.

Finit il sur un ton ironique, incitant Victor à légèrement incliner son buste pour le gratifier d'un remerciement à la fois faux et sincère.

- Mais dites moi, vous êtes venue prendre la température avant le prochain tournoi ? Sage initiative avant de prendre quelques paris.