Une dague contre une amitié [PV Kalam]

Suite du sujet:

De retour chez lui Alban avait discuté avec son père de la possibilité de lier des commandes avec celles d’un cordonnier qui souhaitait faire des échanges pour favoriser leurs commerces respectifs. Jehan d’abord méfiant, car il travaillait déjà parfois avec un ami cordonnier, qui était souvent trop occupé et qui n’avait pas toujours le temps de répondre à ses demandes, finit par accepter s’il lui était possible d’examiner les pièces en cuir avant d’accepter cet échange.

Désireux de faire bonne impression, Alban se mis au rangement et au nettoyage de la forge qui en avait parfois besoin. Il était plus impressionnant d’entrer dans la boutique lorsque les armes étaient bien alignées et que tout semblait propre, même si en réalité il était difficile de maintenir l’ordre lorsque l’on travaillait. De plus un commerce bien tenu attirait les clients qui se sentait rassuré par l’organisation de ceux qui y travaillaient, mais les habitués savaient que la forge était plus souvent un sacré bazar.

En plein milieu de son grand ménage d’automne, son petit frère rentra, s’étonnant de voir Alban s’activer sur une des tâches qu’il était le moins friand à effectuer. Le taquinant gentiment, il l’interrogea pour savoir ce qui valait cette soudaine énergie et si elle provenait d’une révélation des dieux ? Ils discutèrent un bon moment, profitant de l’absence de nouveau client.

Malheureusement actuellement les nobles restaient cantonnées à l’Esplanade, évitant de descendre dans les autres quartiers, la tension augmenter lentement dans la ville, et tout le monde cherchait à assurer sa survie. Les fastueuses dépenses d’antan avaient été remplacés par une crainte immodérée des nobles de perdre leur fortune. Comme tous les marbrumiens, ils craignaient le manque d’approvisionnement de la capitale et ses conséquences sur leurs vies.

Dans les bas quartiers, on se serrait les coudes ou au contraire on s’espionnait et jouait à couteaux tirés lorsque la faim était trop grande. Même les offrandes au temple s’étaient réduites à peau de chagrin. On venait donner de son temps et prier, toutefois peu venaient déposer bien et nourriture aux pieds des statues, préférant garder ces précieux biens pour eux. Et puis il y avait les sceptiques comme Kalam qui pensaient que la fange était une malédiction de la Trinité pour punir le peuple.

Heureusement que les pêcheurs étaient moins touchés et qu’ils pouvaient rapporter régulièrement du poisson frais permettant à tous ceux qui pouvaient se le permettre de cuisiner un bon bouillon de poisson avec les restes qui n’avaient pas pu être mangés : arrêtes, têtes… N’était-ce pas le signe qu’Anür les protégeait encore ?

HRP:

De retour des thermes, Kalam se dirige vers la cordonnerie. Il emprunte quelques ruelles sombres et en profite pour monter sur les toits. Discrètement il rejoint sa boutique en passant par la fenêtre de sa chambre qu’il avait laissée ouverte. Il enlève ses vêtements de cuir et enfile à nouveau son tablier de travail avant de se faire une queue de cheval. Puis il descend dans la boutique se remettre au travail.

Le voyant arrivé, Baruk demande :

- Déjà rentré Kalam ? Tout s’est bien passé ?

L’assassin lui raconte en détail le déroulement de sa journée et lui touche également deux mots concernant le possible partenariat avec la forge des Laforge.

- C’est du bon travail. C’est bien que tu lui aies fait peur. J’espère qu’après ça, il ira rembourser la guilde.
- S’il rembourse pas, j’ai dit que je m’occuperai de lui personnellement et de toute façon, il ne peut plus se cacher avec sa cicatrice sur le front.

Baruk sourit. Chose assez rare pour être soulignée.

- Et c’est quoi cette histoire avec la forge des Laforge ?

Kalam lui explique le profit que pourrait en tirer la boutique s’ils créaient des fourreaux personnalisés ou des ceintures à sacoches.

- Les deux parties seraient gagnants. Eux pourraient vendre nos produits avec leurs armes et nous, cela pourrait nous ramener des nouveaux clients.
- Ok mais dans ce cas, c’est toi qui s’en occupes. Et sur ton temps libre.
- D’accord mais les bénéfices seront pour moi alors.
- Non !

Fin de la discussion.

Les jours passent. Kalam trouve le temps de confectionner des fourreaux. Il utilise des chutes afin de faire quelques essais. Peu concluant au début. Il en fait d’abord des petits, pour les dagues. Il lui faut également s’y reprendre à plusieurs reprises avant que le résultat lui plaise. Ensuite vient le moment de la calligraphie. Bien qu’il ne sache ni lire, ni écrire, il arrive à reproduire des lettres grâce à un modèle. Dans un premier temps, il fait cinq fourreaux avec une seule lettre imprimée dessus. Le K, le A et trois autres.

- Maitre Baruk. J’ai fini ce que j’avais à faire aujourd’hui. Je vais aller jusqu’à la Forge pour montrer mon travail.

Ne laissant pas le temps au vieil homme de répondre, Kalam fonce vers la sortie. Cette fois-ci, il passe par la porte car il n’a pas de contrat à remplir. Il peut donc marcher dans la rue en plein jour avec son tablier sur le dos sans avoir peur de se faire repérer. Sur la route, il repense à la discussion qu’il a eue avec Alban et surtout à sa victime qu’il a défigurée.

J’espère qu’Alban n’aura pas fait le rapprochement entre ma fuite et les cris de cet homme.
En tout cas grâce à lui, je suis un Couteau du Couturé.

En effet, quelques jours auparavant, Baruk lui a appris que l’homme en question s’était rendu dans les égouts pour rembourser la guilde.

- Le Couturé est content de ton travail Kalam et il est ravi de te compter parmi ses couteaux. Bien joué fiston. Il va te refiler des miss...
- Je suis pas ton fiston !
- Va te faire foutre Kal.

L’assassin arrive devant la forge. Il arbore son plus beau sourire. Il frappe puis entre.

- Bonjour, je viens voir Alban.

Deux hommes se retournent.

Tiens le Gamin !

Kalam s’avance et salue les deux hommes.

- Je me disais bien que vous vous ressembliez. S’en est même frappant.

Il fait discrètement un clin d’œil au petit frère d’Alban.

- Je me nomme Kalam. Je t’ai déjà croisé dans la rue.

Il met la main dans son sac à dos et en ressort cinq fourreaux qu’il tend à Alban.

- Voilà ce que je t’avais promis. Tu peux les garder et les vendre à ta clientèle. Si ça marche, je t’en ferai d’autres et on pourra commencer à parler argent. Ceux-là sont pour des dagues, mais je pourrais t’en faire des plus grands, pour des épées ou autres. Concernant les ceintures, il faut encore que je peaufine le concept.

Il observe la forge sous tous les angles.

- Où sont transposées vos armes ? Je peux jeter un œil ?

Quelques jours après leur rencontre aux thermes, alors qu’Alban se demandait si Kalam ne l’avait pas oublié et s’il était souhaitable qu’il tente de le chercher (ou si ce dernier préférait ne pas être retrouvé), voilà que le cordonnier débarquait tout sourire. Une belle façon d’éclairer la journée des Laforge. Surtout que le rangement de l’ainé était presque achevé et qu’il n’y avait que quelques bricoles trainant de çà et là. Leur père s’était absenté et seuls les deux fils étaient présent à ce moment-là. Se retournant interpellé par son prénom, Alban sourit à l’arrivée de sa nouvelle connaissance.

« Bonjour Kalam, comment vas-tu ? Voici mon petit frère. »

Les deux hommes se saluèrent, s’étant apparemment déjà croisés. Alban recueillit les cinq fourreaux qui semblaient de bonne qualité, s’adressant à son frère, il questionna.

« Tu lui fais faire un tour ? Merci. »

Hochant la tête, il ouvrit la porte vers la partie vente de la forge et invita Kalam à le suivre. Le Gamin lui montra les différents types d’armes qui étaient disponibles, en profitant pour engager la discussion.

« Où as-tu rencontré Alban ? Vous… vous parlez depuis longtemps ? »

Alban de son côté examinait les fourreaux à la lumière du soleil, c’était du bon travail. Peut-être pas les meilleurs morceaux de cuir, cependant si cela fonctionnait bien, ils pourraient augmenter la qualité. Rapportant les pièces à l’intérieur il rejoignit les deux hommes.

« Ils sont très bien Kalam, merci ! Ton maître aussi est d’accord pour notre échange ?
Mon père n’est malheureusement pas présent en ce moment, mais j’espère que vous pourrez vous rencontrer sous peu. »

Voyant que quelques armes avaient été examinée, il ajouta.

« Est-ce que tu trouves ton bonheur ? Est-ce que l’on pourrait voir pour faire certaines pièces sur mesure si on a un client important ? Certains réclament des fourreaux avec une chappe très ajustée pour leurs épées. La pluie et l’eau saline sont des horreurs pour la conservation des armes… »

Il teste un des fourreaux avec une des dagues et changeant de pièce, il trouva la combinaison parfaite. Cela devrait vraiment plaire d’avoir les deux pièces en un seul achat, et en travaillant ensemble ils pourraient petit à petit trouver l’ajustement parfait.
Le petit frère ne semblait pas lâcher du regard Kalam et le forgeron se demandait si ce n’était pas admiration ou par curiosité. Se rappelant la question qui lui brulait les lèvres depuis plusieurs jours Alban demanda.

« Au fait, tu n’as pas eu de soucis la dernière fois en partant du temple ? Tu es parti au bon moment, car il y a eu un règlement de compte et j’ai été retenu par les prêtres qui s’inquiétaient. »

Passant la majeure partie de son temps dans la cordonnerie ou dehors avec une capuche sur la tête, Kalam profite de l’instant présent. Cela ne lui arrive pas souvent d’être en tenue de cordonnier dans un autre endroit que sa boutique, voire jamais. D’habitude lorsqu’il sort, c’est pour remplir un contrat ou pour déambuler sur le toits des bâtiments à la recherche d’une potentielle victime. Mais aujourd’hui c’est différent. Il est venu parler affaire et c’est dans la peau du cordonnier qu’il vient discuter avec Alban. Il peut donc paraître au grand jour sans risque de se faire repérer.
Suite à la proposition du jeune forgeron, l’assassin répond en s’adressant au petit frère.

- J’accepte volontiers une petite visite. Montre-moi ce qu’il y a à voir dans cette forge.

Lorsqu’ils se retrouvent seuls avec le jeune homme, Kalam lui répond :

- J’ai rencontré ton frère dans les Thermes du Temple, il y a quelques jours. Je l’ai pris pour toi. On a discuté un peu et de fil en aiguille, on s’est dit qu’on pourrait s’entraider mutuellement en tant qu’artisan.

Puis tout bas, il ajoute :

-Mais ne t’inquiètes pas, je n’ai rien dit de tes activités, Gamin. D’ailleurs il ne sait rien de moi non plus. Il ne sait pas par exemple que nous nous sommes croisés dans les égouts de la Guilde.

Ensuite il reprend une conversation normale afin de ne pas éveiller les soupçons.

- Peux-tu me montrer ce que vous avez comme dague ? J’aime beaucoup ce type d’arme. C’est léger et, tout bas, ça se plante facilement dans le dos.

La Gamin lui désigne l’endroit où sont déposées les armes. Kalam jette un œil en attendant le retour d’Alban.
Voyant arrivé ce dernier, il se retourne et l’accueille avec un sourire.

- Très jolie Forge, Alban. Vraiment impressionnant. Et ces armes, d’une grande qualité ! J’adore vos dagues. En plus, il y en a de toutes sortes. Celles avec les lames recourbées sont mes préférées. C’est ton père qui fait ça ?

Ensuite Kalam prend le temps de répondre aux questions du jeune forgeron.

- Baruk me laisse gérer cette affaire tout seul. Tu sais, il est un peu vieux. Il n’aime pas beaucoup le changement. Mais si ça peut rapporter un peu d’argent et des clients à sa boutique, il ne dit pas non.
Pour le moment, je t’ai amené ces cinq fourreaux. C’est pour faire un essai. Je suis persuadé que je pourrai faire mieux. Si tu as des demandes particulières, tu n’hésites pas. Je tâcherai de prendre du cuir de meilleure qualité. Comme je te l’ai dit, ces cinq-là, c’est davantage un essai qu’autre chose.
Et malgré le fait que je ne sache ni lire, ni écrire, si tu me donnes un modèle je peux reproduire tout ce que tu veux. Des lettres, des sceaux, des signatures. Enfin tu vois le genre.

Tout en parlant, l’assassin remarque le regard appuyé du Gamin. Néanmoins il ne le relève pas. Ensuite il tente de répondre à la dernière question du forgeron. Malgré le fait qu’il soit pris au dépourvu, il avait prévu une réponse toute faite. Au cas où...

- Euh oui... Quand je suis parti, il me semble avoir entendu des cris. Je t’avoue que je n’y ai pas prêté attention car je devais me dépêcher de rentrer à la boutique. Mais maintenant que tu le dis, je me rappelle avoir croisé un type louche dans les couloirs. Il avait une capuche sur la tête et marchait la tête basse. Je n’ai pas pu voir son visage. Tu sais ce qu’il s’est passé ?

HRP:

Le Gamin faisait une tête pas possible, essayant tant bien que mal de cacher son incompréhension de voir ses deux mondes entrer en collision : sa famille et sa famille secrète. Heureusement pour eux Alban n’était pas très méfiant et tout heureux qu’il était de revoir Kalam, il ne remarqua rien laissant même les deux compères entre eux. Une fois isolés, et la question importante posée, le cordonnier prit la parole. Le Gamin l’écouta en hochant la tête, un sourire se dessinant doucement au fil des mots prouvant qu’il était rassuré par l’explication de son complice.

« J’ai bien cru que j’allais m’évanouir quand tu es entré… »

Il ne pouvait pas avouer que c’était la peur de se faire démasquer chez lui dans sa famille. La guilde n’était pas une bande d’enfants de chœurs et Kalam savait clairement bien se défendre de ce qu’il savait. Le Gamin ne voulait pas paraître comme trop émotif ou vulnérable, ne sachant pas si on ne risquait pas d’en profiter.

« … toi, cordonnier ?! »

Un sourire ironique s’était désormais peint sur son visage, mi-moqueur, mi-impressionné. Il était fort heureusement terriblement difficile de savoir ce que faisait les autres membres de la guilde, chacun conservait son jardin secret et sa vie publique séparée de ses ambitions personnelles. C’était la première fois que le Gamin pouvait observer Kalam sans qu’il soit à moitié tapi dans l’ombre ou la tête couverte d’une large capuche. Surtout en pleine journée, il avait désormais la possibilité de mieux détailler le visage de celui qui était son frère de guilde.
Reprenant une attitude plus professionnelle, le Gamin écouta la demande de Kalam avant de se diriger vers l’emplacement qui contenait des dagues. Doctement il expliqua tout ce qu’il savait et essaya de mettre en avant les produits de son père, décrivant les différences entre les dagues présentes.

« Celle-ci est très légère mais équilibré, tandis que celle-ci est longue et pourra faire des blessures plus profondes.
Personnellement j’aime bien ce modèle-là car comme tu dois la lame est légèrement vrillée, ce qui permet… enfin tu imagines bien ! »

Puis il laisse le client regarder par lui-même, c’est souvent comme cela qu’un coup de cœur peut arriver. Et puis là ce n’était pas un noble s’étant perdu à qui il fallait refourguer le plus d’armes possibles.

Lorsqu’Alban revint, le cordonnier complimenta ce qu’il avait eu l’occasion de contempler, ce qui fit réellement plaisir au forgeron.

« Oui, c’est mon père, merci ! »

Puis il écouta attentivement les réponses à ses questions, en apprenant un peu plus sur l’inconnu qu’il avait croisé par hasard. Alban prévoyait de mettre bien en valeur les fourreaux avec les dagues pour espérer les faire partir rapidement et lancer le marché entre la boutique de cuir et celle des métaux.

« C’est intéressant ce que tu proposes, j’essayerai de le proposer aux clients suffisamment riches pour se le permettre. »

De toute façon s’il fallait calligraphier des lettres, c’était souvent que la personne était capable de le déchiffrer donc d’origine plutôt haute.
Une fois cette partie réglée, Alban aborde le sujet qui le turlupine depuis quelques jours et écoute avec inquiétude la réponse du cordonnier.

« Tu as eu de la chance, car le type qui est resté seul dans les vestiaires semblait plutôt retourné quand on l’a retrouvé. Enfin plus de peur que de mal, car il avait seulement une blessure légère. On n’en a pas su vraiment plus… Les prêtres étaient choqués mais l’homme ne souhaitait pas particulièrement pousser l’investigation. Il semblait surtout avoir eu bien peur. »

Il conclut là-dessus, ne désirant pas plus que cela s’attarder sur le sujet.

« Bon, je suppose qu’il ne reste plus qu’à ce qu’on se mette au travail pour pouvoir célébrer notre réussite autour d’un verre dès qu’on aura écoulé ce petit stock ! Ça te va ? »

Souriant aux remarques du Gamin, Kalam poursuit la discussion.

- Tu n’as aucun soucis à te faire là-dessus. Quand je suis habillé comme ça, cela signifie que c’est l’artisan qui est de sortie et pas le membre de la guilde. Et oui, je suis cordonnier. Ça te faire rire ?

L’assassin prend faussement l’air d’être en colère.

- Tu penses que la guilde peut me permettre de vivre sans aucune autre activité à côté. Et bien tu te trompes. Et puis, si j’ai envie de sortir et de me montrer au grand jour, je ne peux pas éternellement me cacher sous une capuche. Non, le métier de cordonnier c’est très bien pour ça. D’ailleurs si tu veux un jour passer à la boutique, je te montrerai comment ça fonctionne. Cela pourrait t’intéresser et qui sait, tu pourrais devenir mon « apprenti ».

Il sourit, laissant entendre un double sens au mot apprenti.

- Je t’apprendrai énormément de choses, fais-moi confiance. Mais assez parlé de moi, montre-moi plutôt ce que tu as comme dague maintenant.

L’assassin laisse passer le jeune voleur et l’écoute parler de son arme de prédilection. Plusieurs fois, il hoche la tête, semblant d’accord avec les remarques du jeune homme. Il a failli perdre une dague quelques semaines auparavant. Il a dû remuer ciel et terre pour la récupérer. Il préfère donc en avoir tout de suite une autre de côté, au cas où cela se reproduit.

- Oui j’aime beaucoup aussi ce modèle-là, celui avec la lame vrillée. Je te fais confiance et je vais la prendre.

Il prend l’arme dans ses mains en faisant plusieurs moulinets. Il inspecte le fil de la lame ainsi que la pointe.

- Oui cela ne fait aucun doute. Cette arme doit certainement faire des dégâts.

En voyant arriver Alban, il lui montre la dague qu’il a choisie puis discute de la Forge et des fourreaux.
Lorsque le forgeron lui raconte sa version des faits concernant l’affrontement qui a eu lieu dans les thermes, Kalam continue de faire comme s’il ne savait rien.

- Décidemment, je suis parti au bon moment. Je n’aurais pas voulu rencontrer ce type.

Puis il profite de la proposition d’Alban pour passer à autre chose.

- Ahah oui, mais pour célébrer notre partenariat, je te propose d’aller boire un verre dès maintenant. Pour une fois que Maitre Baruk me laisse sortir sans râler, je ne vais pas rentrer tout de suite.

Le Gamin et Kalam s’entendent bien, entre autres parce que le cordonnier sait prendre une blague pour ce qu’elle est, et ne la transforme pas en insulte. Ils ont aussi en commun qu’ils connaissent le Couturé, pas seulement sa réputation. Et si l’homme est sacrément impressionnant, il n’en restait pas moins disponible à toute proposition qui pourrait rapporter à la Guilde des voleurs.
Le Gamin approuva la proposition de Kalam, même si cordonnier n’était pas son rêve, s’il avait besoin de faire un métier, il pourrait toujours seconder son grand frère. Cependant l’idée d’avoir quelques cours sur l’autre passion du cordonnier l’enthousiasmait. Il était encore loin d’être un expert, et il lui restait beaucoup de choses à apprendre dans ce domaine.
Une fois les dagues présentées et chaque qualité vantée, le Gamin laissa Kalam se décider. Il fut soulagé de le voir prendre une dague et ne plus la lâcher. Alban aurait été déçu que son frère n’arrive pas à convaincre un client, surtout qu’en ce moment ils avaient besoin d’augmenter leurs ventes. Une lame de partie, c’était un client qui serait satisfait de sa lame et qui pourrait revenir ! Là c’était encore plus important puisque c’était un partenaire commercial avec qui les échanges pourraient être fructueux.

« Très bon choix ! »

Lorsqu’Alban revient, le Gamin se fond dans les ombres de la forge et se fait oublier, laissant les deux hommes discuter tandis qu’il surveille les clients potentiels… à moins que ce ne soit une jolie jeune femme qui passait par hasard et qu’il semblait suivre du regard ? La connaissait-il ou admirait-il simplement la courbe de ses hanches qui se balançaient lorsqu’elle zigzaguait entre les passants ? Ceci est une autre histoire, nous ne pouvons que l’évoquer ici.
Le nouveau mensonge de Kalam semble crédible à Alban qui n’a plus aucun doute sur son nouvel ami, il était même soulagé qu’il ait pu éviter de potentiels problèmes.
Le forgeron fut amusé de constater que Kalam ne manquait pas une occasion pour lever le coude. Dans un sens il lui rappelait un ami d’enfance : Arsène. Mais ce dernier avait fini par épuiser leur amitié en réclamant toujours plus d’argent. Alban avait longtemps cru que ces demandes servaient à nourrir la petite famille qu’il construisait, et lorsqu’il avait découvert le pot aux roses : son ami jouait plus que de raison et perdait toujours… La colère s’était emparée de lui et il avait coupé les ponts. Fort heureusement Kalam ne semblait pas de ce genre-là, c’était quelqu’un de sérieux qui suivait son apprentissage auprès de Maître Baruk et qui un jour aurait un commerce florissant ! En tout cas c’est ce qu’il lui souhaitait de tout cœur.

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