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| Tonnerre et malédictions [PV Eric] | |
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Élisabeth BlanchevigneCoutilier
| Sujet: Tonnerre et malédictions [PV Eric] Lun 16 Mar 2020 - 14:02 | | | La fraîcheur de l’automne qui laissait présager les difficultés hivernales à venir s’était installé sur le Labret. Les récoltes étaient majoritairement terminées maintenant, et le temps de stocker ce que l’on pouvait était venu pour passer l’hiver. Les gens de la terre ne manqueraient pas d’activités, cette vie était toujours rythmée par des travaux manuels. Élevage ou entretien des cultures. L’hiver voulait surtout dire qu’ils avaient tous moins de temps pour être vraiment actifs. Avec la nuit qui tombait plus vite, la fange reprenait de plus en plus ses droits sur le plateau.
Son groupe s’était arrêté à proximité de Najac. Et ils allaient ensuite rester deux journées en garnison le temps de préparer le convoi et de rassembler les personnes souhaitant retourner à Marbrume sous leur protection. La coutillère ne se priva pas de déléguer l’organisation au vieux Martin qui aimait bien se rendre utile ainsi. Ses prouesses au combat étaient devenues limitées, après tout, et il se complaisait dans ce rôle.
La jeune femme s’était alors faufilée jusqu’à la piste proche, s’étant enfoncée dans les bois pour y trouver un peu de calme et de sérénité. Seule. C’était risqué, mais elle en avait pleinement conscience.
Progressant à travers les sous-bois teintés aux couleurs de l’automne, les feuilles mortes encore moites de l’averse de ce matin et qui parsemaient la piste offraient un coussin étouffant les bruits. Partout autour d’elle, des oiseaux sifflotaient discrètement tandis qu’une brise discrète faisait bruisser la végétation alentour. Le soleil était bien entendu au rendez-vous par cette après-midi un peu moins fraîche qu’à l’accoutumée grâce à lui.
S’éloignant à peine de la piste, la milicienne trouva un arbre d’une grande taille et entreprit de l’escalader calmement. Sans précipitation, de branche en branche, se hissant à la force de ses muscles. Une fois assez en hauteur pour se mettre hors de danger de la plupart des prédateurs, et hors de vue de la piste, elle s’installa à la jonction du tronc et de grandes branches histoire de passer un peu de temps à réfléchir, penser, fermer les yeux et juste s’échapper un peu de ce monde. Imaginer des choses... Elle ferma les yeux.
Un bruit puissant au loin lui fit les rouvrir. Les yeux légèrement pâteux, elle réalisa qu’elle venait de s’assoupir. Combien de temps? Trop longtemps sûrement, car le ciel s’était couvert. Il faisait encore jour, fort heureusement, mais au loin, un orage grondait. Une situation bien trop risquée pour espérer retourner à Najac avant de se faire doucher, puis éventuellement dévorer par la fange.
Heureusement pour elle, elle connaissait un abri, proche. Après avoir vérifié les alentours, elle descendit de son perchoir pour rejoindre la piste, avant de la quitter une nouvelle fois. A ses oreilles, la pluie commença à teinter sur les feuilles garnissant encore les arbres ainsi que sur le parterre de feuilles mortes. Le tonnerre grondait plus fort, secondes après secondes. Un gros orage était en train de se rapprocher.
Slalomant prudemment à travers les fourrés, suivant une piste désaffectée envahie par la végétation désormais car plus utilisée ou presque, elle arriva enfin à sa destination. Au flanc d’un affleurement rocheux, une structure en bois marquait l’entrée d’une caverne. Une ancienne mine, désafectée, dans laquelle les miliciens trouvaient parfois refuge sur la route. Une cache dont elle avait appris la localisation par le passé à force d’expéditions dans les environs. Assez fréquentée par les miliciens pour ne pas abriter de bannis... A priori.
Elle s’approche prudemment, fit jouer les gonds de la porte tout en la tirant vers elle. Elle n’était pas baricadée et laissa juste échapper un grincement et un peu de poussière avant de s’ouvrir. Pas de lumière. Le noir total. Effrayant, et rassurant à la fois. La milicienne y entra, prit le temps d’allumer une torche qui faisait partie du stock traînant ici pour éclairer les lieux alors que la seule lumière qui pouvait y régnait était celle qui filtrait difficilement sous la porte en bois à moitié vermoulue.
Une fois ce souci réglé, elle referma la porte, la barricada avec une planche en bois faite pour cela, testa la solidité, puis s’assit, les sens à l’affût. Elle ne se sentait pas d’explorer les complexes couloirs de la mine, mais elle n’avait jamais entendu de soucis avec cette planque. Et le manque de cadavres ou de traces de sang parcourant l’endroit était rassurant.
Néanmoins, du bruit à l’extérieur la fit soudain sursauter. Quelqu’un essayait d’ouvrir la porte. Barricadée bien entendue, il n’avait aucune chance d’en venir à bout rapidement et sans faire un boucan du diable.
La brune bondit sur ses pieds immédiatement, arc en main, une flèche encochée. Peut-être devrait-elle plutôt sortir sa lame?
« Qui va là? » demanda-t-elle alors d’une voix forte bien qu’abritant un minimum de peur. Elle restait assez sûre d’elle. L’humain en dehors semblait seul de ce qu’elle pouvait entendre, mais elle ne pouvait pas en être certaine pour autant. |
| | | Eric LaporteVagabond
| Sujet: Re: Tonnerre et malédictions [PV Eric] Lun 16 Mar 2020 - 17:10 | | | Blong!
Fermée! La porte de la mine est fermée! Manque de chance? Non, déjà quelqu'un! Une voix me demande qui vient et je pense immédiatement à répondre que c'est moi. Cela dit, il y a de fortes chances que ce ne soit utile ni à l'occupante, car c'est une femme, ni à moi. Il est pourtant vitale pour moi que j'entre dans cet abris. Mais reprenons du début pour bien comprendre.
Un peu plus tôt dans l'après-midi, alors que j'étais en chasse d'un quelconque gibier pour manger, je suis tombé sur un groupe de brigands affairés sur un chariot de vivres provenant du Labret allant vers Marbrume. Les personnes qui menaient le chariot à l'origine étaient soit mortes, soit en fuite et les brigands se servaient. C'est imbéciles avaient tendu un piège ayant brisé l'une des roues de l'engin et devraient maintenant se contenter de ce qu'ils pouvaient porter dans leur bardât. Cela étant dit, une fois qu'ils auraient terminé, ils seraient contraints d'abandonner le restant, une aubaine pour moi. Sauf que, les Trois n'étaient pas avec moi ce jour là, pas plus que les autres jours d'ailleurs.
Après leur départ, je m'étais approché et avait commencé à remplir ma sacoche de légumes. Malheureusement, trop concentré sur ma tâche, j'avais omis de rester attentif à mon environnement et ne les avais pas entendu revenir. Ce n'est que lorsque l'un d'eux hurla pour alerter les autres que je me retournais dans un bond, l'épée déjà sortie. S'en suivit un affrontement féroce et parfaitement inutile. Sur la quantité de marchandise, je n'en prenais que peu, ce qui ne leur aurait pas manqué. Ils tenaient cependant à m'éventrer, ce qui ne me convenait que moyennement. J'en tuais trois, en blessais deux autres qui fuirent avec les rescapés. Après avoir décapité les trois cadavres, je m'aperçue avec horreur qu'une belle entaille m'avait été offerte au côté. Le bandit avait eu de la chance, sa lame était passée exactement sous ma cuirasse de cuir, me lacérant le flanc en profondeur. Ma tunique noire était déjà trempée alors que les première gouttes de pluie annonciatrices de l'orage à venir s'écrasaient sur mon crâne.
Hmmggff!!!
Je ramassais ma sacoche que je passais en bandoulière et rabattais ma capuche sur ma tête avant de prendre, chancelant, la direction d'une mine abandonnée. Je savais cette dernière régulièrement utilisée par la milice, mais je n'avais pas observé de mouvement de l'après-midi. Me cognant d'arbre en arbre, sentant le sang couler malgré la main avec laquelle je faisais pression pour endiguer le flot, j'avançais. Bientôt, ce furent des seaux d'eau qui tombèrent des cieux. Dans un roulement de cavalerie montant à la charge, un coup de tonnerre déchira la cime des arbres. Les éclairs s’enchaînèrent bientôt dans autant d'étoiles filantes strillant le ciel de leur menaçantes ombres.
Blong! ... Mais la porte est fermée et une personne à l'intérieur demande une identification. Je déglutis difficilement de l'effort avant de plaquer une main sur la porte.
Un vagabond solitaire et blessé par un coup d'épée. Je suis seul et personne ne m'a suivi pour l'heure.
Je pris une grande inspiration.
Ouvrez, je vous donne ma parole que rien ne vous sera fait.
Je fus pris d'une quinte de toux sanguinolente. |
| | | Élisabeth BlanchevigneCoutilier
| Sujet: Re: Tonnerre et malédictions [PV Eric] Mar 17 Mar 2020 - 21:22 | | | Un piège? Une bien drôle de réponse à laquelle elle ne s'attendait pas vraiment. Les seuls voyageurs qui parcouraient les étendues redevenues sauvages mourraient souvent bien vite, surtout seuls. Ils existaient, mais elle avait bien plus de chances de tomber sur un banni qu'autre chose à vrai dire. Était-il vraiment blessé? La milicienne s'avança, désencocha la flèche et replaça son arc dans son dos. Il ne lui serait d'aucune utilité. La main sur la garde de son épée, elle s'apprêta à le questionner.
La quinte de toux qu'elle entendit accompagné d'un gémissement de douleur lui faisait dire qu'il ne mentait sûrement pas. Ou bien qu'il était bon acteur.
« Très bien. J'ouvre, mais pas de gestes brusques. »
La milicienne s'avança alors, enleva la planche barricadant l'entrée, avant d'ouvrir la lourde porte en bois, d'une main. L'autre était bien entendu sur la garde de son épée. Elle observa rapidement ce visiteur inattendu, prête à bondir en arrière au moindre geste vif. De sa part ou bien de quoi que ce soit d'embusqué dans un fourré proche.
Elle remarqua effectivement qu'il était blessé, assez pour que sa tunique s'en retrouve souillée malgré l'eau qui ruisselait sur lui. La milicienne avait été rincée par cette averse, et n'avait pas encore complètement séché.
« Entre. » déclara-t-elle simplement tout en ouvrant la porte encore plus. Dans son dos, une torche brûlait sur son attache, dispensant une luminosité faible et tamisée. Le seul problème de cette mine était qu'il était impossible d'y faire un feu simplement parce-qu'avec le temps, l'aération fort rustique était devenue défaillante et que la fumée ne s'échappait pas. Juste une torche ne poserait pas de souci mais cela ne tiendrait chaud à personne et ne les aiderait pas à sécher.
Elle referma bien entendu la porte et la re-barricada comme avant, gardant tout de même un œil méfiant sur lui. Elle ne lui faisait aucunement confiance et si cela se trouvait, cette blessure était due à un milicien. C'était peut-être un banni, le seul survivant d'un raid de convoi échoué. Peu de chances qu'il ai été blessé par un fangeux ou bien il n'aurait pas été là.
Dans la semi-pénombre qui régnait dans ce lieu, avec la pluie tambourinant à l'extérieur et l'orage grondant, la milicienne observait ce visiteur inattendu. Des questions elle en avait une foule.
« Qu'est-ce-qu'il t'es arrivé? Il faut épancher le saignement. Moyennement envie de me retrouver avec un cadavre sur les bras dans cette situation. » demanda-t-elle simplement, son regard émeraude acéré luisant et miroitant les reflets des flammes de la torche, alors que sa main relâchait enfin le pommeau de son arme. Il n'avait pas l'air bien menaçant, et était bien blessé. Peut-être un banni, mais tous n'étaient pas les dernières des raclures non plus. Peut-être simplement un mordu... |
| | | Eric LaporteVagabond
| Sujet: Re: Tonnerre et malédictions [PV Eric] Mer 18 Mar 2020 - 0:29 | | | Une mise en garde se fit entendre. L'occupante acceptait d'ouvrir la porte pour que je m'abrite.
Quelques secondes de battement et enfin, j'entendais la poutre de verrouillage glisser hors de son emplacement. Je me tenais, avachis contre le chambranle lorsque la porte s'ouvrit lentement. Je lui laissais alors le loisir de m'observe avant qu'elle ne me fasse entrer. L'orage grondait, fort et puissant, les éclairs étaient éblouissants, zébrant le ciel de voluptueuses déchirèrent. Mais je ne pouvais m'attarder. J'entrais donc, laissais une fine traînée d'eau et de sang sur la roche avant de m'écrouler contre la parois, sous la torche. La seule fois où j'avais osé faire un feu, je m'étais enfoncé profondément dans les conduits de la mine, jusqu'à une sorte de caverne haute de plafond. En faire un ici reviendrait à se condamner à mort par suffocation. Je grognais.
Merci à toi!
Puis j'entamais de retirer ma cape trempée que je posais au sol, bientôt rejoins par mon arc, mon carquois et mon épée. Je sortais un petit couteau d'une de mes guêtres et la posais sur le reste. Pendant ce temps, mon hôte verrouillait la porte pour nous éviter toute surprise. Lorsqu'elle se tournait vers moi, je ne lui lançais pas un regard. J'entendais ses questions et suggestions mais j'étais aux prises avec ma cuirasse de cuir. Impossible, je n'arrivais pas à la retirer. Ma blessure m'empêchait de me tourner assez pour atteindre les attaches sur le côté. Je soulevais cuirasse et chemise comme je pus avant de presser fortement un pan de ma cape sur ma large blessure.
Tombé sur des bandits. J'ai pris un coup d'épée.
J'avais le souffle court du à l'effort fournis pour rejoindre cet abris. J'arrachais ma besace et la laissais tomber au sol avec le reste, libérant complètement mon armure. Cela ne résolut en rien mon problème. Je n'arrivais pas à atteindre ces fichues attaches. Prenant appui sur la parois de pierre, je me redressais, penché vers l'avant sous le coup de la douleur. Je levais les yeux vers elle, le visage trempé de flotte.
S'il te plais, je dois enlever ce plastron.
Je poussais un gémissement de douleur, manquant de retourner au sol. Le plastron à moitié défais d'un côté et pas du tout de l'autre, j'avais des vertiges et me sentais chanceler. Brusquement la torche n'éclairait plus rien. A moins que j'ai fermé les yeux? Il me semblais qu'une vive douleur, jusqu'à lors inexistante, me vrillait le crâne maintenant. Ah! Bon, ben j'ai compris. Je viens de m'effondrer, me cognant le front contre la parois avant de finir le nez dans la poussière. Je n'ai pas perdu connaissance, je suis juste complètement vidé de mon énergie, ayant perdu pas mal de sang. J'espère que la milicienne va m'aider, sinon, je suis foutu. ... ...... Bon sang! Une milicienne! |
| | | Élisabeth BlanchevigneCoutilier
| Sujet: Re: Tonnerre et malédictions [PV Eric] Mer 18 Mar 2020 - 13:09 | | | La milicienne vérifia que la porte était à nouveau bien verrouillée. Le bois massif détrempé d'un côté restait encore assez solide pour ne pas attirer de fangeux à priori... peut-être pas assez pour résister aux assauts répétés d'une de ces créatures si elle avait flairé l'odeur du sang.
Alors qu'elle reporta son attention sur l'homme qui était au final honnête, fort heureusement, elle pu constater malgré la semi-pénombre qu'il était mal en point. Fébrile, il avait posé ses affaires trempées, avait du mal à se débarrasser de son plastron, et il finit par vaciller, bien trop loin pour que la milicienne ne puisse intervenir. Il avait perdu beaucoup de sang, et lui quémandait d'ailleurs de l'aide.
Un petit tic sur son expression, bref. Elle n'avait plus trop de raisons de s'inquiéter face à un homme mourant. Et elle avait même tout intérêt à l'aider. Elle s'avança, avant de s'agenouiller près du voyageur maintenant à terre. Enlevant son armure, la jetant un peu plus loin sans perdre trop de temps, et sans dire un mot, elle examinait les dégâts. Et c'était pas beau à voir.
Elle releva ensuite sa tunique sous son armure. La milicienne n'était pas douée en premiers soins, bien qu'elle avait assez de logique et de pragmatisme pour essayer de se débrouiller.
Un frottement métallique se fit entendre alors que sa lame scintilla dangereusement à la lueur de la torche. Avait-elle jugé qu'il n'y avait rien à faire? Pourtant la lame ne se porta pas vers l'homme blessé mais bien vers sa cape trempée, où elle découpa un bon bout du tissu. Le bon état de ses vêtements était bien secondaire. Néanmoins, ce bout de tissu était inutilisable pour bander la plaie : bien trop sale et en mauvais état. Non, elle avait une tout autre utilité pour lui. Et elle ne lui demanda pas son avis.
« Ça va faire mal. Et j'ai pas envie qu'une saloperie ne vienne gratter à la porte. Alors, désolée. » s'excusa-t-elle tout en plaçant le tissu au niveau de sa bouche tout en formant un bâillon. Qu'elle ne se gêna aucunement pour serrer bien fort, le rendant alors quasi-muet. Elle n'avait pas trop le temps pour les longues explications délicates, qui n'étaient de tout de façon plus tellement son genre.
Elle se saisit ensuite de la torche, un petit air désolé sur le visage. Il fallait arrêter l’hémorragie, et elle ne voyait pas vraiment d'autres moyens. Elle posa donc la flamme sur la plaie sanguinolente, brûlant les chairs et cautérisant la plaie alors que le bâillon semblait faire son office de limiter ses cris à un minimum. La milicienne n'avait aucune idée de comment bien le faire, mais dés que le saignement était stoppé, elle reposa alors la torche sur son support, et examina son travail avec un air légèrement dégoûté.
C'était pas beau à voir, et l'odeur qui s'en était échappée, même si pas horrible, était plus que désagréable lorsque l'on en connaissait la provenance.
Se baissant à nouveau, elle le débarrassa ensuite de son bâillon... Le plus dur était passé.
« Je t'ai pas dis, mais c'est la première fois que je fais ce genre de truc. Mais je l'ai déjà subi, donc c'est déjà ça. Non? Mais maintenant c'est trop tard pour t'inquiéter, au moins ça saigne plus. » déclara-t-elle avec une petite pointe d'ironie. De tout de façon il n'avait pas le choix, elle était bien la seule en mesure de le soigner. Ce qui était bien malchanceux de sa part.
« Sinon, je m'appelle Élisabeth. Qu'est-ce-qui t'amène dans ce coin perdu? » déclara-t-elle alors, ne se gênant pas pour enlever son veston verdâtre à son tour. La partie basse de celui-ci était assez sec et propre. Elle passa la torche proche de celui-ci pour finir d'enlever les quelques traces d'humidité sans y mettre le feu, puis coupa dans son vêtement à son tour pour avoir de quoi bander cette vilaine plaie. Puisque les siens étaient inutilisables. Dans le même temps, elle essayait de lui parler, engager la discussion. Zephyr avait fait de même pour elle à l'époque afin qu'elle garde conscience donc elle supposait que c'était comme ça que ça fonctionnait.
Elle se rapprocha ensuite, le tissu en main, laissant son veston maintenant inutilisable derrière elle. Seul un haut bien plus fin couvrait le haut de son corps. Il avait été épargné par la pluie, en grande partie. Mais le tissu lui avait semblé bien trop mauvais pour faire un bandage. Et puis, il fallait bien qu'elle reste un minimum habillée, surtout vu la température.
Elle s'appliqua ensuite à faire un bandage avec ses maigres connaissance afin de recouvrir la plaie. A voir si ça allait fonctionner ou pas.
« Tu devrais t'en tirer. » assura-t-elle alors. En fait, elle n'en savait absolument rien.
Mais même si elle ne le connaissait pas et malgré son ton plus calme que de raison, elle espérait que ce soit le cas. |
| | | Eric LaporteVagabond
| Sujet: Re: Tonnerre et malédictions [PV Eric] Jeu 19 Mar 2020 - 10:30 | | | Je grognais lorsqu'elle s'approcha pour tirer sur les attaches de mon plastron. Elle en vient rapidement à bout et je sentis ma cage thoracique se détendre, libérée de l'armure. Je poussais un gémissement lorsqu'elle souleva ma tunique pour jeter un oeil à ma blessure, me cambrant sous la douleur. Je la vis faire une moue de dégoût alors qu'elle se redressait. Elle sortais sa lame. Danger? J'essaye de me redresser. Impossible.
Elle découpe un pan de ma cape avant de reposer les yeux sur moi. Pauvre chose agonisante. Elle me prévient alors que cela risque de faire mal sans m'en dire plus avant de me fourrer le tissu épais dans la bouche. Le coton est trempé et un goût de terre se répand dans sous mon palet alors qu'elle attache le bâillon autour de ma mâchoire.
Je la vis alors prendre la torche, ouvrant des yeux ronds. Oui, évidemment qu'elle allait en arriver là. Pas le choix lorsque l'on est coincé dans une vieille mine. Pas le choix face à une pareille blessure.
Je serrais les dents, attendant le contact brûlant et lorsqu'il survient, accompagné d'un crépitement sinistre, je poussais un hurlement de douleur. En grande partie étouffé par le bâillon, masqué en grande partie par l'orage, on ne du pas trop m'entendre à l'extérieur de la mine. J'eu l'impression que cela dura une éternité avant qu'elle n'éloigne finalement la torche. Une odeur âcre de chaire brûlée stagnait dans la caverne, j'avais le visage trempé de larmes et toute énergie semblait m'avoir fuit.
Elle me retira le tissu de la bouche et reposa la torche. Lorsqu'elle me parla de nouveau, percevoir ses mots était difficile. Un bourdonnement incessant résonnait dans mon crâne tandis que je compris que j'étais le premier à recevoir un tel soin de sa part. En d'autres circonstances, j'aurais sans doute haussé les épaules, pas là. Elle me donna son prénom que j'eu grande peine à entendre avant d'enlever sa tunique, dévoilant son ventre et une bande de tissu fin dissimulant ce qu'il ne fallait voir. Elle déchira un morceau de sa chemise et s'approcha en abandonnant le reste du vêtement. Je sentais ses doigts frais frôler mon ventre alors qu'elle appliquait au mieux un bandage de fortune en vue de protéger la brûlure de cautérisation.
Je suais à grosses goutte, grognant de douleur au contact du tissu et ce malgré la douceur dont elle essayait de faire preuve. Mais je pense qu'elle à raison, je devrais m'en tirer. Je vais passer deux jours très désagréables le temps que la plaie cicatrise un minimum pour me permettre de me déplacer. Entre douleurs et démangeaisons, le quotidien à venir ne va pas être rose. Parce qu'il à déjà été rose un jour pour moi? Non, pas dans cette vie en tous les cas.
Au prix d'un effort considérable, je retirais ma propre tunique détrempée et me redressais contre la parois. Un frisson me traversa l'échine et une douloureuse décharge électrique me traversa le flan. Je me saisi de la main de la jeune-femme que je tirais un peu à moi dans un grondement déformé.
Eric! Je...Froi...
Et de mordre la poussière de nouveau, me recroquevillant contre la pierre froide de la mine, à la lueur faiblarde d'une torche, la main d'Elisabeth fermement serrée dans la mienne, je sombrais. |
| | | Élisabeth BlanchevigneCoutilier
| Sujet: Re: Tonnerre et malédictions [PV Eric] Jeu 19 Mar 2020 - 13:37 | | | « Eric! Je...Froi... »
Le visage de la milicienne se glaça, soudainement teinté d'une expression oscillant entre la peur et la panique. Sa main serrait la sienne alors qu'il semblait s'accrocher à la vie. C'était un peu comme si elle venait de voir un fantôme. Son cœur se vrilla, sa gorge se noua, la rendant incapable de prononcer le moindre mot alors que sa main serrait soudainement plus fortement la sienne. Prise de petits tremblements, c'était soudainement comme si la plus affectée par tout cela était Élisabeth. Comme si le mur qu'elle avait construit pour s'isoler du monde extérieur de la réalité venait soudainement de voler en éclats.
Ce n'était pas son état qui l'avait mise dans cet état là. Plutôt sa dernière phrase, prononcée avec difficulté, qui résonnait encore dans son esprit. Et elle se sentait soudainement vulnérable. Extrêmement vulnérable. Elle avait vu bien assez de misère dans sa carrière de milicienne pour en finir presque blasée. Mais là, peut-être par un heureux hasard, il l'avait ré-humanisé.
Et elle n'était pas sûr d'apprécier vu la nausée qu'elle subissait en ce moment. Et un petit vent de panique se leva alors qu'il ferma les yeux, sa main perdant toute force. Elle serra plus fort.
« E..Eric! Restes là! Pars pas! Restes réveillé! » enchaîna-t-elle un peu paniquée sans avoir la moindre réponse. La milicienne regarda autour d'elle, paniquée. Elle n'avait aucune idée de comment s'occuper d'un blessé. Surtout si il venait de perdre connaissance devant elle. Était-il en vie? Oui, il respirait, difficilement.
Fébrile, la brune reposa la main du blessé sur la pierre froide, avant de légèrement réajuster sa position vers quelque chose d'un peu plus confortable... Du moins elle espérait. Elle avait envie de crier, d'appeler à l'aide. Mais elle savait pertinemment que seul le tonnerre ou la mort allaient lui répondre. Elle posa alors son gilet déjà rapiécé sur le blessé inconscient qui était d'une pâleur cadavérique.
L'air froid et sec de la mine commença d'ailleurs à l'assaillir mais il en avait plus besoin qu'elle. Elle ne pouvait pas se permettre d'utiliser les affaires trempées d'Eric pour le moment. Alors elle chercha désespérément une solution, les plaçant près de la torche qui était un moyen bien insuffisant pour cela.
Elle trouva bien quelques légumes dans la sacoche du vagabond, empilés à la hâte. Pas d'autres solutions qu'attendre... Alors, dos à une paroi en pierre froide, elle se laissa glisser jusqu'à se retrouver assise sur le sol froid et inconfortable, avant de relever ses genoux jusqu'à son menton et de se recroqueviller. Quel genre de monstre froid et sans cœur était-elle devenu? Quand avait-elle décidé de s'éloigner des principes qui l'avaient faite rejoindre les rangs de la milice? N'était-ce que la souffrance de tous ces morts qu'elle ne pouvait que garder pour elle qui l'avait corrompue jusqu'à la moelle?
* Pas mieux qu'un fangeux... Tu ne vaux pas mieux qu'un fangeux Élisabeth...* pensa-t-elle ainsi, tout en tremblotant dans son coin. Elle avait froid, décida d’entamer sa ration pour arranger un petit peu sa faim, mais c'était le cadet de ses soucis alors que l'orage s'était éloigné pour laisser place à une pluie diluvienne qui continuait d'accompagner ses pensées. Le soleil ne tarda pas non plus à décliner derrière l'horizon alors que la nuit venait de tomber sur le royaume, apportant avec elle cette fraîcheur caractéristique des nuits de fin d'automne.
Grelottante, la milicienne contrôla plusieurs fois l'état du blessé... Toujours en vie. Mais pour combien de temps? Une fois ses affaires assez sèches, la milicienne en profita pour confectionner un petit lit en tissu sur le sol en pierre, avant d'essayer de délicatement déplacer Eric dessus, le couvrant ensuite encore un peu plus. Il était toujours aussi pâle, et la milicienne était toujours aussi inquiète. Mais le mieux à faire était encore qu'elle le laisse se reposer, bien couvert...
Épuisée et frigorifiée, au milieu de la nuit, elle déposa sa gourde à moitié vide sur le sol pour que le voyageur puisse alors se servir. Et, complètement gênée et inconfortable à cette idée, elle se glissa à côté du blessé, dos contre dos, histoire de tenter de récupérer un petit peu de chaleur avec ces draps improvisés. Peut-être était-ce encore le meilleur moyen de survie, à tous les deux.
Il s'en fallu tout de même de quelques heures avant que la fatigue ne finisse par l'emporter sur sa gêne alors que la température était enfin devenu supportable sous cette protection de fortune... Et la milicienne s'en alla dans les bras de Morphée à son tour, non sans avoir vérifié une dernière fois qu'il n'était pas encore mort...
Car elle n'avait aucune envie de se réveiller à côté d'un cadavre.
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| | | Eric LaporteVagabond
| Sujet: Re: Tonnerre et malédictions [PV Eric] Jeu 19 Mar 2020 - 17:15 | | | Quelques vrombissements sonores me parvinrent, je sentais que l'on écrasait ma main, que l'on me déplaçait sans vraiment percevoir ce qu'il m'arrivait. Puis tout devient noir, froid et toutes sensations m'échappa. Les ténèbres m'emportèrent.
J'ouvris péniblement les yeux, sentant mon flan me tirailler, m'électrisant dans une vive douleur. Je me sentais vaseux en plus de la souffrance, j'étais légèrement égaré, ne sachant plus vraiment où j'étais. Mon esprit finit par réussir à recoller les morceaux lorsque j'aperçue la torche accrochée à une parois de pierre. J'étais donc toujours dans la caverne, percevant qu'une pluie torrentielle s'abattait à l'extérieur, plus fortement encore qu'à mon arrivée. Le pansement à mon ventre semblait faire son office, la plaie n'avait en effet pas tâché ce qui me tenait lieu de couverture. La milicienne m'avait donc installé? Je ne me souvenais de rien et j'avais horreur de cela.
Ce n'est qu'en pensant à la femme qui m'avait ouvert et qui s'était occupée de cautériser ma blessure, que je sentis une douce chaleur, irradiant dans mon dos. Un frisson me parcourue alors que ma gorge me brûlait. Avisant une gourde non loin, je me redressais en gémissant pour m'en saisir. J'avalais quelques lampées avant de reposer le contenant. Cette brève exposition à l'extérieur de notre lit de fortune suffit à me faire dresser les poils et à proférer un grognement.
J'eu une brève hésitation, liée à ma condition de déserteur. Il me restait cependant assez de capacité de réflexion pour résonner. A moins qu'un signalement n'ai été fait de moi, ce dont je doute, ou qu'elle ne me connaisse, il n'y avait aucune raison pour qu'elle sache que j'avais quitté la milice sans en demander l'autorisation. J'en conclus donc que je ne risquais finalement rien du moment que je ne parlais pas de cela.
Le temps de cette réflexion, je frissonnais et aperçue la jeune-femme faire de même dans son sommeil. Je ne m'attardais pas sur son semblant de nudité partiel, puisque c'était avec sa tunique qu'elle m'avait fait le pansement. Je me glissais donc de nouveau sous la cape, revenant me coller contre elle. Nous n'avions aucun équipement pour passer correctement une nuit pareille et l'orage avait fait tomber les températures tant à l'extérieur qu'à l'intérieur de la mine. Je me tournais face à la demoiselle afin de réajuster la cape sur son épaule avant de m'assoupir brusquement d'épuisement.
Un profond grelottement me parcourue, me faisant faiblement fermer la main sur l'épaule d'Elisabeth alors que mon nez vient s'écraser entre ses omoplates.
Si pas de danger avec elle...Alors sécurité!
Mon esprit divaguait entre douleur et épuisement, et la dernière pensée que j'eu avant de sombrer de nouveau fut que sa peau, au delà de l'odeur de poussière, sentait bon mais que ma cape elle, puait. |
| | | Élisabeth BlanchevigneCoutilier
| Sujet: Re: Tonnerre et malédictions [PV Eric] Dim 22 Mar 2020 - 16:04 | | | La fatigue avait été bien trop forte, et c'est dans une drôle de torpeur qu'elle commença à se réveiller. Le sommeil n'avait pas été agréable, encore moins réparateur. Malgré l'amas de tissus et autres tentatives, dormir sur la pierre froide sans aucun matériel digne de ce nom garantissant de se réveiller avec au moins un petit mal de dos ou la moitié du corps un peu bloqué.
Dans son sommeil, elle s'était retrouvée finalement sur le dos. La milicienne entrouvrit les yeux. La torche éteinte et la porte barricadée, l'endroit était plongé dans un noir quasi-complet. Seul un discret filin de lumière filtrait sous la porte, signe du jour qui s'était relevé.
Mais une drôle de sensation la fit frissonner. Un fourmillement dans son cou, comme un souffle, quelque chose de posé sur son épaule. Une main... Un visage... Quelques secondes le temps que son esprit embrumé ne réalise.
Un nouveau frisson lui parcouru l'échine alors que ses joues se teintèrent d'un rouge bien invisible dans l'obscurité. Elle n'avait plus particulièrement froid au visage - mais c'était la dernière de ses préoccupations. Surtout qu'elle avait bien perdu la moitié de son haut pour lui faire un bandage. Bien trop gênée, la milicienne se glissa le long du sol froid et ne retint pas un petit gémissement bien inconfortable alors qu'elle sentit sa peau entrer en contact avec la pierre froide et inhospitalière de la mine. Ce qui la fit regretter sa décision presque immédiatement.
Elle l'avait senti respirer. Il était encore vivant, fort heureusement. Le contraire aurait été bien moins gênant mais beaucoup plus traumatisant...
Mais voilà qu'elle se retrouver à nouveau aux prises avec un froid, certes bien moins mordant, mais plutôt inconfortable. Et, surtout une cécité presque totale malgré ses yeux habitués à l'obscurité. Il n'y avait simplement pas assez de lumière et n'avait aucune idée d'où étaient ses affaires, dont sa gourde, et sa demi-ration restante... A y réfléchir, elle n'était pas si mal lotie que cela sous les couvertures.
Tout en trébuchant sur les aspérités de la roche, son pied finit par trouver la gourde, et elle manqua de peu de tomber, se rattrapant in extremis avant de se saisir de l'objet qu'elle aurait juré plus rempli lorsqu'elle l'avait déposé. A un autre endroit, en plus. Mais peu importait, elle avait soif. Elle en enleva le bouchon avant d'y porter ses lèvres. L'eau était bien fraîche. Ce qui n'était pas le plus agréable. Mais en l'état, impossible de faire une infusion...
Son attention se redirigea vers la porte. La lumière qui filtrait difficilement sous celle-ci semblait bien pâle. Le ciel était encore couvert, il semblerait. Pas la pire des situations, mais, avec un blessé grave sur les bras, cela restait une très mauvaise idée.
Elle retourna la tête en entendant du mouvement sous les couvertures improvisées. Croisant ses bras autour de sa taille pour se tenir un minimum chaud elle-même, frottant légèrement, elle demanda d'une voix hasardeuse, légèrement grelottante et fatiguée...
« E..Eric? Tu vas bien? Ta blessure..? »
Elle espérait que oui. L'eau commençait à manquer, et elle n'avait plus qu'une demi-ration dans ses affaires... Et depuis son demi-repas de la veille... Cela ne s'était pas vraiment arrangé. Bien au contraire. Il fallait rejoindre Najac au plus vite pour se réapprovisionner. Ou bien elle devrait essayer de chasser et de trouver une source proche... Sauf si Eric avait encore quelques provisions sur lui. Dans tous les cas, elle devrait peut-être essayer d'allumer une nouvelle torche, mais, dans le noir complet, il allait falloir ouvrir la porte.
|
| | | Eric LaporteVagabond
| Sujet: Re: Tonnerre et malédictions [PV Eric] Dim 22 Mar 2020 - 20:13 | | | Froid! Frisson! La chaleur me quitte! La douce moiteur n'est plus!
Est-ce la mort? Cette délivrence éternelle qui viendrait me tendre les bras? Est-ce elle qui m'appelle, d'une voix hésitante et grelottante? Mais s'il s'agit de la mort, la douleur à mon flanc ne devrait-elle pas avoir disparue? Ais-je mérité une éternité de souffrance après une existence de douleur?
Non! Ce n'est pas la mort! La mort ne respire pas. La mort ne produit pas de sons de friction pas plus qu'elle ne s'enquiert de mon état ou de celui de ma blessure. J'ouvre péniblement les yeux, seul sous la cape, face à l'espace vide et tiède laissé par Elisabeth. Seule est visible la parois de pierre. Je me retourne péniblement, la jeune-femme étant dans mon dos, émettant un gémissement de douleur. J'aperçois difficilement celle qui est aujourd'hui mon espoir, mon avenir.
Mes yeux s'accoutument à la pénombre, seulement éclairé par une raie de lumière filtrant sous la porte. L'air ambiant est froid et je l'entend grelotter. Ma sauveteuse a froid. Je me souviens de sa tenue de la veille, après qu'elle m'eu soigné. Un simple pan de tissu masquant le haut de son torse.
La douleur est toujours présente, cela signifie que je suis toujours en vie!
Je dis cela d'une voix rauque mais au moins est-elle assurée. Oui, j'ai toujours mal, mais j'en suis maintenant certain, grâce à elle je survivrais. Je me redresse douloureusement, prenant appuis mais finissant par me lever, m'enroulant dans la cape. Je marche en zigzag dans sa direction, elle n'est qu'à deux pas. Chancelant, j'ouvre les bras et viens enrouler la milicienne dans la cape encore gorgée de ma propre chaleur. Je me retrouve donc torse-nu et lui frotte le dos quelques instants.
Prenons nos affaires, plus au fond de la mine il y a un endroit où il est possible de faire un feu sans suffoquer.
On m'a parfois demandé ce que m'apportais ma condition de vagabond. En plus de mon passé tortueux et torturé, cela m'a apporter un semblant de résistance tant au froid qu'à la fatigue et à la douleur. Je pris une grande inspiration et, m'appuyant à la parois, je ramassais ma tunique et ma sacoche. Mes armes peuvent restées ici, je ne pourrais de toute façon pas m'en servir. Je récupérais simplement mon couteau. Fouillant dans ma besace je sortais de derrière deux fruits, une lame à feu. Passant mon sac à mon épaule et me saisissant de la torche, je me retrouvais brusquement à quatre pattes au sol, poussant un grognement de fatigue et de douleur. Il me fallut un effort terrible pour réussir à racler la lame métallique à mon couteau, produisant des étincelles qui allumèrent la torche. Fourrant couteau et barre de fer dans mon sac, je ramassais la source de chaleur et la levais vers ma compagne d'infortune. A la lueur de la torche, je pus apercevoir brièvement son visage. La fatigue y était clairement visible, de même que l'inquiétude.
C'est ce moment que le ciel choisi pour nous assommer de nouveau. Un coup de tonnerre d'une terrible violence résonna furieusement dans la caverne, me faisant perdre l'équilibre de surprise. Les torrents de pluie ce firent de nouveau connaitre, nous interdisant toute sortie. Avec un peu de chance, il reste un peu du bois que j'avais laissé lors de mon dernier passage. Je me relève péniblement et tente un sourire.
Tu vas devoir m'aider à marcher.
Vous avez remarquez vous aussi que c'est la première fois que j'arrive à prononcer plusieurs phrases complètes à l'attention de la jeune-femme? Nous pouvons considérer qu'il s'agit là d'un signe positif non? |
| | | Élisabeth BlanchevigneCoutilier
| Sujet: Re: Tonnerre et malédictions [PV Eric] Mar 24 Mar 2020 - 17:27 | | | Peut-être qu'il avait été réveillé quand elle avait bougé... Mais elle ne pouvait pas non plus rester ainsi. C'était trop étrange mentalement, et, passé l'excuse de la simple survie, c'était peut-être bien trop. Surtout qu'elle ne le connaissait pas du tout. Il était juste venu jusqu'à sa planque, complètement blessé et aux affres de la mort, ils n'avaient pas vraiment eu le temps d'échanger quoi que ce soit.
La milicienne baissa les yeux dans la pénombre et soupira légèrement alors qu'elle observait sa silhouette bouger sans vraiment trop comprendre ce qu'il cherchait à faire. Si ce n'était qu'il n'avait pas l'air de passer un merveilleux moment.
« Mais, qu'est-ce-que tu fais? Tu n'as pas besoin de te faire du mal pour te sentir en vie tu sais... » rétorqua-t-elle alors ne voyant pas tellement ce qu'il se passait avant de le voir se relever, et, marcher, chancelant, vers elle. Ce qui la surprit assez fortement, surtout vu sa blessure de la veille. Mais il semblait tout de même faire de sacrés efforts.
« Qu'est-ce-que tu fais? Tu ne devrais pas marc... » commença-t-elle alors à protester avant de se retrouver enveloppée soudainement dans sa cape, ce qui eu le mérite de couper directement sa phrase. La milicienne se renfrognât un peu sur elle-même, tout en sentant un frisson d'inconfort parcourir tout son corps.
Elle avait peut-être bien plus peur qu'elle ne voulait bien l'avouer. Une année entière de paranoïa sans compter ses expériences passées qui la hantait et elle se retrouva dans une position bien inconfortable qui lui donna envie de le repousser. Ce qu'elle ne devait pas faire vu sa blessure et son geste qu'elle comprit rapidement comme n'ayant rien de méchant...
Et au final, avec la chaleur que cela lui importait, cela ne la dérangeait plus tellement que ça. Elle qui était devenue l'espace d'un instant une petite boule de nerfs prête à exploser arriva un minimum à se détendre et profiter du moment.
C'est aussi à peu près à ce moment qu'il la relâcha, pour tenter d'allumer une nouvelle torche. Laissant la jeune femme pantoise. Il avait pris la tête de la situation bien rapidement, habitué à survivre il semblerait... Même si elle n'avait aperçu aucun tatouage ni tentative de le dissimuler. Et il avait l'air de connaître les lieux aussi alors qu'il n'avait pas l'air d'être de la milice.
Elle secoua la tête peu de temps avant que la lueur d'une nouvelle torche ne se mette à éclairer les murs en pierre austères de l'endroit, pour reprendre ses esprits. A sa remarque et sa demande d'aide, après l'avoir vu crapahuter ainsi partout malgré le retour de l'orage qui était inquiétant, la milicienne roula des yeux.
« T'as l'air de bien réussir à crapahuter aux quatre coins de la mine sans mon aide depuis avant pourtant. » ironisa-t-elle alors qu'elle avait bien vu à quel point il avait eu du mal. Elle était presque intervenue pour l'aider à tenir debout, mais elle était un poil trop loin pour cela de tout de façon. Il était amoché, et pourtant il semblait déterminé à faire des choses dont la milicienne aurait très bien pu se charger.
Ou bien ses mots n'étaient pas complètement de l'ironie mais aussi une excuse pour ne pas avoir à se resserrer contre? Non pas que c'était désagréable mais plus que c'était extrêmement gênant. Et que ça lui rappelait Eric. L'autre Eric.
Mais sans son aide, il n'irait de tout de façon pas bien loin, elle s'approcha à son tour, passa un de ses bras au-dessus de son épaule... Et réalisa que c'était assez peu efficace vu la différence de taille qui les séparait. Enfin, c'était mieux que rien... Elle pouvait difficilement faire mieux de tout de façon. A moitié contre lui, elle commença donc par avancer, à son rythme.
« T'as l'air de bien connaître les lieux. Il y aura du bois là bas? Tu y viens souvent? » demanda-t-elle comme si de rien n'était. Bien entendu... aussi perturbée soit-elle, elle n'avait pas perdu toute sa tête. Cet endroit était fréquenté par la milice mais il y avait trente moyens différents grâce auxquels les gens du Labret pouvaient être au courant de cet endroit. Pas de quoi formuler des conclusions, mais déjà assez pour lui donner une piste sur qui il était vraiment.
|
| | | Eric LaporteVagabond
| Sujet: Re: Tonnerre et malédictions [PV Eric] Mar 24 Mar 2020 - 19:17 | | | Elle compris visiblement de travers ma remarque sur le fait que j'avais mal. Je fis donc une précision, répondant à travers l'obscurité.
Je...Hmpf! Je ne fais pas exprès de me faire mal. C'était une..Tentative de plaisanterie mais je ne suis guère habile.
Elle proteste alors lorsque je me déplace vers elle, s'arrêtant nette lorsque je pose ma cape sur ses épaules. Je ne distingue que de rares mouvements tandis que je m'occupe de la torche, manquant de m'effondrer lorsque l'orage éclate. Je sais que je suis faible, épuisé, qu'elle pourrait s'en occuper. Mais il n'est pas dans ma logique de laisser faire autrui. Comment pourrais-je survivre si quelqu'un d'autre faisait à ma place,
Lorsque je lui demande de l'aide pour marcher, la jeune milicienne me parle sur un ton moqueur. Il semblerait que je me déplace suffisamment bien tout seul. Je me prépare donc à lui répondre que ce n'est pas grave, que je me débrouillerais mais elle ne m'en laisse pas le temps, venant me prendre par l'épaule. Je me redresse donc sur son appuis et nous nous mettons en route. Elle est coller contre mon flanc intact et nous avançons clopin clopant tandis que je boite et qu'elle me fait béquille. Je pousse plusieurs grognements tandis que nous nous enfonçons dans la galerie. Mis à part mes protestations, nous le faisons en silence jusqu'à ce fasse une remarque suivie d'une question. Je demeure silencieux un petit moment, un peu comme si je ne l'avais pas entendu. Entre l'effort, la douleur et, malgré tout mon appréhension quand à son statut de milicienne.
Au bout de quelques minutes, nous arrivons dans un espace bien plus haut et bien plus large que le reste de la mine. L'aspérité de l'endroit métamorphosait le long couloir qui nous abritait jusqu'à maintenant en un vaste hall. Vers la droite de cette voûte naturelle, une faille peu profonde était pleine d'une eau pure provenant des entrailles de la terre. Sans un mot, je pointe du doigt un gros rocher sur la gauche, au pied duquel se trouve les restes d'un feu. C'est dans un couinement que je me laisse aller contre le rocher, libérant la jeune-femme de mon poids. De nouveau, je lève un doigt et montre une sorte d’alcôve.
Normalement, là-bas il y a du bois sec.
Je respire douloureusement, ferme les yeux et pose la tête à la roche.
Pour te répondre, je suis déjà venue deux ou trois fois ici oui. Je vagabonde dans les parages depuis quelques mois et ce genre d'endroit est typiquement le genre d'abris sûr et efficace. En général cependant, je surveille que personne n'y soit avant de venir. Je sais que tes semblables y passent régulièrement et j'aime autant ne pas ... venir vous déranger.
Oups! La douleur fait dire des bêtises! Attention, trop parler!
Brusquement, je m'aperçois que nous avons laissé à l'entrée de la mine non seulement mes armes mais également tous les vêtements utilisés pour dormir. La lassitude me prend. Une douleur se fait sentir dans mes tempes et derrière le front. C'est aiguë. Je me redresse donc en grondant pour venir m'appuyer face au rocher, posant le front contre la pierre. Que mon dos soit visible, exposant les nombreux sillons de mes vieilles blessures, les meurtrissures de mes chairs, récoltées par les nombreuses violences que j'ai subit, je n'y pense même pas. Je n'aspire pas à grand chose. Un bon feu et du sommeil. La douleur à mon flanc et dans mon crâne, sourdes et vives. Je gémis, haletant contre la pierre. |
| | | Élisabeth BlanchevigneCoutilier
| Sujet: Re: Tonnerre et malédictions [PV Eric] Lun 30 Mar 2020 - 13:40 | | | Il faut croire que lui non plus n'avait pas saisi sa remarque. Pas si étonnant, son ton avait été neutre et dénué de toute note d'humour à l'entendre. Comme bien souvent, elle avait gardé une petite répartie mais elle était souvent froide et sans âme. La milicienne soupira légèrement. Mieux valait toujours ne pas répondre à cela.
Une fois arrivée à destination, il lui indiqua la direction probable d'une petite pile de bois sec vers laquelle elle se dirigea donc. Ils étaient bien enfoncés dans la mine maintenant et son atmosphère claustrophobique lui rappelait un peu Marbrume, en peut-être même pire. Et elle n'aimait pas vraiment cela.
Avec la pâle lueur vacillante de leur torche, elle pouvait apercevoir quelques conduits naturels ici ou là semblant remonter jusqu'à l'air libre. Des gouttes d'eau tombaient parfois du plafond ici ou là, laissant des petites flaques croupir dans les aspérités de la roche. Trouver un endroit sec et loin des gouttes était particulièrement facile, et ces petits conduits leur laissait aussi allumer un feu puisque la fumée pouvait alors s’échapper.
La milicienne écoutait alors tout en ramenant le bois puis l'empilant dans un âtre éteint depuis maintenant longtemps. Un habitué, en quelques sortes. Il semblait connaître les lieux, mais n'y semblait pas particulièrement lié. Ni à ce lieu, ni à Najac à quelques kilomètres de là.
Néanmoins il ne semblait pas particulièrement apprécier les miliciens, et préférait même les éviter. Peut-être en avait-il un peu trop dit? Élisabeth releva le regard vers lui, aperçu son dos. Dessus était inscrit à même la peau dans un entrelacement de cicatrices effrayantes une histoire qui n'avait pas l'air d'avoir été particulièrement tendre. Mais surtout, un dos qu'elle était presque sûre d'avoir déjà aperçu à la caserne. Sans être particulièrement célèbre, pas mal de gens en parlaient et elle avait eu l'occasion de le voir brièvement une fois. Même si c'était bien avant l'invasion, elle était encore une bleue à cette époque.
Depuis le temps, elle avait pensé qu'il était mort comme beaucoup d'autres.
Cela ne laissait pas beaucoup de place au doute : Il avait sûrement déserté. Une chose qu'Élisabeth ne suivait pas particulièrement. Ce n'était pas son genre de travail ni même une activité qui l'intéressait vraiment. Mais elle grimaça, même si elle ne connaissait pas son histoire. S'était-il fait passer pour mort? Sa coutillerie était-elle morte? Ou bien les avait-ils abandonnés? Était-ce simplement de la lâcheté? Il semblait au minimum courageux face à la douleur, mais vu son dos cette dernière devait sûrement être une vieille amie à lui.
« J'vais chercher plus d'affaires. Bouge pas. » déclara-t-elle alors d'un ton redevenu soudainement bien plus glacial. Elle avait besoin d'un peu plus de temps pour réfléchir. Que devait-elle faire? Il n'était pas spécialement dangereux. Du moins n'en avait pas l'air. Mais les règles de la milice lui demandaient de l'exécuter. Mais clairement elle n'en serait pas capable, surtout dans son état, blessé et affaibli, ce serait une expérience horrible pour elle. Après tout, elle pouvait toujours le livrer à ses collègues... Mais si elle gardait le silence, personne n'en saurait jamais rien non plus.
Elle ramassa quelques affaires, même si elle laissa ses armes. Et reprit le chemin inverse vers le blessé. Elle déposa tout cela à côté de lui avant de reculer de deux pas, et de s'asseoir en tailleur à côté du feu. Cela faisait du bien, avec la fatigue et les douleurs qui persistaient un peu suite à une nuit bien peu confortable à même la pierre ou presque...
La milicienne reporta son attention sur Eric. Et décida de lui poser une question, qui n'en était pas vraiment une. C'était bien plus une affirmation, une mention indiquant qu'elle avait deviné la vérité - ou bien qu'elle avait tout du moins une théorie sur ce qu'il était vraiment. Ou bien du moins sur ce qu'il a été par le passé.
« Tu étais déjà à la caserne, à Marbrume, n'est-ce-pas? »
Ces quelques mots cassèrent le silence de la mine. Et allaient peut-être en laisser place à un nouveau. Elle n'était pas pressée. Même s'il était de dos, elle étudiait sa réaction, et se tenait prête à une réaction peut-être extrême. Aurait-il peur s'il se savait découvert? |
| | | Eric LaporteVagabond
| Sujet: Re: Tonnerre et malédictions [PV Eric] Lun 30 Mar 2020 - 18:37 | | | Alors que je me tenais toujours contre le rocher, laissant la milicienne œuvre pour nous faire du feu, la douleur s’estompait petit à petit. Bientôt, je sentais la chaleur bienvenue des flammes dans mon dos, signe qu’elle avait bien trouvé le bois. De mon côté, je respirais lentement, cherchant à dompter la souffrance.
Elle m’annonça alors qu’elle allait récupérer les affaires restantes que nous avions laissés à l’entrée de la mine. Je ne prêtais pas particulièrement attention à son ton froid, mettant cela sur la fatigue que j’avais pu voir précédemment sur son visage. Pendant son absence, je finis par m’installer face au feu, adossé à la roche, la tête en arrière et les yeux clos. Je ne réagis pas lorsqu’elle revient et qu’elle posa nos affaires à mes côtés.
Je l’entendis s’installer, plus ou moins face à moi, puis un silence ce fit, prolongé. Une question fut posée, voilant à peine une certitude. Mon dos ? Evidemment, tu crois quoi ?
Je répondais par un silence, sans le moindre mouvement, pas le moindre changement chez moi, si ce n’est ma respiration qui s’était accélérée. Je suis démasqué, seul et sacrément amoché avec pour seule compagnie, une milicienne, armée qui plus est, sans doute. Elle voudrait me mettre à mort que je ne pourrais même pas me défendre. Perdre la vie de la main de celle qui me l’a sauvée…Ironique destin n’est-ce pas ?
Sauf que je n’ai pas la force de lutter. En ai-je même vraiment l’envie de toute façon ?
J’ouvre les yeux, éblouis par les flammes, pose le regard sur Elisabeth puis sur mon bandage avant de lever les yeux au plafond. La pierre, froide dans mon dos, contribue à doucement faire baisser la douleur. Je m’adresse alors à elle, d’un ton neutre, assez habituel chez moi.
Oui…
Voilà, je laisse ce simple mot tomber, comme un couperet personnel, accompagné d’un nouveau silence. Je réfléchis à la suite aussi vite que me le permet mon cerveau endoloris, conscient que ma situation n’est pas la meilleure.
Je pousse un long soupir, agrémenté d’un gémissement de douleur.
Je suis un déserteur, oui, comme tu sembles l’avoir deviné. J’ai été militaire pendant cinq ans avant l’arrivée de la fange, puis affecté à la milice par la suite. Au bout de deux ans, j’ai pris la décision de partir. Je ne supportais plus les bannissements. Que l’on chasse de la sécurité relative de la cité les pauvres personnes mordues, y compris des personnes qui s’étaient fait mordre pour sauver d’autres personnes… C’était devenu trop pour moi. Je ne le supportais plus et j’ai craqué cette nuit du quatre mai.
Je posais mon regard sur elle, attendant son jugement, l’air las mais horrifié en même temps.
Ce quatre mai, lorsque le bannissement à été rétablis, on m’a demandé de tuer un pauvre homme, mordu, qui ne voulait pas abandonner sa famille. J’ai refusé. Cela n’a pas plus alors on m’a coincé. On m’a entravé puis saisis la main. On y a mis un couteau puis, en me forçant à tenir la lame, on à guidé mon bras pour égorger le pauvre homme.
Je laisse planer un nouveau silence, une expression dure et terrible sur le visage.
Il n’y a pas une nuit ou je ne revois pas son regard suppliant, terrifié. Il ne voulait qu’une chose, rester avec sa famille. Je n’ai pas pu supporter cela. N’y a-t’il pas assez de mort qu’il faille en ajouter ? … Après, tu es milicienne. Tu as surement des ordres concernant les personnes telles que moi. Habituellement, je me défendrais, je fuirais. Mais dans mon état… Tu ne m’aurais pas ouvert la veille, je serais mort contre la porte.
Je pris appuis sur le rocher et me relevais douloureusement, faisant ensuite deux petits pas vers elle. Torse nu, désarmé, frigorifié, j’écartais les bras de mon corps.
Je te dois la vie, tu en dispose donc à ta guise. Fais ce que tu juges bon, je m’en remets à toi.
Je me sentais tanguer ! Offrir ta vie sans combattre ? Oui ! Eric, ce n’est pas toi ça ! Aujourd’hui, face à elle, si ! Mais pourquoi ? Elle m’a sauvé la peau, je lui dois donc la vie ! Et pour ce qui est de survivre ? C’est à elle de voir… |
| | | Élisabeth BlanchevigneCoutilier
| Sujet: Re: Tonnerre et malédictions [PV Eric] Jeu 2 Avr 2020 - 21:59 | | | Oui.
Ce n'était pas étonnant, la milicienne ne vacilla pas vraiment. Elle s'y attendait après tout. Et il n'avait pas été assez stupide pour tenter de s'enfuir ou bien de l'attaquer. Pour le moment du moins. Dans son état, ce n'était pas dit qu'il arrive à lui faire grand chose de tout de façon.
Bien entendu elle ne répondit pas, ne bougea pas. Elle attendait simplement, se doutant qu'il comprenait que juste un seul mot n'était pour elle pas une raison suffisante. Même si elle en avait déjà bien assez entendu pour l'exécuter sommairement ici et maintenant, elle attendait d'en savoir plus. Et même si le devoir lui indiquait de le faire rejoindre Anur, si personne n'était au courant, elle ne courrait aucun risque.
Néanmoins la suite fut un peu plus marquante pour elle. Bien entendu, en tant que mordue elle-même, elle comprenait parfaitement la détresse de ces gens qui avaient été mis à la porte. Le seul but de cette manœuvre avait été pour Élisabeth d'augmenter le nombre de fangeux à l'extérieur des murs... Ou de déstabiliser le Labret. Ce qui était certainement la pire chose à faire.
Et devoir mettre des gens dehors, séparer des familles, était une activité cruelle à laquelle Élisabeth n'avait pas participé, en convalescence.
« Ce n'est pas parce-que j'ai des ordres que je ne les juge pas par moment stupide. » déclara-t-elle alors après plusieurs secondes, brisant une nouvelle fois le silence qui était retombé sur la mine, si ce n'était les crépitements du feu qui les berçait.
« Je n'ai pas participé à l'exclusion de ces pauvres gens. J'étais en convalescence à ce moment là. Mais je ne pense pas que j'en aurais été capable non plus. » déclara alors la jeune femme. Elle ne révéla pas particulièrement les raisons de cette convalescence là mais compte tenu de la date, sa cause était bien certainement toute trouvée.
Élisabeth soupira. Qu'aurait-elle fait à sa place? Dans tous les cas, elle aurait dû vivre avec cette mort sur la conscience. Et cette dernière n'avait définitivement pas besoin de stress supplémentaire. Plus les jours passaient, et plus elle se détachait de ce qu'elle était vraiment pour devenir cette coquille froide et sans vie. Là où le souvenir de son feu mari la maintenait sur terre à l'époque, c'était maintenant Clervie qui avait repris ce rôle sans même en avoir vraiment conscience. Néanmoins, ce crétin de déserteur avec ses remarques et sa philosophie lui parlait tout de même. Elle pouvait comprendre - et acquiescer - à ses paroles. C'était un bon gars.
Clairement, aucune raison de l'exécuter. Il ne serait pas du genre à causer du tord aux paysans ou bien aux innocents du Labret. Même si la survie devrait parfois le faire arriver à des extrémités discutables...
« Ne le prends pas mal, mais je n'ai aucune utilité à disposer de ta vie. » répondit-elle ensuite, peut-être un peu trop froidement. Disons que ces paroles pouvaient être un peu mal interprétées, alors elle décida rapidement de reformuler la chose.
« Je veux dire, je ne suis pas un noble qui ourdi des complots et ait besoin de laquais de confiance. Je ne suis pas une prêtresse cherchant à t'attirer vers la pâle lumière des Trois en ces temps troublés. Je ne suis rien de tout ça. »
Elle laissa échapper un nouveau silence. Ce n'était peut-être toujours pas très clair. Mais elle ne cherchait pas des laquais. Elle n'avait jamais cherché cela. Même dans sa coutillerie, chacun pouvait proposer des choses. Sauf en situation d'urgence, où des vies étaient en jeu, où ses mots étaient absolus et incontestables. Ils n'avaient dans ces moments pas le temps pour les discussions ou la discorde.
« Et puis, les vies qu'on me confie, celles de mes hommes, j'en suis responsable. J'ai pas envie de devoir m'inquiéter pour une en plus... Je suis pas du genre à profiter des gens, j'attends rien en retour de ces "soins". » précisa-t-elle ensuite, avant de continuer ensuite, un ton plus bas. « Et comme si j'aurais apprécié avoir en plus sur la conscience les cris d'un homme en train de se faire déchiqueter par la fange pile à la porte de la mine dans laquelle je me cache... »
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| Sujet: Re: Tonnerre et malédictions [PV Eric] | | | |
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