Marbrume


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 La première cliente

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Desmond de Rochemont
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MessageSujet: La première cliente   La première cliente EmptyDim 13 Juin 2021 - 11:08
14 avril 1167

Je viens enfin d’arriver dans les faubourgs de la capitale, puis précisément dans la bâtisse qui abrite dorénavant les bureaux de ma guilde de mercenaire, les Boucliers de Marbrume. Je vois avec plaisir que Jean, le mercenaire que j’ai engagé et Milas, mon jeune suivant de douze ans, ont conformément à la lettre que je leur ai envoyé dès mon arrivée à Sombrebois, nettoyés les lieux.

De plus, avec l’aide d’Alban de forgeron et de Théanna l’apothicaire, je leur ai dit comment disposer les lieux et le bâtiment a maintenant fière allure. Jean a pu, depuis son arrivé, réaliser quelques missions d’escorte dans les faubourgs et pour ma part, j’ai escorté un convoi en venant ici, ce qui fait une jolie somme au total.
Je charge donc mon page de nous acheter du mobilier décent et notre habitation est à présent tout à fait acceptable. De solides fenêtres et une porte renforcée sécurisent les lieux et à l’étage se trouve cinq chambres, ce qui permet de pouvoir économiser sur une auberge. Nous recevons également régulièrement de la nourriture des trois sœurs vivant dans une ferme à Usson et qui nous sert de base arrière. Bien sûr, nous leurs rendons en retour de menus services et c’est donc bien installé que je vais pouvoir développer mon activité.

J’ai engagé quelques gamins des rues pour pouvoir annoncer la nouvelle, comme quoi, dès demain, notre agence ouvre et je ne doute pas que de nombreux clients souhaitant se déplacer en toute sécurité ne vont pas tarder à arriver. Je suis passée par Balazuc avec le convoi que j’ai escorté et les travaux avancent bien. D’après ce que j’ai pu comprendre, ils ont sans cesse besoin de personnel supplémentaires, notamment des charpentiers, c’est donc une véritable chance pour moi.

La nuit arrive et je m’endors le sourire aux lèvres, même si mes pieds dépassent de mon lit, mais c’est un soucis mineur et puis après quelques convois, j’aurai assez pour me payer un sommier sur-mesure. Je me lève à l’aube et après un solide petit déjeuner, je fais ma toilette comme d’habitude à l’extérieur grâce à l’eau du puits.

Il ne me reste plus qu’à nourrir mon cheval, situé dans l’étable collée au bâtiment principal, aidé par mon page, qui a s’occupe également de sa monture, un âne nommé tête de cochon, en hommage à une personne qui est importante pour moi.
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Angélique



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MessageSujet: Re: La première cliente   La première cliente EmptyJeu 17 Juin 2021 - 13:15


Le 15 avril 67.


Comme tous les jours, Angélique se levait dès l'aurore. La journée commençait, et débutait également un rituel bien assimilé, réglé au geste près par des années passées au Temple. Elle émergeait, s'étirait autant que son corps était capable de s'élonger, se frottait les yeux en baillant, puis posait ses pieds nus sur le sol de pierres glacées malgré la température en hausse, le tout en effectuant une grimace. Toujours les mêmes gestes, la même routine... Le quotidien de la prêtresse se présentait comme une mécanique bien huilée, qui variait peu.

▬ Bonjour Anur, bonjour Serus, bonjour Rikni... Bonjour Etiol, murmurait-elle ensuite d'un air coupable. Je m'en remets à vous, aujourd'hui encore. Puissiez-vous me guider et me protéger, comme vous l'avez toujours fait.

Elle se signait. Ensuite seulement la rousse se levait de sa couchette. Vêtements sous le bras, elle se rendait aux termes par des chemins plus ou moins fréquentés, adressant des signes de tête de salut ici où là. C'était, selon elle, la partie la plus pénible de son quotidien : devoir dire bonjour tandis qu'elle n'était pas encore tout à fait réveillée, et que son esprit se perdait encore entre la réalité et les rêves de la nuit passée auxquels elle cherchait sens. Une fois purifiée et prête à affronter le monde, les taches qu'on lui confierait et la dureté de la vie, elle se vêtait d'habits bien modestes même pour une prêtresse. Mais les habitudes se faisaient tenaces, et il lui était difficile de changer du tout au tout aussi rapidement !
Un demi sourire aux lèvres, elle trottinait alors jusqu'au Temple pour y prier ; elle priait pour tout un chacun, leur salut et leur pardon quelles que soient les fautes commises, appelait à un châtiment juste pour les moins honnêtes, souhaitait le repos des défunts, l'abondance des récoltes et la protection des foyers... Ses pensées, loin d'être égoïstes, s'adressaient à tous sans la moindre exception et avec une ardeur toute particulière. Elle implorait également le clémence des Dieux, et l'apaisement de la Fange... Avec toutefois de moins de convictions. Enfin elle rejoignait le réfectoire, prenait un verre de lait ou un quignon de pain selon ce dont ils disposaient. Souriante et parfaitement éveillée à présent, elle manifestait enfin sa légèreté caractéristique en sautillant jusqu'au bureau d'un prêtre responsable qui lui assignait les tâches pour la journée.

Mais ce jour-là, Angélique demanda quelque chose qui, depuis plusieurs semaines, n'étaient plus guère dans ses habitudes : elle souhaitait sa matinée. Le prêtre la regarda d'un air particulièrement étonné, puisque c'était pour effectuer une course personnelle quelque part dans Marbrume, mais accepta. En contrepartie, il lui demanda de passer l'après midi à veiller quelques blessés et malades, et faire du tri –encore– dans une obscure salle réservés aux prêtres chercheurs et savants. La rousse obtempéra, n'ayant guère le choix. Ce fut donc moitié courant, moitié sautillant, et toute sourire que la jeune femme sortit du Temple et prit la direction redoutée du Labourg qui ne l'effrayait plus autant qu'auparavant.

La veille, elle avait ouïe dire qu'une nouvelle guilde de mercenaires ouvrait ce matin là ; ravivant d'anciennes préoccupations, Angélique avait pressé les gamins de question jusqu'à ce qu'ils en eussent marre. Serait-ce enfin là l'opportunité tant rêvée ? Une fois dans sa cellule, installée à califourchon sur son lit, la rouquine avait passé le début de la nuit à passer en revue et compter ses économies dans l'espoir que cela suffirait à s'en offrir les services. Dans le pire des cas, elle en repartirait avec le prix à payer.

Une fois devant la bâtisse que les gamins lui avaient indiquée la veille à grand renfort de gestes et d'explications, la prêtresse s'assura avoir bien sa besace, passée en travers de son buste par-dessous sa cape. L'extérieur de l'établissement ne payait pas de mine mais semblait propre et un tant soit peu sécurisé, ce qui détonnait avec l'endroit dans lequel il se situait. Fidèle à lui-même, le quartier du Labourg était animé mais personne ne semblait se bousculer pour y entrer ; de toute façon, la plupart des passants n'étaient que des gueux du coin, aussi pauvres qu'ils étaient mal en point.

Angélique leva sa main qu'elle déposa à plat sur la porte avant de se raviser... A quoi bon, après tout ? Mais elle voulait savoir. Elle avait besoin de savoir. Prenant une grande inspiration, elle frappa et ouvrit avant de passer timidement la tête par l'entrebâillement de la porte. Ses grands yeux, plus bleus que gris ce jour là, scrutèrent l'intérieur de la bâtisse avec curiosité tandis qu'elle se mordait les lèvres. Dire que la prêtresse angoissait aurait été un euphémisme. Son visage était presque aussi rouge que ses cheveux ! Elle déplaça une mèche rebelle, sortie de son chignon, derrière une oreille, avant de prendre la parole.

▬ Bonjour. Euh, suis-je bien à la guilde des Boucliers de Marbrume ? J'ai entendu que vous ouvriez votre établissement aujourd'hui. Vous êtes bien mercenaires, n'est-ce pas ? Il se trouve que... Et bien, j'ai une requête à formuler. Enfin, j'ai besoin de vos services... Par la Sainte Trinité, je me sens tellement idiote !

Dans une vaine tentative de cacher son embarras, Angélique couvrit son visage de ses mains. Toutefois ces oreilles, rouges elles aussi et bien dégagées.

HRP :



Dernière édition par Angélique le Mar 26 Oct 2021 - 12:42, édité 4 fois
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MessageSujet: Re: La première cliente   La première cliente EmptyMar 22 Juin 2021 - 22:28
Juste après m’être occupé de tête de Cochon, je vois une jeune religieuse, jolie, mais habillé comme l’as de pique entrée dans mon nouveau Quartier Général. J’ouvre donc la porte me permettant d’entrer directement dans le corps principal à partir de l’étable que j’ai transformé en écurie très sommaire et j’entends sa voix, fluette et légèrement cassée. Elle n’a pas l’air sûre d’elle et je grimace un peu quand elle demande si nous sommes bien des mercenaires.

J’ai toujours un peu de mal à me faire nommer comme cela, même si j’ai perdu mon titre, dans mon cœur, je suis toujours Chevalier et je pense qu’il faudrait vraiment que je demande, un jour, au Roi, de revoir ma position. Demander une audience serait une bonne chose, après tout, il doit bien recevoir de temps en temps ? S’il a eu le temps pour Rosen une manante devenue Baronne, il doit avoir le temps pour un noble de naissance.

Mais le sujet n’est pas là, j’ai devant moi, ma première cliente et je dois essayer de faire bonne figure. Je m’avance donc, et j’incline légèrement la tête, comme il sied devant une représentante des Trois, avant de lui répondre d’une voix posée :

Vous êtes bien à la guilde des Boucliers de Marbrume, je suis Desmond de Rochemont. Nous rendons effectivement beaucoup de service, peut-être voulez-vous un verre d’eau avant de m’indiquer la raison de votre présence ?

J’espère que je vais arriver à la rassurer, et qu’elle va enlever les mains de son visage, car sinon, la discussion va être laborieuse. En tout cas, j’ai prévu un endroit dans une pièce, une sorte de salle de réunion, où se trouve déjà une table ronde avec de nombreuses chaises. Tout le mobilier est de seconde main, mais propre, c’est le principal. Je fais également signe à mon écuyer, Milas de nous apporter de l’eau tirée du puits, n'ayant pas encore de vin à proposer.

Une fois que nous serons servis, je n’aurais plus qu’à l’écouter pour connaître les raisons de sa visite. Je me demande d’ailleurs pourquoi elle est venue nous voir, notre principale activité, la sécurité des convois entre Marbrume et les villages ne devrait pas l’intéresser, la Milice assurant la sécurité des représentants des Trois. Cela étant, je vois mal une très timide jeune femme comme elle, me demander de tuer ou de mutiler quelqu’un.
Tout ceci est très étrange et je suis donc bien concentré sur les paroles de mon interlocutrice.


Dernière édition par Desmond de Rochemont le Sam 26 Juin 2021 - 20:00, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: La première cliente   La première cliente EmptyVen 25 Juin 2021 - 12:05


Par les Trois... souffle-t-elle ébahit. Oui... Volontiers, je vous... remercie.

Les mots lui manquent, purement et simplement tant elle est stupéfiée par l'homme en face d'elle. Une part d'elle-même, la seule encore consciente, a envie de se baffer. Oubliant toute retenue et autre forme de respect dont elle devrait normalement faire preuve, la jeune femme ne cache pas son étonnement. A quoi bon ? De toute façon ses yeux écarquillés à leur maximum parlent pour elle, et la rousse est de toute façon trop occupée à le dévisager pour contrôler son fasciés. Elle ne pense aucunement à mal, ni à le juger, nonobstant l'impression que peut procurer son regard insistant. Heureusement, ses mains cachent encore sa bouche grand ouverte.

Angélique s'attendait à tout : un briscard sec comme une brindille à qui il aurait manqué un bras ou encore un unijambiste édenté à la peau variolée, une femme aussi imposante que trois hommes réunis, et même à un poivrot notoire sa chope à la main... En somme, tout, sauf ça. Immense ! Il ressemble à une montagne humaine, démesurément musclé et forgé pour le combat. A côté de lui elle parait minuscule, insignifiante, et se sent quelque peu intimidée, comme lorsqu'elle n'était encore une petite fille curieuse face au vaste monde. Pour en voir le visage, elle doit se dévisser le cou comme jamais elle n'eut à le faire depuis... Depuis sa petite enfance, lorsqu'elle ne mesurait encore que trois pommes et demi de haut. Il est tellement colossal qu'elle ne sait dire si, à genoux, il ne demeurerait pas plus grand qu'elle, c'est dire ! Il est impressionnant, particulièrement intimidant, très probablement dangereux mais la jeune femme se sent en relative sécurité ; après tout, elle n'a probablement pas grand chose à craindre de lui dans l'immédiat, n'est-ce pas ? Elle en oublie même l'endroit où elle se trouve, les Faubourgs, et son malaise évident pour y venir.

Angélique se reprend bien vite, assez pour ne pas paraitre tout à fait idiote mais trop tardivement pour les convenances et la bienséance ; qu'elles aillent au Cloaque. Ca n'a, de toute façon, jamais été son fort. Seulement quelques courtes secondes se sont écoulées cependant la prêtresse a l'impression qu'une éternité c'est écoulée, et peut-être en va-t-il de même pour ce curieux Desmond de Rochemont. Ce nom, curieusement, lui évoque quelque chose sans qu'elle ne parvienne à mettre le doigt dessus. La rousse en est certaine, elle l'a entendu, déjà ! Mais où ? Comment ? Pourquoi ? Cela ne lui revient pas, et les sourcils légèrement froncés elle s'énerve après elle-même, peste contre cette foutue mémoire. Elle n'a jamais sût se souvenir des noms.

Enchantée, articule-t-elle d'une voix plus assurée, alors qu'elle entortille distraitement une mèche de cheveux autour de son index. Je suis Sœur Angélique. Etes-vous occupé ? Puis-je avoir quelques minutes de votre temps ?

La rousse le scrute brièvement, cherchant par quoi commencer. C'est que ce qu'elle s'apprête à faire, où du moins la finalité de son projet s'il en vient à se concrétiser et se savoir, pourrait lui valoir une place de premier choix sur la place des Chevaliers. La vision de son corps suspendu et balloté au bout d'une corde la fait brièvement fléchir dans ses convictions... Elle en ferme les yeux dans l'espoir d'en chasser l'horreur mais son ventre, ses entrailles nouées et crispées, l'empêche de tout à fait l'oublier. Toutefois elle ne cède pas à la peur. Sa détermination retrouvée flamboie dans ses prunelles claires. Avec l'expression sérieuse de son visage, malgré son habituel sourire aimable dont Angélique ne se départit presque jamais, et les poings fermés sur le tissus de ses jupes à s'en faire blanchir les jointures des doigts, il n'est pas bien difficile de comprendre combien l'affaire est sérieuse.

J'aurais aimée envoyer quelqu'un pour solliciter un rendez-vous de manière plus conventionnelle mais compte tenue de la nature de ma demande... Ca aurait été bien trop risqué, reprend-elle alors qu'ils entrent dans une pièce dont il ne lui est pas compliqué de deviner la fonction principale.

Elle défait sa cape bien piteuse qu'elle pose cependant très soigneusement sur le dossier d'une chaise, sur laquelle elle s'installe à son tour. Angélique n'accorde pas de réelle attention à la salle ; les mains sur les genoux et le dos bien droit, elle quitte peu Desmond De Rochemont de son regard curieux et se surprend même à oser sonder ses yeux marrons. Le temps que l'homme venu apporté de quoi se désaltérer reparte enfin, elle épie chacune de ses réactions et tout autant de gestes qui laissent transparaître qu'il n'est pas un simple mercenaire ; ils accusent une certaine instruction de la part du monstre qu'elle ne doute pas être tout en muscles et en puissance. La prêtresse se sent toutefois bien incapable de lui définir un âge... Quelque chose entre vingt-huit et trente-six ans, peut-être ? Non pas que cela ait une quelconque importance à ses yeux, d'autant plus que beaucoup s'accordent à dire qu'elle-même est trop précoce nonobstant les quelques moments où elle semble retomber les deux pieds dans l'adolescence.

Je ne peux pas tout vous expliquer pour le moment, explique-t-elle une fois de nouvelle seule avec son géant d'interlocuteur. Nous allons avoir besoin d'une confiance mutuelle pour ça et ça ne s'établit pas en un seul entretient. Vous le savez sûrement mieux que moi.

Sur ces dernières paroles Angélique fouille dans sa besace. Elle la conserve contre elle, par habitude plus que par crainte ; l'homme dont elle se méfie le plus présentement est également le plus apte à en assurer la sécurité, à sa connaissance. Elle en sort finalement une bourse qu'elle dépose sur la table avec un tintement significatif ; le tissu s'affaisse, retombe sur le côté lamentablement, et sans en montrer le contenu il n'est néanmoins pas difficile de deviner qu'elle ne contient que de maigres économies.

C'est peu, je sais... J'espère que ça suffira pour aujourd'hui, et j'apporterais plus la prochaine fois si je le peux. Sur les Trois et ma propre tête, vous avez ma parole, monsieur de Rochemont ! En échange... Je veux apprendre tout ce que vous savez sur les fangeux, sur la transformation des humains en ces abominations et aussi entendre vos propres expériences et opinions. Le savoir de mes frères et sœurs... De ceux qui veulent bien me le partager du moins, est très maigre. Ca ne me suffit pas. J'ai besoin du vécu et du regard de personnes qui en ont affronté eux-mêmes. J'ai besoin de personne qui pourraient, éventuellement, y être confrontées, s'exprime-t-elle avec ferveur. . Je veux faire mon possible pour affronter ce fléau. Trouver des poisons efficaces, un moyen de retarder les transformations ou... Que sais-je ?! Mais pour ça, il me faut toutes les informations possibles.

Le moulin à parole s'interrompt. Elle entrouvre la bouche comme pour ajouter quelque chose, mais se ravise. Elle baisse brièvement le regard sur ses mains crispées sur ses genoux, qu'elle réouvre doucement, puis le reporte sur le brun.

S'il vous plait.

HRP :



Dernière édition par Angélique le Mar 26 Oct 2021 - 12:42, édité 3 fois
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MessageSujet: Re: La première cliente   La première cliente EmptySam 26 Juin 2021 - 22:01
Je suis vraiment un fin psychologue, car elle me remercie pour mon attention. Après, je vois bien qu’elle est impressionnée par mon physique, sans que je comprenne pourquoi ce n’est sans doute pas la première fois qu’elle voit un homme. À moins qu’elle ne soit une de ces fameuses nonnes, qui, selon les rumeurs, vivent en dehors de Marbrume, dans des repaires cachés, même si cela me semble impossible à vérifier, et surtout très dangereux.

En tout cas, j’attends patiemment qu’elle se remette de notre rencontre, elle doit être un peu simplette, mais elle reste malgré tout une prêtresse et je lui dois un certain respect. J’ai toujours pris grand soin de ne jamais blessé ou insulter un ou une envoyé des Dieux, afin de ne pas subir leurs colères. J’ai bien fait de lui laisser du temps, car elle se reprend enfin et se présente, ce qui est une bonne chose, je déteste les gens qui veulent rester anonyme.

Elle me demande si je suis occupé et je lui réponds en souriant :

Je suis toujours disponible pour une représentante des Trois.


La raison de sa venue semble difficile à dire, car je la vois hésité, fermant même les yeux, comme pour trouver du courage. Finalement, c’est quand nous sommes dans la pièce réservée à l’accueil des clients de la Guilde, qu’elle commence à me donner des indices sur les raisons de venue. C’est une affaire tellement importante qu’elle est obligée de venir en personne. Je me contente donc de hocher la tête pour lui montrer que j’ai bien compris ses raisons, la laissant dérouler son histoire à son rythme.

Elle se met à l’aise et une fois Milas sortit de la pièce, elle m’annonce qu’elle ne peut pas tout me dire, car elle n’a pas confiance en moi ! J’avoue que c’est une première pour moi, faire tout ce chemin pour m’annoncer cela, c’est vraiment très bizarre, mais je n’ai pas le temps de dire quoi que ce soit, car elle sort d’un petit sac, une bourse pas bien lourde et vide enfin ce qu’elle a sur le cœur.

Apparemment, elle veut arrêter toute seule la Fange et ses frères et sœurs ne semblent guère vouloir l’encourager dans cette voie, ce qui n’est pas étonnant, mon interlocutrice, n’étant pas vraiment le genre capable d’affronter les abominations. J’hésite quelques secondes sur la conduite à tenir, mais après tout, cela ne peut faire de mal de lui dire ce que je sais, alors je prends la bourse, farfouille un peu dedans et sors une petite pièce possédant la plus faible valeur de toutes celles présentes dans le contenant.

Une fois, ceci fait, je lui rends ses économies et je lui dis en souriant :

Vous faites dorénavant partie, de manière officielle, de la clientèle de la Guilde des Boucliers de Marbrume, félicitations !


J’ai devant moi, ma première cliente et en tant que telle, je m’assieds confortablement sur ma chaise, qui grince un peu, mais ne se casse pas, avant de lui annoncer :

Je vais vous dire tout ce que je sais sur les Fangeux, pour cette unique pièce, je préfère que vous gardiez le reste pour vous acheter des vêtements décents.

On dirait vraiment une pauvresse, attifé de la sorte, mais je ne me laisse pas distraire et je continue :

Alors, concernant les fais, ils sont assez simples, quand vous êtes blessé par une de ses créatures, vous pouvez vous transformer à n’importe quel moment, y compris dans la mort, c’est pourquoi il faut réglementer strictement les entrés de notre cité. Certains disent que ce ne sont que les morsures qui sont fatales, mais je n’y mettrais pas ma main à couper, il vaut mieux rester prudent.

Je m’arrête un moment pour boire un peu d’eau et je continue :

Concernant mon opinion sur leur arrivée, je pense que c’est une maladie, un peu comme la rage, mais elle rend plus forts les gens et c’est cela qui me fait le plus peur. J’en ai vu quelques-uns, de loin, et j’ai toujours réussi à éviter de les affronter, ils sont redoutables, j’ai observé de mes propres yeux, les résultats d’un combat entre une dizaine de miliciens et un Fangeux et à la fin, il ne reste que quelques survivants.

C’était lors de notre libération du manoir de l’horreur, je m’en souviendrais toute ma vie et je finis mon monologue sur un ton plus sombre :

En conclusion, la seule manière de vaincre un fangeux est de lui couper la tête, même chose pour ceux qui ont été blessés car, pour le moment, aucun remède n’a fonctionné.

Voilà, je pense avoir tout dit et j’observe ses yeux gris-bleu, en attente de la suite de ses questions.
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MessageSujet: Re: La première cliente   La première cliente EmptyMar 6 Juil 2021 - 19:54


Perplexe au possible, Angélique regarde la bourse que lui rend le mercenaire, après l'avoir fouillé pour en extirper une pièce. Une seule pièce, petite, de moindre valeur par rapport à d'autres qu'elle s'est pourtant assurée de placer avec elle… C'est à n'y rien comprendre, songe-t-elle en clignant des yeux à trois reprises. Est-ce par charité ? Un geste symbolique ? Elle effectue un aller et retour du regard, de sa bourse au visage de Desmond de Rochemont, n'osant trop y croire. Quelle est l'entourloupe ? Mais le sourire qu'il lui adresse, qui adoucit considérablement son faciès tandis qu'il la félicite et lui annonce faire partie de la clientèle de la guilde à présent, fait fondre ses maigres réticences –car soyons honnête, la prêtresse n'est pas assez folle encore pour cracher sur son magot si on le lui rend si généreusement. Les temps sont assez durs, admet-elle en son for intérieur, pour refuser le moindre geste bienveillant.

Il existe bien des types de personnes, en ce bas monde… Certains les classent en deux catégories seulement : les méchants et les gentils, soit une vision très étriquée de la diversité du monde des Trois, ou des Quatre, de l'avis d'Angélique. A trop vouloir faire le bien, ne finit-on pas inévitablement pas commettre le mal ? Le bien des uns n'est-il pas obtenu au détriment des autres ? Pourquoi ce monde ne serait-il que noir et que blanc ? S'il est bien une conviction profonde sur laquelle la rousse n'accepte aucune contradiction, c'est celle de la diversité : il existe une infinité de nuances, autant dans les couleurs que dans les personnes. Point. Preuve en est avec ce mercenaire, confirme-t-elle mentalement tandis qu'elle le remercie d'un sourire en retour et d'une brève inclination de la tête. Mais il y a plus important, aussi coupe-t-elle court à ses réflexions.

L'homme s'exécute et la sœur l'écoute avidement. La première partie de ses paroles la déçoit, car tout le monde le sait… Toutefois, c'est la suite qui attise son intérêt, lorsque le géant fait part de son propre scepticisme et ses opinions. Tout à fait intéressée, l'attitude d'Angélique change du tout au tout ; de ses yeux qui semblent à présent à des étendues d'eau limpide ou étincelle les reflets du soleil, jusqu'à sa posture pouvant pour plus agressive, penchée en avant, les coudes sur les genoux et menton reposant sur ses mains croisées. Elle absorbe chaque mot et creuse au-delà de leurs sens pour mieux cerner la personne qu'elle estime finalement plus intéressante qu'il n'y parait. Et probablement bien plus avisée qu'elle-même, bien que cela s'explique par leur grande différence d'âge et d'expérience.

Je vous remercie de votre… Franchise. Je rejoins vos doutes, il vaut mieux rester prudent et n'écarter aucune possibilité, confie Angélique après un temps de réflexion, durant lequel elle cherche comment s'exprimer sans risquer tout à fait sa tête. Nous ne savons rien de ces choses. Et je refuse de me reposer sur nos faibles acquis et suppositions hasardeuses comme certains de mes pairs et supérieurs… Même si rien ne laisse deviner qu'il existe d'autres moyens de se transformer que par les morsures, j'aimerais pouvoir m'en assurer.

Se mordant la lèvre, la prêtresse se recule au fond de son fauteuil. Elle sonde des yeux le mercenaire et, comme souvent, son regard peut laisser la sensation de fouiller jusqu'au tréfond de son âme… Ce qu'elle est toutefois bien loin de savoir-faire. La rousse cherche, épie chaque changement dans l'attitude de son interlocuteur qu'elle finit par estimer assez pour s'ouvrir davantage.

J'ai moi-même pu voir un Fangeux, une fois. Malheureusement. Ma curiosité est un vice, dont je dois porter le fardeau et me repentir tout le restant de ma vie pour ce que cela a engendré… Mais malgré la terreur pure qu'ils m'inspirent, ils me fascinent également. Pas comme des merveilles, bien évidemment…Quoi qu'ils n'en sont pas moins des créations des Trois, loués soient-ils, quelles que soient leurs desseins dont ne saisissons rien. Est-ce vraiment une punition ? Ne pourrait-ce être une épreuve à surmonter, tous ensemble, afin d'en ressortir grandis ?

Angélique déglutit faiblement. Elle laisse s'écouler quelques secondes après son discours passionné afin que l'homme puisse y réfléchir, se faire son idée, mesurer la portée de ses paroles… En même temps, cela lui permet de réfléchir à la suite, qui s'annonce d'autant plus délicate à aborder comme le dévoilent ses doigts qu'elle triture nerveusement au-dessus de ses cuisses.

J'ignore si nous pouvons réellement parler d'une maladie mais je pense que ce fléau est effectivement du même principe… Toutefois, toute maladie a son remède, ses faiblesses, et je suis persuadée que c'est également le cas pour la Fange. Que pensez-vous de l'efficacité du sel, contre eux ? A quel point ont-ils peur de l'eau ? Pourquoi ? Pensez-vous que le contact du sang soit la cause des transformations ? De la salive, peut-être ? Je suis réellement déterminée à comprendre ce mal, et à le repousser ! Quel qu'en soit le prix.

La jeune femme laisse en suspens les autres questions qui lui traversent l'esprit, ainsi que les idées folles qui y germent de plus en plus, mais ses yeux parlent néanmoins pour elle. Existerait-il des produits pouvant les blesser, les tuer sans encourir le moindre danger ou, mieux encore, soigner le mal ? Ou même empêcher la contamination ? Angélique veut le découvrir, et compte bien tout faire pour y parvenir. Mais pour cela, il lui faut s'obtenir des alliés.



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MessageSujet: Re: La première cliente   La première cliente EmptyMer 7 Juil 2021 - 22:53
Au fur et à mesure que je parle, je la vois se concentrer sur mes paroles. Je sais que je suis un excellent orateur, mais j’ai rarement eu une auditrice aussi passionnée que celle que j’ai en face de moi. Une fois que j’ai terminé mon monologue, je la vois réfléchir avant de m’annoncer qu’elle est d’accord avec moi, ce qui me fait plaisir, il est toujours agréable de se soutenir soutenu, surtout par une représentante du Temple.

Elle plonge son regard dans le mien, tout en me racontant sa rencontre avec un fangeux. Je l’écoute à mon tour attentivement, mais je sens bien que nous ne sommes pas tout à fait d’accord sur un point. Toutefois, je ne l’interromps pas et une fois qu’elle m’a posé quelques questions, je lui indique d’une voix calme :

Avant de vous répondre, il y a une chose à bien préciser, ma propre opinion est qu’il est dangereux de penser à la venue dans la Fange comme une épreuve voulue par les Dieux, car cela a conduit les cultistes à penser qu’ils devaient aider les Goules à rentrer dans la capitale.

C’est en effet à cause de pensées déviantes de ce type qu’un quartier de Marbrume, ainsi que la majorité de ses habitant a été annihilé. Une fois ce point annoncé, je peux donc reprendre :

Il vaut mieux laisser les Trois en dehors de tout cela, je ne connais pas leurs volontés et je ne cherche pas à les comprendre. Les goules sont arrivées, veulent nous tuer et nous les combattons.


C’est un bon résumé de la situation, je réponds maintenant à ses interrogations :

L’eau salé est un grand mystère, jusqu’ici, personne, à ma connaissance, n’a réussi à plonger un fangeux dans la mer pour savoir ce qu’il allait arriver, mais c’est sans doute une expérience intéressante à faire. Tout ce que je sais, c’est qu’ils n’ont pas attaqué Marbrume alors que ce n’est guère loin, toutefois, j’ai ouï dire que dans certaines cités, des cadavres infectés qui avaient été rejetés par la mer se sont transformés, ce qui explique que nous brulons les corps venant du large.

Je réfléchis quelques secondes, à bien structurer mes pensées avant de continuer :

Le sang ne semble pas être le problème, j’ai connu des vétérans qui se sont battus contre ces créatures, et s’ils n’ont pas été blessés, même couvert du sang des fangeux, ils ne se transforment pas. C’est peut-être la salive ou une chose qu’il secrète comme les serpents. Une chose est sure, ils ne craignent pas l’eau douce, car vous allez en trouver de sacrées quantités dans les marécages, beaucoup se sont embourbé et n’ont pas réussi à sortir de leur trou d’eau.

Je sais de quoi je parle, j’en ai vu un avec Rosen et il a fallu que les gardes de Sombrebois interviennent pour nous aider, ils l’ont criblé de trait et la bête, c’est effondré. Je conclus donc, d’une voix douce :

C’est une bonne chose de vouloir combattre la Fange et je suis prêt à vous y aider. Mais vous devez savoir que ce sera sûrement très dangereux et que tout ceux qui ont essayé avant nous, ont échoués.
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MessageSujet: Re: La première cliente   La première cliente EmptyMar 26 Oct 2021 - 12:14


Un air très intéressé placardé sur le visage, Angélique opine à chaque parole de son interlocuteur et s'efforce de ne pas l'interrompre même lors des moments de silence et de réflexions qu'il s'accorde. Néanmoins sa bouche s'entrouvre à plusieurs reprises, avant qu'elle ne la referme brusquement en se mordillant les lèvres ou l'intérieur des joues.

Son esprit s'agite et s'égare en une multitude de réflexions dont elle perd le fil à mesure qu'elle soupèse chaque parole de l'homme, jugeant de leur justesse tout autant que leur fondement. La manière dont il les présente, ainsi que son opinion, lui dressent le portrait d'un homme au naturel impétueux mais non moins capable de prudence et d'intelligence –du moins le suppose-t-elle, sans certitude de viser juste. Le contraire l'eu étonné, songe-t-elle en se rappelant qu'elle fait face au maître des Boucliers en personne, et non à un simple membre ; tout le monde n'est pas capable de fonder une guilde. En tous cas, il a le sens du détail et c'est là une bonne chose à ses yeux.

« Vous n'avez pas tort» admet-elle une fois qu'il semble avoir terminé, tout en cherchant elle-même comment formuler la suite sans contredire sa propre opinion. « Bien des méfaits sont commis aux noms des Trois ou des Quatre... En définitive, ce qui importe est la manière dont combattre cette calamité bien plus que son apparition en elle-même, quoi que je suis persuadée qu'en comprendre l'origine aiderait à l'affronter. Nous ne sommes pas les premiers à essayer de la combattre, et nous ne seront vraisemblablement pas les derniers ; mais c'est grâce aux échecs de nos prédécesseurs que nous en savons tant à présent, et ça sera grâce aux nôtres que nos successeurs en sauront davantage. C'est parce que les uns se sont essayé à des expériences que nous parvenons à soigner certaines maladies, et il en est de même contre la Fange, aussi ardu cela soit-il. »

La prêtresse s'interrompt, les yeux perdus quelque part sur le mur en face d'elle sans paraître réellement le regarder tandis qu'elle tapote distraitement sur son genou de son index droit. Toutefois il ne s'écoule guère qu'une seconde ou deux avant qu'elle ne reprenne, après un léger sursaut. Ses iris bleues aux pupilles étroites se porte à nouveau sur le mercenaire.

« Pardonnez-moi, je réfléchissais ! Toute aide est la bienvenue, et je vous remercie de bien vouloir me prêter main forte. Actuellement, nous ne pouvons malheureusement guère avancer ; il nous est interdit d'expérimenter quoi que ce soit, et le danger que représente un seul fangeux est bien trop grand pour qu'on s'y essaie seulement. En tuer un seul représente un exploit, en soit... mais tant que nous n'en saurons pas plus nous ne pourrons faire autrement qu'en comptant sur la décapitation et la perte de nombreux êtres, hommes et femmes. C'est pourquoi, et je vous prierais de bien vouloir conserver ce secret pour vous-même, je suis prête à me compromettre et outrepasser l'interdit en menant des expériences... Sur des sujets. Vivants ou morts » ajoute la jeune femme en déglutissant faiblement.

Voilà qu'elle y est, s'encourage-t-elle intérieurement en songeant aux quelques rares personnes au courant de ses projets : un prêtre auquel elle n'accorde qu'une confiance relative tant ses nombreux travers lui déplaisent, et à présent le chef des Boucliers de Marbrume. La rousse se tient parfaitement immobile, le dos droit contre le dossier du fauteuil et les paupières légèrement fermées qui rendent son regard plus perçant encore ; car elle sait d'expérience qu'en cet instant le moindre mouvement de sa part est capable d'effrayer son auditoire. Malgré son trouble, sa voix reste ferme et claire.

« Je ne vous demande pas d'enfreindre la loi, ni même de chercher à vous jeter dans la gueule d'un fangeux volontairement. Comprenez bien que mon but n'est pas de mettre en péril davantage de personnes. Au contraire ! Pour vous comme pour moi il s'agit seulement de profiter d'opportunités lorsqu'elles se présentent » précise vivement Angélique en accentuant le mot "seulement". « Aucun fangeux ne pénètrera dans l'enceinte de la cité ; ou du moins pas par notre biais. Pour l'instant, je souhaiterais juste établir le contact avec des mordus, mais également des griffés, afin de constater de mes propres yeux l'avancée de la maladie sur leurs corps et leurs esprits... Des personnes qu'il me serait possible de visiter de manière régulière, une à deux fois la semaine. Mais je ne peux quitter les murs assez longtemps pour m'en charger moi-même... Accepteriez-vous de trouver quelques unes de ses personnes, pour moi, et les faire se réunir tous les lundis dans un endroit assez proche d'ici ? Bien sûr, ce n'est pas gratuit. Qu'en dites vous ? »

Au fond d'elle, Angélique prie presque afin qu'il renouvelle ses vœux de l'aider. Anxieuse, la prêtresse attend la réponse du mercenaire en guettant la moindre réaction de son regard le plus perçant –mais néanmoins loin d'être infaillible, à son grand regret. Les lèvres pincées et l'expression de son visage particulièrement grave trahissent la tension qui l'habite, car malgré la discrétion dont elle s'efforce de faire preuve elle en a assurément trop dit. Cela va-t-il se retourner contre elle, s'inquiète-t-elle.
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MessageSujet: Re: La première cliente   La première cliente EmptyMar 26 Oct 2021 - 15:34
Mon interlocutrice commence à me dire que j’ai raison, ce qui prouve bien que j’ai une personne sensée en face de moi. Elle me confirme qu’elle est prête à lutter contre la Fange et c’est une bonne chose, même si elle me semble jeune, trop jeune pour pouvoir aider. Elle dresse ensuite un portrait de la situation telle qu’est, avec l’interdiction d’expérimenter et elle me surprend en indiquant qu’elle est prête à se mettre hors-la-loi.

Je regarde dans les yeux de mon interlocutrice et j’y vois une grande détermination, peu commune chez les gens de son âge. Toutefois, je n’aime guère ce que j’entends et je lui dis, d’un ton assez sec :

Vous ne devriez pas dire de telles choses, si le Temple a interdit les expérimentations, c’est pour de bonnes raisons et il faut respecter cette décision.

Toujours suivre les enseignements des Trois, c’est ma devise. Puis je m’adoucis et lui sourit :

Toutefois, il n’y a rien de mal à aller voir des nécessiteux. Cela fait déjà quelques semaines que mon Quartier Général est opérationnel et j’ai remarqué que certains bâtiments des Faubourgs, les plus éloigné et les plus décrépis sont squatté par des pauvres gens, dont certains, j’en suis sûr, porte la marque des bannis.

C’est en effet là que survivent une poignée de réfugiés, les femmes se prostituant avec les ouvriers venant travailler dans les abords de la capitale, les hommes louant leur bras pour nettoyer les étables. Leurs conditions de vie sont bien entendue effroyables et il faut avoir le cœur bien accroché pour y aller, mais c’est une bonne option. Je reprends donc mon monologue :

J’ai quelques couvertures que je voulais donner au Temple, nous pouvons, si vous le désirez, aller les voir et faire ainsi une première prise de contact, j’assurerai votre protection pendant vos échanges. Vous pourrez leur poser les questions que vous voulez, mais il faudra vous faire accepter par eux, pour qu’ils vous fassent suffisamment confiance, ce qui ne sera pas chose aisé.

Pour moi, c’est même mission impossible, mais après tout, les miracles existent.
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MessageSujet: Re: La première cliente   La première cliente EmptyMer 27 Oct 2021 - 16:29


Sans rien laisser paraître de ce qu'elle pensait, encore qu'elle n'en fut pas réellement sûre car l'éclat qui traversa furtivement ses yeux eu pu aisément la trahir, Angélique se contenta d'adresser un pâle sourire au chef des Boucliers pour toute réponse à son sermon. Elle adopta tant bien que mal une attitude faussement navrée qu'elle espérait convaincante, bien loin de la réserve et méfiance qu'elle éprouvait à présent.

Pouvait-elle dire qu'elle n'était aucunement d'accord ? Non, absolument pas. « Nécessité fait loi » disait souvent la rousse au seul frère a qui elle faisait un tant soit peu confiance. Ce n'était pas en attendant à ne rien faire que les mordus seraient guéris et, s'ils ne faisaient rien, la poignée de survivants qu'ils représentaient finirait par se transformer à son tour... Ils survivaient, certes, mais pour combien de temps encore ? Les cas de transformations et de décès représentaient à eux-seul plus du double des naissances... Sans même compter sur les cas de morsures, les causes dont ils ignoraient tout, et les morts infantiles. Peu importe l'angle sous lequel la prêtresse y regardai, ils demeuraient tous condamnés à une lente agonie. La seule solution résidait en l'expérimentation sur des corps, ou sur des vivants. En parler ne servirait à rien, estima-t-elle toutefois avec une prudence accrue. Au mieux le temps n'était pas encore venu de faire part de son opinion sur le sujet, au pire son interlocuteur la dénoncerait... Et il était bien trop tôt pour cela. Il leur restait tant de choses à découvrir et essayer avant de se faire exclure des Ordres, ou pire encore.

Les paroles que messire Desmond de Rochemont lui adressa ensuite la surprirent positivement, comme le témoignait aisément le grand et franc sourire qui dévoilait à présent ses dents. Telle une enfant le jour de son anniversaire Angélique battaient frénétiquement des mains alors qu'elle agitait les pieds sous son fauteuil, et ses yeux étincelaient de nouveau. A cet instant, elle n'était plus une représentante des Trois, ni âgée de seize ans –dix, tout au plus.

« Avez-vous entendu cela ? » s'exclama-t-elle, extatique, sans sembler s'adresser à qui que ce soit. « Les Trois soient loués, que je suis heureuse ! »

Elle était ivre de joie quand, lorsqu'il eut fini de parler, elle se précipita sans crier gare sur la montagne dont elle s'empara prestement des mains. Elle sentit quelques rugosités, peut-être, mais n'y prêta aucune intension ; ni à leur aspect, pas plus qu'à leur taille ridiculement grande. Celles-ci faisaient aisément le double des siennes, et en tenir une seule nécessitait ses deux mains –encore qu'elles n'en faisaient pas le tour complet. Insouciante de la situation dans laquelle elle se trouvait, et inconsciente du danger dans lequel elle eu pu se mettre, elle constata seulement que leurs têtes se trouvaient presque à la même hauteur dans cette position : elle debout et la montagne toujours assise. Angélique pressait fort les doigts qu'elle tenait, encore qu'elle manquait de tant de force que le mercenaire devait tout juste la sentir.

Dehors, un cheval hennit.

« Je vous remercie, messire de Rochemont ! Je ferais le nécessaire pour gagner leur confiance, soyez-en sûr. Quand souhaitez-vous y aller ? Oh ! Je devrais préparer quelques herbes, et prendre des onguents la prochaine fois... Et peut-être du pain, si j'en trouve. Ou bien du poisson, et des fruits s'il en reste. J'ai fait sécher quelques plantes, elles feront de bonnes infusions. Ô Serus, il y a tant de chose à prendre et à faire que je m'y perd ! Il faudrait également du linge, mais encore... »

A bout de souffle, la prêtresse arrêta de parler au bout milieu d'une longue énumération de fournitures diverses qu'elle projetait apporter une prochaine fois. Où les trouverait-elle ? Elle l'ignorait encore mais trouverait bien, elle en était absolument certaine ; bien qu'elle ne pourrait tout amener d'une seule traite, de toute façon. Toute crainte des Faubourgs s'était envolée ; et elle s'agitait dans tous les sens, tournant en rond ou faisant les cent pas en tapant des talons tandis qu'elle comptait sur ses doigts ou fronçait les sourcils de concentration.

« Que devrais-je prévoir d'autre ? » demanda-t-elle finalement, en se rappelant qu'elle n'était pas seule.
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MessageSujet: Re: La première cliente   La première cliente EmptyMer 27 Oct 2021 - 17:51
Je vois avec satisfaction que la très jeune femme a l’air sincèrement navrée et je ne doute pas qu’elle va réviser sa position. Il est dangereux pour son âme de s’éloigner des préceptes du Temple et par conséquents des Trois, alors il faut respecter les consignes à la lettre. Mais le reste de nos échanges semblent lui convenir, car elle se lève pour prendre mes mains, ce qui me gêne considérablement. Je n’ai guère l’habitude de ce genre d’intimité et je sens que mon visage commence à rougir, ce que je déteste.

Heureusement pour ma dignité, elle me les lâche rapidement et commence à faire des plans sur la comète, puis au beau milieu d’une addition, elle s’interrompt et me demande mon avis. Je peux enfin en placer une et je lui dis d’un ton amusé :

On va commencer par les couvertures, vous verrez là-bas ce qu’il vous manque pour vos futures visites.

Du moins s’il y en a d’autres, les gens que nous allons rencontrer sont méfiants, très méfiants, après tout, ils devraient être partis depuis leurs banissements et si la Milice n’avait pas d’autres chats à fouetter, ils auraient été expulsés il y a longtemps. De plus, il y a certaines rumeurs que j’ai entendues qui font penser que leur sang permettrait de lutter contre la Fange en cas de morsure, ce qui fait d’eux des cibles. Je continue ensuite à lui parler :

Nous pouvons partir dès maintenant, il faut environ vingt minutes pour y aller à pied, c’est vraiment au fond des faubourgs.

Je sors de la pièce et indique à mon page qui attendait à l’extérieur :

Prépare mon cheval avec la selle de bat et tu y as attaches solidement les cinq couvertures que je réservais pour le Temple.

Je le vois acquiescer et se dépêcher d’exécuter mes instructions. Pour ma part, il me reste à mettre mon armure, ce qui ne devrait pas être long, avec l’aide de Gersand Motte, un membre de ma Guilde que je viens d’embaucher, c’est un ancien marin, qui sait très bien lancer des coutelas. Il fait partie des naufragés et il est très serviable, j’indique donc simplement à ma cliente :

Je vous propose de se rejoindre dans l’entrée, surtout ne sortez pas toute seule.

Nous sommes en effet dans les Faubourgs et il est dangereux de se promener en solo, surtout pour une jeune femme de seize printemps.
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MessageSujet: Re: La première cliente   La première cliente EmptyVen 29 Oct 2021 - 21:24


Angélique ne remarqua pas la gène de son interlocuteur, ni l'amusement qui perçait lorsqu'il lui répondit. La seule chose qu'elle retint de ses paroles fut la promesses sous-jacentes d'autres visites. Mieux encore, ils partaient là, maintenant, tout de suite. Ses mots la firent bondir de joie –et claper des mains, comme la rousse en avait l'habitude lorsqu'elle se sentait heureuse. D'ailleurs elle l'était tant qu'elle en avait tout bonnement oublié son autre demande.

« Je vous attend ! » chantonna-t-elle en regagnant l'entrée.

Les choses pouvaient-elles être si simples ? Non, bien sûr. Les gens se méfieraient, naturellement. D'ailleurs, comment seraient-ils, ces inconnus ? Dans son esprit probablement simpliste, ignorante du monde d'en dehors les murs de Marbrume, Angélique voyait les habitants des faubourgs comme s'il eut s'agit d'une autre espèce animale curieuse, dangereuse... Non, à bien y réfléchir, ils lui apparaissaient plutôt comme une autre civilisation. D'un point de vue physique, elle ne les imaginait guère différent des marbrumiens, en plus halés peut-être, et très sales ; en revanche, puisqu'habiter hors de la cité relevait de la folie pure à ses yeux, elle ne pouvait que douter de leurs facultés mentales. Bien qu'ils n'y pussent pas grand-chose, elle s'imaginait naïvement que dans leur situation il eut suffit de gagner un autre village ou une forteresse. C'était simple, non ? Etaient-ils donc capable de penser, de faire preuve d'intelligence, ou bien n'étaient-ils que victimes du mauvais sort ? Dans ce cas, à quel point serait-il difficile de les acheter, les amadouer, ou plus largement les convaincre ? Y parviendrait-elle seulement ? La prêtresse devait bien admettre ne pas être la plus adroite lorsqu'il était question de contact humain, sans compter toutes ces petites bizarreries qui exaspéraient autant qu'elles faisaient rires son auditoire –en temps normal. En parlant de celles-ci, ça ne le paraissait pas mais elle faisait d'énormes efforts, notamment pour ne pas parler à des êtres qu'elle seule percevait.

Tandis qu'elle patientait, Angélique s'occupait à faire les cents pas devant la porte tout en suivant avec la plus grande application une des planches qui composaient le parquet. Elle faisait sa cinquième longueur quand elle s'arrêta brusquement ; le géant lui avait dis de ne pas sortir... Mais sans préciser jusqu'à quel point elle ne le devait pas. Attendre dans la rue, juste de l'autre côté de la porte, comptait-ce réellement comme sortir ? A ses yeux, pas du tout. Aussi sortit-elle sans jeter le moindre regard en arrière.

Dehors, le soleil avait gagné de la hauteur et approchait doucement de son point culminant. Des gens défilaient sous ses yeux, et ils n'avaient pas l'air bien plus étranges que d'autres. Non, à bien y réfléchir, ils avaient l'air des plus ordinaires ; visages creux, expressions ternes malgré le beau temps auquel la jeune prêtresse rendit grâce aussitôt, et guenilles en lambeaux méconnaissables. La prêtresse ne leur adressa toutefois pas la parole tant ils semblèrent ne pas l'apercevoir. Quand à Angélique, si elle remarqua les ombres mouvantes de l'autre côté de la rue ou dans des recoins plus éloignés, elle n'en laissa rien paraître. Oh, elle en remarqua bien quelques unes car elle n'était pas aveugle ! Mais certainement pas toutes. Toutefois, l'inconnu et le danger que cela représentaient l'encouragèrent à ne pas s'éloigner, voir même à se coller contre le mur du bâtiment de la guilde.

« J'ai hâte de les rencontrer » déclara-t-elle soudain en oubliant ses efforts pour ne pas parler à l'invisible. « Combien sont-ils ? Oh non, je n'ai pas peur... Je n'ai peur que des fangeux ! Ces vilaines créatures... Brr. Mais ça m'intimide quand même un peu... Comme ser de Rochemont, mais il sera là pour me protéger alors ça ne peut qu'aller. Auront-ils peur, eux ? J'aimerais bien que non... »

Devait-elle compter sur le maître des Boucliers pour les convaincre, se demanda-t-elle intérieurement cette fois, en rajustant sa bien modeste mise. Elle n'avait pas l'apparence d'une prêtresse mais pour autant, Angélique tranchait durement avec les habitants des environs.

Un cheval hennit, tout proche d'elle, et la fit violemment sursauter.

« Ca y est, on y va ? » demanda-t-elle quand elle cru distinguer les pas de la montagne.
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MessageSujet: Re: La première cliente   La première cliente EmptySam 30 Oct 2021 - 19:15
Mes paroles semblent lui avoir fait plaisir vu ses démonstrations et elle m’indique qu’elle va m’attendre. Je peux ainsi préparer ma visite, rajoutant un peu d’huile pour que ma lame coulisse parfaitement dans mon fourreau en cas de problème. Je mets mon amure avec un peu d’aide puis passe par l’écurie où je suis satisfait de voir que tout a bien été préparé selon mes instructions.

Je n’ai plus qu’à quitter les lieux et rejoindre la prêtresse, mais je vois sur le court chemin, un individu peu recommandable en train de l’observer et sans doute, de mijoter un mauvais coup. Je m’approche donc doucement dans son dos et je lui dis à voix très basse pour qu’il soit le seul à m’entendre :

Mater est un péché.


Surpris il se retourne et je lui inflige un violent coup de droit qui le plie en deux, doublé d’un crochet du gauche qui l’envoi au tapis. Il est assommé sur le coup, mais pas mort, n’ayant pas pris mes gantelets en métal. Je n’ai plus qu’à continuer ma route, pour arriver finalement à la hauteur de la jeune femme, lui indiquant d’un ton ferme :

Vous deviez m’attendre à l’intérieur, à la prochaine incartade, je vous retire mon aide.

Il faut qu’elle comprenne que les faubourgs sont des endroits dangereux, car contrairement à la ville Marbrume, le danger ne vient pas uniquement des humains, mais aussi des Fangeux. Nous partons ensuite, j’ai une main sur la longe pour guider ma monture transformée en bête de somme et l’autre sur le pommeau de mon épée, prêt à dégainer en moins d’une seconde.

Au bout de vingt minutes, comme c’était prévu, nous arrivons devant un entrepôt délabré, il a dû servir, avant la Fange, à stocker des denrées venues des quatre coins du pays et maintenant son toit est à moitié en ruine et ses murs ont été réparés à de nombreuses reprises avec des matériaux de fortune. Un homme semble faire le guet devant l’entrée, armé seulement d’un grand bâton. Je montre donc du doigt le bâtiment et indique simplement à mon acolyte :

C’est ici. Je serais à cinq mètres derrière vous.

Je détache ensuite les couvertures, lui en donnant une, pour montrer sa bonne fois.
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MessageSujet: Re: La première cliente   La première cliente EmptyDim 31 Oct 2021 - 16:54


Lentement, la jeune fille déglutit, puis elle se redressa pour paraître imperceptiblement plus grande face au mercenaire et darda ses yeux comme elle le put dans ses orbes situées presque trois têtes trop hautes par rapport à elle. La menace prononcée d'un ton ferme, implacable, semblait on ne peut plus sérieuse et toute frivolité l'abandonna. Angélique n'avait pas exactement peur, toutefois l'idée de se voir sa précieuse aide retirée parvint à la faire blêmir plus efficacement que ne l'eut fait la vision d'un spectre.

« Oui messire. Bien messire. » consentit-elle un peu piteusement d'une petite voix aigüe.

Elle ne douta pas une seule seconde que ce fut pour sa propre sécurité, ainsi que celle de son escorte, qu'il se montra si impitoyable dans ses paroles. La tête plus basse, comme pour se faire la plus discrète et invisible possible, Angélique emboîta promptement le pas de l'homme. Pour autant, plutôt que de rester à côté de lui, elle préféra néanmoins se positionner de l'autre côté de l'animal qu'elle cajola et flatta durant toute la durée du trajet. Durant celui-ci ils croisèrent peu de monde, davantage au début qu'ils se trouvèrent près de l'artère principale du Faubourg puis bien moins nombreux ensuite, mais ce fut quand même plus que ce à quoi la prêtresse s'attendait. « N'avaient-ils pas peur, tous ces gens ? » n'osa-t-elle jamais demander. Certains ne firent pas attention à eux, d'autres les observèrent étrangement, ou bien avec une lueur d'envie si éclatante dans le regard qu'elle se demanda s'ils subiraient aucune attaque avant leur arrivée. Il n'en fut rien, à priori.

Il lui fut bien difficile d'apprécier à sa juste valeur la "place forte" investie par quelques dissidents, mordus et autres réfugiés de toutes sortes, trop habituée qu'elle l'était à la protection des remparts de Marbrume et des murs du Temple. Le vraisemblable ancien dépôt, qu'elle contemplait avec une moue réprobatrice, les lèvres pincées, montrait des signes de nombreuses remises en état, et d'autres réparations très récentes faites à partir de bric et de broc –et par des bras cassés, tant l'ensemble ne semblait tenir que par la grâce d'Anür. Cela ressemblait vaguement à elle ce qu'elle put voir des mois plus tôt dans les quartiers les plus pauvres de la cité fortifiée, où les matériaux manquaient cruellement et certains humains se comportaient pires que des animaux. Elle comprit toutefois que la fragile protection de bois se dressait moins dans le but de se protéger des fangeux, lesquels eussent tôt fait de le démanteler comme un château de carte, que des humains. Si cette escapade apprit quelque chose à la rouquine, se fut bien qu'en dehors comme à l'intérieur de la forteresse, les hommes possédaient le même cœur et la même nature. Peu de temps auparavant, bien qu'elle redouta également rencontrer quelques malandrins, Angélique n'éprouvait une peur indicible qu'à la seule possible présence de la fange dans les faubourgs et ses environs ; à présent, les êtres humains se trouvaient presque au même niveau que ces abominations en terme de menace.

« Cinq mètres. D'accord. Bon et bien... Espérons que ça se passe bien. Souhaitez-moi bonne chance ! »

La couverture bien en main, Angélique hocha la tête à l'intention du mercenaire et prit une profonde inspiration avant d'enfin s'engager en direction de ce qu'elle n'osa appeler un bâtiment. Elle avançait d'un pas mesuré et souple qui jurait avec sa démarche habituellement enjouée ou dansante mais qui passait probablement pour moins agressive. La distance entre le dépôt et la prêtresse s'amenuisait doucement, et l'homme en vigile ne l'apostropha pas avant encore plusieurs pas... Ce qui laissa à la rouquine quelques secondes supplémentaires afin de réfléchir à ce qu'elle pouvait bien dire pour gagner ces gens à sa cause.

Elle cessa d'avancer à environ deux mètres du guet, lequel s'était redressé et se montrait prêt à agir. Il tenait son bâton à deux mains d'un air peu assuré, mais il ne tremblait pas. Etait-ce parce qu'elle n'était qu'une fillette, s'interrogea la rousse en levant une main en geste d'apaisement. La jeune fille ne savait toujours pas quoi dire, il ne lui restait qu'à improviser.

« Bonjour. Je m'appelle Angélique, je suis prêtresse au Temple et j'officie souvent aux infirmeries. »

La rouquine voulu approcher davantage, toujours en douceur, mais l'homme se mit immédiatement en garde, bâton en avant.

« Oula, doucement. Mon... Mon ami et moi-même aimerions vous venir en aide, si vous le voulez bien... Nous permettez-vous d'approcher et d'examiner vos blessures et vos malades, s'il y en a ? Je vous promets qu'aucun mal ne vous sera fait. Tenez, comme preuve de notre bonne volonté, on souhaiterait vous offrir ces couvertures. »

Sa voix ne flancha pas et resta d'une douceur presque maternelle du début à la fin de ses paroles, sans qu'un mot ne fut prononcé plus haut que d'autres. Laissant tout le temps nécessaire à l'homme pour se décider, Angélique laissa couler son regard de droite et de gauche à la recherche d'autres habitants, et surveillant du coin de l'œil que le maître des Boucliers demeurait bien derrière elle. Son corps ne tremblait pas, mais elle savait son visage enclin à trahir ses émotions et espérait qu'il ne dévoilait pas trop explicitement son appréhension.

« Comment vous appelez-vous ? Et combien êtes-vous dans cet abri ? » tenta-t-elle après un moment.

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MessageSujet: Re: La première cliente   La première cliente EmptyLun 1 Nov 2021 - 8:41
La prêtresse ne semble pas éprouver la moindre peur à l’idée de rejoindre des bannis, elle prend la couverture sans trembler et s’avance en direction de la bâtisse en ruine comme si c’était une simple promenade. Même la position menaçante de la sentinelle ne semble pas la troubler, car elle se présente et essaye de le convaincre qu’elle est là pour aider.

Voyant l’homme toujours aussi méfiant, elle lui offre la couverture et c’est sans doute ce geste qui semble avoir convaincu son vis-à-vis, car il relève son bâton et lui dit d’une voix cassée, sans doute à cause d’une maladie comme une angine :

Très bien, vous pouvez rentrer, mais pas d’entourloupe ! Je vous ai à l’œil, vous et votre garde du corps du Temple.

Il doit penser que puisque j’escorte la représentante des Trois, nous faisons partie de la même organisation. Il tape trois coups sur la porte et celle-ci s’ouvre, une vieille femme nous sourit alors, sa bouche est remplie de chicots bien noirs, mais bizarrement, sa coiffure est impeccable et elle nous dit :

Bienvenu chez les bannis ma sœur, je suis Abigaëlle, la chef de notre petit groupe.

Elle nous libère le passage et peut voir dans une semi-obscurité, toutes les fenêtres ayant été condamnées, mais mal, la lumière arrive donc à pénétrer, une vingtaine de corps immobile, dont beaucoup semblent malades. Notre hôtesse nous précède et nous indique :

Si vous voulez bien laisser la couverture à Mathieu, il doit aller travailler à une étable cet après-midi et nous ramener un peu de nourriture.

Le jeune homme est couvert de pustules et tremble de froid. Je ne remarque pas d’enfant, il n’y a que des personnes de plus de seize ans ici. Ils sont installés sur des couches en paille avec quelques biens, ils ne semblent pas souffrir de la faim et je peux voir ici et là, quelques biens provenant de la capitale.

Finalement, la vieille s’arrête devant sa propre couche et nous invite à nous asseoir sur des vieux coussins rapiécés, bien sûr, je préfère rester debout et la chef de cette petite tribu nous demande :

Je vous remercie pour votre cadeau, faites-vous partie d'un nouvel ordre soignant ?
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