Marbrume


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 [convocation] Pour un nouveau serment [Éric]

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MessageSujet: [convocation] Pour un nouveau serment [Éric]   [convocation] Pour un nouveau serment [Éric] EmptyMar 1 Fév 2022 - 1:27
11 mai 1167
Caserne de Marbrume




Eiden Langlois est dans son bureau, en train de s’octroyer une pause bien méritée afin de manger un morceau de pain et de fromage. Il ne prend pas un long moment, juste le temps nécessaire pour se sustenter. L’heure du déjeuner commence à se faire lointaine en ce début d’après-midi et il repense à la commémoration du premier mai en hommage à toutes les victimes du couronnement de l’année passée.

La sécurité a été assurée avec sérieux et haute vigilance et, afin de réduire considérablement le risque d’attentat, l’organisation de l’événement s’est fait en toute discrétion si bien que la population a été avertie au dernier moment. La milice a ensuite patouillé en majorité aux différents points délicats de la ville, comme les portes, les égouts et les quartiers sensibles.

Tout s’est assez bien passé dans l’ensemble et le capitaine s’en féliciterait presque s’il avait le temps pour ça. Mais personne n’ignore à quel point la milice croule sous le travail, et ceux qui ne chôment pas doivent compenser avec ceux qui trouvent tout de même le moyen de ne rien faire.

Alors qu’il passe une main distraite dans sa courte barbe naissante pour chasser les quelques miettes qui s’étaient logées là, un milicien vient alors taper à la porte.

« Capitaine, il y a un déserteur qui est venu se rendre de son propre chef », explique l’arrivant une fois invité à entrer.

Le milicien nettoie la lame collante de son couteau et le range dans sa gaine.

« Qui donc ?
- Laporte. Eric Laporte. Que doit-on faire de lui ? »

Langlois réfléchit un moment, songeur. Laporte… Ce nom ne lui dit rien. En même temps, avec tous les miliciens qu’il y a, ce n’est pas étonnant. Retirant les dernières traces de son repas pour faire place nette et s’époussetant rapidement, il en conclut qu’il ne s’agit pas d’un gradé.

Le fait que son nom ne lui dise rien est potentiellement déjà un bon point pour le repris. Mais pourquoi est-il venu se rendre ? Voilà déjà un sacré culot qui intrigue notre capitaine.

« Quand a-t-il fui et que sait-on sur lui ?
- C’est en mai dernier, chef, ça doit faire un an. C’était pendant la période de l’invasion.
- Était-ce le jour même ? Pendant le massacre ? s’enquit alors le gradé.
- Non mon capitaine. C’était après. Quelques jours après. »
- Alors faites le entrer. »

Le milicien hoche la tête avant de s’en retourner à l’extérieur chercher le repris. Quelque secondes plus tard, ce dernier peut enfin pénétrer dans le bureau pour se retrouver face à celui qui décidera de son sort. D’un geste de la tête, Langlois fait signe au milicien de repartir. Une fois seul à seul, il scrute ensuite d’un air plutôt sévère son interlocuteur.

« Eric Laporte. » 


Un petit moment passe sans que d’autres mots ne soient prononcés. Un moment qui, bien que court, doit certainement paraître très long pour le concerné. Le regard planté dans celui du fugitif, Langlois le jauge. Jauger les hommes, ce n’est pas la première fois qu’il le fait.

Il le fait bien souvent. Quand il faut choisir des hommes pour une mission d’importance, quand il faut savoir ce que ses hommes ont dans les tripes. Eiden Langlois s’y est prêté bien des fois. Puis finalement, le capitaine rompt le lourd et pesant silence qu’il a laissé planer.

« Cela fait un an que vous avez pris le large de ce que j’ai compris. Et aujourd’hui, vous réapparaissez comme une fleur. Alors je vous écoute. Expliquez-moi votre fuite et ce que vous attendez en vous rendant à la milice. Vous devez savoir que la désertion est un crime puni par la loi. » 

Le temps c’est de l’argent, et celui d’un capitaine de la milice vaut certainement de l’or. Sans doute pour cela que notre homme peut paraître aussi expéditif. Le propre des hommes occupés...





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Eric LaporteVagabond
Eric Laporte



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MessageSujet: Re: [convocation] Pour un nouveau serment [Éric]   [convocation] Pour un nouveau serment [Éric] EmptyVen 4 Fév 2022 - 16:28
8 Mai 1167
Sombrebois
Le Temple



Il y a parfois des jours où je regrette de ne pas savoir écrire.
Ce jour là en fait clairement parti et je m’en mords les doigts d’avance ; mais ma décision est prise et je tiens parole, toujours.

Après notre discussion, nous avions continué de manger et de boire, un peu, profitant d’un moment de tendresse. Alors, Gudrun avait finit par s’endormir après que l’on s’est assis sur son lit, la tête sur mon épaule, une main sur mon avant-bras.
En plein milieu de la nuit, je me suis extrait doucement des bras de ma belle, toujours vêtu simplement de ma chemise blanche. Le feu, renvoyant ses ondulations rougeâtres, projetait des ombres mouvantes dans la pièce, étirant ma silhouette sur le mur. J’avisais, sur la table, un morceau de parchemin. Je ramassais un morceau de charbon tiède dans le foyer et, malhabile, je dessinais un cœur sur le parchemin…
C’était maladroit, peu satisfaisant, mais il me fallait trouver quelque chose palliant mon incompétence en écriture.

Mes besaces et mon armement récupéré, je quittais la pièce après un dernier coup d’œil à la prêtresse que j’avais couché et enveloppé dans une couverture.
A son réveil, elle trouverait le parchemin contre la bouteille de vin ainsi que mon arc et mon carquois, que je lui laissais en gage.

Ma situation, cocasse, présageait bien de l’ambiance particulière qui régnant en moi. Je me trouvais simplement vêtu de ma chemise, avec mon équipement, déambulant dans les rues. Un fin sourire s’affiche sur mon visage lorsque je reconnais le symbole de l’échoppe de la lavandière.
Ainsi, après une visite silencieuse chez cette dernière, j’ai troqué ma chemise contre mon habituelle tenue noire. Ma belle chemise laissée cette fois-ci chez l’artisane.

La suite…
Même moi je ne la réalise pas totalement.

Dès les premières lueurs de l’aube, je pris la direction des quartiers de la milice. Je m’y présentais alors, déclinant mon identité et la raison de ma présence. Déserteur depuis un an, je venais me rendre, déposant mon épée courte devant l’homme en faction.
Le milicien, surpris par ma démarche, ne savais visiblement pas trop comment agir et je lui suggérais alors de faire appeler son coutillier.
De fil en aiguille, les choses accélérèrent et il fût alors décidé de me transférer à la Cité avec le prochain convoi, trois jours plus tard.
Aussi, je vous ferais grâce des deux jours précédent mon transfert car, aussi surprenant que cela puisse paraître, je n’ai pas été maltraité. Enfermé, oui, mais aucun geste agressif ne m’a été destiné.


11 mai 1167
Caserne de Marbrume


Un an ! Cela faisait un an que je n’avais pas mis le moindre orteil derrière les imposantes et sécuritaires muraille de Marbrume. Je l’avais quitté comme déserteur, j’y revenais comme déserteur. Sur le fond, rien n’avait changé, j’étais toujours le même homme.
Détail amusant, si je puis dire, c’est que j’ai été escorté de Sombrebois à Marbrume par la milice mais également pas Desmond et mes nouveaux collègues… Le chevalier et moi n’échangeâmes cependant aucun mot pas plus que je ne parlais avec ses hommes. Nous feignons, peut-être, de ne pas nous connaitre. Une façon sans doute de se détacher de cette situation grotesque.

On me conduisit, rapidement après notre arrivée, vers le bureau du Capitaine de l’Intérieur. En effet, on m’avait posé la question de savoir à quel corps j’étais rattaché. Ayant été affecté à la Milice de l’Intérieur, on me conduisait donc vers la haute autorité adéquate.
Je ne connaissais pas le Capitaine Langlois, de nom, bien sûr puisque c’était lui déjà bien avant que je ne quitte le service. Je ne l’avais cependant jamais rencontré. Lorsque j’entrais, j’avais été, évidemment, délesté de mes besaces, de mon couteau et de ma cuirasse. Ma cape avait elle aussi été confisquée et, c’est donc simplement vêtu de mon pantalon et de ma tunique noire, tous deux usés, rapiécés mais propres, merci Gudrun, que je me présentais au Capitaine.

Je répondis à son regard sévère par le salut de rigueur, me tenant droit et digne. N’ayant connu que l’armée puis la milice, je ne risquais pas d’avoir oublié le protocole.
Je demeurais alors immobile et silencieux tandis qu’il m’observait, me jaugeait, me jugeait. Je lui opposais mon regard, impassible ainsi que mon allure générale habituelle.
Il ne verra chez moi aucune marque d’irrespect non plus que de flatterie. Je suis là pour une seule et unique chose et ce n’est de toute façon pas dans ma nature. Éventuellement, pourra-t ’il voir ma détermination dans mes yeux et, car il est sans nul doute expérimenté, distinguera-t ’il la sombre étoile propre à ceux qui ont vu la mort les frôler à plusieurs reprises.

Le Capitaine finit alors par rompre le silence, chose que je ne me serais pas permise. Il résume brièvement la situation qui est la mienne, concluant en me demandant la raison de mon départ et, évidemment, celle de mon retour, me rappelant mon crime.

Capitaine, merci d’abord de me donner l’opportunité de m’expliquer quant au crime que j’ai commis.

Je demeure fixe, ne quittant pas ses yeux.

J’ai en effet déserté dans la nuit du 4 mai 1166. Avant de vous en expliquer les raisons, je vais me permettre de vous dresser un rapide historique de mon parcours.

Reprendre mon histoire, une nouvelle fois, est un exercice que je commence à maitriser. Il n’en demeure pas moins que c’est sans doute aujourd’hui qu’il me faut être à la fois le plus bref mais, surtout, le plus précis.

A dix-neuf ans, j’ai été ramassé par l’armée après que l’on m’a tiré des griffes d’un groupe de bandits qui se servaient de moi comme d’un esclave. Mes souvenirs d’alors sont presque inexistants. N’ayant nulle famille, j’ai été enrôlé pour devenir archer. En 1164, j’ai combattu contre l’arrivée de la Fange avant d’être affecté à la Milice Intérieur après la débâcle d’Octobre. A cette époque, je m’opposais aux bannissements massifs auxquels nous avons eu recours, j’étais persuadé qu’il était possible de trouver une solution autre. J’ai fait un peu de cachot pour cela avant de rentrer dans le rang lorsque les bannissements ont cessé.
En Mai 1166, ordre à été donné de remettre en place ce procédé que je trouve toujours abject mais, cette fois, je me suis gardé d’un quelconque commentaire. C’était cependant sans compter sur deux miliciens trop zélés, dont l’un m’était supérieur en grade. Un homme, père de famille, avait été condamné au bannissement et, refusant de quitter sa famille, il se faisait molester par les deux hommes. C’est alors que le gradé m’ordonna de l’exécuter pour désobéissance, ordre que je refusais de mettre en application.


J’allais entrer dans la partie la plus délicate à expliquer.

Après avoir répété l’ordre plusieurs fois, les deux miliciens finirent par me saisir et me forcer, couteau en main, à égorger l’homme…Il me l’ont fait tuer, forçant mon bras et faisant couler le sang de ce malheureux sur ma main. Je n’ai pas supporter cela et j’ai alors choisis de quitter la milice, la cité et ces exactions. Je ne voulais plus être obligé de commettre un tel acte, la milice étant de mon avis, là pour protéger la population et non pour se livrer à de pareilles pratiques. Il peut y avoir des nécessités de mises à mort, mais certainement pas de cette manière abjecte.

Je marquais une pause de quelques secondes après cet exposé que j’avais fait factuellement sans laisser rien d’autre que du détachement sur mon visage.

Aujourd’hui, un an après, si je viens me livrer c’est que ma vie à changée et que je souhaite expier ma faute. J’ai rencontré une femme que j’ai sauvé et nous souhaitons nous marier. Je ne veux cependant pas que ce mariage soit une tâche déshonorable pour elle. Je sais ce que j’encours pour mon crime, c’est pour cette raison que je souhaitais pouvoir vous donner ma version. Aussi, je m’en remets à votre jugement et je vous remercie une fois de plus de m’avoir écouté.

Je restais immobile, attendant ses mots ou ses ordres, dans une parfaite posture de milicien. Durant six années, j'ai été soldat puis milicien, on n'oublie pas du jour au lendemain le comportement à observer dans ce genre de situation. J'ai par ailleurs toujours eu beaucoup de respect pour ces gens qui m'ont sortie de l'enfer il y a plusieurs années.
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MessageSujet: Re: [convocation] Pour un nouveau serment [Éric]   [convocation] Pour un nouveau serment [Éric] EmptySam 5 Fév 2022 - 15:39
Alors que le capitaine dévisage l’homme devant lui, celui-ci commence à expliquer sa situation, ce qui a motivé sa fuite et son retour au bout de tant de mois. A aucun moment le gradé n’interrompt l’ancien soldat, même s’il en avait bien l’envie à plusieurs reprises ;

Mais il préférait le laisser s’expliquer tranquillement avant de lui répondre. De ce qu’il en perçoit, il n’a pas en face de lui une ordure qu'il serait bon d'éliminer. Il a à faire à un homme déterminé à effacer une dette trop longtemps due. Un homme lésé qui a sa propre vision de la justice et qui veut repartir à zéro. La raison peut paraître louable ; mais n’aurait-il dû pas y penser avant de fuir ses responsabilités ?

Il est bien facile de briser un serment entraînant une sanction généralement irrévocable et de revenir l’air de rien en espérant que tout cela sera oublié. Si les choses pouvait être aussi facile… la vie serait bien plus agréable, bien moins amère. Langlois en sait quelque chose d’expérience.

Mais ne nous leurrons pas. Le capitaine, impénétrable, passe à nouveau la main dans sa barbe, pensivement, comme s’il cherchait à nouveau à retirer quelques miettes récalcitrantes restées là. Exécutant son geste d’une façon mécanique, il se figure que, la journée, il manque de temps pour réaliser tout ce qu’il a à faire. Les moments où il est avec sa femme en revanche, il a tout le temps et le loisir - là où il n’aimerait point en avoir - de l’écouter parler de choses dont il n’a cure. Les femmes.

Langlois trouve que les femmes sont un paradoxes à elles toute seule. Elles saignent sans être blessées, elle accomplissent le miracle de la vie dans la souffrance et elles ne sont jamais contentes de ce qu’elles ont, quand elles pensent savoir ce qu’elles veulent. Mais en réalité, notre capitaine n’est pas dupe : les femmes ne savent jamais ce qu’elles veulent.

Et voilà un point qui semble se différencier de notre fugitif revenu au bercail : Celui-là sait très bien ce qu’il veut. Peut-être même trop bien. Mais à trop savoir ce que l’on veut, parfois, on finit par se retrouver devant des choix qui ne nous intéressent pas, ce qui revient au final à ne plus savoir ce que l’on veut.

Finalement, Langlois répond une fois que l’accusé a terminé sa longue explication.

« Donc si je comprends bien, vous étiez déjà un milicien dissident avant votre désertion. »

Le ton est d’une autorité implacable que l’on aimerait certainement éviter d’avoir à essuyer dans un moment pareil, lorsque notre destin ne tenant qu’à un fil se trouve entre les mains de la personne qui l’emploie.

« Vous avez ensuite commis l’affront de refuser d’effectuer un ordre impératif dont le seul but était d’assurer la sécurité de la cité attaquée, et puis vous avez décidé de prendre la tangente au lieu de porter assistance en pleine crise. »


Le regard du capitaine semble se faire plus sévère à mesure que les paroles se poursuivent. Au vu de la situation exposée, Eiden Langlois, même s’il n’est pas une pourriture qui prendrait plaisir à faire exécuter un homme, se demande très sincèrement ce que l’accusé attend de lui.

A part le faire se balancer au bout d’une corde sur la place des pendus, il a du mal à se représenter ce qu’il pourrait bien lui offrir.

« J’ai une question à vous poser. Que se passerait-il selon vous si un homme mordu se transformait en plein milieu de la ville ? »


Le capitaine fixe droit dans les yeux le vagabond histoire de bien s’assurer qu’il percute bien.

« Il me semble que vous étiez-là pendant l’invasion, comme la quasi totalité des effectifs. L’odeur étouffante de la chair brûlée qui se mêle à celle du sang, les milliers de morts, les hurlements, la terreur, les avez vous déjà oubliés ? L’égoïsme d’un homme voulant rester alors qu’on le gracie vaut-il selon vous la peine d’une telle perte renouvelée ? »

Eiden joint ses mains devant lui sur le bureau, toujours parfaitement calme et maîtrisé malgré une certaine violence verbale qui semble s’amplifier de phrase en phrase, ou presque.

« Et vous avez l’audace de dire, après avoir abandonné votre ville à son sort, que l’ordre de votre Souverain qui s’efforce de protéger le peuple est abject ? »

Le regard de notre capitaine se fait de plus en plus perçant, planté dans celui du déserteur.

« Vous aviez le devoir de protéger Mabrume, le dernier bastion de l’humanité. Et vous avez failli lâchement. »

Les mots cinglants s’enchaînent, s’enfilent à la suite comme tant de perles amères sur un fil pour former un chapelet que l’on pourra égrainer.

« Si faire parti de la milice ne vous convenait pas, il fallait la quitter proprement et non fuir pendant que la ville pansait ses plaies. Personne ne vous a forcé à vous enrôler ni à rester parmi nous. A tout cela je vous demande donc, quelle serait selon vous la sanction que vous méritez, sinon la mort ? Je vous écoute, si vous avez une suggestion d'alternative raisonnable. Parce que personnellement, je dois dire que j’ai du mal à en trouver une à en juger autant par vos actes que vos paroles. »

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Eric LaporteVagabond
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MessageSujet: Re: [convocation] Pour un nouveau serment [Éric]   [convocation] Pour un nouveau serment [Éric] EmptySam 5 Fév 2022 - 18:44
Je fronçais les sourcils.
J’avais dû mal exprimer ma pensée car la réponse du capitaine ne sonnait pas juste, pas logique dans mon crâne.
Je le laissais parler, ne l’interrompant pas et stockant dans ma tête la moindre phrase, le moindre mot. Je quittais parfois ses yeux pour lorgner sur son cou, cherchant un signe de nervosité, une veine gonflée, déviant sur ses mains qui, maintenant jointes devant moi, demeurent calmes. Ses paroles et son ton sont virulents mais il conserve un calme redoutable.
Ainsi que je l’avais imaginé, ce n’est pas un homme que l’on peut attendrir.
Le Capitaine est un homme qu’il faut convaincre.

Capitaine, si ce pauvre homme avait été raisonné et qu’on lui avait laissé un peu de temps, en insistant sur la sécurité de sa famille, il aurait fini par abdiquer et quitter la ville. Quand bien même, il suffisait de lui passer les fers pour le sortir. Il n’y avait nul nécessité de le tuer.

Il m’avait également rappelé le déroulement de l’invasion qui avait précédé mon départ et, aussi atroces soient ces souvenirs, mon avis sur le bannissement n’en demeurait pas moins le même. Il y avait d’autres méthodes, plus humaines, qui nous évitaient de passer pour des tortionnaires. Il était cependant évident que le gradé était convaincu par cette méthode.

Qu’un individu se transforme en pleine ville serait évidemment une catastrophe. Je n’ai ni oublié ni affirmé qu’il ne fallait pas agir. A mon sens cependant, ils restent des êtres humains jusqu’à leur décès, avant qu’ils ne se relèvent. En les bannissant, nous leur retirons cette humanité. Au moins aurions-nous pu les regrouper dans une petite fortification, permettant parfois aux familles de se retrouver sous bonne garde, continuer de subvenir à leurs besoins. Ainsi, lorsqu’ils se transforment, au moins ne courent-ils pas les bois en mettant en péril les convois. A les exiler ainsi, on les retrouve en effet sur nos routes en plus de ceux qui y sont déjà. Imaginez alors qu’une escorte se retrouve nez à nez avec un parent devenu fangeux?

Je devais, je le voyais à son regard, me méfier. Je devais clore ce débat et rapidement.

La méthode est abjecte, l’ordre, lui, suit un objectif qui est légitime et indiscutable Capitaine!

Il ne me quitte plus des yeux et je lui rend son regard. Je n’affiche aucune défiance mais une totale attention à ce qu’il me demande.
Il en vient alors à me demander quelle sanction j’avais imaginé et qui diffère de la mort. S’il y a bien un point sur lequel je dois le convaincre, c’est celui-ci. Autant, mon avis divergent ne m’aide pas, autant je pense avoir quelques atouts.
Je lui parle alors simplement, évoquant des aspects qui me paraissent pertinents pour la survie de la cité.

Mon Capitaine, j’ai vécu une année durant, seul entre les marécages et la forêt. J’ai sillonné les routes et les chemins d’un bout à l’autre du Comté. Je connais des itinéraires alternatifs non répertoriés évitant à nos chariots de s’embourber par temps de pluie. Je connais des abris sûrs, certains vastes qui ne nécessitent que peu d'aménagements pour héberger un convoi. Un point de passage sûr à mi-chemin entre Balazuc et Sombrebois permettant de passer la nuit par exemple. Une petite garnison montée à un jour de chacune de ces villes permettrait d’accélérer encore la réhabilitation du site et de sécuriser le trajet par une possibilité d’action rapide n’importe où sur le parcours. Ainsi, l’escorte pourrait même être revue à la baisse et il serait donc possible d’envoyer plus de convois en différents endroits. Cela éviterait des désastres comme celui du 21 avril dernier où cinq chariots ont été perdus, sans parler des hommes.

Je hochais la tête.

Je ne me prétends pas stratège Capitaine, mais j’ai pu constater de nombreuses situations critiques pour lesquelles je peux surement apporter quelques améliorations et ainsi augmenter la sécurité des convois et des hommes de la Milice Extérieure.

Mon regard était braqué dans le sien. Je jouais ma vie, mais je comptais la jouer avec franchise, honneur et sincérité. Je ne sais pas mentir de toute façon.

Au lieu de me sanctionner, je vous propose de tirer profit de ma situation. Intégrez-moi, sans solde, à la Milice Extérieure comme éclaireur, je conduirais de véritables stratèges sur les zones que je pense être intéressantes et sécurisantes pour améliorer les convois. Si mes informations s'avèrent réellement utiles, alors tout le monde en bénéficiera. A défaut, il sera toujours temps de me sanctionner.

Ma phrase à peine terminée, on frappa à la porte. Un garde parla au travers du battant, annonçant au Capitaine qu’un grand type en armure voulait s’entretenir avec lui.
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MessageSujet: Re: [convocation] Pour un nouveau serment [Éric]   [convocation] Pour un nouveau serment [Éric] EmptyDim 6 Fév 2022 - 23:57
Le capitaine regarde le fugitif froncer les sourcils comme s’il était seulement en position de protester, perdurer dans son misérable plaidoyer dans lequel il s’enfonce. Bientôt, si Eiden le laisse poursuivre, il dira que la milice n’est qu’une bande d’assassins sanguinaires. Ses suggestions n’ont par ailleurs à son sens pas grand intérêt.

Des fangeux, il y en a déjà des centaines de milliers dehors. Quelques mordus ne feraient pas grande différence… Puis une bouche à nourrir inutile revient chère. En outre, ce n’est pas au capitaine de l’intérieur de prendre pareille décision, et surtout, le vagabond n’a proposé aucune sanction, sinon la suggestion de réintégrer les rangs de la milice qu’il a fui l’année dernière, comme si de rien n’était.

Le gradé se recule dans sa chaise dans une expiration lasse. Déçu.

« Demander à être réintégrer après une désertion d’un an, c’est déjà faire preuve d’un sacré culot. Mais après avoir avoir témoigné d’une telle rancœur envers vos confrères qui n’ont fait que leur devoir ? Estimez-vous réellement que votre place soit encore parmi nous si vous n’êtes pas capable d’exécuter un ordre et d’assurer la sécurité ? Si vous méprisez l’institution dans laquelle vous voulez revenir ? »

Langlois se rapproche en avant pour poser à présent ses avant bras sur la table.

« Je suis profondément déçu, Laporte. » 


Alors qu’il le le jaugeait, le capitaine avait cru déceler quelque chose qui valait la peine pourtant. Mais il commence à penser que, comme cela peut malheureusement arriver – heureusement pas si souvent le concernant – il s’est trompé sur le compte de cet homme.

C’est alors que des coups résonne à nouveau. Un grand type en armure…

« Qui donc ?
demande Langlois sentant sa patience décidément bien trop souvent mise à rude épreuve aujourd’hui.
- Desmond de Rochemont. »

Imperceptiblement, Eiden se raidit. Encore cet oiseau de malheur ? Que veut-il donc, cette fois ? La permission de monter une étable en plein centre ville ? d’exécuter lui même les condamnés du jour ? Ou de racheter les stocks de nourriture du Roi pour sa maudite guilde ?! Des félicitations, peut-être...

Eiden ne veut pas le savoir.

« Qu’on l’envoie chez Farmot. »

L’ordre a été proféré avec cette parfaite maîtrise propre au capitaine de l’intérieur et seuls les plus observateurs peuvent se rendre compte de la tension qui le trahit lorsque il pince très légèrement ses lèvres de crispation.

 « Qu’il lui expose ce qu’il veut. Je ne doute pas qu’il saura répondre à ses attentes. Ces deux-là vont sûrement très bien s’entendre, comme cul et chemise. »

Pour sûr, ce sergent de l’intérieur a la même réputation désastreuse que le géant et surtout, la remarquable aptitude à satisfaire les requêtes les plus folles.
 
Le capitaine s’en revient à son interlocuteur.

« Vous reprendre au sein de la milice serait donner un bien mauvais exemple après ce que vous avez fait. »


Eiden aura essayé de trouver une solution convenable. De laisser le fugitif la choisir lui même. Mais ce dernier a seulement essayer de la fuir, n’assumant aucunement la conséquence de ses actes.

« Voilà donc ce qu’il en sera. Pour avoir eu des propos dissidents, il vous en coûtera cinq coups de fouet. Pour avoir refusé d’obéir à un ordre, il vous en coûtera cinq nouveaux coups de fouet. Et pour votre désertion... »


Langlois marque une courte pause avant de poursuivre, solennel, le regard digne sans le moindre signe de cruauté ou de plaisir quelconque.

« Vous serez confronté par ordalie dans un combat à mort. Si vous survivez, vous serez libre de faire ce qu’il vous plaît, de vous marier et de vous réengager dans la milice si c’est votre souhait et si vous êtes prêt à supporter d'être mal toléré par vos collègues. Si vous mourrez… ce sera l’affaire des Trois. Votre destin sera leur volonté désormais. »

Ainsi a parlé Eiden Langlois, s’en remettant aux Dieux pour décider du sort du déserteur face à lui.

« Suite à votre sanction en place publique qui aura lieu à la fin de notre entretien, vous ferez du cachot pendant un mois le temps de cicatriser de vos plaies et de repenser à vos actes et paroles. De temps à autre, vous serez amené à faire quelques travaux forcés pour la caserne. Vous serez ensuite appelé pour l’ordalie. C'est tout ce que je peux faire pour vous. Avez-vous quelque chose à ajouter ou nous pouvons y aller ? »
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Eric LaporteVagabond
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MessageSujet: Re: [convocation] Pour un nouveau serment [Éric]   [convocation] Pour un nouveau serment [Éric] EmptyMar 8 Fév 2022 - 14:39
Je ne me sentais pas spécialement en veine.
C’est une habitude vous me direz et, en effet, vous n’auriez pas tort. La chance est pour moi une simple utopie.

Pour résumer simplement les choses, je dirais que l’on m’avait conduit devant la mauvaise personne. Non pas que le Capitaine soit une mauvaise personne, je ne le pense pas, mais simplement qu’il n’est pas l’interlocuteur que j’aurais pu espérer avoir.
Cela reste logique malgré tout, j’étais rattaché à la Milice Intérieure, on m’a conduit devant son capitaine…C’est logique.
La où il n’était pas le bon interlocuteur, c’est que tout ce que j’avais proposé aurait finalement largement plus parlé, je pense, au responsable de la Milice Extérieure.

Qu’à cela ne tienne, si ma proposition ne lui convient pas, nous allons voir ce que lui propose. J’agirais en conséquence.
En revanche, il y a un point sur lequel je tic sérieusement. Je ne sais pas si c’est moi qui me suis mal fait comprendre ou bien si c’est lui qui n’a rien compris, mais il est complètement à côté dans mon rapport à la milice. Il est dans le marais !
Il fait un total amalgame entre tout ce que j’ai raconté et dresse un tableau bien plus noir que ce qu’il est en réalité. Je fronce les sourcils lorsqu’il avoue être déçu, même si je ne vois pas trop de quoi.

Alors que j’allais parler, quelqu’un frappe à la porte et annonce un grand type en armure…Après un bref échange entre Eiden et le garde, j’apprends qu’il s’agit de Desmond. Je suis alors soulagé que le gradé l’envoie vers quelqu’un d’autre. J’aurais en effet trouvé cela…embêtant d’être vu dans cette situation par mon employeur actuel.

Je me tais et demeure immobile durant leur échange, affichant une respectueuse patience.
Le Capitaine s’en revient alors vers moi et annonce que me réintégrer à la milice serait envoyer un message néfaste pour la discipline. Je dois avouer que je ne peux pas contester ce point.

Certes, vous avez raison !

Peut-être que cela va le surprendre que j’acquiesce alors qu’il m’enfonce, mais vous me connaissez maintenant, vous savez que je suis toujours dans l’usage des mots pour ce qu’ils sont. Il a raison, je ne vais pas argumenter alors que je suis d’accord avec lui… C’est inutile.

Il m’annonce ensuite cinq coups de fouet pour propos dissidents et cinq autres pour refus d’obéissance. Pour mon plus grand crime, sa sentence tombe ensuite.
Condamné à l’ordalie, un combat à mort contre un adversaire inconnu qui, comme moi, se battra pour survivre et expier ses fautes. Un combat qui transforme les hommes en bêtes.
Je retrousse le nez et grimace de dégoût mais je reste stoïque.

Vous vous méprenez sur mon compte Capitaine… J’ai un profond respect pour la milice et l’armée et j’ai longtemps cru en sa volonté de protéger le peuple. Cependant, comme dans tout groupement, il y a des brebis galeuses et ce sont elles que j’exècre, que j’ai fuis et qui m’ont fait douter.

Je pointais la fenêtre du bureau du menton.

J’étais archer, affecté aux remparts et notamment à la Porte… L’homme que l’on m’a forcé à égorger, cela s’est déroulé dans La Hanse…J’étais isolé de ma coutillerie car je n’étais plus en service et cet ordre m'a été donné par un autre milicien, pas mon coutillier. L'ordre a été réprimé par la suite par le supérieur de ce milicien. Vous êtes libre de penser de moi ce que vous voulez, mais je devais vous préciser cela.

Je le saluais de nouveau.

Je ne souhaite pas vous faire perdre plus de temps.

Que l’on en finisse avec l’administratif. La ville m’est devenue oppressante. Un mois ? J’allais devoir passer un mois ici ? Je n’ai aucune envie de me battre contre quiconque mais je trouverais bien un moyen d’éviter de tuer, et de mourir. Mais je devais faire déclencher cette ordalie bien plus vite sans quoi je risquais de devenir fou…
Et Gudrun me manque cruellement.
Je fais cela pour elle, aussi trouver la force n’est pas optionnel.
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MessageSujet: Re: [convocation] Pour un nouveau serment [Éric]   [convocation] Pour un nouveau serment [Éric] EmptyMer 9 Fév 2022 - 0:10
Alors que Langlois fixe le fugitif, ce dernier, après lui avoir dit que le capitaine avait raison, argue finalement qu’il se méprend. Il explique ensuite que l’ordre ‘injuste’ aurait été ensuite réprimé par le supérieur de ce milicien. Pour Eiden, ça commence à faire beaucoup, mais il conserve toujours son calme.

« Vous m’avez dit que l’ordre venait d’un grade supérieur au votre. Qu’importe qu’il était votre supérieur direct ou indirect, c’était un supérieur. Exécuter un banni qui refuse de quitter la ville est par ailleurs quelque chose de légitime. Vous auriez dû le faire de vous même. Et si vraiment vous vouliez quitter la milice, il fallait le demander et faire les choses correctement une fois que les choses sont revenues à la normale. Mais à mon sens, vous plaindre qu’on vous a forcé  à faire votre travail ne serait pas vous rendre service, surtout si vous voulez revenir. »

Les deux hommes peuvent ensuite quitter le bureau et se diriger vers la la place où se déroulera la sanction. Sur le chemin, le capitaine prévient des miliciens qui vont se charger de faire passer le message pour que tous se rassemblent. Ainsi, bientôt, tout est prêt.

Eiden, même s’il n’apprécie pas spécialement sanctionner de la sorte, prend le fouet qu’on lui apporte et commence à parler.

« Eric Laporte, déserteur depuis le 4 mai 1166 est venu de lui même se rendre aujourd’hui. Il est donc appelé à répondre de sa faute, à savoir déjà sa désertion après avoir refusé d’effectuer un ordre dans le but d’assurer la sécurité dans la ville suite à l’invasion ; puis avoir eu des propos allant à l’encontre de notre système judiciaire. »

Le capitaine Langlois prend une légère pause avant de s'adresser au concerné.

« Laporte, veuillez retirer votre vêtement et vous placer fasse au poteau, mains dessus. Pour vos fautes, vous écoperez de dix coups de fouet et d’un emprisonnement en cachot d'un mois. Une ordalie par combat à mort sera ensuite organisée à l'issue de laquelle si vous remportez le combat, vous serez libre. »

Il y a des murmures parmi les miliciens, peut-être certains le connaissent-ils. Peut-être d’autres ne se souviennent plus de lui mais l’ont connu. Eiden prend ensuite un pas de recul et commence la flagellation. Le dos dénudé de l’accusé présente déjà diverses cicatrices semblant très anciennes.

Un a un, les coups cinglent sur la peau dans un claquement impressionnant, l’ouvrent, l’écartent, la déchirent. Le sang coule rapidement des nombreuses plaies qui s’additionnent. Lorsque le capitaine a terminé la sanction, il appelle un milicien pour emmener le vagabond recevoir des soins avant d’être emmené au cachot où, attendant son ordalie, il sera régulièrement appelé pour aider la milice.

Citation :
Et voilà c'est la fin de ta convoc ! en espérant qu'elle t'aie plu quand même. To be continued...
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