Marbrume


Le Deal du moment :
Jeux, jouets et Lego : le deuxième à ...
Voir le deal

Partagez

 

 Rencontre et renouveau [Rosalie Lowens]:

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
Merrick LorrenCoutilier
Merrick Lorren



Rencontre et renouveau  [Rosalie Lowens]: Empty
MessageSujet: Rencontre et renouveau [Rosalie Lowens]:   Rencontre et renouveau  [Rosalie Lowens]: EmptyLun 25 Jan 2021 - 18:16
Rencontre et renouveau:
Début novembre 1166,
Plateau du Labret -Genevrey-


Rencontre et renouveau  [Rosalie Lowens]: Vnt8KZ6


D’un bon pas, Merrick Lorren traversait la rue principale de Genevrey. Non, ce n’était pas juste. Il serait plus adéquat de dire que le coutilier traversait d’un pas rapide et énergique la seule et unique rue de ce bouge infâme où la vile et despotique Sydonnie de Rivefière l’avait envoyé effectuer son devoir ô combien désuet et factice. Dans tous les cas, aussi amère que morose, l’ivrogne avançait en plissant les yeux sous les assauts des rayons du soleil automnal, évitant la boue, la tourbe et les mares d’eaux en présence. De fait, le passage trop nombreux des charrettes sur le sol friable du petit lieu de vie avait creusé de leur essieu des sillons devenus trous qui étaient désormais et dorénavant remplis d’eau de pluie. Dès lors, pour cheminer à Genevrey sereinement, il fallait aussi bien éviter le limon, les trous, les animaux que les stupides et ô combien insipide énergumène peuplant cet endroit reculé, isolé et oublié de tous.

Dans tous les cas, bien qu’il aurait aimé et apprécié pouvoir se retrancher derrière son aigreur et discourir sur son antipathie toute retrouvée pour la campagne qu’il pensait avoir quittée pour de bon en arrivant à Marbrume, Lorren n’avait pas le temps pour ce genre de divagation. Pourquoi ? Car, déjà, tout autour d’eux, il pouvait sentir les prémices de l’hiver qui s’abattait sur la région. En effet, les fermiers et paysans travaillaient encore plus fortement et férocement pour arracher du sol les dernières denrées alimentaires, avant que le frimas d’argent ne remonte les cours d’eau ainsi que les ruisseaux et que les premiers stigmates de la morte-saison ne s’abattent sur la région. Couplé à cette frénésie de tous les instants qui habitait Genevrey, tandis que les jeunes couraient de droite à gauche et que les vieux maugréaient en avisant les cieux, les convois et chariots étaient de plus en plus nombreux dans le village, alors que le dernier bastion de l’humanité se préparait lui aussi aux rigueurs de l’hivernage. Finalement, moins prépondérant, mais tout de même impactant, la longueur des journées devenait de plus en plus maigre, tandis que la nuit reprenait ses droits de plus en plus rapidement sur le jour. Ce faisant, les habitants et êtres vivants avaient de moins en moins de temps pour trimer et travailler, tandis que la fange avançait, rampante et lancinante, et arrivaient de plus en plus rapidement pour venir menacer la petite bourgade de leur présence.

Toujours est-il que l’ensemble de ces aléas rendaient la tâche nettement plus compliquée pour les miliciens et miliciennes. Se devant de protéger la populace, le bourg, mais aussi les convois, à tout le moins à quelques reprises et jusqu’à Usson, les hommes et femmes d’armes n’avaient droit qu’à très peu de repos. Qui plus est, leur nombre était effarement bas. Pour l’heure et pour l’instant, il n’était qu’une dizaine pour réaliser l’ensemble des tâches. Mais ça, c’était sur le point de changer. Or, ne brûlons pas les étapes.

Retournant de peine et de misère les quelques salutations qu’on lui offrait sur son passage, Merrick, le teint plus hâve et blême qu’à l’accoutumée continuait à avancer vers les portes de Genevrey. Il manquait cruellement de sommeil, et même s’il ne se l’avouait aucunement, il manquait aussi énormément d’alcool et de la paresseuse ivresse que les tord-boyaux et autres spiritueux pouvaient lui apporter. De fait, en ces lieux, les boissons houblonnées étaient tout aussi peu présentes que faciles d’accès, et ce, quand bien même qu’il serait l’époux de la tenancière du village. Après tout, il ne pouvait dilapider son fonds de commerce par sa seule et unique consommation. En outre, bien qu’il s’en fichait généralement et habituellement de sa réputation, il devait faire de plus en plus attention en cet endroit qui était tel une poudrière; sur le point d’exploser. En effet, une scission et une dissension commençaient à se dessiner dans ses propres troupes. Les cinq hommes d’armes natifs du bourg, dirigé par Edgard, n’appréciaient aucunement leur nouveau gradé, qu’ils présentaient comme une créature infâme et urbaine. Pour le moment, Merrick avait laissé passer, alors que les récriminations et critiques étaient encore minimes. Toutefois, l’ivrogne n’était pas un idiot. Il se doutait que les propos chuchotés deviendraient murmurés de plus en plus fortement avant de devenir palabre et mouvement ouvert de contestation. Et ça, il ne pourrait le permettre. Or, même s’il le désirait, Lorren ne pouvait pas encore prendre le pari d’agir et de sévir. Pourquoi ? Et bien…

Tout d’abord, parce que la moitié de ses troupes faisaient partie de ce petit groupuscule récalcitrant et parce qu’ils avaient la fervente ferveur et faveur des habitants de cet endroit. Être coercitif à leur égard rendrait hagard le reste de la population et ne lui apporterait non pas amitié, mais bien antipathie de la part de la populace. Qui plus est, même s’il pouvait vivre avec les regards noirs, les risques étaient pour le moment trop grands pour le peu d’éléments fâcheux qu’il subissait pour l’heure et en l’instant. Enfin, Lorren ne pouvait pas non plus agir, car il n’était même pas certain du support des cinq autres miliciens qui venait, tout comme lui, du dernier bastion de l’humanité. De fait, certains ruminaient encore cette affectation au bout du monde, imputant et incombant la faute à leur supérieur qui n’était pas dans les petits papiers de la sergente anciennement d’Algrange et désormais de Rivefière. Ainsi, inapte et incapable de mesurer le support auquel il avait le droit, l’ivrogne avançait lentement et à tâtons, prêt à sévir, mais incapable de savoir s’il serait réellement en mesure de le faire.

Dans tous les cas, ces questions pouvaient attendre. Désormais et dorénavant arrivée aux portes du village, Merrick regardait se dessiner à l’horizon les premiers chariots de la journée. À leur bord devait se trouver les renforts qu’il avait demandés tout juste après son arrivée. Il espérait ardemment que sa stupide sergente ne lui avait pas envoyé un ramassis d’incapable, ou pire; le menu fretin peuplant les geôles de la place des Chevaliers. De fait, Lorren n’avait pas le temps de « former » ces nouvelles troupes. Qui plus est, il n’en avait pas réellement les capacités. Dès lors, il fallait que ces idiots et idiotes ne soient pas un ramassis d’incapables et qu’ils soient en mesure d’effectuer leur devoir dès le premier jour. Tentant de ne montrer aucun signe d’exaspération, Merrick attendait, avisant l’avancée beaucoup trop lente de ce convoi. N’y tenant plus inconsciemment, il se mit à taper du pied, avant de jouer avec son épée, la dégainant de quelques centimètres avant de la laisser retomber dans le fourreau dans un claquement qui calmait ses nerfs à fleurs de peau.

Sans qu’il ne s’en rende compte de prime abord, Eugène arriva à sa hauteur, se positionnant à sa droite tout en le saluant d’un bref mouvement de tête, mais en restant silencieux. L’avisant sans rien dire, l’ivrogne répondit au mouvement avant de regarder de nouveau l’avancer des chariots. Les secondes de silence s’égrenèrent jusqu’à devenir des minutes, sans que l’un ou l’autre ne brise cet accord tacite de mutisme. Depuis quelque temps, Merrick ne savait plus sur quel pied danser avec Eugène. Celui qui avait toujours été son homme de confiance, son meilleur milicien et de loin, avait pris ses distances avec son supérieur, depuis que son épouse exécrait l’ivrogne pour les avoir conduits en ces lieux, elle et son époux qui avait toujours servi la milice de façon exemplaire. De fait, ce dernier aurait dû devenir coutilier à la place de Lorren après la mort d’Arthur, le précédent tenant du titre. Néanmoins, Eugène n’était pas un héros du Goulot devenu Chaudron. Et pour la hiérarchie éloignée de la réalité et claquemurée dans un bureau, il avait été plus important de nommer un visage connu dans la milice, pour redonner espoir et courage aux hommes d’armes dévastés par l’invasion, que de nommer quelqu’un de compétent.

Au bout d’un temps qui lui sembla affreusement long, n’y tenant plus, l’ivrogne prit la parole. « Le champ de gauche ? » Questionna-t-il en faisant référence audit terrain qui juxtaposait le village. « Edgard. » Répondit Eugène. Merrick hocha la tête. Tout le monde était à pied d’œuvre et bientôt, lui-même travaillerait, accueillant ses nouvelles troupes qu’il n’espérait pas trop fraiches. Ouvrant la bouche pour poser une question, l’homme exemplaire le coupa d’un geste de la main. « Tout le monde effectue son devoir. » Grognant, Lorren haussa les épaules. « Je ne veux simplement aucun retard dans les convois. Si tel est le cas, Rivefière serait en mesure de nous châtier, même si elle est à Marbrume et qu’elle ne connaît pas la réalité du terrain. La connaissant, je suis certain qu’elle regarde les rapports en provenance de Genevrey pour s’assurer que... « tout va bien » … » Elle et sa foutue fixation, pensa-t-il sans oser le proférer. Eugène ne fit que hausser les épaules, ne donnant aucun assentiment ou ne montrant aucunement son désaccord avec les dires de son supérieur. « Je retourne « patrouiller ». » Lâcha le milicien, sans en dire plus. D’un simple hochement de tête, Lorren salua son départ. C’était tout de même aberrant de n’avoir qu’un seul homme d’armes pour effectuer la surveillance à l’intérieur de Genevrey. Mais avec un manque d’effectif aussi cruel, le reste des troupes était soit sur les piètres remparts du village, ou dans les champs avoisinants pour surveiller, protéger et même aider les fermiers et autres paysans. Toujours est-il que la criminalité dans le miteux endroit n’était guère un problème. Aussi proche des monstres symbolisant le fléau de l’humanité, personne n’était prompt à voler ou meurtrir autrui, tous et toutes trop focalisé et concentré sur leur propre survie. Néanmoins, les lieux n’étaient pas forcément idylliques et une violente altercation, ou un autre problème, pouvait tout de même survenir.

Dans tous les cas, Merrick Lorren avait attendu sans bouger ni broncher, les bras croisés, aussi longtemps qu’il avait été nécessaire. Les silhouettes lointaine et distante des chariots formant le convoi étaient devenues de plus en plus visibles et perceptibles, elles qui n’avaient été quasiment qu’un mirage à l’horizon précédemment. Dorénavant, ceux-ci étaient suffisamment proches pour qu’il distingue leur nombre. Plissant les yeux, l’ivrogne chercha à savoir l’état des membres de cette expédition. Avait-il l’air en forme ou fourbu ? Avait-il connu un voyage sans anicroche ? Est-ce que la route reliant Genevrey à Usson était sécurité ? Si tel n’était pas le cas, de qui avaient-ils croisé la route ? Bannis, brigands ou fangeux ? Dans les champs environnants et avoisinants, le village, fermier et paysan se relevaient et se redressaient, jetant pour la plupart un regard noir aux attelages de misère et d’infortune qui se pressait pour rentrer dans l’endroit où ils résidaient. Oui, certains objets et outils qui faisaient le voyage dans les cargaisons leur seraient utiles. Toutefois, voir partir ces derniers avec une grande partie de leur récolte, ça, ce n’était clairement pas au goût de tout le monde…

-« Bienvenue à Genevrey ! » Lâcha Lorren en s’effaçant pour laisser passer les chariots. Attrapant la bride d’une des montures, il se permit de lui offrir quelques caresses sur le front en souriant. L’ivrogne avait toujours apprécié ces bêtes. Même s’il n’était aucunement un excellent cavalier, Merrick les avait souvent côtoyés lorsqu’il batifolait dans l’écurie familiale avec une quelconque paysanne. Après tout, il ne fallait pas oublier que lui-même provenait d’un petit village avant le déclin de l’humanité et l’apparition de ses prédateurs. « La route à été bonne ? » Sa question n’était en direction de personne réellement. De fait, le coutilier interrogeait l’ensemble, ou plutôt, qui voulait bien lui répondre. Soupirant, soufflant et se passant une main dans la chevelure, le gradé de l’endroit se recula de quelques pas, offrant un regard complet et intégral aux nouveaux arrivants qui commençaient déjà à vider les attelages. « Où sont mes miliciens ? » Questionna-t-il un peu plus doucement, pour lui-même, cherchant à définir qui étaient les cinq qui resteraient ici. Sifflant, comme pour appeler un chien, l’ivrogne dressant un sourire sardonique tout en continuant à juger et jauger les personnes en présence. Puis, alors que son regard balayait l’ensemble, celui-ci s’arrêta, avant de revenir vers l’arrière. Son sourire n’était plus qu’une chimère, mirage de pitrerie effacé par la surprise.

-« Rosalie Lucette Lowens ! » Lâcha-t-il comme un coup de fouet en s’avançant vers ladite milicienne qu’il avait reconnue et qu’il n’attendait aucunement ici. Marchant à grande enjambée, sur le point de l’enlacer en riant, complètement heureux de voir un visage connu dans ce trou à rat, l’ivrogne s’arrêta au dernier instant, se souvenant de son propre rang et des ragots qui ne manqueraient pas de couler dans un si petit village. Qui plus est, lui qui avait failli agir sans réfléchir, simplement et seulement transporté par son plaisir de voir un faciès qui n’était pas celui d’un fermier du coin ou d’un milicien goguenard, n’avait pas pris en compte le tempérament de la femme d’armes. Pareille marque de familiarité aurait probablement eu le droit à un nombre de soupirs beaucoup trop conséquent pour tous les entendre. Ainsi, freinant en se mettant sur la pointe des pieds, l’ivrogne ne perdit aucunement de sa superbe en lui offrant un grand sourire. « Ne venez pas me dire que vous faites partie des cinq miliciens qui viennent prêter main-forte à ce… charmant endroit ? » Lui demanda-t-il. « Dans tous les cas, bienvenue à Genevrey. » Répéta-t-il à son endroit.

Puis, l’attrapant par le bras, il la fit reculer de quelques pas des autres personnes en présence. « Avez-vous fait bonne route, milicienne ? » Il devait savoir. Est-ce qu’il y avait plusieurs dangers et risques ? Enfin, plus que d’habitude ? Perdre un autre chargement de grains et de blés serait difficile pour le lieu de vie. S’il fallait le remplacer, l’hiver serait affreusement long pour les habitants du bourg. L’écoutant, l’avisant et répondant potentiellement, Merrick avait fini par hocher la tête, bonne ou mauvaise nouvelle. « Nous en reparlerons. » Puis; « À quoi ressemblent vos charmants camarades ? Sont-ils des miliciens de confiance ? » Est-ce que les quatre autres renforts seraient une plus-value pour Genevrey ou une énième misère ? Qu’importe, Lorren risquait d’avoir besoin de leur support. « Pouvez-vous aller les chercher ? Je vous attendrais là. » Lui dit-il en pointant une vieille bâtisse qui semblait n’avoir aucune fonction particulière. Soupirant, levant une main, il haussa les épaules, fataliste. « Si vous le demandez, c’est la caserne. » Enfin, sur le point de se détourner et de partir, il s’arrêta, jetant un regard par-dessus son épaule. « Je suis content de vous voir ici, Rosalie. » Puis, avec un rire amer. « Je me doute que ce n’est pas le cas pour vous, mais on s’y fait… je crois. » Termina-t-il en partant et en allant s’appuyer au mur dudit bâtiment, regardant Rosalie rameuter ses frères -et peut-être sœurs- d’armes.

Lorsqu’ils furent tous là, devant lui, Merrick continua à les jauger et les juger durant quelques instants, restant enfermé dans son mutisme, sans se décoller du mur. « Je me nomme Merrick Lorren. Je suis votre coutilier. » Sondant les visages, il poursuivit. « Vous avez devant vous la caserne. Vous pouvez déposer vos affaires à l’intérieur. En revanche, il n’y a pas de dortoir. Vous devrez donc dormir chez l’habitant. Je vous ai déjà trouvé cinq familles qui vous accueilleront. » Soupirant, ce décollant de la façade, l’ivrogne croisa les bras avant de hocher la tête à plusieurs reprises, comme s’il était d’accord avec ses propres propos. « Vous l’avez sans doute compris d’un simple coup d’œil, mais ici, ce n’est pas Marbrume. » Levant une main pour arrêter toute velléité de plaisanterie ou de réponse, il continua. « Cela veut dire que vous n’êtes plus des résidents de la cité fortifiée, mais bien de cette très -trop?- petite bourgade. Vous pouvez être content ou malheureux de cette nouvelle affectation. Ça, ça ne regarde que vous et je n’en ai rien à faire. Cependant, je m’attends à ce que vous fassiez votre boulot, compris ? » C’était rare de voir Merrick Lorren sérieux. Or, il ne pouvait pas accepter des hommes d’armes qui ferait affront plutôt qu’effort. Il avait besoin d’eux. Aussi bien pour protéger l’endroit que pour assurer sa propre position. « Des questions ? »

Au bout d’un moment, il les congédia, invitant Rosalie à s’approcher d’un signe. « Qu’avez-vous fait pour vous retrouver dans ce trou à rat ? » Lui demanda-t-il en fronçant les sourcils. De fait, son esprit qui avait été rempli de félicité de la reconnaître commençait à regagner sa sagacité. Pourquoi était-elle là, elle ? Un heureux hasard ? Il en doutait. « Vous ne pouviez pas vous passer de moi ? » L’interrogea-t-il en lui offrant un sourire en coin. « Venez, je vais vous montrer où vous résiderez. » Termina-t-il en l’invitant à le suivre d’un signe de la main, l'invitant à le suivre en direction de l'endroit qui lui avait été désigné par le coutilier.


Revenir en haut Aller en bas
RosalieMilicienne
Rosalie



Rencontre et renouveau  [Rosalie Lowens]: Empty
MessageSujet: Re: Rencontre et renouveau [Rosalie Lowens]:   Rencontre et renouveau  [Rosalie Lowens]: EmptyMar 9 Fév 2021 - 19:36
22 octobre 1166
Marbrume - 5h37


C’est le grand jour pour Rosalie. Sa nuit fut plus courte que d’habitude, réveillée par l’angoisse de cette journée. Elle a pourtant l’habitude de sortir de la ville, pour explorer ou escorter différents convois. Mais cette fois-ci, la jeune femme ne reviendra pas de sitôt entre les murs : elle part rejoindre la coutellerie de Merrick Lorren, logée à présent à Gennevrey, au Labret.

Ses yeux bleus fixent le plafond, à la recherche d’une quelconque réponse à toutes ses questions. Elle laisse son esprit se triturer depuis son réveil, remontant de nombreuses inquiétudes à la surface. Saura-t-elle vivre à nouveau en campagne mais cette-fois-ci seule, alors que ses derniers souvenirs ruraux remontent à la pré-fange, dans son village natal, auprès de sa famille et de ses nombreux voisins, vivants et présents ? Saura-t-elle s’intégrer dans sa nouvelle coutellerie, plus qu’actuellement, loin de ses oppresseurs ?  Le coutilier acceptera-t-il sa présence ? Et les habitants ? Les autres miliciens ? Le chemin se passera-t-il bien ?

Se rapproche-t-elle de son but personnel ou s’en éloigne-t-elle ?

Un long soupir avant de secouer sa tête. Elle n’aura pas les réponses à toutes ses questions avant son arrivé. Et encore. Il faut qu’elle apprenne à se canaliser, à gérer son stress autant que ses appréhensions. De plus, pourquoi se pose-t-elle ces questions stupides ? Depuis quand en a-t-elle quelque chose à faire de l’avis des autres miliciens sur elle, de si sa présence dérange ou est appréciée ?

Si son changement de point de vu sur ses propres questionnements réussis à convaincre son esprit – pour le moment du moins – de ne plus craindre l’avis des habitants et des miliciens, quelques interrogations persistent encore concernant le coutilier, ce qui ne manque pas de faire froncer les sourcils de la jeune femme, frustrée par son incompréhension.

Allez allez…

Son dos quitte ce qui lui sert de lit pour lentement venir s’assoir sur le bord de celui-ci. Elle reste immobile quelques instants, observant ses voisins miliciens dormir, apaisés par les bras de Morphée, profitant de cette dernière heure de répit avant leur future - peut-être dernière - journée.

De son côté, tandis que son esprit s’est enfin mit en veilleuse, c’est à présent son corps qui vient la saluer. Quelques douleurs apparaissent doucement à ses premiers mouvements, provenant des bleus récents de la nuit d’il y a trois jours. La douleur la plus vive provient de son œil droit : seule plaie visible de cette dernière nuit, l’ecchymose violacée perd chaque jour un peu de sa couleur mais la douleur reste pratiquement aussi vive qu’au premier jour. Les douleurs sont malgré tout supportables, mais les marques laissées par ces conflits internes semblent plus profondes qu’une simple trace sur de la chair. Est-ce enfin terminé ?

•~•


Marbrume - 7h05


Le convoi ayant pour destination le Labret est enfin prêt. La milicienne balaye les quelques individus du regard afin de remarquer les personnes qui réaliseront le voyage avec elle et qui donc, par conséquent, seront potentiellement ses nouveaux camarades. La première analyse n’amène à pas grand-chose : elle ne repère pas tout le monde et se doit vite de replonger dans ses tâches avant le départ du convoi. L’unique point repéré est le genre des personnes : ce sont visiblement tous des hommes. Ce qui, à son sens, n’est pas réellement une bonne nouvelle.

Le convoi prend enfin la route pour une semaine de voyage. La milicienne reste comme à son habitude de son côté, focalisant son attention sur les alentours plutôt que sur les tentatives de sociabilisation ou de discussion. Elle ne parle que lorsqu’une information est nécessaire à entendre ou lorsqu’on lui pose une question qui nécessite l’effort d’une réponse.


Durant le voyage…
Marbrume - Labret


Les premiers jours de voyage se passent sans accroc : pas de mauvaises surprises, pas de mauvaises rencontres… et personne ne cherche à lui parler. Tant mieux. Intérieurement, elle prit les Trois pour que tout le voyage se passe ainsi, appréciant la rare tranquillité qui s’en dégage, déjà loin des murs de la grande ville. Mais il suffisait d’y penser pour que le karma vienne contredire les envies de la milicienne lors d’un arrêt de nuit. Un petit groupe de quatre miliciens s’est formé durant le voyage, s’appréciant visiblement déjà plutôt bien.

Alors qu’elle est de son côté, en train de prendre soin de son épée courte pour passer le temps utilement avant d’aller dormir, Rosalie quitte l’épée de son regard pour la déposer sur la silhouette qui vient de se dessiner face à elle. Elle reconnait un des miliciens du groupe précédemment cité et, tristement, se prépare déjà à rétorquer sur la défensive.

-Hey ! Ca te dirait de te joindre à nous ?

Ses yeux s’abaissent lentement vers le petit groupe de trois personnes derrière la silhouette qui parlent et ignorent totalement ce qui est en train de se passer. Ce n’est donc pas un piège ? L’incompréhension se lit sur son visage, laissant naturellement ses sourcils se froncer. Elle redresse à nouveau son regard vers le présent, mais avant de pouvoir répondre quoique ce soit, celui-ci reprit la parole en souriant.

-Ah, je ne me suis même pas présenté ! Tu peux m’appeler Siméon. 
-...
-Ne te sens pas obligée hein ! Mais n’hésites pas à venir si tu l’veux.

Le prénommé Siméon hausse lentement les épaules avant de rebrousser chemin vers ses camarades. Rosalie reste silencieuse et immobile quelques instants, interloquée par ce qu’il vient de se passer. La proposition semblait sincère, sans arrières pensées. Une simple proposition, ni forcée, ni malsaine. Et étonnamment, l’hésitation la prend. L’envie de faire un petit effort lui traverse l’esprit mais elle ne peut s’empêcher d’être méfiante quant à la situation. Finalement, l’effort prendra le dessus et elle se dirigera, quelques minutes après la demande, vers le petit groupe de quatre miliciens, accueilli d’un sourire par le responsable de l’invitation qui se décale pour lui laisser une place dans le cercle.

Alors qu’elle craignait être le centre de l’attention lors de son arrivée, celle-ci s’est réalisée en toute discrétion. Il est impossible que les trois autres miliciens ne l’aient pas remarqué, mais ils n’arrêtent pas leur discussion pour autant, se raconter des anecdotes de missions et différentes chamailleries qu’ils ont pu se faire à la caserne de la ville.

Rosalie les écoute silencieusement, tout comme Siméon. Celui-ci finit par briser le silence, en hochant la tête vers les trois pipelettes face à eux.

-Le blond, c’est Jean. Celui au centre Seb. Et enfin, Théodore. Ils étaient dans la même coutellerie avant, alors ils se connaissent plutôt bien. On s’est rencontré lors d’une mission à Gennevrey tous les cinq.
-… Cinq ?

Le regard de Siméon se dépose sur Rosalie, qui s’efforce de détourner son regard à son tour en ressentant celui de son voisin. Elle lui offre à nouveau un air d’incompréhension lorsque celui-ci se mit à rire avant de secouer la tête.

-Excuse-moi ! Tu m’as juste surpris. T’as pratiquement pas parlé du voyage, je ne m’attendais pas à ce que tu me répondes.

Il se fiche de moi?

Bon. Certes, il n’a pas tord. Sa réponse est sortie spontanément. Son air d’incompréhension se transforme en une certaine gêne, alors qu’elle préfère détourner son regard vers les trois miliciens, ne sachant pas quoi répondre à cette remarque de toute évidence.

-Oui, on était cinq. Edgard est originaire de Gennevrey, il est de la milice là-bas donc il est quand nous on est rentré à Marbrume. Et ces trois-là sont de l’interne à la base, c’était leur première mission à l’extérieur à l’époque.
-C’est comment ?
-L’extérieur ..? demanda-t-il sans comprendre réellement le sens de l’interrogation.
-Non. Idiot. Gennevrey.

Il se permit un petit temps de réflexion, avant d’hausser les épaules.

-Pas bien grand. Y’a quelques champs… C’est… un village, entre autres. J’en comprend que tu fais partie des renforts demandés ?

La description laisse à désirer, mais Rosalie décide de ne pas insister plus que cela. Elle verra bien d’elle-même à quoi ressemble ce fameux village d’ici quelques jours et pourra l’observer d’une façon plus précise que son confrère, sans doute même pourra-t-elle le comparer à Piana, son village natal.

-Oui.
-Le groupe est donc au complet ! Nous aussi. D’ailleurs… Je ne t’ai même pas demandé ton prénom ?
-Rosalie.
-Rosalie... Rosalie Lowens ? C’est toi qui t’es battu contre Antoine ?

La brune offre un soupir en guise de réponse. Tout allait pourtant si bien. Il fallait qu’il mentionne ce mauvais souvenir…

-C’est lui qui t’a fait ça ?

La question vient à nouveau surprendre la jeune femme, qui pensait sincèrement se recevoir un enchaînement de remarques misogynes, comme à son habitude. Au lieu de cela, un simple questionnement sur l’ecchymose visible. Son temps de réponse tarde assez pour qu’il reprenne la parole, d’une voix un peu plus basse, comme si la discussion n’était à présent réservé qu’à eux deux.

-J’ai quelques antécédents avec lui. C’est une brute, il est capable d’un sacré merdier pour obtenir ce qu’il veut. J’ai entendu quelques échos à ton sujet, venant d’lui.
-Je me suis juste blessée en m’entrainant.

La voix de Rosalie est un peu plus froide qu’elle l’aurait voulue. Elle sait très bien les échos qu’il a pu divulguer sur elle et son frère… et la voici, encore une fois, en contact avec une personne liée à son groupe d’oppresseur d’entre les murs.

-D’accord. C’pas mes affaires, tu as raison, dit-il en haussant les épaules, dans un petit sourire.

Il n’insiste pas. Pas de remarques, pas d’insultes, pas de mépris. Une simple attention, visiblement sans arrières pensées, gêné d’avoir paru intrusif.

-C’est rien.

Les sujets de discussion changent régulièrement au fur et à mesure que les minutes s’achèvent. Peut-être devraient-ils aller se reposer avant le voyage de demain mais visiblement, les cinq miliciens semblent veiller quelque peu, emportés par l’ambiance chaleureuse du moment.

Lowens se contente de les écouter parler, les quatre hommes bien plus expressifs qu’elle. Elle répond de temps à autre lorsqu’une parole lui est adressé directement, ce qui lui permet de faire un peu plus connaissance, indirectement, avec ses futurs camarades de coutellerie. Etrangement, le temps ne se sent pas passer, abaissant au fil des heures sa méfiance surélevée pour doucement profiter de ce brin de sociabilité qui se créer entre les futurs membres de la coutellerie de Lorren.

Avec le plus grand des étonnements, la fin du voyage s’est tout aussi bien passé que son début : aucune mauvaise rencontre, aucun soucis techniques ou de santé. Une simple petite dérivation, suite à un chemin un peu trop encombrer par les branches ayant quitté leur arbre, forcées par les vents de plus en plus fort à l’approche de l’hiver.

En ce qui concerne l’ambiance, celle-ci est restée tout aussi agréable. Rosalie n’en est certes pas devenue plus bavarde, mais la jeune femme s’est trouvée bien moins distante qu’à leur départ de Marbrume : elle répond avec plus d’entrain aux questions, écoute les paroles de ses futurs compagnons d’armes plus attentivement, accepte les nouvelles invitations de regroupement avec moins d’hésitation. Le milicien Siméon semble avoir un petit talent pour la sociabilité, essayant de raccrocher la milicienne introvertie aux extravertis qu’ils sont pour faire plus ample connaissance, surtout depuis qu’il a conscience qu’ils seront d’ici peu des camarades dans une petite coutellerie, logée dans un petit endroit.

Est-ce le signe d’un nouveau départ positif ?

•~•


1er novembre 1166
Gennevrey - 9h02


Les voilà arrivés à Gennevrey. Rosalie quitte du regard les environs pour déposer celui-ci sur le village qu’ils approchent. Elle repère les quelques champs décrits par Siméon, observe l’architecture des habitations et l’infrastructure de l’endroit comme un enfant s’émerveillerait face à un nouveau jouet. Pourtant, avec toute objectivité, l’endroit n’a rien à envier : tout du moins, il n’a rien d’extraordinaire. Mais chez Lowens, la nostalgie prend sans doute le dessus sur sa rationalité, ce qui ne peut l’empêcher d’avoir un point de vu différent des miliciens de la ville, soupirant déjà à l’idée de travailler là-bas.

Le convoi arrêté, les miliciens présents se hâtent pour vider celui-ci et aider les habitants dans le déchargement. Rosalie ne fait pas exception et c’est après quelques efforts qu’elle remarque la voix du coutilier. Elle n’avait pas fait attention mais Lorren était visiblement venu les accueillir, à la recherche de ses miliciens. La frêle brunette se retire de sa position pour s’approcher de l’avant du convoi, au moment où son supérieur demande où sont ses subordonnés assignés.

-Où sont mes miliciens ?
- Ici, coutilier Lorren.

La voix de Lowens vient répondre à la question, à la discrétion des autres. Positionnée à l’opposé de Merrick, sa voix, poussée sans effort, n’est pas très portante. Mais elle est assez présente pour se faire remarquer, au vu de la réaction qui suit.

Réaction qui ne manqua pas de surprendre la jeune femme. L’angoisse des « retrouvailles » s’efface soudainement à la vue de l’exclamation de Lorren à son encontre, laissant ses traits du visage se détendre petit à petit, presque prête à en sourire.

- Ne venez pas me dire que vous faites partie des cinq miliciens qui viennent prêter main-forte à ce… charmant endroit ? Dans tous les cas, bienvenue à Genevrey.

La brune se contente d’hocher légèrement la tête en guise de réponse. Soit, elle ne lui dit pas alors. 

Son bras attrapé, elle suit les quelques pas ayant pour objectif de les exclure des autres avant d’arrêter sa marche en simultané avec celle de son supérieur, focalisant à nouveau son regard sur lui et ses questions, tâchant de lui répondre comme à son habitude sans tergiverser ni rallonger les informations, offrant seulement celles pertinentes à la demande, à son sens.

- Avez-vous fait bonne route, milicienne ?
-Oui. Aucun problème notable, sauf une petite déviation.
-Nous en reparlerons. À quoi ressemblent vos charmants camarades ? Sont-ils des miliciens de confiance ?


La milicienne se permit une petite seconde de réflexion. Sont-ils des personnes de confiance ? Peut-elle réellement répondre à cette question ? Il faut dire qu’elle est loin d’être la plus sociable d’entre tous : son jugement est bien loin d’être posé, malgré les quelques moments passés à leurs côtés.

Elle finit par offrir son premier soupir sur les terres du Labret face à l’effort cognitif que cette question lui doit. Elle tourne la tête vers le convoi, balayant rapidement la zone à la recherche des concernés. Lui montrer sera sans doute plus simple qu’une description physique qu’elle réaliserait d’une pitoyable façon. Par chance, les quatre miliciens se sont regroupés pour souffler. Lowens lui fit un léger signe de tête en direction du groupe, en reprenant la parole.

-Ce sont eux. Jean, « Seb »…
C’est quoi son prénom déjà?
-… Théodore, je crois… et Siméon. Ils sont amis avec un Edgard, ici, apparemment.

Un petit souffle, accompagné d’un haussement des épaules. Elle a répondu à la première partie de la question, ce qui est déjà bien. La seconde à présent : sont-ils de confiance ? Sans doute plus que les quelques miliciens de l’interne qui la harcelait, en effet. A ce propos, elle ne ressent plus aucune douleur aux zones fragilisés par sa dernière altercation, si ce n’est encore une petite gêne au reste d’ecchymose qui s’est pratiquement estompé à son œil droit.

-Je ne sais pas s’ils sont de confiance pour l’instant.

Elle ne préfère rien affirmer, même sur la potentielle gentillesse notifiable de Siméon. Rien en lui dit que cette gentillesse est honnête, par exemple… finalement, sa méfiance est toujours de mise, bien qu’elle pensait s’être détendu à leur égard.

Elle finit par acquiescer la demande de Lorren, après la brève indication concernant la caserne. Alors que ses pas se forment pour se diriger vers ses frères d’armes, sa marche est arrêtée lorsqu’elle remarque son arrêt.

- Je suis content de vous voir ici, Rosalie. Je me doute que ce n’est pas le cas pour vous, mais on s’y fait… je crois.

Moi aussi.

Cette pensée aurait sans doute été plus efficace à voix haute, mais le côté pudique de la demoiselle a repris le dessus au dernier moment. Tandis que ses mots résonnent dans sa conscience, elle n’offre à son supérieur qu’un simple silence en réponse avant de continuer sa route. Un nouveau soupir, cette fois-ci contre elle-même et son introversion sans doute exagérée.


•~•


La nouvelle équipe réunie à la caserne comme le souhaitait le coutilier, Rosalie découvrit une nouvelle facette de son supérieur : son sérieux. Bien qu’elle ne doutait en aucun cas de sa capacité à l’être – quoique -, le voir à l’œuvre eut le mérite de façonner l’estime qu’elle en a. Petit à petit, elle découvre des défauts comme des qualités au renommé héros du Chaudron, sans altérer la considération à son égard. Finalement, si le côté formel de la relation supérieur-subordonné reste intact quelque soit les découvertes pour le moment, les ressentis un peu plus officieux quant à eux se forge au fur et à mesure.

La nouvelle du manque de dortoir n’arrange absolument pas la brunette. Elle ravale un lourd soupir, anxieuse à l’idée de devoir cohabiter avec des inconnus. La fin du discours tire Rosalie hors de ses pensées, réagissant avec une petite seconde de latence au signe de main de son supérieur. Elle s’avance, hochant pour la énième fois légèrement la tête sur le côté avec un air interrogateur.

- Qu’avez-vous fait pour vous retrouver dans ce trou à rat ?

La pression sentie sur l’instant est sans doute inappropriée, mais le contraste entre l’accueil et cette soudaine question, sourcils froncés, ne laisse pas indifférente la milicienne. Elle cherche ses mots silencieusement tout en avisant le sérieux de sa question. Regrette-il de l’avoir dans ses rangs malgré son bon accueil ? N’a-t-il pas confiance en ses capacités de mili…

- Vous ne pouviez pas vous passer de moi ? Venez, je vais vous montrer où vous résiderez.

Elle le fixe, un très bref instant, avant de soupirer de plus belle, de soulagement, en secouant la tête. A quoi pensait-elle ? C’est Merrick Lorren, après tout. Ce n’est pas le genre à se contredire ni même à être hypocrite, du moins, c’est ce qu’elle en croit.

Elle échange ses quelques pas silencieusement, avant de prendre doucement la parole, une fois la marche entamée.

-Et bien, je suis de l’externe, alors…

Un léger haussement des épaules. Avouons-le, c'est la justification la plus bidon qu'elle pouvait sortir. Mais soit : elle ne ment pas, mais ne dis pas totalement la vérité. D’autres raisons l’ont poussé à accepter. Outre la nostalgie du village de son enfance, Eden y est pour quelque chose, bien évidemment : être à l’extérieur des murs pourraient peut-être la rapprocher d’éventuels indices qu’elle ne pourrait obtenir à Marbrume. Une certaine fuite également, qu’elle ne s’avoue pas vraiment : après le combat d’octobre, elle craignait davantage pour sa sécurité, à tel point de préférer habiter dans un lieu insécure comme ces villages plutôt que de continuer ainsi. Enfin, sa propre évolution : peut-être que certains miliciens voient le fait d’être muté à cet endroit comme un désavantage, mais Rosalie voit cela d’un autre œil : c’est une occasion pour elle de réaliser de nouvelles expériences, afin de devenir plus forte, physiquement et mentalement.

Il manque une raison parmi toutes celles citées. Et étonnement, malgré le petit temps de silence imposée par la jeune femme, la raison précédemment omise finit par sortir de sa cachette pour être exprimé à voix haute.

- Je voulais vous offrir mon aide.

Son regard s’est détourné pendant ses dires à l’opposé du coutilier, pudeur oblige. Cette dernière raison nait d’une simple envie d’aider son prochain, finalement. Mais en y réfléchissant, pas n’importe quel prochain : une personne qui lui a déjà offert son aide, avec qui une esquisse de confiance s’est déjà créée et avec qui, peut-être, un début d’amitié préexiste.




Petite légende:
Blanc : chronologie/narration
Violet clair : pensées de Rosalie
Violet : Rosalie
Vert clair : Merrick 
Vert : Siméon (PNJ)
Revenir en haut Aller en bas
 
Rencontre et renouveau [Rosalie Lowens]:
Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Marbrume - Forum RPG Médiéval Apocalyptique :: ⚜ Alentours de Marbrume ⚜ :: Plateau du Labret :: Genevrey-
Sauter vers: