AmauryEl potiprêtre écriteur dessineur
| Sujet: Amaury [Validé] Jeu 21 Oct 2021 - 16:32 | | | Amaury, dit « Le Bègue »◈ Identité ◈ Nom : ∅
Prénom : Amaury
Age : 19 ans (en 1167)
Sexe : Masculin
Situation : Célibataire
Rang : Prêtre des Trois, enlumineur
Lieu de vie : Marbrume
Carrière envisagée & tableau de départ avec les 4 PCs : Carrière du Prêtre +1 END +1 HAB +2 INT
Compétences:
- Doctrine du culte - Niveau 1 - Alphabétisation - Niveau 1 - Art [Peinture, enluminure] - Niveau 1 - Coriace - Niveau 1 - Linguistique - Niveau 1
Objets :
- Un fouet à lanières dérobé dans sa prime jeunesse. - Un médaillon à l’effigie des Trois, grossièrement taillé dans un bois de piètre qualité.
◈ Apparence ◈ « Votre Éminence,
Si vous y consentez, je souhaiterais vous envoyer, d’ici quelques jours, l’un de mes jeunes disciples afin qu’il s’ouvre davantage au monde qui l’entoure.
Au milieu de la plèbe, vous ne sauriez le reconnaître, car l’enfant est banal. De taille moyenne, brun aux yeux clairs, sa peau tend à hâler lorsqu’il prend la peine de s’exposer au soleil – ce qui me laisse penser qu’il est de basse extraction, mais j’y reviendrai. En somme, il a tout de l’homme du peuple, si ce n’est que sa carrure n’est guère adaptée aux travaux de force.
N’allez pas croire qu’il n’est pas habile de ses mains pour autant. Bien qu’il préfère spontanément la main du cœur à celle du labeur, en dépit de remontrances assidues, Amaury – car tel est son nom – maîtrise l’enluminure comme il m’a rarement été donné de le constater.
À la fois don et fardeau des dieux, cet exercice remarquable de l’art est néanmoins à l’origine directe du transfert que je vous propose, car le garçon en vient à préférer les livres aux Hommes. [...] » ◈ Personnalité ◈ « […] Vous le découvrirez très tôt : Amaury est extrêmement timide. J’ignore encore si cette timidité nourrit son défaut d’élocution – le garçon bégaye légèrement –, ou s’il s’agit du contraire.
À de multiples reprises, il m’a cependant été donné de constater combien, s’agissant des Trois, il pouvait être habité d’une assurance inébranlable. Évoquez les dieux avec lui et il esquissera les pourtours de ce que devrait être la véritable passion, sans plus qu’un bégaiement ne l’entrave – néanmoins, faites-le-lui remarquer, et son trouble reviendra aussitôt.
Cet amour aveugle envers les Trois l’a toujours empêché de choisir l’un plus que les autres. Il les admire et vante leur mérite indifféremment, leur voue âme... et corps. De grâce, ne vous offusquez pas du sang souillant le dos de ses tuniques ou des marbrures zébrant son échine. N’y voyez pas davantage trace d’une perversion quelconque. Pour l’avoir élevé depuis sa plus tendre enfance, je puis vous assurer que ce jeune homme est pur, mais son entêtement à vouloir être digne des dieux, en toutes circonstances, le pousse à faire pénitence par la souffrance. Un traitement qu’il ne s’inflige qu’à lui-même, dans l’intimité de sa chambre, au moyen d’un petit fouet à lanières auquel il semble attaché.
Même s'il tient un autre discours, je ne peux m’empêcher de croire que le garçon expie violemment des péchés d’une modeste ampleur. Amaury a l’esprit affûté, il connaît nos prières et nos rites et apprend rapidement ceux qu’il ignore. Partant, il n’a que trop conscience de l’imperfection de son rôle : loin de la populace qu’il ne peut aider, encore célibataire – quoique fraîchement formé –, il semble peiner à lutter contre sa nature profonde.
Je ne vous cache pas, Éminence, qu’en vous proposant ce garçon, en lui ouvrant de nouvelles perspectives, en le forçant à se confronter au peuple – vis-à-vis duquel, je le sais, il fera montre d’une patience et d’une bonté infinies – dans une cité qui s’y prêtera bien mieux que les modestes villages jusque-là parcourus, j’espère de tout cœur le convaincre de ne plus endurcir son corps avec autant de férocité. [...] » ◈ Histoire ◈ « [...] Voilà bien près de quinze ans qu’Amaury m’accompagne dans les villages où je prêche la parole des Trois. C’est d’ailleurs dans l’une de ces misérables bourgades que je l’ai récupéré. Plus exactement : c’est en l’une de ces localités qu’il m’a choisi.
Comme je l’ai laissé entendre plus tôt, les origines d’Amaury restent mystérieuses, mais les villageois n’en disaient rien de bon. Il serait le fils d’un homme que l’on ne connaît pas et d’une femme que l’on connaît peu. Du père, je ne sais rien. De la mère, il semblerait qu’elle eut été mariée à un autre, mais j’ignore encore ce qu’elle est devenue après l’accouchement.
Pris en charge par une famille de paysans, peu après sa naissance, Amaury a manifestement éprouvé la misère et la violence, coutumières de ces petites gens. Il ne devait pas avoir plus de quatre ou cinq printemps lorsque nous nous sommes rencontrés pour la première fois, et n’était alors qu’un garçon de ferme, prêtant son modeste concours au gré des ordres dispensés.
À l’inverse de bon nombre d’enfants de son âge, il n’était pas turbulent. Peu prompt à se dépenser en des courses folles ou à s’époumoner à la première occasion, il semblait au contraire très calme et taiseux. Comme bon nombre, en revanche, il souffrait des coups de ses tuteurs et parents de substitution, de reproches, et d’un rappel quotidien à ses origines supposément pécheresses. Paradoxalement, lorsque l’on questionnait les villageois, certains prétendaient l’enfant miraculé : ils prétextaient que seule la volonté des dieux pouvait expliquer la survie du garçon après avoir été trouvé si jeune, alors qu’il accusait depuis lors manque de soins, abandon et rejet.
C’est ainsi que je rencontrai un enfant miraculé, né d’une union honnie.
Ce n’est pas à vous, Éminence, que j’apprendrai la fascination que les prêches éveillent chez les enfançons. Ils sont friands de contes et écoutent de bonne grâce ceux qui dispensent les enseignements des Trois. En cela, Amaury n’était pas différent des autres. Pour fascinés qu’ils soient, nos jeunes n’en restent pas moins un auditoire difficile en ce que la plus petite distraction détourne leur attention. Ce peut être la traversée d’une charrette, une dispute, un bel oiseau. Mes années passées à répandre la parole de la Sainte Trinité m’ont conduit à me limiter à deux histoires, au plus, et à m’attendrir des cris de joie des enfantelets satisfaits et repus, à terme.
Le jour de mon arrivée, après deux sermons popularisés, ils repartirent tous. Tous, sauf un, dont les grands yeux clairs semblaient en attendre un autre. Je le questionnai sur son nom, sur sa famille, sur sa présence ici. Il ne répondit à rien. Je l’interrogeai alors sur les deux fables, et sa langue se délia.
Amaury fit montre d’une insatiable curiosité ce jour-ci et les suivants. Il ne s’offusqua jamais d’entendre plusieurs fois la même histoire, saisit au contraire l’opportunité d’approfondir ses connaissances et développer des ébauches de raisonnement certes naïf, mais néanmoins prometteur, au regard de sa jeunesse. S’il n’y avait eu cet incident, le dernier jour de mon séjour, il aurait fait partie des quelques enfants dont je chéris le souvenir – ceux qui marquent votre esprit et votre cœur au gré d’un passage pourtant éphémère.
Je m’apprêtais à faire route de nuit – en une période bénie où nous le pouvions encore – lorsque la silhouette du garçon m’apparut. Assis à même le sol, il patientait à la sortie du village. En m’approchant, ma torche éclaira bientôt son visage roué de coups et un petit fouet à lanières entre ses mains. Les soins que je lui dispensai ensuite révélèrent un mauvais traitement quotidien, de vieilles blessures, d’autres plus fraîches, mais une violence que je devinais croissante.
Ce soir-là, Éminence, il me semble avoir entendu Anür me prier de prendre l’enfant avec moi, à défaut de quoi, plus rien ne le sauverait. Amaury ne revint sur les circonstances de cette veillée que bien des années plus tard. Il m’avoua alors s’être senti « éveillé » aux dieux à mon contact, cependant que toute son enfance, il n’avait ouï dire que de miracles et de malédictions à son sujet, sans rien en comprendre. Il semblerait que mes prêches lui aient fourni des connaissances qui, ce jour-là, l’ont conduit à dérober un fouet à son père de substitution. À l’époque, il s’était convaincu, après quelques jours d’observation, des bienfaits d’une arme censée « redresser les torts », car il n’avait que trop constaté combien les bêtes les plus terribles et revêches devenaient dociles et peureuses sous la menace. Dans son esprit de jeune garçon, il s’était alors mis en tête de chasser la malédiction qui l’imprégnait à coup de fouet.
Ce soir-là, j’ai vu les marques dans son dos.
Cependant, jamais je n’aurais pu imaginer qu’il se les était administrées lui-même. Je pensais, au contraire, qu’il s’était enfui à cause d’elles, en emportant avec lui l’objet de ses malheurs. J’étais à des lieues de supposer que le vol de cet objet mineur était la source des brimades, que l’enfant l’avait caché comme sa plus précieuse possession.
Si je l’avais compris plus tôt, Amaury n’aurait pas eu le temps de se persuader ainsi des bienfaits de la flagellation, afin de se purifier d’abord, afin de renforcer son corps, en hommage à Rikni, ensuite. Je l’ai surpris pour la première fois, alors qu’il était déjà adolescent – presque prêtre. C’est à l’occasion de cet incident qu’il s’est senti obligé de se livrer et de revenir sur cet épisode de son enfance. Hélas, mes arguments ne l’ont pas convaincu de cesser de se torturer de la sorte.
Quoi qu’il en soit, le garçon m’a suivi à compter de cette nuit. Jamais il ne s’est plaint des longues marches ou du manque de confort. Au contraire, il semblait nourrir son esprit des découvertes qui émaillaient son parcours, parmi lesquelles le dessin, la lecture, l’écriture et – la plus belle d’entre toutes, sans doute – la peinture.
Afin de conserver une trace de mes passages, j’avais pour habitude de consigner mes séjours dans un petit carnet et agrémentait les pages de quelques esquisses. Cette pratique a rapidement fasciné Amaury et m’a amené à lui laisser la plume, un jour. Il s’est révélé très doué pour retranscrire la réalité avec un sens du détail incroyable pour son âge, si bien que je n’ai pas immédiatement constaté qu’il préférait l’usage de la senestre à la dextre.
Enhardi par sa curiosité et sa soif de connaissance, je me suis mis en tête de lui apprendre la lecture et l’écriture. C’est à cette occasion que sa propension à privilégier la mauvaise main m’a paru évidente. C’est également à ce moment que son défaut d’élocution s’est manifesté. Jamais lorsque nous évoquions les dieux et la religion, toujours lorsque nous abordions tout et rien, à l’occasion de son appréhension des mots.
Brillant, mais dépourvu de famille, l’enfant me semblait voué à un avenir de désolation. J’y vis une forme d’injustice et me décidai à le former en tant que prêtre, avec l’aval de votre prédécesseur, Éminence. Cependant que je lui enseignais la théorie au cours de nos voyages, il s’éclipsait entre deux leçons, à chacune de nos haltes dans les Temples, pour se faufiler jusque dans les parties réservées au Clergé et y accroître son savoir. C’est ainsi qu’il découvrit, un beau jour, l’art des enlumineurs. Bien des fois, ceux-ci se sont offusqués de ces intrusions, mais Amaury ne les troubla jamais. Il ne posait aucune question, observait simplement. Il lui fallut attendre des années avant qu’enfin, on lui cède feuille et pinceau. Bien sûr, le travail ne fut pas parfait, tant s’en faut, mais il fut à ce point prometteur que le garçon gagna sa place parmi ces hommes reclus. Il poursuivit son apprentissage au gré de nos voyages, tantôt sur les routes, tantôt au sein de quelques maisons nobles où j’officiais modestement en tant que précepteur, mais la peinture devint, pour lui, une réelle obsession. Lorsqu’il peint, Amaury n’est plus vraiment avec nous autres. Il accède à un monde qui n’appartient qu’à lui et aux dieux, au sein duquel les besoins les plus primaires n’existent pas. Si vous ne lui ôtez pas le pinceau des mains, il cesse de manger, de dormir, poursuit sans ressentir un épuisement que son corps ne manifeste que trop tard.
En vérité, Éminence, je ne suis pas certain d’avoir formé Amaury toutes ces années. Même s’il a toujours écouté mes enseignements avec intérêt et politesse, il a perfectionné ses connaissances de lui-même, d’abord à travers ses lectures, en repoussant sans cesse les limites qui s’esquissaient, puis à travers les discussions qu’il entretenait avec les religieux que nous rencontrions. À plusieurs reprises, certains de mes confrères et moi-même nous sommes trouvés bien en peine de répondre à ses interrogations. Je ne me leurre point, Éminence : je me fais vieux et mon esprit n’est plus aussi affûté. Peut-être est-ce la raison de mon ignorance ponctuelle, et, en ce cas, un motif de plus à vous confier ce jeune homme, à présent.
À l’aune de ces dernières lignes, vous comprendrez que son ordonnancement a relevé de l’évidence. Néanmoins, s’il maîtrise à merveille la théorie, la pratique demeure complexe. Sa timidité, son bégaiement et cet amour viscéral pour la lecture et l’enluminure le poussent très probablement à éviter le contact du peuple qui l’a tant décrié, enfant. Je ne peux décemment blâmer ces défauts qui l’ont jusque-là préservé de la Fange : isolé dans les plus sombres recoins des Temples, Amaury a été épargné par les récentes invasions qui ont meurtri notre belle cité. Il n’est évidemment pas sans connaître l’existence du Fléau, prête son concours lorsqu’il s’avère nécessaire, mais reste décidément bien trop loin des miséreux, en mon sens, pour être un bon prêtre.
Aujourd’hui, la Menace rend les voyages en dehors des remparts et palissades bien trop compliqués pour un vieillard tel que moi. Ma santé décline et mes jambes ne me supportent plus aussi bien. Je me suis arrêté un jour à Sombrebois et sais, désormais, que je n’en repartirai plus. Il ne m’appartient plus de perfectionner l’apprentissage d’Amaury et je ne suis plus suffisamment alerte pour bousculer certaines de ses certitudes.
Pour avoir échangé avec lui des heures durant, je puis vous assurer que cet enfant possède l’âme d’un homme des dieux. Je ne doute pas que sous votre aile, un avenir brillant l’attend, aussi vous prié-je de bien vouloir prendre soin de cette jeunesse, qui représente nos lendemains.
Daignez, Votre Éminence, agréer l’expression de mon très profond respect,
Père Harold » ◈ Derrière l'écran ◈ DC : Morgred Pêcheur, Le Goupil
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