Marbrume


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 Les images du passé [Eivør et Gudrun]

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Gudrun MercierPrêtresse
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MessageSujet: Les images du passé [Eivør et Gudrun]   Les images du passé [Eivør et Gudrun] EmptyVen 27 Aoû 2021 - 21:20
1er mars 1167


Le temps s'était couvert en fin d'après-midi et une fine bruine tombait depuis, une de celle qui vous collait aux cils et transformait les rues en un labyrinthe gris et flou.
Gudrun terminait sa marche habituelle, la tête couverte sous sa capuche, les yeux baissés vers le sol qu'elle ne relevait que pour s'orienter. La pluie et la fraîcheur de l'air étaient agréables, son éternel manteau de laine était parfaitement adapté pour la protéger par ce temps. Elle bouscula par mégarde une passante qui le lui fit bien comprendre. Se retournant vers elle pour s'excuser rapidement, la prêtresse rentra à nouveau dans quelqu'un, cette fois-ci un peu plus brutalement. Gudrun se retourna vers la nouvelle victime de son inattention, prête à présenter ses excuses de nouveau.

- Mes ex... Mais ! Eivør ?

Cherchant instinctivement le visage de l'inconnu pour lui parler, elle avait levé la tête bien plus haut qu'elle n'avait à le faire d'habitude ici, à Marbrume. Impossible de ne pas reconnaître cette tête si familière.

- Si je m'attendais à te croiser ici ! Qu'est-ce que... Enfin, tu es toujours en vie ? Et... Tu n'as pas l'air de t'en sortir trop mal à ce que je vois ! Les dieux te bénissent !

Il avait l'air d'avoir pris l'eau aussi, et elle hésitait sur la conduite à tenir. Elle ne voulait pas rester à discuter sous la pluie, mais elle ne voulait pas non plus le quitter aussi vite. Elle avisa une taverne non loin.

- Si tu as le temps... On pourrait s'abriter quelques instants ? fit-elle en désignant la taverne du menton.
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Eivør
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MessageSujet: Re: Les images du passé [Eivør et Gudrun]   Les images du passé [Eivør et Gudrun] EmptySam 28 Aoû 2021 - 12:27
Eivør progressait à grands pas dans la rue principale du quartier. Le mercenaire n’avait pas vraiment de tenue capable de le protéger efficacement, il était donc urgent pour lui de trouver avant de finir tremper. Ce n’était qu’une petite pluie fine au départ, se changea au fil de ses pas en une véritable averse qui le trempa jusqu’aux os. Il avait bien une capuche, mais celle-ci se révéla tout aussi efficace contre la pluie qu’une chèvre le serait aux commandes d’un bataillon d’infanterie.
C’est à un croisement avec une rue adjacente que le mercenaire fut percuté par un ou une passante. Enfin, disons surtout que la personne en question avait rebondie contre lui plutôt que de le faire véritablement dévier de son chemin. Il ne reconnut son interlocutrice que lorsqu’elle l’appela par son nom.

- Gudrun, cela me réchauffe le cœur de te revoir, dit-il d’une voix sincère alors que la pluie semblait toujours motivée à lui mouiller le haut du crâne. Tu sembles bien te porter aussi, qu’ils… te bénissent aussi oui…

Il était moins convaincu lorsqu’il s’agissait de parler des dieux, mais il connaissait la profession de son amie et ne souhaitait pas la froisser avec son amertume. L’homme n’avait pas l’habitude de croiser des têtes familières, encore plus lorsqu’il s’agissait de réfugié tout comme lui. La plupart des siens semblaient avoir disparu, morts ou partis tenter leur chance en solitaire plus loin dans les terres…
Autrement dit, courir à une mort certaine.

- Oui bonne idée, j’ai toujours le temps pour une amie.

Le mercenaire n’avait rien de prévu pour sa journée, qu’il aille se mettre à l’abri quelques instants n’allait rien changer, et avec ce temps il préférait nettement avoir un toit sur la tête que de marauder dehors. Eivør se dirigea alors vers la taverne indiquée, l’édifice t ne semblait pas être en trop mauvais état. L’homme poussa la porte de l’établissement et fut accueilli par l’agréable chaleur d’un feu dans l’âtre. S’il avait été seul, il en aurait profité pour se dévêtir et faire sécher ses vêtements, mais là il allait devoir se contenter de regarder la flambée de loin. Toujours suivis de sa camarade, il tenta tout de même de trouver une table dans un coin tranquille de la pièce principal, suffisamment loin du comptoir pour ne pas avoir à supporter les soulards. Une fois assit et faisait face à la jeune femme, il retira sa capuche encore recouverte d’eau puis passa une main sur ses tresses blondes dans l’espoir d’en évacuer l’eau.

- Il faut croire qu’ici le temps est aussi merdique que la plèbe.

Personne autour de lui ne semblait avoir entendu ses propos et c’était tant mieux, il fit un signe à la serveuse.

- Comment vas-tu depuis... la dernière fois ?

La « dernière fois » remontait déjà à plusieurs mois, la traversée puis leur arrivée. Une fois à Marbrume chacun avait choisi sa voie, creusant un peu l’écart entre chaque réfugié alors qu’il aurait sans doute fallu rester uni.

- Qu’est-ce qu’il vous faudra ? demanda la patronne.
- Prend ce qu’il te plaira Gudrun, je t’invite.
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Gudrun MercierPrêtresse
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MessageSujet: Re: Les images du passé [Eivør et Gudrun]   Les images du passé [Eivør et Gudrun] EmptySam 28 Aoû 2021 - 22:50
Suivant Eivør dans la taverne, elle lui fit confiance pour s'installer. Elle n'était pas du genre à fréquenter ce genre d'établissement, mais croiser un compatriote lui semblait être le genre d'occasion qui méritait de faire une entorse à ses préférences personnelles.

Elle s'assit en face d'Eivør, rejetant sa capuche en arrière, essayant d'essuyer les gouttes de pluie qui perlaient sur son visage. Elle sourit à la remarque d'Eivør.

- A ce que je vois tu as toi aussi du mal à te faire aux habitudes locales.

Avant qu'elle n'ait eu le temps de répondre à la question d'Eivør, la serveuse arrivait.

- De la bière. Merci, mais je paierai.

Aussi insignifiante que cette rencontre puisse paraître, elle avait eu tellement peu de choses à fêter ces derniers mois qu'il fallait bien un peu d'alcool pour marquer l'évènement. Elle laissa Eivør choisir et la serveuse repartir avant de répondre à sa question.

- Je vais aussi bien que l'on puisse aller dans les circonstances où... je suis. Tu sais que le culte des dieux... est légèrement différent ici. Cela ne me plaît pas de vivre dans de telles conditions, mais le temple me permet de vivre correctement et de continuer à faire mon devoir de prêtresse. En partie.

Un sort sans doute plus enviable que celui de beaucoup de naufragés.

- Mais dis-moi, et toi ? J'ai entendu parler de terribles histoires de lapidation ou d'assassinats parmi les nôtres... Des actes lâches et indignes, pour un peuple qui nous avait promis l'accueil ! Comment as-tu réussi à t'en sortir ?

Ce genre d'évènements semblait avoir cessé, mais ce souvenir la rendait encore furieuse. Ils ne voulaient pas reconnaître le dieu corbeau ici, mais son influence était visible comme le nez au milieu de la figure. Elle essayait néanmoins de parler à voix basse, laissant leur conversation se dissoudre dans le brouhaha ambiant.
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Eivør
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MessageSujet: Re: Les images du passé [Eivør et Gudrun]   Les images du passé [Eivør et Gudrun] EmptyVen 17 Sep 2021 - 22:08
- Habitudes c’est un bien grand mot. Disons que c’est… différent.

Les gens, les villes, les coutumes, beaucoup de choses étaient différentes ici. Sa terre natale lui manquait, rien n’était simple, encore moins lorsque l’on regarde son pays disparaître peu à peu à l’horizon. Le mercenaire avait perdu une partie de lui-même ce jour-là, son cœur fut émietté à plusieurs reprises, et pourtant il était toujours là. L’homme n’insista pas lorsque sa camarade refusa poliment son invitation, il connaissait suffisamment les femmes de son pays pour savoir que l’insistance était tout bonnement inutile.

- Une bière pour moi aussi.

Eivør aurait bien demandé si par « bière », la serveuse voulait parler de la pisse d’âne locale que l’on servait à tous les ivrognes, mais imaginant sans mal que son commentaire serait mal perçu il se ravisa.
Lorsque la conversation se porta aux dieux, le mercenaire ne put réprimer un soupir semblable à un grognement.

- Oui, ici ils ne vénèrent qu’une « trinité », Etiol ne semble pas faire partie de leur culte. Le principal c’est que tu puisses avoir un toit sur la tête et vivre convenablement. Les gens qui dorment dehors ici-bas ne font pas long feu.

Même si le temps était plus clément ici qu’à Hendoire, la populace quant à elle l’était beaucoup moins. Bien qu’il fût capable de se défendre, l’homme n’aurait jamais eu l’idée de s’endormir au coin d’une chaumière, c’était un coup à se faire suriner pendant son sommeil, ou se faire becquer par des rats. Mieux valait un tas de paille dans le grenier d’une étable plutôt que la boue de la rue.

- J’en ai entendu parler aussi. Difficile de démêler le vrai du faux, la populace ment pour se couvrir ou se donner bonne conscience. Le fait est que nous sommes moins qu’à notre arrivée, indubitablement.

Il cessa de parler lorsque la serveuse déposa les deux chopes sur la table de bois sombre. Le mercenaire lorgna sa boisson du coin de l’œil, la mousse semblait onctueuse et le liquide ne semblait pas avoir une odeur désagréable. Eivør attendit patiemment que la serveuse s’éloigne pour continuer, ce genre de sujet de conversation attirait bien souvent les oreilles indiscrètes.

- Connaissais-tu Valka ? Elle était apothicaire, j’avais l’habitude d’aller la voir en cas de problème. Elle a réussi malgré tout à ouvrir une petite échoppe ici, elle a disparu sans laisser de trace. J’ai tenté de la chercher, en vain. Sa bicoque était intacte tout était encore là, comme si elle s’était volatilisée en un claquement de doigts. Nous sommes des gens robuste et vaillant, nous n’avons pas peur de nous salir les mains et de partir un beau jour pour un objectif précis, mais de là à partir sans vêtement ni provisions… il faut bien voir la réalité en face, tout l’monde se fout de quelques réfugiés disparus, ça fait des bouches de moins à nourrir après tout.

Le temps d’une courte pause, le mercenaire but une gorgée, il fut surpris du goût de la bière, elle était bonne enfin plus que d’habitude.

- Comment ? En frappant le premier, troquer ma lame en échange de paiement. La milice ce n’est pas pour moi. Des culs de bouc à qui on file une pique et un semblant l’autorité dans l’espoir d’en faire des hommes, autant pisser du haut de la muraille et faire croire au peuple qu’il pleut.

La discussion prenait une tournure presque sinistre, et ce n’est pas ce que le mercenaire attendait d’une rencontre avec une amie de longue date. Malgré le fait que parler des disparus soit une chose importante, l’homme souhaitait penser à autre chose en cet instant.

- Et puis, regarde-moi, je ferais un piètre jongleur et je ne suis pas suffisamment lettré pour devenir un poète respectable. D’aussi loin que je me souvienne j’ai toujours été soldat, autant rester dans une voie similaire et gagner un peu plus liberté. Je gagne ma vie, j’ai un toit sur la tête et je suis encore vivant, je n’en demande pas plus.

Deux nouvelles personnes trempées jusqu’aux os entrèrent dans la taverne, attirant l’attention du mercenaire. L’homme releva la tête pour croiser le regard de deux hommes, chacun avec une arme à la ceinture, il ne s’agissait pas de lame, mais plutôt de gourdin. Les deux types se dirigèrent vers le comptoir pour s’y accouder, ceux-ci discutaient à voix basse avec la serveuse. Le duo scruta la pièce principale jusqu’à s’arrêter sur un point bien précis, Eivør se pencha légèrement en avant.

- Des amis à toi ? Ils n’ont pas une gueule à fréquenter un temple.

Naturellement sa main glissa de la table pour se glisser sur son arme, tout cela n’avait rien de très rassurant.
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Gudrun MercierPrêtresse
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MessageSujet: Re: Les images du passé [Eivør et Gudrun]   Les images du passé [Eivør et Gudrun] EmptyLun 20 Sep 2021 - 22:08
Gudrun but une gorgée de bière pendant qu'Eivør continuait à parler. Ce goût lui rappelait de vieux souvenirs, des souvenirs familiers. Bien plus que l'infâme eau-de-vie d'Edgar.

- Valka ? Bien sûr, il a fallu se serrer les coudes sur le bateau entre guérisseurs... J'ai bien peur que sa disparition ne soit pas bon signe pour elle en effet. Être fort et vaillant ne suffit pas toujours à survivre, surtout ici. Il y avait une autre apothicaire sur le bateau, Théanna... Je me demande ce qu'elle est devenue.

Elle esquissa un léger sourire quand Eivør parla de ses talents de poète.

- Faire son devoir, faire ce que l'on sait faire pour être utile aux autres, c'est faire la volonté des dieux. Tu honores Rikni en continuant à te battre. Je ne sais pas ce qu'il en est de la milice d'ici, mais j'espère que tu restes droit même en vendant tes services. L'argent ne rachète pas le déshonneur.

Les mots d'Eivør la laissaient pensive : suffisait-il d'avoir un toit sur la tête et de quoi manger pour survivre ? Est-ce qu'on vivait toujours quand on laissait sa conscience de côté ? Après tout, n'était-ce pas ce qu'elle faisait elle-même ? Fuir en abandonnant ses proches, mentir à tout le monde, trahir ses propres convictions pour survivre... Il n'y avait rien d'honorable dans tout cela. Le soldat la sortit de ses réflexions en lui désignant deux hommes trempés accoudés au comptoir, qui semblaient les fixer. Elle fronça les sourcils en voyant Eivør porter la main à sa ceinture.

- Des amis, non, certainement pas. Des ennemis, je ne sais pas. Ce que je sais, c'est qu'assis tous les deux à la même table nous nous démarquons sans doute beaucoup, et que personne dans cette taverne ne lèvera le petit doigt pour nous. En revanche, tout le monde fréquente le temple Eivør. Il n'y a aucune raison pour eux de vouloir du mal à une prêtresse et à la personne qui l'accompagne.

Mais bien sûr, son manteau l'empêchait sans doute d'être identifiée comme telle. Elle regarda plus franchement les deux hommes qui la dévisageaient effrontément en retour.

- Avez-vous besoin de mes services mes braves ? Puisse Anür bénir la droiture de vos actions et Rikni le bras qui les accomplit !

Les deux hommes feignirent de ne pas entendre sa déclaration et se retournèrent ostensiblement vers le comptoir. Gudrun fronça de nouveau les sourcils. Décidément, les Marbrumiens étaient d'une impolitesse sans nom.

- Effectivement, ces individus ne m'inspirent guère confiance... Mais nous n'allons certainement pas nous en aller pour si peu ! Cela me rappelle cette bagarre mémorable à l'auberge de l'Epée Brisée. En avais-tu entendu parler ? Einar était rentré tellement ivre ce jour-là qu'il avait brisé une chaise en rentrant et était reparti avec le pied de la chaise en guise d'arme...

Bien sûr, cela n'avait rien eu de plaisant sur le moment, mais avec le temps et les remords, tout lui semblait plus beau, et elle y repensait avec une douce nostalgie.


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MessageSujet: Re: Les images du passé [Eivør et Gudrun]   Les images du passé [Eivør et Gudrun] EmptyDim 3 Oct 2021 - 8:30
Les deux hommes ne répondirent rien, se contentant de commander des boissons au comptoir. Les types allèrent s’installer à l’opposé de la taverne, n’ayant donc plus l’occasion de croiser le regard du mercenaire. Eivør relâcha doucement la prise qu’il avait sur son arme et reprit finalement une attitude plus posée, bien que toujours en alerte. Bien que n’importe qui soit en mesure d’aller au temple, Eivor savait suffisamment de choses pour savoir ce qui pousserait un homme à s’en prendre à une femme, qu’elle soit prêtresse ou non ne changeait rien, pour certains c’était même exotique.

- Je garde le déshonneur loin de moi. L’argent ne rachète pas grand-chose, que ce soit le déshonneur, ou l’amour des personnes à qui l’on tenait…

Son sourire, la lueur dans son regard, ses mèches brunes flottant dans le vent marin, l’éclat de son rire, la douceur de la pulpe de ses doigts glissant sur sa joue. Le mercenaire n’avait qu’à fermer les yeux pour sentir l’étreinte de celle qu’il avait perdue, un simple battement de paupière lui permettait d’entrevoir sa fille et sa femme, heureuses. Il coupa court à cet instant de faiblesse en grognant, puis il se repositionna sur sa chaise. Le passé n’avait plus sa place dans le présent, s’il lui laissait trop de place il risquait d’y être aspiré, tout comme un navire qui prend l’eau est aspirée par la mer. Entendre parler d’Einar effaça la mine maussade qu’il affichait depuis quelques minutes.

- Oh que oui j’en ai entendu parlé, et j’aurais tout donné pour y voir de mes yeux. C’était un très bon combattant, mais il avait la tolérance d’une chèvre face à l’alcool. Un pied de chaise, c'était une drôle d’arme, même pour lui.

Eivør avait connu le bougre au début de son service militaire, soit vers ses seize ans environ. C’est d’ailleurs par le biais d’Einar et de Virka, qu’il rencontra finalement Gudrun, tout ce petit monde se connaissait par les liens de l’armée et des temples. Le mercenaire était et est toujours un très bon combattant, cependant il est un bien piètre soldat lorsqu’il fallait obéir, Einar prit du grade là où lui resta un simple fantassin, jusqu’à finalement finir dans une garnison chargée de la protection de la capitale. Le mercenaire attrapa sa choppe et en vida le contenu d’un trait, c’était toujours mieux que de penser à la disparition d’Einar au combat, et à tout ce que cela pouvait faire remonter à la surface. C’était un ami, mais aussi un frère d’armes, disparu comme tant d’autres…

- Cette histoire a fait le tour du régiment, ce n’était pas souvent que l’on entendait conter l’histoire d’un Sergent allant livrer bataille dans une auberge, armée de son courage et d’un morceau de bois. Son héroïsme fait rire les hommes de la section, mais pas vraiment le Capitaine.

Se foutre sur la gueule dans une auberge n’avait rien d’un crime en soi, en tout cas tant que personne ne finissait avec un poignard entre les côtes. Cependant, un sergent devait montrer l’exemple, c’était un symbole d’autorité et de professionnalisme, le fait que le sergent en question avait fini la soirée au trou pour décuver, avec la plèbe…

- L’armée c’était bien différent, trop différent de ce qu’il nomme “milice”, mais je ne vais pas t’ennuyer avec ça. Est-ce que tu penses tenter ta chance un jour en dehors des murs de ce cloaque ?

Finit-il par demander.
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MessageSujet: Re: Les images du passé [Eivør et Gudrun]   Les images du passé [Eivør et Gudrun] EmptyMer 6 Oct 2021 - 23:08
Eivør avait un air triste sur la figure, et Gudrun se dit qu'il faudrait peut-être aborder des sujets plus joyeux... Mais lesquels ? Elle avait bien du mal à en trouver, des choses heureuses depuis le naufrage.

Heureusement, son histoire sembla lui redonner le sourire. Elle-même eut un petit rire, la bière commençait à faire effet.

- Il buvait certainement plus qu'une chèvre, ce n'est pas très flatteur ! Mais... Oui, il avait ce petit côté noble et généreux qui l'élevait au-dessus du lot...

C'était un peu triste en réalité d'y repenser. Eivør changea de sujet et elle lui en fut reconnaissante.

- En fait... J'aimerais bien m'éloigner de... De ce temple... J'ai entendu parler d'un petit bourg assez éloigné... Ils cherchent quelqu'un pour y officier... Je me suis proposée. Je ne sais pas, c'est peut-être un espoir un peu fou mais... Peut-être pourrais-je vivre ma foi pleinement en étant loin des hauts dignitaires du grand temple de Marbrume. Peut-être y-aura-t-il moins d'yeux inquisiteurs... Peut-être que je fonde de grands espoirs sur des bases peu solides. Mais on a tous besoin d'un peu d'espoir, n'est-ce pas ?

Elle jeta des coups d'oeil autour d'elle d'une façon certainement peu discrète, mais la taverne était bruyante et il aurait fallu avoir une oreille bien fine pour entendre ce qu'elle glissa à l'oreille d'Eivør en se penchant vers lui.

- En parlant de cloaque... Il y a des adorateurs d'Étiol ici, le savais-tu ? C'est le nom de leur secte...

Elle se rassit droite sur sa chaise et haussa les épaules.

- Je n'en sais pas beaucoup plus, mais un homme averti en vaut deux.

Elle reprit une gorgée de bière avant de poursuivre.

- Cette question... J'imagine que tu y as pensé aussi ? A t'éloigner d'ici ? Tu ne m'embêtes pas le moins du monde... Je n'ai pas eu beaucoup de contact avec la milice d'ici, mais le peu que j'en ai vu ne m'incite pas à leur faire confiance.

Elle grimaça en repensant au milicien borgne et à son compère Larcher qu'elle avait croisés une semaine auparavant. Une telle indécence au sein même du temple... Mais... Elle pouffa de rire.

- Je crois bien avoir traité un de ces pauvres miliciens de bouc sous le coup de la colère... A y repenser, ce n'était pas très convenable pour un pauvre bougre qui croyait simplement faire son devoir.

La serveuse revint.

- Vous avez bientôt fini ? Parce qu'on a l'habitude de servir des gens plutôt respectables ici vous savez...

Gudrun jeta un regard interrogateur à son compagnon. Elle n'avait pas beaucoup eu l'occasion de fréquenter les tavernes et elle était perplexe. Était-ce l'aspect mal dégrossi et passablement mouillé d'Eivør qui allait les faire mettre dehors ? Ou bien... Leur allure d'étrangers dérangeait-elle les locaux ? Elle commença à froncer les sourcils car elle ne voyait pas bien d'autre explication...
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MessageSujet: Re: Les images du passé [Eivør et Gudrun]   Les images du passé [Eivør et Gudrun] EmptySam 23 Oct 2021 - 11:09
- Un homme avisé dirait qu’il n’est pas prudent de quitter la protection des murs. Moi, je te dirais d’aller là où te porte ton instinct.

Le mercenaire avait pour habitude de se fier à son instinct. C’était ce même instinct qui l’avait poussé à prendre la mer dans l’espoir de trouver une terre d’accueil. Cette terre, il l’avait trouvé, bien que l’accueil soit aussi froid et dur qu’une tombe. L’œil toujours attentif aux deux hommes qui s’étaient assis au loin, Eivor écoutait attentivement sa partenaire, il n’avait rien d’un type particulièrement causant, mais échanger avec une connaissance était un cadeau qu’il ne pouvait pas refuser.

- Une secte ? De mieux en mieux.

Le terme ne laissait aucun de tout, pour les gens d’ici Etiol semblait avoir une mauvaise influence, du moins le mot « secte » n’avait rien de positif. Tout cela laissait parfaitement entrevoir la façon des habitants d’aborder leurs dieux, mais aussi ceux ne vénérant pas comme eux. Le mercenaire se fichait de ce que l’on pouvait dire ou penser de lui, et de toute manière il n’allait pas au temple, même lorsqu’il s’agissait de se mettre à l’abri de la pluie battante. Son regard d’un bleu profond croisa celui de son interlocutrice lorsqu’il répondit.

- Plus d’une fois oui, j’ai rêvé de partir, marcher jusqu’à ce mes jambes ne soient plus en mesure de me porter. Mais je ne partirai pas, pas maintenant, certains des nôtres sont encore au sein des murs, si je peux les aider je le ferai sans hésiter. Qu’importe le lieu, je ne peux pas partir et laisser derrière moi ceux que j’ai autrefois juré de protéger.

Car tel était l’engagement et les vœux d’un soldat, à voix basse, il récita une partie de son serment.

- Je suis l’épée qui s’abat, je suis le bouclier qui protège, je voue cette vie aux miens, je vivrai et mourrai à mon poste…

Il termina sa boisson d’une traite avant de poursuivre.

- Bouc ? Simplement bouc ? Je dirais que tu as sûrement été trop aimable avec lui, mais je ne suis pas une référence en matière de langage.

La serveuse rappliqua, alors que cela devait faire de longues minutes qu’elle n’avait pas bougé de son comptoir, à admirer les fonds de verre propre. À sa tirade, le mercenaire haussa un sourcil, laissant la possibilité à la rombière de corriger sa tirade, elle cracha bien entendu sur l’opportunité.

- Déjà qu’on doit vous accueillir, si en plus vous commencez à piquer la place des honnêtes gens…

Eivør n’avait jamais levé la main sur une femme, qu’importe son âge ou son rang dans la société. Mais en cet instant, l’envie fut si forte qu’il préféra envoyer valdinguer sa chope d’un revers de la main, plutôt que de se lever et céder à ses pulsions. Le mercenaire se redressa et la tenancière recula d’un pas, elle était surprise et sans doute peu confiante.

- Il faudra régler les consommations.
- Compte là-dessus.
- Ah ? Dans ce cas je ferai venir la milice.

Le mercenaire fit un pas en avant, et la femme recula une fois encore.

- Profites-en pour prier tes Dieux et leur demander de ne pas te laisser crever le moment venu. Gudrun, partons.

L'homme fit volte face, il ne prêtait déjà plus attention à la tenancière.

***

À l’autre bout de la taverne, les deux hommes n’avaient pas touché leur consommation. Lorsque le mercenaire se releva, l’un d’eux glissa une main sur la matraque qu’il portait à la ceinture.

- Pas ici, le rabroua le second.
- Pourquoi ? Ici, vite et bien.
- Non. C’est bien notre homme, mais il y a trop de gens ici, si quelqu’un intervient en sa faveur on l’aura dans l’os.
- L’étranger ? Personne n’interviendra.
- Je ne te demande pas de réfléchir, mais de la fermer et écouter. On attend, on l’aura plus loin dans la rue, et sa copine avec si elle traîne trop, dit-il avec un sourire carnassier.
- Ça m’va.

Les deux bougres regardèrent le mercenaire accompagné de la jeune femme qui quitta la taverne.

HRP:
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MessageSujet: Re: Les images du passé [Eivør et Gudrun]   Les images du passé [Eivør et Gudrun] EmptySam 30 Oct 2021 - 18:25
Gudrun regarda Eivør envoyer valser sa chope sans sourciller, puis retourna ses yeux vers la serveuse. Celle-ci semblait apeurée, mais demanda tout de même de payer les consommations, menaçant d'en appeler à la milice. Eivør finit de la terroriser avant de sortir de la taverne. Gudrun se leva de sa chaise, déposa une piécette sur la table, l'air sombre. Son sourire l'avait quitté.

- Il faut savoir rester juste en toutes circonstances... Voilà pour le peu que nous avons eu le temps de consommer, il ne sera pas dit que nous sommes malhonnêtes. Mais votre comportement n'est pas tolérable aux yeux des dieux. J'espère pour vous que vous saurez faire amende honorable.

Elle se dirigea vers la sortie sans un regard en arrière pour rejoindre Eivør devant la porte de la taverne.

- Cela ne m'encourage guère à rester ici. Mais tu as raison : cela ressemble beaucoup à de la fuite. Ce n'est pas le cas. J'espère pouvoir aider les nôtres... D'une autre façon que la tienne. Je me rends compte que tu as sans doute été plus utile que moi pour eux.

La pluie fine tombait toujours, s'accordant parfaitement à son humeur morose.

- Tant pis pour un endroit chaud et une bière. Il n'y a plus très loin d'ici au temple, je connais un raccourci. Nous pourrions nous y abriter, au moins le temps que cette pluie se termine, car je vois que tu es moins bien équipé que moi pour ce temps ! Pour ma part le manteau qu'Einar m'avait offert à notre mariage est parfaitement adapté... Bien qu'usé, j'en conviens !

Elle releva sa capuche et partit d'un bon pas.

--

Les deux malfrats étaient sortis à la suite des deux étrangers. Ils n'étaient pas spécialement discrets, mais le crachin brouillait la vision et étouffait les sons plus sûrement qu'un oreiller en plumes. Les voyant tourner au coin d'une rue, ils se mirent à courir franchement : si la rue était encore pleine de monde, l'étroite ruelle où les deux individus de haute taille s'étaient engagés était peu fréquentée.
Celui qui semblait le plus rusé fit signe à son compère qui repartit au pas de course, puis s'avança seul dans la ruelle tortueuse et interpela à distance le mercenaire.

- C'est toi qu'as tabassé François le Gros ?

Il décrochait lentement le gourdin de sa ceinture, se tenant prêt à bondir en avant, mais restait à bonne distance, attendant que son compère ait le temps de faire le tour par l'autre côté.

- C'pas la peine de répondre ou d'essayer d'dire que c'est pas toi ! On est là pour qu'tu saches que les bâtards, ils s'en tirent pas comme ça ! Puis si on peut avoir deux saletés d'étrangers pour le prix d'un, on va pas s'priver... Hein ? J'ai bien envie d'voir c'que tu caches sous ton grand manteau ma belle, ricana-t-il.
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MessageSujet: Re: Les images du passé [Eivør et Gudrun]   Les images du passé [Eivør et Gudrun] EmptyDim 14 Nov 2021 - 16:04
Évidemment le temps ne s’était pas amélioré, la fine pluie était toujours présente, transformant les routes en terreuse en marre de boue collante. Le mercenaire aurait préféré rester à l’intérieur, à boire, profiter de sa camarade et d’un bon feu de l’âtre. Mais visiblement, il fallait être un natif du coin pour avoir l’honneur de rester à une table et de profiter d’un toit. Quitter l’endroit était la meilleure chose à faire pour le mercenaire qui n’avait pas envie d’être recherché pour coups et blessures.

- Il y a de la bière dans ton temps ? Demanda-t-il sur un ton qui se rapprochait de la plaisanterie.

Un pas après l’autre, il suivit Gudrun le long de la rue, puis dans la ruelle étroite. Le mercenaire n’appréciait pas vraiment ce genre de raccourcis, la rue principale aurait été bien mieux selon lui, mais il n’en fit pas cas. Une voix masculine l’interpella après plusieurs mètres parcourus, pile à un croisement. Le mercenaire fit volte-face et détailla son adversaire du regard. L’homme n’était pas bien grand, rondouillard, il n’avait pas non plus la posture d’un combattant. Le nom de François le Gros ne lui disait rien, le mercenaire ne connaissait le nom de ses cibles uniquement lors de contrat bien précis. Il farfouilla dans sa mémoire quelques instants, puis se rappela qu’il avait en effet malmené un individu d’un certain poids lorsqu’il avait tenté d’abuser d’une jeune femme qui ne semblait coopérative. Comme à chaque fois qu’il intervenait, il lui fallait à un moment ou un autre en payer le prix. Qu’on menace le mercenaire personnellement ne le dérangeait pas, il avait l’habitude de ce genre de chose, mais que l’on s’en prenne à quelqu’un qu’il appréciait, ça c’était autre chose.

- Si tu la touches, je jetterai ta carcasse aux chiens.

- Si t’crois que tu m’fais peur, quand j’en aurais fini avec toi, on te reconnaîtra pas, et ta minette avec.

Eivør savait que l’homme n’était pas tout seul, son comparse devait être dans le coin, mais difficile de dire où. Gérer le butor ne serait pas compliqué, mais il ne pouvait pas laisser la jeune femme sans défense. Il décrocha une dague de sa ceinture et lui tendit tout en gardant un œil sur l’homme qui progressait lentement vers eux.

- Cache ça sous ton manteau… si ça tourne mal, vise la gorge, reste près de moi.

Même sans expérience martiale, une dague se révélait suffisamment efficace pour neutraliser quelqu’un pour de bon. Le mercenaire ne savait pas si son ami avait déjà pris une vie, il espérait simplement que cette ruelle ne devienne pas la première fois. Sans sortir son arme, Eivør s’approcha du malfrat.

- Allez, ma mignonne, je m’occupe de ton homme et ensuite ça sera tout tour.

Son sourire carnassier s’effaça bien vite quand son premier coup de matraque fendit l’air sans ne rien toucher. Le mercenaire fit un pas de côté et écraser son poing dans le visage de l’inconnu. Celui-ci tituba sous l’impact et laissa tomber sa matraque. Son nez cassé laissait échapper un filet de sang.

- Fils de chienne ! Je vais t’ouvrir comme un poisson !

L’inconnu dégaina à son tour une lame courte, une sorte de coutelas. Le mercenaire esquiva un nouveau coup et regarda en arrière pour apercevoir le deuxième individu arriver. Cette seconde d’inattention l’empêcha d’éviter la nouvelle attaque et la lame de son adversaire l’atteignit au flanc. Son gilet de cuir avait encaissé une partie du coup, mais la lame avait atteint la peau. Le malfrat exulta, mais sa joie fut de courte durée lorsqu’il comprit que son coup n’était pas mortel. Eivør grogna sous la douleur et attrapa sa hache. Il frappa une première fois avec la prise de son arme, atteignant l’inconnu à l’œil. Celui-ci cria sous la douleur et recula en laissant tomber son coutelas. Raffermissant sa prise sur son arme, le mercenaire ficha le fer de son arme dans le crâne du butor. Retirant son arme de la dépouille, il pivota sur lui-même pour faire face à son deuxième adversaire.

- Gudrun !
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Gudrun MercierPrêtresse
Gudrun Mercier



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MessageSujet: Re: Les images du passé [Eivør et Gudrun]   Les images du passé [Eivør et Gudrun] EmptyDim 21 Nov 2021 - 17:25
Une mauvaise idée que de passer par un raccourci... On perd toujours plus de temps qu'on en gagne. Et en l'occurence, il n'y avait pas que du temps en jeu.
Elle identifia rapidement l'homme qui les avait regardés à la taverne, mais où était son partenaire ? Même si elle avait quelques hésitation sur l'interprétation exacte des paroles du gredin, son intention était claire, il allait les attaquer. Mais aurait-il eu l'audace de le faire seul ? Sans doute pas. Sous-entendait-il qu'il avait peur qu'elle cache une arme sous son manteau ? Ou osait-il la menacer de choses fort peu convenables ?
Sans être complètement sereine, Gudrun gardait la tête froide, essayant de réfléchir à la façon dont ils allaient pouvoir se sortir de ce mauvais pas.

Après un court échange de politesse, Eivør lui tendit une dague qu'elle prit, et suivant le conseil de son camarade, resta à une courte distance de lui, refermant ses longs doigts sur le manche de l'arme. Jusqu'à maintenant, son statut de prêtresse et quelques dissuasions de ce genre avaient suffi à décourager la plupart de ceux qui lui auraient voulu du mal. Mais aujourd'hui, rien n'était moins sûr. Si la détermination ne lui manquait pas, et si trancher la chair lui était familier, le faire dans le but de donner la mort ou de blesser était nouveau. Comment fallait-il tenir la dague ? A quel moment... Mais tout allait trop vite pour lui permettre de réfléchir davantage. Elle regarda avec fascination le grand mercenaire s'avancer et engager les hostilités. Il semblait dominer le combat, mais elle le vit brièvement regarder en arrière dans sa direction, perdant le dessus. Instinctivement, elle suivit son regard, pour voir avec horreur le compagnon de l'homme qui arrivait en courant vers eux, brandissant lui aussi un gourdin. Le brigand avait les yeux rivés sur Eivør, ce qui n'était pas vraiment étonnant vu la menace qu'il représentait. Elle s'écarta de la trajectoire, et tendit brusquement la jambe pour faire un croche-pied au coureur qui s'étala violemment de tout son long dans le boue, mais ne tarda pas à se relever, le visage rougi de colère. Sous le coup de l'émotion, il avait visiblement décidé de changer de cible.

Gudrun raffermit sa prise sur la dague sous son manteau, restant immobile et le laissant approcher. Elle n'y connaissait peut-être rien en art martial ; mais les longues années passées à manier couteaux et aiguilles lui avaient enseigné quelque chose : concentration et relâchement étaient les maîtres mots. Alors, elle attendit qu'il s'approche, gourdin en main. Cette attente lui parut interminable, mais ne devait pas avoir duré bien longtemps : l'homme frappa sans plus réfléchir, d'un grand coup en se portant en avant, qu'elle essaya d'esquiver, sans y réussir parfaitement. Son épaule gauche prit un coup violent, mais l'assaillant, emporté dans son élan, ne put esquiver le coup de dague qu'elle lui porta sous les côtes. Une blessure vicieuse, qui avait toutes les chances de lui être fatale... Dans quelques heures. Le pauvre homme hurla de douleur, mais il avait encore assez de force pour lui asséner un coup de genou au ventre qui envoya la prêtresse à terre, avant de brandir à nouveau son gourdin.
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Eivør
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MessageSujet: Re: Les images du passé [Eivør et Gudrun]   Les images du passé [Eivør et Gudrun] EmptySam 27 Nov 2021 - 13:51
Le mercenaire ne se tenait qu’à deux ou trois mètres tout au plus, et pourtant malgré cette courte distance il n’eut pas l’occasion d’intervenir aussi vite qu’il l’aurait souhaité. Bien que la jeune femme ait réussi à porter un coup, elle en avait reçu deux en retour, dont un qui l’envoya au sol.
Eivør arriva au niveau du butor lorsque celui-ci s’apprêtait à frapper une nouvelle fois avec son gourdin. Le mercenaire délaissa sa hache pour bloquer la nouvelle attaque avec son avant-bras. Il attrapa l’individu par le col et dans un mouvement bref il écrasa son front contre le nez du fripon. Le malfrat beugla comme un veau, vociféra aussi fort et aussi longtemps qu’il le put. Puis le mercenaire se chargea d’organiser une dernière rencontre avec le mur en briques de couleur sombre bordant la ruelle. Le coupe-jarret percuta le mur avec le sommet de son crâne dans un craquement horrible, puis il s’étala de ton son long, visage dans la boue.
Une fois les deux individus neutralisés, le mercenaire porta une main à sa blessure qui saignait, puis il s’approcha de son amie.

- Rien de cassé ?

Il récupéra son arme qui traînait dans la boue et proposa son aide à la jeune femme pour se redresser, du moins si elle en avait besoin. Il fallait quitter les lieux rapidement, vu comment le deuxième bougre avait crier sa haine, il y avait de fortes chances pour que cela attire l’attention. Un badaud n’était pas un problème en soi, mais une patrouille de milicien l’était un peu plus. Gudrun avait déjà reçu deux coups par sa faute, il était donc inutile de la mêlée à un règlement de compte sanglant qui risquait d’entacher la réputation de la prêtresse. Bien que blessé, le mercenaire n’était pas souffrant pour autant, ce n’était qu’une entaille légère qu’il faudrait traiter le moment venu, pour le moment il devait surtout accompagner son amie à l’abri.

- On doit y aller, ton temple est encore loin ?

Eivør rangea son arme et récupéra aussi sa dague, en cas de patrouille, il valait mieux que lui seul soit armé, personne n’irait dérangeait une jeune femme sans armes à propos d’une « bagarre » qui aurait mal tourné au fin fond d’une ruelle sinueuse. Avec un peu de chance, le mercenaire espérait que les deux bougres seraient connus de la justice locale, dans ce cas il aurait simplement rendu service à la milice et personne n’irait se plaindre de ce genre d’action.

- Si vous avez deux ou trois choses dans un tiroir pour nettoyer une plaie, je ne serais pas contre non plus.

Il hocha la tête en direction de sa main recouverte du sang qui s’échappait de son flanc.
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Gudrun MercierPrêtresse
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MessageSujet: Re: Les images du passé [Eivør et Gudrun]   Les images du passé [Eivør et Gudrun] EmptyLun 29 Nov 2021 - 21:36
Gudrun se saisit de la main proposée, encore un peu sonnée par l'enchaînement des évènements. L'urgence de quitter les lieux ne lui avait pas échappé, et le ton d'Eivør lui signalait qu'il ne voulait pas, lui non plus, traîner dans ce lieu plus que nécessaire. Elle avait toujours une vive douleur à l'épaule et elle avait du mal à bouger son bras gauche. Elle hocha la tête sans dire un mot, et jeta à peine un regard aux deux cadavres qui gisaient là, dans la boue. Ils ne lui inspiraient aucune pitié. Chacun faisait des choix, le leur avait été mauvais. La bonté ne pouvait exister que parce que des gens comme eux existaient. L'équilibre en toutes choses. La prêtresse reprit sa route, marchant aussi vite que possible pour s'éloigner de l'endroit. Leurs affaires boueuses et ensanglantées ne les aideraient pas à se disculper si la milice leur tombait dessus...

Après quelques pas, le mercenaire finit par lui avouer à demi-mot qu'il était blessé. Gudrun examina la blessure tout en continuant à marcher. Trop de sang... Elle grommela, agacée de ne pas avoir prêté attention plus tôt à son compagnon.

- Anür nous vienne en aide, ce n'est pas une simple coupure... Nous ne sommes plus très loin. Allons.

Les marches du temple étaient en vue... L'ascension fut difficile. Arrivés en haut des marches, le teint du mercenaire était d'une pâleur épouvantable. Gudrun le fit entrer, passa quelques portes avant de s'arrêter dans une pièce vide, à l'exception de quelques chaises.

- Assieds-toi, enlève ce gilet.

Elle s'affairait à trouver de quoi panser la blessure dans sa sacoche. Un bout de tissu, quelques herbes...

- Tu m'excuseras de ne pas t'emmener à l'infirmerie, les clercs de garde posent parfois trop de questions. Et ils sont loin d'être idiots... Ne bouge pas.

Concentrée sur sa tâche, elle se mit à recoudre la plaie, rapidement, mais sans hâte, avant de poser un cataplasme d'herbes et de bander le tout pour le tenir en place.

Elle finit par soupirer et se laissa tomber sur une chaise, restant silencieuse quelques instants, les yeux dans le vague.

- C'est pour ça que je veux partir d'ici. Je veux aller quelque part... Quelque part où je pourrais faire quelque chose. Je ne sais pas encore exactement quoi. Bon sang ! Il faut faire changer cela ! Pourquoi sommes-nous considérés comme des étrangers alors que nous sommes du même royaume ? Que nous travaillons aussi dur que les autres !

Les yeux soudain brillants, elle se redressa en le regardant.

- Je sais qu'une femme ne devrait pas manier une arme mais... Apprends-moi à tenir cette dague. Ou un couteau. N'importe quoi. A Sombrebois, personne ne sera là pour me défendre comme tu l'as fait tout à l'heure. S'il te plaît...

HRP:
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Eivør
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MessageSujet: Re: Les images du passé [Eivør et Gudrun]   Les images du passé [Eivør et Gudrun] EmptyVen 3 Déc 2021 - 13:58
À chaque pas le mercenaire perdait un peu plus de sang, le rendant naturellement de plus en plus faible. Heureusement pour lui le temple n’était pas loin, et Gudrun se révéla d’un grand secours lorsque ses jambes commencèrent à lui fait défaut.

- Anür a sans doute d’autres problèmes à gérer…

Finit-il par répondre avant d’apercevoir les premières marches du temple. Au début la montée fut facile, cela ne demandait pas trop d’effort, mais au bout de quelques marches l’opération devint alors plus complexe et le mercenaire manqua de s’étaler de tout son long une ou deux fois. Eivør tenta tant bien que mal de ne pas laisser trop de sang derrière lui, même s’ils avaient eu la chance de ne croiser personne, une trainée sanguinolente sur les marches ou dans un couloir aurait vite fait d’attirer l’attention du premier flâneur. Le mercenaire accueilli la chaise comme une bénédiction, ni une des deux, il retira son gilet en cuir, puis la chemise en lin qu’il portait sous celui-là. Les deux vêtements étaient poisseux de sang, et il allait falloir plusieurs lavages pour s’en débarrasser totalement.

- Excuses acceptées.

Il n’avait que peu de connaissance en matière de soin, il savait comment faire un bandage, utiliser deux ou trois plantes pour limiter les infections, les plaies plus graves demandaient un autre savoir-faire. Une fois que le bandage eut été apposé, le mercenaire se sentait déjà mieux, bien qu’il n’était sûrement pas en état de combattre sous peine de rouvrir la plaie à la première ruade. L’homme aurait aimé trouver des paroles réconfortantes, mais il n’avait aucun talent pour cela, il était simplement capable de parler des choses telles qu’elles l’étaient, une franchise très peu en accord avec les choses consolantes. Il baissa à son tour les yeux.

- Ils doivent avoir l’impression qu’on vole leurs terres, bien qu’ici je ne vois pas quoi voler si ce n’est un seau de boue. Nous faisons partie du même royaume, ça, c’est un point commun et c’est aussi l’un des rares.

La deuxième question de son amie attira son attention.

- Tu sais, je connais plus d’une femme qui sait manier une arme, en cas de problème ça leur a sûrement plus servi que la poésie.

Eivør ne voyait pas pourquoi il serait mal d’apprendre à se défendre, lui avait bien réussi à apprendre à se débrouiller. Plus que se défendre, manier une arme sous-entendait de s’en servir, et peut-être d’ôter la vie, et ça c’était une chose à laquelle il fallait bien se préparer.

- Je peux t’apprendre, te montrer comment tenir et manier une dague pour te défendre. Cela inclut aussi que tu dois être prête à ôter une vie si cela est nécessaire. Je n’irais pas t’encourager à tuer, mais tu en auras les capacités. J’aurais bien proposé de t’accompagner pour te protéger, mais te suivre comme une ombre risque de te poser des problèmes par moment.

Le mercenaire enfila sa chemise dont le côté droit était couvert de sang, le contact du tissu imbibé avec sa peau n’avait rien d’agréable, mais c’était une nécessité.

- Merci pour ce que tu as fait, sans toi… ça aurait mal fini.
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MessageSujet: Re: Les images du passé [Eivør et Gudrun]   Les images du passé [Eivør et Gudrun] EmptyDim 5 Déc 2021 - 20:05
L'adrénaline retombait petit à petit, dans le calme silence dans la pièce. Calme en effet, car ni l'un ni l'autre ne semblaient être de grands bavards.

- Tu me ferais une bien grande ombre en effet. Mais ne t'inquiète donc pas pour moi : la vie, la mort, je les côtoie tous les jours. Je dirais même que je les tiens bien souvent au bout des doigts... Même si au final, c'est Anür qui décide ce qui doit advenir ou non. Quoi qu'il arrive, ma main ne tremblera pas si Rikni estime que ma cause est juste. Mais pour ce qui est de la pratique, cela revient à moi seule... Et à toi, si tu le veux bien.

Elle le vit remettre sa chemise avec inquiétude.

- Si tu parles de ce bandage, tu sais que ça n'est rien qu'une formalité pour moi. Si tu parles de la ruelle... Tu sais que sans toi je serais morte à l'heure qu'il est. Alors... Merci. Je te dois la vie. Mais je crois qu'il est grand temps que j'arrête de dépendre des autres. Je n'aurais pas toujours un grand gaillard sous la main pour me protéger. Et le grand gaillard devrait d'ailleurs arrêter de s'agiter et rester sur cette chaise. Tu es aussi blanc que la neige sur les sommets.

Elle se releva pour aller fouiller dans les armoires au fond de la pièce : elle trouva par miracle une bouteille de vin qu'elle lui tendit. Tout le monde sait que le vin et le sang sont de la même famille alchimique, c'était un parfait remède. Elle aurait également pu en mettre sur le bandage si elle avait su... Elle trouva également un morceau de tissu qu'elle prit, ramassa le gilet en cuir, et retourna s'asseoir.

Elle se mit à frotter le cuir pour essayer d'enlever le sang frais. Ce serait sans doute moins voyant mais...

- Il n'en est pas à sa première tache ce gilet, se contenta-t-elle de remarquer. J'espère pour toi que tu connais de bons soigneurs en dehors du temple... Mais où loges-tu d'ailleurs ?
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