Marbrume


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 [Terminé] Les oeufs sont frais, rien ne va plus (PV Aymeric/Mathilde)

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Aymeric de BeauharnaisComte
Aymeric de Beauharnais



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MessageSujet: [Terminé] Les oeufs sont frais, rien ne va plus (PV Aymeric/Mathilde)   [Terminé] Les oeufs sont frais, rien ne va plus (PV Aymeric/Mathilde) EmptyMar 16 Juin 2020 - 21:38
Ferme Dumas
Le 7 septembre 1166
Au matin

Des chevaux, on en voit parfois dans le Labret. Souvent avec sur le dos des miliciens. Plus rarement, des fermiers. Mais rarement une jument aussi racée que celle-là. Asphodèle est un cheval de qualité, même quelqu'un qui n'y connait rien en chevaux l'admettra, cette bête est magnifique. Et elle est en pleine forme, pour une simple raison. La jument, sportive, s'est offerte deux trots d'enfer depuis le début de ce mois. Elle s'est rendue du domaine Pessan à Marbrume, puis retour, avec sur son dos un homme qui paraît aussi heureux qu'elle : le Comte Aymeric de Beauharnais. Il avait prévu de retravailler sa forme en venant au Labret, c'est fait. Il s'est affuté et a fait le plein d'énergie. Pour Mathilde qui l'a connu malheureux comme une pierre à l'Esplanade, le changement doit être important.

C'est la seconde fois qu'il vient la voir avec Asphodèle car d'ordinaire il préfère le placide et puissant Landroval. Mais ici, il s'agit d'une récompense pour sa jument. Il l'a lancée à toute allure et ne la freine qu'à hauteur de la ferme, le temps de dévier pour rejoindre la ferme. Asphodèle semble en redemander, mais en voyant l'eau dans l'abreuvoir, elle "accepte" la pause, avant de rejoindre l'étable. Ce n'est alors qu'Aymeric se retourne vers Mathilde et qu'il la salue d'une révérence digne de celle qu'il pourrait faire devant le Roi, si ce n'est qu'il n'a pas ployé le genou.

- Dame du Labret, pardonnez mon énergie, mais il y a quelques jours, j'ai enfin été déclaré veuf. Je vous en avais parlé il me semble, de ce que je ferai une fois veuf. Désormais, je suis libre, je peux regarder une femme sans nuire au serment que j'avais fait au Temple. Plus que veuf, je redeviens célibataire... pour un temps. Ma première mission était de foncer à Marbrume pour y voir une femme. Et ma seconde mission était de venir vous voir, vous, avec toute ma fougue et toute mon énergie, pour ouvrir un nouveau chapitre de ma vie.

Il lui sourit, semblant attendre quelque chose puis voyant que rien ne bouge ou presque, il se permet de suggérer.

- Oh, la chose peut se faire ici, je n'ai honte de rien, mais ça serait plus agréable à l'intérieur, à l'abri des regards. Cela fait des mois que j'attends cette opportunité, je ne compte pas vraiment la laisser passer, voyez ? La table sera parfaite, je crois. J'essaierai de ne pas vous occuper trop longtemps, mais j'ai envie de faire les choses bien.

Il tape dans ses mains, en signe d'impatience.

- Si on m'avait dit l'hiver dernier que je ferai ça avec une fermière du Labret, j'aurais éclaté de rire. Et là, pour être franc, je ne vois personne d'autre qui pourrait vous remplacer.

Son regard est franc. Direct. Son visage reste sérieux, mais son regard pétille tellement qu'il pourrait en être indécent. Plus que le guerrier, on peut reconnaître en lui le chasseur, celui qui a pris le temps mais qui va finaliser son projet.



Dernière édition par Aymeric de Beauharnais le Sam 15 Aoû 2020 - 9:31, édité 1 fois
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Mathilde VortigernFermière
Mathilde Vortigern



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MessageSujet: Re: [Terminé] Les oeufs sont frais, rien ne va plus (PV Aymeric/Mathilde)   [Terminé] Les oeufs sont frais, rien ne va plus (PV Aymeric/Mathilde) EmptyMar 30 Juin 2020 - 4:36
Si le mois de septembre est celui où la récolte de certains légumes bat son plein, tandis que d'autres sont semés en prévision de l'hiver, la journée semble pourtant calme dans le champ de la veuve Dumas, où seul Arthur, le plus jeune des apprentis, semble inspecter les rangs soigneusement alignés des laitues alors que Philippe, nonchalamment appuyé sur son râteau, veille sur l'horizon d'une journée radieuse durant laquelle aucun fangeux ne devrait se montrer. Mais au Labret, on n'est jamais trop prudent... surtout lorsqu'on se trouve si près du chêne qui a vu l'époux de la maîtresse des lieux être emporté par une goule. Philippe aimerait se dire qu'il s'en souvient comme si c'était hier, mais il n'était pas là, contrairement à Arthur qui voit arriver l'anniversaire de la disparition avec l'appréhension propre aux superstitieux. Lorsque le nuage de poussière soulevée du chemin attire son attention, Philippe se raidit et siffle pour avertir Arthur que quelque chose se passe. Quoi, il ne le sait pas encore, mais il sait que quand quelque chose arrive, être sur ses gardes peut faire la différence entre la vie et la mort.

Finalement, après trois longues secondes d'angoisse, le galop lourd d'un cheval vient balayer les inquiétudes et permet aux hommes de respirer à nouveau. Arthur, qui s'était redressé, reprend son travail tandis que Philippe, lui, scrute l'horizon en espérant pouvoir distinguer le visage du voyageur... chose dont il est bien incapable, le coin du champ dans lequel il se trouve étant bien trop éloigné de la route. Pourtant, lorsqu'il bifurque vers la ferme, le paysan croit reconnaître la superbe jument du Comte. Des bêtes comme elle sont rares dans la région, alors lorsqu'une monture pareille court sur le chemin, on ne peut que la reconnaître. Philippe hoche de la tête. Il ira peut-être la voir si Arthur se dépêche et que le Beauharnais traîne un peu à la ferme, ce qui serait relativement surprenant. Le Comte a la réputation d'aller droit au but et de ne pas s'empêtrer dans les visites de courtoisie.

Lorsque le galop trahit le changement de cap, Mathilde, qui jusqu'ici était affairée dans sa chaumière, quitte momentanément son tri de semences pour sortir accueillir le visiteur, qu'elle reconnaît bien vite.

- Bonjour! lance-t-elle sur un ton joyeux, alors qu'Aymeric de Beauharnais met pied à terre. Il ne répond pas, trop occupé à s'occuper lui-même de la jument en l'absence de Roger qui, jusqu'à son congédiement plutôt brutal, avait l'habitude de prendre soin des montures des visiteurs. Mathilde replace une mèche rebelle dans son chignon et patiente en défroissant machinalement son tablier. Finalement, le Comte se tourne vers elle. Dame du Labret. Mathilde sourit. Elle aime bien cette appellation qui reflète l'amour qu'elle porte à sa région, en plus d'être beaucoup plus agréable que la veuve Dumas. Elle y répond par un hochement de tête sobre mais respectueux, préférant ne plus jamais retenter l'exercice de la révérence qui semble être un art bien à part.

Ainsi le Comte est enfin déclaré veuf et libéré de son engagement avec sa précédente épouse. Libre de choisir une autre femme, qu'il souhaite aimante et aimée, elle en est certaine. De Beauharnais est un homme pragmatique qui veillera à bien choisir celle qui sera aussi la belle-mère de la jeune Alix qu'il aime tant. Le Comte semble dire qu'il s'est déjà présenté à Marbrume pour rencontrer... une femme, potentielle fiancée, peut-être, pour ensuite revenir ventre à terre au Labret, à Usson, à la ferme Dumas pour ouvrir un nouveau chapitre de sa vie.

Mathilde fronce les sourcils. C'est quoi, un chapitre? Elle garde le silence, bien embêtée de ne pas savoir quelle réaction adopter face à cette déclaration qui semble pourtant bien le ravir, lui qui sourit et qui s'empresse, devant le manque total de réaction de la fermière, de reprendre. Cette fois, le Comte parle d'une opportunité qu'il attend depuis des mois et qui pourrait très bien se faire à l'intérieur, sur la table. La bouche de Mathilde s'entrouvre mais aucun mot ne sort. Son regard perplexe cache difficilement la tempête qui balaie actuellement ses idées.

Prises au mot, les déclarations du Comte pourraient vouloir dire qu'il vient tout bonnement la trousser, et sur la table qui plus est, un moment qu'il dit attendre depuis longtemps et dont il souhaite en profiter avant d'être à nouveau marié. Je n'ai honte de rien. Le rouge lui monte aux joues mais Mathilde ne dit rien. Il n'oserait tout de même pas faire ça au milieu de la cour?! Ses lèvres se referment pour s'étirer en un mince sourire, un peu incertain. Mathilde déglutit et tente de se raisonner. Aymeric de Beauharnais est un homme honnête, qui a armé sa bonne pour qu'elle puisse se défendre en cas d'agression et qui lui a déjà dit qu'il ne partagerait jamais la couche d'une femme contre sa volonté. Honnête et intègre. Mais la table, ça compte pour le Comte?

Mathilde pousse un long soupir et, à la manière d'une matronne devant sa tripotée d'enfants, elle met les poings sur les hanches pour se donner contenance.

- Messire... Vous avez le don d'annoncer vos projets d'une façon plutôt ambiguë. Je ne sais pas si c'est pour me martyriser l'esprit par pur sadisme ou si c'est de la maladresse, mais j'aimerais vraiment cette fois que vous vous montriez un peu plus clair. Ça m'éviterait de me ridiculiser une fois encore en vous faisant une scène, et ça éviterait aussi les mille et unes excuses qui suivent et la situation très inconfortable dans laquelle ça me mettrait.

La fermière sourit. La façon qu'a le Comte d'annoncer les choses la place toujours dans une position de gourde qui ne comprend rien. Pas cette fois. Cette fois, elle va poser les questions, bien comprendre ses intentions et lui plantera sa fourche dans les bijoux de famille s'il ose penser qu'elle acceptera de coucher avec lui, chose très improbable compte tenu de son rang et des innombrables belles dames aux atours fabuleux qu'il a dû croiser à Marbrume.

- Voulez-vous entrer? La table est un peu envahie de semences, mais je peux dégager un petit coin.

Envahie de semences. Oh bon sang Mathilde! Ta gueule! La fermière n'attend que le hochement de tête de son invité pour tourner les talons et rentrer dans la chaumière.
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Aymeric de BeauharnaisComte
Aymeric de Beauharnais



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MessageSujet: Re: [Terminé] Les oeufs sont frais, rien ne va plus (PV Aymeric/Mathilde)   [Terminé] Les oeufs sont frais, rien ne va plus (PV Aymeric/Mathilde) EmptyJeu 9 Juil 2020 - 11:00
Le fait qu'elle soit toujours ravie de le voir enchante notre Comte, mais décidément, il a du mal à la comprendre. Et pourquoi elle se lance dans une longue diatribe où elle le met, lui, en cause parce qu'il ne s'exprimerait pas correctement vaut à la brave fermière une moue dubitative en réponse. Mais alors, le coup des semences... Il a vaguement une idée de ce à quoi elle pense.

- Oh, je suis flatté qu'il vous faille préciser que votre coeur n'est plus à prendre, mais de là à préciser que la table est ensemencée, était-ce réellement nécessaire ?

Ah, ces semences-là ?

- Prochaine fois, soyez plus claire. J'suis pas fermé comme garçon, vous pouvez vous amuser hors mariage, je serais mal placé, avec une fille née hors mariage, de vous faire quelque leçon, mais les messages à double sens, j'ai plutôt tendance à comprendre le sens le plus grivois. Alors, si vous craignez que mon célibat ne me pousse à vous trousser ici séant, comme on dit dans la haute, cela n'est pas l'objet de ma visite. Mais si vous voulez parler de sexualité parce que vous n'avez personne pour le faire, pourquoi pas. Mais alors, essayez d'être claire, Mathilde.

Il n'est pas sûr d'avoir tout compris.

- Quant à mon message, il était on ne peut plus clair et je ne vois pas ce que vous avez mal compris. Mon épouse déclarée morte, au terme du délai complet, preuve qu'on ne fait pas de cadeaux même à un Comte, j'ai foncé à Marbrume pour y demander en épousaille la dame qui occupait mon esprit. Son frère n'a pas été des plus simples à convaincre, il sait se montrer plus têtu que vous et au final ma demande auprès de la dame a été catastrophique. Ce que j'avais préparé depuis des mois s'est mélangé, ça ne ressemblait plus à rien. Mais elle avait compris le principal, espérait elle aussi que je la demande en mariage. Donc, me voici fiancé. Jusqu'ici, c'est clair ?

Il lui sourit, espérant qu'elle a de la mémoire, mais il lui semble que oui.

- Vous m'aviez dit que ce serait fantastique que mes noces se passent ici, au Labret, et je n'ai eu aucune difficulté à convaincre la future Comtesse de célébrer le mariage ici, à Usson. Il y aura du beau monde. Le frère de ma fiancée est Zephyr d'Auvray, l'autre héros du Chaudron, devenu Sergent en raison de ses actes héroiques. Le Bailli devrait venir, lui aussi, la chose semble presque certaine. Et plusieurs personnes de bonnes familles feront le déplacement. Donc banquet, musique, flonflon. Mais je ne veux pas que d'un mariage de la haute, mais une fête pour le Labret, comme vous l'aviez suggéré.

Mathilde doit comprendre désormais pourquoi il est là.

- Je suis sous-doué pour les fêtes, au contraire d'Alix, mais il y a pire que moi pour le commerce. Et mettre en rapport ceux qui ont l'argent avec ceux qui produisent les meilleurs produits me semble être une opportunité à ne pas manquer. Il me faudra des fournisseurs, qui auront une sorte de titre, comme "Fournisseurs officiels du mariage", qui seront présents aussi dans la salle des fêtes, où ils pourront présenter leurs produits. Et à l'extérieur, non loin du four, il y aura aussi de la musique, des lampions, de quoi faire la fête, pour les labretans. Et mon épouse et moi même passerons également pour faire la fête avec vous. Seulement, voilà, il me faut une chef des fournisseurs.

Un clin d'oeil à Mathilde

- Pour ce qui est côté bouffe, je ne m'inquiète pas trop. Pour les décorations, Alix supervisera. Ce sera elle qui sera la chef du merdier, j'aurai bien assez à faire pour convaincre les gens de venir de mon côté, pour parler sécurité, sans parler de mon déguisement, enfin, de mon costume, pour le mariage. Puis loger les gens qui me feront l'honneur de se déplacer jusqu'au Labret juste pour voir ma pomme. Il y aura quelques produits estampillés Beauharnais/Pessan. En parlant de cela...

Il lui sort un fromage. Le premier lui avait plu, mais celui-ci a eu le temps de vieillir et contient quelques arômates. Il y aura de la charcuterie aussi, pour le mariage, mais cela, il l'a gardé pour lui.

- Cela vous prendra un peu de temps et méritera salaire, mais j'espère que vous serez correcte. La publicité que cela va faire pour les fournisseurs officiels sera une grosse plus value et je compte sur le fait que vous en tiendrez compte. Mon budget est limité, mon épouse a toutes les qualités dont un homme peut rêver, à l'exception d'une dot. Mais sa réputation seule vaut une fortune et pourra profiter au Labret, car elle est meilleure que la mienne.

Mariage d'intérêt ? Il semble que non.

- Et j'en suis amoureux. Je pense qu'elle et Alix s'entendront bien, puis j'espère que rapidement viendra l'héritier, qui grandira ici. Le petit Comte du Labret. Possible qu'il vous rende chèvre, lui aussi.

Il marque un temps, se gratte la tête puis demande, inquiet.

- Vous avez compris, cette fois ?
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MessageSujet: Re: [Terminé] Les oeufs sont frais, rien ne va plus (PV Aymeric/Mathilde)   [Terminé] Les oeufs sont frais, rien ne va plus (PV Aymeric/Mathilde) EmptyMar 14 Juil 2020 - 16:04
Mais de là à préciser que la table est ensemencée, était-ce réellement nécessaire ? Bon... là c'en est trop pour Mathilde qui vire au rouge pivoine et explose de rire. C'est horriblement gênant à admettre, mais elle a l'esprit probablement aussi grivois que celui du Comte, et le fait qu'il lui ai clairement exposé en toute franchise lors de leur première rencontre qu'il pouvait être très direct dans le domaine n'arrange rien.

- Je me doutais un peu que vous n'auriez pas galopé à brides abattues jusqu'ici pour une troussade, mais j'avais besoin que cela soit clair. Parce que vous êtes très bon pour les ambiguïtés, et que je suis très mauvaises pour les comprendre autrement que sous le sens le plus grivois! lui avoue-t-elle, en agitant un doigt sous le nez du Comte à la manière d'une mère faisant la leçon à son fils. Mathilde rit, bien soulagée de ce qui aurait pu être une horrible méprise -une autre!- et écoute les explications d'Aymeric qui ne fait pas signe de vouloir entrer.

Ainsi, déclaré veuf le Comte s'est-il empressé d'aller demander une femme en mariage, de la manière la plus catastrophique qui soit. Fiancé, il est revenu au Labret pour amorcer les préparatifs d'un mariage auquel plusieurs personnes de la haute société marbruméenne -du moins de ce qu'il en reste- seront présents. La mariée n'est autre que la soeur de Zephyr d'Auvray, dont elle a évidemment entendu parler des hauts faits lors de l'invasion de mai. Peut-être l'a-t-elle même croisé dans les jours qui ont suivi, à Marbrume, sans même le savoir. Pourtant, malgré la présence du Bailli, du Sergent et d'autres personnes importantes, de Comte souhaite une fête à l'image du Labret, pour le Labret, durant laquelle le Comte et la nouvelle Comtesse sortiront de leurs obligations protocolaires pour saluer le peuple. Les fournisseurs officiels désignés pourront présenter leurs produits dans la salle des fêtes, ce qui représenterait pour eux une formidable opportunité d'ouvrir de nouveaux marchés et de montrer tout le savoir-faire du Labret... peut-être même de gagner un peu de respect de la part de ceux qui pensent l'endroit peuplé de bouseux ignares et incapables de quoi que ce soit.

Il me faut une chef des fournisseurs. Mathilde tique devant le clin d'oeil. Une. Clin d'oeil. Elle? Elle plisse légèrement les yeux, incapable de décider si elle doit comprendre qu'il s'agit là d'une autre énorme proposition de la part du Comte -après tout, c'est lui qui l'a sollicitée pour travailler avec l'Ordre quelques mois plus tôt, elle, une femme, veuve, isolée, qui n'avait rien de particulier de prime abord. Il l'avait complètement prise au dépourvu, mais elle avait pourtant réussi à sauter sur l'occasion pour transformer la modeste exploitation agricole en petite école d'agriculture aux méthodes d'une rare efficacité, grâce au travail acharné des gens qui étaient venu apprendre à ses côtés. Est-ce que le Comte réitère dans ses idées surprenantes, au point de lui confier l'immense responsabilité de la sélection et de l'approvisionnement de la nourriture pour son mariage? Mathilde songe que son père, Marius Dumas, doit se retourner dans sa tombe... mais c'est une bouffée de fierté qui s'empare d'elle, sans qu'elle n'en souffle mot.

Alors qu'il énumère les autres préparatifs -décoration, vêtements, hébergement, sécurité, Mathilde songe que si le Comte parle beaucoup, c'est probablement pour répéter inlassablement les mêmes choses importantes et s'assurer de ne pas les oublier. Elle fait pareil avec la liste des choses à semer et à récolter tout au long de l'été, au point que ses gars finissent par chanter la planification des semis de panais pour se moquer gentiment d'elle. Aymeric sort un fromage, estampillé dit-il Beauharnais/Pessan. Mathilde le prend délicatement, caresse la croûte du pouce et le porte à son nez pour le humer avec un air approbateur. Les odeurs qui se mêlent trahissent un goût qui sera bien balancé. Cette idée seule suffit à la faire saliver d'envie.

Mathilde sourit. Pas un seul instant elle n'a cru que la fiancée avait été choisie uniquement par intérêt. Aymeric avait fait part de son envie d'aimer et d'être aimé, et la fermière comprend que derrière la demande complètement manquée se cache la maladresse d'un amoureux.

- Je tâcherai d'expliquer au petit hériter que les fermières ont besoin de plus de clarté dans la vie. Elle rit doucement. Je suis très heureuse de savoir que vous avez trouvé la dame que vous espériez pour vous, pour Alix, pour le Labret et surtout pour votre coeur. Permettez-moi de vous présenter tous mes voeux de bonheur et toutes mes félicitations pour ce mariage! Je me réjouis de rencontrer la Comtesse! Et c'est vrai. La présence d'une noble dame ne sera que bénéfique à Usson, où bien des affaires réclament l'attention et la douceur d'une femme.

- Alors si j'ai bien compris, vous voudriez que je sois la chef des fournisseurs? Que je traverse le Labret de long en large pour sélectionner les meilleurs produits, que je m'assure de l'approvisionnement, que je négocie les prix, que je stocke les quantités chez vous et que je veille à ce que tout soit prêt le jour du mariage? Vous pensez que moi, Mathilde Dumas, je serai la bonne personne pour vous trouver tout ce que le Labret fait de mieux en matière de nourriture et de bons repas pour en mettre plein la vue à vos amis de l'Esplanade? Mathilde fait une petite moue triste et secoue la tête, dépitée. Vos amis vont trouver leurs tables bien fades à leur retour à Marbrume. Ils vont vous détester vous savez. La fermière rit de bon coeur et s'incline légèrement. C'est un immense honneur, je ferai de mon mieux pour me montrer à la hauteur. Je vais avoir besoin de savoir quand aura lieu le mariage. Et si vous avez un responsable des cuisines, pour que je m'adresse directement à lui et que je prenne connaissance des quantités nécessaires. Et du budget aussi. Je peux négocier des prix contre une bonne publicité qui leur permettrait d'avoir accès à ce dont ils ont besoin. Mathilde réfléchit à haute voix. Au-delà de la fête, je vois l'occasion d'attirer des regards favorables sur notre condition. Plus vous serez nombreux à parler au roi de la nécessité de renforcer les barricades ou d'envoyer de la main-d'oeuvre pour les champs, plus on a de chance que ça finisse par arriver. Les yeux maintenant rivés sur son champ, Mathilde hoche de la tête. Des bras, c'est ça dont ils ont besoin. Vous inquiétez pas pour mon salaire. Le fait d'être la première à laquelle vous pensez pour vos mauvais coups me suffit, parce que vous arrivez systématiquement avec un truc délicieux à grignoter et que je ne peux pas résister à ça. Et qu'accessoirement je trouve mon compte dans nos associations.

Dans l'imaginaire de Mathilde se forme l'idée d'une belle fête, joyeuse, pleine de lumières et de gens qui dansent, sans avoir à se soucier des dangers du dehors. Les tables débordent de mets traditionnels à la mode du Labret, les musiciens rivalisent de mélodies entraînantes. Soudain, les danseurs laissent passer une belle mariée pour lui laisser faire quelques pas sans risquer d'être heurtée par un gigueux trop enthousiaste. Oui, ce sera une magnifique journée pour le Labret et la Comtesse sera sans aucun doute merveilleusement bien accueillie.
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Aymeric de BeauharnaisComte
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MessageSujet: Re: [Terminé] Les oeufs sont frais, rien ne va plus (PV Aymeric/Mathilde)   [Terminé] Les oeufs sont frais, rien ne va plus (PV Aymeric/Mathilde) EmptyLun 20 Juil 2020 - 9:36
- Des hommes ont fait des choses folles pour une troussade, un simple galop est loin d'égaler certaines folies. Mais, je le répète, je ne suis pas venu pour ça.

Finalement, elle est drôle, quand elle le veut bien.

- Bon, on entre ?

C'est que maintenant que les choses sont claires et que la fermière se doute que ça va prendre du temps, pouvoir s'asseoir ne sera pas un luxe. Et si elle le taquine pour le détendre, Aymeric n'est pas en reste :

- Hors de question que vous tentiez d'apprendre quoi que ce soit à mon fils, il serait fichu de ne plus rien comprendre de ce que je voudrais lui enseigner. Le risque est trop grand. Quant à rencontrer la Comtesse, cela se fera sans doute plus vite que vous ne le pensez, mais nous y reviendrons plus tard.

C'est qu'il y a des choses à discuter. Et déjà s'assurer que Mathilde a bien compris le rôle que je lui destinais. Elle le reformule à sa manière, montrant qu'elle a conscience de la masse de travail que ça représente. Et plus elle étale le boulot que ça représente, plus les épaules du Comte s'affaisse. Car tout laisse à penser qu'elle va refuser. Voilà qui explose totalement ses préparatifs bordel. Et il réfléchit déjà à un plan B. Comment n'a-t-il pas songer à un plan B, bon sang ? Puis quand il réalise qu'elle est enthousiaste et ravie de tenir ce rôle, comme il s'y attendait au départ, il ne peut retenir une tape amicale sur l'épaule de la fermière.

- Bon sang, on ne joue pas avec les nerfs d'un futur marié, il y a des gifles qui se perdent.

Mais bon, comme c'est dit avec le sourire et que l'on sait que le Comte n'est pas un violent de nature, sinon la rumeur aurait franchi les frontières du Labret, on peut se douter que c'est plus une expression qu'autre chose. Le Comte a certes des défauts, mais son personnel est bien traité. Mais trêve d'amusement, il est l'heure de bosser sérieusement et Mathilde a de bonnes questions.

- Bon, comme je l'ai dit, tout ceci est récent, des choses doivent encore se peaufiner, il peut y avoir des modifications, mais en principe, cela devrait fonctionner comme suit. Le mariage devrait avoir lieu le 31 octobre. Le délai vous semble court, mais sincèrement, j'l'aurais bien épousée en secret, elle moi, un prêtre et vogue la galère. Seulement, ma condition ne me le permet pas.

Oui, même s'il fait des efforts, sa condition de Comte le gonfle toujours autant.

- Programme de la journée : Une heure après le lever du soleil, histoire de laisser le temps aux gens d'arriver, dont mon épouse et moi-même, il semble que notre présence soit exigée, nous nous marions au Temple. Ce dernier sera ouvert, des places réservées pour les hautes sphères mais le public sera le bienvenu. Jusque là, rien de particulier, nous nous serions mariés à Marbrume que c'eut été pareil, tout le monde peut venir y assister. La cérémonie devrait durer une heure, ceci sous réserve, qui sait si le Temple d'Usson ne voudra pas vraiment marquer le coup, lui aussi. Ensuite, on se déplace vers la salle des fêtes d'Usson, déjà réservée. A l'intérieur, une centaine d'invités et les "Fournisseurs du mariage", auquel il faut ajouter cuisiniers, domestiques, bref personnel pour le service. Il y aura des places à prendre pour quelques travailleurs présentant bien et qui veulent un petit salaire sympa un jour de fête.

Ce qui devrait faire 150 personnes dans la salle des fêtes, qui heureusement est apte à en accueillir plus. Mais c'est seulement maintenant que le regard du Comte s'éclaire.

- Pour l'extérieur, les choses peuvent démarrer plus tôt puisque dans l'absolu, c'est une fête en hommage à notre mariage, une occasion de se réunir autour d'une activité positive, vous voyez ? On pourra lancer la musique pendant que cuiront les pâtés et les pains qui orneront les tables. Là, pas de nombre d'invités, ça sera ouvert. Et comme je vous l'ai dit, avec la Comtesse, nous vous rejoindrons très certainement pour quitter un peu le côté protocolaire de la chose. Alors, du côté "Labretan", j'apporterai aussi de nos produits, des fromages, de la charcuterie, des légumes, mais que les gens n'hésitent pas à venir compléter le buffet si le cœur leur en dit. C'est toujours sympa de participer avec une tarte, des fruits et sa bonne humeur. Ah, et forcément, il y aura des musiciens de votre côté aussi, car il est possible que votre fête démarre un peu avant la nôtre. Et je compte faire décorer les alentours de la salle des fêtes aussi.

Il faudra espérer que la météo leur soit favorable, mais dans le doute.

- Je compte privatiser deux auberges pour héberger les invités de marque. Si la météo est compliquée, ces auberges pourront servir de lieu de repli pour la fête "labretane". Je n'ai pas encore de chef cuistot par contre, j'avoue que je ne les connais pas par ici... Faut dire que côté grande fête, je serai pour ainsi dire l'un des premiers, donc difficile de connaître les noms. Mais comme pour le reste, je préférerais qu'il soit d'ici.

Alors, la douloureuse, combien il est prêt à investir pour ce mariage.

- C'est un mariage comtal, faut y mettre le prix. Pour l'ensemble, je table sur deux cent pièces d'or, tout compris. Mais avec deux auberges privatisées, les costumes, les décors, la sécurisation, je ne peux pas décemment mettre plus que cent pièces d'or. Si les gens acceptent un paiement en argent, j'en serai fort aise. J'adore le troc, c'est bien plus sain que l'argent, mais pour mon costume de marié, la robe de ma fille et une tenue hivernale pour elle, vu qu'elle grandit plus que moi, j'ai abandonné une centaine de peaux de lapin. Mon stock de viande va être englouti par le mariage, côté fromage je peux encore négocier. Mais je peux aussi proposer une aide de ma législatrice pour les aider à payer moins d'impôts, ou leur promettre une peau autre que d'une bête d'élevage s'ils vont se marier aussi, que je leur réserve un gibier que j'aurais chassé. Je ne suis vraiment pas fermé s'ils ont quelqu'envie. Même une réparation chez eux si le boulot ne prend pas des semaines et qu'il vient après le mariage. Pas de bois, par contre, c'est vraiment compliqué d'en avoir pour l'heure et les rares fruitiers qu'il nous faut abattre servent au chauffage des deux fermes. Mais si certains trocs vous semblent faisables et que je n'y ai pas songé, n'hésitez pas à leur dire qu'ils pourront m'en parler. Après tout, Lance m'avait demandé un entraînement à l'épée et trois louveteaux.

Il a le sentiment de n'avoir rien oublié. Faut dire qu'il mature cela dans sa tête depuis des semaines. Mais il hésite un instant avant de se lancer.

- Il est prévu que la Comtesse vous rencontre, probablement ici d'ailleurs. Même si avec les préparatifs vous pourriez la croiser dans la semaine qui précède le mariage, chez moi. C'est que... Voilà, je lui ai parlé de mes attentes la concernant. Outre les écrits, la diplomatie, bref, ces choses qui me hérissent le poil et qui l'enchantent, il y a les œuvres sociales et je lui ai exposés mes projets dans lesquels elle pourrait s'investir, parmi lesquels les orphelins pour lesquels on cherchera un métier dans des bonnes familles d'artisan. Et si l'adoption n'est pas le but premier de l'action, elle sait qu'on en a parlé et meurt d'envie de vous connaître. Faut dire que je lui ai dit que vous avez été d'une aide précieuse pour mon installation ici et qu'elle souhaite vous connaître. Je pense qu'elle démarche déjà auprès du Temple de Marbrume pour la faisabilité du projet, avoir le soutien des hauts prêtres et se renseigner aussi sur comment une adoption peut se faire. Je ne pense pas trop m'avancer en vous disant qu'une petite tête blonde pourrait bien venir foutre un bordel monstre dans votre organisation de graines. Et que cela pourrait se faire entre le mariage et les fêtes de fin d'année.

Le plus étrange est sans doute que cela l'émeut, lui, presqu'aux larmes.
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Mathilde VortigernFermière
Mathilde Vortigern



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MessageSujet: Re: [Terminé] Les oeufs sont frais, rien ne va plus (PV Aymeric/Mathilde)   [Terminé] Les oeufs sont frais, rien ne va plus (PV Aymeric/Mathilde) EmptyMer 22 Juil 2020 - 4:31
Bon, on entre?

Cette façon de formuler les choses confirme à Mathilde ce qu'elle savait déjà : il n'a aucune manière et est, par conséquent, l'un des pires nobles que l'Esplanade ait connu. C'est clairement un militaire, là dessus, il n'a pas menti. La Comtesse a intérêt à avoir bon caractère.

Parce qu'elle a de vagues notions de bienséance, Mathilde invite le Comte à la suivre d'un geste. Alors qu'ils s'assoient à la table envahie de semences triées et prêtes à être mises en terre, Mathilde achève sa tirade au sujet des tâches qui lui seraient attribuées, des salaires et de la notoriété du Labret. Elle a naturellement remarqué les diverses émotions qui ont traversé l'attitude de Beauharnais, et le soulagement qui se lit sur son visage. Comme si j'allais vous répondre Oh oui monseigneur! si facilement. Héhéhé.

De Beauharnais reprend la parole. Mathilde l'écoute attentivement, son fromage en main, sans même avoir pris le temps de proposer un rafraîchissement à son invité, et garde en mémoire l'ensemble des informations. Le 31 octobre, ouille c'est rapide. Ça veut dire que certains légumes ne seront pas prêts et qu'il va falloir prendre dans les réserves des légumes d'été et suggérer aux maraîchers de faire un semi tardif cette semaine.

Pour les fournisseurs, le travail aura été réglé la veille, ou dès le lever du soleil pour les produits les plus frais. D'autres personnes s'activeront pendant la cérémonie au Temple, et Mathilde en sera, ne serait-ce que parce qu'il faut bien qu'une emmerdeuse court partout en criant des ordres à tout bout de champ. La jeune Alix, elle, sera avec son père et ne pourra pas être présente pour parer aux derniers imprévus. Elle grimace légèrement lorsqu'Aymeric évoque la possibilité que le peuple commence à fêter plus tôt, dès le début de la journée. Ça lui paraît compliqué, à moins qu'on exige des participants à la fête qu'ils apportent un plat à partager dès le petit matin, ce qui permettrait d'organiser un roulement dans les mets servis.

Privatiser deux auberges. Mathilde songe à Sophie, la fille de l'aubergiste d'Usson, qui va elle aussi courir dans tous les sens. Elle imagine que l'autre auberge est celle Najac, qui n'est pas si loin. Celle de Salers relève plutôt du boui-boui mal tenu, du moins à son goût. Pourrait-elle le renseigner sur les cuisiniers de la région? Elle le garde en tête, préférant se concentrer sur le flot d'informations.

Deux cents pièces d'or. C'est une sacrée somme à laquelle Mathilde ne réagit même pas. Trop énorme pour elle. La moitié en nourriture, et celle-ci inclut probablement les salaires en plus des fournitures. Elle négociera de son mieux pour ne pas dépasser les 50 pièces. L'éventail des possibilités qu'il lui présente est suffisant. Du troc, contre des peaux, des services ou du gibier, une aide de la législatrice -Mathilde songe qu'elle pourrait travailler pour la cause du Labret et permettre aux paysans d'avoir un peu plus de latitude faces à la taxation royale. Elle hoche de la tête, dans un signe d'approbation. Tout cela fait du sens pour elle. Elle n'a pas encore tout à fait une bonne idée de ce que ça représentera, concrètement, le jour du mariage, mais elle sait qu'elle fera tout ce qui est en son pouvoir pour que ce soit une réussite.

Sans transition, de Beauharnais aborde un autre sujet : celui de l'enfant. Cette idée à laquelle Mathilde commence à se faire, celle d'accueillir un orphelin pour le sortir des rues de Marbrume et lui permettre d'apprendre un métier. D'abord très pragmatique, ce petit projet a fait son bonhomme de chemin dans l'esprit de la fermière qui y a voit maintenant l'occasion de transmettre sa ferme à quelqu'un qui, comme elle, y aura grandi et y aura tout appris. Quelqu'un qui, une fois grand, l'embrassera à son tour sur le front pour lui dire Bye M'man avant de filer pour l'une ou l'autre livraison avec le poulain devenu grand. Mathilde sourit. Une petite tête blonde fichant le bordel dans ses sacs... qu'elle n'a même pas ôté de là pour faire une place au Comte! Mathilde bondit sur ses pieds et, en quelques gestes rapides, déplace les sacs si légers qui renferment des centaines des semences, qui produiront autant de légumes.

- Ça serait for... fort bien. se reprend-t-elle au dernier moment, cherchant à atténuer un enthousiasme peut-être excessif. J'ai de toute façon prévu des réserves en conséquence. Mon potager a pris de l'ampleur, en prévision d'une bouche supplémentaire, et je vais avoir un boulot monstrueux pour conditionner les légumes en vue de l'hiver, mais ça devrait être gérable. Elle sourit. Je serai très heureuse d'en discuter avec la Comtesse de Beauharnais, après votre mariage. Je crois que c'est la priorité! Ensuite il y aura les dernières récoltes d'avant hiver, l'hivernage des champs et des bâtiments, le départ des gars qui vont se relayer ici durant l'hiver parce qu'il n'y a pas assez de travail pour quatre.

Mathilde attrape un gobelet, le plus joli qu'elle possède selon elle, et le remplit d'eau fraîche avant de le déposer devant le Comte.

- Je crois que je me réjouis de ce projet. J'espère simplement que les gens ne croiront pas que vous cherchez à refourguer des bâtards de la noblesse marbruméenne à d'honnêtes gens du Labret. En fait... je suis sure que la rumeur va courir. Faudra être prêt à y répondre, d'une façon ou d'une autre. Elle hausse les épaules. Que peut-on faire contre les rumeurs? Une fois qu'elles sont lancées, il est difficile de les arrêter.

La fermière se rassoit à la table, dont un coin est maintenant dégagé. Elle regarde le fromage, qu'elle a lâché pour remettre un semblant d'ordre, et sourit. Vous avez parlé de charcuteries, hein? Ça veut dire que vous avez trouvé votre recette et votre méthode de fumage? Parce que je vous le dis tout de suite, si c'est trouvé, interdiction de donner votre recette à qui que ce soit, sinon vous allez vous la faire voler et vous perdrez l'exclusivité du goût. Mathilde rit doucement en songeant au pauvre boucher qui, tout fier d'offrir les meilleures saucisses séchées de la région, avait fini par donner sa recette un soir d'ivresse dans les bras d'une catin. Quelques semaines plus tard, la catin avait revendu l'information et un concurrent, ambulant, avait débarqué avec sa charrette pleine de saucisses à un prix légèrement inférieur. Le boucher s'était cru ruiné, jusqu'à ce que finalement il décide de retravailler sa recette pour l'améliorer. Le marchand ambulant, lui, ne s'était pas représenté à Usson. A l'époque, Mathilde avait une dizaine d'années et avait été très impressionnée par la charrette aux saucisses.

- Parlez-moi de la Comtesse! De quoi a-t-elle l'air? Comment l'avez-vous rencontrée? Que pense-t-elle de l'idée de s'établir ici? A-t-elle des appréhensions? Mazette elle va être accueillie comme une reine vous savez! Le regard de Mathilde s'éclaire alors qu'une idée lui traverse l'esprit. Oh! Qu'est-ce qu'elle aime? Je suis certaine qu'on pourrait lui préparer un petit cadeau de bienvenue pour souligner son arrivée! Quand je dis on, je parle des gens d'ici évidemment, je suis certaine qu'ils seraient plusieurs à adhérer à l'idée!
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Aymeric de BeauharnaisComte
Aymeric de Beauharnais



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MessageSujet: Re: [Terminé] Les oeufs sont frais, rien ne va plus (PV Aymeric/Mathilde)   [Terminé] Les oeufs sont frais, rien ne va plus (PV Aymeric/Mathilde) EmptyMar 28 Juil 2020 - 8:22
Parfait, le Comte a misé sur le bon cheval. Mathilde semble avoir conscience des réalités et Aymeric n'a aucun doute sur sa connaissance des gens qui vivent ici. Le fait de confier cela à une femme surprendra dans un monde fort machiste, mais il ne l'a jamais vraiment été pour un homme de son époque et il est même possible que de continuer à surprendre, voire choquer, l'amuse. Un amusement qui se perd un peu quand elle s'enthousiasme.

- Formidable est le terme que vous cherchiez ?... Quant à votre inquiétude que je cherche à placer les bâtards de mes pairs, encore faudrait-il que je sois ami avec eux et les faits tendent à prouver le contraire. Plus sérieusement, avec le taux de mortalité qu'on connait, les héritiers se font rares, les filles épousables aussi. Si bâtard il doit y avoir, un noble voudra garder l’œil dessus, lui donner une éducation, le diriger vers les armes ou la prêtrise, pas l'artisanat, histoire de pouvoir l'adopter le jour venu, si le malheur devait frapper un enfant naturel. Alix est adoptée, elle est Vicomtesse, elle en a le titre. Elle n'est plus une bâtarde. Elle ne l'a été que quelques semaines, le temps de l'adoption. Pour Pyo et Leanne, qui eux ont été placé chez des gens qui ne sont pas leurs parents naturels, ça se passe plutôt bien. Pyo est le ptit bout qui vit avec le forgeron d'Usson. Malgré ce piège à fille, il n'a toujours pas été fichu de trouver épouse. Heureusement que c'est un artisan hors pair...

Il soupire puis rit. Et pour ce qui est de la charcuterie, il ne semble pas plus inquiet.

- Cela sera une production Beauharnais-Pessan. Un comte héros et une commerçante qui tient l'auberge la plus luxueuse de Marbrume, c'est aussi une "marque". La moitié de la production revient au Roi, un quart à la Comtesse, qui s'en servira certainement pour son auberge. Autant dire que ma charcuterie, si elle est à niveau évidemment, sera considérée comme un produit de luxe. Il sera difficile de la copier et la vendre à moindre prix n'aura que peu d'intérêt. Cela sera surtout une marque, vous voyez. Comme pour la robe de mariée, il faut qu'elle soit fabriquée par telle couturière pour être chic, ici, ça pourrait être le cas pour ma charcuterie. J'avoue miser un peu là-dessus. Mon titre a quand même quelques avantages, mais d'autres pourront en bénéficier, en passant par nos invités. Je compte vraiment dessus. Mais outre me marier, évidemment, l'objectif est de donner au Labret l'image qu'il mérite : un lieu fantastique peuplé de gens merveilleux

Aymeric ne cache ni sa surprise ni son amusement quand elle l'interroge avec moult détails sur sa future épouse. Mais voilà, comment parler d'elle. Il décide de le faire le plus simplement possible.

- Idalie ? Je crois que la première chose qu'on remarque, c'est son visage, qui dégage énormément de bonté, mais aussi un petit nez mutin qui je n'en doute pas cache pas mal espièglerie, qu'elle a contenu jusqu'ici car nos rencontres restaient publiques mais qu'elle m'a permis de découvrir malgré tout. Elle est fine de corps, trop à mon goût. Je préfère les femmes un peu plus... charpentées, solides...

Les terriennes, quoi. On ne le changera pas.

- Mais étrangement, chez elle, ça ne me dérange pas. Elle dégage une sorte de force tranquille, vous voyez ? Elle assume ses peurs, il lui arrive de rougir et je ne vous cache pas que ça me fait fondre, mais quand elle a quelque chose à dire, elle vous regarde dans le blanc des yeux. Elle, elle ne donne pas d'ordre, mais les gens lui obéissent. Même moi. Et on ne s'en rend même pas compte sur le moment, parce que c'est fait avec grâce et douceur.

En rêvassant ainsi d'elle, il en a oublié la deuxième question de Mathilde, puis elle lui revient comme une évidence.

- Comment je l'ai rencontrée que vous disiez ? Vous vous en rappelez peut-être, mais début juillet, le Roi a organisé un bal et j'y suis allé avec Alix, qui rêvait de tout ça, les mondanités et autres fadaises. Elle est plus mondaine que moi. Toute à son excitation à observer le palais, les décorations les tables de buffet, les musiciens, les danseurs, elle s'est prise un pan de sa nouvelle et somptueuse robe sur un meuble. Et une dame, élégamment, a discrètement sauvé la robe sans même qu'Alix s'en aperçoive. Puis, en réalisant que j'avais suivi la scène du coin de l'oeil et que j'étais certainement son père, elle est venue s'excuser pour son intervention, avec une jolie dose d'humour, précisant qu'il n'était pas dans son habitude de déplacer le mobilier du Roi. Et on a commencé à discuter. En tout bien tout honneur, hein. Je n'étais pas venu pour draguer la belette, j'étais encore marié et je ne plaisante pas avec les règles des Trois.

L'homme est pieux et il est difficile de le lui nier. Et pourtant...

- Nous avons discuté, comme le veut la bienséance. J'ai découvert qu'elle était la soeur du héros de Marbrume, elle a découvert que j'étais celui qui avait aidé à sortir le plus de gens possible du Chaudron. Nous n'avons pas parlé de ces faits d'armes, parce que je n'en parle pas. Puis nous avons parlé de nos situations maritales et j'ai été surpris de découvrir qu'elle était venue seule. Un tel parti aurait dû crouler sous les prétendants. Mais la nomination du frère était récente et avant, en tant que Banneret, il vivait sur les domaines des Ventfroid. Leur gloire, comme la mienne, était récente. Puis nous avons forcément parlé d'Alix et des joies de la paternité. Nous avons pas mal ri. Et de petites anecdotes à d'autres, je me suis surpris à penser que la conversation était incroyablement agréable et amicale.

Un soupir d'aise.

- Elle m'a porté le coup de grâce quand j'ai commencé à parler du Labret. Je l'ai vue transportée par ma description des lieux, elle avait replongé en enfance et tout cela lui manquait, même si, et c'est tout naturel, la peur de la Fange la retenait. Mais j'ai compris qu'elle pourrait être heureuse au Labret, au contraire de quasi toutes les femmes présentes lors du bal, et c'est la première fois que je l'ai envisagée comme épouse. J'ai vite balayé l'idée. Il faudrait deux mois encore pour pouvoir la demander en épousailles et bien des choses peuvent arriver en deux mois, dont des demandes faites par d'autres à son égard.

Il hausse les épaules et a un sourire triste, comme s'il revivait le moment.

- Elle m'a demandé si je dansais, car après tout ça se fait à un bal et je lui ai répondu que je n'avais jamais appris. Alors elle m'a invité à m'apprendre, ayant appris cela à ses frères. Apparemment, je n'ai pas été trop mauvais élève. Et j'ai offert sa première danse à Alix, qui en a été ravie. Il y a eu une seconde danse. Pour Alix, elle a supplanté la première. Elle a dansé avec le beau Zephyr d'Auvray, qui entretemps nous avait rejoint. Et j'ai dansé avec Idalie, cette fois sans compter mes pas à voix haute. Je ne suis pas fou de danse, mais avec elle... Oui, elle a réussi à faire danser Aymeric de Beauharnais et que ça le fasse sourire. Quand je vous disais son pouvoir de persuasion. Mais Alix était épuisée, moi aussi, on est arrivé du Labret quelques minutes avant le début du bal, autant dire qu'on n'avait pas eu de repos.

L'histoire pourrait s'arrêter là, mais non.

- Le surlendemain, je l'ai croisée au sortir du Temple où j'étais parti étudier la construction d'un fumoir dans la bibliothèque. Elle était simplement venue prier. Elle m'avait invité à donner mon avis sur l'auberge de luxe qu'elle ouvrait deux semaines plus tard avec la Comtesse de Pessan et c'était la bonne occasion. La visite fut délicieuse et sa dame de compagnie était présente, tout dans la bienséance, donc. J'en ai profité pour les inviter toutes deux à manger sur le port, où j'ai encore de bonnes adresses. Le poisson était délicieux mais moins qu'elle. Et je n'ai pas pu le lui cacher. Si je n'étais pas encore marié devant les Trois, je lui aurais fait une cour assidue. Cette phrase l'a perturbée plus qu'attendu car elle m'a attendu. Elle a fermé toute opportunité à un galant dans l'espoir que je vienne la trouver une fois déclaré veuf pour la demander en mariage.

Un autre soupir d'aise puis il réalise qu'il a oublié une question.

- Ce qu'elle aime ? Elle m'a avoué avoir la dent sucrée. Elle aime donc ce qui est sucré. Alors, des mignardises, voire du miel, la rempliraient de bonheur. Ou de quoi faire des infusions un peu originale, mais pour ce second point, j'avoue que j'en profiterai, moi aussi. Pour les sucreries, ça serait plutôt Alix qui aiderait la Comtesse à leur faire un sort.
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Mathilde Vortigern



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MessageSujet: Re: [Terminé] Les oeufs sont frais, rien ne va plus (PV Aymeric/Mathilde)   [Terminé] Les oeufs sont frais, rien ne va plus (PV Aymeric/Mathilde) EmptyJeu 6 Aoû 2020 - 5:13
Mathilde, probablement comme d'autres paysans du coin, n'avait jusqu'ici jamais envisagé qu'un bâtard devienne un enfant intéressant à garder sous son aile au cas où... ce qui doit placer plusieurs filles-mères dans une situation bien plus enviable qu'avant la Fange, même si cela concerne plutôt les femmes de la noblesse. Elle songe tout de même qu'une fois encore, l'élite s'en sort bien mieux que le peuple : si elle venait à tomber enceinte d'un homme du peuple, personne ne lui viendrait en aide. Néanmoins, lorsqu'elle accueillera un enfant, elle pourra dire aux mauvaises langues qu'aucun noble sensé n'abandonnerait sa progéniture à une paysanne. La fermière sourit lorsqu'Aymeric évoque Pyo, le piège à femmes du forgeron qui semble ne pas fonctionner.

- Un artisan hors pair bien fier de son petit protégé, croyez-moi! Elle les a vus en allant leur acheter de nouveaux outils pour les gars. Pyo semble heureux et son tuteur se montre attentif et bienveillant à son égard. Il ne faut que quelques minutes pour se rendre compte que ces deux-là se sont bien trouvés.

Aymeric enchaîne sur la charcuterie, et une fois encore elle sourit discrètement lorsqu'il indique que son produit sera nécessairement un produit de luxe. Elle se retient de rouler des yeux et garde pour elle cette réflexion qu'il aurait été si facile d'échapper : Comme si un noble pouvait penser à autre chose qu'à un produit de luxe. Mais c'est juste du sauciflard, monseigneur! Un sauciflard sur lequel, pense-t-elle, on collera deux noms du joli monde, ce qui fera grimper les prix auprès des élites qui seront assez aisées -et asse bêtes- que pour se l'offrir. Le monde des nobles est réellement étrange, pourtant cela ne l'empêche pas de vouloir en savoir plus sur l'heureuse fiancée, ce qui a le don d'allumer une curieuse étincelle dans le regard du Comte qui a rencontré la jeune Idalie à un bal dont elle est sensée se rappeler...

- Moui, le roi m'a invitée mais j'ai décliné. Vous savez ce que c'est, les panais n'attendent pas... ironise-t-elle avec un sourire malicieux. A-t-elle seulement entendu parler du bal? Pas du tout : elle ne s'intéresse pas aux événements de la cour, trop éloignés de sa réalité. Sans doute le devrait-elle, pour espérer rentrer dans les grâces d'autres nobles et peut-être même du roi, mais Mathilde est incapable de calculer ses faits et gestes pour atteindre une position sociale plus enviable.

Il suffit d'écouter la façon dont il en parle pour comprendre qu'il est sous le charme d'une jeune et belle demoiselle. Il la connait peu mais paraît avoir compris que les quelques échanges qu'ils ont eus ressembleront à cela, jusqu'à ce que la mort les sépare. Une touche d'humour, une simplicité confortable pour celui qui n'affectionne pas tant le protocole, une certaine aura malgré une innocence qu'elle doit probablement à sa jeunesse. Peu à peu, Mathilde se la représente, petite et menue, avec un regard baissé que l'on peine à soutenir lorsqu'il se braque durement sur vous. Gracieuse, elle doit avoir une façon de s'adresser aux gens qui les met en confiance, assez que pour s'en faire rapidement des alliés... et si la fermière se réjouit qu'une femme aussi douce puisse assumer un certain nombre de tâches dans les environs, elle garde pourtant une petite réserve : hors de question de se laisser manipuler par ce petit bout de femme.

Mathilde pouffe de rire en entendant une curieuse expression franchir les lèvres du Comte. Draguer la belette... elle se reprend pourtant, en espérant qu'il ne se méprenne pas à son sujet : elle le sait respectable et pieux -sans doute bien plus pieux qu'elle-, même si sa façon de s'exprimer peut porter à confusion. Elle est désormais convaincue qu'il le fait exprès. Le regard de Mathilde s'éclaire lorsqu'Aymeric déclare que sa fiancée sera heureuse au Labret malgré l'éloignement des jolies choses de Marbrume, de la cour royale et le danger de la Fange. La fermière aime qu'on apprécie la terre qui l'a vue naître et sur laquelle elle a grandi. Cela flatte sa fierté.

- Vous dansez? Oh j'ai hâte de vous voir à l'oeuvre lors de votre mariage! Et c'est dit sans moquerie. Jusqu'ici, même s'il semble faire de grosses entorses au protocole pour ne pas plonger son interlocutrice dans l'embarras, le Comte paraît être un homme relativement rigide. Sans doute son passé militaire lui inspire-t-il cette opinion. Le voir danser et sourire en même temps, c'est découvrir une nouvelle facette du personnage, de la même façon qu'elle entrevoit d'autres traits de sa personnalité lorsqu'il évoque sa fille avec une tendre fierté.

- Elle a donc attendu que votre veuvage vous soit accordé. C'est qu'elle vous épouse par amour et non par intérêt. C'est bien. C'est vraiment bien. Par contre, il va vraiment falloir lui trouver un défaut, même minime, parce que le tableau est vraiment trop parfait. Mathilde rit. Tenez, moi par exemple, je fricote avec un homme vraiment charmant, galant, attentionné, vif d'esprit et d'agréable compagnie, mais il a le petit défaut de verser dans la piraterie... Non, ça, ça ne se dit pas, aussi n'ajoute-t-elle rien et se contente-t-elle d'écouter Aymeric déclarer que sa fiancée a une dent sucrée. Mathilde hoche de la tête.

- Parfait! Je suis certaine qu'on pourra lui préparer une petite surprise que ni vous, ni Alix ne pourrez espérer partager avec elle! Elle sourit. Un gâteau parfumé aux fleurs d'automne, ou peut-être un pot de miel fraîchement récolté. Rien ne vaut un miel qui n'a pas encore amorcé son processus de cristallisation. Elle n'a que quelques semaines pour y songer. C'est bon de vous voir si heureux, et enthousiaste. Je dis pas que vous êtes pas enthousiaste d'habitude, mais là il y a une dose de bonheur qui se rajoute, et ça vous rend lumineux. Je sais que je me répète mais j'ai hâte de rencontrer votre dame!

Mathilde regarde un instant par la fenêtre située du côté est de la chaumière, dont le volet est resté ouvert. Au loin, sa grosse Marguerite s'ébroue pour chasser les mouches qui lui tournent autour. La fermière sursaute. Nom d'un chien j'allais oublier de vous dire qu'on va avoir un petit! Bah un poulain. Je crois que Marguerite est gestante, je comptais l'accompagner à votre domaine pour la faire regarder mais je pense pas me tromper. Elle se comporte pas comme d'habitude, et je pense qu'elle n'a pas eu ses chaleurs. Ça doit être plutôt bon signe, non?

Ce qui est bien, avec Aymeric, c'est qu'il ne rentre pas dans les sujets qui pourraient la blesser, comme la disparition du fiancé de Mathilde ou le mariage auquel il ne l'accompagnera pas. Peut-être a-t-il oublié cette curieuse demande qu'elle lui a faite, alors qu'elle devait épouser son beau milicien désormais porté disparu. A moins qu'il n'ait la délicatesse de lui changer les idées en lui confiant la mission d'organiser la logistique entourant la nourriture, à son propre mariage. Mathilde ne peut s'empêcher de penser que le Comte est un curieux personnage qui ne cesse de la surprendre en adoptant des attitudes aux antipodes de celles auxquelles elle a tendance à s'attendre.

- Moi aussi je rentre de Marbrume. Enfin ça fait une petite semaine. La prochaine fois on pourrait peut-être faire route ensemble, même si je ne compte pas y retourner avant un moment. J'y ai vu de Terresang qui s'est mis en tête qu'il allait reconquérir Ventfroid. Messire, quelles sont les chances que vous le convainquiez que c'est une mauvaise idée et que son retour de sa première expédition sera aussi le dernier? Je sais que vous n'êtes pas en bons termes, mais bon sang c'est complètement stupide d'aller mettre son nez là-bas alors que le Labret n'est même pas complètement sécurisé et que les routes le sont encore moins.

Elle ne le sait pas encore, mais le retour du Vicomte sera effectivement le dernier et ce sans qu'Aymeric ait à intervenir.
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MessageSujet: Re: [Terminé] Les oeufs sont frais, rien ne va plus (PV Aymeric/Mathilde)   [Terminé] Les oeufs sont frais, rien ne va plus (PV Aymeric/Mathilde) EmptyLun 10 Aoû 2020 - 10:53
- En effet, ces deux-là se sont bien trouvés. Tout comme Leanne et l'herboriste chez laquelle je l'ai placée. Son veuvage se finit aussi, je me demande s'il ne faudrait pas que je leur force la main pour qu'ils se marient. Les petits seraient ravis de redevenir frère et soeur, ils l'étaient un peu, quelque part. Ils restent terriblement complices. Avec Alix aussi. J'peux un peu forcer la main de mon forgeron, mais je n'ai pas d'emprise sur l'herboriste...

Il renifle.

- Bah, j'y réfléchirai après mon propre mariage. Et donc, vous avez décliné une invitation du roi ?

Dire qu'il est scié n'est pas mentir, mais d'un autre côté...

- Notez, vous pouvez vous le permettre. L'absence d'une fermière se remarque moins que celle d'un noble, puis vous êtes moins dépendante de lui que les nobles. La plupart ont un logement grâce à lui, ils lui sont subordonnés, moi aussi et c'eut été malvenu pour moi de refuser, bien que j'y aie songé.

C'est clair qu'il a déjà bien assez à faire comme ça. Son rire la surprend, mais comme il a usé d'une expression peu banale, à savoir "chasser la belette", cela a dû la surprendre, aussi ne s'en offusque-t-il pas. Il essaie de maîtriser son langage, mais ça ne tient pas toujours. Après tout, il a été milicien plus qu'il n'a été noble. Et son enthousiasme à elle le fait sourire aussi, quand il parle danse.

- Je ne suis pas devenu un grand danseur et je n'ai pas retravaillé cela, mais je me dis que mains nouées ça doit être encore moins évident. On s'en est passé à mon premier mariage, mais ici je sais que je n'y couperai pas. Faudra que ma législatrice, qui est aussi dame de compagnie pour Alix et l'érudite qui s'arrache les cheveux à vouloir m'apprendre les "bonnes manières" me donne quelques cours. Et elle, je n'aurai aucun problème à lui écraser les pieds.

Il l'a dit avec un sourire carnassier, mais dans le fond il respecte énormément cette dame qui étrangement se plait beaucoup au Labret, à gérer un tas de choses. Possible qu'à Marbrume elle s'ennuyait. Ici, elle est souvent surprise, par le Comte déjà, mais aussi par la liberté dont elle dispose. Et visiblement, les rapports qu'elle envoie à sa patronne, qui reste Apolline de Pessan, sont bons puisque cette dernière semble lui faire confiance sur les dépenses, les investissements et les gains qui vont enfin rentrer. Mais il se rappelle que la première chose qui intéressait la comtesse était d'avoir quelqu'un pour surveiller le domaine et le protéger et sur ce plan, Aymeric est irréprochable. Les changements qu'il a apportés pour son lieu de vie sont là pour protéger les gens, et il aide aussi le personnel de la Comtesse, entre autres avec cette visite d'une soigneuse pour s'assurer que médicalement ils vont bien.

- ...!

Un défaut à Idalie ? Elle est espiègle, mais il trouve ça mignon. Elle rougit facilement, mais ça le fait craquer. Bon, il n'est pas encore certain qu'elle soit une bombe au lit, mais ce n'est pas le genre de choses qu'on dit. Bah, il finira bien par en trouver une. Quant au reste...

- Oui, ça me surprend aussi parce que ça n'a aucun bon sens, mais c'est un mariage d'amour. Le fait qu'en prime ça soit un mariage idéal du point de vue de la noblesse est un plus intéressant. J'avoue que j'aurais été perdu si le mariage aurait déplu en haut lieu, ou qu'elle soit une roturière. Il m'aurait fallu choisir entre les ambitions d'Alix et mon bonheur. Heureusement, je n'ai pas à le faire.

La gestation de Margherite tombe bien. Bon, ça n'est pas une surprise puisqu'elle a été saillie, mais encore faut-il que ça fonctionne et c'est visiblement le cas. Il avoue sans honte aucune :

- Je n'ai pas les compétences pour déterminer une grossesse si... tôt on va dire, mais pour Guillaume, oui. Alors vous pouvez aller le voir sans souci, et gratuitement bien sûr. Et si vous voulez qu'elle ait la compagnie de nos chevaux et ceux de la Compagnie des Lames, elle pourra passer sa gestation chez nous, bien qu'elle n'ait pas l'air malheureuse ici. Et quand le labeur deviendra difficile pour elle, je vous ai promis un boeuf, je l'ai.

Il l'a eu par troc et ça n'a pas été simple. Le propriétaire du boeuf avait des travaux importants à faire, qui dépassaient aussi la compétence du Comte, qui a fait appel à des artisans, qui eux appréciaient le paiement par viande, plus les gars de la Compagnie ravis d'aider, puisqu'ils sont logés gratuitement. Au final, en réunissant ce petit monde, il a fait des économies, acheter le boeuf à prix coûtant lui aurait coûté plus cher et tout le monde est content. L'éleveur a de bonnes réparations et même des renforts pour se protéger de la fange, merci au forgeron, les artisans ont gagné de la nourriture, du lapin, des oeufs, quelques légumes pour chaque jour travaillé et lui a un boeuf qu'il va pouvoir prêté en échange d'autres services et qui facilitera aussi la vie du personnel fermier du domaine. Un investissement qu'il ne regrette absolument pas.

Aymeric n'a pas oublié que Mathilde devait épouser un beau milicien, mais il a quelques rapports avec la Milice. Déjà en tant que propriétaire de la forge, et les Trois savent qu'une forge est utile à des gens d'armes, mais aussi en tant que fournisseur de nourriture et en tant que noble, car on fait parfois appel à lui pour des missions qui ne concernent pas directement la milice, et cela se passe bien parce qu'Aymeric a un passé de milicien. Il a appris la disparition du fiancé de la fermière avec qui il s'entend bien. Il n'en a pas parlé parce qu'il ne voit pas trop ce qu'il pourrait dire. Des gens meurent, la vie continue. Elle peut lui en parler si elle le souhaite, mais apparemment elle ne l'a pas fait, c'est donc qu'elle ne le fera pas. Par contre, elle lui demande son aide pour convaincre Terresang de ne pas repartir vers Ventfroid. Il soupire :

- Quand nous nous entendions encore, j'ai tenté de lui expliquer que c'était une idée atroce de vouloir marier sa seule famille avec Victor de Rougelac et il ne m'a pas écouté. Et sa seule famille n'y a pas survécu. Avec vous, il a fait un voyage sous la pluie, ce qui est de l'hérésie. Alexandre ne peut pas être raisonné car il n'est pas raisonnable. Il y a perdu ses cheveux, il y a perdu sa main, et il y perdra sans doute un jour la vie, mais il vit ainsi et j'imagine que son bonheur est là.

Il ne va plus perdre de temps à raisonner Terresang, ce fou serait fichu de demander l'aide d'Aymeric ou de lui réclamer ses mercenaires. Et il y tient, à ses gens, et n'ira pas mourir pour une lubie. Ventfroid est perdu, après tout.

- Bien, merci pour l'eau. J'arrête de vous ennuyer avec mes lubies comtales, je vous ai déjà assez surchargée de travail. Quand vous passerez avec Margherite, n'hésitez pas à aller voir Alix. Vous pourrez discuter des avancées du projet "mariage à Usson". Ah, et vous pourrez rester manger et même dormir. Ca vous fera du bien, une pause. Possible même que j'aille chasser un gibier pour l'occasion.

Oui, même au Labret, avec un élevage, Aymeric n'a pas renoncé à la chasse. Et il ose parler des lubies d'Alexandre de Terresang.
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Mathilde VortigernFermière
Mathilde Vortigern



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MessageSujet: Re: [Terminé] Les oeufs sont frais, rien ne va plus (PV Aymeric/Mathilde)   [Terminé] Les oeufs sont frais, rien ne va plus (PV Aymeric/Mathilde) EmptyVen 14 Aoû 2020 - 21:29
Mathilde se mord la joue pour ne pas exploser de rire lorsqu'elle comprend que le Comte gobe totalement l'histoire de l'invitation royale déclinée au nom du sacro-saint Panais. Avec peine, elle containt son fou-rire en acquiesçant sagement aux déductions d'Aymeric de Beauharnais, qui n'a pas tout à fait tort, avant de lui glisser dans un murmure C'était une farce. Je n'ai pas reçu d'invitation.

Un peu gênée, Mathilde garde le silence lorsqu'il revient sur ses talents de danse. L'absence de défauts, chez la future comtesse, la contrarie quelque peu, mais elle remet ça sur le compte de l'amour que l'on dit parfois aveugle. Elle se fera sa propre opinion lorsqu'elle la rencontrera, bercée entre le réel enthousiasme de voir une femme de la haute société revenir au Labret, et sa méfiance naturelle envers un être trop parfait que pour être tout à fait honnête.

- Je comptais bien aller voir ser Guillaume dans les prochains jours. J'attends simplement des signes plus évidents qu'une simple intuition, bien que je me trompe rarement sur les choses de mon humble domaine. Rarement, mais pas jamais, et la perspective de faire un déplacement en perdant au passage une demi journée sur la route ne l'enchante pas en cette période de l'année. Il pourra aussi me dire si la mettre aux laboures cet automne est une bonne chose. Je devrais avoir un champ supplémentaire à cultiver d'ici peu, j'en ai fait la demande et je devrais recevoir l'accord d'ici peu, afin de le relancer avant les premières neiges. En friche depuis deux saisons, il est récupérable sans trop de travail. Un bon labourage de la terre, un semi de pois et il ne restera qu'à attendre le printemps et un nouveau labour pour amorcer une première culture. Elle a déjà tout planifié, il ne reste plus qu'à obtenir l'approbation.

Il y perdra sans doute un jour la vie, mais il vit ainsi et j'imagine que son bonheur est là. Un bonheur purement égoïste qui se vit sans penser aux conséquences sur la vie de ceux qui gravitent autour de lui. Si Alexandre venait à mourir, Mathilde aurait l'impression de perdre un ami de toujours, tant leur relation pourtant chaotique se bâtit étrangement bien, malgré le caractère imprévisible du Vicomte.

Mathilde se lève en même temps qu'Aymeric qui la salue. Visiblement, la visite est terminée et le temps est venu pour chacun de retourner à son petit quotidien. Elle ne se sent pas vraiment surchargée de travail, tout au plus aura-t-elle à circuler un peu plus sur le plateau dans les prochains jours pour conclure rapidement des ententes afin d'assurer l'approvisionnement au mariage. Il est un peu tard pour un dernier semi mais elle tentera le coup des rabioles et des verdures pour une touche de fraîcheur dans le menu. Le temps mort des préparatifs coïncidera avec ses récoltes, il ne lui restera qu'à veiller à regrouper les denrées au plus proche des cuisines où les cuisiniers prépareront les menus.

- La pause, ça sera pour après votre mariage. On arrive dans le temps fort des récoltes, je ne peux pas vraiment m'arrêter à moins d'une véritable catastrophe à régler. Mais je retiens l'invitation, et je vous en remercie. Sait-on jamais, si Alix déborde d'enthousiasme et qu'il nous est impossible d'arrêter de parler avant la tombée de la nuit... Mathilde sourit franchement et se dirige vers la porte, qu'elle ouvre afin de laisser passer le Comte qu'elle raccompagnera jusqu'à la barrière de sa ferme.

- Soyez prudent sur le chemin, messire, et à bientôt!
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