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| [TERMINÉ] La chute [PV Aymeric] | |
| Idalie de BeauharnaisComtesse
| Sujet: [TERMINÉ] La chute [PV Aymeric] Lun 15 Fév 2021 - 23:57 | | | 9 novembre 1166 Plume à la main, Idalie prit du recul et s'appuya au dossier du fauteuil d'Aymeric. Elle relut attentivement la lettre à laquelle elle venait d'apposer un point final, puis acquiesça pour elle-même, la mettant de côté pour faire sécher l'encre. Aymeric la signerait plus tard, comme les autres qu'elle avait rédigées pour lui. Les écrits administratifs et les correspondances étaient loin d'être une passion pour le comte de Beauharnais, et c'est avec plaisir qu'Idalie l'avait dégagé de ces tâches qui l'ennuyaient. Elle avait l'habitude de répondre au courrier, la responsabilité lui étant rapidement revenue lorsque son frère était devenu sergent. Pour elle, ce n'était rien de nouveau sous le soleil. Elle revoyait les sujets importants avec Aymeric, puis se chargeait de les coucher sur parchemin. Quant aux écrits futiles provenant d'autres nobles, elle brodait des réponses aimables et polies qui ne seraient probablement jamais venues à l'esprit de son époux. Socialiser était bien plus son domaine que celui d'Aymeric, et c'est de bon cœur qu'elle contribuait à faire rayonner le nom de Beauharnais comme elle le pouvait. Midi approchait lorsqu'Idalie, plongée dans sa paperasse, fut tirée de ses réflexions par de petits coups nerveux frappés à la porte. Après en avoir reçu la permission, Ilda apparut, visiblement inquiète, un morceau de parchemin qui avait eu la vie dure à la main. Idalie se leva, interrogeant sa domestique du regard. « Un convoi s'est arrêté plus loin sur les terres et un homme est venu frapper à notre porte pour vous remettre ceci, Madame », dit Ilda en tendant la missive à Idalie. Idalie fronça les sourcils et contourna le bureau pour récupérer la lettre. « Un convoi? s'étonna-t-elle. Il ne s'agissait pas du messager habituel?- Non... Il m'a dit qu'il était désolé, puis il est reparti immédiatement. »Interloquée et préoccupée, Idalie baissa les yeux sur le parchemin, y lisant son nom. Son cœur se mit à battre de façon désordonnée lorsqu'elle reconnut l'écriture de Zephyr – une écriture inhabituellement peu soignée qui trahissait une certaine fébrilité. Sans attendre une seconde de plus, elle déroula le parchemin et le parcourut des yeux. Zephyr avait été mordu par un Fangeux. Idalie cessa de respirer. La main tremblante, elle tourna le morceau de parchemin dans tous les sens. Où était la suite? Où était la suite?! La suite qui disait qu'il était mordu, mais qu'il refusait son destin et qu'il trouverait une solution. La suite qui disait qu'il ne comptait pas errer dans les coins reculés du royaume en attendant sa fin. La suite qui lui demandait si elle acceptait de lui trouver une place au Labret malgré sa nouvelle condition, si elle pouvait encore l'aimer alors que le Fléau l'avait atteint. « Madame? », intervint Ilda d'une petite voix inquiète. Les yeux gorgés de larmes, Idalie reposa son attention sur sa domestique. Elle ouvrit la bouche pour parler, mais aucun mot n'en sortit. Seul un sanglot qu'elle ne parvint pas à réprimer franchit ses lèvres. Elle tendit le parchemin à Ilda, qui comprit immédiatement ce que sa maîtresse voulait et quitta la pièce à la course pour aller chercher Aymeric. Dès qu'Ilda fut sortie, Idalie fondit en larmes, prenant appui contre le bureau. Zephyr avait été mordu par un Fangeux. Il était seul, perdu quelque part. Mort. Peut-être était-il même mort. Idalie sentit une panique sans nom l'étreindre, sa respiration devenir difficile. Les sanglots redoublèrent. Mort. Non. Non, c'était impossible. Non! *** Ilda était à bout de souffle lorsqu'elle débarqua en trombe à l'écurie. À peine s'était-elle arrêtée près d'Aymeric qu'elle lui remit la missive et tenta de s'expliquer. « C'est... C'est Madame, dit-elle en se remettant péniblement de sa course. Elle a... reçu... ceci et elle... m'a dit de vous... Elle pleure, Monsieur... Je vous en supplie, rendez-vous au... auprès d'elle sans attendre. »Elle jeta à Aymeric un regard implorant, puis l'accompagna jusqu'à la demeure en lui racontant tout ce qu'elle savait : le convoi, l'homme qui était venu, la réaction d'Idalie. Elle ravala au mieux sa propre détresse, car si elle n'avait reçu aucune confirmation encore, elle se doutait que quelque chose était arrivé au sergent d'Auvray. Quelque chose de grave. Elle n'osait cependant pas imaginer le pire. Anür ne pouvait pas être si cruelle, pas avec une famille comme la famille d'Auvray, pas avec un guerrier aussi vaillant que Zephyr, pas avec un cœur aussi bon que celui d'Idalie. Elle ne pouvait y croire. *** « Il faut le retrouver! lança Idalie en sanglotant lorsqu'Aymeric passa la porte. Il... il faut parler à l'homme qui est venu et lui demander tout ce qu'il sait, et il faut... il faut retrouver Zephyr... Il est quelque part, il... Je t'en prie, il est.. Il doit être encore en vie, il... Il faut... »Idalie sentit ses mots se coincer dans sa gorge. Un instant, seules ses larmes poursuivirent leur course, tissant sur son visage le voile d'une tristesse insurmontable. « Je t'en supplie... Av... avant qu'il soit trop tard... »
Dernière édition par Idalie de Beauharnais le Mar 2 Mar 2021 - 0:23, édité 1 fois |
| | | Aymeric de BeauharnaisComte
| Sujet: Re: [TERMINÉ] La chute [PV Aymeric] Jeu 18 Fév 2021 - 9:37 | | | Un boeuf, une vache, un taurillon, un hongre, une jument, un étalon, un poulain... Ben, ça prend de la place. Et nécessite de renforcer l'étable, un boulot pas évident car il faut que le temps soit clair, déjà, pour éviter la fange, puis ben, c'est de l'équilibrisme. Il se débrouille il est bricoleur, mais ça n'est pas son métier. Bon, il ne l'avouera pas trop fort, mais il aime bien, ça lui permet de s'isoler et parfois, même s'il les adore, être loin de la Comtesse et de la Vicomtesse lui oxygène l'esprit. Il a beau être fou d'elles, il reste un solitaire. Puis il aime bien le taurillon, qui grandit bien.
Spectacle peu habituel par contre que de voir la domestique d'Idalie, Ilda, venir vers lui au sprint. Un coup d’œil vers la porte d'entrée et il grimace, mais se doutant que quelque chose d'inhabituel se passe, il la laisse d'abord s'exprimer. Idalie en larmes après réception d'un courrier. La nouvelle doit être terrible. Il saisit l'urgence et est touché qu'elle l'ait fait appeler, lui. Il n'empêche :
- Vous allez me trouver monstrueux, mais toutes les portes et toutes les fenêtres ont été blindées pour nous protéger du fangeux. Dans la panique, vous avez oublié de la fermer. Un fangeux entre et c'est le massacre. Cela doit vraiment devenir un réflexe car si un jour un fangeux réapparaît par ici, ça sera la panique et seules ces portes et ces fenêtres nous protégeront d'un destin funeste. Je ne peux vaincre un fangeux seul, même pour protéger mon épouse et ma fille, vous le comprenez, ça ?
Peut-être les mercenaires parviendraient-ils à intervenir à temps pour sauver quelqu'un, eux qui vivent aux étages, mais rien n'est moins sûr. il se presse pour rejoindre le domicile, laisser entrer Ilda et fermer la porte, avant de lire le courrier. Il ferme les yeux et respire un peu fort puis regarde Ilda.
- Il n'y a pas de bonne manière de vous annoncer cela et je sais que ça va vous toucher parce que vous avez longtemps travaillé avec lui. Zephyr a été mordu par un fangeux sur le chemin pour Marbrume. Et il a choisi de ne pas rejoindre la civilisation. Vous m'excuserez, je dois rejoindre mon épouse. Prenez le temps qu'il vous faut, Idalie reviendra vers vous dès qu'elle le pourra.
Il fallait le lui annoncer, il l'a fait, sans trouver la formule ou les mots. Dire les choses permet d'éviter d'imaginer. C'est douloureux, mais moins pire que de ne pas savoir. Idalie lui parle de suite et Aymeric vient la serrer dans ses bras. Il se doute qu'il va la décevoir.
- On doit respecter son choix, Idalie...
Bien sûr qu'eux ont envie d'aller le chercher, le ramener, le soigner, lui permettre de vivre. Sa blessure n'est sans doute pas mortelle, du peu qu'il a compris. Et il a envie qu'elle entende ce qu'il dit.
- Zephyr est un homme intelligent, avec énormément de sang froid. Il a posé un choix et on ne peut pas s'y substituer. Il est armé, au moins autant que moi, pour survivre en extérieur. Les bannis y parviennent aussi. il a subi une blessure qui fait qu'il peut se transformer s'il meurt. S'il le fait ici, il nous met en danger, toi, moi, ma fille, Ilda. A la Milice, il met les miliciens en danger en se transformant s'il meurt. Et c'est quelque chose qui peut arriver et qu'on ne choisit pas. Il a pesé le pour et le contre.
Il la serre mais poursuit.
- Les mordus doivent rejoindre les villages extérieurs ou la Milice. C'est un milicien, un sergent. Dans l'absolu, cela ne changeait pas grand chose, il poursuivait sa vie de milicien et de sergent. Mais il a fait le choix de combattre la fange désormais, sur place, car il s'estime plus utile là qu'à la Caserne. Il sait que s'il change d'avis, notre porte sera ouverte et qu'il pourra rejoindre la Milice. Il a fait le choix de mener le combat dans les Marais et il ne nous appartient pas de lui dire qu'il a tort. Ou raison d'ailleurs. C'est son choix.
Il lui prend le visage et la fixe dans les yeux, pour appuyer son propos.
- Des bannis, pas forcément armés pour survivre dans les Marais, y vivent depuis des mois, voire des années. S'ils y arrivent, sans le talent inné de ton frère, lui peut y vivre aussi. Il sait chasser, il sait se protéger. Et il pourra, à la différence des bannis, rejoindre des villages pour y faire du troc, concevoir des pièges, changer de vêtements, nettoyer ses armes. Ce n'est pas la vie qu'on lui souhaite, mais en agissant ainsi, il a fait le choix de nous protéger, en combattant sur place, et en évitant de faire du mal à des proches s'il devait s'éteindre sans le réaliser.
Que dire d'autre. Que dire de plus. Entendra-t-elle seulement son propos ? |
| | | Idalie de BeauharnaisComtesse
| Sujet: Re: [TERMINÉ] La chute [PV Aymeric] Jeu 18 Fév 2021 - 23:48 | | | Tout en reprenant son souffle, Ilda pivota vers la porte. Dans l'urgence, elle avait omis de la refermer derrière elle et elle eut un frisson d'horreur en songeant au carnage que pouvait entraîner ce simple oubli. Ainsi, face à l'avertissement du maître des lieux, elle ne put que se confondre en excuses et répéter au moins trois fois que cela ne se reproduirait plus, peu importe la situation. Elle avait compris et elle le signifia en se dirigeant à bon pas vers la demeure, d'une part pour refermer la porte, d'autre part parce qu'elle ne souhaitait pas laisser Idalie seule plus longtemps. Les mots du noble frappèrent de plein fouet la domestique, qui porta une main horrifiée à ses lèvres. Le sergent d'Auvray avait été mordu et avait choisi de s'isoler de la civilisation. Ilda acquiesça vaguement aux paroles du comte et s'appuya contre un meuble à proximité. Les larmes aux yeux, elle secoua la tête avec incompréhension. Les desseins des Trois lui échappaient. Pourquoi cette tragédie? Zephyr d'Auvray avait toujours été exemplaire. Pourquoi lui réserver un tel sort? La domestique joignit ses mains et se mit à prier, espérant obtenir des réponses à ses questions désespérées. *** On doit respecter son choix, Idalie... Un faible Non se glissa entre les sanglots de la comtesse, qui avait enfoui son visage contre l'épaule de son mari. C'était un mauvais choix, une décision prise à la hâte. Zephyr avait écrit rapidement, il n'avait pas réfléchi, et il fallait le convaincre de revenir sur ses paroles. Et puis, peut-être s'était-il trompé, peut-être n'avait-il pas été réellement mordu. Dans le feu de l'action, peut-être n'avait-il pas vu exactement ce qui l'avait blessé... Comment pourrait-elle l'aider et en juger si elle ne le revoyait jamais? Aymeric pensait que Zephyr était en vie et le resterait, que le sergent continuerait de mener de front la guerre qu'il avait entamée contre la Fange depuis son arrivée à Marbrume. Il croyait l'ancien banneret apte à survivre; des bannis moins versés dans l'utilisation des armes y parvenaient, après tout. Idalie entendit la moitié des propos de son mari. Il avait raison, bien entendu, mais comment l'accepter? Elle ne voyait que la mort qui planait, attendant le bon moment pour frapper encore une fois – si elle ne l'avait pas déjà fait. « Je... Il ne... Pourquoi cette lettre? Pourquoi ne pas... ne pas venir me d.dire au revoir, même juste... juste quelques minutes? Je n'ai... Je n'ai pas eu le choix, moi, je n'ai... je n'ai pas pu décider si je vou.lais courir le risque de le voir en.core ou non... »Tandis qu'elle regardait Aymeric, Idalie se remit à pleurer de plus belle. Zephyr avait choisi pour elle. Il avait choisi de tuer tout espoir. L'espoir d'une courte visite à l'improviste ou d'un petit mot pour lui dire qu'il était encore en vie. « Il C'est ma... C'est ma faute... J'aurais dû insister davantage pour qu'il reparte en navire avec Apolline et les autres, je... J'aurais dû lui dire qu'ils avaient besoin... besoin de lui pour la sécurité... »Idalie secoua la tête dans de petits mouvements secs. « J'étais sur mon nuage avec toi, je... je ne l'ai pas... J'ai failli à mon devoir et à ma promesse, nous... nous avions juré de toujours vei... veiller l'un sur l'un, de toujours nous protéger... Et j'ai échoué, Aymeric... J'ai échoué... »Idalie ferma les paupières. La tête lui tournait et ses jambes tremblaient. Elle n'avait pas l'habitude de ces éclats d'émotion, d'être secouée avec pareille violence. « Que dois-je faire maintenant? murmura-t-elle avec une infinie tristesse. Que pouvait-elle faire? Continuer à vivre comme si rien ne s'était passé? Pleurer le destin d'un vivant qui était peut-être mort ou prier pour un mort qui était peut-être vivant? Entretenir l'espoir de revoir Zephyr un jour malgré tout? Idalie ravala un sanglot, laissant les larmes couler silencieusement le long de ses joues. Elle avait échoué. |
| | | Aymeric de BeauharnaisComte
| Sujet: Re: [TERMINÉ] La chute [PV Aymeric] Sam 20 Fév 2021 - 18:53 | | | Le sentiment d'impuissance qui habite Aymeric l'énerve. Il aimerait avoir une baguette magique qui efface la morsure, voire carrément la Fange, ou un moyen de remonter le temps et prévenir qu'un fangeux va attaquer le convoi. Mais les faits sont là et toute la logique du monde ne consolera pas Idalie, il le sait. L'humour ne peut tout résoudre non plus et il sait que ça n'est pas le moment d'essayer. Mais il parvient à comprendre ce qu'elle lui dit entre deux hoquets.
- Tu sais très bien pourquoi. Avec ta douceur, ta manière de faire si délicieuse, tu lui aurais retourné le cerveau et il aurait renoncé à son projet. Tu le sais, je le sais, il le sait. Et visiblement il a considéré que ça le rendrait malheureux. Je ne sais pas si j'aurais fait le même choix que lui, je ne le pense pas. Mais je respecte sa décision.
Mais quand elle estime que c'est sa faute à elle, le ton d'Aymeric est plus ferme.
- Les chevaux n'ont rien à faire sur la mer, cela peut les rendre fou et obliger l'équipage à les abattre.
Ce n'est pas une invention, les chevaux sont faits pour vivre sur le plancher des vaches. Si certains supportent le transport maritime, du peu qu'il en a entendu, ça n'est pas le cas de tous. Et un cheval malade ou en panique fait d'énormes dégâts.
- Et tu ne sépares pas un cavalier de son cheval. Je suis un piètre cavalier mais j'ai toujours plaisir à monter Landroval ou surtout Asphodèle, pour qui j'ai une préférence. Landroval est plus calme, mais avec Asphodèle je m'amuse. Tu comprends ça, tu as un étalon aussi. Même pour les beaux yeux d'Apolline, il aurait fait le chemin en selle, quitte à accueillir la Comtesse à sa descente de bateau, sur son beau destrier, histoire d'en imposer un peu. Il m'est avis que c'était son choix, se montrer fort et rassurant, époux idéal avec une belle situation. En prenant un peu modèle sur nous, en somme.
Un baiser sur le front, puis il la berce un peu. Des gestes qu'il a appris avec Alix, car lui ne les a pas connus. Elle n'a pas échoué, mais il sait qu'elle refusera de l'entendre. Elle l'a rassuré, en faisant un beau mariage, en trouvant un époux honnête à qui il pouvait donner la main, en la sachant heureuse. Il pouvait alors s'occuper de lui. La voie choisie par les Trois est trop étrange pour qu'il puisse la comprendre, mais Aymeric ne remettra pas le chemin qu'ils ont choisi pour Zephyr en question.
- Que faire ? Réussir ta vie ici, de femme, de Comtesse, d'épouse, de mère. Faire en sorte que tout ce qu'il t'a apporté et appris amène à de belles choses. Rester qui tu es et profiter de ton nouveau rang pour accomplir ta destinée. Que quand on évoque la Comtesse du Labret, la soeur du héros du Chaudron, on se dise que c'est une belle personne. Bon accessoirement, si on dit aussi que son mari était honnête, cela ne me déplairait pas, mais c'est un sentiment plus égoïste. Tu es armée par votre vécu pour affronter une vie sans lui, c'était son rôle, quelque part. Réussir cela est le plus bel hommage que tu peux lui rendre.
Un baiser plus qu'amoureux et tendre accompagne sa phrase, et il a un sourire simple, car lui ne peut montrer que la situation de Zephyr le touche. Il a appris à ne plus le montrer, mais ça ne signifie pas que ça le laisse indifférent.
- Et si les Trois nous laissent la chance d'avoir un héritier, histoire que ton frère ne soit jamais oublié, je serai honoré que tu acceptes qu'on le prénomme Zephyr. Comte Zephyr de Beauharnais, fils d'Aymeric de Beauharnais et d'Idalie d'Auvray, frère d'Alix de Beauharnais, ainsi prénommé en l'honneur de son oncle maternel, le sergent Zephyr d'Auvray, ancien banneret et Sergent de la Milice de Marbrume.
Cela le ferait, et pour cela, il faut que la vie reste la maîtresse des lieux.
- Nous ne pleurerons pas Zephyr parce que je me refuse à penser qu'il soit déjà tombé. Il défend l'humanité, dans les Marais et nous continuerons à entretenir l'espoir, ici, dans les greniers de l'humanité, en luttant pour continuer à nourrir les gens, offrir un avenir aux plus fragiles et préparer un monde meilleur pour nos enfants. Voilà ce que tu dois faire, maintenant. Et je t'y aiderai, tant que les Trois me prêteront vie.
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| | | Idalie de BeauharnaisComtesse
| Sujet: Re: [TERMINÉ] La chute [PV Aymeric] Sam 20 Fév 2021 - 23:58 | | | Toute la logique du monde n'aurait su convaincre Idalie de son absence de responsabilité vis-à-vis de la tragédie qui avait frappé son frère aîné. Elle se fichait bien de ces histoires de bateaux, de cavaliers et de chevaux qui devenaient fous. Elle aurait dû dire quelque chose, trouver une solution pour que Zephyr reparte comme il était venu. Elle avait échoué à le protéger. Il était venu au Labret pour elle, pour son mariage. Elle aurait dû dire quelque chose et le convaincre de ne pas agir en imprudent comme elle avait réussi à le faire maintes fois auparavant. Maintenant, il était trop tard.
Bercée par Aymeric, Idalie retrouva un semblant de calme. Si ses épaules continuaient à tressauter, si ses larmes coulaient toujours abondamment, elle ne sanglotait plus. En silence, elle écouta les paroles de son époux, qui tentait de la consoler et de la guider. Elle ne pouvait rien changer au sort de Zephyr. Elle pouvait cependant lui faire honneur en réussissant cette vie qu'il lui avait offerte en lui permettant de suivre son cœur. Lui faire honneur. C'était si peu pour tout ce qu'il avait été pour elle.
« C'est trop tôt, je ne suis pas prête », murmura-t-elle la voix brisée avant d'accueillir le baiser d'Aymeric.
Idalie ne se sentait pas armée pour faire face à une vie sans Zephyr, sans promesse de le revoir. Elle se sentait fatiguée par son vécu. Elle avait trop perdu et trop vu en peu de temps et elle était restée forte. Chaque fois que son monde avait menacé de s'écrouler, elle en avait retenu les murs, parfois à bout de bras, jusqu'à ce qu'il se stabilise. Elle se sentait incapable de répéter l'exploit. Pas sans soutien.
Idalie regarda Aymeric. Ils venaient à peine de se marier qu'ils devaient déjà traverser une épreuve, et elle s'en voulait. Elle avait et aurait besoin de lui, plus qu'une épouse fraîchement débarquée était en droit de se le permettre. Il le comprenait déjà, si bien qu'il lui demanda même de prénommer leur premier fils – si les Trois leur donnaient la chance de devenir parents – Zephyr. Idalie hocha doucement la tête et, pour toute réponse, serra Aymeric contre elle. Un instant, alors qu'elle écoutait les battements du cœur de son époux et ses paroles, elle sut calmer sa peine. Elle savait que celle-ci ressurgirait avec violence – dans quelques secondes, dans quelques minutes? -, mais elle profita de ce bref silence intérieur pour tenter de se ressaisir.
« Je t'aime », souffla-t-elle simplement, relevant la tête vers Aymeric pour aller chercher un baiser rassurant contre ses lèvres.
Elle reposa sa tête contre le torse d'Aymeric et n'ajouta rien pendant un moment. Lorsqu'elle se détacha de son époux, Idalie prit délicatement le morceau de parchemin de ses mains. Elle n'osa cependant pas relire les mots écrits par son frère, pas alors qu'elle n'était pas seule.
« Je... Je ne me sens pas très bien, je... Il vaudrait mieux que je m'allonge. Je dois aussi... parler à Ilda. »
Idalie se frotta le visage d'une main et tenta de retenir ses larmes. Les barrières de sa volonté ne suffisaient cependant plus à les contenir et, impuissante, elle les laissa rouler contre ses joues.
« Je... Sur ton bureau, tu as des correspondances à signer et à sceller... Je n'ai pas terminé, je... je continuerai peut-être tout à l'heure ou demain matin, tout ce qui est urgent a été... a été fait. »
Idalie ferma les yeux quelques secondes et inspira profondément avant de les rouvrir.
« Devrait-on écrire au Bailli? demanda-t-elle, perdue. J'ignore quoi faire, je souhaite seulement... J'aimerais récupérer les possessions de Zephyr à Marbrume, je... je ne veux pas qu'elles se retrouvent entre mauvaises mains même s'il n'avait que peu et si jamais il... si jamais il revient... je les aurai gardées pour lui. »
S'il est toujours en vie. Les mots restèrent coincés dans la gorge d'Idalie, qui étouffa un sanglot. Elle devait se maîtriser, au moins le temps de rejoindre sa chambre et sa solitude.
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| | | Aymeric de BeauharnaisComte
| Sujet: Re: [TERMINÉ] La chute [PV Aymeric] Dim 28 Fév 2021 - 20:56 | | | Aymeric n'est pas insensible. Cela fait tellement longtemps que la Fange est là qu'il en a oublié la vie d'avant, la fantasmant presque. La mort est leur quotidien, même si lui ne vit que dans l'espoir que les choses s'améliorent et pour aider l'humanité à survivre d'ici là, avec ses faibles moyens. Pas un jour sans un nouveau drame. Mais on a beau affronter l'horreur jour après jour, quand cela frappe un proche, même l'habitude ne peut réduire la peine, elle n'est qu'un poids en plus qui s'accroche à nos épaules. Alors, quand elle lui dit qu'il est trop tôt, il ne s'en offusque pas. Il n'est même pas déçu, car il comprend. Les mots qu'il a dit auront leur utilité d'ici quelques minutes, ou quelques heures, ou quelques jours et requinqueront un peu. Juste un peu. Le poids sera là. Et ils devront vivre d'ici là, et après. Ca, c'est plutôt son rôle.
- ... !
Oui, finalement, le silence et le câlin peuvent être plus utiles. Il faut qu'elle sente qu'elle n'est pas seule, qu'il est là, dans les bons moments comme dans les moments les plus difficiles.
- J'ai prévenu Ilda. Elle était inquiète et ne comprenait pas. Je n'ai sans doute pas utiliser les bons mots, mais j'ai estimé qu'il valait mieux qu'elle sache la vérité plutôt que rester dans l'ignorance, car ce qu'on imagine est souvent pire encore que la réalité. Mais oui, elle aura besoin de toi aussi, et sans doute de s'occuper ou de se reposer.
Retour à la réalité, elle lui parle parchemins à signer et autres joyeusetés administratives. Et alors qu'il va lui répondre de ne pas s'en faire et que les urgences peuvent attendre, tout comme ce type de travail, quelques heures voire quelques jours.
- J'étais gentil et tout. Pourquoi tu me punis avec des corvées ? ...
Pas certain que son humour soit la meilleure chose en ces circonstances.
- Occupe-toi d'Ilda, monte te reposer et quand tu en auras marre d'être seule, fais-moi chercher. J'vais finir ce boulot, écrire au Bailli, enfin, rassure-toi, c'est notre érudite qui fera le courrier, j'ai ajouterai mon sceau. Il doit être informé, la disparition d'un Sergent n'est pas un événement anodin, même pour un Bailli. Mais pour les affaires de ton frère, en effet, il peut intervenir. Il nous doit bien ça, on lui a permis d'assister à notre mariage, quand même.
Il ne la retient pas plus, il va gérer, c'est le message. D'abord, rassurer Alix. Puis la paperasse. Et espérer qu'il pourra dormir avec sa femme, cette nuit. Il s'est habitué à son lit. |
| | | Idalie de BeauharnaisComtesse
| Sujet: Re: [TERMINÉ] La chute [PV Aymeric] Lun 1 Mar 2021 - 23:39 | | | Aymeric avait déjà prévenu Ilda. Idalie hocha légèrement la tête, reconnaissante. Elle n'aurait pas à prononcer les mots qui lui brisaient le cœur, à annoncer à la domestique la tragédie qui les frappait toutes les deux. Elles pourraient se contenter de se comprendre et de se consoler l'une l'autre lorsqu'elles se sentiraient prêtes à partager leur peine. Ravalant pour le moment sa tristesse du mieux qu'elle le pouvait, Idalie força un petit sourire au trait d'humour de son époux. En temps normal, elle n'aurait pas hésité à user de son sens de la répartie pour répondre à la blague, mais en cet instant, elle n'en avait pas la force. Elle n'en voulait cependant pas à Aymeric d'essayer de l'égayer, consciente de la position étrange et difficile dans laquelle il se trouvait subitement. Ils apprenaient encore à se connaître que les Trois les mettaient déjà à l'épreuve de la façon la plus cruelle qui soit. Comment lui reprocher de ne pas savoir exactement quoi dire ou faire? « D'accord, souffla-t-elle aux paroles d'Aymeric, qui disait s'occuper de tout. Merci... »Idalie serra une dernière fois Aymeric contre elle avant de quitter la pièce et d'aller retrouver Ilda. La domestique l'accueillit les larmes aux yeux et, avec sollicitude, se permit de prendre ses mains dans les siennes. Idalie lutta pour retenir sa peine, en vain. Elle pleura silencieusement quelques secondes avant d'être capable d'échanger un peu à voix basse avec Ilda. Elle invita la servante à se ménager, à se reposer et à prier, et s'excusa de n'avoir su la prévenir au moment de recevoir la lettre. Ce ne fut que lorsqu'elle eut la certitude qu'Ilda prendrait soin d'elle que la comtesse manifesta son désir de solitude et rejoignit finalement la chambre. Après avoir refermé la porte derrière elle, Idalie s'assit sur le lit. Elle fixa un instant le vide, puis posa les yeux sur le morceau de parchemin qui tremblotait dans sa main. Zephyr. Les sanglots revinrent, d'abord discrets, puis de plus en plus bruyants. Ne désirant pas alarmer Aymeric ou le reste de la maisonnée, Idalie couvrit sa bouche d'une main pour étouffer ses pleurs. Entre deux sanglots, elle se coucha en petite boule, en proie à une douleur de l'âme si profonde qu'elle la paralysait. Les paupières closes, elle implora les Trois de quelques prières murmurées avec ferveur, ne s'arrêtant que lorsque l'épuisement de la tristesse l'emporta dans un sommeil troublé. Lorsqu'on vint la trouver pour le dîner, Idalie ne bougea pas. Les coups frappés à la porte l'avaient réveillée, mais elle ne se leva pas. Elle ouvrit simplement les yeux et regarda Ilda, qui paraissait avoir retrouvé un peu de contenance. « Le repas a été préparé comme je l'avais prévu? », demanda-t-elle dans un souffle. Ilda confirma d'un hochement de la tête. Idalie referma les paupières. « Je n'ai pas faim pour le moment, demandez à Aymeric de bien vouloir m'excuser, murmura-t-elle. Je mangerai quelque chose tout à l'heure, lorsque je me sentirai moins... »Moins comment? Triste? Mal? Désespérée? Nauséeuse? Souffrante? Tout cela en même temps? « Je ne me sens pas bien. »Ilda fixa Idalie avec tristesse. « Je sais, Madame... »La comtesse n'ajouta rien. Ilda attendit, puis quitta la pièce discrètement en voyant que celle-ci s'était rendormie. Les jours à venir s'annonçaient sombre et, encore une fois, Ilda pria pour la lumière des Trois. RP TERMINÉ |
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