Marbrume


Le Deal du moment : -45%
WHIRLPOOL OWFC3C26X – Lave-vaisselle pose libre ...
Voir le deal
339 €

Partagez

 

 Le renard en sait beaucoup, mais celui qui le prend en sait davantage

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
Aller à la page : 1, 2  Suivant
Le GoupilContrebandier
Le Goupil



Le renard en sait beaucoup, mais celui qui le prend en sait davantage Empty
MessageSujet: Le renard en sait beaucoup, mais celui qui le prend en sait davantage   Le renard en sait beaucoup, mais celui qui le prend en sait davantage EmptyDim 19 Déc 2021 - 10:27

14 mai 1167

Aux frais de la guilde, Le Goupil avait passé le reste de la journée du douze et toute celle du treize mai dans une auberge infâme – ce qui, somme toute, relevait du pléonasme dans ce coin de la cité – du quartier du Labourg. Guère de folies à l’occasion de ces dernières heures écoulées, sinon quelques rasades d’un alcool aussi peu prestigieux que l’enseigne – à tout le moins plus goûteux que le jus aromatisé proposé par les Bannis –, entre deux interminables siestes.
Le quatorze apportait ainsi un vent de fraîcheur et des airs de renouveau. Une renaissance pour le renard, qui quitta son bouge avec la ferme intention de mener à bien ce service suggéré par Priscilla, faute de lui avoir donné le nom de cette mystérieuse fille perdue, en possession de son second poignard.

À une heure plutôt matinale pour un homme tel que lui – bien que la majorité des Marbrumiens soit éveillée depuis trois heures au moins et déjà en pleine activité –, le roublard se dirigea d’une allure tranquille vers le port, où devait l'attendre un voleur capable de lui communiquer la localisation de ce Monclar milicien.

Un premier pas vers une nouvelle distraction qui se trouverait pourtant momentanément remise à plus tard.

L’entrée dans les quartiers orientaux était à chaque fois un choc olfactif dont il peinait à se remettre. Secoué par les embruns marins, l’odeur de vase, de marée, de poissons – il détestait le poisson –, de pauvreté et de disette, le contrebandier luttait contre l’envie de rendre ce que son estomac contenait encore. Par avarice ou indulgence – afin de ne pas rajouter de la misère à la misère –, il parvenait néanmoins toujours à se reprendre.
Comme le prétendaient certains : il suffisait apparemment d’être dans ce nuage fétide pour ne plus le sentir.

Ce jour, l’agitation semblait à son paroxysme, cependant que le marché battait son plein. Les habitants se pressaient, les poissonniers s’époumonaient, les couteaux et hachoirs décapitaient, écaillaient, filetaient à un rythme presque cadencé, qui laissait pourtant le contrebandier de marbre. Au beau milieu de cette foule amassée, seule sa haute taille pouvait attirer l’œil sur lui, car sa mise ne contrastait guère avec les guenilles portées alentour. Sa haute taille, et ce regard qu’il lançait un peu partout, sur les étals, comme les autres, et sur les gens.

Un soupir échappa au renard.

Il devait se résoudre à l’évidence : une fois de plus, il ne trouverait pas la guilde, mais la guilde le trouverait. Dans l'attente, il entreprit donc de se perdre dans les allées du marché en lorgnant, cette fois, les produits proposés par les marchands autant que ceux prévus par leurs clients. C'est ainsi qu'en remontant les quais, le regard du Goupil accrocha un petit lot de bouteilles – de l’hydromel, à n’en pas douter –, faisant sans doute office de monnaie d’échange, au creux d’un panier déjà bien garni. Le rictus du roublard s’accentua légèrement, tandis que ses grandes jambes et sa maigreur l’aidaient à se faufiler sans peine entre les badauds, jusqu’à un choc feint.

— Mes excuses !

Les mains fermement ancrées sur les épaules de sa malheureuse victime pour lui épargner une possible chute, le marchand renouvela ses regrets avec une politesse dont il usait trop rarement. Lorsque la femme lui assura ne pas avoir de mal, la pression des longs doigts s’évapora, survola les avant-bras avec un naturel destiné à endormir les sens, crocheta le goulot d’une bouteille qui s’extirpa du panier dans un glissement imperceptible.

Immobile au milieu de la foule, le renard observa sa proie s’éloigner sans se départir de son sourire. Lorsqu’elle fut hors de vue, il déboucha son larcin et en huma le parfum prometteur. Ses lippes s'étirèrent davantage, mais se figèrent à l’instant de surprendre un plissement de paupières suspicieux, altérant la beauté d'un charmant minois tourné dans sa direction.

Pris.

Le marchand retint un gloussement, leva le contenant à l’adresse de la femme et but une gorgée. Puisqu’il n’était probablement question que d’une poignée de secondes avant qu’elle ne vienne à lui, il prit les devants et s'avança vers elle. Comment avait-elle donc pu le repérer au beau milieu de cette allée noire de monde ? Se pourrait-il que sa malchance lui joue encore des tours ?

— Si je devais acheter quelque chose de toi, ce ne serait certainement pas ton silence. Encore moins tes poissons, prétendit-il en se glissant aux côtés de la poissonnière, après un œil égaré sur son décolleté indécemment plongeant, alors prends plutôt ceci comme une offre de… partenariat ? proposa-t-il en lui tendant la bouteille.

Le geste semblait si volontaire qu’on aurait pu le croire innocent. Assurément, il l’aurait été si le renard n’avait pas songé aux prémices d'une « complicité », lorsqu’il avait pourtant évoqué un « partenariat ».
Revenir en haut Aller en bas
Mariotte
Mariotte



Le renard en sait beaucoup, mais celui qui le prend en sait davantage Empty
MessageSujet: Re: Le renard en sait beaucoup, mais celui qui le prend en sait davantage   Le renard en sait beaucoup, mais celui qui le prend en sait davantage EmptyLun 27 Déc 2021 - 17:22
Mauvaise pêche. Deux mots que je n'aime pas du tout entendre ensemble ! Une poisse pas possible, aucun des pêcheurs auxquels j'achète du poisson n'a été fichu de m'en ramener suffisamment... Alors je perds un temps fou depuis ce matin à essayer de compléter mon étal auprès des poissonniers du port, mais ils sont sacrément plus durs en affaires que les pêcheurs, pis ils le vendent plus cher... Sont pas bêtes ces zygotos. Alors j'essaie d'avancer tant bien que mal avec ma charrette, les yeux plus vifs que ceux d'un hareng pour essayer de dénicher les occasions, malgré les râleurs qui se plaignent que j'leur ai roulé sur le pied avec ma charrette ou que j'ai pris leur place dans la file. Donc, je disais, je croyais bien avoir l'oeil vif, mais tout à coup, mon regard se pose sur un type tout maigre et déguenillé : je l'ai jamais vu çui-là, et pourtant les gens du Port, j'en connais un paquet, et puis, un gars aussi grand on le loupe pas... Surtout qu'il a sur le nez des petits verres ronds, comme un d'la haute ! Aurait-y plus d'argent qu'il y semble ? Le v'là qui se met à peloter une dame à qui ça ne semble pas déplaire, il a décidément un comportement bien bizarre ! Et cette main... Cette main qui s'attarde dans le panier ! Une fiole ? De quoi, je ne sais pas, mais vu le sourire du lascar rien qu'à la sentir, ça doit pas êt' mauvais ! Et la dame qui est repartie comme si de rien n'était... Est-ce que mes yeux me jouent des tours ? Vraiment, j'aimerais pas ça, ça m'inquiète, je serais plus bonne à rien si ça m'arrivait d'y voir tout flou, comme le père Antoine qui confondait tout le temps sa vache et son mulet, au point qu'un jour il avait pris son couteau par le mauvais bout... Et il s'était coupé deux doigts. Pour le coup, il était devenu encore davantage bon à rien !

Enfin, mes yeux ont pas dû bien m'tromper puisque le soûlard m'a vu aussi et finit par s'avancer vers moi après avoir bu une gorgée. Qu'il vole ce qu'il veut, ça m'regarde pas : mais qu'il essaie un peu de venir voler mes poissons c't'animal là ! D'ailleurs il le confirme assez vite, alors j'attrape sa bouteille et j'mets les choses au clair rapidement :

- Tu les achèterais pas mes poissons, mais ptêt bien que tu s'rais prêt à les voler ? J'te préviens tout de suite, c'est une très mauvaise idée, la dame de tout à l'heure était aussi vive qu'une dorade morte depuis deux jours ! Mais moi, j'te vois venir et crois-moi j'hésiterai pas à gueuler si t'essaies de m'rouler comme t'as fait avec elle !

Je sens la bouteille : c'est vrai que ça sent bon. J'en prends une bonne rasade, et je lui rends. Délicieux nectar, j'ai pas l'occasion de goûter ça tous les jours ! Mais garder de l'alcool chez moi, c'est pas une bonne idée. J'en ai une bien meilleure qui m'serait bien plus profitable.

- Qu'on se comprenne bien toi et moi mon gars : on est pas quittes. T'as l'air de t'y connaître en commerce : ça, c'est un simple acompte. J'dirai rien de tes tours de passe-passe pas très légaux, mais tu m'en dois une.

Aucune chance que je le dénonce, parce que la milice, moins je la côtoie, mieux je me porte. Mais ça, il est pas censé le savoir. Et dans le commerce, c'est celui qui sait qui a le dessus. Et moi, ça m'plaît bien.

- Tu m'as tout l'air d'avoir la tête de quelqu'un qui sait lire. J'ai un sixième sens qui m'trompe pas souvent, j'ai beau le dire, personne ne m'croit, mais j'suis persuadée que j'ai raison. Et je sais justement qui pourrait avoir besoin de ce genre de savoir-faire... Est-ce que ça te tente, partenaire ?

J'insiste bien sur ce dernier mot, il a l'air de vouloir faire ami-ami, c'est bien la base du commerce après tout : boire de l'alcool ensemble, se devoir mutuellement des choses, se dire qu'on est solidaires... Je tends le bras pour lui tapoter l'épaule. Ça va forcément le mettre en confiance !
Revenir en haut Aller en bas
Le GoupilContrebandier
Le Goupil



Le renard en sait beaucoup, mais celui qui le prend en sait davantage Empty
MessageSujet: Re: Le renard en sait beaucoup, mais celui qui le prend en sait davantage   Le renard en sait beaucoup, mais celui qui le prend en sait davantage EmptyMar 28 Déc 2021 - 17:01

Le sourire au coin des lèvres du Goupil ne fléchit pas cependant qu’il observait la poissonnière sceller leur complicité, hasarder l’existence d’une créance qu’elle ne possédait pas, se laisser berner par les apparences – comme tous les autres, à sa décharge.

— Ta marchandise, tu pourrais me la donner que je n’en voudrais pas, ricana-t-il en levant la bouteille afin d’en apercevoir le contenu par transparence, tu n’as donc pas grand-chose à craindre de moi.

Du moins n’avait-elle eu rien à craindre de lui jusqu’à ce qu'elle prétende ne pas être en mesure de se faire avoir. En affirmant cela, elle provoquait évidemment le contrebandier, sans même en avoir conscience.
Il n’en fallut pas davantage pour que le renard mette un point d’honneur à voler un poisson à la jeune femme d'ici à ce qu'ils se séparent, juste pour le plaisir de le lui agiter sous le museau afin de lui prouver qu’elle avait tort. Mais pour l'heure, ce larcin attendrait.

— Les bésicles m’ont trahi, n’est-ce pas ? Ces trucs-là, ça rend intelligent le dernier des coqueberts, et crois-moi, je suis le mieux placé pour en parler, sourit-il en ôtant ses verres, démonstration !

Sans gêne ni hésitation, le marchand posa les lunettes sur le nez de la commerçante et plissa les paupières pour y voir plus clair. Peine perdue. Tout restait flou, mais ça ne l’empêcha aucunement de prétendre le contraire.

— Oh oui ! Une éminente intellectuelle. On troque les poissons contre des bouquins, tu te déplaces à Bourg-Levant et en un claquement de doigts, tu deviens l’incarnation même de la quintessence du savoir !

Après avoir opiné du chef à plusieurs reprises pour appuyer ses propos, comme s’il en était lui-même convaincu, le contrebandier récupéra sa paire d’yeux qu’il chaussa immédiatement.

— Le fait est, néanmoins, que ton sixième sens ô combien aiguisé a frappé : tu as raison, je me débrouille un peu, avec les mots, minimisa-t-il en souriant davantage, alors je pourrais effectivement te rendre ce petit service si j’avais une dette envers toi, mais… ma foi, ce n’est pas le cas.

Avec une trop grande familiarité, le contrebandier glissa un bras le long des épaules de la jeune femme, désignant la foule devant eux de sa main libre.

— Es-tu bien certaine d’avoir correctement interprété ce que tu penses avoir vu ? D’avoir compris ce que tu crois avoir aperçu ? Qui te dit que cette brave dame ne m’a pas proposé cette bouteille après que je lui ai susurré quelques savoureux compliments à son goût ? supputa-t-il en murmurant à l’oreille de la poissonnière, et même à supposer que je l’ai volée et que tu le prétendes devant les autorités… Ce sera ta parole contre la mienne. Ton souffle contre le mien, tous deux empreints d’un parfum semblable au contenu… de cette bouteille hypothétiquement volée.

Le Goupil se déroba enfin dans un ricanement, après avoir agité l’objet de son larcin.

— Je vois d’ici la scène : toi, appelant la Milice, qui se précipite aussitôt à ton secours – puisqu’elle assiste infailliblement les pauvres et les faibles, c’est bien connu. Alors, l’un des miliciens, un peu plus malin que les autres, s’imaginant que, peut-être, tu es ma complice. Après tout, qui peut prétendre que tu n’as pas attiré l’attention de cette malheureuse pendant que je volais supposément cette bien modeste fiole dans son panier trop garni ? Et qui peut dire que je ne suis pas celui qui l’a bernée, tandis que tu lui piquais la bouteille ? s’amusa le renard, bien sûr, sauf à tomber sur Loghart, glissa-t-il innocemment, compter sur l’intellect de nos fiers et forts protecteurs serait trop aléatoire, aussi me chargerais-je de leur souffler ce scénario à l’oreille, au besoin, lui promit-il dans un gloussement, bien sûr, je pourrais plus simplement me débarrasser de cette bouteille. Je gage qu’il suffirait d’une poignée de secondes pour qu’elle disparaisse, si elle était malencontreusement abandonnée là… Qui irait prétendre qu’il y a eu vol, si l’objet de cet odieux crime n’existe même plus ? Je rechigne un peu à recourir à cette méthode, cependant. Ce nectar est fichtrement bon, tu ne crois pas, partenaire ?

Le Goupil haussa les épaules avec désinvolture, contournant la poissonnière pour étudier son étal d’un peu plus près. Comment pouvait-on choisir volontairement de vendre ces créatures bourrées d’arêtes et malodorantes ? Par… passion ?

— Alors tu vois, ma jolie, moi, je pense au contraire que nous sommes quittes, si j'ai vraiment commis le méfait que tu t'imagines avoir surpris. Cela étant, il n’est pas dans mes habitudes de laisser les damoiselles en détresse. Je n’en ai peut-être pas l’air, mais sous mes guenilles et ma quincaillerie d'intellectuel, je suis un preux chevalier, broda-t-il en zyeutant son interlocutrice du coin de l’œil, moyennant une modeste rétribution, je pourrais peut-être te rendre ce petit service auquel tu pensais... À moins de réussir à me convaincre que je te suis réellement redevable, auquel cas, je m’acquitterai de ma dette, cela va sans dire. Que les dieux m’emportent, si je ne suis pas homme à respecter ses engagements, sourit-il sournoisement.
Revenir en haut Aller en bas
Mariotte
Mariotte



Le renard en sait beaucoup, mais celui qui le prend en sait davantage Empty
MessageSujet: Re: Le renard en sait beaucoup, mais celui qui le prend en sait davantage   Le renard en sait beaucoup, mais celui qui le prend en sait davantage EmptyMer 29 Déc 2021 - 22:17
Je me renfrogne en l'entendant dénigrer mes poissons comme ça. Il peut bien faire le fier, vu qu'il a rien sur les os, je suis sûre et certaine qu'il cracherait pas sur quelques sardines... Même si leurs yeux commencent à virer au blanc. Il se croit tellement intelligent çui-là, et le v'là qui parade avec ses lunettes ! Il me les met d'office sur le nez sans que j'ai le temps de protester : c'est bien vrai qu'on voit le monde différemment avec ! Mais on y voit tout flou ? C'est-y donc nécessaire de rien y voir pour savoir lire ? J'essaie de les ajuster sur mon nez, c'est vraiment pas confortable ! Mais c'est vrai que ça doit me donner un côté grande dame non ?

- Crois-tu qu'j'ai une tête à vendre des bouquins ? Cela dit ça m'déplairait pas de trop d'êt' dans ma prop' boutique, pis avec des bouquins on risque pas d'se couper les doigts hein ? Mais qui voudrait acheter des bouquins par les temps qui courent ? J'suis pas si bête d'essayer de vendre des truc inutiles tu sais !

J'ai beau faire semblant, j'comprends pas trop c'qu'il veut dire par quintessence. Encore un qui fait le beau avec ses grands mots, comme l'aut' boiteux là, l'archimachin. Sûr qu'il vit dans un aut' monde que le mien, j'devrais réussir à le rouler dans la farine facilement. Malgré ça, j'le trouve sympathique, parce qu'il a reconnu que mon sixième sens existait bel et bien, alors je hoche la tête d'admiration. Enfin quelqu'un qui prend ma juste mesure ! Mais il risque de se méfier de moi maintenant. Faut qu'je fasse attention à c'que j'raconte, comme ma vieille mère me le disait toujours... Il s'approche alors de moi, comme si qu'on avait gardé les porcelets ensemble : c'est bon signe, ça veut dire qu'il est prêt à faire affaire ! Mais je déchante vite, parce qu'il essaie de m'dire que mes menaces il s'en fiche comme de sa première chemise. Je mets les poings sur les hanches alors qu'il s'écarte, faut qu'je mette les choses au clair ! S'il croit pouvoir m'embobiner comme ça !

- La milice elle s'embête pas à sentir qui pue plus que l'autre : elle verra surtout qu't'as l'air d'un mendiant affamé, alors que j'ai l'air d'une honnête marchande, et ça crois-moi, ça f'ra toute la différence ! J'sais pas d'où tu sors, mais la milice elle s'embêterait pas à essayer d'aider un traîne-savate comme toi, alors qu'ils pourraient se faire payer pour m'aider... Et c'est qui ce Loghart d'ailleurs ? Je devrais le connaître ? Encore un comme toi qui sort de nulle part ? J'connais tout l'monde sur le Port moi, alors que toi, qui pourrait t'défendre hein ?

Je sais même pas s'il m'écoute, il regarde mes poissons : je l'savais, ça l'intéresse ! Ventre affamé n'a point d'oreilles comme disait Mémé, tout colle !

- Mais tu as raison : un partenariat, ce sont des engagements non ? J'crois bien que tu m'es redevable : mais pour la peine, je peux te refiler un petit quelque chose pour le service que je te demande. Oui, un échange de bons procédés comme qui dirait ! Faudrait pas qu'tu crois que j'te fais du chantage hein ? C'est pas l'genre de la maison !

Bon, ça m'est ptêt déjà arrivé... Mais c'était de la légitime défense, alors ça compte pas vraiment ! Là, il faut bien avouer que ce serait un peu gonflé, alors que c'est même pas ma bouteille d'hydromel. Il était rudement bon d'ailleurs... Alors je lui fais mon sourire le plus charmeur avant de reprendre les bras de ma charrette.

- J'crois pas qu'tu sois un preux chevalier mais puisque tu dis tenir tes engagements... Allons-y !

Et sans plus attendre je repars avec ma charrette pour sortir de c't'espèce de marché et je prends la grand rue qui mène vers le Labourg...

- On va vers la place du puits aux grenouilles... C'est pas tout à côté, mais t'inquiète pas, j'connais le plus court chemin... Pis de toute façon avec tes grandes jambes tu dois pas avoir trop d'mal à marcher hein ? Ah, si seulement j'avais les mêmes, je pourrais avancer plus vite et vendre encore plus de poisson ! Quoique, j'suis pas sûre que ta tête inspire plus de confiance que la mienne... Non, vraiment, je crois que je préfère garder ma figure. Bon alors ? D'où qu'tu viens comme ça ? D'ailleurs, comment on t'appelle ? Ce serait bien l'bout du monde si j'pouvais pas mettre un nom sur toutes les personnes qui vivent dans mon quartier, foi de poissonnière !
Revenir en haut Aller en bas
Le GoupilContrebandier
Le Goupil



Le renard en sait beaucoup, mais celui qui le prend en sait davantage Empty
MessageSujet: Re: Le renard en sait beaucoup, mais celui qui le prend en sait davantage   Le renard en sait beaucoup, mais celui qui le prend en sait davantage EmptySam 1 Jan 2022 - 10:04

Mauvaise pioche. Il n'obtiendrait pas de cette poissonnière des informations peut-être hors de portée de la guilde des voleurs elle-même au sujet de ce Loghart. Il ne gagnerait pas davantage de temps et en perdrait au contraire à « aider » la femme, au lieu de régler ses propres activités. D’un autre côté, tout informelle qu’elle était, cette petite quête milicienne pouvait bien attendre.

Le Goupil fit mine d’esquisser une grimace, grattant ensuite sa barbe mal entretenue de ses longs doigts.

— Je vois que j’ai affaire à… un gros poisson, reconnut-il en souriant, c’est vrai… Personne ne défendrait un traîne-savates comme moi, si quelqu'un comme toi venait à l’accuser… Alors, marché conclu ! Ici débute notre partenariat.

Et comme pour appuyer le propos, le contrebandier se fendit d’une révérence exagérée à l’adresse de son interlocutrice, avant de lui emboîter le pas, les mains profondément enfouies dans les poches de ses guenilles.

Bien volontiers, le marchand aurait contredit sa consœur pour le plaisir de rentrer dans un rôle qui lui seyait pourtant si mal. Trop conscient de ce qu’insister sur sa prétendue noblesse d'âme ne lui vaudrait qu’une invitation potentielle à tracter la charrette en lieu et place de la donzelle, Le Goupil se garda néanmoins de tout commentaire. Ainsi se contenta-t-il d’observer les habitations, comme s’il découvrait les lieux pour la première fois, cependant qu’elle l’abreuvait de ces commentaires inutiles propres aux femmes du peuple.

— Ma foi, c’est vrai qu’on pourrait bien t’acheter des poissons pour le seul plaisir de voir tes beaux yeux, ton gracieux sourire ou ton élégant… galbe, concéda-t-il en lui lançant un regard en coin, ses lippes s’étirant alors plus largement, en cela, je suis absolument certain que tu pourrais vendre n’importe quoi à n’importe qui ! Comme… une épée à un forgeron !

En dépit de paroles enthousiastes, l’homme poussa un soupir à fendre l’âme.

— Si seulement j’étais aussi doué que toi, j’aurais bien meilleure allure, mentit-il dans un haussement d’épaules, mais je n’ai que ma langue, mes grandes jambes et mes bésicles.

Comme s’il suffisait d’en parler pour y songer, le contrebandier rehaussa sa paire d’yeux du bout du majeur.

— Mon histoire est somme toute très classique. Je suis fils de fermier, né à Monpazier. On a rejoint Marbrume comme les autres, à l’approche de La Fange. J’y ai perdu ma fratrie, mes parents… Sans-le-sou, j’ai traîné de-ci de-là, jusqu’à ce qu’un vieillard me prenne sous son aile et m'apprenne à me débrouiller avec les mots. Les bésicles lui appartenaient. Il ne m’a jamais dit qui il était vraiment. Peut-être un noble déchu ? Un libraire ? Un homme instruit, à n’en pas douter, broda-t-il en avançant, on m’appelle Henri. Et toi ? Non, attends ! Je vais deviner ! décréta-t-il soudain.

Le Goupil s’écarta d’un pas de côté en zyeutant la poissonnière des pieds à la tête, avec un soin et une attention presque dérangeants, comme s’il cherchait réellement à lui donner un prix au regard de son allure et de ses possessions.

— Voyons… Les poissons, la mer… La grâce, la beauté, la délicatesse, que dis-je ! l’élégance… Hm, assurément, il y a Anür dans ton prénom ! improvisa-t-il, peut-être… Viviane ? Aenor ? Ou Morgane ? réfléchit-il en plissant les paupières, dis-moi ! Suis-je proche ? Loin ?
Revenir en haut Aller en bas
Mariotte
Mariotte



Le renard en sait beaucoup, mais celui qui le prend en sait davantage Empty
MessageSujet: Re: Le renard en sait beaucoup, mais celui qui le prend en sait davantage   Le renard en sait beaucoup, mais celui qui le prend en sait davantage EmptyJeu 6 Jan 2022 - 22:57
Le grand dadais qui m'accompagne semble tout observer d'un air curieux, il est malin, c'est bien d'savoir où on met les pieds pour pouvoir s'en sortir. Mais ça veut aussi dire qu'il est pas du coin, on peut pas m'bluffer, moi la poissonnière à l'oeil vif ! Ses compliments m'font bien plaisir en tous cas, alors je sens mon sourire s'élargir. Même si j'vends pas d'épée moi... J'vends que du poisson ! Ce serait ptêt ben une idée de diversifier ma gamme remarquez !

- Fais donc pas cette tête d'enterrement, je suis bien sûre que tu trouverais à faire si seulement tu avais un peu plus de suite dans les idées. Oui, vraiment, des grandes jambes et des bons yeux, c'est tout c'qui compte. Mais toi t'as des lunettes, c'est encore mieux.

Je hoche la tête pendant qu'il me raconte son histoire : j'aime bien en savoir plus sur les gens, ça fait des histoires à raconter, pis ça occupe surtout. Monpazier, Monpazier... C'est dans les terres, j'crois bien qu'on m'a dit. Il doit rien y connaître en poisson le pauvre bougre, j'imagine bien pourquoi il est aussi perdu ici ! Il se met soudain à s'écarter pour me reluquer, mais pas comme le rebouteux de l'autre jour : non, lui il me regarde comme si qu'j'étais une jolie écrevisse bien dodue et qu'il se demande si j'suis pas trop chère pour lui. Ça, ça m'plait. Son p'tit jeu me fait rire.

- C'est-y pas des noms d'fées tout ça ? T'as pas la langue dans ta poche M'sieur Henri, mais non ! T'en es bien loin... C'est plus simple, et ça rime avec c'te poisson de roche... Mais tu t'y connais pas en poiscaille hein ?

Héhé, il s'ra bien embêté tiens !

- Tiens d'ailleurs... Sais-tu qu'il y aura bientôt un grand marché devant les portes ? Tu ferais ptêt bien d'y réfléchir, dans ce genre de truc n'importe qui pourrait vendre n'importe quoi à n'importe quel prix... Tu pourrais ptêt arrêter de voler sur le port ! Bon, moi j'suis bien sûre d'arriver à vendre quelques poissons, mais ptêt bien que je devrais réfléchir à autre chose, ce genre d'occasion inespérée ça tombe pas du ciel tous les jours !

De fil en aiguille, on finit par arriver à la place du puits aux grenouilles. J'aperçois assez rapidement le gars qui devrait être intéressé par ma trouvaille du jour...

- Hé ! Salut Guitoo ! Comment va ? J't'amène un gars qui s'rait bien capable de lire... Lire le papier, tu sais bien ? La lettre... Bref, c'gars là c'est une grosse tête, il va pouvoir te la lire !

Guitoo, ça fait un bout de temps que je le connais, c'est pas un mec qu'il faut décevoir... Mais bon, en revanche, c'est bien utile de l'avoir de son côté. Il me sourit avant de me taper sur l'épaule familièrement.

- Ça c'est une bonne nouvelle Mariotte ! Où tu l'as déniché ? On peut lui faire confiance ?


Dernière édition par Mariotte le Lun 10 Jan 2022 - 22:06, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
Le GoupilContrebandier
Le Goupil



Le renard en sait beaucoup, mais celui qui le prend en sait davantage Empty
MessageSujet: Re: Le renard en sait beaucoup, mais celui qui le prend en sait davantage   Le renard en sait beaucoup, mais celui qui le prend en sait davantage EmptySam 8 Jan 2022 - 21:26

Après une grimace ayant retroussé son nez, le Goupil reprit sa place aux côtés de la marchande. Voilà bien longtemps qu’il n’avait plus mangé de poisson et les seuls qu’il ait jamais consommés, enfant, ne ressemblaient plus guère à ceux qui offraient présentement leur ventre aux cieux, mais davantage à des filets à peu près présentables. Le renard se trouvait ainsi à des lieues de savoir de quelle espèce la poissonnière parlait.

— Tous les poissons se ressemblent, à mes yeux, alors j’imagine que je ne m’y connais guère, concéda-t-il en s’essayant à un sourire tordu.

Le simple fait de parler de mer et de poissons ravivait l’odeur de marrée et éveillait un goût qu’il associait à la vase, aux algues poisseuses et à ces céphalopodes flasques, armés de tentacules et de ventouses, qu’il distinguait parfois dans les filets.

Le contrebandier prit une grande inspiration en fermant les yeux, pour chasser de son esprit ces images disgracieuses et les remplacer par celles que lui instillait l’organisation d’un vaste marché aux portes de Marbrume : des mets de toutes sortes, du vin, des femmes et du troc.
Son sourire se fit aussitôt plus naturel, même s’il vacilla lorsque la poissonnière ramena ses poissons sur l’étal.

— Je ne vole pas sur le port, gente dame. Je profite de l’inattention des badauds. C’est une subtile nuance, mais elle existe, lui assura-t-il en levant ses lunettes sur les façades, tu as raison, c’est une belle aubaine à saisir, mais je manque de marchandises à écouler...

En théorie, le contrebandier n’en manquait pas réellement, mais il était toujours délicat de proposer des armes dérobées à la Milice au nez et à la barbe de cette dernière, plus encore à l’occasion d’une foire qui attirerait nécessairement du monde et rendrait indispensable la mise en place d’une surveillance militaire.

— Toi qui as bien plus de suite dans les idées que je n’en aurai jamais… crois-tu que mes grandes jambes et mes bésicles pourraient t’être d’une aide quelconque ? Cette foire, ce serait l’occasion de… parachever notre partenariat, débuté ce jour, hm ? suggéra-t-il, une lueur sournoise au fond des yeux, cela étant, ce partenariat ne nous mènera nulle part si nous n'avons rien à proposer… Il faudrait y réfléchir plus en avant...

Tout à ses pensées, le marchand se frottait la barbe en marmonnant quelques paroles qu’il ne destinait qu’à lui-même. Chemin faisant, il atteignit la place du puits aux grenouilles sans même le réaliser, ne renoua avec le monde que lorsque sa comparse héla un grand mâle qu’il n’aurait pas souhaité contrarier.
Des individus comme lui, il en avait vu passer des centaines : peu affables de prime abord, mais sûrement généreux et bons, dans le fond. Selon la légende, en tous cas, car il n’avait jamais réussi à fréquenter ce genre d’hommes suffisamment longtemps pour effleurer leur prétendue noblesse de cœur. Du moins ne fréquentait-il pas leur femme assez longtemps, plus précisément.

Monseigneur... persifla le Goupil en se fendant d’une révérence bien trop appuyée, on ne saurait trouver en tout Marbrume et ses environs, meilleur homme à qui accorder sa confiance ! Ordonnez et j’obéirai. Je suis votre obligé… entre autres, parce qu’il me faut rendre un petit service à dame Mariotte. Tu as raison, d’ailleurs, beauté des quais : j’étais bien loin du compte, avec mes fées.

Les lippes du renard frémirent d’un nouveau rictus, cependant qu’il redressait ses bésicles du majeur, sur un regard brillant à présent de curiosité.

— Alors ! Où est cette lettre ?
Revenir en haut Aller en bas
Mariotte
Mariotte



Le renard en sait beaucoup, mais celui qui le prend en sait davantage Empty
MessageSujet: Re: Le renard en sait beaucoup, mais celui qui le prend en sait davantage   Le renard en sait beaucoup, mais celui qui le prend en sait davantage EmptyLun 10 Jan 2022 - 22:05
Ses bésicles hein... Mais c'est bien sûr ! Toutes ces informations récentes s'emboîtent dans ma tête et me rendent enthousiaste à un point qu'il vaudrait mieux que je cache si je veux garder le dessus dans notre partenariat. Alors je décide de remettre cette proposition à plus tard. Et puis, Guitoo est bien gentil avec moi, mais j'aime autant qu'il n'entende pas ce que j'dirais à Henri. Moins yaura de gens au courant de ma géniale idée, plus on gagnera !

Alors je m'retiens de dire quoi que ce soit d'autre, et je suis Guitoo dans la vieille bâtisse en ruine. Elle est bel et bien en ruine, mais après avoir traversé quelques pièces aux plafonds défoncés, aux poutres branlantes et aux planchers moussus, on rentre dans une autre qui paraîtrait presque habitable, sans aucune ouverture à part la porte qu'un des lascars de la bande ferme derrière nous. Il y a une table au centre de la pièce, quelques chaises, et une petite bougie vacillante permet d'y voir. C'est un sacré luxe une bougie, tout ça pour un fichu bout de parchemin qui supporte pas la pluie !

- V'là la fameuse lettre... T'as pas à savoir où on l'a trouvé, ni qui est-ce qu'on a tué pour l'avoir hein ? Tu la lis, tu sors de cette pièce, et tu oublieras tout. Bien sûr... On est pas des gredins, hein ? Et comme toi, t'es pas un gredin non plus, v'là le marché : cette lettre, elle doit contenir des infos intéressantes. Qui peuvent rapporter gros. Tu nous la lis. On ramène les sous. On file ta part à la Mariotte, et elle elle te la refilera. C'est d'accord ? J'espère, parce que si t'es pas d'accord, tu sors pas de cette pièce. Alors, c'est d'accord ?

Je s'rais bien embêtée qu'il veuille pas la lire cette fichue lettre, j'aurais fait tout ce chemin pour rien ! Pis, c'est quequ'chose de devoir trouver quelqu'un qui sache lire...

Contenu de la lettre:
Revenir en haut Aller en bas
Le GoupilContrebandier
Le Goupil



Le renard en sait beaucoup, mais celui qui le prend en sait davantage Empty
MessageSujet: Re: Le renard en sait beaucoup, mais celui qui le prend en sait davantage   Le renard en sait beaucoup, mais celui qui le prend en sait davantage EmptySam 15 Jan 2022 - 17:49

Plus il avançait, plus Le Goupil avait le sentiment de s’éloigner de la civilisation pour rejoindre le monde sauvage des marais. Il n’aurait pas été surpris d’en sentir les relents, peu avant d’émerger au beau milieu de la forêt. Alors, une certaine forme de déception le cueillit lorsque cette marche silencieuse et encadrée ne les conduisit qu’à une impasse où l’attendait un spectacle presque trop familier : pas d’autres issues que l’obéissance, une chaise et une table pour s’exécuter.

Les yeux rivés sur le morceau de papier au cœur de toutes cette intrigue, le contrebandier écouta les recommandations usuelles d’une oreille distraite. Guitoo et ses amis relevaient-ils de la guilde des voleurs ? Et Mariotte, comment avait-elle rencontré cet individu si peu respectable ? Derrière ce joli minois et cette spontanéité se cachait-il un esprit aiguisé et calculateur ?
Quelles que puissent être les réponses à ces questions, ils étaient tous illettrés. Quelle déchéance, pour n’importe quel brigand, que de devoir recourir à un homme tel que lui.

Les lippes du renard frémirent au passage d’un sourire, cependant qu’il s’emparait du pli pour le parcourir des yeux.

Où avaient-ils pu récupérer ce billet ? Sur qui l’avaient-ils prélevé pour espérer en tirer des renseignements utiles ? Il lui faudrait trouver Loghart rapidement et transmettre quelques informations complémentaires à Priscilla. Le contenu de la lettre l'intéresserait au moins autant que ce cher Guitoo.

— C’est une missive entre frères. L’expéditeur explique que la présence des Bannis près du Labret y rend la situation de plus en plus précaire, raison pour laquelle il va envoyer sa fille ici, à Marbrume. Elle transitera, déguisée en paysanne, par un gros convoi de denrées alimentaires prévu pour la fin de ce mois. Parmi elles, quelques sacs de légumes recèleront de l’or et des bijoux, résuma le marchand en reposant l’épître sur la table, voilà ce que dit ta lettre, en substance. Les méchants Bannis, une gamine à protéger, un convoi pour servir de couverture et faire passer de quoi assurer son entretien.

Lorsque Mariotte l’avait réquisitionné pour faire office de lecteur, Le Goupil s’était imaginé mille et une histoires à broder pour noyer le poisson. L’allure de Guitoo, les circonstances dans lesquelles il se trouvait et le contenu de la lettre l’avaient néanmoins convaincu de se montrer un peu plus raisonnable.
Du reste, si le contrebandier n’avait que faire de l’avenir de cette petite Jeanne, du sort de son oncle ou de celui de son père, il restait partisan d’une certaine égalité des chances entre bandits. De fait, si Guitoo désirait accaparer le modeste butin en partance du Labret, il lui faudrait y mettre les moyens. Or, pour encourir le moindre risque, encore fallait-il saisir tous les enjeux à la clé.

— Le message prétend que, je cite : « des bannis errent au nord des palissades » et que : « certains s’en seraient même pris à des voyageurs ». L’auteur poursuit et indique que, je cite : « la surveillance affectée devrait dissuader les bannis, mais l’importance du convoi pourrait attirer leur convoitise ou celle des bandits ».

Cette information gratuite, sous couvert d’une lecture élargie, accentua le sourire du renard.

— À présent... gloussa-t-il en penchant la tête sur le côté, reportant son regard sur chacune des personnes en présence, pour le poser finalement sur le chef de cette hypothétique bande disparate, puis-je disposer et retourner élimer mes savates sur les quais ?
Revenir en haut Aller en bas
Mariotte
Mariotte



Le renard en sait beaucoup, mais celui qui le prend en sait davantage Empty
MessageSujet: Re: Le renard en sait beaucoup, mais celui qui le prend en sait davantage   Le renard en sait beaucoup, mais celui qui le prend en sait davantage EmptyMar 18 Jan 2022 - 21:34
C't'espèce de grand échalas ne se démonte même pas alors qu'il est pas certainement pas benaise ici, avec ces gros rustauds à couteau tout autour ! Ça, faut bien avouer qu'il en a dans les braies, j'en serais presque admirative. Et pis il lit, comme ça, tranquillement, comme si qu'c'était quelque chose de tout simple voyez ? Des yeux fureteurs, un petit sourire carnassier, oh, ça oui ! c'te lettre semble l'intéresser au moins autant que Guitoo et sa bande. Je m'demande bien où ils ont pu la ramasser, mais là n'est pas la question : Henri a déjà fini de lire et nous explique tranquillement de quoi qu'il s'agit. J'suis pas sûre de comprendre en quoi ça intéresse Guitoo, mais j'évite de trop mélanger mes oignons et les leurs, chacun dans son étable et les poulets seront bien gardés.

- Ça m'a l'air crédible. De toute façon, si tu nous as raconté des salades, on te retrouvera. La Mariotte, là, elle oublie jamais un visage. Tu pourrais perdre tes cheveux qu'elle te reconnaîtrait quand même ! On verra si c'est de l'or ou autre chose qu'elle t'amène... Bien, maintenant tout est dit.

Ça fait pas d'doute, on est priés de sortir gentiment. En passant la porte, j'en profite pour faire un clin d'oeil et un sourire au gars qui la bloquait. Yves qu'il s'appelle. Un chouette gars, mais pas très dégourdi. On ressort de la bâtisse pour enfin regagner la lumière du jour, ça fait du bien. Pas qu'j'aime pas les endroits renfermés, mais celui-là manque vraiment d'animation. Là-dehors, on entend un joyeux brouhaha, un rire, quelques cris ou des hurlements parfois, c'est rassurant de se sentir entourés par d'autres êtres humains.

- Dis-moi Henri, avant que nos routes se séparent, j'ai comme qui dirait une demande un peu particulière. Tu t'en es bien tiré là-dedans, et t'as un air calme et sérieux que même moi je s'rais bien incapable de dire si tu nous as bien lu la lettre ! Ça, ça c'est une vraie qualité tu vois, j'suis bien admirative même si j'suis sûre d'être capable de la même chose ! Mais c'est pas ça la question : j'aurais une idée de... partenariat qui collerait bien à tes capacités, et puis surtout à ta tête de gars intelligent. Voilà, tu sais sans doute mieux qu'moi qu'il y a un remède qui se vend très bien auprès des hommes. Tu sais, surtout pour ceux qui sont plus tout jeunes... Mais qui voudraient quand même honorer une jolie d'moiselle. Pour sûr, ya beaucoup de charlatans là-dessus, mais pas un qui gagne sa croûte décemment ! Pis ya quequ'temps, v'là-t-y-pas que j'vois quelqu'un demander discrètement un petit remède à un rebouteux du port. Un remède pour les pieds qu'il disait ! Alors ça, Mariotte, que j'me suis dit, c'est une idée formidable. C'est pas un remède facile à vendre, parce que les gars, ils ont honte d'en avoir besoin. Alors, pourquoi qu'on dirait pas au grand public que c'est un remède pour les pieds ? Comme ça, pas de honte à v'nir nous voir. Sauf que c'est là où j'ai besoin de'un gars comme toi... Y m'faut un homme pour ça, et toi, je suis certaine que tu serais un bon vendeur. Qu'a l'air intelligent, en plus de ça. Alors, qu'est-ce t'en dis ? Le temps de la foire, on pourrait se faire une montagne d'or !

J'ajoute quand même précipitamment :

- Pis essaie pas de m'doubler, j'te préviens ! T'as besoin d'une femme comme moi pour attirer l'chaland !
Revenir en haut Aller en bas
Le GoupilContrebandier
Le Goupil



Le renard en sait beaucoup, mais celui qui le prend en sait davantage Empty
MessageSujet: Re: Le renard en sait beaucoup, mais celui qui le prend en sait davantage   Le renard en sait beaucoup, mais celui qui le prend en sait davantage EmptyMer 19 Jan 2022 - 18:55

À peine le seuil de la masure de nouveau franchi, le renard étira ses longs bras vers le ciel, puis les relâcha dans un soupir. Sa partenaire saisit cet instant pour hasarder une proposition qu’il écouta d’une oreille distraite, cependant que ses pensées vagabondaient. Mariotte était-elle aussi physionomiste que le prétendait Guitoo ? Une chance qu’elle ne l’ait jamais rencontrée plus tôt, en ce cas.

— Hm. Je vais finir par croire que tu ne peux plus te passer de mes grandes jambes et de mes bésicles, beauté du port.

Pivotant sur ses talons afin de faire face à la jeune femme, le contrebandier se fendit d’une révérence.

— Il va sans dire que j’aurais indéniablement besoin de tes atours naturels, ma chère, mais… même sans cela, je serais bien en peine de te doubler. Comment tromper ton sens inné de l’analyse et de l’observation ?

À l'image du coin de ses lippes qui se souleva, sa silhouette se redressa avec lenteur. Le regard perdu dans les yeux de la poissonnière, le marchand se frotta la barbe en semblant réfléchir aux termes de cette étrange affaire proposée.

— Si je te suis bien, il faudrait que je me fasse passer pour un érudit afin de mieux abuser la crédulité des vieillards impuissants… L’idée me plaît, concéda-t-il en croisant ses bras sur son torse, il m’arrive de traîner dans les tavernes, minimisa-t-il, ce serait une occasion d’évoquer ce remède auprès de quelques clients potentiels, pour les appâter lors de la foire. Si tu fais la même chose de ton côté, nous devrions avoir notre lot de curieux, médita-t-il en détournant enfin les yeux.

Déliant l’un de ses bras pour se taper le menton de l’index, Le Goupil entreprit d’aller et venir lentement devant la poissonnière. Une bonne idée, c’était certain, et de quoi se dégager un petit pécule en cas de succès, en effet, mais...

— Je me demande tout de même s’il est pertinent de reprendre telle quelle la technique de ton rebouteux. Imaginons qu’il sévisse, lui aussi, sur cette foire : cela nous ferait un concurrent. Avec une meilleure ancienneté, qui plus est, alors… Contre-proposition ! s’exclama-t-il dans un sourire en coin, sauf à ce que tu possèdes quelque autre compétence cachée, que tu mettrais à profit lorsque tu ne débites par tes poissons, nous sommes d’accord que ce remède ne sera de toute façon pas efficace, hm ? Alors, pourquoi ne pas étendre notre clientèle potentielle ? Pourquoi ne pas prétendre qu’il s’agit d’une… lotion à appliquer. Peut-être pour les mains ? Afin de les rendre plus douces. Ou pourquoi pas une sorte de parfum pour ces dames ? Contre la mauvaise mine, le teint blafard, bref ! toutes ces préoccupations qui occupent la gent féminine.

De nouveau, le contrebandier s’arrêta, fixant sa complice en penchant la tête sur le côté.

— Mais je me demande, Mariotte. Si cette potion n’est qu’une illusion... Sauf à ce qu’elle agisse sur la psychologie de nos clients, certains s’en trouveront mécontents. Moi, je saurai les éviter ou m’en débarrasser, mais toi ? Ne crains-tu pas que ton commerce en pâtisse ?
Revenir en haut Aller en bas
Mariotte
Mariotte



Le renard en sait beaucoup, mais celui qui le prend en sait davantage Empty
MessageSujet: Re: Le renard en sait beaucoup, mais celui qui le prend en sait davantage   Le renard en sait beaucoup, mais celui qui le prend en sait davantage EmptySam 22 Jan 2022 - 19:36
Un malin. C'est un malin, il a repéré tout d'suite mes atouts, c'est pas tout l'monde qui y arrive, j'peux vous l'assurer. Par contre, ses grandes jambes, j'm'en passerais bien. C'est l'genre à pouvoir vous filer entre les doigts, disparaitre en un rien d'temps à l'angle d'une rue... Pour sûr, je n'fais pas le poids. Si on doit être partenaires, j'aurais tout intérêt à garder la bourse à ma ceinture.

Il semble avoir compris, mais tout d'même, présenté comme ça on dirait que j'essaie d'arnaquer de pauvres gens sans défense. C'est pas l'cas.

- Mais après tout, tu es un érudit non ? Tu sais lire, alors tu en sais bien plus que nous aut'.

J'ai bien peur qu'il refuse mon offre vu comme il me r'garde, mais finalement, il a l'air intéressé, il se met à y réfléchir avec un air concentré. Là, y r'ssemble vraiment à un érudit. Et il y réfléchit bien le bougre. Je me remets à sourire largement.

- Aucune crainte à avoir de c'coté là, c'est un rebouteux du port qui ne sort jamais. Pour te dire, je ne l'avais jamais vu avant la semaine dernière ! Pourtant on habite pas si loin... Mais ton idée, c'est une bonne idée. On voit qu't'en as dans la caboche ! Des produits pour femme, pourquoi j'y ai pas pensé plus tôt ! C'est encore mieux ! On étend notre clientèle aux bonnes femmes, mais en plus les hommes qui n'achètent jamais de remèdes, même pour les pieds, ils n'auront qu'à prétendre qu'il s'agit d'un cadeau ! Ah, ça pour sûr c'est une bonne idée.

J'éclate alors de rire, je suis bien contente ! Mes grigris m'ont porté chance encore une fois, quel heureux hasard de tomber sur un homme qui me comprend aussi bien !

- Une illusion, c'est un grand mot ! Il faut bien y mettre des choses dans ce remède, va ! Je trouverais bien quelqu'un qui a eu une grand-mère qui faisait quequ' remèdes. La mienne en faisait, mais je ne m'y suis jamais intéressée. Ca marchait pourtant, parfois. Est-ce que c'est de not' faute si ça ne marche pas sur tout l'monde ? Puis, tu sais, les clients sont jamais contents, même pour le poisson. C'est les risques du métier !

Dernier point que j'oublie de lui préciser : c'est tout d'même lui l'érudit, j'aurais qu'à dire que je m'suis fait berner aussi après tout, moi j'suis juste poissonnière. Toujours avec le sourire, je lui tends la main.

- Très bien. Chacun répand l'idée, et il nous faut trouver quequ' substance à faire infuser. Quequ'chose qui pue un peu mais pas trop. Si ça sent bon, personne voudra croire que c'est une médecine. Et pour la vente, ma foi il me semble qu'à deux on peut faire l'affaire. C'pendant, c'est moi qui ai trouvé l'idée, alors comme j't'aime bien, je te propose de partager les bénéfices à 7 pièces pour moi contre 3 pour toi. Est-ce que ça t'semble convenable, partenaire ?
Revenir en haut Aller en bas
Le GoupilContrebandier
Le Goupil



Le renard en sait beaucoup, mais celui qui le prend en sait davantage Empty
MessageSujet: Re: Le renard en sait beaucoup, mais celui qui le prend en sait davantage   Le renard en sait beaucoup, mais celui qui le prend en sait davantage EmptyVen 28 Jan 2022 - 9:03

Alternant entre sourires et acquiescements, Le Goupil tendit une main vers sa partenaire, qu’il retira sitôt ses dernières paroles dispensées. Ses lippes frémirent au passage d’un nouveau rictus, cependant qu’il sondait le regard de la jeune femme. Ce qu'il y discerna parut alimenter un rire qui le secoua.

— Par tous les seins, tu es sérieuse... s’amusa-t-il, bien… Réfléchissons. Si je suis ton raisonnement, il est légitime d’octroyer une part plus conséquente à l’auteur de l’idée. Dans notre cas, elle ne vient pas de toi, mais du rebouteux du port, qui vit près de chez toi sans jamais sortir, récita-t-il comme une leçon trop bien apprise, il faudrait donc qu’il profite de 70 % de nos gains et que nous nous partagions les 30 % restants, puisque nous avons un partenariat, toi et moi. Cela reviendrait à mouiller la chemise pour 15 misérables pour cent chacun, tandis que cet âne bâté d’ermite récolterait près des trois quarts des fruits de notre labeur.

Alors qu’il avait repris ses allées et venues devant la poissonnière, le contrebandier s’arrêta face à elle.

— Tu ne partageras peut-être pas mon avis, mais je trouve aberrant qu'il s'enrichisse sur notre dos sans fournir le moindre effort, avoua-t-il dans un froncement de sourcils, feignant à la perfection l'offuscation, puisqu’il ne met jamais le nez dehors, il y a peu de chance que ce rebouteux à la noix entende parler de notre affaire. Du reste, travailler pour le compte d’un autre avec si peu de bénéfices ne me motive pas franchement, à titre personnel. Je te propose donc d’écarter ce vieux fou de l’équation sans qu’il n’en sache rien. Il ne nous reste plus qu’à distribuer la part qui lui revenait entre nous, soit 35 % chacun. Avec les 15 % auxquels nous pouvions légitimement prétendre, magie ! nous arrivons à un partage équitable qui satisfera tout le monde, j’en suis convaincu.

Derrière les bésicles, l’iris azuré pétillait d’intérêt. Négocier, c’était ce qu’il préférait dans son métier. Quelque part, cela apportait du sens à son activité.

— Je vais te donner un petit conseil d’ami pour tes affaires futures, beauté des quais. Lorsque tu as en tête une répartition des gains à ce point déséquilibrée, n’encense pas l’idée de ton partenaire au préalable. Soutiens que sa proposition n’est pas mauvaise, mais mériterait d’être améliorée. Émets quelques suggestions. Ne le complimente pas non plus sur son intelligence, sinon, il se sentira fort face à toi, se considérera comme ton égal et en exigera la concrétisation financière. Il pourrait même penser avoir l’ascendant et souhaiter filouter. Fort heureusement, ce n’est pas mon cas, puisque je suis… un homme bon, prétendit-il sans rougir, tu es arrivée avec une idée volée que j’ai transformée et améliorée. Ensemble, nous sommes parvenus à quelque chose de satisfaisant… Mais si mes paroles ne devaient pas te convaincre, laisse-moi te prédire un avenir fâcheux, annonça-t-il avant de poursuivre sur le ton de la confidence, supposons deux personnes ayant conclu un partenariat prometteur, incapables, pourtant, de se mettre d’accord sur la répartition des bénéfices. Figure-toi à présent ces deux personnes têtues et désireuses de profiter d’un projet dont elles s’attribuent chacune, au moins en partie, la paternité. Imagine-les, enfin, se livrant côte-à-côte une concurrence rude lors de la foire à venir… Ne serait-ce pas tragique ? suggéra-t-il dans un soupir à fendre l'âme, pour ne rien te cacher, ce le serait d’autant plus que les érudits, ou ceux qui peuvent se prétendre comme tels, sont beaucoup plus rares à trouver, recruter et, le cas échéant, voler, que ne le sont les belles femmes… sans opérer un malheureux raccourci entre ta noble position et celle de tes semblables de petite vertu, Mariotte.

Dans un sourire presque avenant, Le Goupil tendit sa grande main à sa partenaire commerciale.

— Alors qu’en dis-tu ? 50-50 ? Pour te convaincre de mon investissement dans cette affaire et d’une moitié amplement méritée, je veux bien te fournir les plantes dont tu auras besoin pour ton remède. J’ai quelques connaissances qui abusent des onguents ou potions et donnent parfois un avant-goût des ingrédients qu'elles utilisent. Je trouverai ce qu’il nous faut en dehors des remparts et te ferai porter le nécessaire. Marché conclu, associée ?
Revenir en haut Aller en bas
Mariotte
Mariotte



Le renard en sait beaucoup, mais celui qui le prend en sait davantage Empty
MessageSujet: Re: Le renard en sait beaucoup, mais celui qui le prend en sait davantage   Le renard en sait beaucoup, mais celui qui le prend en sait davantage EmptyLun 31 Jan 2022 - 22:14
Il éclate de rire à son tour, et je ne perds mon sourire que lorsqu'il m'explique, avec des phrases un poil compliquées, que ma proposition lui convient pas. J'essaie... J'essaie de toutes mes forces ! et je crois... Oui, je crois bien que j'y arrive, à ne pas sourire ! Il y a bien un coin de ma bouche qui essaie, lui, de se relever, mais j'espère bien l'avoir maîtrisé. Je l'écoute, bien sagement, les yeux fixés sur lui, buvant ses paroles comme du petit lait, parce qu'après tout, il a bien raison... Sauf sur un point. Un sacré point même, et qu'il semble pourtant avoir vu, mais pour une raison que j'arrive pas à deviner, il passe quand même à côté. Je retiens mon sourire, et j'hésite quand il me tend la main. Moitié-moitié, c'est parfaitement ce que j'avais en tête... Mais si j'accepte trop facilement, il va s'douter de quelque chose non ? Et si je marchande... Il va croire que j'ai rien écouté à son discours, ce qui est pas tout à fait vrai parce que j'ai écouté mais c'est vrai que tout retenir d'un discours aussi long, c'est pas simple. Mais moi, c'est pas trop mon genre de m'poser trop d qu'estion alors d'une main je touche par précaution le bois de cerf caché dans un des plis d'ma robe, et de l'autre je secoue vigoureusement la main qu'il me tend, de nouveau avec un grand sourire qui s'étire d'un bout à l'autre de mon visage.

- Merci pour tes conseils, tu t'y connaîs en filouterie... Je m'suis pas trompée sur ton compte ! Marché conclu, associé !

Oh oui... Avec tout son blabla inutile il a même pas réalisé que c'était lui l'élément essentiel dans cette affaire ! Sans lui, j'aurais perdu mon temps sur le marché, parce que faire du charme ça a ses limites quand même, et pis... Les hommes oseront jamais avouer à une femme qu'ils ont des petits problèmes avec... ça. Là ils s'ront en confiance, c'est un homme, il a des lunettes, il parle bien, il a l'air fiable. C'est vraiment l'homme idéal pour ce travail !

- Mais dis-moi... Où que j'peux te trouver Henri, si j'ai besoin, ou même si j'ai d'l'argent à te donner ?


Dernière édition par Mariotte le Dim 6 Fév 2022 - 16:36, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
Le GoupilContrebandier
Le Goupil



Le renard en sait beaucoup, mais celui qui le prend en sait davantage Empty
MessageSujet: Re: Le renard en sait beaucoup, mais celui qui le prend en sait davantage   Le renard en sait beaucoup, mais celui qui le prend en sait davantage EmptyVen 4 Fév 2022 - 14:03

Les doigts arachnéens du renard se refermèrent théâtralement sur la main de la poissonnière pour sceller leur pacte, cependant qu’il se félicitait, dans un large sourire, d’avoir suffisamment endormi ou abruti la donzelle afin qu’elle ne tente pas de renégocier son offre.

— « Filouterie », allons… Tu me flattes, ricana-t-il en rapatriant ses longues paluches dans les poches de sa veste, si tu as besoin, hm ? Te voilà déjà mordue de moi, Mariotte ?

Les lippes étirées à leur maximum, Le Goupil leva bientôt les yeux pour favoriser une réflexion qu’il appuya d’un frottement de barbe songeur. Assurément, personne ne le trouverait si elle demandait à parler à un dénommé Henri, même si cette requête tombait dans l’oreille de la guilde. N’était-il toutefois pas trop tard pour révéler sa véritable identité ? Mariotte ne prendrait-elle pas cela pour une trahison ? Ne remettrait-elle pas en cause les fondements de leur partenariat ? Le bénéfice qu’il venait de négocier ? À moins que…

Reportant son attention sur le monde des Hommes, le renard lorgna de gauche et de droite, puis s’approcha de la poissonnière d'un pas silencieux. À ses côtés, il plia sensiblement sa grande carcasse pour être à sa hauteur et laissa courir un bras le long de ses épaules, afin de favoriser un semblant d’intimité que la rue et ceux qui l’arpentaient bafouaient impunément.

— Je vais te dire un secret, Mariotte… Parce que j’ai le sentiment que toi, tu sauras le garder, prétendit-il pour la mettre en confiance, je t’ai immédiatement trouvée sympathique et n’ai pas résisté à l’envie de te donner mon véritable nom, mais… ce n’est pas sous celui-ci que j’œuvre, au quotidien. En raison de quelques filouteries qui seraient susceptibles de nuire à ma réputation, je tâche de compartimenter au mieux ma vie personnelle et ma vie professionnelle, aussi m’appelle-t-on plus communément Le Goupil… à cause d’un renard présent sur le blason de mes ancêtres, si tu veux tout savoir. Du moins, c’est ce que prétendaient mes parents pour alléger leur rude existence, broda-t-il en s’écartant enfin, de fait, si tu as besoin de moi, beauté des quais, il te suffira d’évoquer Le Goupil ça et là dans le port. Ta sommation me parviendra, je n’en doute pas une seconde. Quant au Henri..., souffla-t-il en se postant de nouveau face à son interlocutrice, après un tour sur lui-même, peut-être aurai-je l’insigne honneur de te l’entendre dire encore dans un cadre plus… intime, une fois la foire achevée… Tu sais, lorsqu’il faudra nous atteler au décompte de notre incroyable bénéfice, gloussa-t-il avec entrain.

Avec toute l’exagération qui imprégnait chacun de ses gestes, le roublard se fendit d’une révérence trop basse à l’adresse de sa partenaire d’affaires.

— Je suis ton obligé, belle sirène. Souffle mon nom à quelques oreilles au cours de ton commerce habituel, et j’accourrai aussi vite que je le peux, lui assura-t-il avant de se redresser, cela étant, puisqu'il m’arrive de vagabonder à l’extérieur des remparts, peut-être te faudra-t-il renouveler ta convocation quelques fois, l’avertit-il en braquant de nouveau ses bésicles sur le ciel, à moins que… Oui… ce pourrait être une idée. Un système mystérieux ô combien excitant...

Les lippes du contrebandier dévoilèrent ses dents lorsqu’il reporta son attention sur Mariotte.

— Si je ne viens pas à toi le lendemain de ton appel, que dirais-tu d’une sorte de… de message secret, pourtant dispensé en public, que seuls toi et moi comprendrions ? Cela pourrait me permettre de te trouver plus facilement par ailleurs. Ou du moins, de t’informer que je cherche à te voir. Cela pourrait être… une maison ? Les taudis ne manquent pas au port, n’est-ce pas ? Nous pourrions déceler un petit coin loin des curieux, des voleurs, bref : de tout importun susceptible de perturber notre communication malgré lui, et convenir d’une disposition particulière d’une planche, d’un crochet, d’un filet, que sais-je ! Qu’en dis-tu ? Ne serait-ce pas follement distrayant de… filouter au vu et au su de tout le monde, sans que jamais personne ne le découvre ?
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé



Le renard en sait beaucoup, mais celui qui le prend en sait davantage Empty
MessageSujet: Re: Le renard en sait beaucoup, mais celui qui le prend en sait davantage   Le renard en sait beaucoup, mais celui qui le prend en sait davantage Empty
Revenir en haut Aller en bas
 
Le renard en sait beaucoup, mais celui qui le prend en sait davantage
Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 2Aller à la page : 1, 2  Suivant

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Marbrume - Forum RPG Médiéval Apocalyptique :: ⚜ Cité de Marbrume - Quartiers populaires ⚜ :: Port-
Sauter vers: