Maitre du JeuAdministrateur
| Sujet: Description du Goulot Mer 19 Aoû 2015 - 17:34 | | | Marbrume - Le goulot Le Goulot porte bien son nom ; situé au sud du port, le plus éloigné possible des mondains et des autres nobles, des quais de pierre et des entrepôts aux marchandises abondantes, il abrite ce que l’on peut trouver de pire à Marbrume. Dans cette zone, le quartier s’étrangle entre la mer et les remparts, et les ruelles sont dévorées par une eau lourde et vorace sitôt que le vent s’agite, que la lune est ronde, où que la marée croît plus fortement que d’ordinaire. Les murs des misérables masures et des bicoques borgnes portent les traces d’un ressac âpre et souillé ; l’onde noire s’avance en rampant sur la terre, rongeant d’un sel virulent bois et parois, emportant avec elle quelques cadavres de rats pour ne laisser dans son sillage que des relents d’algues pourries, de crustacés avariés et des détritus humains.
Plus que partout ailleurs, la fange qui fait office de chaussée est profonde et conglutineuse, se mêlant à la vase et au sable décomposé que charrient les eaux troubles. Les murs renversés des margouillis, les colombages rongés des habitations, les pierres tachetées de mousse du rempart luisent d’humidité et gouttent dans une complainte de caveau. La brume épaisse crachée de temps à autre par la mer stagne en volutes funèbres que trouent de loin en loin un lampion sinistre ou la lanterne rouge de ces quelques bordels où se rassemblent la lie et la misère de la capitale.
Le Goulot est un repère de putains décharnées, d’ivrognes finis, de brutes patibulaires, de voleurs crasseux, d’assassins sordides et de violeurs récidivistes. Au sein de cette véritable cour des miracles, les rognés, aveugles, culs-de-jatte et autres estropiés viennent y terminer leurs jours, loin des regards condescendants, dégoûtés et hypocrites de la société. Là-bas, le chicot gâtés se bagarre avec le moignon de jambe, l’œil arraché, putrescent, dispute au mendiant une catin vérolée, et le grand brûlé éclate d’un tonitruant rire gras en compagnie d’un imbriaque postillonnant.
Dans cette zone d’ombre, même la garde et la milice rechignent à y effectuer leurs rondes, et, lorsque tombe la nuit, ses habitants ne peuvent que compter sur eux-mêmes. En l’absence de toute loi, les bandits et proxénètes y font la leur, sans vergogne ni scrupule, et certains Bannis, que trop heureux de retrouver un semblant de protection à la faveur des murs croulants, viennent s’y réfugier. |
|