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 Un héritier pour Sombrebois [Rosen x Edwige]

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Rosen de SombreboisBaronne
Rosen de Sombrebois



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MessageSujet: Un héritier pour Sombrebois [Rosen x Edwige]   Un héritier pour Sombrebois [Rosen x Edwige] EmptyMer 12 Jan 2022 - 17:47


Un héritier pour Sombrebois
Rosen feat Edwige


24 avril 1167
Château de Sombrebois




Je soupire en observant le ciel. Ce soir, il fait un peu frais, alors je me pelotonne à ma couverture, le nez levé vers les étoiles. Y-a-t-il une étoile qui se démarque des autres ?

Là comme ça, je n’en vois pas en tout cas. Ils sont bien beaux, ces petits points scintillants piquant la voûte céleste. On dirait des diamants… comme autant de petits joyaux exposés à une forte luminosité.

Parfois, je les regarde, et je me demande de quoi il peut bien s’agir. Sont-ce donc de petits cailloux dans le ciel ? C’est un peu l’effet que donne la lune, lorsqu’on peut la voir entière et qu’elle baigne la terre de la lumière. Un gros caillou rond, qu’elle soit d’un pâle blanc neige le jour ou d’un luisant doré la nuit. Peut-on réellement y voir quelque chose ? Beaucoup essaient, en tout cas.

Et mes yeux se ferment seuls pendant mon exploration stellaire. Je me réveille alors un peu plus tard avec une drôle de sensation. Comme souvent, mon ventre me tiraille de façon désagréable.

Mais il faut dire qu’il est mis à rude épreuve avec le petit monstre qui passe son temps à y faire des galipettes. Je me lève, m’étire un peu, puis décide de descendre dans ma chambre.

Mais à peine ai-je fait quelques marches que je comprends soudain, lorsque je sens quelque chose couler entre mes jambes.

Non… c'est pas possible. Pas maintenant !

Je pile net, et le milicien derrière moi manque presque me rentrer dedans. Je m’arrête alors à l’étage – le deuxième – et intime clairement au garde :

« Pour ce soir, vous pouvez disposer, je serai bien entourée. Prenez du repos et revenez demain. »


 Non, je ne veux pas qu’il y ait quelqu’un qui, derrière la porte, m’entende crier, gémir, ou que sais-je. Et si je dois mourir, que je meurs libre, surtout. Je le regarde pour être sûre qu’il a bien compris, mais je n’ai pas à répéter qu’il acquiesce, un peu embêté tout de même, mais s’en va. Il ne peut pas aller contre mon ordre de toute façon et il le sait très bien.

Et maintenant… je me hâte vers la porte d’Edwige. Je me sens mal en repensant de quelle manière j’ai pu l’impliquer dans mes problèmes, je n’aurais jamais dû faire ça. Mais c’est la seule solution que j’ai eu pour prouver que c’était la vérité, que ce n’était pas une excuse bidon improvisée.

Devant la porte, je n’hésite pas bien longtemps, je tape quelques coups avant de rentrer directement dans la chambre. Ma respiration est laborieuse, je crois. Le grand jour est arrivé, celui que malheureusement beaucoup dans l’ombre attendent avec grande impatience. Plus d’impatience, sans doute, que j’ai pu moi même en avoir. Triste constat.

Et là, face à Edwige que je viens de réveiller brusquement, cette jeune prêtresse que j’ai évité du mieux que j’ai pu depuis mon retour du Labre - tant et si bien que je ne lui ai pas encore adressée la parole - j’ai du mal à m’exprimer.

« Edwige... », je murmure d’une voix presque paniquée où s’enchevêtre angoisse et tristesse.

Non, je sais bien qu’elle ne m’en voudra pas. Edwige est trop pure pour ça… Mais ça ne change rien. Malgré ma culpabilité, ce n’est pas Marie-Ange que je suis allée voir. L’espace d’un instant, je me suis dit que je resterais seule dans ma chambre. Mais j’ai vite abandonné l’idée…

Ce serait irresponsable, j’imagine.

« Il… »

Ma voix semble se bloquer dans ma gorge, comme si une boule venait de l’obstruer subitement.

« Il… répété-je bredouillante. Il vient… il arrive ! C'est trop tôt... »

A cet instant précis, je saurais incapable de dire si ce qui m’angoisse le plus est l’idée de mettre bas pour ne jamais me relever, celle de devenir mère ou encore l’effrayante perspective qui se présente à moi autour de ce pauvre enfant et que j’entrevois soudain.

« Je suis... »


Je suis surtout incapable de finir ma phrase. La panique est bien trop forte.  

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MessageSujet: Re: Un héritier pour Sombrebois [Rosen x Edwige]   Un héritier pour Sombrebois [Rosen x Edwige] EmptyDim 16 Jan 2022 - 19:47






Un héritier pour Sombrebois


◈ 24 Avril 1167 ◈

Voudra-t-elle d'avantage de brioche ? Bien entendu qu'elle en veut. La prêtresse serait bien impolie de refuser les présents de cette gentille fée. Assise sur cette nappe bien blanche, elle profite des rayons du soleil et de l'infusion parfumée qui lui réchauffe les mains. C'est une très belle journée. Quel dommage que cela ne puisse durer : aussitôt le repas terminé, il faudra rejoindre l'échafaud pour se faire pendre. Et d'ailleurs, n'est-ce pas le bourreau impatient que l'on entend frapper contre le bois...?

Edwige ouvre les yeux. Quel rêve saugrenu. Les coups entendus se trouvent être contre sa porte, qui déjà s'ouvre sans invitation. La silhouette d'une femme largement enceinte pénètre dans la pièce avec le souffle court. Rosen ! Pour la voir débarquer ainsi en pleine nuit, ce doit être une urgence, d'autant que la baronne ne lui a plus adressé la parole depuis bien une semaine.

- Rosen, murmure la jeune femme en quittant son lit, l'esprit encore embrumé de sommeil. Du calme, qui arrive...?

La réalisation frappe la novice comme un coup sur la tête. Son amie a perdu les eaux, la naissance est imminente, cela ne devait pas avoir lieu avant plusieurs semaines...! Aussitôt, Edwige débarrasse son lit de ses couvertures, puis vient guider la noble femme vers le sommier. Elle l'allonge à demi, usant des oreillers pour maintenir son dos en élévation, puis court récupérer un récipient d'eau.

- Respires, cela peut prendre du temps, prévient la clergesse en rassemblant son matériel de soin. Tu n'es heureusement pas la première mère en devenir que j'assiste.

A l'époque, elle était rarement seule en revanche, mais Rosen n'a pas besoin de le savoir. La brune porte un mord de cuir à la baronne, lui intimant quelques conseils pour la mettre à son aise.

- Si la douleur devient trop intenable, mords là-dedans, fait-elle avant de chercher une bougie à tatons. Lorsque les contractions arriveront, ce sera l'heure. Quelqu'un d'autre est-il disponible pour nous assister ?

La propriétaire des lieux étant égale à elle-même, cela ne surprendrait pas la guérisseuse si elle refusait de recevoir quiconque. Il est déjà miraculeux qu'elle n'ait pas décidé d'enfanter seule dans une baignoire. De son côté, Edwige a d'autres préoccupations que d'interroger la blonde sur ses actions récentes.


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MessageSujet: Re: Un héritier pour Sombrebois [Rosen x Edwige]   Un héritier pour Sombrebois [Rosen x Edwige] EmptyLun 17 Jan 2022 - 3:41


Un héritier pour Sombrebois
Rosen feat Edwige


Oui, c’est une bien bonne idée, il faut que je me calme… Elle vient jusqu’à moi pour que je m’allonge dans son lit. Moi, je n’ai pas envie de m’allonger. Je n’ai pas envie d’attendre passivement, je n’ai pas envie que ça arrive maintenant !

Elle me dit que ça peut être long, me demande de mordre dans un bout de cuir. Sa demande a tendance à me hérisser les poils et j’éloigne l’objet de moi d’un geste vif, agressif même. La dernière fois que j’ai dû mordre dans quelque chose pour ne pas qu’on m’entende crier… non, je chasse ce souvenir macabre aussi sec.

Je n’ai pas de temps ni d’énergie à perdre dans de tels égarements.

« Ben… Marie-Ange... », lui signalé-je d’un ton légèrement exaspéré lorsqu'elle me demande qui peut nous aider.

Elle est là depuis assez longtemps pour connaître les habitants du château - et donc la prêtresse - mais quand on vient de se réveiller en catastrophe, je peux comprendre que l’on ait du mal à raisonner de façon claire.

« Pénélope sinon, mais elle va terriblement s'inquiéter... »

Que ça prenne du temps, ce n’est pas bien grave tant que tout se passe bien. Du temps, en fin de compte, j’en ai plus qu’il n’en faut.

« On ne peut pas se débrouiller seules ? » je lui demande, commençant presque à regretter de ne pas être allée sagement dans ma chambre.  

Il y a quelques semaines encore, c'est ce que j'aurai fait. Mais j'ai promis que maintenant, je ferai ce qu'il faut et que je me montrerai responsable. La douleur semble se réveiller par à coup, amplifiant mon angoisse.

« Je crois… que c’est trop tôt… il ne devait pas arriver avant une ou deux semaines non ? Je suis tombée enceinte en août... »

Si ça se trouve, c’est juste ma panique qui me joue des tours. Après tout, je ne suis pas soigneuse. J’essaie alors de me détendre, de respirer profondément. Et de trouver enfin le courage.

[Tu es lâche Rosen]

Oh non pas elle ! Après les insectes imaginaires et la voix de mon mari me suppliant de ne pas le tuer, il faut maintenant que ce soit celle de cette espèce de... cinglée ! J'en peux plus... Que tout s'arrête par tous les enfers de la création ! Que toute cette torture cesse !

[C'est pour ça que tu ignores ce que je te dis sur ton mari]

Mais qu'elle la ferme ! Qu'elle la ferme pour l'amour du ciel ! Je veux accoucher en paix !

J'attends son ricanant me vriller l'esprit. Je crois que je vais m’assommer contre le mur - ou m'ouvrir le crâne, ce qui serait une bonne chose. J'agrippe mes cheveux dans les mains, je ne sais pas ce que je peux faire de plus à part serrer fort. Si, ignorer et reprendre où j'en étais.

« Tu sais… je suis désolée… »

[C'est ce que je dis, tu es lâche.]


Et voilà que la voix devient autonome et recompose...

Je plaque la paume de mes mains sur ma bouche pour étouffer mes propos et les rendre inintelligibles.

« Faites la taire ! Elle va me rendre folle ! »

Nouveau ricanement.

[Tu es déjà folle petit cul rouge]

Comme si j'avais besoin de ça... c'est merveilleux... maintenant je peux communiquer avec des voix dans ma tête qui n'existent pas. Je suis sûre de ne plus jamais être seule comme ça... j'aurais toujours quelqu'un avec qui parler. Ça peut avoir un côté pratique certain, au moins, je ne risque plus de m'ennuyer.

Je me mets presque à rire faiblement. Tu vas finir sur le bûcher ma pauvre fille si tu continues comme ça ! Il faut que je me ressaisisse vite. Ça devient inquiétant...

« Je n’aurais pas dû t’impliquer dans tout ça et te mettre en danger ! Mais il faut toujours que je fasse n’importe quoi... Je voulais juste qu’elle me croit… »

Je reprends mes esprits, m’assieds un peu, j’hésite même à marcher. J’ai l’impression de ne pas tenir en place. De ne pas arriver à accepter tout ce que j'ai pu faire, de ne pas arriver à accepter que l’échéance soit arrivée Je me sens terriblement agitée. Je dois me concentrer sur l'essentiel et faire taire ces maudites voix une bonne fois pour toute. Je verrai ça plus tard. Pour l'heure, j'ai un travail à accomplir.

Je me sens mal. Pas la douleur qui se réveille lentement à intervalle régulière. Mais cette panique, ces remords multiples qui me rongent et vont finir par me faire perdre la raison.

« Je t’ai évitée ces derniers jours parce que je m’en veux… Je sais que toi non, mais… »  


La douleur poursuit son cours, continue de s'installer toujours de façon plus perceptible. Je ne sais même pas comment finir ma phrase mais toute chose doit avoir une fin.

« J'arrive pas à l'assumer... j'avais pas le droit de te faire prendre ce risque. »

J'imagine de nombreux rapaces se disputant mon enfant comme ces charognards de corbeaux se disputeraient un bout de viande. J'imagine la porte s'ouvrir et qu'on vienne me l'arracher directement à même mes entrailles, sans lui laisser l'occasion de pousser pour se donner la moindre chance de naître. Je l'imagine, mort, gisant contre moi...

Tous ces cadavres que j'ai serrés contre moi pendant des heures, des jours. Je crois qu'il y en a trop eu. Je crois que je ne supporterai pas un de plus.


Rands accouchement


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Edwige RutherfordPrêtresse apprentie
Edwige Rutherford



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MessageSujet: Re: Un héritier pour Sombrebois [Rosen x Edwige]   Un héritier pour Sombrebois [Rosen x Edwige] EmptyVen 21 Jan 2022 - 12:38






Un héritier pour Sombrebois



Le manque de patience est un trait commun à la plupart des personnes sur le point d'accoucher. Bien mal lui en prendrait de s'en offusquer. Il est déjà rassurant de savoir que Marie-Ange et Pénélope sont dans les parages, et que leur aide peut être sollicitée en toute confiance. Et pourtant, comme la prêtresse s'y attendait Rosen préfèrerait éviter de s'en remettre à autrui. Edwige acquiesce avec son habituelle volonté d'apaisement.

- Nous avancerons seules autant que possible dans ce cas, promet-elle, mais il me faudra appeler à l'aide si un incident survient.

Il est primordial de démontrer une attitude calme face à une telle situation, les futures mères pouvant présenter d'importants signes de détresse psychologique durant l'accouchement. La novice a besoin de s'assurer que Rosen sera à son écoute, quoi qu'il arrive. Et d'ailleurs, la voila qui s'inquiète.

- L'enfant est en avance, confirme Edwige en alignant des linges propres sur un plateau. Ce sont des choses qui arrivent. Il nous faudra être attentifs à ses besoins et à sa croissance, mais pour l'heure, nous ne devons pas nous en soucier.

Les certitudes sont minces en la matière, chaque grossesse étant différente, et chaque nourrisson manifestant des besoins uniques. Il faudra aviser une fois la naissance assurée. Pour sa part, la clergesse a terminé les préparatifs, autant sanitaires que religieux. Il ne manque plus qu'à accueillir cette nouvelle âme dans le monde des Trois... ou du moins ce qu'il en reste.

L'expression inhabituelle de la baronne fait toutefois planer l'ombre d'une incertitude. Pourquoi remue-t-elle la tête ainsi ? Alors qu'Edwige s'en inquiète, Rosen lui présente des excuses inattendues, détournant son attention.

- Tu es...? répète la guérisseuse, aussitôt coupée par sa patiente qui plaque une main sur sa bouche pour étouffer les supplications qui s'en échappent. Cette fois, pas de doute possible, Rosen n'est pas entièrement saine d'esprit. Rien de neuf sous le soleil, mais cela ne s'était encore jamais manifesté ainsi de manière aussi évidente. Il faudra se pencher sérieusement là-dessus... un jour. Pour le moment, la santé de l'enfant et de la baronne demeurent prioritaires. Et si parler de leur "incident" permet à Rosen de détourner son attention de la douleur, alors soit.

- Tu sais déjà que je ne t'en veux pas, établit la prêtresse en s'assurant que la blonde n'a pas de fièvre. Personne ne peut alléger notre sentiment de culpabilité. C'est un cheminement que nous devons faire seules... à la manière d'un deuil. Souviens-toi cependant que tu as toi-même pris des risques en m'hébergeant, et que je t'ai moi-même placée dans une confidence répréhensible.

Edwige sourit vers Rosen, encourageante.

- En parcourant les ouvrages de notre bibliothèque, du temps de mon apprentissage, je suis tombée sur d'avisés conseils de vie. "Il ne faut pas présenter des excuses face à une faveur rendue, mais des remerciements."

La jeune femme essore un linge humide au-dessus de la bassine, désormais parfumée d'huiles naturelles.

- Je te remercie d'avoir gardé mon secret, et de ne pas m'avoir jugée.

Il n'est jamais trop tard pour passer à la pratique. Le regard de la novice invite Rosen à faire de même, dans l'intimité de cette chambre.


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MessageSujet: Re: Un héritier pour Sombrebois [Rosen x Edwige]   Un héritier pour Sombrebois [Rosen x Edwige] EmptyVen 21 Jan 2022 - 13:43


Un héritier pour Sombrebois
Rosen feat Edwige


Appeler à l’aide ? Grands Dieux ! Et pourquoi ? Si ça se passe mal, ça se passe mal et tout sera fini. Cette éventualité, ça fait longtemps que je m’y prépare. Que quelqu’un cherche à s’y opposer, en revanche, me laisse presque surprise. Est-ce pourtant si surprenant ?

Quant à l’arrivée en avance du bébé, cela n’a rien de bien étonnant non plus. J’ai passé trop de temps à courir dans tous les sens, alors même que j’avais une grossesse délicate et difficile…

 Je la regarde me parler comme parle tous les prêtres. Cet air ‘je-sais-tout-mieux-que-personne’ que je déteste tant. Elle semble s’inquiéter que je ne sois souffrante, car elle touche même mon front pour s’assurer qu’il ne soit pas brûlant.

« Edwige… Tu en as assez fait pour moi, d’accord ? Si ça doit mal finir… ce n’est pas grave. Tu sauveras mon enfant et ce sera déjà très bien. Je t’ai causé assez d’ennuis comme ça, je ne veux pas en rajouter. Et puis au fond de moi… je sais que ce serait le mieux pour tout le monde. Ce serait vraiment bien si ça pouvait se finir là… »

Si les Dieux décident que ça doit s’arrêter là… ça s’arrêtera là. Pourquoi s’obstiner ? Quand elle arrive à me remercier pour ce que j’ai fait pour elle, je crois que je me dis à cet instant que je ne la comprendrais jamais. Définitivement trop candide… je crois qu’il n’y a rien à faire contre ça.

Protester et lui signaler qu’elle me remercie alors que je l’ai mise en danger ne servira à rien. Je l’ai bien compris à présent. J’ai décidé de faire table rase du passé et que tout irait bien dorénavant, quoi qu’il puisse arriver. Si je veux réussir à changer les choses, il faut que j’agisse différemment.

Mais chaque cas et différent et ce qui peut marcher avec une personne ne marchera pas avec une autre. L’apprentissage est encore long… Dans tous les cas, il faut cesser les oppositions continuelles. Je lui souris comme elle me sourit.

« Tu es gentille toi, hein ? Tu ne vois pas le mal de ce monde. Si tout le monde était comme toi… ça serait vraiment bien, la vie. Tout le monde serait heureux. »

Bon, peut-être que la vie manquerait de piquant, mais… ça serait bien, j’en suis sûre.

« Merci d’être quelqu’un de bien… »

Je ne sais pas trop si la réponse lui convient, mais j’aurais essayé. Le cas échéant, je pourrais essayer encore, et encore, jusqu’à parvenir à lui donner enfin satisfaction. Après tout, c’est ça la vie, dès le début : on tombe, et on se relève, jusqu’à arriver à tenir debout.
 
« Est-ce qu’on pourrait aller dans ma chambre ? Je crois que ça sera plus pratique, et puis ça aidera sans doute le bébé à venir si je marche un peu, non ? »

Il me semble que de bouger pendant le travail favorise la descende du bébé, mais peut-être n’est-ce là que des on dit ?

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Edwige RutherfordPrêtresse apprentie
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MessageSujet: Re: Un héritier pour Sombrebois [Rosen x Edwige]   Un héritier pour Sombrebois [Rosen x Edwige] EmptyDim 30 Jan 2022 - 22:17






Un héritier pour Sombrebois



La jeune clergesse voit une ride d'inquiétude apparaître sur son front. Ce sont bien là les habitudes de Rosen que de chercher à s'auto-détruire, même lorsqu'une solution lui est proposée. Se saborder est, en un sens, plus rassurant que la perspective d'un échec. Au moins, la noble garderait un sentiment de contrôle. Edwige écoutera-t-elle son plaidoyer pour autant ? Ce serait mal la connaître, elle qui distribue les secondes chances sans réellement les compter.

- Les Trois auront le fin mot de cette nuit, répond la brune en soutenant son regard. Pour ma part, je refuse de regarder une amie mourir si je peux y changer quelque chose.

La guérisseuse adopte ce qu'elle espère être une expression volontaire et farouche, mais qui se rapproche d'avantage de celle d'un chiot mécontent. Rosen est déprimée, elle envisage de jeter aux flammes cette vie que des tas d'autres s'épuisent à préserver. Edwige aurait bien des sermons à lui adresser si la situation s'y prêtait d'avantage.

Contre toute attente, la réponse de la baronne est douce, presque sereine. La blonde enrobe sa sage-femme de compliments, aux antipodes de son attitude défaitiste habituelle. La novice cligne des yeux, bouche-bée, ses mouvements de préparation interrompus tandis qu'elle cherche les mots adaptés. Ses joues prennent une légère teinte rose.

- Je... butte-t-elle en passant une main sur sa nuque. Merci. Je fais de mon mieux, et je sais qu'il en va de même pour toi. Le contexte est difficile, mais c'est pour cette raison que la foi s'appelle foi, n'est-ce pas...?

La valeur d'une dévotion se mesure par sa résilience, dit-on. Les fidèles sont éprouvés par les épreuves du monde matériel afin de mettre en pratique leurs convictions religieuses. Ceux qui renoncent aux divins face à l'adversité seront les plus à plaindre une fois leur jugement venu. Malheureusement, c'est un écueil facile dans lequel sombrent bien des âmes.

Rosen et son enfant trouveront la bonne voie, veut se convaincre la clergesse.

La baronne, justement, exprime le souhait de donner naissance ailleurs, à savoir dans sa propre chambre. Prise de court, Edwige hésite avant d'opiner du menton.

- Si tu te sens capable de marcher, alors soit, accède la brune en écartant la bassine pour que Rosen puisse se redresser. Mais tu as déjà perdu les eaux, alors surtout, évitons les mouvements trop intenses. L'enfant n'est plus protégé.

Quel étrange destin que de quitter les eaux maternelles pour goûter à une époque aussi cruelle que celle-ci. Malgré les multiples accouchements à son actif, la jeune prêtresse se sent toujours bluffée par le miracle de la vie. Si elle devait un jour être honorée d'un enfant, Edwige jure qu'elle louerait chaque étape de sa grossesse face aux Trois. Elle serait une mère aimante, attentive et sage. Pour l'heure cependant, c'est son amie qui reçoit ce présent, et c'est son rôle que de l'amener à terme.

Lentement mais surement, la guérisseuse mène Rosen hors du lit, puis marche à ses côtés pour la guider vers le couloir. Telle une escorte chevalière, la novice ouvre les portes sur son chemin et dégage tout obstacle. Qu'importe qu'elle soit vue en tenue de nuit, l'urgence ne lui laisse pas le loisir de s'habiller pour le moment. Une fois sa patiente sécurisée et confortable, elle envisagera d'enfiler une tenue plus décente.

- Un pas à la fois, d'accord ? susurre la petite brune. Préviens-moi si un vertige te gagne.

Il serait dommage que le futur baron soit accueilli par le carrelage...


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MessageSujet: Re: Un héritier pour Sombrebois [Rosen x Edwige]   Un héritier pour Sombrebois [Rosen x Edwige] EmptyLun 31 Jan 2022 - 19:45


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Rosen feat Edwige


Quand Edwige a déclaré en me dévisageant que les Trois auront le dernier mot cette nuit, j’ai dégluti difficilement. Il faut dire que ce n’est pas la chose la plus rassurante qu’elle pouvait me dire, et sa façon de me fixer n’était pas pour aider.

Mais j’ai ri bien vite lorsque son air déterminé s’est amplifié. Non, la sévérité ne lui sied vraiment pas. Évidemment qu’elle ne veut pas me laisser mourir. Puis mon rire s’est éteint doucement.

« Alors je suis mal barrée, hein…  » 

J’aurais pu rajouter qu’elle devrait mieux ne pas s’interposer aux souhaits des Dieux ; mais je me suis promis d’arrêter d’être en totale opposition permanente.

Après avoir buté un cerf et fait des sacrifices pour Etiol malgré moi, et vu comme je ne cesse de tomber toujours plus bas sous l’acharnement divin, je ne me fais que peu d’illusions.

Je suis condamnée à sombrer, à tout perdre. C’est normal, au fond, avec tout les crimes que j’ai pu commettre. Mais je lutterai jusqu’au bout. Quoi qu’il arrive, maintenant, tout ira bien. Je le sais.

Edwige m’a ensuite regardé abasourdie quand je l’ai remerciée à mon tour. C’est drôle, Alaric a réagi exactement de la même manière il y a quelques jours. Je souris.

C’est pas grand-chose, mais quelque part, c’est comme une minuscule victoire. N’est-ce pas là le signe que je suis sur la bonne voie ? Petit à petit, je m’ajuste, m’adapte, cherche, essaie et trouve. Mais cela sera-t-il suffisant ?

Aurai-je le temps de parvenir à tout reprendre en main avant qu’il ne soit trop tard ? Je note qu’Edwige n’est toujours pas capable d’arrêter de me remercier, d’ailleurs. Mais je ne le relève pas et c’est en me levant pour redescendre jusqu’à ma chambre puisque elle est d’accord, à ses côtés, que je réponds après avoir hoché de la tête. Faire de mon mieux... c'est bien ce que j'essaie de faire, mais ce n'est pas suffisant.

« J'essaie de faire de mon mieux, même si parfois je n'y crois plus. Ils ne peuvent pas comprendre pourquoi j’ai fait ça. Si je suis partie comme ça… c’est parce que je ne savais pas comment expliquer tout ça. J’allais dire quoi à Roxanne ? Qu’une cinglée qui nous a tendu une embuscade cette automne à Hector et moi est venue me dire où était son corps ? Si j’avais dû lui en parler… j’aurais dû tout lui dire directement. Je n’ai pas réfléchi… je n’ai pas pensé qu’elle me suivrait. Cette embuscade qu’on lui a tendue, je n’y suis pour rien. Tu me crois toi au moins… Mais les autres, ils sont tous persuadés du contraire. » 

Évidemment qu’Edwige me croit. Edwige croirait la pire des crapules. Mais je reste réellement innocente dans tous les cas.

« J’ai dû tout lui faire savoir pareil en fin de compte. Et maintenant elle m’a abandonnée elle aussi… comme Hector. »


Je prends une courte inspiration oppressante avant de sourire à nouveau.

« Je ne sais pas si ça changera quelque chose, mais je te jure que je ne ferai plus n'importe quoi maintenant. Je m'occuperai de mon fils et je continuerai de rester dans mon coin pour me faire oublier. » 


Dans le couloir, je lui fais signe de se taire jusqu’à ma chambre où je m’allonge sur mon lit.

« Je n’ai même pas encore trouvé de prénoms... », lui confié-je tristement.

Mon ventre me fait de plus en plus mal maintenant. J’essaie de me détendre, mais au fond de moi l’agitation et l’angoisse sont trop fortes. Vais-je survivre ? Et mon enfant, va-t-il survivre ? J’aimerais que Roxanne soit encore là. Mais si elle était là, sûrement qu’elle…

[J’arracherais ton enfant sans te laisser le tenir dans tes bras]

« Edwige ? Pourquoi est-ce que... »

[Sans te laisser lui dire que sa mère l’aime]

« Pourquoi j’ai des… »  

[Jusqu’à ce que tu brises ou qu’on jette ce qu’il reste de toi]


Assez !

Je prends le coussin contre moi et enfouie mon visage dedans. La tunique de Hector l’enveloppe en guise de taie d’oreiller, même si j’ai bien demandé à ce que personne n’y touche, qu’elle ne soit jamais nettoyée, a pratiquement perdu son odeur.  S’il était encore là…

[Hector est parti et il ne reviendra pas]

[Il est parti]

[Il est parti et il ne reviendra pas]


J’essaie de me détendre, mais j’ai l’impression que la douleur devient insoutenable. Ignorer. Je dois ignorer toutes ces voix qui ressassent dans ma tête toutes les horreurs qu’on m’a dite avant qu’elles ne me rendent complètement folle.

« J’arrive pas à me sortir de la tête tout ces mots… tous ces mots qu’on m’a dit… ça tourne en boucle dans ma tête et j’arrive pas à les faire taire. Ça va me rendre folle si ça ne s’arrête pas. »

De toute façon, pour la majorité des gens, je suis déjà complètement folle. Mais ce n’est vraiment pas le moment pour s’attarder sur la question.

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Edwige RutherfordPrêtresse apprentie
Edwige Rutherford



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MessageSujet: Re: Un héritier pour Sombrebois [Rosen x Edwige]   Un héritier pour Sombrebois [Rosen x Edwige] EmptyMar 8 Fév 2022 - 0:00






Un héritier pour Sombrebois



Rosen n'est pas aussi détachée de la situation qu'elle voudrait le laisser paraître. Cette naissance lui fait peur, c'est un rocher de plus sur la montage d'obstacles qui parsème son chemin. Edwige sait reconnaître la détresse dans les yeux de ses patients, et la sienne est toute naturelle. Outre ses chances de survie, c'est la question l'immortalité de son âme qui est en jeu. Il semble que, vivante ou morte, la baronne ait des comptes à rendre.

- Tu sais déjà que je place ma foi en mes proches aussi facilement qu'en les Trois, sourit la prêtresse en allumant quelques bougies. Je crois en ta version, et je crois en ta volonté de faire la paix avec la Trinité. Si tes vœux sont toujours vifs une fois ton enfant venu au monde, je me ferai une joie de t'y aider. Mais le prénom passe avant tout !

Il est préférable de chasser les inquiétudes avant que la blonde ne se focalise dessus. Pour son bien et celui du nourrisson, il lui faut avoir l'esprit clair. Mais que faire alors face à ce mal invisible que la clergesse soupçonne, et que Rosen confirme par ses propos erratiques ? Il serait naïf d'improviser une séance de thérapie dans un moment aussi critique, le sujet devra attendre, quitte à tenir le problème hors du chemin au moyen de rustines.

- ... Rosen, nous devrons en discuter lorsque tu seras en convalescence, informe la jeune sage-femme en s'armant de linges et d'eau claire. Pour le moment, je te propose de te concentrer sur ma voix plutôt que sur ce qui te passe par la tête. Peux-tu faire cela pour moi ?

Si Edwige fait l'effort de mesurer ses mots et sa voix, son cœur n'en tambourine pas moins dans sa poitrine. Le Temple insiste pour que ses prêtresses se montrent adultes et sages en toutes circonstances, quand bien même elles auraient à peine vingt ans, quand bien même elles seraient terrifiées. Depuis le temps, la maîtresse des lieux doit savoir lire à travers ce masque, mais la novice insiste pour le maintenir. Peut-être qu'en un sens, cela rassure aussi la porteuse.

- Penses à ce que tu souhaite transmettre à cet enfant lorsqu'il sera en âge, l'invite-t-elle. Songes aux valeurs que tu lui enseigneras, et aux activités que vous ferez ensemble. Et qui sait, peut-être cet enfant aura-t-il la chance de grandir dans un monde libéré de la Fange. Où l'emmèneras-tu alors ?

Ce sont des hypothèses, naturellement, qui n'engagent en rien la mère mais lui permettront de se fixer sur un "après". Beaucoup de femmes enceintes s'inquiètent des douleurs et des peines de la maternité, mais il suffit d'orienter leur imagination vers des scènes positives pour que tout paraisse plus supportable. Si la baronne accepte de s'y prêter, tout devrait se passer en douceur.


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MessageSujet: Re: Un héritier pour Sombrebois [Rosen x Edwige]   Un héritier pour Sombrebois [Rosen x Edwige] EmptyMer 9 Fév 2022 - 0:13


Un héritier pour Sombrebois
Rosen feat Edwige


Le prénom…

Oui, le prénom. Comment diable vais-je appeler ce petit bonhomme ? Voilà une bonne question… oui, c’est un petit bonhomme. Je le sais… même l’autre espèce de cinglée d’Étiol a opté pour un garçon.

[Tu es lâche Rosen]

Ah ben oui, forcément… d’accord.

Et toi tu n’existes pas ! Tu sais, ça ? T’existes pas, t’es rien qu’ une voix dans ma tête.

[Tu es lâche pareil]

Je retiens un gloussement. C’est presque amusant… étrange aussi. Je regarde Edwige, riant presque, mais quand je vois l’inquiétude dans son regard mon sourire retombe. D’un hochement de tête, j’accepte ce qu’elle me demande, à savoir de me focaliser sur sa voix à elle.

« Je vais essayer... »


[Tu n’y arriveras pas]

On parie ?

[Non tu n’y arriveras pas]

Tu vas voir si je ne vais pas y arriver !

Je regarde Edwige, je me rends compte que je n’ai pas entendu la moitié de ce qu’elle m’a dit.

Et merde !

[Ricanements]

Ça devient d’un ridicule…

« Je… » 

Putain… que m’a-t-elle dit, déjà ? Où j’emmènerais mon enfant ?

« Je crois... »


[Pourquoi pas rejoindre son père?]

Sûrement pas !

Je grimace. Je crois que ça va être moins facile que je ne le pensais…

[Au moins, personne ne te l’arracherais]

Bordel… je vais pas m’en sortir. Je ne sais pas si je deviens vraiment folle. Si c’est de la sorcellerie ou autre chose. Seule Marie-Ange pourrait m’éclairer pour ça…
Mais plus je bataille pour lutter contre ces voix, plus elles sont présentes.

« J’en sais rien... j’arrive pas à réfléchir… tu veux bien me raconter une histoire ? N’importe quoi, pour que je t’écoute. Je vais essayer de suivre… »

La nuit poursuit son cours ainsi un long moment. Un long moment au bout duquel malheureusement nous en arrivons à la conclusion que cet enfant n’arrivera pas à naître. Mais est-ce vraiment si étonnant ? Cela ne me surprend même pas. Je le savais… je le savais aussi bien que je sais que ce sera un fils.

J’ai envie de lui demander de me laisser mourir, mais je sais bien qu’elle ne le fera pas.

« Va chercher Marie-Ange et retourne te coucher… d’accord ? Elle s’occupera de tout. »

J’aurais sans doute plus de chances d’arriver à convaincre la sorcière de me laisser mourir, mais au pire, si c’est elle qui doit m’ouvrir, au moins, Edwige sera hors de cause.

« S’il te plaît… laisse la faire. »

C’est tout ce que je peux faire pour l’éloigner de ce nouveau problème… mais encore faut-il qu’elle accepte.

« Peut-être Desmond aussi... s’il faut me tenir pour ne pas que je bouge… »

Ma voix tremble. Que vais-je devenir ? Vais-je mourir ?

« Je suis désolée Edwige... Je suis désolée... »

Je sens un poids énorme rétracter mon gosier.

« Je suis désolée pour tout. »


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MessageSujet: Re: Un héritier pour Sombrebois [Rosen x Edwige]   Un héritier pour Sombrebois [Rosen x Edwige] EmptyMer 2 Mar 2022 - 8:30






Un héritier pour Sombrebois



Rosen est ailleurs. Ça ne peut pas être bon signe. Edwige a beau essayer de maintenir son attention par le biais de la conversation, elle parle dans le vide. Les choses sont déjà bien assez effrayantes ainsi, songe-t-elle. Dans un accès de fatigue, de rage et de confusion, la baronne la supplie de lui raconter une histoire. N’importe quoi pour faire taire ses chimères intérieures. Laissée avec bien peu d’options, la guérisseuse accepte.

- Je... Bien, mais je ne suis pas la meilleure conteuse, réagit Edwige en creusant sa mémoire. Je me rappelle tout au plus des légendes des Trois et de quelques comptines de mon enfance…

Offrant sa meilleure prestation au vu des circonstances, la prêtresse s’épuise en récits mythiques mettant en scène la Trinité et les fondements de leur culte. Lorsque ses souvenirs en la matière tarissent, elle se met à chercher l’inspiration du côté des histoires que lui racontaient sa mère. Les heures passent, et si la mère en labeur semble retrouver un certain équilibre mental, ses douleurs s’amplifient de façon inquiétante. Son travail devrait avoir commencé, mais quelque chose entrave la venue au monde de l’enfant.

En bonne sage-femme, Edwige se penche sur Rosen pour l’examiner, faisant de son mieux pour préserver sa pudeur. La situation est anormale. Le bassin de sa patiente, bien qu’ample en apparence, se resserre au niveau du col. Un bébé ne saurait y passer sans danger pour lui comme pour sa génitrice. Le regard des deux femmes se croise, et une étincelle de compréhension mutuelle s’exprime en silence. La noble comprend.

Le destin s’acharnerait-il ? La clergesse se remémore les situations similaires rencontrées au coeur du Temple. Elle se rappelle ces femmes en souffrance que les soigneurs abandonnent à la faveur des Trois, se livrant à la prière faute de ne pouvoir ouvrir leurs chairs sans commettre de sacrilège. Pour une âme charitable comme celle d’Edwige, un tel traitement est peu compréhensible, mais elle n’aurait jamais trouvé le courage de s’opposer à la tradition. Jusqu’à récemment.

- Je ne vais pas t’abandonner, proteste la brune à la requête de sa patiente. Il y a des solutions, quoi qu’en dise le Temple, et je ne vais pas me défiler. Je vais chercher de l’aide.

La novice serait-elle sur le chemin de l’égarement ? Possible. Les grandes instances du clergé l’affirmeraient sans hésiter. Comment décrire autrement les passions d’une femme lorsque celles-ci la détournent des fondements de sa foi ? Il faudra peut-être le payer un jour, au moins devant le tribunal des hommes, sinon celui des Trois.

De retour avec Marie-Ange à sa suite, Edwige ne perd pas de temps pour se retrousser les manches. Les deux guérisseuses échangent des théories et des diagnostiques, approchant le défi à venir sous tous les angles. La plus jeune vient finalement tenir la main de son hôte pour la rassurer de quelques mots.

- Vous allez devoir avaler quelques décoctions, murmure-t-elle avec une pointe d’appréhension. Cela devrait atténuer la douleur. Mais pour votre sécurité et celle de votre enfant, je vais devoir attacher vos poignets… Me laisserez-vous faire ?

La requête est saugrenue mais nécessaire, les muscles du chevalier Desmond étant introuvables cette nuit-ci. Avec son accord, Edwige lie les avant-bras de la noble femme à la descente de lit à l’aide de bandes de cuir. La fatigue fait naître en elle quelques idées moralement répréhensibles que la prêtresse s’empresse de chasser. Ce n’est pas le moment de repenser à ses rêves les plus honteux.

Marie-Ange se révèle d’une aide précieuse, mettant à disposition ses stocks d’herbes médicinales et ses talents de préparation. Le remède permet d’inhiber les nerfs de la baronne et de calmer ses contractions inutiles. Après un bref signal, Edwige dégrafe la tunique de Rosen, puis lave son ventre rond à l’aide d’une éponge imbibée d’alcool. Elle pose la pointe du scalpel sur sa peau, visualisant l’incision tandis qu’elle maîtrise sa respiration. C’est le moment de vérité. Le moment de rompre une fois de plus avec les enseignements de ses pairs.



La nuit est un enchainement de scènes floues. Il y a du sang. Il y a des sutures. Il y a des moments de panique et des gestes de réanimation. Lorsque le jour point enfin à travers les meurtrières, des pleurs d’enfant l’accompagnent. Assise dos au mur, la jeune guérisseuse reprend ses esprits, sa tenue de nuit définitivement ruinée de tâches.

Sombrebois a un héritier. Il repose sagement sur la poitrine de sa mère, épuisée elle aussi de cette naissance interminable.

- Nous l’avons fait, s’étonne la brune, secouée d’un rire d’épuisement. Vous l’avez fait…!

Deux vies ont été sauvées, et dehors, le monde ne s’est pas arrêté de tourner.

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MessageSujet: Re: Un héritier pour Sombrebois [Rosen x Edwige]   Un héritier pour Sombrebois [Rosen x Edwige] EmptyDim 6 Mar 2022 - 19:39


Un héritier pour Sombrebois
Rosen feat Edwige


Tout est flou. Je me sens pris dans un tourbillon incompréhensible et, si je n’avais pas juste assez de lucidité pour comprendre que je déraille, je crois que je pourrais dire que je perds complètement l’esprit. Mais je le sais bien, que ce brouhaha dans ma tête n’est pas réel. Edwige pars en trombe pour chercher de l’aide ;

moi, je lutte tant bien que mal même si décidément il ne semble pas décider à sortir. Bordel ! Mais pourquoi qu’il ne veut pas sortir ? On est pas bien là, dehors, avec les fangeux d’un côté, une escorte qui aimerait ma mort de l'autre, la couronne qui va me tomber dessus et le cloaque au milieu ? Bordel ! Nom d’un chien ! On est très bien dehors ! Sors de là !

Non, je dois me rendre à l’évidence ; il ne sortira pas. La situation ne s’arrangera pas. Au mieux, je vais crever cette nuit, demain peut-être. Au pire, je ne préfère pas y penser. S'il ne veut pas sortir, c'est qu'il y a sans doute une raison... Avec un peu de chance, tout pourrait enfin s’arrêter et nous pourrions être réunis tous les trois en haut. Non. A la rigueur, moi, je vais sombrer en bas. Mais je crois que ça sera toujours mieux que de rester là à devoir continuellement endurer tout ça.

Edwige revient accompagnée de Marie-Ange et les deux s’affairent autour de moi. Je comprends vite qu’il n’y aura vraiment pas d’autres solutions. La panique m’étreint au fur et à mesure que les secondes passent et Edwige me demande de boire un breuvage. Moi, je me sens pas loin de me sentir mourir. Edwige veut m’attacher. Grands Dieux, non ! J’en ai assez… Je ne veux pas ! Je ne veux pas !

Mais je n’ai pas le choix. Je tremble de tous mes membres et la douleur est fulgurante.

« Je ne veux pas revivre ça... », m’étranglé-je désespérément.

Que je le veuille ou non, il n’y a pas le choix. Pourquoi cet acharnement ? Je fais pourtant de mon mieux pour être quelqu’un de meilleur, pour racheter tous mes crimes et faire mon maximum pour que le bourg aille bien. Mais ça ne sera jamais suffisant, je crois qu’il n’y a rien à faire. Est-ce que cette fois, j’aurais enfin payé ma dette ? Non, je n’y crois plus. Je crois que ça sera comme ça jusqu’à la fin. Que je ne l'aurais remboursée.

Je me résigne et avale à grandes lampées le liquide en me demandant si ça changera réellement quelque chose. Les breuvages de la sorceresse sont généralement efficaces pour le peu que j’en ai testé, mais on parle quand même d’une opération lourde, là. J’essaie de respirer et de me détendre.

Au fond, malgré cette angoisse vis à vis de la mort, je crois que je l’aimerais. Mais quoi que l’on fasse dans la vie, on se retrouve toujours confronté à son passé et on récolte toujours ce que l’on a semé. Quelle triste ironie que d'être passé de l'autre côté du miroir.

Je panique encore un peu, essaie de prendre la main d’Edwige sans comprendre pourquoi je n’y arrive pas. C’est à ce moment-là que je comprends que l’effet de la boisson est en train de faire effet. Finalement, je me rends compte que sa main tient la mienne.

« Edwige… tu lui diras que je suis désolée, d’accord ? Que j’ai jamais voulu tout ça… que j’aurais jamais fait ça... j’ai jamais fait... ça… »

Je sombre. Je dois être en train de mourir, c’est sûr. Je ne suis même plus capable de bouger… Je ne sais pas ce qu’il m’attend à présent, mais les dernières pensées conscientes s’éteignent.

Je ne la reverrai plus jamais alors qu'elle devrait être là. C’est tellement… tellement… ma gorge et mon cœur se serrent.


***


Je suis gelée jusqu’aux os et je tremble comme une feuille. Le moindre mouvement est un supplice et la douleur est écrasante et me fait geindre constamment. Je me souviens de la fulgurante douleur qui m'a tiré de ma torpeur dans un hurlement et elle s'est révélée tellement insupportable que ma respiration s'est coupée.

L’odeur du sang, de la mort. La mort est venue. Mais elle est repartie. Elle en a fait de même plusieurs fois, jouant comme un chat avec un rat. A présent, je suis étendue, détachée, gisant dans ce grand lit froid.

De temps à autre, je sens une présence près de moi sans jamais être capable de l’identifier. Il me semble percevoir la voix de Pénélope ou d’Edwige des fois, ou le silence habituel de Marie-Ange. D’autres fois, il me semble percevoir celle d’Alaric. Mais je ne saurais dire si c’est réel ou non.

Je ne suis plus vraiment là. C’est comme si j’étais ici et ailleurs à la fois, comme si j’étais dans un songe et réveillée en même temps. Comme si mon corps était là à lutter pour sa survie alors que mon âme lutte ailleurs pour y revenir.

Le contact glacial sur mon front ou d’autres parties de mon corps me font frémir et grelotter de manière incontrôlables. J’essaie de le retirer, mais aussi froid et désagréable que je puisse le ressentir, on me l’impose toujours de façon régulière sans que je ne puisse comprendre pourquoi.

J’ai froid. J’ai si froid… Et je peux à peine bouger, étendue sur le dos. Le moindre geste me lacère les entrailles. Par moment, c’est des pleurs aigus et stridulent qui me sortent de mon agonie. A ce moment là, j’essaie de me pencher faiblement sur le côté afin de donner le sein à mon fils qui est contre moi, endurant tant bien que mal le supplice du mouvement. Son contact est affreusement glacial mais malgré tout, je le garde le plus près possible, contre moi, pour le réchauffer.

Un moment, alors que j’entends des voix autour de moi, j’ouvre les yeux alors qu’on s’apprête à me faire boire du bouillon. Du peu que j’arrive à distinguer, je me rends compte que Marie-Ange fixe l’angle de la pièce ou se trouve une chaise, et pour une raison inconnue, je tourne la tête pour regarder aussi.

Je ne saurais dire pourquoi cette sensation, cette impression qu'il y a quelque chose. Mais je reste alors figée dans une exclamation fébrile en voyant ce que je vois. Je regarde la prêtresse et je peux voir à son regard qu’elle sait ce que j’ai vu. Que c’est ce qu’elle a vu.

« Hector... Hector ! »


Non je ne suis pas folle. Je sais ce que je vois. Il est assis là, à veiller sur moi soucieusement. Aussi noble et fier qu'il l'a toujours été, accoudé au fauteuil. J’essaie de me redresser dans un éclair de douleur mais on me maintient allongée.

« Il est là… il est juste là ! Lâchez-moi... Dites que vous le voyez aussi, Marie-Ange ! S'il vous plaît ! Dites-le... », je supplie désespérément la prêtresse, ma voix montant dans les aigus de la détresse.

Mais rien, pas un mot de sa part. J’entends parler de forte fièvre et d’épuisement, que je dois me reposer que ça va aller. Que je dois continuer de m’accrocher. J’entends même une femme pleurer. C’est bien Pénélope... Je n’ai pas la force de lutter, ma vision se voile déjà.

Hector… dites… dis lui que c’est pas moi…


***

28 avril 1167


J’ouvre les yeux émergeant d’un épais brouillard. Je me sens épuisée et j’ai un mal de chien, mais je crois que le plus dur est passé et que la fièvre est tombée. J’ai l’impression d’avoir dormi un siècle et de sortir d’un horrible cauchemar, mais je serais bien incapable de dire le temps que tout cela a durer.

Je me redresse prudemment et regarde alors à côté de moi le petit bout d’homme qui dort tranquillement et je souris.

« C’est mon fils… ? », je demande à Edwige.

Il est si petit…

« Merci d'avoir été là... », je la remercie.

Et c'est finalement après une hésitation que je lui demande peinée :

« Et maintenant, tu vas faire quoi ? J'imagine que tu as prévu de repartir pour la capitale bientôt... mais si jamais tu voulais rester vivre ici... sache que rien ne me ferait plus plaisir. »

Je peux toujours espérer, espérer qu’elle aussi ne m'abandonne pas à son tour et de parvenir à garder quelqu'un qui m'est cher près de moi.


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MessageSujet: Re: Un héritier pour Sombrebois [Rosen x Edwige]   Un héritier pour Sombrebois [Rosen x Edwige] EmptyMar 8 Mar 2022 - 0:16






Un héritier pour Sombrebois



Le rétablissement de la baronne aura été long et laborieux. Alitée depuis son accouchement, celle-ci est harcelée par la fièvre et les cauchemars qu'elle apporte. Connaissant l'état de stress permanent dans lequel elle macère, cela n'a rien d'une surprise. Qu'importe ! Aux yeux de la jeune prêtresse qui éponge son front, cette naissance est un miracle, et rien ne saurait l'en dissuader. Les Divins ont guidé sa main lors de cette opération interdite, et deux vies ont pu être sauvées par leur grâce. Deux vies qui à présent se cramponnent l'une à l'autre pour se tenir chaud.

Edwige aura fait de son mieux pour préserver son hôte de la fraîcheur nocturne. Elle aura fait monter pour elle une brique chauffée dans les braises aussitôt que la précédente refroidissait. Penelope, Marie-Ange, tout le monde se sera donné au maximum. Raison pour laquelle les premiers mots sensés de la convalescente sont si porteurs de soulagement.

- Rosen...! s'exclame la guérisseuse, avec tout l'éclat que son humilité le permet. Comme il est bon de t'entendre. J'ai tant prié pour- euh, o-oui, oui, c'est ton fils... votre fils. Votre magnifique fils.

L'enfant potelé sommeille sur le flanc de sa mère, inconscient des grandes incertitudes du monde qui l'entoure. Peut-être prendra-t-il les allures de son père, plus tard. Le regard d'Edwige est infiniment doux à son endroit. Il y a chez la clergesse une tendresse maternelle qui ne demande qu'à s'exprimer.

- Tu n'as pas besoin de me remercier, sourit-elle en direction de Rosen. J'aurais été bien embêtée sans Marie-Ange. Rends plutôt grâce aux Trois de t'avoir honorée de cet enfant. Sais-tu qu'il possède tes yeux...?

La jolie brune semble en adoration face à ce petit être fragile qu'elle a participé à mettre au monde. Ce n'est pas la première naissance à laquelle elle prend part, mais cela n'avait encore jamais été aussi personnel. Edwige se surprend à songer à l'avenir du garçonnet, à ses questionnements, à ses doutes... La responsabilité d'une telle chose lui donne le vertige. Ce sera à la baronne de méditer là-dessus.

C'est cependant sur son propre futur que Rosen l'interroge, motivant chez la novice un temps de réflexion. Cela fait quelques mois déjà qu'elle écoule ses jours loin de la capitale, sous le toit de cette famille qui pourtant ne lui doit rien. Edwige ne doute pas que sa protectrice la laisserait vivre à ses côtés éternellement si elle le lui demandait, mais serait-ce vraiment la meilleure chose à faire ?

- Je... entame l'initiée, les paupières basses. J'y ai réfléchi longuement. Chaque jour, à vrai dire, et surtout chaque nuit. Malgré tout, je ne suis pas parvenue à prendre une décision.

Une fois le visage de la nouvelle mère épongé, son attention se porte intégralement à la conversation. Son regard ne parvient pas à trouver le sien.

- Tu as été plus que généreuse envers ma personne, reprend-elle. Ta maisonnée m'a acceptée sans me juger, ni exiger d'explication. Je n'avais plus connu cela depuis...

La brune déglutit douloureusement, faisant son possible pour camoufler les larmes qui font briller l'azur de ses yeux. Les questions de famille semblent être une corde sensible chez cette jeune prêtresse, retirée dès l'enfance à la chaleur de son foyer pour rejoindre les serres froides de la religion.

- ... depuis bien longtemps. Je me sens coupable d'être ici, j'ai le sentiment de fuir mes responsabilités, de te faire porter la charge d'un problème qui est le mien. Et en même temps... j'y suis bien. J'y suis libre de penser, libre de te parler sans crainte, d'être telle que je suis. Je n'ai plus à avoir honte.

Vaincue, Edwige dissimule son visage dans son coude avec un reniflement. Le simple fait de ne plus avoir à pleurer en cachette est un sentiment libérateur. Ce sont des années de privation qui s'expriment à chaque larme.

- J'ai vraiment, vraiment envie d'accepter, souffle-t-elle lorsque sa voix lui revient. Je ne veux plus vivre au Temple. Il me faudra un jour faire face à l'institution, et les Trois m'en soient témoin, je ne me défilerai pas. Mais tant que ce monde m'oublie... je souhaite rester.


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MessageSujet: Re: Un héritier pour Sombrebois [Rosen x Edwige]   Un héritier pour Sombrebois [Rosen x Edwige] EmptyMer 9 Mar 2022 - 2:44


Un héritier pour Sombrebois
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Rands sur le bébé



Mon fils…

Une sensation chaleureuse que je connais bien à présent me parcourt, même si elle n'est pas arrivée souvent.

« Alors c’est toi le petit monstre qui me labourait vigoureusement les entrailles ! »

Un sourire fatigué s’étire sur mes lèvres. Mon fils… mon magnifique fils, oui. Je l’observe attentivement et passe délicatement ma main sur sa petite tête blonde.

De jolies mèches ornent déjà son petit crâne et de ce que j’en comprends, il doit avoir les yeux verts tout comme moi. Pour l’heure, je ne peux vérifier ce détail ; il dort paisiblement et si Edwige trouve qu’il a mes yeux, moi je trouve qu’il ressemble presque trait pour trait à Hector.

Mon fils. Je n’ai jamais douté une seule seconde que ce serait un fils. Et alors que je le regarde dormir, je réalise toute la puissance du lien qui nous unis depuis ces longs mois.

Tu vois, mon bel amour ? Je t'avais dit que je te donnerai un fils.

Je peux aisément imaginer mon époux me sourire en retour. Je peux même le voir clairement à mon esprit.

[Je m'en souviens]

Je tourne un instant la tête vers le coin opposé de la pièce, vers le fauteuil, avec une incompréhensible intuition ; quelque chose a attiré mon regard, mais je ne saurais dire quoi.

Il n'y a rien sur ce fauteuil. La fatigue sans doute... Je reprends alors ma contemplation maternelle. Je suis en admiration devant ce petit être que je couve depuis si longtemps. Ce petit être si fragile qui a vécu déjà tant de choses avant de n’avoir seulement pu découvrir la lumière du jour. Avec lui, j’ai tout partagé ;

Mes angoisses les plus profondes, le bonheur près de son père qu’il ne connaîtra jamais ; mon mariage, le danger et la mort ; mais aujourd’hui, c’est la vie que nous partageons.

Je saisis doucement sa petite main qui doit faire la taille de mon auriculaire. Oui, c’est un fils, et aussi sûr que je savais que ce serait un fils, je sais qu’il sera aussi brave et fort que son père.

Edwige est soulagée de me voir aller mieux et, alors qu’elle passe le plus clair de son temps à me remercier pour tout et n’importe quoi, c’est elle à présent qui me demande de ne pas la remercier. Je trouve que c’est drôle, cet inversement de situation ou de rôle.

Je me contente de lui sourire, apaisée par la fin de cette horrible agonie et par la mise au monde de mon enfant enfin effectuée. Quant à ma question pour savoir si elle souhaitait rester près de moi à Sombrebois ou repartir au temple de Marbrume, elle me confie y avoir longuement réfléchi sans être encore parvenue à se décider.

Toutefois, c’est la première option qui lui tient réellement à cœur.

« Alors reste… je lui murmure. Tu n’as pas à avoir honte d’être ici. Il n’y a aucun mal à cela et puis je suis sûre que tu peux t’impliquer ici. Il y a du monde à présent et Gudrun ne sera pas contre un peu d’aide si tu veux officier dans le bourg avec elle. Il y a bien assez de place pour deux ou trois. »

Je regarde à nouveau mon enfant dont j'ai du mal à décrocher le regard, attendrie, et je ne peux réprimer un nouveau sourire.

« Il sera aussi beau et fort que son père... »


Pour un peu, je crois que la maternité me rend complètement gâteuse. Mais ce n’est pas grave… ce n’est pas un mal, si ?

« Ce sera le plus grand des hommes ! je m’exclame dans un faible rire qui me fait grimacer de douleur. Hein, Athanase… ? Tu seras le plus grand des grands parmi les plus grands ! »

Dans ma vie, j’ai connu bien des tourments. Bien souvent, je me suis demandé à quoi bon la vie. Aujourd’hui, je sais que la vie valait la peine d’être vécue, juste pour ce moment-là.

J’ai connu le bonheur avec Hector, mais je n’ai pas su en profiter. Je me suis perdue sur ce chemin tortueux de misères et de tourments. Je ne me laisserais plus avoir désormais.

Plus jamais. A présent, je vais profiter pleinement de ce bonheur tant qu’il durera et ne laisserai rien le gâcher. Et je me battrai encore et encore tant qu’il le faudra pour le préserver.

Jusqu’au bout. Tout se retrouve un jour ou l’autre, et avec tout ce que j’ai fait tout au long de ma vie, j’ai peu d’espoir de pouvoir le garder longtemps près de moi.

Les Dieux sont réellement déterminés à me faire payer jusqu’au bout… mais je les prie et les prierai encore chaque jour afin qu’ils m’épargnent dorénavant et acceptent d’estimer que j’ai payé ma dette et que je puisse enfin gagner l’absolution.

Je réalise à quel point le monde est dangereux et à quel point ce petit bout aura besoin de protection. Je serai là pour veiller sur lui. Toujours, d’une façon ou d’une autre.

« Et puis tu sais… Tu n’es pas juste venue te réfugier ici, lui dis-je en levant les yeux vers elle. Tu es aussi venue me soutenir tout autant que je t’ai soutenue. N’aies pas l’impression d’avoir lâchement fui… Tu m’as apporté ton aide et j’en avais besoin. Alors si en plus tu ne veux pas retourner là-bas, reste. Tu as ta place. »

Puis mon regard se fait plus grave en retombant quelques secondes sur mon bébé. 

« Mais j’ai eu du mal à gérer les derniers événements… et… je m’en voudrais de t’avoir impliquée dans cette histoire si jamais il t’arrivait quelque chose par ma faute. Et puis, tu m’as ouvert... Alors peut-être devrais-tu aller te cacher ailleurs quelques temps… pour voir si les choses se tassent bien avant de pouvoir revenir. Pourquoi pas au Labret ? Desmond connaît une ferme où il fait vraiment bon vivre, les fermières sont réellement adorables. »

Je me souviens encore du calvaire que j’ai fait vivre à tout le monde avec ma terreur à chaque fois que je voyais une mouche voler dans la pièce. Pour un peu, je sourirais presque à ce souvenir s’il n’était pas si douloureux.

« Et si la page est bien tournée pour tout le monde… dans quelques mois, une fois que nous en serons bien sûres, tu reviendras. D'accord ? », lui demandé-je en lui tendant la main.

Je sais déjà qu’elle me dira non. Qu’elle se refusera de m’abandonner devant les ennuis, mais j'espère le contraire. Je ne pourrais rien y faire si c’est le cas, et s’il lui arrive quelque chose, je devrais encore rajouter ce drame sur la liste de tous ceux que j’ai provoqués et que je dois assumer.

Mais j’ai changé… j’ai bien changé, n’est-ce pas ?

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Edwige RutherfordPrêtresse apprentie
Edwige Rutherford



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MessageSujet: Re: Un héritier pour Sombrebois [Rosen x Edwige]   Un héritier pour Sombrebois [Rosen x Edwige] EmptyVen 3 Juin 2022 - 18:58






Un héritier pour Sombrebois


◈ 24 Avril 1167 ◈

Comment ne pas sourire face au miracle perpetuel d'une vie qui s'entête malgré les milles dangers qui cherchent à l'éteindre ? Edwige économise ses propres forces en s'affaissant contre le bois ouvragé du lit, n'ayant que peu trouvé le sommeil ces dernières nuits de veille. L'enfant vit, sa mère aussi, c'est bien tout ce qui compte. Les tragédies du dehors trouveront ici porte close, au moins pour un temps. C'est un doux changement d'habitude.

Rosen la rassure quant à sa présence, affirmant encore sa joie de lui partager sa demeure et de l'avoir à Sombrebois. Cette place forte lui est encore un peu étrangère, elle qui n'a jamais vraiment su mener une vie sociale hors de l'influence du Temple. Un jour viendra, il lui faudra oser. Oser sortir, oser parler, oser se lier. Un jour. Peut-être vivra-t-elle assez longtemps pour voir Athanase grandir. Rosen lui attribuera-t-elle les qualités d'une tante ou d'une marraine...? Qui sait.

Néanmoins, une nouvelle menace semble rôder non loin, et la noble femme s'en inquiète déjà. Edwige pourra rester, à condition qu'elle ne se cache quelques temps dans une ferme voisine. Cela doit avoir un rapport avec les soupçons qui pèsent sur la baronne et sa maisonnée. L'idée de quitter ce foyer acceuillant fait naître une détresse dans le coeur de la religieuse qu'elle s'empresse de mettre sous cloche. Ce n'est que pour un temps, elle le sait, elle le comprend. Une fois que les choses auront repris un cours normal, ou aussi normal que faire se peut, Edwige sera libre de revenir entre ces murs.

- Je comprends, acquiesce la jeune guérisseuse en dissimulant son anxiété croissante. Je pourrais m'attirer plus d'ennuis si je suis trouvée ici de toute façon. J'irai selon ton désir, et j'attendrai de tes nouvelles.

Vivre au sein d'une ferme de bonne famille ne l'effraie pas, mais changer de cadre est toujours une épreuve pour la religieuse. Edwige trouve du réconfort dans la routine qu'elle se forge, un moyen pour elle de garder le cap, de se rassurer. Ces derniers mois au manoir lui ont permise de se reconstruire et de prendre de nouvelles marques. Devoir fuir à nouveau... c'est une épreuve, mais cette la novice se sent entourée. Tout ira bien.

- Je vais rassembler mes affaires, lui glisse-t-elle en se redressant. Ce devrait être rapide. N'hésites pas à m'appeler si toi ou ton fils avez besoin de quoi que ce soit.

La brune ne s'éternise pas, consciente que ses barrières sentimentales risquent de céder. Quelques mois, ce n'est pas si long. Elle tiendra. Bien d'autres n'ont même plus de toit sous lequel s'abriter, elle ne peut se permettre de se montrer ingrate. Les épreuves traversées jusqu'ici l'ont rendue plus forte, celle-ci est risible en comparaison.

...

La porte se tient face à elle. Pourtant, elle ne l'a pas encore franchie. Edwige se retourne lentement, sans oser lever les yeux vers la baronne. Et si...?

- ... Et si je restais ? murmure-t-elle presque.

Sa gorge se dénoue douloureusement. Aller à l'encontre des souhaits formulés par autrui n'est pas dans ses habitudes, mais cette fois-ci, il s'agit de se prendre en main. Le risque la concerne, le choix devrait être sien.

- Nous avons été aux côtés l'une de l'autre dans les moments difficiles, articule la clergesse en redressant le regard. Si je fais partie de ta maison, alors, je souhaite rester pour la défendre moi aussi. Avec ton accord, bien entendu.

Le ton n'est pas très assertif, mais c'est un début.


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MessageSujet: Re: Un héritier pour Sombrebois [Rosen x Edwige]   Un héritier pour Sombrebois [Rosen x Edwige] EmptySam 4 Juin 2022 - 1:56


Un héritier pour Sombrebois
Rosen feat Edwige


Rands sur le bébé



Contre toute attente, Edwige accepte de partir sans protester. Pourtant, quelque chose se fait sombre en elle, triste. Et de la voir se détourner, dire qu’elle comprend et qu’elle va faire ses affaires me laisse un grand vide en moi. Sur le coup, je me sens mal pour elle. Mal d’avoir l’impression de la jeter comme une malpropre. Et soudain je ressens cette sensation dans la poitrine.

L’abandon, l’instabilité de bouger d’un endroit à un autre, de perdre ses racines, ses repères. Combien de fois ai-je vécue ça ? Bien trop de fois. J’ai envie de la rappeler, de lui dire que ce n’est pas contre elle, que c’est pour elle. Que c’est de ma faute et que je suis désolée. Qu’elle peut attendre demain que rien ne presse.

Mais quelque part en moi, je sens cette déchirure, cette détresse comme si c’était la mienne. Mais que faire d’autre ? C’est alors qu’elle s’immobilise face à la porte. Puis elle se retourne à la manière d’un enfant qui essaie de négocier.

« Et si je restais ? », demande-t-elle le regard fuyant et sans aucune assurance, comme si j’allais hausser le ton et la jeter dehors avec autorité.

Puis finalement, elle s’affirme un peu, lève les yeux vers moi et essaie de me convaincre. Qu’elle reste, c’est ce que je voudrais. Mais si elle a des ennuis par ma faute, je ne sais pas comment je m’en remettrais. Mais si elle veut rester, puis-je seulement la forcer à partir ?

« Edwige… On parle quand même de quelque chose de grave. On risque le bûcher toi et moi. C’est de ma faute… uniquement de ma faute. Je n’aurais jamais dû te confier ce secret pour te demander de le raconter. Je suis désolée, j’ai fait de toi ma complice… »

Si Desmond ne m’avait pas mis au pieds du mur aussi ! Je ne lui aurais rien dit. Je me serais débrouillée.

« Si tu savais comme je m’en veux… tout est de ma faute. »


Mais ce qui est fait est fait.

« Et en plus, tu as dû m’ouvrir. Ça va se savoir un jour… ça se saura. Tout se sait. Tu sais, je ne te mettrais jamais dehors. Tu es chez toi ici... Si tu ne veux pas partir quelques temps, tu peux rester, mais si jamais il t’arrive quelque chose par ma faute... »

Au fond de moi, je me sens soulagée de la voir vouloir rester. Je crois que c’est égoïste, quelque part. Mais elle connaît les risques et elle veut rester autant que je voudrais la voir rester. Je ne parviens pas à finir ma phrase en suspend. Je bouge délicatement, grimace un peu de douleur une nouvelle fois.

« Tu es mon amie Edwige… ma seule véritable amie, je crois. »


Quoi que je fasse, elle ne me jugera jamais. Elle sera toujours là… là où tout le monde me tourne le dos et m’abandonne.

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