Les écrits de Rosen

Sujet: Les écrits de Rosen Ven 28 Jan 2022 - 19:34

Les ecrits de Rosen

Rosen de Sombrebois

18 avril 1167

Parfois je m’égare au cœur des ténèbres, profondément plongée dans un monde froid et sans couleur. Déambulant inlassablement dans les couloirs, cherchant et recherchant encore quelque chose qui n’existe plus. Traquant fiévreusement chacun des pas laissés par un fantôme depuis longtemps disparu.

Là, chaque fois que je l’entraperçois au détour d’un objet ou d’un souvenir, si flou et éthérique, je me fige. Suspendue hors de l’espace et du temps, j’imagine nos bouches qui s’embrassent, nos corps qui fusionnent. Mais lorsque la lumière revient, tout disparaît irrémédiablement dans une angoissante déchirure, pour laisser la place à cette terrifiante réalité.

Une réalité de combats, de doutes et de douleurs ou la déréliction me dévore toujours un peu plus. Parfois je me réveille et je le vois, lui, qui m’a tout apporté puis tout repris.

J’aimerais le serrer fort pour ne plus jamais le voir disparaître. Mais je me rends vite compte lorsque déjà sa silhouette s'évapore que cela est aussi vain que d’avoir espéré.

Peut-être un jour serons nous à nouveau réunis, pour l’éternité. Mais le voudrait-il seulement ? Le permettraient-ils seulement... Le doute s'installe, laisse place à une certitude qui perdurera.

Faut-il donc déchirer la page et non seulement la tourner ? Il n'y aurait pas assez d'encre dans le plus profond des contenants pour écrire tout ce que je saigne ni pour témoigner de tout ce qui me ronge.

Pour exprimer l’ire et l’incompréhension face à ce brutal coup de poignard ou pour trouver l’apaisement qui me fait défaut. Les mots sont inépuisables, ils ne se tarissent jamais.

Peut-être y en aurait-il assez avec l'intégralité du sang de mes veines, mais si je m’y essayais, je ne serais plus là pour le confirmer. Peut-être devrais-je me laisser tenter… Oui, je suis sûre que j’aurais assez d’humeur pour trouver la paix intérieure. Mais le temps serait compté.

Non, je ne sombrerai pas.

Les ecrits de Rosen

Rosen de Sombrebois

19 avril 1167

Ils ont voulu m’attacher comme un animal, comme une chèvre, un chien ou un rat. Mais ils se trompent de bête. Je suis comme une anguille, insaisissable chose gluante et visqueuse qui vous file entre les doigts. Et si vous vous essayez de trop à l’attraper, elle pourrait bien vous aiguillonner pour vous foudroyer d’un éclair.

Une anguille ne demande pourtant qu’à rester dans l’océan pour faire sa vie d’anguille. Combien d’entre elles sont pêchées chaque jour ? Combien se tortillent en tous sens à l’intérieur de filets étouffant ?

Personne ne saurait le dire. Personne ne s’en soucie, et pour cause : personne ne se soucie des anguilles. Les anguilles, comme tout poisson, sont là pour engraisser et servir de nourriture.

Et ce que peut bien ressentir ce poisson ne concerne pas grand monde. Non, son sort n’émeut personne, et ainsi va la vie. Qu’elle puisse souffrir atrocement ne changera pas la journée du plus sensible des marins. Et cela peut se comprendre, mais quand c’est vous, qui vous trouvez à la place du poisson, tout cela prend alors une toute autre tournure. Mais peut-on seulement s’en extraire ?

Parfois, on peut en avoir l'impression. Il y a donc ceux qui décident de partir à tout moment, d’abandonner famille et devoir, et ceux qui n’ont d’autre choix que de rester, délaissés, méprisés, alors que l’abdication ou la fuite n’effleure pas même leur âme.

Alors même que ceux là ne demandent pourtant qu’à rester, on leur passe cet angoissant carcan autour du cou et des poignets, craignant qu’ils ne fondent comme neige au soleil.

On leur demande de tout surmonter sans ciller, de tout endurer sans vaciller. De ne commettre le moindre impair. De souffrir en silence sans le moindre soutien, de changer toute une vie en quelques jours et de tout apprendre sans ne jamais rien oublier. D’être la perfection d’un claquement de doigts.

Mais je ne suis pas une déesse, et même si j’apprends vite, je ne suis qu’un être humain avec toutes les failles qui lui sont allouées. L’erreur est humaine dit-on, pourtant, elle semble terriblement répréhensible. Sommes nous des êtres blâmables ?

Oui, sans doute, chacun à des niveaux différents. Lorsque nous voyons où va le monde, ce n’est guère étonnant. Les erreurs, me semblaient-ils, pouvaient peut-être se réparer.

Aujourd’hui, je n’en suis plus si sûre. Marbrume ne s’est pourtant pas faite en un jour. Parfois, j’ai envie de hurler, de me débattre pour me libérer de ce filet dans lequel je me suis stupidement laissée empêtrer. Mais c’est trop tard, à présent. Il n'y a plus aucune issue.

Sujet: Re: Les écrits de Rosen Ven 11 Mar 2022 - 21:15

Les ecrits de Rosen

Rosen de Sombrebois

20 avril 1167

Quand frappent alors

Quand frappent les ténèbres,
cette sensation funèbre,
sombre toute lumière,
fragile saisonnière.

Quand frappe la solitude,
cette sensation déréliction,
sombre alors toute bénédiction,
Forte servitude.

Quand frappe l’horreur,
cette sensation de malheur,
sombre alors tout bonheur,
fragile leurre.

Quand frappe la détresse,
cette sensation d’effroi,
sombre alors toute allégresse,
Fort désarroi.

Quand frappe la mort,
cette sensation retors,
sombre alors le préavis,
Fin de toute vie.

Sujet: Re: Les écrits de Rosen Lun 14 Mar 2022 - 0:38

Les ecrits de Rosen

Rosen de Sombrebois

21 avril 1167

La vie

Souffle le vent froid et cinglant,
emporte toute trace de foi et de sentiments.

D’un profond sommeil parfois naît la vie,
et de la merveille peut tomber l’ennui.

Cris et rires se mélangent et s’entremêlent.
Cris et rires dans la fange se mêlent.

Que reste-t-il du cristal lorsque celui-ci vole en éclat ?
La nuit sombre est pâle et le soleil n’est plus là.

La lune se lève et le jour s’éloigne.
Le cœur se brise et la lumière décroît.

Sèche la sève et faiblit la poigne.
La chaleur s’enlise et règne le froid.

Et au cœur de l’affliction,
Émerge cette douce folie,
Éteignant la passion.

Plus de solution,
Plus d’envie.

Et sombre la vie.

Les ecrits de Rosen

Rosen de Sombrebois

22 avril 1167

Deux jolies fleurs

Bien des fleurs délicatement parfumées réjouissent nos sens ;
de par leur fragrance, leur essence ;
les plus belles arborent une teinte ambrée comme le miel,
voire plus pâle tel un clair de lune ou un rayon de soleil.
elles émerveillent par leur beauté et leur délicatesse,
Offre un embrun de fraîcheur et de finesse.

Parfois dans ses heures perdues le vent les rapproche
Belle composition florale piquée dans la roche
Parfois dans ses heures perdues le vent les sépare
Ne reste qu’un vestige d’un délice qui s’égare.

Et s’éloigne alors la plus belle des beautés,
Laissant derrière elle une autre fleur fanée
Empreint de tristesse et de regrets
d’avoir ainsi tout gâché

Un à un ses pétales s’envolent.
Effeuillant lentement la corolle.
Ne reste plus que les épines hérissées.
d’une pauvre rose épuisée.

Et s’il faut retenir une seule chose,
c’est qu’un bouquet sera toujours plus beau qu’une seule rose.

24 avril 1167

Doux soleil

Rêves longs et rêves courts.
Enivrent d’un espoir sourd
Vents et marrés puissants
Insolents, en tout cas semblant.
Et pourtant n’est-ce pas vraiment
Nous qu’il y avait un instant
Si seulement tout était plus simple.

Près du gouffre je suis aujourd’hui
Rien ne pouvant être plus ample
Et plus de toute évidence l’on me fuit
Sans comprendre ce que je peux bien ressentir

Derrière cette apparente facétie
Est bien loin mon envie de nuire

Moi, je ne suis qu’une pauvre folle ici
Oisive et bien souvent stupide
Illusionnée de tant d’espoirs livides

Rayonnant pourrait être l’avenir
Oui, nul doute que l’on pourrait en rire
Xérophile est mon cœur
Allant, virevoltant d’erreur en erreur
Noyant la détresse dans la solitude
Noyant la solitude dans l’interlude
Eternel d’un espoir fou

Et courant je m’enlise dans la boue
Très vite je succombe sous la tourbe.

Avançant...
Claudiquant même, dans la vase fourbe
Croyant à la chaleur d’un doux soleil
Ondoyant sur une claire eau de miel
Régnant en doux maître
Des Trois instauré ici bas
Elle espère et travaille ses lettres

Mais le temps file, les nuages restent là.
Où ils voilent l’astre du jour
Illumine alors l’astre de la nuit

Terrible est la séparation de noir velours
On peut alors déjà entendre la pluie
Niveler un sol de cendres froides

Prier sert-t-il encore à quelque chose ?
Anür Serus et Rikni semblent aveugles
Rédemption où es-tu ?
Dieux aidez-moi.
Otez cette sombre malédiction
Nue est mon âme, plein est mon cœur.