Charité bien ordonnée commence par les autres [PV Clervie de Sombrelune]

"Pour contrer la méchanceté, il faut de la bonté. Pour parer à la violence, il faut de la douceur. Ne devenez pas un monstre, Mademoiselle, cette ville en a déjà son comptant, croyez-moi. "

La jeune dame montrait une sagesse étonnante et la jeune milicienne ne pouvait s'empêcher de sourire en l'écoutant. Une bien belle personne, cette Essie, décidément. Lorsqu'elle s'apprêtait à prendre congé de ses hôtes, les deux enfants lui coururent d'ailleurs dessus, la faisant trébucher. Clervie éclata alors de rire en rattrapant son interlocutrice, qui s'était instinctivement raccrochée à son bras. Petite scène tendre qui fit se gonfler brièvement le coeur de la ténébreuse milicienne. Les enfants sont des petites lumières dans la nuit, Clervie le savait bien. Elle les adorait, mais une image terrifiante continuait d'hanter ses nuits. Celle du pauvre petit garçon arraché à sa mère par les fangeux, sur les barricades, sans qu'elle ne pût intervenir assez vite pour le sauver...
A présent, Essie avait dit au revoir, et elle demanda courtoisement à Clervie de la raccompagner.

Bien sûr, répondit-elle d'une voix douce. Votre présence rend plus qu'agréable cette petite patrouille.

Alors qu'elles marchaient dans la rue, Clervie sourit, repensant aux paroles prononcées par sa compagne plus tôt.

Si mon frère était encore de ce monde, il serait sûrement tombé amoureux de vous, énonça-t-elle d'un ton taquin. Ou du moins, eut-il vraiment apprécié votre compagnie. Alaric n'était pas homme à aimer les poupées soumises ou les donzelles soucieuses uniquement de leur garde-robe et des soirées. Il aurait approuvé vos paroles à mon égard. Il croyait en l'humanité. C'était quelqu'un de bon... Trop pour ce monde, ajouta-t-elle d'un air soudain très grave.

Elle serra les lèvres, la rage et la tristesse l'envahissant en repensant à son sort si atroce et si peu mérité. Une partie de son âme avait brûlé avec lui ce jour-là.

Quant à moi, je sais que tôt ou tard, la violence me consumera. Il est des choses qui sont inévitables. Vous avez sûrement autour de vous des gens qui vous aiment, qui se soucient de votre sort. Pour ma part, non seulement j'ai perdu ma famille, mais de plus... j'ai dû renoncer à toute attache. Il est des choses pour lesquelles il vaut mieux avancer seule.

Malgré la gravité de ses paroles, elle eut soudain un sourire malicieux :

Cependant, de temps à autre, il reste très plaisant de partager une tasse de boisson chaude en compagnie d'une dame, même s'il a fallu d'abord se faire quelque peu malmener le nez. C'est tout de même un échange social bien plus agréable que de subir les propos graveleux des camarades de coutillerie...

Un remerciement sincère sous ces derniers propos teinté d'humour. Comme avec sa nouvelle camarade de dortoir, Elisabeth, Clervie s'était rappelée un instant les bienfaits de la chaleur humaine. Si elle ne peut se permettre de créer des amitiés profondes, elle garderait le souvenir de ces instants volés avec des personnes loin d'imaginer son histoire. Elle se dit alors que quelque part, elle avait tout de même de la chance.
Si je ne puis aimer, tout du moins certains se souviendront de moi avec joie, et non avec terreur.

Après avoir fermé la porte avec d’infinies précautions, les deux dames prennent le chemin en sens inverse, la baronne écoutant la milicienne avec un léger sourire. Même si Esméra ne le montre pas, les paroles de Claire lui vont droit au coeur. Elle n’a jamais pu éveiller le moindre sentiment amoureux chez quiconque. Du désir, oui. De la passion, peut-être. Une toquade, très certainement. Mais pas l’amour, non. Elle a bien eu quelques émois, avant son mariage, des émois dont elle n’a jamais parlé, parce qu’ils n’étaient pas réciproques. Des petits émois de demoiselle transportée par une allure fière, de grands yeux clairs et une vaillance à toute épreuve aux entraînements. Puis elle a du épouser Philippe de Sibran, qui n’a jamais vu en elle qu’un trophée de plus, une belle poupée à exhiber à tous ceux qui venaient à sa cour. Elle a essayé de l’aimer, elle n’y est jamais parvenue. Quant aux hommes de Marbrume…

- Je suppose qu’un jour je finirai par éveiller un sentiment sincère chez quelqu’un. Peut-être. Seuls les Trois en jugeront.

Entre les bras de Dorian, ce séducteur au sourire de crapule, elle a appris le plaisir. Un plaisir intense et torride qui les consume tous les deux dès qu’ils s’entraînent au combat. En compagnie d’Alexandre de Terresang, elle a appris à pondérer ses actes et à apprécier une conversation, à rire, à comprendre l’autre sans juger. Et maintenant…Il y a Victor. Elle serre sa cape au plus près d’elle en y songeant. Ce diable d’homme la surprend à chaque fois qu’elle le rencontre et elle a hâte de voir ce que réserve la journée consacrée à leur petit projet commun. Peut-être parviendra-t-elle à lui faire prendre conscience d’une chose ou deux. Peut-être ouvrira-t-il un peu son cœur à la misère qui hante cette cité. Si elle parvient à faire cela, la baronne pourra dormir en paix parce qu’elle aura réussi quelque chose d’important pour elle : ouvrir une conscience et la sensibiliser à ce qu’il se passe en dehors des murs de l’esplanade.

- Mais je suis heureuse de savoir que j’aurais pu être amie avec quelqu’un en cette cité. Il est très difficile de se faire des amis, à Marbrume, des amis sincères, j’entends.

Elle en avait une pourtant. Isabelle de Pessan. Une lueur de tristesse éclaira un instant son regard avant de disparaître. Un immense sentiment de solitude s’empare d’elle tandis qu’elles passent à nouveau par la rue dans laquelle des dames stationnaient devant leurs portes. Il n’y avait presque plus personne. Une dame ou deux qui les saluent tranquillement, cherchant d’autres clients à inviter.

- Je n’ai plus aucune famille, Claire. La seule famille qu’il me reste, ce sont mes serviteurs, ces gens qui m’ouvrent leur maison et leur vie, ces personnes malades qui viennent au temple chercher des soins et un peu de réconfort. J’agis envers eux comme j’agirais sans doute envers mes enfants si j’en avais. Ou mon époux, si j’en avais un.

Elles bifurquent à gauche, d’un pas rapide, tandis que la baronne serre le sac vide contre elle, pensive.

- J’ignore comment vous faites pour supporter ces attitudes masculines si déplaisantes. Je pense qu’à votre place…Je pense que j’aurais fini par me battre avec toute la caserne. Quoiqu’il en soit, je suis heureuse d’avoir pu partager un moment tel que celui-là avec une personne aussi aimable que vous. D’ordinaire, je me déplace seule et je ne prends jamais le temps de rester sur place. C’est trop dangereux. Ce soir, c’était bien plus intense, même si pour cela j’ai du…malmener votre nez comme vous dites. D’ailleurs…N’aurez-vous pas de souci avec vos supérieurs ? Peut-être sont-ils à votre recherche en ce moment…N’étiez-vous pas censée arrêter des bandits ?

La baronne la regarde et hoche la tête. Si jamais la jeune femme a des soucis à cause d’elle, elle ne le vivra pas bien du tout.

- Voulez-vous que je me porte garante de votre conduite auprès d’eux s’ils vous causent des soucis ? Je n’aurai qu’à justifier l’état de votre visage en expliquant que vous m’avez sauvée la vie au péril de votre nez…

Cela impliquera évidemment de révéler son identité mais la baronne s’en voudra si Claire est réprimandée par sa faute. La vie dans une caserne a l’air d’être suffisamment compliquée sans en rajouter. Si cela peut lui épargner de fort déplaisants moments, la baronne fera ce qu’il faut.

Clervie se mordit presque la langue à la réponse si triste de son interlocutrice. Ainsi, cette mystérieuse femme face à elle connaissait également la solitude et en souffre, alors que la jeune milicienne à appris à l'accepter peu à peu. Si sa situation n'était pas si périlleuse, nul doute qu'elle aurait aimé connaître davantage cette dame au grand coeur et lui offrir son affection. Elle l'écouta donc attentivement, s'autorisa un bref sourire lorsque la jeune femme loua sa patience face aux conscrits malpolis. D'ailleurs, lorsqu'Essie lui proposa son aide Clervie lui répondit avec humour :

Non, n'ayez crainte. Et d'un, mes camarades sont entrain de courir la gueuse à l'heure qu'il est et m'ont laissée me débrouiller toute seule, comme vous savez. De deux, quand bien même ils remarqueront que mon nez est bleui demain, ou ils croiront que c'est quelqu'un à la caserne, ou ils se diront que j'ai rencontré un bandit, mais rien de plus. Ca leur fera un sujet de plaisanterie supplémentaire à mon encontre.

Elle ajouta :

Car si je supporte leurs remarques, c'est bien parce que les mots sont blessants, mais toujours moins que les coups... et je ne parle pas du fait d'être prise de force. Je cherche à éviter ces deux extrémités, autant que possible.

Elle dit enfin :

Vous êtes une belle personne, soucieuse de son prochain, Essie. Si l'on vous mésestime avec cela, c'est que ce monde est encore plus triste que me l'imaginais. Il semble décidément que la bonté et la compassion soient vraiment considérées comme de la faiblesse par la plupart. Je vous souhaite malgré tout de trouver votre bonheur sur cette terre et de vivre le reste de vos jours entourée d'affection. Je suis sûre que pour vous, cela est encore possible.

Elle marqua une longue pause, contempla un instant l'horizon, les bassins du port. Si seulement il était possible de partir loin d'ici... Par les Trois, qu'est-ce que Sombrelune lui manque... Pourquoi avait-il fallu partir ainsi ? Pourquoi la fange sur leur petit domaine si prospère et accueillant ?

La voie sur laquelle je me trouve engagée est bien trop dangereuse et trop sombre pour que je laisse quiconque m'y accompagner. Je ne serai sûrement jamais une épouse, ni une mère. Je périrai bien avant, je crains. Mais peut-être avant mon heure trouverai-je un peu de paix. C'est tout ce à quoi j'aspire.

En vérité, Clervie ne s'était jamais posée la question sur ce qui pourrait advenir après. Sans doute parce qu'elle ne s'imaginait pas survivre à sa quête de vengeance. Prendre époux ? Essayer de vivre paisiblement ? Quelque chose lui disait que ce n'était pas pour elle. Clervie de Sombrelune était une joyeuse damoiselle destinée à vivre dans un endroit douillet. Mais elle n'était plus. Claire la milicienne devrait frayer avec les monstres et se battre jusqu'au jour où elle tomberait.
En espérant entraîner les crapules qu'elle recherchait avec elle.

Le sang de la baronne bout sous son apparence calme et douce. L’idée même du viol est tellement dégoûtante…Elle couvre de honte et d’infamie celui qui le commet, peu importe la justification. Parce qu’il n’y en a pas. Rien ne justifie qu’on soumette une femme de cette façon. C’est de la dernière lâcheté et elle sait que les hommes utilisent cette arme là afin de soumettre les femmes à leur volonté. Elle le sait. Elle ne le sait que trop bien. Tout ce que verra Clervie, c’est un bref mouvement de la main de son interlocutrice passant ses doigts fins sur son visage pour en chasser la contrariété.

- Battez-vous. Ne leur laissez jamais l’opportunité de vous faire du mal, Claire. Ils vivent tellement mal le fait qu’une femme puisse tenir une arme…Se défendre. Défendre les gens qu’elles aiment. Défendre leur vie…Ils feront toujours tout pour humilier les femmes. Parce que c’est le seul moyen qu’ils ont de se rassurer, je présume…

Elle serre le sac vide contre son torse. Elle-même apprend cela aux côtés d’un homme, peu recommandable certes, mais qui a au moins le mérite de ne pas la réduire à son rôle de femelle incapable. On peut dire ce qu’on veut de Dorian, il ne l’a jamais traitée en petite chose fragile. Et c’est bien ce qu’elle apprécie le plus chez lui, en plus d’autres indéniables qualités et cela même si c’est une crapule.

Les paroles de la milicienne ne lui arrachent qu’un sourire quelque peu résigné. L’amour, la tendresse, les choses simples, tout cela ne sera jamais son lot. Elle est noble, même si elle ne porte pas un titre prestigieux et que son influence se limite à celle qu’elle possède dans les bas quartiers. Elle est noble, ce qui veut dire qu’elle fera plus que probablement un mariage de convenance, sans sentiment, sans rien à côté qui permettrait de trouver cet état conjugal plaisant.

- Ces choses-là ne me sont pas destinées. Les Dieux seuls décideront si j’ai mérité de vivre de belles choses et de beaux moments. J’aspire à connaître cela mais il faut croire que je n’en fais pas encore assez pour mériter de savoir ce que c’est, un échange sincère et heureux. Donc je n’attends plus rien. Je me contente de faire ce qui me semble juste pour tous, avant de me préoccuper de moi.

La baronne décoche un sourire à la milicienne.

- C’est tout ce que je vous souhaite. Trouver la paix.

Elle lève la tête, arrivée sur les quais et montre l’entrepôt dans lequel sont rangés ses habits de dame.

- Je dois me changer. Puis-je vous demander, sans vouloir abuser, de faire le guet à l’entrée, s’il vous plaît ? Je n’en aurai pas pour longtemps. Je ne veux pas rentrer chez moi en tenue d’homme. Mais si vous vous sentez mieux à l’intérieur, entrez, je me cacherai dans un coin sombre.

La baronne ouvre la porte sans un bruit, connaissant très bien l’endroit, et se dirige vers ses vêtements dissimulés sous des caisses, avant de se dissimuler derrière une haute pile de vieilles caisses poussiéreuses et crasseuses. Tout en ôtant ses vêtements, se retrouvant en chemise, elle heurte alors, dans la pénombre, quelque chose de mou. Un sac. Puis un autre, et encore un autre. Enfilant à toute vitesse sa robe, elle se penche alors pour regarder et a un sourire amusé :

- Claire ?

A présent, les deux femmes étaient revenue à l'entrepôt. La nuit était sombre, mais Essie ne semblait pas très rassurée. Elle demanda notamment à la jeune milicienne de faire le guet devant. Clervie accepta sans hésitation. Lorsque celle-ci lui proposa néanmoins de rentrer si elle préférait, hasardant de dire qu'elle pouvait se cacher dans un coin sombre, la milicienne ne retint pas une espièglerie.

Rassurez-vous, Dame, j'ai sûrement commis des péchés dans ma vie et je devrais en répondre aux Trois, mais le saphisme n'en a jusqu'ici jamais fait partie. Aussi grâcieuse que vous soyez, je n'ai point ces penchants. Mais je vais rester dehors et surveiller. Après tout, les contrebandiers pourraient passer et mieux vaut vous en informer si c'est le cas. Nous risquerions de ne point avoir le dessus s'ils venaient à nous trouver là...

Sur ces dernières paroles, elle pouffa de rire, se demandant si sa remarque un peu grivoise avait fait rougir la baronne. Ou l'avait amusée. La tristesse de la jeune noble avait en effet fait écho en Clervie et elle espérait lui faire oublier quelque peu. Car si Clervie de Sombrelune se devait de garder le coeur froid et de repousser toute attache, elle ne faisait de mal qu'à elle-même. Si elle pouvait rendre un peu le sourire à quelqu'un, même pour un instant, cela lui restait gratifiant.
Elle songea un instant à Elisabeth, cette femme auprès de qui elle dormait et conversait depuis quelques jours. Oui, cela faisait vraiment du bien, un peu de chaleur humaine. Jusqu'à présent, elle avait fui la plupart des contacts amicaux et elle se devait de continuer. Mais alors qu'elle contemplait la nuit, Clervie ne pouvait s'empêcher de songer à ce manque dont souffrait Essie. Elle venait clairement d'exprimer son désir de fonder un jour sa famille, Clervie avait senti sa tristesse à l'idée que cela n'arrivât pas. Allait-elle finir par éprouver la même chose ?

Je ne puis construire d'amitié réellement durable et je le sais. Quant à aimer, je ne le puis d'autant moins. Quand bien même je ne poursuivrais pas les meurtriers de ma famille... Quel homme voudrait d'une paria déshonorée dans mon genre ?

- Claire ?

La voix malicieuse d'Essie retentit à cet instant, la priant visiblement d'entrer. Clervie reprit alors contenance, oubliant sa mélancolie passagère pour lancer une nouvelle taquinerie sur le même ton.

Qu'y a-t-il, Essie ? répondit-elle en entrant dans le bâtiment et l'apercevant vêtue seulement d'une chemise. Ne me dîtes point que vous voudriez vraiment me pousser à une action contraire à la relig... oh !

La dame lui montrait des sacs, qui, de toute évidence, n'était pas là la dernière fois qu'elle était venue. Les contrebandiers étaient-ils donc passés déposer de la marchandise, finalement ?

Esméra a une petite moue quelque peu interdite à l’évocation de ce saphisme dont elle ignore tout. Bien sûr, elle sait très bien que cela existe mais…Cela lui semble tellement étrange à imaginer qu’elle ne s’est jamais réellement penchée sur le sujet. En plus d’être interdite et condamnée, la chose est tellement secrète qu’elle ne connait que son existence, rien de plus. Il n’y avait qu’une intention de bienséance dans son offre. Rien de plus. Elle voulait juste éviter à Claire de devoir patienter à l’extérieur tout en ménageant sa pudeur.

Quand la milicienne rentre dans l’entrepôt après son appel, la baronne a un sourire espiègle aux lèvres, et lui fait signe d’avancer.

- Je pense que vos bandits sont venus ici pour dissimuler des choses. Je ne sais pas ce qu’il y a là dedans mais il y a une quantité de sacs, j’en ai compté au moins quatre, et ils n’y étaient pas lorsque je suis entrée ici tout à l'heure.

Toujours en chemise, elle laisse la milicienne observer le tout avant de se retirer dans un coin pour enfiler sa robe. Tout en laçant les tissus, elle ajoute, tout sourire :

- Une raison de plus pour moi de ne pas m’attarder dans cette zone dangereuse.

Lissant son corsage et sa jupe, elle ajuste ses manches avant de revenir vers Claire, totalement métamorphosée. Esméra en robe est bien plus élégante et distinguée qu’elle ne le sera jamais en pantalon, même si elle ne porte que des habits de modeste facture. La baronne a un regard pour les sacs et dit, dans un murmure réjoui :

- Vous devriez aller quérir vos comparses miliciens, Claire. Même s’ils sont en train de s’égayer ailleurs, il n’en reste pas moins que ceci est un butin sérieux. La milice doit en être avertie.

Elle se drape de sa longue cape dans un lourd bruissement d’étoffe et soulève un petit sac contenant ses vêtements masculins qu’elle place sous son bras, comme lorsqu’elle est arrivée dans ce petit entrepôt abandonné.

- Je vous remercie pour votre aide, en dépit d’un départ en fanfare, si je puis m’exprimer ainsi. J’ose espérer que nous nous reverrons un jour, dans d’autres circonstances, ou à tout le moins dans des circonstances moins…explosives.

Elle effectue une gracieuse révérence et dit enfin :

- Au revoir, Claire, prenez soin de vous et prenez garde.

La baronne se fendit même d’un clin d’œil à l’endroit de la milicienne et s’en alla, d’un pas vif, furtive comme une ombre.