Nuit de noces [PV Aymeric]

Sujet: Nuit de noces [PV Aymeric] Sam 9 Jan 2021 - 18:13

31 octobre 1166
Après les festivités du mariage

Idalie était nerveuse. Et impatiente. Mais pour l'heure, surtout nerveuse, si bien qu'elle en oubliait presque la torture qu'Ilda infligeait actuellement à sa crinière, plus indomptable que jamais après avoir été asphyxiée par le meilleur chignon de la carrière de la domestique. Le moment qu'elle attendait et appréhendait à la fois était finalement arrivé, et les questions se bousculaient dans son esprit. Serait-ce douloureux? Certaines femmes parlaient d'une vive douleur, alors que d'autres mentionnaient un simple inconfort passager. Serait-ce très... salissant ou pas trop? Ce devait l'être un minimum, sinon, comment prouver qu'elle était toujours pure? Saurait-elle quoi? Serait-elle à la hauteur? Ser...

« J'ai terminé, Mademoiselle.... Madame », dit finalement Ilda en éloignant la brosse de la chevelure de sa maîtresse.

Ilda présenta un petit miroir à Idalie, qui observa attentivement son reflet. Rien n'avait été laissé au hasard. Les festivités terminées, llda s'était empressée de la préparer pour la nuit de noces, la libérant précautionneusement de sa robe tout en faisant bien attention de ne pas détacher le ruban enroulé autour de son poignet. La domestique lui avait ensuite donné un bain, nettoyant chaque millimètre de sa peau et la parfumant subtilement d'un mélange floral précis, exactement comme la noble aimait le faire lors des occasions exceptionnelles. Une fois la jeune femme sortie du bain, Ilda l'avait aidée à revêtir la robe de nuit achetée spécialement pour les noces – une tenue soyeuse et finement travaillé aux couleurs des Beauharnais, un luxe qu'elle s'était offert en négociant et en troquant certaines de ses robes et qui, elle l'espérait, plairait à son mari. La servante s'était alors attaquée à sa chevelure, défaisant les nœuds et la coiffant pour la laisser cascader avec élégance.

« Merci, Ilda », dit finalement Idalie en remettant le miroir à la servante et en enfilant le peignoir qu'elle lui tendait maintenant.

Idalie n'ajouta rien, prêtant une oreille à ce qui se passait dans le manoir. Quelques voix dans le lointain. Le bruit du vent qui s'était levé et qui faisait claquer une branche d'arbre contre la demeure. Le feu qui crépitait dans l'âtre et qu'Ilda s'affairait à raviver, replaçant les bûches supplémentaires bien en vue au cas où le comte souhaiterait en ajouter quelques-unes.

« Dois-je prévenir le comte que vous êtes prête? », demanda Ilda en revenant vers Idalie.

Idalie prit une bonne respiration, puis expira et acquiesça en souriant.

« Oui, Ilda. Vous pouvez le prévenir. »

Ilda hocha la tête et commença à s'éloigner. Alors qu'elle allait ouvrir la porte, elle s'arrêta et pivota vers Idalie.

« Tout ira bien, Madame, tenta-t-elle de rassurer sa maîtresse. Vous êtes magnifique et le comte... Enfin, le comte semble très amoureux de vous. »

Idalie rougit et murmura un petit remerciement à llda avant de la laisser partir. Elle jeta un coup d'œil à la chambre – leur chambre – et s'approcha du lit, où une fourrure avait été étendue en l'honneur de Serus. Lorsque la porte s'ouvrit, elle revint au centre de la pièce et joignit sagement les mains devant elle. Son frère, qui se tenait à l'extérieur, fit un simple geste de la tête lorsqu'Aymeric entra. Les deux époux étaient dans leur chambre et son rôle de témoin s'arrêtait là. Pour l'instant.

La porte se referma. Idalie sentit son cœur commencer à battre à un rythme désordonné lorsqu'elle posa son regard dans celui d'Aymeric. Ils avaient été proches, trop proches quelques jours auparavant, mais ce soir-là, c'était différent. Ils étaient mariés. Elle portait maintenant le nom de Beauharnais et ils avaient la bénédiction de Serus pour se découvrir entièrement.

Idalie s'approcha d'Aymeric et lui sourit. Elle était fébrile, mais aussi heureuse. La journée avait été fantastique. Son mariage avait été merveilleux, à son image et à celle d'Aymeric. L'homme devant elle n'était pas parfait, mais il l'était pour elle. Ils étaient très différents l'un de l'autre, mais ils se complétaient de façon aussi harmonieuse qu'inattendue. Ils seraient heureux, ensemble. Elle en avait la certitude.

Tout juste devant Aymeric, Idalie s'arrêta et posa ses mains contre son visage. Elle le regarda dans les yeux et souffla :

« Désolée pour l'attente... llda s'est montrée particulièrement minutieuse. Je voulais être parfaite pour toi. »

Elle rougit légèrement et murmura :

« Tout s'est bien passé pour toi? »

Elle plissa le nez, se sentant idiote avec toutes ses questions.

« Pardon, je suis un peu nerveuse, Aymeric... »

Sujet: Re: Nuit de noces [PV Aymeric] Mar 26 Jan 2021 - 13:55

Finalement, le mariage s'est plutôt bien passé. Quand il se refait le fil de la journée, voire des dernières semaines, le bilan est plutôt honorable. La cérémonie religieuse a été magnifique. Oh, certes, le Temple d'Usson n'a pas la grandeur ni le prestige de celui de Marbrume, mais le lieu reste dédié aux Trois et les prêtres ont tenu à marquer le coup. Les invités étaient prestigieux et plus nombreux qu'il ne l'aurait cru. Il faut croire que ce mariage comtal en plein Labret a surpris pas mal de monde. Et quelque part, cela a mis la maison Beauharnais sur la carte du monde. Oh, ils sont certainement encore nombreux à songer que le Comte est fou, mais c'est une réussite et le tout devrait l'aider à se faire connaître. Ce n'était pas l'objectif poursuivi, mais une réputation peut faire beaucoup et sur le plan stratégique, ce déménagement au Labret a été un coup dans le mille, même si, il faut bien l'avouer, ça n'était pas l'objectif premier d'Aymeric.

Le vrai objectif du Comte, outre celui d'épouser Idalie, était de faire une publicité utile au Labret. Et sur ce plan aussi, Aymeric est satisfait, car Mathilde l'est. Les artisans ont apprécié de faire connaître leur savoir-faire et d'être vu comme un peu plus que des paysans forcés de vivre à la campagne. Des nobles fortunés ont été mis en contact avec des artisans compétents et il ne doute pas trop que certains contrats vont être signés. Il aura amélioré par ce biais l'ordinaire de quelques-uns et rehaussé le moral de beaucoup et par les temps qui courent, c'est presqu'un exploit. Les retours qu'il en a eus, du coté des artisans du moins, est fort positif.

L'intégration d'Idalie, la "Comtesse du Labret", s'en trouvera facilitée, et cela poursuit un objectif plus personnel. Apolline lui a confié la mission de récolter des informations en échange de l'occupation du domaine Pessan et c'est un domaine où il n'est pas des plus doués. Oh, il participe parfois à des missions avec la milice, il laisse traîner son oreille à gauche à droite mais il est convaincu qu'Idalie sera bien plus habile que lui à ces jeux. Dès qu'on sort du sécuritaire, en gros des missions de la milice, Aymeric est un peu dépassé. Et c'est un milieu dans lequel Idalie nage avec aisance. Et les femmes, entre elles, parlent plus facilement que les hommes entre eux. Surtout des affaires des hommes. Les informations vont s'améliorer, particulièrement du côté des rumeurs dont Aymeric se contrefiche comme de son premier pichet de bière. Et elle fera un meilleur candidat que lui au conseil d'Usson. Lui est trop... militaire que pour ne pas faire double emploi avec le Sergent. Reste qu'il doit encore lui parler de tout ça.

La fête a été aussi pénible qu'il l'imaginait mais pas plus. Il est resté concentré et n'a pas commis d'impair, comme répondre à Apolline qui s'est mêlée de questions qui ne concernent que les hommes. Comme si les femmes pouvaient s'y entendre en art militaire. Bon, pour une sergente il ne se poserait pas la question, mais un mondain n'y entend déjà rien, alors une mondaine... Il n'a pas eu trop à danser, pas qu'il déteste cela, d'autant que c'est l'occasion de serrer son épouse dans ses bras sans s'attirer la vindicte populaire, mais quand on est le marié, on est regardé, et les félicitations n'ont pas été trop lourdes. Au final, ils ont su trouver des moments à eux, lors du repas entre autres, et à sa grande surprise, la plupart des convives se sont amusés, tant du côté noble que du côté artisan. La fête était... sympathique. Il a juste le regret de ne pas avoir pu passer plus de temps avec sa fille.

C'est aussi la raison pour laquelle il a pris du temps pour la border, lui parler. La féliciter aussi. Elle a abattu un travail monstrueux pour que la fête se passe bien et pour une demoiselle de son âge, c'est un exploit qui a fait la fierté de son père. La présence de Pyo et Leanne et le fait qu'ils restent dormir cette nuit lui donnent de la joie. Les petits discuteront, joueront sans doute, comme des enfants, et il aimerait temps qu'Alix le soit encore. Qu'elle ait son âge, mais sans cette attitude adulte. Mais à choisir, il la préfère encore heureuse.

Et toute cette masse de travail est derrière eux. Aymeric est marié, Idalie semble heureuse, Alix préfère clairement sa belle-mère actuelle à la marâtre qui l'a précédée, pour la réputation ils verront bien à l'usage mais Aymeric peut être certain que cela ne lui a pas nui, du côté Labret, de s'être marié ici, lui qui s'est toujours senti plus campagnard que citadin. Et s'il ne peut encore dire si idalie plait au Labret, il a le sentiment que le Labret plaît à Idalie. Et il en était là de ses réflexions quand Ilda vient lui dire que la Comtesse est prête.

Cela est un soulagement. Bien qu'elle soit désormais son épouse, Idalie reste étourdissante. Oh, que les Trois soient remerciés de lui avoir conservé tout l'attrait qu'elle lui inspirait depuis le bal royal. C'est magique. Et quand elle lui explique l'avoir fait attendre car elle voulait être parfaite, il ne peut s'empêcher de répondre.

- Tu l'es trop !

Cela ressemble à un compliment, mais pas vraiment. Aymeric se sent... bloqué. Parce que là, à cet instant précis, il sait ce qui arrivera dans les dix minutes. C'est presqu'une obligation. Et il n'y a rien à faire, les obligations, les contraintes, ça lui coupe l'envie. Et elle parle un peu, beaucoup, pour cacher sa nervosité. Parce qu'elle aussi, elle sait ce qui arrivera. Se sent-elle obligée ou le vit-elle comme une libération ? Et pourquoi il n'arrive pas à lui sauter dessus pour assouvir un besoin qu'il a éteint depuis des mois ? Bon, elle a avoué sa nervosité, c'est à lui de parler.

- Comtesse de Beauharnais, chère épouse... C'est fort solennel dit comme ça, mais j'ai encore besoin de le dire pour réaliser que je ne rêve pas. Donc, madame la Comtesse, j'ai survécu à cette journée sans avoir à me saouler ou à m'enfuir, c'est donc une journée réussie. Mais c'est l'avant dernier banquet que j'organise. Le suivant sera pour le mariage d'Alix et rien d'autre entretemps !

Il lui fait un sourire. Cela a été un travail monstrueux et il est content que ça soit derrière eux. Il est heureux de pouvoir retourner aux fondamentaux. Chasser, gérer le domaine et s'occuper des deux femmes de sa vie. il l'embrasse puis lui fait un étrange aveu.

- Je ne devrais sans doute pas te le dire, car le rôle de l'homme est d'être sûr de lui, mais moi aussi je suis nerveux. Pas que ça se passe bien ou mal, ça n'est pas très important. On va se découvrir. Cela peut être une fête monumentale ou un moment un poil décevant, mais il y en aura d'autres et nous apprendrons à nous apprivoiser. Je n'ai pas cette peur de la... mauvaise performance. Mais quelque chose me retient.

Il lui prend la main et la regarde dans les yeux.

- Il y a quelques nuits, nous nous consumions de désir, parce qu'il y avait l'interdit, et l'attente. Et je crois bien que l'instant qu'on a partagé cette nuit-là est le plus puissant souvenir érotique de toute ma vie. Et pourtant j'ai déjà connu des femmes. Mais ici, il y a une part d'obligation. Oh, n'imagine pas que je ne te désire plus, ou que je te désire moins, mais je me sens comme... obligé de te faire l'amour. Alors que j'aimerais juste avoir envie de te faire l'amour, sans l'obligation et sans savoir que tu as cette... obligation aussi. Alors, mon Idalie...

Tais-toi Aymeric ou tu vas regretter ton propos toute ta vie...

- Malgré que vous soyez désormais mon épouse et que les lois divines font que c'est où, quand et comme je veux, cette nuit, vous pouvez dire non à n'importe laquelle de mes demandes et à n'importe laquelle de mes initiatives, car soyons franc, j'ai tellement envie de toi que je pourrais te dévorer au milieu d'une foule de gens, quitte à ce que rien ne se passe.

Le fait de lui donner la possibilité de se refuser à lui semble avoir réveillé le Comte, car son regard s'est mis à briller de désir.

- Et n'ayez crainte d'affirmer vos refus, je reprendrai mes prérogatives d'époux dès le lever du soleil, mais cette nuit est la vôtre !

Et c'est un baiser fougueux dans le cou qui suit cette annonce et une main sur les fesses, pour l'attirer à lui. L'instant "nervosité" semble passer. C'est le côté agréable du "mâle", au bout d'un moment, le cerveau se déconnecte, et les questions philosophiques avec.

Sujet: Re: Nuit de noces [PV Aymeric] Mar 26 Jan 2021 - 23:21

Était-elle trop « parfaite »? Aymeric aurait-il préféré qu'elle passe moins de temps à se préparer pour lui, quitte à avoir les cheveux plus en bataille et la peau moins parfumée? Idalie observa son mari avec une incertitude qu'elle tâcha de dissimuler, lui avouant malgré tout sa nervosité face à la nuit qui les attendait. Elle sourit en l'entendant l'interpeler avec autant de solennité. Comtesse de Beauharnais, chère épouse... Ces appellations étaient douces, mais encore irréelles à ses oreilles. Elle n'était plus Idalie d'Auvray. Elle était désormais Idalie de Beauharnais, et elle partagerait le reste de sa vie avec l'homme qui lui faisait face.

La cérémonie et la fête s'étaient bien déroulées, et Aymeric paraissait heureux. Il n'était pas amateur de mondanités, Idalie le savait, mais il semblait avoir passé un bon moment malgré la présence de leurs pairs en sa demeure. Sans doute devaient-ils cela en grande partie au fait que le mariage s'était déroulé au Labret et non à Marbrume, où l'atmosphère aurait été moins conviviale. Idalie ne regrettait pas leur décision. À ses yeux, ils avaient passé une journée merveilleuse.

Idalie pouffa légèrement en accueillant le baiser d'Aymeric. Pas d'autre banquet avant le mariage d'Alix. Ils verraient bien en temps et lieu, mais une chose demeurait certaine : ils n'organiseraient pas d'autre fête de cette ampleur de sitôt. Et c'était très bien ainsi. Les ressources étaient limitées et Idalie n'était pas venue au Labret dans l'espoir d'y revivre les soirées qu'elle avait connues en ville. Au contraire.

Lorsqu'il mit fin à leur baiser, Aymeric se lança dans un discours qui surprit Idalie. Il était nerveux, lui aussi, mais surtout parce qu'il craignait que l'ombre de l'obligation qui planait au-dessus de leurs têtes vienne gâcher ce moment qu'ils avaient attendu avec impatience. Il la désirait, mais ne souhaitait pas lui faire l'amour par simple devoir. Aussi lui donna-t-il l'étrange autorisation de se refuser à lui en cette nuit particulière, de lui dire non à tout moment. Idalie sourit, rougit, touchée par cette drôle de tirade un brin maladroite, de celles auxquelles seul Aymeric pouvait penser.

« Aymeric, je... », commença-t-elle avant qu'Aymeric l'attire à lui pour lui embrasser le cou et pose une main contre ses fesses.

Idalie frissonna, s'accrochant doucement aux vêtements d'Aymeric tandis qu'elle se rapprochait encore davantage de lui. Un instant, elle oublia totalement ce qu'elle voulait dire, brusquement envahie par le désir qu'elle avait dû réprimer après leur rencontre nocturne. Une courte seconde, elle repensa à cet instant où la retenue avait eu le dessus sur leurs envies. Cette fois, la retenue n'avait plus sa place. Ils étaient mari et femme, et leur nuit de noces serait entièrement dédiée à Serus.

« Il y a des obligations pires que celle-là, non? », souffla-t-elle finalement en allant chercher les lèvres d'Aymeric de siennes.

Des obligations pires ? Certainement. Reste à espérer qu'il entende son "non" si elle le prononce, mais il commence à réaliser des choses concernant son épouse. Quand elle s'empourpre, ça n'est pas uniquement par timidité, c'est aussi quand il y a du désir. Parce que, là, son geste était très orienté et la manière dont elle y répond lui prouve qu'elle a envie de connaître la suite. Et le baiser qu'elle lui offre le démontre à l'envi. Et cette fois, Aymeric n'a plus envie de se retenir.

Plus jeune, il aurait poussé de suite l'avantage pour la prendre à la hussarde. Si elle était expérimentée, il l'aurait fait aussi. Mais elle découvre les plaisirs de Serus et il sait désormais qu'il doit la guider, elle et prendre son temps, même si son envie est bien plus immédiate. Alors abandonne-t-il le baiser pour prendre un peu de recul, afin de la dévêtir.

- Pour respecter votre pudeur, je m'étais noué les yeux, mais maintenant que nous sommes unis devant les Trois, je compte découvrir aussi du regard les trésors que ces habits cachent encore. et pardonnez ma main qui tremble, l'empressement et l'envie de tout découvrir me font quelque peu perdre mes moyens.

Idalie se lova un peu plus contre Aymeric, mêlant ses jambes aux siennes. Sans s'en rendre compte, elle lâcha un soupir d'aise. Elle était bien, bercée par les bras de son époux et par la douce fatigue de la journée et du plaisir. D'une main, elle caressa affectueusement la joue de son amant, laissant ses doigts glisser dans la barbe de celui-ci tandis que le ruban, toujours attaché à son poignet, venait la chatouiller.

« Je dois te dire quelque chose », dit-elle après un court silence contemplatif.

La déclaration était soudaine, mais pas alarmante pour autant.

« J'ai... Enfin, je cache normalement une dague sous mes jupons. J'ai vu la vitesse à laquelle tu es capable de te défaire de mes vêtements, alors je voulais éviter que tu tombes dessus sans que je t'en aie informé... »

Elle sourit avec un certain amusement, puis poursuivit :

« Je sais que ce n'est pas approprié pour une dame, mais Zephyr ne voulait pas me laisser totalement sans défense. Alors j'ai une dague, je la garde sur moi et j'ai appris à m'en servir. Je suis très, très loin d'être une guerrière, mais je sais me défendre un peu... Personne ne sait et personne ne saura à moins de m'attaquer, ne t'en fais pas. Je ne voulais toutefois pas que tu penses que j'avais pour intention de te le cacher. »

Idalie poussa Aymeric avec douceur pour qu'il soit couché sur le dos et qu'elle puisse s'allonger contre lui. Appuyant ses bras contre le torse de son époux, elle reposa ensuite son menton contre ses mains pour mieux regarder Aymeric dans les yeux.

« Je ne veux pas de secrets entre nous... J'aimerais pouvoir tout te dire et que tu te sentes à l'aise de tout me dire également. Certes, nous avons tous deux des secrets, mais j'aimerais que nous puissions nous les dévoiler petit à petit. Je veux te connaître comme nulle autre ne t'a connu, Aymeric de Beauharnais. M'octroieras-tu ce privilège? »

Leur nuit de noces semble s'être bien passée pour elle aussi et elle ne lui reproche pas son empressement ou ses erreurs. Oh, sans doute ignore-t-elle que certaines phases auraient pu mieux se passer. Sur le plan théorique, avec sa tête, il aurait géré certains moments différemment. Mais quand la passion l'emporte, l'instinct domine. Et au niveau sensoriel, c'était magique. Le sommeil du juste le gagnait quand elle retient à nouveau son attention.

- Oui ?

L'aveu, étrangement, lui plait et il en rit presque.

- Notre ancienne domestique, Bérénice, pensait que son supérieur avait le droit de la cuisser et je suspecte un de ses précédents employeurs d'être le père de son Alfred. Bref, quand elle m'a dit qu'elle ne pouvait rien faire si je décidais de la fourrer comme une dinde pour reprendre son expression, je lui ai confié une dague et lui ai expliqué comment s'en servir, un peu comme ton frère l'a fait avec toi. Et quand j'ai demandé à notre érudite si elle avait de quoi se protéger au cas où, elle a répondu que oui, elle avait de quoi faire. Notre prochaine domestique saura aussi. Pas que tous les hommes soient des porcs, mais quand vous tombez sur l'un d'eux, autant le saigner comme ce qu'il est. Une coupe ici

Il la touche sur le haut de la cuisse, à droite, autant en profiter, pas vrai ?

- est aussi létale que trancher le cou, mais a l'avantage énorme que le salopiaud blessé mettra ses deux mains pour stopper l'hémorragie et ne saura rien entreprendre d'autre, alors qu'avec une blessure au cou, une main suffit parfois et elle permet une riposte. Plié en deux, tu ne ripostes pas. Mais je présume que ton sergent de frère te l'a dit.

Quant aux secrets, il est surpris et précise.

- Je pense pas en avoir, même si je ne parle pas beaucoup. Mes conflits avec le frangin, j'en ai parlé, la raison de mon départ de la Comté aussi, je crois. Ma peur de la grossesse et l'accouchement, bien que la mère d'Alix ait survécu, mes anciennes amours, le fait que je n'ai jamais payé pour du sexe, mon manque d'amour pour l'alcool, les jeux de cour, mon besoin de m'isoler parfois. Ah, le sexe sauvage me détend quand je suis de mauvaise humeur, mais ça ne signifie pas que ça sera forcément désagréable, loin de là. Ca peut même être plaisant car différent... Euh... Si tu me demandes de choisir entre toi et Alix, je choisirai Alix parce que je ne pourrai jamais te pardonner d'exiger de moi un tel choix, erreur qu'a commise Aalicia, ce qui explique pourquoi je n'ai pas cherché à la retrouver.

Il fouille dans sa mémoire

- J'avais prévu pour ce mariage d'épouser quelqu'un par amour mais j'avais fait une liste d'autres prétendantes si tu n'étais pas amoureuse de moi. En mariage utile, j'avais songé à Apolline ou à Irène de Valis, deux célibataires friquées, mais j'allais plutôt vers une prêtresse, à choisir, pour sortir de la noblesse tout en ayant une excellente réputation, donc à nouveau sans chercher l'argent. Je n'avais pas arrêté mon choix, il m'aurait fallu enquêter un brin. J'avais songé à Serena aussi. Niveau amitié et vécu, on se serait entendu car on est semblable mais je l'ai vite rayée de ma liste, ne supportant pas son aîné. Roland, hein ! Elle n'est pas réapparue dans mon esprit quand Jacob lui a succédé et j'ai bien fait, vu qu'elle est portée disparue. Mais je t'avoue que de mon ancienne vie, celle de Marbrume, c'est la seule qui me manque vraiment. Un peu aussi ma confesseuse, Constance Hilaire, qui m'a bien fait bisquer mais a été de bons conseils et a finalisé l'adoption d'Alix avec toute la discrétion requise. Ce petit couple était sympa mais je me sentais en trop. Ils ont été secourables pour Alix, je leur ai offert une peau d'ours en remerciement. Parait que leurs jumeaux l'adorent.

Il la regarde et baîlle à s'en décrocher la mâchoire.

- J't'avoue que si j'oublie quelque chose, c'est parce que le sommeil m'a vaincu depuis longtemps et que je tente de rester éveillé pour toi, mais...

Mais quoi, se demande-t-il avant de se souvenir qu'elle pourra l'interroger au matin

- si tu penses que j'ai oublié, aaaaaaaaaaaaaaaaaah, quelque chose, on a toute la vie pour

Et la phrase s'arrête là, car vient toujours le moment où le sommeil est le plus fort.

La réaction d'Aymeric ne surprit pas réellement Idalie, qui haussa toutefois un sourcil à l'histoire de cuissage que son mari raconta au sujet de l'ancienne domestique du manoir. Elle fut soulagée d'apprendre qu'il avait lui-même profité de l'aveu pour apprendre à la servante comment se défendre – au lieu de saisir une occasion qui n'aurait pas déplu à plusieurs hommes – et sourit légèrement quand il lui prodigua quelques conseils. En somme, cette dague, si problématique pour les codes de la bienséance, ne représentait en aucun cas une nuisance au sein de leur maison.

« Mon sergent de frère m'a effectivement informée de tout cela, mais je te suis reconnaissante de t'assurer qu'il l'a fait », dit-elle avant de laisser Aymeric continuer.

Aymeric disait ne pas avoir de secrets pour elle. Du moins, il ne comptait pas lui cacher quoi que ce soit, si bien qu'il entreprit de lui déballer d'une traite tout ce qu'il avait pu oublier de lui dire au cours des derniers jours. Elle cligna des paupières, étonnée par cette franchise désarmante en un moment pareil, mais... pas vraiment. Aller droit au but pendant la nuit de noces, c'était du Aymeric tout craché.

Idalie dut se retenir de plisser le nez quand Aymeric mentionna les autres femmes qu'il avait considérées pour son mariage. Certes, il avait dressé cette liste dans l'éventualité d'un refus de sa part ou de celle de son frère, mais elle n'aimait pas l'imaginer avec quelqu'un d'autre. Elle ne le ferait d'ailleurs pas. Elle était dans ses bras, ruban de mariage noué autour de son poignet, et c'était ce qui comptait.

« Tu n'as pas besoin de tout me dire maintenant, tu sais, Aymeric? intervint-elle finalement. Je voulais juste que tu saches que mon souhait était que nous apprenions à nous connaître entièrement, dans nos qualités comme dans nos défauts. J'ai mes secrets et je te les dirai... Pas nécessairement tout de suite, mais un j... Aymeric? »

Silence. Après quelques secondes, Idalie murmura :

« Aymeric?... »

Aucune réponse. Il s'était endormi! Idalie resta un instant perplexe, puis mit tout en œuvre pour réprimer un fou rire. Elle avait espéré une nuit d'amour et elle n'avait jamais imaginé que son époux s'endormirait ainsi au beau milieu d'une phrase... Elle n'avait toutefois pas le cœur de le réveiller ou de s'entêter à être déçue. Les Trois lui avaient offert un mari aimant, un mariage parfait et une nuit de noces qui avait dépassé ses attentes. Elle devait être reconnaissante.

Idalie veilla un moment sur le sommeil d'Aymeric, en profitant pour démêler tout ce qu'elle avait pu ressentir depuis qu'elle le connaissait. Elle avait été attirée par lui, physiquement et émotionnellement, et elle avait au moins cru à un mariage fondé sur une bonne entente. Mais il y avait plus, beaucoup plus. Sa présence lui manquait quand il n'était pas là. Lorsqu'elle pensait à lui, son cœur battait la chamade. Lorsqu'elle le voyait, son regard s'illuminait. Elle l'aimait sincèrement et sentait cet amour grandir chaque jour.

Avec précaution, Idalie se recoucha près d'Aymeric. Blottie contre lui, elle ferma à son tour les paupières et se laissa bercer par sa chaleur et le rythme régulier de son souffle. Du bout des lèvres, elle adressa une prière aux Trois pour leurs bienfaits. C'était le début d'une belle histoire, et les nouveaux mariés en écriraient le premier chapitre en respectant leur promesse de passer leur première journée à ne faire rien d'autre que s'aimer.

RP TERMINÉ