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 De poussière et de sang [Terminé]

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Clémence SarravilliersGuérisseuse
Clémence Sarravilliers



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MessageSujet: Re: De poussière et de sang [Terminé]   De poussière et de sang [Terminé] - Page 2 EmptyLun 6 Sep 2021 - 11:12
Froid, rigide, des paroles brutes… Il semblait bien évident que Morgred était contrarié pour une quelconque raison que Clémence peinait bien à comprendre. Qu'avait-elle fait de mal au juste ? La sage femme avait beau se remémorer tous les derniers événements, la raison de la colère sourde du marin restait inexplicable.

Elle resta donc longuement silencieuse, hochant simplement la tête lorsque celui-ci déclara ne pas vouloir s'attarder chez elle. Elle ne releva pas non plus le fait qu'aucun des deux ne remplisse son verre, laissant le tout sur le plateau comme s'il ne s'agissait là que de vulgaires éléments décoratifs… Mais qu'avait-elle fait de mal, bon sang ? Clémence ne s'en sentit pas offusquée, évidemment. Néanmoins, elle aurait grandement apprécié pouvoir comprendre ce qui n'allait pas… Ou ce qu'elle avait fait pour contrarier ainsi ce pauvre homme…

Et puis, elle réalisa que rien dans ces actes ne justifiait l'inconfort de Morgred. Cela ne venait pas d'elle, tout du moins pas directement, mais clairement du tempérament du marin, un homme, évidemment, qui ne devait certainement pas apprécier de voir une femme lui venir en aide. Comment n'avait-elle pu y penser avant ? Évidemment que ses actes, ses paroles avaient de quoi bousculer, ébranler, contrariée cette foutue fierté masculine que la sage-femme avait toujours jugé déplacée. Et pour preuve, ce dernier ne tarda pas à soulever le délabrement de la maison, tout ce ces petits travaux manuels qui, jadis, étaient effectués par les employés de son père.

Le regard de la sage-femme se fit plus sombre, son sourire plus factis. Elle non plus n'appréciait guère ce genre de sous-entendus plus particulièrement lorsque ce genre de proposition, toute aussi généreuse qu'elle fût, ne venait que par besoin de payer une dette totalement illusoire.

-Je ne suis point une créancière, Morgred, vous ne me devez rien, déclara-t-elle en soupirant, luttant pour ne pas laisser sa frustration s'exprimer. Vous tenez tant à combler votre fierté ? Soit. Néanmoins, il est hors de question que vous effectuiez ces travaux. À la place, je préfèrerais que vous m'appreniez à le faire. Je trouve cela bien plus utile et profitable plutôt que de devoir compter sur quiconque pour entretenir la maison de mon père. Cette maison… c'est tout ce qu'il nous reste et nous y tenons beaucoup. Elle était si belle autrefois, un endroit où il faisait bon vivre, où les rires résonnaient de toutes parts.

Malgré les années, il était toujours difficile pour Clémence de songer à son passé, de se souvenir combien elle avait pu être heureuse dans cette maison, même si les Trois ne l'avaient évidemment pas épargnés.

-Autrefois, mon père veillait à son entretien, il ne lésinait pas sur les moyens, d'ailleurs. Cette maison, c'était toute sa vie, son héritage, sa forteresse personnelle… Et maintenant, c'est la nôtre, celle de deux femmes pauvres qui ne savent rien faire de leurs dix doigts. C'est bien malheureux, n'est-ce pas ?

Le sourire que Clémence affichait alors avait de quoi en dérouter plus d'un, tant son interprétation ne pouvait être que difficile. Une pointe d'amertume, une pointe de sarcasme, une pointe de résiliation… Peut-être, peut-être pas… De cela, pourtant, la sage-femme n'en parlait jamais. Il aurait trop été facile ensuite de lui conseiller de prendre un époux. Pas par amour, évidemment, les gens ne se souciaient guère de ce genre de détails superflus. Pour les femmes, les époux servaient avant tout de banquiers, d'ouvriers ou encore de protecteurs, tout comme les épouses devaient être là pour l'entretien de la maison, s'occuper des enfants sans rien espérer d'autre. Un modèle plutôt classique que beaucoup considéraient comme idéal… Mais pas Clémence Sarravilliers.

Sans être parfait et encore moins idyllique, son mariage avait été remarquablement heureux quand bienmême celui-ci fusse-t-il arrangé. Elle avait eu la chance d'épouser un homme intelligent, drôle avec qui il était facile de s'entendre. En épousant Charles, elle avait rencontré son meilleur ami, le compagnon de vie que toute femme rêverait d'avoir. Un homme qui la poussait à grandir, à nourrir son esprit curieux, ou à devenir simplement meilleure…
Clémence avait parfaitement conscience de sa chance, plus particulièrement lorsqu'elle était devenue sage-femme. Là, la jeune femme avait dû faire face à la réalité de ce monde. Bien peu de femmes étaient heureuses en mariage. Celui-ci avait même anéantis tous leurs rêves pour faire d'elles les parfaites petites servantes de leurs époux, des reproductrices. Et tout cela pourquoi ? Pour s'assurer un toit au dessus de leur tête, de la nourriture dans leurs assiettes et la protection d'un époux qui ne leur accordait pas la moindre attention , préférant même la compagnie des prostituées qu'ils engrossaient à tour de bras. Et pendant ce temps là, leurs petites femmes, soumises à souhait, mais malheureuses comme les blés les attendaient sagement à la maison en veillant à garder la soupe et la couche bien au chaud.

Clémence ne voulait pas de ce genre d'existence. Pour elle, le mariage ne devait pas être simplement utile à la survie, il devait être choisi, choyé et protégé. Hélas, bien peu d'entre eux étaient réellement ainsi et la sage-femme redoutait tant de se retrouver dans pareil cas de figure qu'elle refusait tout bonnement qu'un homme n'entre dans sa vie pour chambouler tout ce petit équilibre que les deux soeurs étaient parvenues à créer par elles-mêmes. C'était bien peu, certes. La vie n'avait rien de facile et il leur fallait redoubler d'effort pour réussir à maintenir tout ce petit rien précaire, instable, mais qui n'appartenait pourtant qu'à elles.

Alors, plutôt que de compter sur époux pour combler ce genre de besoin matériels, l'idée même d'apprendre à le faire par elle-même lui semblait particulièrement intéressante.

-Qu'en dites vous ?
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Morgred PêcheurPêcheur
Morgred Pêcheur



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MessageSujet: Re: De poussière et de sang [Terminé]   De poussière et de sang [Terminé] - Page 2 EmptyLun 6 Sep 2021 - 13:08
Fierté ? Le marin plissa les paupières. Sa fierté en avait pâti lorsqu’il s’était écroulé en pleine rue après ce coup porté à la tempe. Sa fierté en avait pâti lorsqu’il avait été hissé sur cette charrette, incapable d’y parvenir lui-même, puis soigné, au vu et au su de tous.
Mais rembourser à Clémence ce qu’elle lui avait offert ne relevait pas d'un problème d’égo. C'était une question d'honneur.

Il ne releva pourtant pas et, comme elle auparavant, l’écouta avec attention, sans qu’aucune expression n’altère sa mine grave, ne détende ses traits, ses muscles. Morgred restait de marbre. Imperturbable. Inébranlable.

Si le cœur y avait été un peu plus, peut-être aurait-il pu sourire de sa bêtise. Pourquoi n’avait-il pas anticipé la proposition de son hôte ? N’avait-il pas constaté lui-même combien tout, en cette maison, semblait adapté à Clémence et à sa sœur, sans laisser de place à une tierce personne ? Pourquoi n’avait-il donc pas tiré les conséquences de ses observations ?
La suggestion de la faiseuse d’anges était à la fois plus pertinente, et plus en adéquation avec le mode de vie qu’elle préservait. Elle le laissa pourtant songeur quelques instants encore après les dernières paroles prononcées.

Et lorsqu’il répondit enfin, l’on regretta aussitôt le silence qui avait précédé.

— Vous mentez.

L’assertion tomba avec toute la brutalité dont Morgred était capable lorsque la colère l’aveuglait. Peut-être se trouvait-elle toutefois plus violente encore, cette fois, alors qu’il était en pleine possession de ses moyens et semblait si calme, à contempler les environs.

— Si vous saviez pas quoi faire de vos dix doigts, cette maison serait pas ainsi. Elle est propre, bien tenue, soignée, même si elle se vide, petit à petit, reprit-il en poursuivant son observation, vous savez pas tout faire. Moi non plus. Personne en est capable. Mais vous faites ce que vous pouvez, à la hauteur de vos moyens et de vos connaissances. Si je vous présentais une barque à réparer, vous sauriez sans doute pas comment vous y prendre. Mettez-moi une aiguille dans les mains, et je serai aussi démuni.

Plongé dans ses réflexions, Morgred semblait moins froid qu’à l’accoutumée. Son ton paraissait détaché, mais pas pour autant cassant. En vérité, à mesure que ses yeux égrainaient chaque élément, chaque détail, chaque réparation possible, il réfléchissait à la proposition de Clémence.
Pourrait-il lui enseigner comment procéder à toutes les réparations ? Serait-elle capable de toutes les mener à bien ?

Le marin brisa enfin son immobilisme pour mieux observer l’entrée, depuis la pièce où Clémence et sa fille se trouvaient encore ; pour mieux apprécier dans son ensemble cette maison où, des dires de la sage-femme, il faisait bon vivre, jadis. De cela, d'ailleurs, Morgred en doutait. À voir ces grandes pièces vides, il était difficile de se représenter, ici, autre chose que misère et tristesse. Bien sûr, il aurait pu prétendre qu’il ne tenait qu’à son hôte et à sa sœur de rendre à cette bâtisse toute sa joie de vivre passée, toute sa beauté et son innocence d'antan... mais de sa bouche, plus que de toute autre, de telles paroles auraient sonné terriblement faux.

— Je suis pas patient, affirma-t-il après plusieurs secondes de silence, je suis pas un bon professeur et je suis pas sûr de réussir à vous expliquer ce qu’il faudra faire.

Le pêcheur pivota sensiblement sur lui-même, juste assez pour pouvoir observer son hôte, de nouveau.

— Mais si vous pouvez comprendre en m’observant et que les gueulantes vous effraient pas, je dis que ça me va.

Morgred ferma brièvement les yeux, puis regagna sa place initiale, quoique peut-être un plus proche de Clémence, à qui il tendit sa main.

— Marché conclu ?

Si la sage-femme acceptait, ne resterait alors plus qu’à déterminer les modalités pratiques de leur arrangement. Mais entre le travail du pêcheur, ses magouilles, et l’emploi de la sage-femme, rien ne semblait encore acquis.
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Clémence SarravilliersGuérisseuse
Clémence Sarravilliers



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MessageSujet: Re: De poussière et de sang [Terminé]   De poussière et de sang [Terminé] - Page 2 EmptyMar 7 Sep 2021 - 10:29
" Vous mentez."

Le ton, les mots, tout y était pour donner l'impression à Clémence de prendre une gifle. Une gifle monumentale qu'il lui fut bien difficile à encaisser et sans doute aurait-elle tout bonnement explosé si Morgred s'en était arrêté là. Vu de l'extérieur, la sage-femme devait sembler bien calme, presque paisible, tant sa posture et l'expression qu'elle affichait alors le laissait supposer. Au fond ,tout dans son attitude était faux, intérieurement, Clémence se battait encore et toujours avec ses vieux démons. Elle faisait de son mieux, allant même jusqu'à s'épuiser simplement pour faire un pas de plus vers cette indépendance qui lui était presque vitale. Elle y mettait toute sa volonté, toutes ses forces tout en exigeant toujours plus d'elle-même. Clarence lui reprochait continuellement cela, la suppliant même d'accepter l'aide des autres simplement pour préserver sa santé. Mais de cela, l'aînée des Sarravilliers n'en avait que faire. Tout ce qu'elle voulait c'était d'assurer un avenir à sa sœur, faire en sorte que celle-ci ne manque jamais de rien même si elle devait se retrouver seule, un jour. "L'avenir, c'est Clarence", se disait-elle, chaque soir avant de prier pour cette toute jeune femme pleine de rêves et espoirs ruinés par une vie sombre et complexe.

Mais Morgred, ne s'était point arrêté à cette remarque piquante mais obscure. Il poursuivit, décrivant ce que lui pouvait voir de cette maison que les deux sœurs aimait tant. Elles y étaient tant attachées à cette bâtisse,pourtant vidée de tout ce qui avait pu faire sa grandeur autrefois, que les deux veillaient à l'entretenir avec soin. Contre toute attente et à l'inverse de beaucoup, le marin ne s'était pas contenté d'une observation sommaire. Au contraire, ce dernier avait su voir dans tous ces petits détails insignifiants aux yeux des autres qui, d'ordinaire, ne s'arrêtaient qu'à ce grand vide. "Ne gardons que ce qui nous est utile et séparons-nous du superflus…"

Plus encore, et c'est probablement ce qui la toucha le plus, Morgred accepta finalement de lui enseigner ce qu'il connaissait. Elle le laissa finir sa tirade tandis que son sourire s'étira de plus en plus. À dire vrai, elle s'en sentit tant reconnaissante qu'elle aurait probablement pu lui sauter dans les bras, du moins, si cette femme, autrefois bourgeoise, fille de notaire, ne savait pas faire preuve d'un tant soit peu de retenue.

-Ce n'est rien, j'ai bien assez de patience pour nous deux et j'ai toujours été bonne élève... affirma-t-elle tout sourire.

Elle ne mentait pas, d'ailleurs sa sœur pensait même que cette fameuse patience était sans borne. Curieuse, attentive et surtout méthodique, Clémence avait toujours été une excellente élève. La meilleure, d'après sœur Berthilde, qui l'avait prise sous son aile après le décès de Charles.

- Et puis, je suis sage-femme, Morgred, je suis plutôt bien habituée aux …"gueulante" comme vous le dite. Lors de leur accouchement, les femmes ne sont pas bien courtoises, vous pouvez me croire.

Combien d'insultes avait-elle encaissées depuis toutes ces années ? Impossible pour Clémence de les compter ou seulement de s'en souvenir… Preuve, s'il en fallait, que la sage-femme ne se formalisait pas pour quelques mots.

- L'on ne vous a jamais dit de ne point vous fier aux apparences ? J'ai peut-être l'air faiblarde, mais je pourrais très bien vous surprendre... lança-t-elle en serrant la main du marin. Marché conclus
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