La réflexion sur son funeste projet s'intensifia à l’instar des pas effrénés que la Corneille faisait dans les rues de Marbrume. Ou pourra-t-il bien marquer les esprits ? Quel symbole à ébranler avec ses idoles à l'effigie d’un Dieu que l’on préfère oublier ? Tout comme Marbrume à préféré l’oublier, lui, Rohélias Markonnen ?
Voilà des heures qu’il marchait et aucun lieu, aucune place, aucun monument teinté de l'histoire mensongère de cette ville ne semblait répondre à la requête du prêtre Markonnen. La nuit était tombée depuis bien longtemps, les rues s’étaient désertifiées de concert avec la lumière du soleil. Il n’était plus qu’une ombre à peine perceptible dans le noir et lui-même ne s’en remettait qu’à sa foi ardente envers son nouveau guide mi-homme mi-corbeau pour se déplacer dans ces ténèbres.
Sous sa cape, soigneusement dissimulé, il pressa contre lui l’idole qu’il avait confectionnée en l’honneur d’Etiol et une grande fiole de sang qu’il avait prélevé d’une patiente sur son lit de mort avant d’être amené à…
“Mais oui !” pensa-t-il.
Un frisson lui parcourut l’échine et la voix se fit entendre dans sa tête :
“Nous y sommes !” confirma-t-ils.
La place des chevaliers s'étendait devant lui et même dans cette épaisse obscurité, il pouvait voir le brasier de cadavres des morts en pleures abandonné à l’au-delà. Les quelques braises des récentes crémations de la journée ne parvenaient pas à percer le manteau de nuit. Les yeux de Rohélias habitué à l’obscurité discernaient tout juste les silhouettes des éléments du décors. Ce qui était plus que suffisant pour réaliser sa tâche.
“Il n’ y a personne.”
Un frisson.
“Vérifions encore une fois.”
Il fixa son attention sur ses sens afin de les exacerber. Il tenta de sentir une présence vivante dans les parages, des pas, une respiration bruyante, la flamme d’une torche qui danse dans la nuit provenant d'un quartier voisin,... Rien. Il était seul dans les ténèbres.
Dissimulé à l’angle de la rue, il prit un court instant pour songer à ces deux héros d’antan qui dominaient la Place des Chevaliers.. Il fit appel à sa mémoire plus qu'à sa vision en pareille circonstance. Maric Pardieu et Enguerrand de Hautevoie. Deux chevaliers. Deux héros. Deux sacrifices pour le bien de la cité.
“Que penserez ces héros de leurs sacrifices à présent ?” pensa-t-il, songeur.
“Nous allons te le dire, ma chère Corneille : ils pleurent. Ils souffrent. Des larmes de sang. Etiol s’amusent de leurs souffrances. Montrons leurs souffrances aux cloportes de Marbrume !”
Lentement, plus en lévitant sur le sol qu’en marchant, la Corneille s’approcha des statuts de Maric Pardieu et Enguerrand de Hautevoie et juste devant le panneau sur lequel figurait indications et contre indications officielles de Marbrume.
Conscient de la gravité de son acte, Rohélias s'exécuta avec la méticulosité et la rapidité dont il était capable. Il se hissa pas à pas, faisant confiance à son toucher sur le marbre froid des deux chevaliers et se hissa encore au plus haut. Parvenu au plus haut, Rohélias se mit à califourchon sur le bras droit d’un des chevaliers qui brandissait sa lame vers le soleil en symbole d’espoir et de conquérant. Il plongea une main déterminée dans sa besace et en sortit sa précieuse œuvre macabre. Il déposa l’idole sur la pointe de l’épée et une fois satisfait de sa position, étala quelques coups de pinceau de brai végétal afin de le fixer.
Entamant sa descente, il se rendit compte qu’il se trouvait au niveau du visage des deux chevaliers.
“Des larmes de sang.” Son Autre lui rappela.
Il sortit sa grande fiole de sang et en déversa généreusement sur les paupières ouvertes de Maric puis d’Enguerrand. Il prit soin de ne pas toucher le liquide qui se déversait de leurs joues jusqu’au sol, quitte à sauter le dernier mètre pour retrouver le sol de pavés.
Reprenant son souffle, il réajusta sa capuche et tourna les talons direction sa chambre dans le dortoir du Temple. Il éprouva un petit pincement au cœur devant l’impossibilité d’observer son travail de cette nuit, faute à une nuit des plus noires.
Larmes de sang:
Ce n’est qu’en traversant le bourg levant que Rohélias entendit les pas du premier garde en patrouille armé d’une torche et d’une outre, rempli d’alcool certainement. Rohélias préféra bifurquer et contourner le garde profitant de l'invisibilité que lui octroyait Rikni en cette heure.
Ce n’est qu’une fois dans sa chambre enfermé à clé comme à son habitude que Rohélias relâcha sa vigilance.
Il ne pu s’empêcher de repenser au propos de la Voix Donnée qui lui était apparu en rêve :
“Grimpe Rohélias, grimpe sur les corps de ceux qui refusent de t’écouter, cherche l’oreille attentive, chuchote pour le damné, écoute le en retour. Arrête d’être l’outil, arrête d’être l’agneau. Sers-toi d’eux, sers-toi de nous, sers-toi de la fange et de l’humain et grimpe jusqu’à être libre”
Il avait grimpé.
HRP:
Les deux statues Maric Pardieu et Enguerrand de Hautevoie ont été profanées, souillées et perverties. L'idole d'Etiol ressemble à la photo en début de post. Un simple corbeau mort en lambeau pas tout à fait décomposé sur un socle de bois. Les deux statues pleurent beaucoup de sang, sang qui coule jusqu'au sol et se déverse sur le pavé de la place. Libre à vous d'interprété la scène comme vous voulez. Bon Rp :)
Les morts pleurent
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