Cérène, Elle répondait à chacun, faisait les yeux en coulisse, le poing sur la hanche, effrontée comme une vraie bohémienne qu'elle était.
◈ Identité ◈
Nom : Boiserel. Les Boiserel se sont fait décimer, leur nom n’est plus que la flamme vacillante d’une bougie se battant contre l’oubli. Famille nombreuse, les rumeurs courent qu’ils ont été massacrés par les Fangeux. Cérène est la seule survivante. Livrée à elle-même, Cérène trouva refuge au sein d’une troupe de saltimbanque itinérante.
Prénom : Cérène. Les foules ont pris l’habitude de la nommer affectueusement «
Sirène » pour ses danses et chants envoûtants.
Age : Tout juste la vingtaine.
Sexe : Jeune femme, dans la force de l’âge.
Situation : Elle s’est résolue à ne pas se marier. Elle se sent assez forte pour exister toute seule – hors de l’ombre d’un homme.
Rang : Saltimbanque. Danseuse et chanteuse enivrante, Cérène s’est fait connaître en faisant de sa voix son propre gagne-pain à Marbrume, affûtant son physique et sa voix pour en faire des armes. Envoûteuse et envoûtante, ses danses sont ensorcelantes et félines. Elle se présente sur les places avec une troupe de saltimbanques, effectue quelques tours de passe-passe pour amuser avant de s’éclipser rapidement. Son ambition s’élève jusqu’à se représenter un jour chez les Nobles pour gagner sa vie avec un plus de décence.
Figure controversée, elle est aussi bien détestée qu’aduler.
Lieu de vie : Au sein de la troupe, dans les quartiers pauvres de Marbrume.
Carrière envisagée & tableau de départ avec les 4 PCs : (voir topic Système Rp & Xp - Carrières)Saltimbanque- +1 HAB
- +1 CHAR
- +1 IN
- +1 INT
Compétences et objets choisis : (voir topic Système Rp & Xp - Compétences)Compétences:- Danse
- Séduction
- Chant
- Fuite
Objets:
- Un foulard de sa mère qu'elle place enroule en tant que serre-tête pour réhausser ses coiffures, laissant souvent des mèches rebelles retomber sur son visage
- Un petit coutelas, offert par Martin, qu'elle garde fermement enroulé autour de sa cuisse grâce à des bas si elle se sent menacée pour pouvoir dégainer plus rapidement
- Le luth que son père lui a offert et qu'elle amène de temps en temps lorsqu'elle décide d'accompagner musicalement la troupe
◈ Apparence ◈
— Je t’avais dit que je n’avais pas envie de venir ici. Maugrée-t-il en soupirant pour présenter sa déception. C’est plein de monde, je ne me sens pas bien ici, tu comprends ?
La venue en ville est agitée, galvanisée d’activité.
Il ne s’est jamais senti à l’aise, entouré d’autant de vie, de cri, de rire aussi. Ça lui donne une migraine infernale. Son ami de fortune l’observe du coin de l’œil tandis qu’il continue sa course en jouant des coudes pour se faire un chemin.
— Tu ne regretteras pas, Laërte, je t’ai dit que ce que tu verras sera à la hauteur de ce que tu subis. Il ponctue sa phrase d’un clin d’œil complice tandis que Laërte hausse les épaules, visiblement peu convaincu.
Une musique retentit un peu plus loin. Laërte suit docilement, poussant les derniers paysans sur sa route avec indélicatesse, il s’apprête à poursuivre son chemin.
— Assez ! Je t’ai dit que je ne voulais pas rester ic…
Ses yeux oublient la vision de son ami tandis qu’ils s'échouent sur une saltimbanque de rue, sa beauté lui saute au regard avec la violence d’un coup de poing, si violemment qu’il en eût le souffle coupé.
Une peau aux allures ambrée, une démarche souple et pleine d’assurance. Une silhouette bien dessinée, à la taille fine et bien tracée, des jambes aux contours parfaitement galbées qui hurlent comme un appel aux sens. Un cou délicat et long, constellé de grains de beautés descendant jusqu’à la naissance de ses seins arrondis, menus mais fermes et bien plantés. Son visage quant à lui, présente des traits harmonieux et réguliers, où deux billes vertes, aussi sauvages que la plus profonde des jungles, reflète l’éclat de l’émeraude. Un nez fin débouchant sur une bouche charnue gonflé comme un fruit défendu, étiré en un sourire parfaitement insolent et coquin. Une chevelure longue et ondulée dans les tons châtains descendant en cascade jusqu’à la chute de ses reins.
Elle ondule sur l’estrade comme si elle avait le feu en elle.
Un contact visuel intense avec cette beauté venue d’ailleurs jouant la séduction, mettant l’accent sur ses mouvements de hanches sensuels et précis. Tout n’est que sensualité exacerbée et grâce impudente lorsque l’ensemble de son corps ondule en rythme, tout en appliquant une certaine forme de contrôle aussi.
Laërte se tourne brusquement vers son ami avec un regard effaré, ce dernier soulève innocemment les épaules en guise de réponse. Il se penche en murmurant.
— Je t’avais dit que ce que tu allais voire allait te plaire, mon ami.
— Qui est-elle ? Sa voix n’est plus qu’un filet tandis que son regard s’échoue sur elle.
— Ils l’appellent la Sirène.
Laërte hoche la tête.
— Elle a transformé sa beauté en arme. Sa façon de se mouvoir est dangereuse, son regard brille comme un homme ivre de combat.
Son ami hausse nonchalamment les épaules.
— Elle ne te plaît pas ?
Laërte la désigne d’un revers de main dédaigneux. Soudain, sa main est prise dans l’étreinte d’une autre, lorsque ses yeux entre en contact avec ceux étirés en amande de la saltimbanque, il comprit qu’il était pris au piège. Elle l’attire contre elle et l’entraîne sur la piste. Son cœur bat une chamade désordonnée tandis que sa méfiance s’abaisse et qu’il se laisse prendre au jeu, petit à petit.
Ils échangent un regard intense et il se surprend à aimer ça, l’émeraude de ses yeux sont ourlés de cils épais ce qui intensifie la force magnétique de ses iris. Lui qui est un homme inflexible à une détermination bardée comme le fer se retrouve à apprécier la compagnie d’une vulgaire danseuse de rue.
La musique s’arrête brutalement et il reprend ses esprits, la saltimbanque le relâche en souriant et lui tourne le dos pour s’en aller.
Laërte l’observe et ses yeux se posent instinctivement sur les fesses de la jeune femme. Le désir de la posséder le frappe comme la foudre et il secoue la tête avec virulence pour chasser ses idées.
— Excusez-moi. Qu’il lance en bredouillant, peu assuré.
La saltimbanque s’arrête et se tourne face à lui, intriguée et habitée d’une curiosité méfiante. Son regard est expressif et plein de vie, elle a l’air alerte aussi, bien plus que la normale. Sûrement à cause de la vie dans les rues qui l’a rendu méfiante et sur le qui-vive.
C’est sûrement le regard de cette danseuse qui lui fait le plus d’effet.
— Oui ? Sa voix est chaude, légèrement cassée.
— Puis-je savoir comment vous vous nommez ?
La saltimbanque l’observe silencieusement, son sourire s’élargit et étirant de charmantes fossettes sur le coin de ses lèvres.
— Cérène, sire.
Elle s’abaisse dans une révérence ironique tandis que son sourire désarmant ne déserte ses lèvres.
— Si vous voulez bien m’excuser…
Et elle s’éloigne, la foule dense les séparant, Laërte observe une dernière fois la jeune danseuse disparaître avec la troupe dans un angle de rue, préférant l’ombre à la lumière criarde du soleil.
— Charmé par la sirène, Laërte ?
Laërte se tourne face à son ami et lui envoie un regard meurtrier.
Il déglutit avec rage et s’élance avec fureur dans la masse.
— On a assez perdu de temps comme ça, on y va.
D’une allure militaire, les deux hommes disparaissent dans la foule.
Laërte s’accorde une dernière pensée pour la jeune saltimbanque. Repensant une dernière fois à la combativité exacerbée de Cérène, à sa manière de le défier lors de leur danse, montrant qu’elle pouvait encaisser.
Tout encaisser.
◈ Personnalité ◈
Après une pirouette loupée, elle s’effondre au sol.
—
Merde, peste-t-elle en laissant retomber le dos de sa main sur son front et en soupirant. Ses paupières se ferment un instant.
—
Hé, toi là ! Elle rouvre les yeux presque instinctivement en reconnaissant la voix.
Un visage apparaît au-dessus d’elle et la fixe avec dureté.
Elle réprime un soupir faussement réjoui en s’étirant tel un chat sortant de la sieste. Le regard du jeune homme s’attarde un moment sur ses courbes, les caressant presque des yeux.
Il secoue la tête et se reprend vite.
Quelle insolence, Cérène. Quelle insolence.
Provocante, Cérène.
—
Oui, Léandre ? Questionne-t-elle avec innocence.
Je m’entraîne. Elle juge bon de le préciser avant de se redresser pour lui faire face.
—
T’amuses pas à pinailler pendant que nous on se donne du mal ! Tu n’as aucun traitement de faveur, sache-le. A tellement feuler, l’on pourrait croire qu’il l’aime passionnément. Durement.
Mais il n’en est rien, Léandre déteste Cérène et ne loupe aucune occasion pour la dénigrer. Mais elle n’est pas assez stupide pour répondre par l’affront. Intelligente, Cérène, elle préfère esquiver avec adresse ou par un sourire désarmant. C’est qu’elle est désarmante, charmante – même -, elle s’est faite séduisante et séductrice en grandissant, lorsque ses traits se sont faits plus féminins, plus femme.
Et bien qu’il ne le sache pas – sinon il arrêterait -, les critiques de Léandre la forgent à se surpasser. Se dépasser. Cérène a hérité de l’ambition de son feu père, et elle s’acharne pour être une danseuse et chanteuse hors-pair. Elle a l’ambition de son feu père, son caractère trempé, le culot de son aîné aussi mais tempéré par la douceur de sa mère.
Elle s’acharne à se montrer sous ses plus beaux jours malgré la misère, elle s’acharne tout le temps, tout le temps,
tout le temps.
Son ambition n’a pas de limite ni de frein.
Et surtout ne plus manquer. Ne plus
manquer de rien.
Depuis qu’elle a rejoint la troupe, Cérène s’est découvert l’esprit de meute. Prête à défendre les siens bec et ongles, les couvrir aussi. Sa loyauté et sa dévotion qu’elle voue à ses pairs, à ceux qu’elle se plaît à appeler ses bienfaiteurs et qu’elle défend avec la ferveur d’une nonne. Sûrement l’une des raisons de sa passivité déroutante face à Léandre puisqu’elle se sent redevable et reconnaissante.
Sourire désarmant.
Léandre dévie le regard un instant.
—
Que je ne t’y reprenne pas ! —
—
Eurgh, vous avez vu comme il est moche ?Des éclats de rire d’enfants résonnent sinistrement dans la ruelle. L’un d’eux reprends tandis qu’il donne un coup de pieds à la masse écroulé par terre.
—
Il est horrible ! Tu devrais avoir honte de sortir dehors, tu fais peur à voir !Et une myriade de coups pleut sur l’enfant écroulé au sol, recroquevillé en ayant que ses bras devant son visage pour se défendre maladroitement. Il se retient de ne pas laisser ses sanglots éclater dans sa gorge.
—
Je peux savoir pour qui vous vous prenez ? Pris en flagrant délit, les enfants se calment et se tournent vers la voix. Sagement adossée contre le mur miteux de la ruelle en train de souffler sur ses ongles, elle décolle nonchalamment son dos et s’avance vers eux avec la grâce d’une panthère.
S’il y a bien une chose qui rend Cérène hors d’elle, c’est l’injustice. Ca lui fait monter la colère jusque dans les poings.
—
Je viens de vous demander pour qui vous vous prenez, bande de petits merdeux. Sa voix fouette chaque syllabe avec calme, celui d’avant la tempête. Les enfants s’agglutinent en une masse compacte, on ne distingue plus que leur regard.
Cérène les regarde par-dessus, menaçante.
L’attente se fait longue, lorsqu’elle se penche d’un coup violemment vers eux en poussant un profond cri guttural effrayant.
Sursautant et effrayés, ils s’enfuient comme des souris dans la ruelle.
Cérène croise fièrement les bras sur sa poitrine en ricanant.
—
Ah, les enfants… Puis elle se tourne et s’accroupit doucement vers le garçon étalé comme une flaque au sol. Sa main se tend vers lui avec précaution, comme celle d’une mère aimante pour lui caresser la joue.
—
Ça va aller, je suis là, maintenant…Elle a une belle âme, Cérène, un peu trop pleine de noblesse et d’utopie peut-être. Embrasée d’un sens moral particulièrement aigu, Cérène a, souvent apporté des ennuis dans son sillage parce qu’elle ne pouvait faire taire son indignation face aux injustices de Marbrume. Son côté rebelle a vite été muselé par la troupe et Léandre pour contourner les ennuis.
Ses éclats de révolte sont des braises recouvertes d’un épais tapis de cendre, consciente que cela la mènera plus à sa perte qu’autre chose. Mais il est là, toujours présent, et peut ressortir dans des moments très aléatoire derrière cette apparente douce tempérance. Cérène est embrasée. Une passionnée, un amas de pulsions.
Elle a ce désir de liberté dans la poitrine. Elle ne veut vivre dans la dépendance de personne, c’est un animal indomptable qui vous défiera avec une lueur espiègle dans les yeux et un sourire farouche.
Passionnée et brûlante lorsqu’elle ébauche ses danses, faites de feu et de flamme. Elle brûle et se consume sous les regards effrayés, dégoûtés, enamourés de la foule. Sérieuse, appliquée, l’esquisse d’un sourire ravi flotte sur ses lèvres lorsqu’elle danse. Elle brûle, brûle et tant que la foule se plaira à la regarder se consumer.
Ils brûleront avec elle.
◈ Histoire ◈
Elle avait
promis.
Elle devait se montrer forte.
Sa mâchoire se serre tandis qu’elle voit chaque visage de sa famille absorbés dans une brume sombre et l’entoure comme un étau prêt à se refermer sur elle.
Un fangeux en sort brutalement et s’apprête à bondir tel un fauve sur elle.
—
Ah ! Elle se relève d’un coup, propulsée de sa couche par le désir sauvage de survivre tandis qu’elle se débat encore avec les bribes de son cauchemar. Son cœur affolé menace de jaillir hors de ses lèvres. Sa poitrine se lève et se soulève rapidement, ses mèches dégringolent le long de sa clavicule tandis que sa respiration se fait sifflante, comme si deux mains s’enroulaient autour de sa gorge.
Anxieuse, elle se redresse, et tout dans ses mouvements laissent présager l’angoisse quand elle se lève pour se diriger vers la porte : plus précis, plus vifs, comme si la moindre erreur pouvait lui coûter la vie.
Une voix murmurée se fait caressante dans son dos et la fait pivoter un peu trop brusquement. Ils vivent tellement tous entassés les uns sur les autres qu’un simple mouvement pouvait réveiller l’un d’entre eux.
—
Déjà réveillée ? Il s’agit d’Oscar le doyen et meneur de la troupe. Il l’a recueilli lorsqu’elle n’avait que dix-huit ans et qu’elle se battait pour survivre seule dans les rues miteuses de Marbrume. Son bienfaiteur pour qui elle voue une admiration et une affection indéniable comme s’il s’agissait de son propre père.
Tu as mauvaise mine, est-ce que tout va bien ?—
C’est juste un mauvais rêve, répond-t-elle d’une voix éteinte et qu’elle souhaite solide
mais un peu trop rapidement, beaucoup trop rapidement pour être convaincante.
—
Le passé, n’est-ce pas ? ,
La manière dont Oscar sait lire en elle l’a toujours dérangé. Les murailles qu’elle s’est efforcée à bâtir s’effondrent comme un château de carte lorsqu’il la questionne.
Oscar est relativement grand quoi que légèrement voûté à cause de son âge. Malgré le léger embonpoint accumulé par les années, la vieillesse a labouré ses traits de manière aristocratique. Des yeux langoureux plongés dans l’acier, des sourcils épais, des poils étalés sur tout le torse, un dos large et un cage thoracique imposante, chevelure grisonnante mais abondante. Tout chez lui dénote d'un charisme intimidant.
Oscar, sa plus grande fierté mais aussi sa plus grande faiblesse.
Elle lui répond d’un sourire étrangement las et triste tandis que d’un geste vif du poignet, elle ouvre la porte.
Elle hésite à sortir, puis balance par-dessus son épaule.
—
C’est vrai que quelquefois le passé me manque. —
Juillet 1159,
—
Et là, le fantôme sort violemment de la brume noire et il te saisit par les pieds pour mieux te dévorer !!!—
Mère ! Mère ! Martin me fait peu-Elle va pour se ruer vers sa mère lorsqu’elle sent l’étreinte des doigts de Martin sur ses chevilles qui la freine net dans son élan, avant qu’elle ne s’aplatisse lamentablement sur le ventre, il la soulève sans forcer par les pieds. Elle sent sa tête basculer et voit la vision du sol se rapprocher de ses yeux à une allure affolante, elle s’accroche à ses jambes.
—
Il te dévore petite impertinente ! AHAHAHAHA ! Le fantôme des marais ! Il tourne sur lui-même en poussant un ricanement sinistre et elle des hurlements effrayés.
—
MEEEEEEEEERE ! Emma, Sophie, Marcel, au secours !! —
Martin, ça suffit ! Tu ne vois pas que tu l’effraies imbécile, hurle la mère Boiserel,
arrête ! —
Oh je rigole ma frangine d’amour, viens là que je t’embrasse ! —
Mais lâche-moi ! —
Tu me brises le cœur, sœurette ! Il pose une main théâtralement sur son pectoral et relâche l’une de ses jambes,
Tu es sûre que tu veux que je te lâche ? Un sourire cruel orne ses lèvres.
—
MARTIN ! LAISSE TA SŒUR ! Les Boiserel était une famille nombreuse, une très grande fratrie qui faisait commerce dans l’une des bourgades ayant été attaquée dès lors que le Fléau s’est éveillé. Il s’agissait d’une famille pauvre mais réellement soudée entre eux. Leur ardeur pour s’en sortir était ridiculement attachante, on aurait presque dit que la difficulté les amusait. Les plus grands travaillaient dans les bois bordant le village, les plus doués à la confection du bois, et les plus bavards à la vente.
Commerçant et menuisier, ils étaient aussi réputés au sein de quelques troupes de saltimbanques et troubadours à la confection d’instruments.
Effectivement, les Boiserel étaient aussi réputés pour leur amour pour le chant et la musique, une passion artistique animait chacun d’entre eux d’une manière qui leur était propre.
Le père Boiserel était aussi connu pour ses danses endiablées dans la bourgade et pour l’avoir enseigné à Martin et Cérène qui arrivaient à suivre ses pas jusqu’à se les approprier. Sophie était plus douée pour le chant et la flûte tandis que Marcel trouvait ses points forts dans le jonglage.
D’où la passion fiévreuse de Cérène et son amour incommensurable pour la musique. Son père lui a légué son Luth qu’elle garde précieusement comme s’il s’agissait d’un organe vital.
Il lui a aussi légué l’honneur de ne s’offrir à aucun homme sans être sûre d'elle. Et aussi, l’amour pour la Trinité. Famille croyante et appliquée, ils priaient les trois divinités avec équité.
Une habitude que n’a jamais délaissée Cérène, comme si prier la rapprochait encore un peu de sa famille.
Août 1164, Et les cris terreurs seront à jamais marqués dans cette bourgade en un écho éternel douloureux, l’une des premières à tomber. Et les Boiserel aussi. Les premiers tombèrent dans les bois. Les deuxièmes furent tués par les premiers. Et le cercle vicieux se perpétua jusqu’à la fuite des derniers survivants.
Des Boiserel, il ne restait plus que Martin et Cérène qui avait réussi à s’en tirer in extremis grâce à la fuite en volant un cheval dans une écurie. Cérène avait dix-huit ans et Martin, vingt-trois.
Cérène avait gardé le luth de son père contre elle.
Et tous les deux avaient pleuré en se demandant si fuir à Marbrume serait une bonne idée.
Septembre 1164, Martin est mort, emporté par la maladie.
Sans doute avait-il oublié qu’il pouvait vivre sans sa fratrie et sa famille. Ses yeux étaient tristes et ses sourires aussi.
Ils se représentaient pour survivre, dansaient chantaient jusqu’à l’épuisement pour essayer de gagner un peu d’argent.
Martin s’était sacrifié, offrant les plus grandes parts de nourriture à Cérène et se privant de manger.
Il se savait mourant, de toute façon. Ce n’était pas bien grave.
Cérène était talentueuse, naturellement douée dans la danse et les chants.
Bien sûr.
Bien sûr qu’elle s’en sortirait sans lui. N’est-ce pas ?
Fin Octobre 1164, —
Oscar! Oscar, vite ! Dans une ruelle de Marbrume, Oscar suit Claudine, une jongleuse, qui pointe du doigt une forme grelottante assise contre un mur, un luth enfermé dans ses bras protecteurs comme si sa vie en dépend.
Il s’abaisse et pose rapidement sa main sur son front.
Froid.Il remarque que c’est une fille.
Une étrange jolie fille qui a l’air têtue et à l’éclat éteint.
—
Tu m’entends, gamine ?Une douleur maîtrisée, une certaine dignité émane de son visage que l’on devine fort attrayant malgré les traits tirés et fatigués, mortellement maigre, deux énormes cernes maquillent ses yeux rougis.
Elle a dû en voir des choses, la gamine. Et pas des belles.
Oscar, d'un premier regard, ne parvint pas à deviner si elle respire encore. Puis ensuite son regard est fauché par les yeux fascinants de Cérène et il comprend.
Il comprend qu'elle est bien vivante et que dans son regard reflète l'envie brûlante de ne pas mourir.
Faiblement, elle hoche la tête, ses paupières papillonnent un instant avant de se sceller.
Mollement, elle chute sur le flanc mais Oscar la rattrape avant qu’elle ne tombe. Il la retient doucement contre lui de peur de la briser en milles morceaux s’il resserre trop sa prise. Ses yeux s’abaissent sur le luth qu’elle tient encore, même endormie.
Ses yeux s’écarquillent avec surprise en y lisant «
Boiserel » et il murmure pensivement un fascinant.
Si les Boiserel étaient méconnus de Marbrume, ils avaient été des alliés indirects à la confection des instruments de la troupe d’Oscar.
Une dette invisible le lie dorénavant à Cérène.
Il se dépouille de sa veste et l’enroule dedans pour la réchauffer sans la lâcher. Sans plus
jamais la lâcher.
—
N’abandonne pas maintenant, petite, je suis là. Tiens bon. Comme une demoiselle en détresse il la soulève avec aisance et délicatesse et se tourne rapidement vers Claudine.
—
Préparez un lit et une soupe, vite !Adoptée par la troupe dès son réveil, Cérène s’est très vite démarquée par son talent et sa passion légué par sa famille. Elle n’a jamais parlé des Boiserel, ni de Martin, ni de rien d’autres. Aidée par les membres de la troupe, elle s’est jurée de faire honneur à sa famille en n’abandonnant jamais et en se donnant corps et âme dans la passion qui les animaient tous.
Emportée par la volonté violente de réussir et de survivre, Cérène n’abandonnerait jamais.
Plus jamais.
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◈ Derrière l'écran ◈
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