Les questions existentielles [Rosen x Gudrun]

Les questions existentielles

Rosen feat Gudrun

28 mars 1167
Sombrebois

Je trouve un peu de temps depuis la fête des fleurs pour aller trouver Gudrun afin de lui parler. J’aimerais en effet m’entretenir avec elle d’un délicat et épineux sujet. Peut-être saura-t-elle m’apporter les réponses aux questions qui me tourmentes depuis de nombreuses lunes.

C’est donc en fin de journée que je me rends au temple pour aller la trouver.

« Sœur Gudrun ? Avez-vous quelques minutes à m’accorder ? J’aimerais vous parler. »

Je ne sais pas ce que cette conversation pourra bien m’apporter, mais je dois essayer coûte que coûte.

« Venez, allons plus loin. Nous serons tranquilles. »

Nous nous dirigeons donc vers le fond du temple pour nous mettre à l‘écart de l’entrée, dans une petite pièce qui servait probablement de chambre autrefois. Je m'assieds sur la couche et l'invite à s'asseoir à côté de moi.

« Loin de moi l’idée de vous juger, je commence. Mais j’aimerais en apprendre un peu plus sur vous maintenant que vous faites partie des nôtres. Apprendre à vous connaître. »

Je lui souris pour éviter de la mettre mal à l’aise. Ce n’est pas du tout le but, bien au contraire il va de soit.

« Vous venez de Hendoire n’est-ce pas ? Votre nom, votre façon de parler… Ne vous inquiétez pas, ce que nous pourrons dire restera entre nous. Je ne cherche pas à vous nuire ni à vous discriminer, vous avez ma parole. »

Je me retiens de rire devant le comique de la scène ; Ne serait-ce pas à la prêtresse plutôt, de rassurer de la sorte sur la discrétion de l’échange et du reste ? Mais la vie est ainsi faite, pleine de facéties et de paradoxes.

« Disons que j’aimerais en apprendre plus sur vous et sur votre culture. Vous savez, l’exotisme des terres lointaines… et je me rends compte que je n’ai pas été des plus accueillantes à votre arrivée. Ce n’est pas contre vous, mais vous savez, j’ai perdu mon époux récemment et j’ai un peu de mal à l’accepter encore. Ça viendra… Passons. J’aimerais donc repartir sur de bonnes bases. Comment s’est passé votre naufrage ? Cela n’a pas été trop difficile de vous en remettre ? »

Espérons qu’elle ne se braque pas ou ne se mette pas sur la défensive… Ce serait sérieusement contre productif.

Gudrun venait de terminer sa prière quand la baronne de Sombrebois pénétra dans le temple.

- J'ai toujours du temps pour les croyants Madame...

Elles s'isolèrent dans une des chambres, certes nettoyée mais dont le lit vermoulu semblait avoir connu des jours meilleurs. Il serait bon d'y faire quelque chose afin de pouvoir accueillir des malades... Mais ce n'était pas le sujet du jour. Gudrun s'assit sur le lit. Elle était plus que surprise de cette visite et de l'attitude conspiratrice de la baronne. Il y avait bien Marie-Ange au château si elle souhaitait se confesser, alors que venait-elle faire ici ?

Malgré les paroles de sa visiteuse, Gudrun restait sceptique. S'il ne devait pas y avoir de discrimination, la meilleure des choses aurait été qu'elle garde l'information par-devers elle au lieu de venir lui en parler. Mais cela ne l'empêcherait pas de rester polie et serviable envers la baronne.

- Eh bien puisque vous êtes déjà au courant, ça ne sert à rien de le nier. Oui, je viens d'Hendoire, et je pense que tout le bourg sera bientôt au courant de toute façon. Les petites gens parlent vous savez, et ce genre de secret ne le reste jamais bien longtemps.

Oui, les petites gens parlent, ils avaient peut-être même un peu peur d'elle... Mais cela ne les empêchait pas de venir la voir au temple, au contraire. Ils venaient malgré cette peur, peut-être pour ressentir un frisson devant l'étrange prêtresse. C'est pourquoi quand la baronne posa ses questions, Gudrun ne put s'empêcher de sourire. Il fallait croire que la curiosité était tout simplement humaine ! Mais tout de même... Elle ne pouvait s'empêcher de ressentir un petit pincement au coeur pour le mari de la baronne, dont Messire de Rochemont lui avait conté l'histoire, et qu'elle ne semblait pas avoir oublié.

- Je ne peux pas vraiment vous dire si le naufrage s'est bien passé Madame... Je n'en sais trop rien. Mais je peux vous dire que j'ai été bien soignée au temple de Marbrume et que je n'ai pas eu à me plaindre de leur accueil. J'en garde simplement une mauvaise jambe.

Ce n'était pas un vrai mensonge. Disons que c'était une demi-vérité polie.

- Mais il est vrai que le plus difficile est de se faire à de nouvelles coutumes, puisque certaines choses me paraissent si exotiques ici pour reprendre vos mots ! Rien de grave, rassurez-vous... Tout semble plus difficile quand les êtres chers à nos coeurs ne sont plus là, n'est-ce pas ?

Elle sourit. Il était rare que les habitants d'ici soient aussi francs dans leurs questions, et elle devait admettre qu'elle se sentait flattée que quelqu'un s'intéresse à sa culture natale.

- Je pense que je peux répondre à vos questions si vous êtes curieuse. Mais j'ai un peu de mal à comprendre ce que vous voudriez savoir : vous interrogez-vous sur nos coutumes ? Ou sur notre voyage jusque dans le Morguestanc ?

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Rosen feat Gudrun

J’écoute la prêtresse me répondre, et la façon qu’elle a d’expliquer que les gens parlent et que bientôt le secret n’en sera plus un laisse deviner une certaine aigreur.

« Je ne pourrais pas vous promettre que personne ne parlera derrière votre dos – ou même devant vous – puisqu’il y a beaucoup de nouvels arrivants. Mais sachez que je ne tolérerais aucune discrimination quelle quelle soit. Alors si toutefois vous avez des ennuis de ce genre, n’hésitez pas à venir m’en faire part. Je tiens à ce que ce bourg reste convivial et respectueux de son prochain, malgré les différences de chacun. Je serais intransigeante là-dessus. »

Je ris simplement lorsqu’elle me parle du naufrage. Sa façon de le définir à un quelque chose d'amusant !

« Cela peut-il seulement bien se passer, un naufrage ? je la questionne amusée. Le principal et que vous ayez été convenablement soignée. »

Elle sous entend ensuite la mort de proches, mais j’ignore s’il s’agit de son époux, enfants ou autre. Peut-être tout à la fois… Prenant un petit silence, je finis enfin par lui répondre.

« C’est... certainement tout aussi déroutant de perdre un proche, lui confié-je. De se retrouver seul, d’une certaine façon. Avez vous perdu votre famille pendant le naufrage, ou bien était-ce dû à autre chose d’antérieur ? La fange, peut-être ? »

Ce serait tout de même un comble de fuir la fange et de mourir dans la fuite… Une histoire tragique comme tant d’autres hélas. Elle semble perplexe, cherchant à savoir sur quoi porte ma curiosité. Sans doute plus que méfiante envers moi, ce qui se comprend.

« Eh bien, un peu tout, je pense... Si cela ne vous importune pas bien sûr. Mais expliquez-moi vos coutumes puisque vous en parlez. Certaines choses ont l’air assez… délicates, si je puis me permettre. Certainement confuses et mal comprises aussi. C’est ce qui cause le plus grand choc des cultures avec notre population du Morguestanc, j’imagine… »

Je la regarde toujours en souriant, intriguée, cette femme venue de ces contrées mystérieuses. J’imagine combien il doit être difficile de s’adapter dans un monde différent qui vous juge dès le premier regard en vous considérant comme… comme quoi, au juste ?

- On peut dire que j'ai perdu ma famille à cause de la Fange... Mais j'ai toujours espoir qu'ils en aient réchappé malgré tout. Simplement, nous avons dû fuir... hum, un peu précipitamment, comprenez-vous ? S'ils sont toujours en vie, on peut dire que je les ai quand même perdus, rien qu'avec cet exil aussi lointain.

Elle aurait dû s'y faire depuis le temps, mais l'exprimer à voix haute lui laissait toujours un petit soupçon de tristesse. La baronne semblait sincèrement intéressée, de bonne volonté. Peut-être que Gudrun s'était trompée sur ses intentions. Mais il fallait rester prudente de toute manière.

- Faites-vous allusion au culte d'Etiol Madame ? Est-ce que cela vous inquiète ? Vous avez sans doute entendu des rumeurs... Elles sont revenues à mes oreilles. Certains d'entre nous sur le bateau vénéraient effectivement le dieu corbeau, mais il s'agissait là de cas exceptionnels...

C'est alors que, dans un craquement inquiétant, Gudrun sentit le lit s'effondrer sous elle. Le bois rongé par les vers et l'humidité n'avait pas supporté leur poids. Les fesses amorties par la couche rembourrée de paille, accrochée au cadre du lit comme s'il pouvait la retenir, la prêtresse se trouvait dans une position ridicule. Elle aurait bien du mal à se relever de cette posture avec sa mauvaise jambe. Mais elle s'inquiétait davantage pour la baronne.

- Madame ? Vous allez bien ?

La prêtresse se releva tant bien que mal avant de tendre la main à la baronne pour lui proposer son aide.

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Rosen feat Gudrun

Nous avons tous perdus des êtres chers, j’imagine, et Gudrun ne fait pas exception à la règle. Son histoire n’est pas plus joyeuse que la mienne somme toute. Mais laissons le passé où il est… la prêtresse me demande donc si je veux parler d’Etiol.

Étrangement, elle n’assume pas le moins du monde ce qui est pourtant sa culture natale. N’ai-je pourtant pas essayé de la rassurer ?

Il faut croire que cela n’a pas été très efficace. Mais alors qu j’allais lui répondre, voilà que le lit sur lequel nous sommes assises cède sous notre poids ! Et nous voilà par terre. Je ris franchement enprenant la main qu’elle me temps pour m’aider à me relever.

« Je vais bien, mais vous ? »

Je ne me suis pas fait mal en tombant, fort heureusement. Je suis sensée me ménager… je prends donc une chaise pour m’asseoir et la laisse s’asseoir sur l’autre qui est un peu plus loin dans la pièce.

« Non, cela ne m’inquiète pas, lui réponds-je naturellement tout en me plaçant face à elle, parlant prudemment pour éviter que l’on puisse nous entendre. Mais à vrai dire, je me posais pas mal de questions à ce sujet tout de même. Mais, ce… dieu, il fait bien partie de votre culture natale ? Comme se fait-il donc qu’ici il soit si mal vu ? Y-aurait-il quelque chose qui puisse expliquer cela ? Peut-être des dérives à cause des sectaires qui aurait fait que nous en sommes arrivés là ? Je suis très ouverte d’esprit, vous savez… vous pouvez parler librement. Parce que tout cela m’intrigue... »

- Ma foi, plus de peur que de mal...

Gudrun laissa échapper un soupir en s'asseyant. Elle essaya de garder une expression neutre devant la question de la baronne. Mais la curiosité de cette femme l'agaçait grandement ! Ouverte d'esprit, mais bien sûr ! Elle n'aurait jamais pensé que le temple demande à la baronne en personne de la surveiller. Mais après tout, ils étaient si étranges, ici dans le Morguestanc, on pouvait s'attendre à tout.

- Si je peux me permettre Madame, est-ce que ce dieu ne fait pas partie de la culture natale de tout le royaume de Langres ? Il me semble que vous avez, vous aussi, des personnes qui vénèrent Etiol. On ne choisit pas ses compatriotes, et encore moins les personnes avec qui l'on s'enfuit sur un bateau. Je peux comprendre que vous soyez curieuse, mais la curiosité a des limites : pourquoi est-ce que les dérives de sectaires vous intriguent ? Avez-vous une fascination morbide pour ce genre de choses ? Ca n'est pas très sain Madame, et je prie Anür de vous laisser la pureté de votre esprit.

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Étrangement, la prêtresse semble se rembrunir sous mes questions. Quoi ? Je ne suis pas assez aimable ? Je suis indiscrète, peut-être ? Non, elle ne semble pas décidé à comprendre où je veux en venir et se braque, allant même jusqu’à m’incriminer d’être malsaine. Celle là, c’est la meilleure…

« Etiol dans les coutumes du Morguestanc ? je ris. Par chez nous, il n’est même pas toléré d ‘y croire... »

Et pourquoi au fond ? Là est la vraie question… Pourquoi ici et pas là-bas ?

« Une fascination morbide ? Pas le moins du monde… Je ne parlais pas de tuer en son nom, voyons ! Je cherchais juste à comprendre pourquoi de là où vous venez, vous pouvez en parler librement et pourquoi on ne le peut pas ici. Je pensais que peut-être nous ne savions pas tout, ou que les choses aient été déformées… mais visiblement vu votre réaction, j’imagine bien qu’il ne s’agit que d’un prétexte de détraqué bon pour pouvoir tuer. Alors si le problème ne vient pas de notre vision des choses, vous en conviendrez qu’il vient de celle de votre peuplade ? Vous me voyez… déçue d’un tel jugement de votre part. Surtout qu’il fait parti de vos mœurs, alors pourquoi le cacher ? »

Je soupire, visiblement, cette conversation ne mènera à rien, c’est tout aussi stérile qu’une culture maraîchère dans les marais... Mais si maintenant les prêtres vous en mettent plein la figure lorsque vous essayez de parler de leur religion, où va le monde ? Et si je n’arrive pas avoir de réponses à mes questions, qui va donc me les donner ?!

« J’attendais mieux de votre part que me faire passer pour une détraquée assoiffée de sang… mais faites donc attention à vos paroles, parce qu’encore une fois, je vous rappelle que c’est de votre religion qu’il s’agit. Alors s’il n’y a absolument rien de sain dans cette croyance, pourquoi fait-elle parie de vos mœurs ? »

J’aimerais bien savoir ce qu’elle va me répondre à ça, tiens donc ! Je ne sais plus sur quel pied danser, je ne sais plus quelle corde à mon arc utiliser. Tant pis, je crois qu’elle restera réfractaire à ma ‘curiosité’ comme elle le dit si bien. Un nouveau signe peut-être ? Si tous les signes pouvaient arrêter de se contredire des fois, ça aiderait…

« Je pensais que vous pouviez m’apporter des réponses, mais vous ne faites que de cracher sur votre propre religion. Vous savez… Vous pouvez bien me mentir, mais n’oubliez jamais que l’on ne peut pas se mentir à soit même et qu’il est grave de porter offense à un Dieu auquel en croit, à plus forte raison quand celui-ci est réputé des plus cruels. Le jour où vous serez prête à faire votre travail de prêtresse comme il se doit et sans jugement, faites-le moi savoir, vous savez où me trouver. »

Je me lève en la regardant sévèrement. Peut-on seulement choisir une telle voie et agir de telle sorte ? Puis je fais quelques pas pour quitter la pièce avant de rajouter en m’arrêtant, toujours de dos :

« Soyez honnête avec vous même, c’est le plus important pour le salut de votre âme. J’ose espérer pour vous que ce Dieu n’existe vraiment pas… que ce n’est qu’une allégorie de meurtre, de torture et de folie que suivent les plus malfaisants d’entre nous… car ce n’est vraiment pas celui à bafouer, croyez-moi. »

Je me retourne alors en lui souriant :

« Bien ! Mais il n’existe pas, alors tout va bien n’est-ce pas ? Vous n'avez donc rien à vous repprocher. »

Le rire de la baronne était tout bonnement déplacé. Elle comprenait tout de travers, ou bien faisait-elle semblant ? Etait-elle sincèrement naïve ou bonne comédienne ? Gudrun était en colère.

- Comment en avez-vous entendu parler s'il est si tabou ici Madame ? Je crois, moi, que c'est vous qui ne me dites pas tout. Et vous savez très bien ce que je voulais dire par fascination morbide, puisque vous devez connaître le sort qui est réservé ici à ceux qui vénèrent Etiol, et que les chevaliers d'ici appliquent avec ferveur. Et je vous prie de bien vouloir respecter mon peuple, qui vaut tout autant que le vôtre, si ce n'est plus !

Encore aujourd'hui, elle n'arrivait pas à penser sans trembler aux paroles prononcées par Messire de Rochemont la veille. Malgré tout, les paroles de la baronne la mettaient hors d'elle.

- Je ne vous vois pas comme une détraquée assoiffée de sang, mais plutôt comme une personne qui a perdu l'esprit Madame. Je ne vous dénoncerai pas, car ce n'est pas mon rôle. Voyez le comme une preuve de bonne volonté de ma part, mais c'est tout ce que je peux faire pour vous.

La prêtresse tenta de rester calme et de garder le silence face à l'avalanche d'insultes que la baronne lui envoyait. Elle lui avait dit le fond de sa pensée, peut-être trop crûment, mais elle ne pourrait pas faire mieux sans s'emporter. Et quand on s'emportait, les erreurs arrivaient.

Elle la regarda se lever et commencer à s'en aller. La baronne semblait presque guillerette en sortant, comme si menacer et insulter un membre du clergé, tout hendois qu'il soit, n'avait pas d'importance. Gudrun se leva à son tour, comme pour lui montrer que la conversation était terminée.

- Si vous insinuez que je fais mal mon devoir Madame, et si vous croyez pouvoir me menacer en invoquant Etiol, vous êtes fort mal tombée !

Puisse-t-il l'emmener dans ses marécages infernaux !

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« Eh bien, il est interdit de croire qu’il existe, pas d’en parler... je rectifie, mais cela me paraissait pourtant clair, non ? Je pensais m’être bien exprimée. Mais quand des sectaires tuent en sont nom et que ça se sait, rien interdit de parler du drame. »

Et la voilà qui se braque… c’était prévisible.

« Je n’ai pas voulu vous porter offense ni insulter votre peuple… juste vous montrer qu’il y a quelque chose d’illogique dans vos propos qui vous discréditent vous même. »

Pour sûr, mais passons. Cette entrevue ne donnera finalement rien de bon et ne m’aura pas aidé le moins du monde, tant pis… tout juste aura-t-elle servi à détériorer notre relation. Ce n’était pas le but pourtant… Mais la suite prend alors une tournure préoccupante, malheureusement.

« Me dénoncer ? je demande avec une indignation, surprise. Mais me dénoncer de quoi ? D’avoir voulu en apprendre plus sur vous, sur votre arrivée et sur vos coutumes ? »

Ça devient vraiment n’importe quoi… je n’arrive pas à y croire. Je veux bien entendre qu’elle ne puisse pas parler librement de sa religion, mais tout de même ! Il y a des limites dans la façon de réagir.

« Soeur Gudrun. Je suis venue à vous, parce que j’avais besoin de trouver des réponses et comme je vous l’ai dit au début de la conversation, ce n’était nullement pour vous nuire et notre échange serait resté entre nous. Mais si tout ce dont vous êtes capable lorsque quelqu’un vient vous trouver pour bénéficier de votre aide, c'est de le menacer, et si vous n’êtes pas capable de faire passer votre devoir avant de penser à votre propre personne, peut-être devriez-vous changer de vocation. »

Je la regarde avec colère et déception, ni plus ni moins. J’attendais mieux d’elle encore une fois.

« Ne pas me dénoncer ? Je répète, méprisante à présent. Moi non plus, je ne vous dénoncerai pas, ne vous en faites pas. Mais si vous ne savez pas écouter et reconnaître lorsqu’une personne à besoin de votre aide, j’envisagerai de vous demander de retourner à la capitale. Et si vous refusez et que ce la est vraiment nécessaire, je ferai la demande au temple. Une prêtresse qui juge et menace au lieu d’aider n’est pour moi plus une source de mal que de bien et je peux vous dire que c’est quelque chose d’assez préoccupant pour ne pas le prendre à la légère. Quand quelqu’un est égaré et qu’il cherche sa voie, si nul ne peut le diriger, il y a de grande chose qu’il se perde à tout jamais. Mais ne vous inquiétez pas pour moi, ce n’est pas mon cas. Je ne tiens juste pas à ce que ça puisse arriver à d’autres. »

J’ai sans doute fait une erreur que d’aller lui parler de ça. Mais j’en ressentais le besoin et je pensais que peut-être, elle saurait m’éclairer. Espérons que cette histoire n’aille pas trop loin quand même...

« Je crois que nous nous sommes tout dit. Mais si d’aventure, il vous vient une prise de conscience et que vous comprenez enfin, encore une fois, venez me trouver. J'en serais ravie, mon but n'est pas de vous porter préjudice, je vous l'ai dit, et il serait bon que vous l'entendiez. »

Puis si elle n’a plus rien à ajouter, je quitte le temple.