Les Innocentes et la main de fer ACT1 [Ariane Rise]

Les innocentes et la main de fer.

Cela faisait plusieurs jours déjà que Leudast affichait une mine morne et renfermée. Il restait de longues journées silencieux et se montrait "froidement" avenant avec la clientèle. Quelques choses n'allaient pas et la petite sœur eut tôt de s'en rendre compte. Elle qui savait pourtant si bien rendre le sourire à son frère, là, son "Leudy" restait impassible et maussade. Tempérance n'insista pas mais resta attentive et finit par comprendre que la prothèse métallique qu'elle lui avait confectionnée, il à de cela quelques années déjà, commençait à lui faire défaut. En quoi, ça elle l'ignorait encore. Mais la mine affligée et grimaçante que faisait son frère en crispant le couinement métallique de sa main, ne laissa aucun doute à la petite forgeronne.

Un soir qu'ils étaient tous deux à l'étage, (le vieux s'était enfin endormi après une douloureuse crise de toux glaireuse et écœurante) Leudast et Tempérance soupaient une fois encore de cet infâme gruau de céréales au clairet bouillon de légumes. De toutes manières l'un comme l'autre étaient de piètres marmitons, personne sous ce toit ne pouvait se targuer de faire mieux que ce repas peu ragoûtant. Tempérance ingurgita sa bouchée et cessa de jouer sa cuillère; interrompant par la même le duo symphonique de sucions disgracieuses qu'elle entonnait alors avec son frère, penchés au dessus de leurs écuelles de bois.
La lumière d'une bougie pour seul éclairage au centre de la table, elle regardait la main gantée de cuir et d'acier de son frère qui allait et venait machinalement en couinant régulièrement. La sœurette se rendit compte que depuis le temps, elle ne faisait même plus attention à ces petits bruits secs et stridents qu'émettaient des articulations des trois doigts métalliques de Leudast. Ces grincements métalliques faisaient même partie de son quotidien, de ses habitudes, de la banalité des bruits qu'elle entendait depuis si longtemps dans l'intimité de leur vie commune. Mais pour Leudast c'était une toute autre affaire. Il supportait à grands peines cette main rustre et grossière. Certes, si sa petite sœur ne s'étaient pas donnée la peine de le confectionner ce "gant d'acier mobile", il n'aurait probablement pas put faire le quart des choses qu'il pouvait exécuter actuellement. Cette rusticité et ces imperfections étaient un moindre mal au final. Car sans, c'eut été pire. Leudast en était conscient et ne manquait jamais de prouver sa reconnaissance à sa "petite tempête". Mais avec le temps la prothèse dévoilait ses limites et ses inhabilités. Tant par cause d'usure que par imperfection.

C'était bien cela qui le rongeait. Cette main et ses défauts l'exacerbait de plus en plus. cela lui minait le moral et lui rappelait qu'il était "handicapé" ...

Tempérance inspira et déglutit en se mordillant les lèvres. Elle n'aimait pas trop aborder le sujet de "la main" avec son frère. Elle savait que la chose était sensible. Elle serra le manche de sa cuillère et se lança.

" Mon pauv' Leudy ... j'men vais t'faire arranger tout ça. T'va pas rester d'même avec c'te vieille pogne rouillée! ça m'fend l'cœur de t'voir aussi triste! et pi' dis toi qu'elle aura fait son temps c'te main là .. j'suis sûre qu'y a moyen d'la r'faire en bin plus pratique ... "

Leudast stoppa son solo et leva les yeux sur sa sœur. Perplexe un instant il se rembrunit et replongea son regard dans sa gamelle, il n'avait visiblement pas envie de tergiverser sur le sujet.

Tempérance n'avait pas lancé cette phrase sans raison ... Cela faisait un moment déjà qu'elle se creusait la tête pour tenter d'améliorer le système d'articulation sommaire qu'elle avait construit pour lui. Mais de si petites pièces et des systèmes aussi précis et fins que l'interstice des doigts, ne permettaient pas la présence d'épaisses articulations métalliques. Il lui fallait la compétence d'un serrurier ou d'un orfèvre. Compétence de finesse dont elle ne disposait pas. Bien qu'elle fût parfaitement habile sur les plus grosses pièces, s'attaquer a si précis demandait une maîtrise en ingénerie qui lui était étrangère.

Il lui vint alors l'idée de faire appel aux savoirs-faire d'un aubalestier émérite qui possédait un atelier à quelques encablures dans bourg-levant. L'artisan était réputé pour la qualité de son ingénierie et la précision de ses arbalètes. Peut être pourrait-il apporter ses lumières sur le projet d'améliorer cette prothèse grossière et bruyante.

"J'vais aller prendre conseils auprès du facturier d'aubalestres ... y saura bin m'dire c'qu'on peut y faire! Tu viendra avec moi pour montrer c'que j't'ai bricolé?
Leudast avala une nouvelle cuillière de gruau et répondit simplement.

"Nan ..."

Tempérance n'en attendait pas moins de lui à vrai dire. Elle sourit et reprit son repas. Le sujet ne fut plus abordé de la soirée ce n'est que le lendemain qu'elle se rendit, en fin de matinée, à l'atelier du dit ingénieur militaire. Elle s'était même donné la peine d'enfiler une chemise de lin et une veste courte de cuir en plus de ses braies et de ses bottes brunes. Leudast n'avait pas daigné quitter la boutique, prétextant des comptes urgents à clarifier ... qu'importe, la petite forgeronne quand à elle, était bien décidé à poser ses questions et à obtenir des réponses. Du moins l'espérait elle.

Elle poussa la porte d'entrée et se présenta un peu hésitante à l'intérieur. Elle se tordait déjà les doigts et parcourait la pièce d'un regard vif, cherchant n'importe qui qui puisse l'accueillir dans cette échoppe qu'elle ne connaissait pas le moins du monde.
Elle vit alors une jeune femme rousse affairée a faire un peu de ménage derrière le comptoir.

"Bien l'bonjour! j'aimerai poser une ou deux question à messire l'aubalestrier ... il est t'y là?"

Quelle bonne journée, le ville se portait bien mieux depuis que les fangeux avait été repoussés, à cette sombre pensée Ariane frémissait, elle avait vu tant d'horreurs ce jour là, tout était allé si vite, elle était seule dans la boutique aujourd'hui, le mentor était un peu souffrant il se reposait chez lui avec sa femme et quelques médicaments d'un guérisseur. Ariane était assise devant une arbalète qu'elle sculptait avec tendresse et précision, elle avançait bien sur ce projet, ce n'était qu'une arme décorative et dissuasive alors elle devait s'appliquer, l'arme n'avait pas vocation à tirer, ce qui permettait à la jeune demoiselle de faire des essaies techniques comme la largeur de la corde, un système de recharge de corde à l'aide d'une encoche en bois spéciale.

Le soleil commençait à être haut dans le ciel lorsqu'elle posa l'arme, il n'y avait plus qu'à peindre se disait l'ingénieure, mais ce n'était pas de son ressort, elle amènerait l'objet chez l'artisan peintre après le repas du midi. Lentement elle se leva, laissant sa jolie robe en soie blanche virevolter entre le bois marron. Elle avait bien serré son corset et portait un petit châle, depuis l'incident du marché avec Héloïse elle avait peur qu'un mauvais geste ne dénude de jolie poitrine de jeune adulte. Elle fredonnait un chant pour enfant que ses parents lui avaient appris il y de cela bien nombreuses années, mais elle s'en souvenait toujours et laissait sa voix aiguë et enfantine s'élever dans les airs.

On passa alors la porte, une fine clochette résonna et attira l'attention d'Ariane qui était partie au fond du magasin pour faire quelques croquis, une voix de femme résonna, ce genre de voix puissante et un peu grave au langage un peu grossier, Ariane en prenait l'habitude malgré son éducation bourgeoise. Elle revint alors en sautilla laissant ses longs cheveux roux bien entretenus voler dans les airs et son buste en avant mettait en avant son corps de femme très bien proportionné sans aucune vulgarité. Devant la nouvelle entrée elle fit une petite révérence que font les petites filles de dix ans avant de se redresser avec un grand sourire.

-Bonjour mademoiselle ! Je m'excuse mais le mentor n'est pas présent pour l'instant ! Il est malade et doit se remettre, le pauvre, le vent l'a capturé et s'est engouffré en lui, depuis il le recrache de temps à autres en toussant !

Elle détailla dans un court silence son interlocutrice, elle avait des cheveux d'un blonc incroyable, un jaune très pâle lui rappelant le miel de certaines fleurs en particulier, son regard se balada sur son regard et elle en fut presque intimidé tant il dégageait une grande force de caractère, elle rougit quelques instants saisissant sa robe par le petites frises de dentelles et faisait tourner timidement le tissu devant elle avec un petit sourire courtois. Avant de reprendre la parole elle remarqua d'un œil habitué l'état de ses mains, elle même était une artisane ? Une femme de métier ? Mais lequel, à en juger par ces mains c'était un travail fort fatiguant et physique, donc elle n'était pas couturière, cordonnière ou même orfèvre.

-Mais... cependant... je peux toujours vous renseigner ? De quoi était-il question ? Arbalètes ? Un problème de bois ? De gâchette ? À moins que vous n'ayez besoin de carreaux spécifiques ? Ou rien de tout cela ?

Elle recula quelques instant avant d'aller quérir du papier et de quoi écrire ou dessiner avant de revenir en sautillant toujours et fredonnant cette même comptine pour enfant. Elle posa le matériel sur le bar servant de réception et s'étira de tout son long en redressant le buste et poussant une longue plainte de plaisir à sentir tous ses muscles s'étirer longuement, elle bailla ensuite et rit quelques courtes secondes.

-Vous n'êtes pas ingénieure je me trompe ? Quel métier manuel exercez-vous ? Ce ne sont pas des mains de femme feignante que vous avez !

Tempérance accueillit d'un sourire la joviale et fraîche révérence que la jeune rousse lui offrit en réponse à son salut. la forgeronne était agréablement surprise de se voir accueillir par une si pimpante donzelle. il se dégageait d'elle une candeur ravissante qui éveilla spontanément un à priori sympathique.

Bonjour mademoiselle ! Je m'excuse mais le mentor n'est pas présent pour l'instant ! Il est malade et doit se remettre, le pauvre, le vent l'a capturé et s'est engouffré en lui, depuis il le recrache de temps à autres en toussant !

Apprendre que le maître des lieux était souffrant et alité fit retomber le sourire de la blonde. Elle compatissait, étant elle même dans une situation semblable avec son pauvre père, malade pour sa part depuis déjà trop longtemps. Même si Leudast était fort prévenant avec le vieux Gersand, Tempérance était toujours inquiète pour son père. Dés qu'on évoquait la vieillesse et la maladie, elle avait immanquablement une pensée triste et inquiète pour lui.

"Ah?! ...béh'dame c'est bin triste ça ... vous'y direz mes bons vœux d'rétablissement en'c'cas! "

Elle soupira et tenta de chasser de son esprit cette pensée lourde de sentiments. Elle n'était de toute manière pas là pour son père et sa maladie ... Tempérance recentra ses pensées sur la main de son frère. Elle se grattouilla la tête alors qu'elle écoutait la jeune rousse pépier comme une alouette.

-Mais... cependant... je peux toujours vous renseigner ? De quoi était-il question ? Arbalètes ? Un problème de bois ? De gâchette ? À moins que vous n'ayez besoin de carreaux spécifiques ? Ou rien de tout cela ?

La pétulance et la candeur de ce petit bout de femme eut pour le moins le don de faire oublier ses idées sombres à la jeune blonde. Elle était touchée par cette fraîcheur empressée, le timbre éclatant de sa petite voix et cette apparente joie de vivre ravissaient la forgeronne qui éclata de rire à gorge déployée. Quelle singulière demoiselle ! se dit elle. Mise à l'aise par cette légèreté, tempérance se détendit un peu plus et posa les coudes saillants de ses bras épais et musculeux sur le comptoir et répondit avec cette bouche en coin mi-souriante mi-gouailleuse :

"En fait r'in tout ça mam'zelle ... ça s'rait plus pour r'faire la main d'mon frère ... "

Certes la requête pouvait sembler totalement incongrue dans un lieu comme celui-ci. "Soigner une main" cela pouvait se faire dans un dispensaire ou au pire chez un soigneur de bête ... toute proportion gardée sur l'efficacité et le rendu du résultat ... Mais demander la "réfaction d'une main" chez un facteur d'armes et de mécanisme ... c'eut put être prit pour de la démence, ou une méprise ridicule ... Mais non la jeune forgeronne était sincère dans cette réponse. il fallait seulement qu'elle puisse démontrer que cette main requerrait les compétences et les connaissances d'un technicien, plutôt que d'un chirurgien ou d'un vétérinaire. Tempé regardait avec une tendresse amusée et intriguée cette fille de son âge ou presque qui s'équipait de quoi noter sur une feuille de papier vierge les détails de son projet. Alors qu'elle s'étirait en grinçant comme une enfant, la blonde lui souriait amicalement.

-Vous n'êtes pas ingénieure je me trompe ? Quel métier manuel exercez-vous ? Ce ne sont pas des mains de femme feignante que vous avez !

Tempérance regarda ses mains, un peu surprise qu'elles fussent aussi révélatrice de la nature manuelle de son métier. Elle en regarda le dos, la paume, les doigts. C'est vrai qu'elles étaient sombres, forts caleuses et griffées de vieilles cicatrices. l'artisane besogneuse qu'elle était acceptait parfaitement ces "marques du métier" mais sa féminité en patissait et bien que cela ne soit vraiment pas une priorité pour elle, il est vrai qu'elle ne trouvait pas ses mains belles à regarder ...

"Hein? ... béh! je... heu oui je suis forgeronne ... j'travaille le fer toute la journée, alors ouaip! mes pognes sont ... comme ça "

Tempérance ferma et ouvrit les poings à plusieurs reprises, un peu hésitante. Puis elle posa les yeux sur la jeune rousse et esquissa un sourire gêné et enchaîna sur le thème de la main qui était justement de circonstance:

"Et j'ai mon frère qu'à une main infirme ... alors j'y'ai fabriqué une sorte de gant articulé d'écailles de fer monté sur des rivets pivots. Pis j'ai fait un poussoir sur tige qui ferme l'axe sur la paume ... c'qui fait qu'il peut servir de sa main mais les articulations sont pas bin fines ... 'fin voila ça manque de finesse et précision c't'affaire ... Alors j'me suis dis qu'p't'être qu'arbalestrier saurait m'conseiller pour rendre tout ça plus précis et fiable quoi ... "

Tout pendant qu'elle s'était laissé emporter dans le flot de ses explications -plus ou moins claires- Tempérance dessinait machinalement de la pointe de son doigt sur le comptoir un plan imaginaire ... quand elle termina ce bref exposé, elle haussa les épaules avec innocence en émettant un petit rire un peu gêné. Elle savait bien que parler de cette main, de ces spécificités techniques, de ses défauts ou autres, sans les avoir sous les yeux, c'était particulièrement difficile à comprendre ... Elle espérait bien d'ailleurs convaincre Leudast de l'accompagner la prochaine fois. Ca permettrait de joindre le descriptif, à la dite prothèse ... Mais pour qu'il y ait une prochaine fois, faillait il encore que le propriétaire de ce commerce puisse se rendre disponible au delà de sa maladie ou même qu'il y puisse quelques choses en terme de compétences. A moins que ce ne soit la jeune rousse pimpante qui puisse s'y coller ...

La jeune rouquine accueillit la blondinette avec un sourire sincère, en tous cas ses mots lui allaient droit au cœur, elle la regardait avec un sourire aimable lorsqu'elle souhaita une bonne convalescence à son maître d'atelier, le maître serait sur pieds rapidement se disait Ariane, c'était un homme dur comme la pierre, sage comme une rivière, âgé comme un chêne centenaire. Elle lui répondit avec une voix sincère et plus paisible.

-Je lui transmettrai le message alors mademoiselle.

Puis elle reprit ses intentions commerciale, en l'absence de son maître elle devait prendre soin de la boutique, la faire tourner, vendre, prendre les commandes, les éxécuter discrètement, le veil homme étant absence depuis deux jours seulements, Ariane ne craignait pas grand chose. Dans un sourire elle écoutait la requête de la jeune femme après sa demande. La réponse la surprenait, une main ? Mais c'était une fabrique d'armes ici, de siège et mécaniques et d'attaques à distance. Ses sourcils s'étaient froncés alors qu'elle passait queques doigts sur son menton à la façon d'un sage avec une longue barbe blanche qui réfléchis.

-Hum.... il faudra expliquer tout cela, voilà qui m'intrigue, continuez.

Refaire une main, c'était pas courant tout ça pensait la rouquine, mais cette idée faisait naître dans son esprit plein d'idées, était-ce une sorte d'arme avec un bras mécanique à la façon d'un trébuchet ? Ou mieux, une main mécanique qui remplaçait totalement la main d'un être humain, tant de questions scientifiques faisaient sourire joyeusement la demoiselle. Il y avait à présent dans son regard un air de défis, de folie, d'envie, elle était royalement intriguée par ce défis qu'on lui présentait

S'aventura ensuite le sujet du métier de la jeune femme blonde, la réponse de celle-ci ne la surprenait pas, des mains pareilles, il n'y avait que le métier de forgeronne pour être ainsi faite. Dans un sourire la jeune femme s'étira en l'écoutant, Ariane de son milieux bourgeois était habitué au langage soutenu, mais cette femme la faisait rire, ces mimiques vocales étaient charmantes (si seulement elle savait).

Ainsi le vif du sujet s'engagea, répondant à toutes les questions silencieuses d'Ariane, mais on lisait dans son regard toutes les questions qu'elle se posait à propos de « refaire la main » à son frère. Elle n'arrivait pas à rester immobile, elle s'imaginer déjà toutes sortes de projets en souriant, elle avait hâte de construire ce projet avec elle. Non seulement c'était un nouveau défis, mais en plus elle réussirait à apprendre de nouvelles choses. Mais ainsi cet homme avait perdu sa main, mais la forgeronne avait préparé un artéfact de substitution. Elle avait déjà quelques idées pour soulager l'homme.

-En fait c'est un projet assez similaire à une arbalète, avec une sorte de sytème de détente posé sur un gant, ton frère pourrait le revétir et avec un lien raccordé au coude pouvoir serrer et desserrer les objets à souhait pour travailler.

Pour illustrer ses propos elle dessiner sur la feuille quelques croquis très gros et brefs pour donner une idée de ce qu'elle pourrait faire.

-Ce la pourrait un peu fonctionner comme un trébucher, mais j'aurai besoin de travailler sur lui, pour que ce soit sur mesure, sans quoi cette main serait totalement inutile, ça serait dommage de gâcher une telle opportunité ! Ho oui j'ai hâte bon dieu, mademoiselle dont je connais pas le nom ! Donc du coup, j'aurai sûrement besoin de ton aide pour pouvoir faire des armatures en métal ! Pour soutenir et encadrer les mécanismes en bois !

Elle sautillait joyeusement heureuse d'être utile à la bonne cause, puis peut-être qu'avec cela elle se ferait un petit nom utile ?

Tempérance se sentait bien en présence de cette jeune femme rousse. Elle appréciait paisiblement cette innocence et cette joie de vivre qui émanaient de la rouquine alors qu'elle griffonnait ardemment le système élaboré qu'elle visualisait.
La forgeronne planta ses yeux noisettes sur le croquis et put se rendre compte que la gamine avait un excellent coup de crayon. Bien que l’exécution en soi vive et vraisemblablement loin de sa précision maximale, c'était déjà là une première preuve de sa capacité à utiliser ses petites mains de manières précises et détaillées. L'artisane du fer et du feu qu'elle était, octroyait à la jeune blonde un certain niveau de précision indéniable quand il s'agissait de manier un marteau ou une pince. Mais là cette jeunette-ci possédait une justesse d'estimation et de tracé bien supérieure au gribouillis de Tempérance.

Tempé en était vraiment ravie, l'ébauche et la description qu'Ariane fit si spontanément lui plut énormément. Cela lui semblait tout à fait réalisable et même plutôt évident. la logique du système paraissait irréfutable. Tempé en fut guillerette. Elle eut la conviction qu'elle avait bien fait de venir demander conseil ici.

Tandis que l'apprentie ingénieure finissait sa phrase, la forgeronne hocha affirmativement la tête en faisant une petite moue admirative face au dessin qui était sous ses yeux. Puis elle adressa son regard à la rouquine et lui sourit

"M'est avis qu'on va faire du bel'ouvrage dans c't'affaire. Mais j'cache pas qu'c'est d'faire v'nir mon frangin qui va êt' ardu"

Tempérance dodelina sa tête blonde en faisant une grimace aussi comique que désolée.

"fin'bon! Quand j'vais lui montrer c'te croquis là, je sais qu'il acceptera ... enfin j'espère"

Grinça-t-elle en haussant les épaules innocemment. Une seconde suspendit le silence... Tempérance ne savait pas vraiment quoi ajouter d'autre. et il était vrai que sans la présence du porteur de la dite main méchanique ... Toutes projections ou planifications s'averaient évasives et présomptueuses. Elle n'avait alors qu'une envie, prendre le morceau de parchemin et courir le montrer à son frère pour tenter de le convaincre. Déglutissant avec un petit sourire géné, la blonde ajouta alors.

"bah ... j'vais aller lui montrer tout ça .. 'fin si c'est possible d'emporter c'te dessin là ... a moins qu'ça soit mieux qu'tu viennes le voir directement à la forge ... là-bas au moins il pourra pas se défiler haha !"

Tempérance tendit la main de façon volontaire et amicale en affichant la franchise de son sourire imparfait.

"En tout cas moi j'trouve qu'c'est un projet prometteur ... ça m'plait! j'suis partante! topons là!"

[HRP= Apres que tu ais répondu (et si tu en éprouves l'envie^^) je te propose de terminer ici l'Act 1. Que tu décides de venir à la forge ou que ça soit Leudast (PNJ) et moi qui revenions dans ta boutique, nous pourrions ouvrir alors un nouveau rp pour entrer dans le vif du sujet. Qu'en dis tu?]

Le langage un peu bourru de la blondinette faisait toujours autant sourire Ariane, elle ne pouvait s'empêcher de sourire à chaque fois qu'elle parlait, elle semblait avoir l'art de manger les mots plus vite qu'un maigrichon dévore un quignon de pain, cette capacité rendait l'ingénieure très curieuse, comment pouvait-elle faire, comment l'avait-elle apprit ? Tant de questions subites, elle devait, elle aussi, un jour pouvoir dire autant de mots que Témpérance en aussi peu de temps ! Pourquoi ne pas créer un concours de la personne qui parle le plus vite ? Ariane s'était perdue dans ses pensées à cette idée, mais c'est la voix forte de la forgeronne qui la ramenait à la raison.

-On va faire des miracles je le sens bien ! Puis ce premier projet pourrait être le début d'une longue série de mains mécaniques ou membres mécaniques pour les gens à qui il en manque. Cela pourrait devenir une affaire florissante qui donnerait le sourire à tant de personnes sur terre !

Son sourire s'était de plus en plus élargie à cette pensée. Cela sonnait bien oui, sans penser à l'argent, Ariane pensait surtout aux sourires des habitants de Marbrume à l'idée de retrouver l'usage de leurs membres. Elle se perdit aussi dans le balancement régulier de sa tête comme un chat devant un fil qu'on fait balancer devant ses yeux, les yeux grands écartés elle suivait lentement le mouvement comme hypnotisée. Elle cligna finalement des yeux avant de prendre le croquis.

-Il ne pourra pas refuser d'être témoins d'une si grande avancée !

Oui, plus qu'une simple aide, la réussite d'un tel projet signifiait une avancée technologique forte comme l'équivalent de lé récolte rotative en agriculture, ou les grues mécaniques pour les charpentes, ici pour la médecine et surtout l’ingénierie, la création de membres mécaniques, même s'ils ne pouvaient remplacer le membre d'origine permettrait à bon nombre de gens de vivre et travailler dans de meilleures conditions.

Face aux mots accompagnés du geste de la jeune femme, Ariane se sentit revivre, il y avait dans ce geste une ressemblance avec les gestes qu'ont les amis entre eux, Ariane n'ayant plus d'amis depuis son adolescence ce geste la combla d'une joie intense. Avec panache elle accompagna le geste de Tempérance.

-Topons là !

Toute joyeuse elle prit le croquis avant de rassembler très rapidement mais sans organisation logique son matériel, elle voulait travailler sur ce projet, tout de suite, maintenant, oui là immédiatement. Elle mit son gros sac sur ses épaules avec un sourire radieux, buste en avant comme toujours.

-Je te suis ! Allons donc redonner une main à ton frère !

Elle sortie avec Tempérance en prenant grand soin de fermer la boutique après avoir planqué l'argent dans la planque habituelle à l'abri de tous les regards fouineurs.

[HRP: Je te laisse engager le nouveau sujet du coup /HRP]